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CLEF DE LA LANGUE
ET DES SCIENCES.
JiMPIUMERlE DE l'Il. COlSniEK ,
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LA
CLEr DE LA LAN(U E
KT DES SCIENCES,
ou NOUVELLE
GRAMMAIRE FRANÇAISE
^'uaplinée n Complelce dans sîs Régie?.
l'I.K l.dl.E I> I
rUAITE SPECIAL J)U TiENUE
MÉTHODE DE PRONONCIATION, DE LECTURE, ET D'ORTHOGRAPHE
CONTF.NANT 1, \ CiU'lIQLE UAISONN'ÉE ET LA BÉFUTATIO,\ COMPLÈTE DE TOTTES
LES Cr.AMMAIUES OU ONT PAIiL JUSOu'a CE JOirR ,
PAR m. LEGER NOËL,
AulciU' (V.liiicrliiiiwt ('/ Ctinso/iitioiis , du Lifte île Tous , c*e.,el<:.:
Jliniljn; ili; plusii'iivs S.>niélt'S Sn\aiilrs cl Llttt'iairi'S.
DEUXIÈMK PAKTIb:.
PARIS.
DUTI'RTRI-, i P. CORDIKR,
1
ÎÎO, PASSAGE BOUnG-I-'ADI!!;. h 24, r.lIE DU PONCEAU.
184 0.
^ f Ci ■■
cJ-A
>*
PRÉFACE.
A M. CORDIER, EDITEUR.
Vienne. 2S Octobre 1844.
Enfin me voilà au bout de la Méthode du Genre, ce livre
inattendu, ce livre incroyable, que nous aurions tout aussi
bien pu intituler Revue générale de la langue, et qui sem-
blera à ceux qui voudront bien y regarder de près, plutôt le
résultat d'un défi ou d'une pénitence que l'acte d'une vo-
lonté libre. Ce qu'il m'a demandé de courage, de patience,
de vigilance , d'abnégation de moi-même , vous l'avez com-
pris, vous m'en avez rendu témoignage, et je vous en remer-
cie. Si c'était quelque favorisé du Journal des Débats qui
eût conçu , élaboré et mené à bout une telle entreprise ,
n'est-ce pas que ledit journal emboucherait aussitôt toutes
ses trompettes, pour proclamer aux quatre coins du monde
T. II. 1 *
la gloire de son héros? tandis que , vous le verrez , il ne
soufflera pas mot sur notre compte.
Las ! il se peut que, sans le vouloir, nous ayons fait quelque
égratignure i\ son amour-propre, et le Journal des Débats
n'est pas de ceux qui rendent le bien pour le mal. Ce n'est
pas lui qui a inventé ni jamais pratiqué cette maxime :
« Homme offensé, imite l'arbre de santal qui couvre de
FLEURS et de FRUITS CELUI QUI l' ASSAILLE DE PIERRES. ^> En fait
de christianisme, il en est encore à ce précepte de la morale
païenne, qu'il invoquait l'autre jour contre M. deGenoude :
« Ne faites pas à autrui ce que vous ne vouclri ez pas qu'on
vous fit. » D'ailleurs que dirait J. J. ? Et quel est celui qui
se trouvant renfermé dans la môme cage avec un lion , son
ami, voudrait se brouiller avec un tel animal ?
Qui sait pourtant? peut-être est-ce générosité de la part
du Journal des Débats.
Heureux qui satisfait de son humble fortune ,
Libre du joug superbe où je suis attaché ,
Vit dans l'état obscur où les dieux l'ont caché !
Convaincu delà vérité de cette maxime, peut-être le Jour-
nal des Débats craindrait-il de troubler notre repos et notre
bonheur en nous tirant tout à coup de cette douce obscu-
rité, tant préconisée par tous les philosophes de tous les
temps-, peut-être ne nous défend-il ainsi les abords de
l'arène littéraire que pour nous empêcher d'être dévoré par
les mille animaux féroces qui s'y déchaînent avec tant de
fureur contre le mérite. Bon Journal des Débats! Rare
dompteur de bêtes, qui, par un sentiment de pure compas-
sion , ne veut pas nous jeter aux griffes des tigres qui ram-
pent à ses pieds î En vérité, il faudrait que je fusse bien in-
grat pour ne pas être touché de tant de bonté, pour n'en
pas être ému jusqu'aux larmes. Bon ami! bon père! A qui
pensait donc M. Alexandre Dumas en disant qu'il y a des
PREFACE .
hommes qui naissent avec une plume derrière l'oreille et un
encrier à la place du cœur? Sûrement, ce n'est ni au Jour-
nal des" Débats ni à M. J. J. Ce sont là des êtres si doux,
si bons, si généreux, si compatissants, qui font tant de bien
au monde, qui sèment sur la terre tant de bienfaits, qui
nourrissent tant de milliers d'hommes avec le pain — de la
parole.
Et moi qui aurais juré que la conduite du Journal des Dé-
bats n'était que le résultat de sa politique deux fois double,
qui lui conseille naturellement de ne pas donner des verges
pour se faire battre! C'était bien mal reconnaître les intentions
toutes paternelles de ce généreux défenseur du faible et de
l'opprimé, de ce divin bienfaiteur des humains, de cet héro-
ïque champion de l'ordre et de la paix. Est-il dans tout l'uni-
vers un monstre d'ingratitude pareil à moi ! Ah! je le con-
fesse humblement, M. J. J. viderait contre moi tout son ar-
senal de colère, qu'il ne ferait qu'effleurer l'épiderme de mon
ingratitude , qu'il ne ferait que répandre une goutte d'eau
sur une plaie vive , qu'il ne ferait enfin que me punir très-
légèrement pour un si grand crime.
Grondez, tonnerre^ éclair, brillez; foudre, éclatez; mon-
tagnes, croulez sur moi : je n'ai pas su reconnaître les di-
vines bontés de l'adorable Journal des Débats.
En effet, comment n'ai-je pas remarqué avec quelle pa-
ternelle attention il cherche à dérober tous les bons ouvrages
au jour de la publicité , pour n'y exposer que les plus mau-
vais? J'en pourrais citer plus de vingt , tous empreints du
plus grand mérite, qui ont été mis ainsi très-soigneusement
hors des fatales atteintes de la critique. Comment n'ai-je pas
profité de la leçon? pourquoi ai-je fait ce livre qui vous
étonne, monsieur, tant la besogne vous paraît avoir été rude?
Elle a été rude, en effet; mais, quand on a pour auxi-
liaire une grande douleur, on va loin. Oui, voilà le secret
5 IMUOIAC.K.
de celte patience que vous avez de la peine à comprendre,
que ne comprendront pas mieux que vous mes bons profes-
seurs d'autrefois, si profondément initiés dans tous les mys-
tères de ma paresse.
Si l'on travaille avec tant d'ardeur, savez- vous pourquoi?
C'est pour éteindre , pour émousser en soi, autant que pos-
sible, les dards enflammés de la pensée; c'est pour tuer la
douleur cruelle, serpent vivace, qui ne cesse de ramper et
de se tordre dans l'âme, en la mordant et la déchirant.
Je sais bien que si J. J. a quelque chose de commun avec
Triboulet, ce n'est pas cela.
Mais ne perdons pas de vue notre sujet. Et de quoi voulez-
vous que je vous parle, après tout? Toujours de grammaire,
toujours de ce cachot noir où j'ai bien voulu, par amour
pour Dieu et pour les hommes, enfermer mon âme humiliée?
Hélas! ne me sera-t-il donc pas permis de respirer l'air un
moment? de prêter l'oreille un moment aux voix lointaines
du monde? Quoi! la France, à tant de beaux triomphes qui
ont immortalisé ses armées, vient d'en ajouter de plus beaux
encore ! Quoi ! le canon de la victoire tonne à la fois, et dans
le même moment, sur les bords de l'Isly et à Mogador; et
parce que, misérable exilé! parce que je fais une grammaire,
je devrais fermer mon cœur aux bruits enivrants qui m'ar-
rivent de mon pays! Ah! laissez mon âme s'épanouir à ce
doux rayon de la gloire; laissez-la se bercer heureuse à ce
grave concert que môle la terre aux concerts du ciel ; laissez
mon cœur bénir une fois encore le nom si doux , si beau, de
ma chère patrie.
Voilà donc ce que fait la Fratice. Toujours noble, toujours
grande, toujours généreuse, toujours la tête haute et le cœur
sur les lèvres.
Et l'Angleterre, que fait-elle? Ah! quels sinistres bruits
me sont parvenus de ce coin brumeux de la terre! 11 y en
l'iiKFACE. ->
a un entre autres qui m'épouvante. Quoi! c'était donc trop
peu de la poudre à canon , des fusées à la Congrève, ces in-
ventions déjà si funestes : un nouveau moyen de carnage et
de destruction , le plus puissant de tous à ce qu'il paraît,
le plus irrésistible , le plus effrayant dans ses effets et ses
conséquences, le plus propre à anéantir sans retour tout ce
qui a fait jusqu'ici la principale grandeur des nations : le
courage, la prudence, l'habileté; le plus propre à reconsti-
tuer d'une manière inébranlable le règne de la force sur le
droit, de la matière sur l'idée, à faire de l'homme une ma-
chine, — ce nouveau fléau vient, dit-on, d'être créé par le
génie anglais. Un gros bâtiment de 300 tonneaux a été dé-
truit par le capitaine Warner , en vue de Brighton , le
22 juillet, de la manière la plus extraordinaire. Le fait est-
il VRAI? S'il est vrai, comment tous les Etats de l'Europe
ne se sont-ils pas encore entendus à l'heure qu'il est, pour
proposer à M. le capitaine Warner, au nom de l'humanité,
toutes les récompenses qu'il peut attacher au mérite in-
contestable de sa découverte, et lui interdire en même temps
de révéler son secret à qui que ce soit ? Comment n'ont-ils
pas réuni leurs efforts pour obtenir de M. Warner la pro-
messe d'emporter avec lui son fatal secret dans la tombe ?
Quels sont les hommes qui osent conseillera un gouver-
nement de s'assurer le monopole d'un si puissant moyen
d'action ? Si puissant, en effet, qu'il rend désormais la guerre
impossible, ou la transforme en une suite de lâches assas-
sinats. Mais le monopole d'une telle puissance serait une
abominable injustice, une infâme lâcheté, un crime inqua-
lifiable. Je ne veux pas faire ici de la misanthropie; mais qui
empêcherait, par exemple, un Coriolan ou un Néron de
faire usage une fois ou l'autre d'un tel inslrument pour satis-
faire une horrible soif de vengeance ou de cruauté ? D'autre
part, supposez, non pas un gouvernement seul, mais le
C> PRÉFACE.
monde entier en possession d'une telle découverte : si l'on
jette un regard sur l'histoire , si l'on considère jusqu'où
l'homme a souvent poussé la férocité, les conséquences en
sont effroyables à imaginer.
Non, monsieur le capitaine Warner, ne révélez votre se-
cret à qui que ce soit ; gardez pour vous seul votre décou-
verte, triste présent, qui ne peut attirer sur votre nom , au
lieu de bénédictions, que la haine et l'exécration du monde
entier. Demandez une récompense, elle vous est due, elle
vous sera accordée, non pour le mal que vous pouvez faire,
mais pour le mal que vous pouvez éviter. Grand Dieu , l'hu-
manité n'est-elle pas affligée d'assez de maux? les hommes
ne possèdent-ils pas assez de moyens de s'entre-détruire ?
N'est-ce pas assez de la peste, de la famine, de la mitraille?
des incendies , des ouragans , des inondations ?
N'est-ce pas assez des feuilletons de J. J. ( 1 ) ?
— Encore les feuilletons de J. J. !
— Vous avez raison, maître. Ne vous fâchez pas. Il est
vrai que les feuilletons de J. J. tiennent un peu trop de
place dans mon cœur.
C'est Irop boire de cette eau claire ;
On en peut avaler un verre ,
Mais le reste on le laisse aller.
Vous avez mille fois raison , maîlre ^ et voilà que je me
relève de cette honteuse chute à la hauteur de notre sujet.
La Méthode du Genre, avec nos divers cours de morale,
d'histoire, de géographie, de blason, de zoologie , de bota-
(1) Pour ùter tout prétexte à la malveillance, nous prévenons nos lec-
teurs que J. J. n'est que l'abréviation de JcaJi José Larldon, notre type
idéal de la critique. Quand nous voulons parler de Jules Janln , on a déjà
.'u que nous savions les lettres de son nom.
PREFACE.
nique, de minéralogie, de chimie, etc., remplit, dites-vous,
plus de trente feuilles. 11 faut donc clore là ce premier vo-
lume -, d'autant plus que la Méthode de Prononciation et de
Lecture sera bien mieux à sa place au commencement de la
grammaire proprement dite. Je crois devoir renvoyer de
même au chapitre des substantifs , dans la Grammaire , le
résumé succinct des règles que je viens de donner sur le
genre.
Ces règles sont nombreuses, j'en conviens, et elles ont
grand besoin d'être résumées brièvement. Mais si l'on con-
sidère qu'il ne s'agissait de rien moins que de deux ou trois
cent mille mots à distribuer, à organiser, h passer en re-
vue, on ne sera pas étonné de cette multiplicité de règles.
On nous saura gré surtout, du moins je l'espère, des exem-
ples plus nombreux encore qui les accompagnent , exemples
venant en aide à l'usage, régularisant en quelque sorte l'u-
sage. Pour les étrangers principalement, la pratique du
genre est une chose impossible à acquérir sans le secours
d'un tel livre. Leur vie entière n'y suffirait pas. Aussi il faut
les entendre dire de beaux maisons, de belles environs , etc.
C'est une chose curieuse. Même ceux qui parlent le mieux
font toujours des fautes sur le genre. Ceux qui commencent
seulement à parler ne rencontrent pas juste une seule fois.
Et combien de Français eux-mêmes s'y trompent ? Combien
y en a~t-il qui disent une belle hôtel, de belles gants ! etc.
Comment, du reste, en serait-il autrement quand les lexi-
cographes et les grammairiens ne savent eux-mêmes à quoi
s'en tenir , et que ce sont des aveugles qui en conduisent
d'autres? Vous savez les nombreuses bévues que j'ai signa-
lées dans les dictionnaires, même dans celui de l'Académie,
qui est pourtant un chef-d'œuvre? Quant aux règles que
quelques grammairiens ont tentées à l'endroit du genre,
vous savez aussi que ce n'est qu'un fatras d'où il est impos-
IMIEFACE.
sible de tirer rien qui vaille. Leurs règles, il n'y a pas pos-
sibilité de les apprendre, do les retenir. Moi, je ne demande
pas qu'on apprenne ma Méthode du Genre. Je demande qu'on
lise mon livre , que les nombreux exercices qu'il renferme
soient appliqués avec ordre à toutes les parties de la Gram-
maire; et dans quelques mois, sans qu'on s'en doute, sans
qu'on se soit donné la moindre peine, l'esprit sera tout à fait
fixé sur le genre , en même temps qu'il aura fait des progrès
rapides dans la langue, la morale, l'histoire naturelle , la
chimie, etc. Les règles seules n'eussent rien appris. Leur
aridité eût rebuté les plus intrépides. C'est par la lecture, c'est
par les exercices^qu'on apprendra. C'est pourquoi nous avons
voulu que notre livre fût à la fois un cours de langue et un
cours de morale, une œuvre de science et une œuvre d'art,
une grammaire et un poëme -, c'est pourquoi nous nous
sommes efforcé d'y réunir tout ce que pouvaient lui prêter
de charmes la pensée et le sentiment. Instruire en amusant,
tel a été notre but. Jusqu'à quel point nous avons réussi,
c'est au lecteur seul qu'il appartient d'en juger.
Que si l'on trouve que nous avons été bien sévère envers
les auteurs de la Grammaire Nationale, on n'a qu'à voir com-
ment ils ont eux-mêmes traité tous les autres grammairiens,
avec quel souverain mépris ils en ont parlé. Et l'on nous dira
ensuite si la peine du talion pouvait être appliquée avec plus
de justice, si c'est nous être déshonoré, que d'avoir osé,
comptant sur nos seules forces, relever le gant qui leur était
jeté à la face avec tant d'insolence par un ennemi puissant ;
d'autant plus puissant qu'il était soutenu par le Journal des
Débats et M. Philarète Chasles , dignes champions d'une
telle cause. Si c'est là de la lâcheté et de la bassesse, je prie
bien le Journal des Débats de me dire en quoi consiste la
vertu contraire : il doit le savoir , lui qui en parle toujours.
D'ailleurs nos critiques se justifient d'elles-mêmes, étant
PRÉFACE. D
toutes appuyées sur des citations. De cette manière, le lecteur
est à même de juger, par ses propres yeux , lequel a tort,
lequel a raison, de nous ou de MM. Bescherelle.
S'il en était autrement, l'on serait parfaitement en droit
de nous blâmer; car, pour ma part, toute critique qui n'est
pas appuyée sur de nombreuses citations , je la récuse avec
mépris, la considérant comme un tissu de mensonges et de
calomnies , comme l'expression de la plus basse jalousie ,
comme l'acte d'un mauvais cœur, comme le fruit vénéneux
d'une terre empoisonnée. A bon entendeur, salut.
En fait de critique, en effet, je n'admets que la manière
dont procède Laharpe, tant décrié par nos Laridons.
Toutefois, nous serions nous-mème injuste envers les
auteurs de la Grammaire Nationale, si nous ne nous hâ-
tions de porter à la connaissance de nos lecteurs la seule
chose qui, dans leur ouvrage, nous ait vraiment paru digne
d'éloges. C'est cette définition qu'ils donnent de la gram-
maire :
« La Grammaire (1) est la science du langage, c'est-
à-dire, LA science des SIGNES DE LA PENSEE, CONSIDÈRES
DANS LEURS ELEMENTS , LEURS MODIFICATIONS ET LEURS
COMBINAISONS.
» Cette science a pour objet de déterminer les diffé-
rentes espèces de mots qui correspondent aux différentes
espèces d'idées ; d'indiquer les variations que les mots
subissent dans leurs formes pour exprimer les diverses
(1) Du grec grainma , lettre : la science des lettres , et , par extension ,
la science du langage. Grammaire, se dit aussi d'un livre ou sont exposées
les règles d'une langue du langage. La Grammaire de Port-Royal. (Acab.
I II "1
!'• rilÉFACE.
modifications et les nuances les plus délicates de la pen-
sée ; enfin, de faire connaître les rapports des mots entre
eux, et les règles d'après lesquelles ils se combinent et se
réunissent en phrases pour rendre les combinaisons des
idées.
» Tous les hommes doivent étudier cette science, puis-
que tous ils sont appelés par les plus pressants besoins à
peindre leurs idées. Elle seule peut leur dévoiler les mys-
tères de cette peinture merveilleuse , source des plus
grands avantages et des plus doux plaisirs ; elle seule peut
leur ouvrir le sanctuaire des sciences. Et, aujourd'hui sur-
tout que le don de la parole doit assigner un rang si dis-
tingué à celui qui aura su le cultiver avec le plus de suc-
cès, l'étude approfondie du langage prend une importance
encore plus grande. Cette étude est, il est vrai , le plus
rude exercice de l'esprit. Mais aussi combien ne sert-il
pas à le fortifier ! Il n'est pas d'initiation plus puissante
ni plus féconde à tous les travaux qu'on peut entreprendre
dans la suite. C'est là la base , le fondement de toutes les
connaissances humaines. D'ailleurs, n'est-il pas du de-
voir de tout être pensant de chercher à se rendre compte
de la valeur précise de sa parole , de la connaître dans
toute son intégrité, de savoir ce qui la fait vivre ? Autre-
ment, il est pour lui-même une énigme indéchiffrable, puis-
qu'il ignore la nature des procédés dont il fait usage à
cet égard.
PKÉFACE. M
Les siJiii sermonis , lingitaniin ré-
gula certa; qui me non didiscit, cœlera
niiUa petat. (Bacok.)
<i J e suis la loi du discours, la règle
«infaillible des langues; qui m'ignore
«doit renoncer à rien savoir. »
» La Grammaire admet deux sortes de principes : les
uns sont d'une vérité immuable et d'un usage universel ;
ils tiennent à la nature de la pensée même ; ils en suivent
l'analyse , ils n'en sont que le résultat. Les autres n'ont
qu'une vérité hypothétique et dépendante de conventions
libres et variables , et ne sont d'usage que chez les peuples
qui les ont adoptés librement , sans perdre le droit de les
changer ou de les abandonner , quand il plaira à l'usage
de les modifier ou de les proscrire. Les premiers consti-
tuent la Grammaire générale ; les autres sont l'objet
des diverses Grammaires particulières.
» Ainsi , la Grammaire générale est la science rai-
sonnée des principes immuables et généraux de la parole
prononcée ou écrite dans toutes les langues.
» Et la GRAMMAmE PARTICULIÈRE (1), l'art de faire con-
corder les principes immuables et généraux de la parole
prononcée ou écrite, avec les institutions arbitraires et
usuelles d'une langue particulière.
»La Grammaire générale est une science, parce qu'elle
n'a pour objet que la spéculation raisonnée des principes
immuables et généraux de la parole; une Grammaire
(1) Il Faudrait, Et une Grammaire par lieu Hère.
i 2 IMIÉI' \CK.
particulière est un art, parce qu'elle envisage Tapplica-
tion pratique des principes généraux de la parole aux
institutions usuelles et arbitraires d'une langue particu-
lière ( i ) . »
Et, maintenant, sans plus de préambules, j'aborde net-
tement la question que vous m'avez soumise.
Agréez, etc.
LÉGER NOËL,
(1) Admirez ma candeur, mon ingénuité. Ce passage dont nous faisions»
gloire à MM. Bescherelle , voilà que nous le retrouvons mot pour mot dans
Girault-Duvivier, qui dit l'avoir emprunté à Douchet, qui lui-même l'avait
emprunté à Beauzée. MM. Bescherelle ne se gênent pas plus que cela. Ils
ne font pas plus de distinction entre leur bien propre et le bien d'autnii.
Ainsi, depuis des siècles, les grammairiens, les lexicographes, ne font
donc que transvaser et retransvaser les mômes vérité», les mêmes erreurs,
sans y ajouter l'ingrédient d'une idée, sans aboutir à autre chose qu'à mê-
ler, à confondre de plus en plus les erreurs avec les vérités , au lieu de les
séparer, de les distinguer clairement, de les précipiter, au moyen de la
raison, de leur dissolution par l'analyse. Bien oblige, messieurs les gram-
mairiens.
GRAMMAIRE FRANÇAISE,
DEFINITION.
La Grammaire française est l'art de parler et d'écrire
en français, correctement, c'est-à-dire, d'une manière
conforme à l'usage.
Pour parler et pour écrire on se sert de mots; les mots
sont composés de syllabes, et les syllabes de lettres,
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES.
De la Parole.
La parole est l'attribut exclusif de l'homme. Le mécanisme par
lequel se forme la parole est admirable. L'air chassé des poumons
imprime aux lèvres de la glotte un mouvement de vibration qui
produit la voix, La voix , en passant par la bouche, s'y modifie de
plusieurs manières, selon le plus ou le moins d'ouverture de
celle-ci, et produit les neuf différents sons dont elle est susceptible:
huit pleins, représentés généralement par les caractères suivants :
a, è, é, '}, ij, II, cil, un, et un son faible, \e jnuet\
I '< 'iRAMMAJllE FUANÇAISE.
Un son ( I ) n'est donc qu'une émanation pure et simple de la
voix.
Mais chacun de ces sons est a son tour modifié ou par le nez, ou
par la langue, ou par les lèvres, ou par le palais, et devient ainsi:
Ou nasal : An, in, on, un.
Ou LINGUAL : La, le, /(?', /e, //, lo, lu, leu, lou.
Na, ne, né, ne, ni, no, nu, neu, nou.
Ra, rè, ré, re, ri, ro, ru, reu, rou.
Da, de, dé, de, di, do, du, deu, don.
Ta, tè, té, te, ti, to, tu, teu, tou.
Ja,jè,jé,je,j'i,jo, ju, jeu,jou , etc.
Ou LABIAL : Ba, hè, hé, he, hi, ho, hu, heu, hou.
Pa, pè, pé, pe, pi, po, pu, peu, pou.
Fa, fè,fé,fe, fi, fo,fuJeu,fou .
f'V/, c'è, vé, oe, oi, oo, vu, oeu, oou.
Ma, mè, mé,me, mi, mo, mu, meu, mou.
OVi palatal : Ca, kè, ké, ke, ki, co, eu, keu, cou.
^«; ê'"è, gué, gue, gui, go, gu, gueu, gou.
Ces diverses modiûcations du son , produites par les organes de
la parole, s'appellent Articulations. Ainsi a est un son; mais h et d,
dans ha et da, sont des articulations, parce que le mouvement des
lèvres en prononçant h, et celui de la langue en prononçant d, af-
fectent le son a de manière a le transmettre à l'oreille d'une ma-
nière différente.
Les sons ainsi modifiés, principalement, comme on le voit, par
le mouvement des lèvres et de la langue, sont dits sons articulés;
les sons simples, comme a, é, i, sont des sons inarticulés.
Pour ce qui est des sons an, in, on, un, grand tumulte parmi les gram-
mairiens à leur occasion. Le son nasal est-il un son articulé ou ne l'est-il
pas ? voilà la question. Dangeau dit oui, d'Olivet dit non, moi je dis oui
et non. Nous en reparlerons.
Or, telle est tout entière la gamme de la parole. C'est a l'aide de
ce petit nombre de sons, que l'homme parvient a exprimer de mille
(1) ïouslesgrammairiens et l'Académie elle-même disent son ou voix. Pour
nous, nous croyons utile, même nécessaire, de distinguer entre sonclvoix.
NOTES PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. ^ ri
manières toutes ses idées, quelque infinies qu'elles soient. C'est de
ce petit nombre de sons que viennent toutes les langues; c'est à
ces sons qu'elles se réduisent, quelque différentes qu'elles puissent
être ; car, comme dit Levizac , celte diversité ne vient pas d'une
différence dans la nature des sons , mais de la différence que les
hommes ont mise dans la combinaisons de ces sons.
Parler c'est donc articuler des sous, qui, combinés ensemble,
forment des mots, et expriment des idées. La parole résulte donc
principalement de l'action de la langue et des lèvres sur la voix à
son passage dans la bouche. Ce qui a fait dire que la voix huvmine
est a/> dans la trachée-artère, son dans la glotte, et />aro/e dans
la bouche.
Des Lang^nes.
L'ensemble des termes et des façons de parler dont se
servent les différents peuples, se nomme Lanywe.
On a beaucoup écrit sur l'origine des langues; mais les nom-
breuses dissertations des érudits n'ont pu nous conduire à savoir
quelle était la langue primitwe. Les premiers hommes avaient-ils
un langage qu'ils eussent reçu avec la vie, ou est-ce le besoin, ce
grand inventeur, qui leur en a suggéré un? Rien de plus con-
forme à la saine raison que de penser que Dieu , après avoir créé
l'homme et la femme, leur donna un langage au moyen duquel ils
pussent se communiquer les impressions qui durent nécessairement
envahir leur âme au sortir du néant, et que chaque objet multi-
pliait en eux. Au dire des grammairiens, « les hommes ne purent
» d'abord correspondre entre eux que par des cris , se faire entendre que
n par des gestes. Mais lorsqu'ils eurent contracté quelque habitude d'être
» ensemble , les cris produisant aussi des sons , ils durent se servir de
» ces sons pour représenter les objets, pour se les indiquer les uns aux
" autres , pour exprimer leurs besoins sans cesse renaissants. » Celte
doctrine, longuementdéveloppée par les auteurs delà Grammaire
Nationale , est tout a fait antireligieuse. Ou vous croyez que
l'homme fut formé de la manière que nous l'enseigne la sainte
Ecriture, on vous n'y croyez pas. Dans le premier cas, corn-
it*' CUAMMATRE FRANÇAISE.
ment supposer que Dieu , après avoir répandu sur cette argile le
souffle de la vie, après avoir uni a ce corps une âme raisonnable,
après avoir doué sa créature de la faculté de penser et de sentir, la
laissa privée de la faculté d'exprimer ses pensées et ses sentiments?
Comment supposer que le Seigneur, qui parla au premier homme
et à la première femme, ne leur avait pas donné, avec la voix,
une parole pour lui répondre? Ah! sans doute, entendant une
voix inconnue, Adam répondit:
0 Qui m'appeUe î — Celui qui te fit de ses mains.
— Qui suis-je ? — Tu seras le père des humains.
— Ce ciel est-ce encor moi ? Cette image qui passe.
Cette ombre sous mes pieds, qui décline et s'efface,
Est-ce moi î toujours moi qui partout me poursuis?
Dans ce nuage errant est-ce moi qui me fuis ?
Moi qui dans l'air répands celte âme matinale ?
Moi, dans ee long soupir que chaque chose exhale ?
— Tu n'es pas seul au monde. — Une voix ! une voix
Des roseaux s'échappant a grandi dans les bois.
Mon oreille a saisi la parole envolée.
Loin de moi qui m'appelle ? Est-ce ma voix ailée î
Est-ce la voix de l'aigle ? ou , fille du vallon ,
L'haleine du torrent qui parle à l'aquilon ?
Ou la voix des grands lis à la bouche argentée ?
Ou l'arbre aux bras tendus ? — C'est moi. C'est Jèhovah !
— O son doux à l'oreille ! O terre , si c'est toi ,
Si c'est toi , ciel ouvert, qui t'abaisses sur moi ,
Mon oreille t'écoute et déjà mon œil l'aime.
Où courir? où rester? où me chercher moi-même ?
Si c'est toi , vaste mer, autre ciel sans repos,
Reçois- moi dans la source , ainsi qu'un de tes flots ,
Et redis-moi mon nom. — Ton nom est Adam. . .
— D'un autre nom que moi pourquoi t'appelles-tu ?
N'es-tu pas sur mon front le rayon descendu.
Ma voix qui me répond , mon âme , mon génie ,
Des mots aux ailes d'or l'invisible harmonie ?
Si mon œil peut te voir et ma main te toucher,
Parle , dis-moi comment , où faut-il te chercher?. . .
Un monde en l'écoutant est né dans mon esprit.
— Au milieu de ton cœur c'est l'ardente pensée
Que déjà , sous l'argile , à longs flots j'ai versée.
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. M
Est-ce à toi qu'appartient ce globe de lumière.
Œil des cieux qui régit l'univers d'un regard î
Jusqu'au fond de mon cœur il a plongé son dard.
Est-ce toi , dans tes mains , qui possèdes la vie ,
Le doux présent du jour, le parfum d'ambroisie
Que chaque créature aspire en s'éveillant î
Mais toi, qui t'a vu naître f
Quelle argile est ta mère , et qui donc est ton maître?
— Tout obéit à Dieu. » ( Edgah Qvinet. )
Sans doute, en ouvrant les yeux à la lumière, Eve s'écria à son
tour :
• Salut, cieux embaumés qui venez de sourire !
Salut, mer transparente aux longs cheveux d'argent!
O vallons, ô montagnes.
Ruisseaux, grottes, salut! Et vous , fleurs , mes compagnes,
Oh! dites, qu'il est doux de vivre et de fleurir !
Mais toi, qui donc es-tu? Frayeur ! joie inconnue !
Je te vois, si le jour n'abuse pas mes yeux.
Ton front, comme le mien , se lève vers les cieux ,
Et ta lèvre connaît , quand ton esprit la guide ,
Des sons pareils à ceux dont ma lèvre est avide.
Tes cheveux sur ton cou respirent ; et les miens,
Parle vent caressés, vivent comme les tiens.
L'espérance pour moi jaillit de ta paupière. ,
(Eogab Quinbt. )
L'hébreu étant la plus ancienne langue connue, pourquoi ne
serait-ce pas l'idiome dont Dieu aurait doté Adam et Eve? Appa-
remment que les hommes n'en connurent point d'autre jusqu'au
jour où Dieu , pour punir leur orgueil , confondit les sons dans
leurs bouches , et les obligea de se séparer en autant de peuples
que de celte confusion il résulta d'idiomes différents.
La langue ne fut point changée; au fond, les mots restèrent les
mêmes; mais chacun se mit à les prononcer, à les construire d'une
manière différente; en sorte qu'il devint impossible de s'entendre,
et le vaste monument inachevé, dont l'ombre gigantesque rayait la
plaine de Sennaar , s'appela Babel ou Confusion.
Ce n'est qu'avec le temps que plusieurs langues s'éloignèrent de
leiir origine commune, au point de n'en garder aucune trace.
^8 GRAMMAIRE FRAAÇAISE.
On évalue à deux mille le nombre des langues connues :
Langue hébraïque. Langue latine. Langue française. Langue anglaise. Lan'
gués du midi. Langues du nord. Les langues du midi sont filles de la joie, et
les langues du nord, du besoin. ( J. J. Rousseau.) Une belle tangue. Une lan-
gue abondante, riche, féconde, harmonieuse, douce, sonore. Une langue stérile,
pauvre, rude, dure , si fiante , sourde , barbare. Langue claire. Lange éner-
gique, forte, pompeuse. Toutes nos tangues modernes sont sèches , pauvres et
sans harmonie en comparaison de celles qu'ont parlées nos premiers maîtra,
tes Grecs et les Romains. {M OLTÀ.IRV..) Enrichir , polir, perfectionner, épurer,
purger une langue. Fixer une langue. Enfler une langue de mots nouveaux ,
ta délayer dans le néologisme, l'affaiblir, l'altérer, la corrompre. Appauvrir
une tangue. Chez toutes les nations du monde, la langue suit les vicissitudes
des mœurs et se conserve ou s'altère rommeelles. ( J. -J. Rousseau.) Une langue
dégénérée, corrompue. La richesse, la beauté, la politesse d'une langue. La pu-
reté delà langue. Les propriétés de ta langue. Les circonstances favorables au
développement des génies se rencontrent chez une nation dans le temps où sa
tan "ue commence à avoir des principes fixes et un caractère dcciVé .(Condillac.)
Le génie d'une tangue, le caractère propre et dislinclif d'une tangue. Les éty-
ynologies, les dialectes, la grammaire, la syntaxe, l'orthographe, la prosodie
d'une langue. L'origine, la formation, la multiplication, la diversité des lan-
gues. Étudier, apprendre, savoir une langue. Oublier une langue. Parler bien
une langue.
La langue est l'arme la plus sûre pour établir une domination
durable, et les grands écrivains sont de vrais conquérants.
Langue primitive. Celle qu'on suppose
avoir été parlée la première.
Langue primitive ou originelle, se dit
aussi de Celle qu'on suppose ne s'être for-
mée d'aucune autre.
Langue mère ou matrice, qui ne paraît
dérivée d'aucune autre et dont quelques
autres sont dérivées. L'hébreu est une tan-
"ue mère. Langue dérivée, formée d'une
autre.
La langue italienne s'est formée de la lan-
gue latine.
Langues sémitiques. Celles qu'on regarde
comme ayant été parlées par les enfants
de Sem et par leurs descendants. Les lan-
gues sémitiques sont l'hébreu, l'arabe, le sy-
riaque.
Langue morte. Celle qu'un peuple a
parlée, mais qui n'existe plus que dans les
livres. Layigue vivante, Celle qu'un peuple
parle actuellement. On dit dans le même
sens, Langue ancienne ou savante par op-
position à Langue moderne ou vulgaire.
Les principales tangues mortes sont l'hé-
breu, le grec et le latin.
Les principales langues vivantes sont la
français , l'italien, l'espagnol , l'anglais,
l'allemand , et quelques autres de l'Orient.
Laiiiiue littérale, se dit aussi par opposi-
tion à Langue vulgaire ou moderne. Le grec
littéral est fort différent du grec vulgaire,
lisait bien l'arabe littéral, mais il n'entend
pas l'arabe vulgaire. On ne le dit que du
grec et de l'arabe.
Langues orientales , Les langues mortes
ou vivantes de l'Asie ; telles que l'hébreu,
le syriaque, le clialdéen, l'arabe, le persan,
le sanscrit , le chinois. Le chinois est de
-NOTlOiNS PRELIMINAIRES ET FOiNDAMEISTALES.
lu
toutes les langues la fhis difficile. La lan-
gue chinoise n'a environ i/ue trois cent
trente-cinq mots, tous d'une syllabe, dont la
signification change avec le ton, et pour les-
quels on emploie quatre-vingt mille carac-
tères différents.
Langue hellénique. Langue grecque an-
cienne ou littérale.
Langue hellénistique. Langue des juifs
grecs, dans laquelle a été faite la version
des Septante.
Langue naturelle ou maternelle, Celle du
pays où l'on est né, par opposition à Lan-
gue étrangère , Celle d'un autre pays.
Langue nationale. Celle que parle géné-
ralement une nation, aussi par opposition
à Langue étrangère.
La langue sainte, La langue hébraïque.
Longue sacrée. Tonte langue dans la-
quelle sont écrits des livres qu'on suppose
inspirés par la Divinité.
Langue Iraasposilive, Celle où les rap-
ports des mots enti-e eux sont indiqués par
leurs terminaisons, et où, par conséquent,
on n'est pas oMigé de les placer selon l'or-
dre analytique de la pensée. Le lalin , le
grec, sont des langues iransposilives. Les
langues iransposilives admellcnt des inver-
sions fréquentes. Par opposition, Langue
a7\alytique,(Zti\\e où la génération des mots
suit celle des pensées. Ze/rrtnca/ij l'italien,
sont des langues analytiques.
Langue philosophique , Celle où la géné-
ration des mots suivrait exactement celle
des pensées, où il n'y aurait ni anomalies,
ni distinction du ])ropre et du figuré, etc.
Langue universelle. Langue qui serait
commune à tous les peuples. Leibnilz a
conçu le projet d'une langue universelle. Le
latin, qui est su des gens instruits de tous
les pays , est une espèce de langue univer-
selle.
La langue poétique , la langue courante
d'une nation.
C'est parce qu'une langue suppose une suite de pensées que les
animaux n'en ont point.
Lang^ue Française.
La langue de la Gaule était la langue celtique, qui passe pour la
mère de toutes celles qui se sont parlées et se parlent encore en Eu-
rope.
Les Romains, devenus maîtres de la Gaule, imposèrent leur
langue a cette contrée. Au moyen âge, le latin devint la langue des
savants, la langue universelle. En France, tous les actes furent
écrits en latin jusqu'en -1 359.
De l'altération progressive de la langue latine se forma la langue
romane, qui devint la langue vulgaire au septième et au huitième
siècle. Cette altération, M. Villemain l'explique par l'introduction
dans la langue latine de mots celtes et francs avec des désinences
latines, et, plus tard, la suppression de ces désinences, devenues
un embarras, parce qu'on ne savait plus les varier. Le roman était
universel en Gaule au dixième siècle. Il paraît môme qu'on le par-
lait en Italie et en Espagne, où il était appelé ia/igi^e limousine;
mais le commerce des peuples du nord de la Gaule avec les Alle-
mands amena la formation do deux dialectes dans la langue ro-
20 GRAMMAIllE FRAAÇAISE.
mane: l'un , connu sous le nom de Langue d'oil, parce que le mol
oui s'y disait ail, fut celui du Nord ; l'autre, connu sous le nom de
Langue duc, parce que le mot oui s'y disait oc, resta celui du Midi.
Du premier est né la langue française ; le second, qui n'était autre
que la véritable langue romane, se parle encore dans les contrées
méridionales de la France. On assigne d'ordinaire le cours de la
Loire comme limite a ces deux idiomes dont la séparation s'opéra
au dixième ou au douzième siècle.
Le plus ancien et le plus authentique monument de la langue ro-
mane est le serment de Louis le Germanique, frère de Karle le
Chauve. Le voici, avec une traduction littérale en regard , tel que
nous le trouvons dans les excellentes Lettres de Thierry sur
l'histoire de France :
TEXTE.
« Pro Deu amor et pro chrislian
poblo et nostro commun salvament,
dist di en avant iii quant Deussavir
et podir me dunat, si salvarai io cist
meon l'radre Karlo, et in adjiida et
in cadhuna cosa, si cuni oui per dieit
son i'radre salvar dist, in o quid il
mi altiezi fazet ; et ab Ludtier nul
plaid nunqiiam prindrai, qui, meon
vol , cist meon fiadre Karlo , in
damno sit. n
TRADIICTION.
« Par amour de Dieu et du peuple
chrétien, et parnotre commun salut,
de ce jour en avant, tant que Dieu
me donnera de savoir et pouvoir, je
sauverai mon frère Karle, et l'aiderai
en chaque chose, comme un homme
par droit doit sauver son Frère, parce
qu'il en ferait autant pour moi ; et je
ne ferai avec Lothaire aucun traité,
qui, de ma volonté , soit dommagea-
ble à mon frère Karle. »
Au dixième siècle, les articles commencent à se former, les noms
à perdre leurs désinences latines, les verbes actifs a se conjuguer,
ainsi que le verbe estre , la langue française enfin a se dessiner
légèrement dans la brume du vieux roman. En voici un exemple
cité, comme le précédent, dans l'excellent traité de rhétorique de
M. Bécart. C'est un fragment de la traduction du symi)ole de saint
Âthanase :
TEXTE :
<t Kikumkes vult salf estre, devant
totes choses besoing est qu'il tieng-
et la commune fei; la quele si kaskun
entière e neenl mal misme ne guar-
dvrats sans dotance,pardurablement
perirat.»
tradpction:
« Quiconque veut être sauvé,
devant loutts choses il est besoin
qu'il tienne la commune foi ; la-
quelle si chacun ne garde entière
et nullement mélangée, sans doute
à jamais il périra. »
Au treizième siècle les progrès de la langue sont déjà très-mar-
qviés, comme on le voit dans les Ordonnances de suint Louis, et
xNOTIOiNS PRELL>11IN AIRES ET FONDAMENTALES. 21
surtout dans son édit contre les blasphémateurs, dont voici le pre-
mier paragraphe :
» Si aucune personne de l'aage de quatorze ans, ou de plus, fait chose
ou dit parole en jurant ou autrement , qui tome à despit de Dieu, ou de
Nostre-Dame on des Sainz, et qui fust si horrible qu'elle fut vilaine à recor-
der, il poira AO livres ou moins, niés que ce ne soit moins de 20 livres, selon
Testât et la condition de la personne, et la manière de la vilaine parole ou
du vilain fait; et à ce sera contraint, se mestier (si besoin) est : et si il
étoit si poure qu'il ne peust poyer la poine dessus dite, ne n'eust autre que
pour li la voussist {voulût) poyer, il seia mis en l'eschielle l'erreure d'une
luye {l'espace d'une lieue, une heure du Jour) en lieu de notre justice... et
puis sera mis en la prison pour six jours ou pour huit jours au pain et à l'eau.»
Voici un échantillon de la poésie du quatorzième siècle:
Bien vous puis de cetui tant dire
Qu'il ne savoit chanter ne lire ,
En romantier , chartre ne brief;
Se ne savoit longue ni brief;
Une Messe sans plus savoit.
Salve sancta parens, qu'avoit
Aprise d'enfance et d'usage ,
N'en karesme, ne en charnage ,
Na Pentecosle, na Noël,
Ne chantast ia nul for el ;
C'était touziors touz ses efibrz
Et por les vifs et por les morz.
Les vers de Villon, au quinzième siècle, sont pleins de tours
et d'expressions encore usitées aujourd'hui. On y voit poindre la
langue si vive, si originale, de Marot, de Voiture, de Sarrazin, de
La Fontaine.
Villon ne se piquait pas d'être né de parents nobles et riches ;
aussi dit-il :
Pauvre je suis dès ma jeunesse,
De pauvre et petite extrace.
Mon père n'eut onc grande richesse,
Ne son ayeul nommé Erace.
Pauvreté tous nous suit et trace ;
Sur les tombeaux de mes ancestres
(Les âmes desquels Dieu embrasse )
On n'y voit couronnes ne sceptres. [Cité par M. Bccart.)
'Il CHAM.M.UIŒ rUAXjAISE.
Sainl-Gelais écrivait déjà, au commencement du seizième siècle,
des vers d'une pureté remarquable. Voici un échantillon de sa
poésie :
Toi qui es n^cevcur du Roi ,
Ou du Daupliin , si tu nie crois.
Reçois avant que tu écrives ,
Ecris avant que tu délivres.
De recevoir fais diligence
Et fais tardive délivrance.
Prends acquis qui soient bien valables;
Payes en paroles aimables ,
En tes clercs pas tant ne te fies ,
Qu'à voir souvent tes faits oublies.
Sois moult diligent à compter,
Et tu pourras plus baut monter. ( Cité par le même.)
C'est au seizième siècle, dit M. Victor Hugo , que la langue fran-
çaise a commencé à devenir la langue la plus littéraire de l'Eu-
rope.
Sur une question aussi importante nous n'oserions nous mettre
à la place du poète , et nous allons le laisser parler sans l'inter-
rompre :
« On peut dire de la langue française au seizième siècle, » con-
tinue M. Victor Hugo, « que c'est tout à fait une langtie de la
» renaissance. Au seizième siècle l'esprit de la renaissance est par-
» tout, dans la langue comme dans tous les arts. Le goût romain-by-
» zantin. que le grand événement de 14S4 a fait refluer versl'Occi-
» dent, et qui avait par degrés envahi Tllalie dès la seconde moitié
» du quinzième siècle, n'arriva guère en France qu'au commence-
» ment du seizième; mais à l'instant même il s'empare de tout, il
» fait irruption partout , il inonde tout. Rien ne résiste au flot. Ar-
» chitecture, poésie, musique, tous les arts, toutes les études, toutes
» les idées, jusqu'aux ameublements et aux costumes, jusqu'à la
» législation, jusqu'à la théologie, jusqu'à la médecine, jusqu'au
» blason , tout suit pêle-mêle et s'en va à vau-l'eau sur le torrent
» de la renaissance. La langue est une des premières choses at-
» teintes; en un moment elle se remplit de mots latins et grecs;
» elle déborde de néologismes ; son vieux sol gaulois disparaît pres-
» que entièrement sous un chaos sonore de vocables homériques et
NOTIONS PBÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 2.>
virgiliens. A celte époque d'enivrement et d'enthousiasme pour
l'antiquité lettrée, la langue française parle grec et latin comme
l'architecture, avec un désordre, un embarras et un charme in-
finis; c'est un bégaiement classique adorable.
» Moment curieux ! C'est une langue qui n'est pas faite , une
langue sur laquelle on voit le mot grec et le mot latin à nu, comme
les nerfs et les veines sur l'écorché. Et pourtant cette langue qui
n'est pas faite est une langue souvent bien belle; elle est riche,
ornée, amusante, copieuse, inépuisable en formes, haute en
couleur ; elle est barbare à force d'aimer la Grèce et Rome : elle est
pédante et naïve. Observons en passant qu'elle semble parfois
chargée, bourbeuse et obscure. Certes, ce n'est pas sans troubler
profondément la limpidité de notre vieil idiome gaulois, que ces
deux langues mortes, le grec et le latin , y ont si brusquement
vidé leurs vocabulaires. Chose remarquable et qui s'explique par
tout ce que nous venons de dire, pour ceux qui ne comprennent
que la langue courante , le français du seiziè me siècle est moins
intelligible que le français du quinzième. Pour cette classe de lec-
teurs, Brantôme est moins clair que Jean de Troyes.
» Au commencement du dix-septième siècle, cette langue trouble
et vaseuse subit une première fdtration: opération mystérieuse,
faite tout à la fois par les années et par les hommes , par la foule
et par le lettré, par les événements et par les livres, par les mœurs
et parles idées; qui nous donne pour résultat l'admirable langue
de P. Mathieu et de Mathurin Régnier, qui sera plus tard celle
de Molière et de La Fontaine, et plus tard encore celle de Saint-
Simon. Si les langues se fixaient, ce qu'à Dieu ne plaise, la langue
française aurait dû en rester là. C'était une belle langue que cette
poésie de Régnier , que cette prose de Mathieu ! C'était une lan-
gue déjà mûre , et cependant toute jeune , une langue qui avait
les qualités les plus contraires, selon le besoin du poëte; tantôt
ferme, adroite, svelte , vive, serrée, étroitement ajustée sur l'in-
tention de l'écrivain , sobre , austère , précise , elle allait à pied
et sans images et droit au but; tantôt majestueuse, lente et toute
empanachée de métaphores , elle tournait largement autour de la
pensée comme les carrosses à huit chevaux dans un carrousel. C'é-
tait une langue élastique et souple, facile à nouer et à dénouer au
gré de toutes les fantaisies de la période , une langue toute moirée
de figures et d'accidents pittoresques ; une langue neuve, sans au-
24 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
» cun mauv.iis pli , qui prenail niervcilleiisemenl la forme de l'i-
» dée , et qui , par moments , flottait quelque peu à l'enlour, autant
)i qu'il le fallait pour la grâce du style. C'était une langue pleine
)' de fières allures , de propriétés élégantes, de caprices amusants;
v commode et naturelle à écrire ; donnant parfois aux écrivains les
« plus vulgaires toutes sortes de bonheurs d'expressions qui fai-
» saient partie de son fonds naturel. C'était une langue forte et sa-
» voureuse, tout à la fois claire et colorée, pleine d'esprit, excel-
» lente au goût, ayant bien la senteur de ses origines, très-française,
)> et pourtant laissant voir distinctement sous chaque mot sa racine
» hellénique, romaine ou castillane; une langue calme et transpa-
» rente, au fond de laquelle on distinguait nettement toutes ces ma-
» gnifiques étymologies grecques , latines ou espagnoles , comme
» les perles et les coraux sous l'eau d'une mer limpide.
» Cependant, dans la deuxième moitié du dix-septième siècle , il
» s'éleva une mémorable école de lettrés qui soumit à un nouveau
» débat toutes les questions de poésie et de grammaire dont avait
» été remplie la première moitié du même siècle , et qui décida
» pour Malherbe contre Régnier. La langue de Régnier , qui sem-
» blait encore très-bonne à Molière, parut trop verte et trop peu
» faite à ces sévères et discrets écrivains. Racine la clarifia une se-
» conde fois » et l'éleva, avec le concours de Boileau , h ce haut de-
gré de clarté et de pureté qu'on admire avec tant de raison dans
les bons écrivains de cette époque.
Mais, continue M. Victor Hugo, « Cette distillation, beaucoup plus
» artificielle que la première, beaucoup plus littéraire et beaucoup
D moins populaire , n'ajoute à la pureté et à la limpidité de l'idiome
» qu'en le dépouillant de presque toutes ses propriétés savoureuses
» et colorantes, et en le rendant plus propre désormais à l'abstrac-
» tionqu'à l'image ; toutefois il est impossible de s'en plaindre quand
» on songe qu'il en est résulté Britannicus , Esther et Athalie;
» œuvres belles et graves, dont le style sera toujours religieuse-
» ment admiré de quiconque acceptera avec bonne foi les condi-
» tions sous lesquelles il s'est formé.
B Toute chose va à sa fin. Le dix-huitième siècle filtra et tamisa
» la langue une troisième fois. La langue de Rabelais , d'abord
» épurée par Régnier , puis distillée par Racine , acheva de déposer
X dans l'alambic de Voltaire les dernières molécules de la vase na-
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 2)
» taie du seizième siècle. De là celte langue du dix-huitième siècle,
» parfaitement claire, sèche, dure, neutre, incolore et insipide,
» langue admirablement propre à ce qu'elle avait à faire , langue
» du raisonnement et non du sentiment, langue incapable de co-
» lorer le style , langue encore souvent charmante dans la prose,
» et en même temps très-haïssable dans le vers, langue de philo-
» sophes, enun mot, et non de poëtes. Car la philosophie du dix-
» huitième siècle , qui est l'esprit d'analyse arrivé à sa plus cora-
» plète expression, n'est pas moins hostile à la poésie qu'à la reli'
» gion. Voltaire ne se hérisse pas moins devant Homère que devant
» le pape.
» Au dix-neuvième siècle, un changement s'est fait dans les idées
» à la suite du changement qui s'est fait dans les choses. Les esprits
» ont déserté cet aride sol voltairien, sur lequel le soc de l'arts'ébré-
» chait depuis longtemps pour de maigres moissons. Au vent philoso-
» phique a succédé un souffle religieux , à l'esprit d'analyse l'esprit
» de synthèse , au démon démolisseur le génie de la reconstruction.
» Il est apparu des hommes doués de la faculté de créer, et ayant
» tous les instincts mystérieux qui tracent son itinéraire au génie,
î Ces hommes que nous pouvons d'autant plus louer que nous
» sommes personnellement bien éloigné de prétendre à l'honneur
» de figurer parmi eux , ces hommes se sont mis à l'œuvre. L'art
» qui, depuis cent ans, n'était plus en France qu'une littérature ,
» est redevenu une poésie.
» Au dix-huitième siècle il avait fallu une langue philosophique,
» au dix-neuvième il fallait une langue poétique.
» C'est en présence de ce besoin que , par instinct et presque à
» leur insu , les poëtes de nos jours, aidés d'une sorte de sympa-
» thie "et de concours populaire , ont soumis la langue à cette
» élaboration radicale qui était si mal comprise il y a quelques
» années , qui a été prise d'abord pour une levée en masse de tous
» les solécismes et de tous les barbarismes possibles , et qui a si
» longtemps fait taxer d'ignorance et d'incorrection tel pauvrejeune
» écrivain consciencieux, honnête et courageux , philologue comme
» Dante en même temps que poëte , nourri des meilleures études
» classiques, lequel avait peut-être passé sa jeunesse à ne rempor-
» ter dans les collèges que des prix de grammaire.
» Les poëtes ont fait ce travail , comme les abeilles leur miel, en
» songeant à autre chose , sans calcul, sans préméditation, sans
T, II. 4
20 GR.\MMAIT\F. FRANÇAISE.
)i sylcme, mais avec la rare et naturelle inlelligencc des abeilles et
» des poêles.
» Il fallait d'abord colorer la langue, il fallait lui faire reprendre
» du corps et de la saveur; et nous ne pensons pas qu'on ait eu
» tort de faire infuser Ronsard dans cet idiome affadi par Dorât.
» T/opération d'ailleurs s'est accomplie , on le voit bien mainte-
» nant , selon les lois grammaticales les plus rigoureuses. La langue
» a été retrempée à ses origines, voilà tout. Seulement , et encore
» avec une réserve extrême, on a remis en circulation un certain
» nombre d'anciens mots nécessaires ou utiles. Nous ne sachons
» pas qu'on ait fait des mots nouveaux. Or, ce sont les mots nouveaux,
I) les mots inventés, les mots faits artificiellement, qui détruisent le
» tissu d'une langue. On s'en est gardé. Quelques mots frustes (1)
» ont été refrappés au coin de leurs étymologies. D'autres, tombés
» en banalité, et détournés de leur vraie signification , ont été ra-
T) massés sur le pavé et soigneusement replacés dans leur sens
» propre.
» De toute cette élaboration , dont nous n'indiquons ici que quel-
» ques détails pris au hasard, etsurtout du travail simultané de toutes
» les idées particulières à ce siècle (car se sont les idées qui sont les
» vraies et souveraines faiseuses de langues), il est sorti une langue
» qui, selon le besoin de celui qui s'en sert , a la grâce et la
■n naïveté des allures comme au seizième siècle , la fierté des tour-
» nures et la phrase à grands plis comme au dix-septième siècle,
)) le calme , l'équilibre et la clarté comme au dix-huitième ; langue
» propre à ce siècle , qui résume trois formes excellentes de notre
» idiome , sous une forme plus développée et plus complète , et
» avec laquelle aujourd'hui l'écrivain qui en aurait le génie pour-
» rait sentir comme Rousseau , penser comme Corneille , et peindre
» comme Mathieu.
» Cette langue est aujourd'hui à peu près faite. Comme prose ,
» ceux qui l'étudient dans les notables écrivains qu'elle possède
» déjà, et que nous pourrions nommer , savent qu'elle a mille lois
» à elle , mille secrets , mille propriétés , mille ressources nées
» tant de son fonds personnel que de la mise en commun du fonds
j) des trois langues qui l'ont précédée et qu'elle multiplie les unes
(1) Expression figurée qui se dit, an propre, d'nne médaille, d'une mon-
naie effacée, altérée ou défectueuse dans sa forme. Médaille fruste.
NOTlOiNS PARTICULIÈRES ET FONDAMEiMAIES. 27
» par les autres. Elle a aussi sa prosodie parliculière el toutes sortes
» de petites règles intérieures connues seulement de ceux qui pra-
» tiquent, et sans lesquelles il n'y a pas plus de prose que de vers.
D Comme poésie , elle est aussi bien construite pour la rêverie que
» pour la pensée, pour l'ode que pour le drame, pour la comédie
» que pour la tragédie. Elle a été remaniée dans le vers par le
1 mètre, dans la prose par le rhythme.
» De là une harmonie toute neuve , plus riche que l'ancienne,
» plus compliquée , plus profonde , et qui gagne tous les jours de
» nouvelles octaves.
» Telle est , avec tous les développements que nous ne pouvons
» donner ici ànotre pensée, la langue que l'arl du dix-neuvième siècle
» s'est faite , et avec laquelle en particulier il va parler aux masses
» du haut de la scène. Sans doute la scène, qui a ses lois d'optique
» et de concentration , modifiera cette langue d'une certaine façon,
» mais sans y rien altérer d'essentiel. 11 faudra , par exemple, à la
» scène une prose aussi en saillie que possible , très-fortement
» sculptée, très-nettement ciselée, ne jetant aucune ombre douteuse
» sur la pensée , et presque en ronde-bosse ; il faudra à la scène un
» vers où les charnières soient assez multipliées pour qu'on puisse
» le plier et le superposer à toutes les formes les plus brusques el
» les plus saccadées du dialogue el de la passion. La prose en re-
» lief , c'est un besoin du théâtre ; le vers brisé, c'est un besoin du
» drame (1 ),
(1) Ce besoin n'est contesté par aucun homme intelligent. Il ne l'est et
ne peut l'être que par cette multitude de Lisldas sans cervelle dont parle
M. Tenint, lesquels, ayant la prétention de comprendre Homère, n'ad-
mirent pas Shakespeare; esprits étroits qui ne savent se traîner que dans
un cercle de règles absurdes.
Nous les renvoyons à l'excellent livre de M. Wilbelm Tenint , intitulé ;
Prosodie de l'Ecole moderne, auquel le Journal des Débats devait au moins
une mention aussi honorable que celle qu'il a accordée à la Grammaire Na-
tionale, et dont il s'est bien gardé de dire un seul mot. Telle est l'horreur
du Journal des Débats pour la poésie , que tout ce qui lui en rappelle seu-
lement l'idée, le fait frissonner. Plutôt mourir d'une indigestion de prose!
a En poésie,» dit l'auteur que nous citions tout à l'heure, «ou l'on
» CHANTE ou l'on PARLE. Le poëtc cliantc dans l'ode, dans le dithyrambe,
» dans le pcènie. 11 parle dans le drame, dans la comédie, l'épître et la
I) fable. De là nécessairement deux vers bien différents, le vers intact et le
» vBBs BRISÉ , ou bien le vers chanté et le vers parlé. L'un , majestueux, ne
i> cherchant l'harmonie que dans des mesures d'un temps égal, aimant la
i> pompe et l'ampleur, les épithètes qui font image, déployant dans toute
» son étendue la large envergure de ses ailes , et planant toujours dans les
» hautes sphères. L'autre, au contraire, brisé, souple, tout à l'action, niu-
» sical toujours, mais variant sans cesse le mode de son harmonie, sobre
28 GIIAMMAIRE FRANÇAISE.
)) Ceci une fois posé el admis , nous croyons que désormais lous
» les progrès de forme sérieux qui seront dans le sens grammatical
» d'épithètes, ne disant que ce qu'il doit dire; celui-là enfin posé à terre
» et repliant ses ailes, mais pour les ouvrir parfois à l'essor des grandes pen-
» se es.
» Nous citerons comme modèle de concision et de simplicité, ces vers de
» \ icior Hugo , dans Marlon Dctormc, Nous avons soin d'y marquer les ce-
» sures mobiles ou non :
Ecoutez-moi, Marie.
J'ai pour tout nom Didier. — Je n'ai jamais connu
Mon père ni ma mère. — On me de'posa nu.
Tout enfant, sur le seuil d'une église. — Une femme.
Vieille et du peuple , — ayant quelque pitié dans l'âme.
Me prit, fut ma nourrice et ma mère, — en chre'tien
M'éleva , — puis mourut, me laissant tout son Lien ,
Neuf cents livres de rente , à peu près, — dont j'existe.
Seul à vingt ans , — la vie était amère et triste.
Je voyageai. — Je vis ]es hommes, et j'en pris
En liaine quelques-uns — et le reste en mépris.
» Trente vers de tragédie ne diraient pas autant.»
Il est bien entendu toutefois, comme le remarque fort bien l'auteur cité,
que le drame aussi bien que la tragédie admet généralement le vers intact,
et que le vers brisé n'est qu'une exception nécessaire. On ne s'en sert que
pour arriver à la concision qu'exige l'action et pour ne dire jamais un mot
de trop.
Voici des vers (qu'on nous pardonne de nous citer nous-même), des vers
que nous avons faits il y a douze ans, à une époque où, plongé encore dans
les ténèbres d'une petite ville de province, nous ne connaissions de la vaste
révolution littéraire qui s'opérait alors que le nom de Victor Hugo, reten-
tissant parfois à nos oreilles, comme y avait retenti, dans notre enfance,
le nom de Napoléon. Or, ces vers sont des vers brisés :
Eli bien, que t'ai-jefait pour dissiper mon rêve ,
Pour que ce noir nuage à l'horizon s'élève,
Et s'épaississe au loin sur cette plaine d'or
Et d'azur , — oîi mon ame abattait son essor.'
Que t'ai-jefait, mon Dieu, pour que ta main sévère
Contre ta créature arme tant de colère ?
Je n'ai point blasphémé ton nom. — Pour te prier
Kos deux cœurs s'unissaient , ô mon Dieu ! — L'oublier !
Lui , dont l'image est là , qui brille dans mon âme ,
Comme un rayon dans l'ombre, en souvenirs de (lanim* !
Lui que je vois partout ! lui dont j'entends la voix
Si douce ! — Lui si bon , l'homme à qui je me dois
Enfin ; — car j'ai promis (oui , je nie le rappelle ,
INous étions seuls, la nuit ne fut jamais plus belle).
J'ai promis que mon cœur ne battrait que pour lui ;
Je l'ai juré. — Mon Dieu , faut-il donc qu'aujourd'hui
Je devienne parjure envers celui ([uc j'aime,
Fl pour qui mon amour est le bonheur suprême ?
Oh ! rien que d'y penser , c'est horrible ! — Pitié !
Au poteau du devoir mou destin est lié :
Il faut que j'obéisse, ou je serai maudite.
Kl du monde à jamais honteusement proscrite ;
Jl faut que j'obéisse à mon père ; — demain
11 faudra que j'accepte un époux de sa main.
Mon Dieu , ral)îme est-il assez profond ! — que faire !
M'imposcr !c sourire et m'efforrcr de plaire ;
NOTIONS PRÉLIMLNAUIES ET FOiNDAMENTALES. 29
j> de la langue doivent êlre étudiés , applaudis et adoptés. Et qu'on
» ne se méprenne pas sur notre pensée : appeler le progrès ce n'est
Sous une fausse joie élouffer mon chagriu,
Rallumer sur mon front l'éclat d'un jour serein ;
Dérision cruelle ! avec la mort dans l'âme ,
Chanter, danser, jouer et rire ! — Pauvre femme l
Par quel instinct secret et plus fort qtie l'habitude avais-jc trouvé celle
forme pour ce langage, tandis que dans l'ode, par exemple, ma pensée ne
jaillit jamais qu'en alexandrins de mesure égale, sans que je puisse dire
que ma volonté y est pour quelque chose ; tant cela se fait mystérieusement
et, pourainsi dire, à mon insu. Non queje prétende avoir fait un chef-d'œuvre,
tant s'v.a faut ; mais je suis convaincu que cela m'aurait encore moins réussi
d'une antre manière.
Plus tard , racontant un des jours les plus heureux de ma vie , je ne fis
sans doute qu'ol)éir à celte même im])ulsion naturelle en faisant usage de
l'enjambement, afin de n'altérer en rien les saintes paroles qu'une voix dus
ciel m'avait fait entendre ici bas :
Viviaisje cent mille ans , je le jure , ô Stella,
Ces mots sacramentels resteront grave's là.
Voici ce qu'elle dit d'une voii pe'ne'trée:
— Monsieur, vous quittez donc , mardi , notre contrée?
— Hélas ! je pars demain, madame. — Encore un jour
Que vous nous dérobez ! — Dans ce charmant séjour ,
fiaigné de vos parfums et de votre lumière,
Je voudrais près de vous passer ma vie entière.
— Oh ! monsieur, c'est très-mal de nous quitter ainsi.
— Savez-vous que j'arrache , en m'arrachant d'ici.
Mon âme de mon corps. — Monsieur est-il sincère ?
Si vous en étiez triste autant que nous, j'espère
Que vous demeureriez.
Et plus loin :
Où trouver maintenant des paroles de flamme
Pour dire le bonheur qui coula dans mon âme,
Quand cet êlre que l'œil ne peut considérer
Sans que le cœur se sente enclin à l'adorer.
Quand cet être ineffable, au radieux visage ,
En passant avec moi près d'un rosier sauvage ,
Me dit d'un ton de voix qui me fit tressaillir :
" Monsieur, voudriez-vous, s'il vous plaît , me cueillir
» Une rose ? »
Telles sont, en effet, les propresparoles qu'elle m'adressa et qui retentissent
encore, comme un chant céleste, au fond de mon âme. Si j'avais essayé
d'y changer quelque chose, mon cœur eût vu dans cet acte une profana-
tion. Et il n'en faut pas davantage, je crois , pour justifier cet emploi de
l'enjambement.
Oui, encore une fois, l'enjambement est indispensable dans certains cas,
soit pour le mouvement du vers, soit pour la concision et le naturel du
style.
Et si je me suis cité moi-même avec tant de complaisance, c'est pour
prouver que je st^ns ce queje dis, que j'en suis convaincu, comme doit
l'être de ce qu'il dit tout homme qui jjarle pour persuader. Parmi les pré-
dicateurs, il y en a si peu qui prêchent d'exemple en même temps que de
])arole , qu'on aurait bien lort de m'en viiuloir. D'ailleurs, quand per-
sonne ne nous cite, pas même MM. INocl et Ciiapsai, pas même le Jour-
•'0 (;UA.M.MAIKE fua.\(;aise.
w pas encourager les modes. Les modes, dans les arls, foiil autaut de
» mal que les révolulions font de bieu. Les modes substituent le
» cbic, le ponsif (1 ) et le procédé d'atelier, à l'élude austère de
» chaque chose cl aux originalités individuelles. Les modes mettent
» à la disposition de tout le monde une manière vernissée et cha-
nal des Débats, que dis-je ? pas niême M. Jules Janin , c'est bien le inoins
qu'on nous accorde de nous citer quelquefois nous-inème. Voyez pour-
tant, me dira-l-on , coniniu M. '\ ictor Hugo parle de lui-même avec mo-
destie dans toutes ses préfaces et ailleurs. 11 est vrai que M. A ictor Hugo
est très-modeste — dans ses jjréfaces; mais il est vrai aussi qu'il est grasse-
ment payé pour l'être. La modestie est chose très-aisée aux rois et aux em-
pereurs; car ils ont beau se cacher, tout le monde les voit. On aurait tort
d'en conclure que chaque roi, chaque empereur est un homme de mérite.
Certes , je ne dis pas cela pour RI. Victor Hugo. Toujours est-il que ht mo-
destie ne doit guère coûter à un si grand homme. M.Jules Janin, lui, n'est
pas si modeste, et pour cause. Daignez lui prêter l'oreille un moment,
pour vous en assurer. Voici commeil termine une de ses fameuses critiques.
« Voilà, ou je ne m'y connais pas, une analyse complète et qui ne laisse
» rien à désirer an lecteur. Qu'il y ait dans toute cette analyse beaucoup
» d'esprit, de verve, d'entrain, de bonne moquerie, de causticité et d'é-
» pigramme, qui en doute ? L'auteur est de ceux qui ne doutent de rien. Ces
n mots-là, gros comme une montagne : le parterre, le public! je m'en
» moque comme de ça ! Vous seriez trois mille hommes et trois mille
» femmes entassés dans une salle de spectacle, que notre humoriste y met-
» Irait le même sans-gêne. Si vous n'êtes pas contents, prenez des cartes.
» Vous êtes de plaisantes gens de vouloir qu'on ne rie pas à votre nez!
» Pourquoi donc êtes vous faits , sinon pour m'amuser , moi qui suis un bel
» esprit, moi qui suis un critique célèbie, moi qui suis un poète? Le beau
» mérite, épiciers que vous êtes, si moi qui ai plus d'espril que vous tous,
» j'allais m'inquiéter de vossiftlets, de vos murmures. Sifflez, c'est mon envie;
H jetez votre langue aux chiens, je n'irai pas la ramasser. En attendant voici
» comme je m'appelle; et si vous n'êtes pas contents, prenez patience;
1 moi, je le suis, et la preuve , je vais vous chercher quelque bonne petite
B méchanceté à vous faire un autre jour. ■) (Jcles Janin.)
La modestie sied bien au vrai mérite; voilà pourquoi Jules Janin n'est
pas modeste. Cette sage maxime du Charivari est notie propre condamna-
tion, direz vous, lecteur. Oui, quand nous nous serons loué nous-même
à ce point; ce qui ne serait guère pire que d'être loue par M. Jules Janin.
Toutefois, vous avez raison ; car, pour prouver notre thèse de tout à
l'heure, il nous aurait suffi de citer ces vers de Racine, dans les Plaideurs.
Puis donc qu'on nous permet — de prendre
Haleine , — et que l'on nous défend — de nous étendre. . . .
Mais j'aperçois venir madame la comlesfe
De Pimbesclie ; — clic vient pour aft'aire qui presse.
Le moyen de faire entrer, sans recourir à l'enjambement, madame la
comtesse de Pimbesclie, dans un vers?
Quelques grammairiens ont critiqué, bien à tort, dans les poésies
d'André Chénier, des enjambements qui sont des beautés.
(1) Nous croyons que la véritable orthographe de ce mot est poncif, avec
un c. L'Académie Ociil même poncis.
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 31
» toyante , peu solide sans doute , mais qui a quelquefois un éclat
» de surface plus vif et plus arausant à l'œil que le rayonnement
» tranquille du talent. Les modes défigurent tout, font la grimace de
» tout profil et la parodie de toute œuvre. Gardons-nous des modes
» dans le style; espérons cette réserve de la sagesse des jeunes et
» brillants écrivains qui mènent au progrès les générations de leur
» âge. Il serait fâcheux qu'on en vînt un jour à posséder des recettes
» courantes pour faire du style original comme les chimistes de ca-
» barel font du vin de Champagne, en mêlant, selon certaines doses,
» à n'importe quel vin blanc convenablement édulcoré, de l'acide
» tartrique et du bi-carbonate de soude.
» Ce style et ce vin moussent, la grosse foule s'en grise, mais
» le connaisseur n'en boit pas.
» Nous n'en viendrons pas là. Il y a un esprit de mesure et de
» critique en même temps qu'un grand souffle d'enthousiasme dans
» les nouvelles générations. La langue a été amenée à un point ex-
» cellent depuis quinze années (1 ). Ce qui a été fait par les idées
» ne sera point détruit par les fantaisies.
» Réformons , ne déformons pas .
» Si le nom qui signe ces ligues était un nom illustre , si la voix
» qui parle ici était une voix puissante, nous supplierions les jeunes
» et grands talents sur qui repose le sort futur de notre littérature,
» si magnifique depuis trois siècles , de songer combien c'est une
» mission imposante que la leur , et de conserver dans leur manière
» d'écrire les habitudes les plus dignes et les plus sévères. L'avenir,
» qu'on y pense bien, n'appartient qu'aux hommes de style. Sans
» parler ici des admirables livres de l'antiquité , et pour nous ren-
» fermer dans nos lettres nationales , essayez d'ôter à la pensée de
» nos grands écrivains l'expression qui lui est propre ; ôtez à Molière
» son vers si vif, si chaud , si franc, si amusant , si bien fait , si
» bien tourné , si bien peint ; ôtez à La Fontaine la perfection naïve
» et gauloise du détail ; ôtez à la phrase de Corneille ces muscles
» vigoureux , ces larges attaches, ces belles formes de vigueur exa-
» gérée qui feraient du vieux poëte demi-romain, demi-espagnol, le
» Michel-Ange de notre tragédie , s'il entrait dans la composition
» de son génie autant d'imagination que de pensée ; ôtez à Racine
» la ligne qu'il a dans le style comme Raphaël , ligne chaste , har-
(1) M. Victor Hugo écrivait ceci en mars 1834-
'^2 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
» monreusect discrète comme celle de Raphaël , quoique d'un goût
» inférieur, aussi pure, mais moins grande, aussi parfaite, quoique
») moins sublime ; ôtez à Fénélon , l'homme de son siècle qui a le
» mieux senti la beauté antique , cette prose aussi mélodieuse et
» aussi sereine que le vers de Racine, dont elle est sœur; ôtez à
» Bossuct le magnifique port de tète de sa période; ôtez à Boileau
» sa manière sobre et grave , admirablement colorée quand il le
» faut; ôtez à Pascal ce style inventé et mathématique qui a tant de
» propriété dans le mot, tant de logique dans la métaphore ; ôtez
» à Voltaire cette prose claire, solide et indestructible, cette prose
» de cristal des Contes et du Dictionnaire fhilosophique ; ôtez à
» tous ces grands hommes cette simple et petite chose, le style;
» et de Voltaire, de Pascal , de Boileau, de Bossuet, de Fénélon ,
» de Racine , de Corneille , de La Fontaine , de Molière , de ces
» maîtres , que vous restera-t-il ? Ce qui reste d'Homère après qu'il
» a passé parBilaubé.
» C'est le style qui fait la durée de l'œuvre et l'immortalité du
» poëte. La belle expression embellit la belle pensée et la conserve .
» c'est tout à la fois une parure et une armure. Le style sur l'idée,
f c'est l'émail sur la dent.
» Dans tout grand écrivain il doit y avoir un grand grammairien,
» comme un grand algébriste dans tout grand astronome. Pascal
» contient Vaugelas ; Lagrange contient Bezout.
» Aussi l'étude de la langue est-elle aujourd'hui , autant que ja-
» mais, la première condition pour tout artiste qui veut que son
» œuvre naisse viable. Cela est admirablement compris maintenant
» par les nouvelles générations littéraires. Nous voyons avec joie
j> que les jeunes écoles de peinture et de sculpture , si haut placées
y> à cette heure, comprennent de leur côté combien est impor-
» tante pour elles aussi la science de leur langue , qui est le dessin.
» Le dessin! le dessin! c'est la loi première de tout art. Et ne
» croyez pas que cette loi retranche rien à la liberté , à la fantaisie,
» à la nature. Le dessin n'est ennemi ni de la chair ni de la cou-
» leur. Quoi qu'en disent les exclusifs et les incomplets, le dessin
» ne fait obstacle nia Puget ni à Rubens. Aujourd'hui donc, dans
» toutes les directions de l'activité intellectuelle, sculpture, peinture,
» poésie, que tous ceux qui ne savent pas dessiner, l'apprennent.
» Le style est la clef de l'avenir. Sans le style et sans le dessin,
» vous pourrez avoir le succès du moment, l'applaudissement , le
NOTIONS PRELIMINAIRES ET FONDAMENTALES. OO
» bruit, la fanfare, les couronnes , l'acclamation enivrée des niulli-
» tudes ; vous n'aurez pas le vrai triomphe, la vraie gloire , la vraie
» conquête, le vrai laurier. Comme dit Cicéron : insignia vic-
» toriœ, non Victor iam. »
Voulant tracer l'exposé rapide des progrès de notre langue, vou-
lant en indiquer les principales vicissitudes, voulant donner une
idée de ce qu'elle est au dix-neuvième siècle , nous n'avions rien
de mieux a faire que de citer en enlier ce passage si remarquable,
qui renferme, en outre, une si haute et si juste appréciation de nos
trois magniûques littératures, et assigne à la grammaire, a la
langue , au dessin , une si grande importance dans l'art. Ceux qui
entendent parler tous les jours de style sculpté , ciselé , en relief ,
sans rien comprendre a ces expressions; ceux qui ignorent ce que
c'est que la phrase a grands plis, la phrase Gère, noble, majestueuse,
calme , brillante; ceux qui ne peuvent croire a la clarté, a la pu-
reté, à la précision, unies a la couleur et au pittoresque, unies h
l'éclat et à l'abondance; ceux enfin qui nient les qualités si excel-
lentes, si savoureuses de notre langue renouvelée, qui lui refusent
surtout la correction et l'harmonie, n'ont qu'à ouvrir les yeux de-
vantce tableau de maître, et, s'ils ne sont pas frappés toutd'abord
de cette pureté de lignes, de cette harmonie de couleurs, de celle
vérité de tous , de ce relief des images , de cette perfection de dé-
tails , qui , loin de nuire à la beauté de l'ensemble, en double l'effet
aux yeux des connaisseurs, hélas ! plaignons-les, car ils sont aveu-
gles a jamais , car ils sont condamnés à nier éternellement la lu-
mière.
Les auteurs et les lecteurs de la Grammaire Nationale ont-ils
bien entendu , ont-ils bien compris , faut-il leur répéter encore
que la loi du dessin, c'est-à-dire, la grammaire, la syntaxe, ne
retranche rien à la liberté , à la fantaisie , à la nature? Ont-ils bien
cherché dans cette prose? l'ont-ils bien épluchée, et y ont-ils trouvé
quelques-uns de ces atroces barbarismes dont ils croient que le
privilège doit être accordé au génie ? Voyez le cas que fait le génie de
ce privilège !
Apparemment que les auteurs de la Grammaire Nationale n'ont
vu la langue du dix-neuvième siècle que dans le Journal des J)é-
T. II. S
54 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
hàts; et c'est pour faire leur cour a ce haut et puissant seigneur
qu'ils ont entrepris de plier la langue et de la mettre a la disposi-
tion de son Altesse.
Mais la langue n'est pas si maniable ; elle n'obéit pas au premier
venu , elle ne se fait l'esclave que du génie.
Toutefois le noble journal a dignement reconnu cette complai-
sance en la faisant bravement valoir dans ses colonnes.
Que le silence du Journal des Débats a mon égard n'étonne
personne ; car, en vérité , je n'ai aucun droit a cette même faveur.
Combien nous nous félicitons de l'heureuse idée qui nous est
venue d'emprunter à M. Victor Hugo les pages si remarquables
qu'on vient délire! Quel style! quelle verve! quelle vérité, et en
même temps quelle variété! quel éclat de couleurs ! quelle correc-
tion de dessin ! quelle fermeté de touche ! quelle originalité ! quelle
noblesse! quelle élégance! quelle beauté! Oui, quel magnifique
portail au vaste édifice que nous avons entrepris! Qui ne sera tenté
de pénétrer dans l'intérieur du temple , après avoir contemplé cette
belle façade ? Mais , hélas ! quelle simplicité dans cet intérieur! Il
n'y a ni riche colonnade dorique ou corinthienne, ni superbes pen-
dentifs ornés de sculptures, de peintures ou de mosaïques, ni vaste
ceinture de bas-reliefs au bas de la voûte, ni magiques reflets de
vitraux peints sur un luisant pavé de marbre, ni saisissants tableaux
de Rubens ou de Raphaël. Rien que les quatre murs sans aucun
ressaut , sans aucun ornement, enduits tout au plus d'une couche
de plâtre; mais tout chargés d'inscriptions utiles, précieuses, dont
l'ensemble constitue , il est vrai , le trésor le plus désirable , le plus
inestimable. Accourez donc , accourez vite, accourez tous, accourez
des quatre points du globe, accourez vous instruire a cette école
unique, incomparable, où des trésors de science et d'esprit vous
sont prodigués a raison de la modique somme de 23 centimes par
leçon , c'est-a-dire, par livraison. Entrez , entrez , vous ne regret-
terez ni votre peine, ni votre temps, ni votre argent, c'est moi qui
vous le dis, et ma parole vaut pour le moins autant que celle du
Journal des Débats ou de Jules Janin. N'oubliez pas que de toutes
les études, celle de la langue est la plus importante. Noubliez pas
NOTIONS PRÉLIMINAIUES ET FONDAMENTALES. 35
que la laugue française est la langue de toutes les cours de l'Eu-
rope , et qu'elle est généralement parlée dans tout l'univers. IN'ou-
hliezpas qu'ici, en Allemagne (et l'Allemagne est grande, et elle est
bon juge), on se fait gloire de la parler de préférence a toute autre;
parce qu'on la regarde comme la plus riche, la plus noble, la plus
belle de toutescellesqui servent aujourd'hui d'interprètes aux nations
modernes, A Smyrne, a Constanlinople, en Valachie, en Moldavie,
en Pologne, en Russie, dans toute l'Allemagne , en Hollande, en An-
gleterre même , la langue française est autant et plus cultivée que la
langue nationale. L'Allemagne si ficre, et avec raison, de son carac.
tèro national, de sa solidité^ de sa gravité, de son esprit de sagesse,
si antipathique aux mœurs françaises, c'est-a-dire a la légèreté, h
l'inconstance, a l'étourderie du peuple français, trouve pourtant
notre langue si belle, si agréable, si expressive , qu'elle ne cesse de
lui emprunter tous les jours des termes nouveaux , qu'au milieu
d'une conversation allemande , a travers cet horrible charivari de
syllabes dures et discordantes, on entend retentir, par intervalles ,
comme des sons de flûte ou de clarinette. La conversation alle-
mande a déjà happé de la sorte plus de cinq mille mots français.
En voici quelques-uns des plus ordinaires et des plus fréquents :
Académie,
Bonbon ,
coration ,
Cravate ,
Acteur,
Bonbonnière ,
Cbarade,
Crajon,
Adieu,
Bonnet ,
Cbarlatan ,
D'abord ,
Adresse,
Boulevard,
Charmant ,
Décret ,
Affecté,
Bouquet,
Cbcmisette,
Déjeuner,
Ambassadeur .
Boutique ,
Cbocolat,
Délicieux ,
Amiable (àl'),
Bureau ,
Citoyen ,
Diadème,
Amiral ,
Bj'ochure,
Citron ,
Dîner ,
Amusant,
Cabinet,
Clavier ,
Directeur ,
Ananas,
Cabriolet,
Climat,
Direction ,
Anecdote ,
Cadeau ,
Coiil'eur ,
Distinction ,
A propos ,
Cadet,
CoilVure ,
Division ,
Appartement ,
Caisse,
Comique ,
Domestique ,
Armée,
Calérbe,
Commandant ,
Edit,
Arrangement,
Canaille ,
Commerce ,
Époque ,
Assemblée ,
Caiial ,
Commissaire ,
Espèce ,
Assielte.
Canapé ,
Commission ,
Exemple (par)
Baguette ,
Capitaine ,
Commode ,
Faction,
Bal,
Capriee ,
Comparaison(san6),
Fade,
Balcon ,
Caractère ,
Compliment,
Faveur,
Ballon,
Caricature,
Comptoir.
Famille ,
Barbier,
Carnaval ,
Comte ,
Fauteuil ,
Bassin ,
Carrosse ,
Comtesse,
Favoris ,
Bastion ,
Carie ,
Conclusion ,
Fiacre ,
Bataillon ,
Caserne ,
Constellation,
Figure,
Bibliotbèque,
Casquette ,
Correspondant,
Firmament ,
Billard ,
Catalogue ,
Coulisse ,
Flambeau ,
Billet,
Censure ,
Courage .
Flamme ,
Blessure ,
Cbunrelkiie,
CouMn , ■
Force ,
«ol,
Cliangc-mcnt d< dé-
Cousine,
Frisenr ,
Galant ,
Galerie ,
Garçon ,
Général ,
Génie ,
Genre ,
Gilet,
Girandole ,
Glissé ,
Gouvernante,
Gouverneur ,
Gracieux,
Greà gré (de)
Grimace ,
Instrument,
Intéressant ,
Jalousie ,
Journal ,
Harmonica,
Horizon ,
Lampe,
Lampion,
Lavis ,
Lettres,
Limonade,
Littérature ,
Loge ,
Logement ,
Logis ,
Lorgnon,
ô(i
GUAMMAIUE lUAiXÇ.USE.
Lotci'iu ,
Nation,
Lustre ,
Nature,
Machine,
Nomade ,
Madame,
Note,
Mad.moifclle,
Orcidcnt,
Mag>iilii|uc ,
O «licier,
Malluur ,
Olive ,
Manchon ,
Oncle,
Manîc,
Orange,
Manière ,
Ordre ,
Manœuvre,
Organe ,
Mai'cliandc de mo-
Organisation,
de» ,
Orient,
Marqueur,
Pantalon,
Masque,
Papier,
Masse ,
Papillon ,
Mélodie ,
Paradis ,
Melon ,
Parapinie ,
Mer,
Parasol ,
Métal ,
Paratonnene ,
Meuble ,
Pailez-moî de ea,
Militaire,
Paifum ,
Mine,
Part ( à ) ,
Mode,
Parterre ,
Moderne,
Parti.-,
Modiste,
Partie de campa
Monument .
gue ,
Moustache,
Passalilc,
Nadir,
Passion ,
Nappe ,
Pastel,
Perspective,
Piquant,
Plafond ,
Poésie ,
Politique,
Pommade,
Porcelaine ,
Porte-chaise,
Portefeuille,
Portion,
Portrait,
Position ,
Pot-de-chambre ,
Presse ,
Procès ,
Professeur ,
Profession,
Promenade ,
Propre,
Protestation ,
Protêt ,
Qualité,
Régent,
Uéginicnt,
R. gle ,
Reinc-Claud»,
Religion ,
Rempart,
Rendez-vous,
Résidence ,
Respect ,
Ridicule ,
Robe,
Rose,
Ruine ,
Salon,
Salut,
Sauce ,
Sensible ,
SentnieUc ,
Serviette,
Soldat,
Sopha,
Sorte ,
Soupe,
Souper,
Superbe ,
Tabac,
Tableau,
Talent ,
Taloche,
Tambour ,
Tante,
Tasse ,
Teint,
Théâtre,
Toilette ,
Tour de force ,
Tiu-ban ,
Uniforme,
Vase,
Veilleuse,
Vcst.-,
Vis-à-vis,
Visite,
Volume, etc. , etc.
Joignei-y tous les
termes de lactique
milUatret de danse,
de peinture, lotis les
termes d'arts et de
sciences^ comme :
prenez garde avoua
portez armes, feu,
marche ; — chaîne
anglaise , chaîne
d es dames, chassé,
plissé , assemblé ,
changement, pas
de basque ; • — chi-
mie, géographie ,
anatomie , astro-
nomie , planète ,
comète, cquateur,
nadir, zèniti), pha-
se , pôle , orbite,
etc. , etc.
Ce qu'il y a de plus curieux, c'est la contorsion au moyeu de la-
quelle on introduit nos verbes dans la terminaison ù-en, comme dans
une gaine adaptable à tous, de cette manière :
Adresser ,
Adress(Ven.
Effacer ,
ElIaciVen.
Placer,
PtaciVcH.
Amuser,
AnuisiVen.
Enchanter,
EnchaiitiVeH.
Polir ,
PoliVen.
Animer ,
Ammiren.
Enllammer ,
Enllan.men.
Proclamer ,
ProclanuVcn.
Arranger,
Arrang.Ve».
Expédier,
E.xpédircM.
Profiter,
Profitiren.
Attraper ,
Altrapncn.
Flgur.-r,
Figui/re»,
Promener,
PrometuVen.
Balancer,
BalanciVe».
Foi mer,
FornnVcn.
Protester ,
Protestircrt.
Brocher ,
Brochircn.
Garantir,
Garanlircn.
Raismmer,
Raisonn-CH.
Blesser,
ElessiVen.
Gêner,
GeniVen.
Raser,
RasiVen.
Caricaturer,
Caricatun"rcii,
Grimacer,
GrimaciVen.
Ravir ,
RaviV«i.
Changer,
Changn-en.
Imapner,
ImagimVen.
Remarquer,
RemarquiVe/i
Charmer,
Charmir^n.
Imiter ,
]niilireii,
Remplacer ,
Remplaciren.
Châtier,
Chatire;i.
Loger ,
Logn-«n .
Renomme ,
Renommivt.
Civiliser ,
CivihVtH.
Marquer,
MarquiVrn.
Répéter ,
Repelircn.
Colorier,
Colorire».
Masquer,
Masqu.V™.
Résider,
Risid/Vcn.
Construire ,
(lonstruiVra.
Massacrer ,
]\ïassacr(V(,'/i.
Réussir,
ReussiVcn.
Copier ,
Cop/ren.
Mêler ,
JlehVen.
Ruiner,
RuiniVeii.
Coquetter ,
Coque It/ren.
Obseiver ,
ObserviVcn.
Séparer ,
Sepain-«n.
Correspondre,
Correspondiren
Oernper ,
Occupiie/i.
Servir,
Serviren.
décliner.
Declin.Vt-H.
OlVrir ,
Oïïrire,,.
Étudier,
StndiVe».
Diviser,
Diïisiren.
Parier ,
PariVen.
Traverser,
Traversn-t-;,.
Echapper,
Echappireii.
Passer ,
Pas.»-».,. 1
Toucher ,
TouclnV^..
Ce n'est pas que quelques-uns de ces mots n'aient leur équiva-
lent ea allemand ; mais on préfère de beaucoup le mot français,
qui linit même quelquefois par effacer totalement dans l'esprit le
mot ualional qui y correspond.
Eu voici une preuve. — Un Français, arrivé a Vienne depuis peu
de temps, conjurait son hôtesse de lui prêter un parapluie, et comme
iVOTIOKS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 37
elle n'enteodait pas le français , il lui disait en allemand ; Ich bille
sie, Gnâdige Frau, leihen sie mir ein Regenschirm (Jevousenprie,
madame, prêtez-moi un parapluie). L'ilôtesse, OU Vraut de grands ycUX,
le regardait stupéfaite. — Ein Regenschirm ! was ist das denn ?
( Un regenschirm ! qu'est-ce donc que cela?) Et dans SOn empressement
à lui être agréable , elle lui présenta successivement tous les objets
qui se trouvèrent sous sa main , jusqu'à sou manchon de peau
d'ours. Dans l'expression de son impatience , le mot parapluie
échappe h notre Français. — Âch ! so ! ein parapluie! s'écria l'hô-
tesse; venu si deutsch sprechen konnen, warum sprechen sie denn
nicht? (Ah! comme ça! un parapluie ! Quand voussavez parler allemand,
pourquoi donc ne parlez-vous pas ?)
Pour les Français qui se proposent de voyager en Allemagne , la
liste ci-dessus n'est donc pas une chose de si peu d'importance,
puisqu'elle contient justement les mots dout ils doivent se servir,
même en parlant allemand , pour être compris.
Ainsi, dans leur habitude de galanterie, qu'ils se gardent bien de
dire à une dame : Gnâdige Frau, sisind entzûckend, etc.; ils n'ob-
tiendraient pas de réponse ; mais qu'ils lui disent : Madame^ sie siud
charmante , ravissante , délicieuse; ihre taille ist superbe; ihr teint
ist magnifique; \\ive physionomie^ sehr intéressante; ihre ^nme per-
sonne, dimne; aussitôt, avec un sourire d'une douceur infinie, avec
un sou de voix qui ferait adorer la langue dans laquelle elle parle,
avec un regard qui vous pénètre jusqu'au cœur, elle vous répou-
dra : « Ah ! monsieur, on voit bien que vous êtes Français; un Alle-
» mand ne serait pas si galant. »
Voila donc comme on parle allemand , a l'autre extrémité de
l'AUemague. Demandez a quelqu'un comment il se porte (wie er
s'ichhcRndcX): so , passable (commeça, passablement), VOUS répOU-
dra-t-il. Pour peu que cela continue, la langue allemande dispa-
raîtra bientôt totalement sous le flot envahissant de la langue fran-
çaise , qui tend tous les jours a devenir la langue universelle des
nations. 0 jours mille fois heureux que celui où , réunis par les
mêmes besoins , les mêmes sentiments, la même langue, tous les
peuples n'en feront qu'un et vivront en frères! Aussi les écrivains
allemands eux-mêmes n'opposcnt-ils aucune résistance à cette in-
Ô8 (UIAMMAIKE FRANÇAISE.
vasion des mois et des idées; ils la voient sans pâlir; quelques-uns
l'appellent même de tous leurs vœux. Je tiens de lu bouche d'un
poote que , s'il pouvait écrire aussi facilement en français que dans
sa langue naturelle , il n'écrirait plus un seul mot d'allemand.
Voyez M. de lliimboldt. N'est-ce pas la langue française qui sert
le plus souvent d'interprète a ce rare génie? Aussi avec quelle com-
plaisance elle lui ouvre le trésor de ses perfections , et lui dévoile le
mystère de ses charmes infinis !
Oui, tandisqu'en France des ignorants qui saventtoutau plusdeux
ou trois mille des mots les plususuels, et qui s'en servent comme un
ehat d'une paire de gants, ne cessent de déprécier cette chère langue
qui les a vus naître, qui les a bercés, qui leur a parlé par la bouche
de leur mère , de leurs sœurs, de leurs amis, qui leur a dit de si
douces choses, qui les a bénis, qui les a aimés, qui les a consolés,
qui s'est prêtée si complaisamment a toutes leurs fantaisies, qui s'est
faite l'interprète fidèle de toutes leurs émotions, de tous leurs senti-
ments, de toutes leurs joies, de tous leurs chagrins, de tous leurs
désirs, oui, tandis qu'ils la traitent, les ingrats, avec tout le dédain
imaginable, ici on la proclame la plus belle, et on lui fait toutes
sortes d'honneurs et de caresses, afin d'obtenir d'elle quelques rares
faveurs, qu'elle accorde, il est vrai, difficilement. Parmi les ri-
gueurs de l'exil , c'est pour moi une douce consolation de n'avoir
plus a disputer sur cette matière avec des gens qui admirent toutes
les langues, excepté le français, et qui , plutôt que de céder sur ce
point, s'aviseraient de lui préférer l'iroquois et le hottentot. L'alle-
mand, voilà une belle langue! l'anglais, voilà une belle langue !
l'italien, voilà une belle langue! l'espagnol, voilà une belle langue!
mais le français! fl donc! Notre pauvre langue justifie parfaite-
ment le proverbe : On n^ est jamais prophète en son pays.
Ah ! ce n'est pas moi qui la décrierai , cette compagne fidèle de
mes douleurs , qui est ma seule joie , ma seule consolation , ma
seule espérance dans mon exil. Tous les instants de bonheur que
j'ai goûtés en ma vie, c'est à elle que je les dois. Je l'aime cette
douce mère, cette tendre sœur, cette bonne amie; et pour elle,
oui, pour elle je me ferais tuer. Vous voyez qu'elle m'aime
aussi , qu'elle ne me tient pas trop rigueur, qu'elle me traite même
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES, 59
un peu en enfant gâté, cette chère mère , et qu'elle ne m'a pas trop
mal appris , convenez-en , l'art de
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère.
Après l'œuvre de l'architecte, le travail du maçon. Eh bien donc,
courage !
Des liettrés»
On entend à la fois par Lettres les sons et les articulations
de la voix, et les signes ou caractères qui représentent ces
différents sons. C'est en Egypte que fut inventé
Cet art ingénieux
De peindre la parole et de parler aux yeux,
Les Grecs, a qui Cadmus avait rapporté d'Egypte cette belle inven-
tion , l'appelèrent Jlphahet , du nom même des deux premiers ca-
ractères hébraïques. Ceux-ci, en colonisant l'Italie , portèrent leur
alphabet chez les Étrusques , et de la il parvint aux Romains avec
certaines variations dans la forme des lettres. Les Romains l'intro-
duisirent dans les Gaules.
Les lettres sont donc les éléments du langage écrit ou de Yécri-
ture , et leur réunion en un tableau complet est donc ce qui con-
stitue l'alphabet.
Les lettres qui représentent des sons simples se nomment voyelles,
du mot voix, en latin vox; celles qui représentent des articula-
tions ^ s'appellent con5or//?g5, des deux mots latins cum et sonans,
sonnant avec; parce qu'elles ne sonnent distinctement qu'avec les
voyelles. Le son des voyelles ne varie point , mais certaines con-
sonnes peuvent avoir, par position, un ou plusieurs sons; ce qui
ne devrait pas être , car chaque modification de la voix devrait
être représentée par un caractère particulier. Puisqu'il en est au-
trement , nous appellerons son naturel ou propre celui que chaque
consonne a le plus souvent, et son accidentel celui qu'elle ne reçoit
que par occasion.
Le nombre des lettres varie selon les divers alphabets propres à
chaque nation.
40
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Alpliabct Français.
L'alphabet français a vingt-cinq lettres dont voici
LA
FIGURE ,
LE SON,
LE NOM ,
L'EMPLOI.
1 i
.1° î
i ° B
2
so.\
natuiel
SONS
arciclcnlels.
° i
NOM
ancien.
A
a
a
a
a
«
ArAbe.
n
b
b
!)
P
he
6e
BaRel, aBside.
c
k
c
k
S ç
ke
ce
CaCao,CeCi,Çà,ser,ond.
D
d
d
d
l
de
dé
DaDa , granD homme.
É,È, E
é, è, <;
é, è, e
é è,e
é è,™
é
ÉlÈvE.
F
f
r
f
V
fe
cffe
FanFaron, neuF ans.
G
g
g
JT
j k
%ue
d'i
GaGe,GiGot,ranG élevé.
II
h
h
h
\\e
ache
Héros , Héroïne.
I
i
i
i
j
i
Inimitié.
J
j
j
j
je
ji
Japon.
K
k
k
k
ke
ka
Kan.
L
1
l
1
le
elle
LiLas.
M
m
m
ni
me
emme
MaMan.
N
n
n
n
ne
en ne
NaNan.
0
0
0
0
0
0
OnOmalOpée.
1»
P
P
P
pe
pc
PaPa.
Q
q
(l
q
qt^e
eu
coQ.
R
r
r
r
rc
erre
RaRe.
S
s
s
s
z
se
esse
SéSame.
T
t
t
l
s
te
té
TiTan , acTion.
IJ
u
II
n
u
u
UsUel.
V, w
V , W
V, vu
V
ve
vé
ViVement, Wauxhall.
X
X
X
ks
^ ) ) 5
kse
ikce
aXe, eXil , eXcès, soi-
xante , deuxième.
Y
y
y
i, ii
y
y
tYpe, BaYonne, moYen.
Z
7.
z
ze
zhle
ZiZanie.
NOTIOXS PREr.IM!^.\IaES El FONDAMENTALES. îl
La nouvelle appellation est la seule raisonnable, la seule logique,
la seule admissible. La plus grande difficulté , pour ceux qui ap-
prennent à lire, n'est pas de connaître simplement le? lettres, mais
de les assembler. Or, eu leur faisant attacher à chaque caractère de
l'alphabet, pris isolément, un son inutile qu'il faut rejeter dans la
prononciation des mots , des syllabes , c'est créer des difficultés
qui dégoûtent l'élève et font perdre un temps infini à les combattre.
En effet, faites épeler, par exemple, le mot Mnémonique. D'après
l'ancienne façon de nommer les lettres, ce mot donnera les sons
Emme-enne-é-emme-o-enne-i-qu-ué. Quel rapport un enfant peut-
il sentir entre ces divers sons détachés elle son total Mnémonique?
Aussi , souvent, que de peine il vous faudra , que de temps , que
d'efforts, pour faire comprendre à votre élève qu'il ne doit point
avoir égard aux sons étrangers que présente cette épellation!
D'après la nouvelle méthode , les sons du même mol seront Mant^é-
meoneique; sons bien plus simples qu'il sera bien plus facile à l'é-
lève de ramener , au moyen de l'élision , à leur véritable valeur.
En effet, Ve muet n'ayant qu'un son faible, n'ayant que le son
nécessaire pour faire entendre la consonne qui le précède , il est
hors de doute que l'enfant éprouvera moins de difficulté à dire,
par exemple : bc a, ba, que bé a, ba, Yé fermé ayant, au contraire,
un son très-distinct. Oui, dès qu'un enfant sait nommer les lettres
avec le son peu sensible Je Ve muet , rien de plus aisé que de lui
faire changer les sons de 6e , lU , fe, en ceux de ba, bé , bi, bo, bu,
da , dé , di , do, du , fa , fé ,fi , fo, fa , etc. , selon la voyelle qui
se présente. Surtout des sons tels que ab , eb , ib , ob , ub , ad, cd,
id , od, ud, etc. , lui seront alors d'une extrême facilité. Il n'aura
guère plus de peine à dire , d'une seule émission de voix : bra ,
bré , bri , bro , bru, bran, brin, brain, brun, etc. Il suffira de
poser cette règle très-simple : L'e muet se supprime totalement ,
DANS LA prononciation, DEVANT UNE VOYELLE. Avcc ce principe
inculqué de bonne heure dans leur esprit , les enfants, outre qu'ils
apprendront à syllaber en très-peu de temps , ne connaîtront i)lus
la difficulté de lier , dans le cours des phrases , les mots finissant
par un e muet à ceux qui commencent par une voyelle. Ils diront
naturellement, sans le moindre effort : Une. vV honorabV est mw-
vV éternelle, au lieu que , d'après l'ancienne méthode , ils seraient
exposés à dire : Une vie honorable est une vie éternelle. C'est à peu
près ainsi que prononcent les Gascons , qui seraient bien vile dé-
^â GRAMMAIRE FRANÇAISE.
barrasses de ce défaut , si on leur apprenait à lire d'après nos prin-
cipes. A leur tour , les bons habitants du Berri , de même que les
Allemands, ne diraient plus , Seigner, cœr , sœr , pour Seigneur ,
cœur , sœur; et surtout ils n'auraient nulle peine à dire : Je ne te
le redemande pas, qu'il faut prononcer : Jea n'tea Vreud'mand'
pas.
Si tant d'avantages résultant de la nouvelle méthode ne suffisent
pas pour convaincre les plus obstinés et jusqu'au Journal des Dé-
bats lui-même , c'est qu'il n'est donné qu'à Dieu de rendre la vue
aux aveugles et l'ouïe aux sourds. Le Journal des Débats n'est ni
tout à fait sourd ni tout à fait aveugle ; car, par exemple , dans son
premier Paris du 9 octobre , il nous paraît raisonner encore comme
un homme qui voit et entend encore assez clair. J'espère donc que
le Journal des Débals appréciera notre opinion , et dira comme
nous que l'ancienne méthode doit être abandonnée sans retour
comme une chose absurde et qui n'est propre qu'à retarder indéfi-
niment les progrès des élèves. L'expérience nous a prouvé qu'à
l'aide de la nouvelle épellation, un enfant de cinq ans, sans être
précoce, peut, en quelques mois, se trouver à même de lire beau-
coup mieux que la plupart de ceux qui apprennent depuis des an-
nées d'après l'ancienne méthode. J'espère donc que , par sa haute
influence, \e Journal des Débats obtiendra du ministre de l'ins-
truction publique une ordonnance enjoignant à tous les instituteurs
primaires de ne plus nommer les lettres que d'après leurs sons ,
d'après leurs effets dansles mots; sans que ces derniers aient le droit
de s'en plaindre plus que moi de l'arrêt qui me condamne à quitter
l'Autriche, parce que j'ai composé une ode sur la Bataille de l'Isly.
Il y aura de la générosité à révoquer l'arrêt de proscription rendu
contre moi ; il n'y aurait que de la faiblesse à laisser croupir les
écoles dans la routine.
Quant au genre des lettres , si l'on dit enne, par exemple , il
est naturel que ce nom soit féminin , de même que celui de toutes
les lettres dont l'épellation se lait avec un e muet final, moins zède:
une effe, une ache , une elle, une etnme, une enne, une erre, une
esse , une ixe. Hors de là , les noms de lettres sont masculins.
El maintenant continuons.
Bien que le E ait trois sons bien distincts, cependant il ne con-
stitue qu'une seule lettre sous trois espèces.
NOTIONS PRÉLIMUNAIKES ET FONDAMENTALES. 43^
De môme , le W n'élant point français , nous n'en avons point
fait une lettre a part.
M. Napoléon Landais croit qu'on pourrait ajouter à ces vingt-
cinq caractères VJE et l'OE; mais ces deux signes ne constituent
point deux lettres particulières; ce ne sont que des assemblages
de lettres dont nous parlerons en leur lieu.
Nous avons dit qu'on divise les lettres en voyelles et en
cojisonnes.
Les voyelles sont les sons formés par la seule émission de l'air
sonore, sans aucune participation des lèvres, delà langue ou des
dents ; les consonnes n'en sont que des modifications produites
par le concours soit des lèvres, soit de la langue ou des dents.
« Les voyelles , » lit-on dans le Dictionnaire de la conversation,
0 expriment les sons purs et simples que forme la voix humaine ,
semblables à ces cordes d'un instrument qui, seules, rendent un
son constant et uniforme , et ne peuvent enfanter les prodiges de
l'harmonie qu'avec l'assistance féconde de l'archet habile ou de la
main savante de l'artiste. La consonne est pour la voyelle ce que le
coup d'archet est pour la corde musicale ; elle opère les miracles
de l'harmonie des langues, comme celui-ci opère les miracles de
l'harmonie des sons. Aussi les sons des voyelles ont paru tellement
bien établis à certains peuples , qu'ils ont négligé d'exprimer les
voyelles dans leur écriture (1). Ils se sont uniquement attachés à
peindre les consonnes avec toutes leurs nuances d'articulations. La
consonne est donc tout dans le discours. Elle modifie la voyelle
suivant les passions qu'elle exprime : elle la brise et l'écrase sous
une aspiration forte , comme elle la module sous une inflexion
douce et sonore. »
Ainsi les consonnes ne sont rien sans les voyelles, mais les
voyelles sans les consonnes sont elles-mêmes bien peu de chose.
Si les consonnes ne rendent aucun son , elles ont du moins le mé-
rite de modifier celui des voyelles, de le varier, de le façonner,
de lui communiquer la grâce, la douceur, la force, l'éclat, d'en
(1) Tels sont les Hél)rcux, qui ne représentent les voyelles que par des
points on petits signes ap|)elts points-voyelles.
Ai GRAMMAIUK IRAIVÇAISE.
bannir la fastidieuse uniformité , d'en prévenir le choc meurtrier,
le lieuit formidable.
Bref, il y a cette différence entre les voyelles et les consonnes ,
que celles-là ne sont que la voix elle-même, modifiée toutefois
par certaines dispositions de la bouche, de manière à produire
divers sons purs; tandis que la consonne se réduit à un simple
mouvement de la langue ou des lèvres ; mouvement qui par lui-
même n'a rien de sonore, et peut se faire dans le plus grand si-
lence. En effet, appliquez la langue au palais comme pour l'arti-
culation du L ; rapprochez les lèvres comme pour celle du B : si le
souffle de la voix ne s'échappe pas en même temps de la bouche,
vous n'entendrez absolument rien. Mais s'il a sou cours dans ce
moment même, alors, rencontrant sur son passage l'obstacle de
la langue ou des lèvres , il ne peut manquer de s'en ressentir et
d'en éprouver une modification sensible.
Telle est la nature des voyelles et des consonnes.
ites Voyelles.
Les principales voyelles sont a, E, i, o, u etv. Nous
avons déjà dit qu'elles sont ainsi appelées parce que d'elles-
mêmes, et sans le secours d'aucune autre lettre, elles for-
ment un son parfait.
Considérées comme sons, les voyelles, on l'a déjà vu, sont
beaucoup plus nombreuses. La lettre e comprend eu soi trois sons
bien distincts que l'on reconnaît au moyen de petits signes appelés
accents : é , È , e. Il y a donc trois sortes de e ( I ) : le e fermé , le e
ouvert, le e muet , qui constituent réellement trois voyelles.
Le Y n'ayant point un son différent de celui de i, n'en est qu'une
variété figurative ; et sans la faculté qu'il a d'équivaloir parfois a
deux iî, on pourrait sans grand inconvénient le faire disparaître
de notre alphabet; alphabet d'autant plus imparfait, qu'il y a su-
perfluité et en même temps disette de caractères.
(1) Nous disons Trois sortes de e, et non pas. Trois sortes d'E , pour ne
rien ùlcr à la kltre dont nous parlons du son qui lui est propre.
i\OTIOi\S PKKLIMINAIKES ET FOMUMEiNTALES. 43
Eu effet des treize sous primitifs que produit la voix , cinq seu-
lement sont représentés par des caractères particuliers , savoir :
A,E, louY, OetU.
Pour représenter les autres sons, ou est donc obligé de recourir
à certaines combinaisons de lettres , qu'on nomme voyelles compo-
sées , par opposition aux voyelles simples , bien que les sons fi-
gurés par ces voyelles soient également simples (i). Telles sont eu
et ou; sons tout a fait distincts de ceux qui précèdent, et qui,
quoique représentés chacun par deux voyelles différentes, n'en
sont pas moins produits par une seule émission de voix. Tels sont
encore les sons an , m, on, un, que nous appellerons Voyelles
nasales , parce que ces sons viennent effectivement du nez (2).
En outre , les sons é , è , eu ,o, sont aussi très-souvent repré-
(1) Faute d'avoir clairement établi cette difTérence entre les sons et les
signes qui les représentent, les grammaiiiens se sont jetés , à propos des
Voyelles composées , dans d'étranges divagations, où nous n'avons pas la
prétention de les suivie.
(2) L'abbé d'Olivet refuse à ces combinaisons le titre de voyelles, bien
qu'il ait toujours reconnu qu'elles expriment un son simple et indivisible ;
mais les raisons dont il s'appuie ne sont que de vaines subtilités plus pro-
pres à embrouiller qu'à éclaircir la question. Sans doute , le son nasal
n'est pas aussi pur que celui de a , qui s'obtient en ouvrant simplement la
bouche ; sans doute, pour le produire , la voix demande le concours de la
bouche et du nez; mais pourrait-on dire que, dans l'émission des sons
«', 0, II, les lèvres, à leur tour, ne jouent aucun rùle ? En raisonnant
comme l'abbé d'Olivet , on serait conduit à ne considérer comme voyelle
pure que le son a, qui n'est effectivement qae la voix elle-même, sans
aucune modification. Mais, ponrfaire entendre les autres voyelles, il faut
disposer les parois de la bouche de telle manière que la voix s'y trouve ré-
fléchie en sens divers, et produise ainsi les différents sons de e, l, o, u, etc.
Les voyelles ne sont, en eflet , que des sons diversement rélléchis. Or, si
la voix , venant à frapper plus particulièrement sur le palais , y produit le
son plein et rond qu'on appelle o, il est naturel que la même voix , lors-
qu'elle pénètre dans les narines , y produise un son nasal. Les sons au , in,
on, un, semblent à quelques-uns n'être qu'une modification nasale des
sons piimitifs a, c, o, u ; mais nous y voyons , nous, des sons tout nou-
veaux. Je ne nie pas qu'il ne faille d'abord disposer la bouche comme pour
prononcer a , e , o , u ; toutefois on ne peut pas dire que le son nasal soit
autre chose qu'une modification simple delà voix pure, c'est-à-dire, un
son simple comme o et u ; bien loin d'être un son articulé , comme /itv
^G GRAMMAIRE FRANÇAISE.
sentes par ai, ei , ey , œ , œ , au , eau , ce qui constitue autant de
voyelles composées. Les sons nasaux n'ont pas un cortège moins
magnifique , et se produisent également sous diverses formes ,
comme on le verra dans le tableau ci-après.
Préférant l'ordre a la régularité, nous introduirons, bon gré,
mal gré , la combinaison oi parmi les voyelles composées , soit
parce qu'elle exprimait naguère un son simple qu'on traduit au-
jourd'hui par ai (I), soit parce que le son qui lui appartient est
tout différent de celui des lettres qui le représentent ; tandis que le
double son des autres diphthongues est toujours celui des lettres
qui y figurent. On verra plus tard quel avantage on peut retirer de
celte apparente irrégularité.
De la sorte , le nombre des voyelles se trouve donc porté à
quatorze.
dans héros, où le li est une véritable articulation, modifiant véritablement,
non plus la vcix pure , mais le son é. Sans cela quelle différence y aurait-il
àc in , dans i?i/«?if , a in, dans nné? La diffcrence est pourtant frappante.
Mais en accordant quelque cbose à l'ahbé d'Olivet , en admettant que
les sons an, in, on, un, ne soient pas d'une essence aussi parfaite
que les sons a, e, i, o, u, puisqu'il est évident qu'ils tiennent plus des
voyelles que des consonnes, puisqu'il est nécessaire de distinguer in, dans
infant, de in , dans isnè, comment a-t-on pu songer à les exclure du rang
des voyelles.'' Leur nature particulière n'est-elle pas assez déterminée par la
dénomination de Foxelles nasales? Si cette distinction si claire ne suffit
pas, alors comment faut-il les nommer ? M. Napoléon Landais a trouvé un
tempérament ingénieux ; il a cru devoir les appeler syllabes nasales.
N'est-ce pas là une belle découverte? Mais na, ne, ni , no, nu , sont aussi
des syllabes nasales.
Malgré l'abbé d'Olivet , malgré Napoléon Landais , il reste donc claire-
ment établi que les sons an , in, on , un, sont des vovelles ; voyelles
modifiées , si vous le voulez, comme le sont les notes de la gamme par les
dièses et les bémols , mais toujours voyelles,
(1) Tout ce que les grammairiens, à commencer par Demandre jusqu'à
l'Académie elle-même, ont débité de niaiseries et d'absurdités sur ce
petit rien : oi et ai, il faut l'avoir vu, patiemment récapitulé dans la
Grammaire de M. Landais, pour oser y croire. Que d'encre! que de
papier! que de temps! surtout que d'argent perdu 1 qui eût fait vivre
Gilbiit dans l'opulence !
() race d idiots ! late , lacc maudilc .'
Oui combles la sottise . et proscris le mérite 1
NOTIONS PRELIMINAIRES ET FONDAMENTALES.
Tableau des Voyelles,
soit simples, soil composées,
vtçvéscuVécs sovvs Vovvles \e\vYs dV^évcnUs ^ovmes.
A AnAnAs.
}' é fermé, ai, et, ey, œ, œ. fdÉ, ATmer,sEIgneur, (lEY,OE(lipe
è ouvert , ai,^ pÈre , niÈre , dAIs , OEstre.
e muet, ' jE lE lE rEdEmandE.
I , y Ici , sYnonYme.
0, au, eau OpOrtun, sAUler, pEAU.
U, UsUre.
E\], œu, œ fEU, vOEU, OEillet.
OU , , cOUcOU.
01, fOI.
"Vo\\dVs uasoVcs.
AN, am, en, em, aon ANge, adAM, ENnui, EMploi, pAON
IN, im, ym, ain, aim, ein,en. vIN, IMpair, tliYM, AÏNsi, fAIM ,
sEIN, exaniEN.
ON , om, eon démON , cOMparer , pigEON.
UN , um, eun = chacUN , parfUM , à jEUN.
Conçoit-on que M. Napoléon Landais ait conçu et exécuté 1 idée
de figurer ces voyelles dans son dictionnaire? et surtout qu'il ait
figuré le son oi de cette manière : oè ? Noé et Noix sont désormais
deux mots homonymes qu'il faut bien faire attention de ne pas
confondre l'un avec l'autre. MM. Noël et Chapsal ont-ils été plus
heureux en figurant la prononciation de cette voyelle par cet autre
dissyllabe: oa? Je croyais pourtant qu'il y avait une différence
sensible entre boa et bois. Voilà donc de ces merveilles que Boisle
9 l'impertinence d'appeler de ridicules niaiseries.
Sérieusement parlant, il eût été tout aussi utile de figurer la
prononciation de a et de o; ce qu'ils ont fait, du reste, dans des mil-
liers de mots tels que âme , vole , qu'ils représentent ainsi : âme ,
voie.
^8 CRA^rMAlUE l'UANn.VISE.
Les voyelles sont plus ou moins longues, plus ou moins brèves,
selon qu'on met {)lus ou moins de temps à les prononcer.
Plusieurs grammairiens comptent pour autant de voyelles diffé-
rentes celles qui sont longues et celles qui sont brèves ; mais ,
comme le fait judicieusement remarquer l'auteur du traité des
sons cité par Girault-Duvivier , « que les voyelles soient longues
ou brèves, graves ou aiguës, cela n'en change point la nature,
puisque leurs sons, quelque infinies que puissent être leurs variétés,
sont toujours produits par la même disposition des organes , et que
la différence qui se trouve entre les sons graves et les sons aigus
ne vient que de la quantité d'air qu'on fait sortir de la poitrine , et
de la force plus ou moins grande avec laquelle on pousse la voix.»
On verra d'ailleurs, quelques pages plus loin, combien peu est
fondée celte distinction des voyelles en longues et en brèves , et à
quel point, par conséquent , il est ridicule de voir , à l'exemple de
M. Landais , trois voyelles différentes dans a , à et à.
Des Voyelles doubles ou Dfpbtliongues (1).
Deux ou plusieurs voyelles , qui font entendre deux sons
distincts, mais qui sont prononcées par une seule émission
de voix, prennent le nom de diphthongues.
Dans Dieu^ j'entends distinctement les deux voyelles ieleu, mais
CCS deux sons se trouvent réunis en une seule syllabe, et proférés
en un seul temps. Ainsi ieu forme une diplithongue.
« Le premier son de la diphthongue, » dit Dumarsais, cité par
Girault-Duvivier, « se prononce (2) toujours rapidement; on ne
peut faire une tenue que sur le second, parce que la disposition (.î)
des organes qui forme ce second son a succédé subitement à celle
qui avait fait entendre le premier son. »
(1) Du grec (/('.<;, deux fois , et phtUongos , sein. MM. BcicheicUe écrivent
diphlonguc; mais il faut bien se garder de les imiter.
(2) Peut-on prononcer un son ?
(3) Le texte porte situation. Il faut convenir qu; le mot propre a une
grande horreur des grammairiens.
NOTIONS PRELIMINAIRES ET FONDAMENTALES.
Tableau des Dfpbtliongues.
lA
. . fixcre, dïxcre, nai\de,gdi\c, bai\ , cdi\ , ba\s.ière,
il "paw, il WJOWILLA.
,'«È
. pit\t, piEd, 'pa\È, cacadiEV, «iomille/-.
i«
. . tabatiire, cacao'ikre, fiEr, maihLEt.
jiai
. . brévixire, biA\s, je ;paYAi , je mouihLM.
'lEI
. . Saint-YriEix.
OUA, UA.
. . povxcre, povxh, éqVKtetir.
OÈ.
OUÈ
. poÈle, moelle, moelleux, fourre. I' n'y a pas d'autre
exemple de cette diphthongue.
. foXiEl, fouetter, serfovntte. 11 n'y en a point d'autre
exemple.
OUAI....
. . OUAIS. 11 n'y en a point d'autre exemple.
UE
. . écvEllCj dVElj, dVElliste, dvègne, hqvElle, éqVEStre.
UI
. . Im, fmte, fmr, conduire.
OUI
. . OUI , omsliti, wmg. H n'y en a pas d'autre exemple.
(10
. . pioche, Campo-Formio , Rizzio, Déiopée.
llAU
. . (iffÛtlXV , tUYXV.
lEU
. . diEV , adiEV , cdiEU , inEV , uiEua^^ joyeux.
lOU
lU
.. Colhovre, afiovme, Montesquiov. Il n'y en a ^o'mt
d'autre exemple.
. . ca'ius, Ldivs.
lAN
. . vixisde, diM^tre, awist, croYxace, briLLXîit.
lEN
. . ÔIEN , mOYEN , VlETSt, flENf.
ION
. . nous avioNs, raYON , ôaiaiLLON.
OUEN . . .
. . BOUEN , RoVErunais , EcoVEN. H n'y en a point
d'autre exemple.
(OUIN....
. . safl'ouiN , marsomvi , Bédoviy.
iOIN
. . /biN , témoivi , moiNdre, moms, poiN^
UIN
. . Juin , Qvmquagésime.
AI
. . Aie , Biscxye , Les Cwes.
AY
. . pAYe, pAYement.
OA; mais nos lecteurs n'ont pas oublié que, pour leur plus giand avantage,
nous avons élevé celte combinaison au rang de voyelle composée. Cet avan-
T. 11.
50 GUAMMAIRE FRANÇAISE.
Si la prononciation du LL mouillé était réellement telle que la
figure M. Landais dans son dictionnaire , il faudrait joindre à cette
liste les quatre combinaisons a«7 , eil, œil, oïdl , dont, par paren-
thèse, MM. Beschereile font des voyelles composées. OEil,ouil,
des voyelles composées ! En vérité , il faut s'appeler Beschereile
ou pour le moins faire partie de \di Société Grammaticale, pour
oser de telles hardiesses, à la barbe du Journal des Débats. Cela
ne le cède en rien à l'idée qui vint à M. Landais de classer de
même parmi les voyelles composées , les combinaisons ie , ée, ue;
comme si ces combinaisons étaient autre chose que les sons sim-
ples i, é , u, prolongés au moyen de Ve muet. Pourquoi s'arrêter
en si beau chemin? pourquoi ne pas dire aussi que ua est une
voyelle composée dans Ligua ? Avec cet amour des voyelles com-
posées , vous voyez que nous irons loin.
C'est surtout le chapitre des diphtongues qui , chez les grammai-
riens , est quelque chose de ridicule. Si nous voulions , à cet en-
droit , relever toutes leurs bévues, la tâche serait rude et longue (1).
Apparemment que nos lecteurs nous sauront plus de gré de leur
apprendre quand les assemblages de voyelles que nous avons ap-
pelés diphthongues cessent de l'être, et forment deux syllabes pro-
noncées en deux temps. Tous les grammairiens ont prudemment
(1) Il n'y a qu'à voiries curieusos observations dont M. Landais accom-
pagne ses tables de diphthongues, empruntées l'une à Demandre, l'autre à
Lévizac, je crois. Ces observations de M. Landais l'emportent sur ce qu'il
y a de plus merveilleux en ce genre , et je félicite sincèrement M. Didier de
posséder un pareil trésor, qu'il fait bien d'étaler pompeusement à côté des
chefs-d'œuvre de Thiers et de Guizot ; d'autant plus que, si ces derniers ne
sont pas contents d'un tel voisinage , l'autre peut très-bien leur répondre ,
ainsi couché côte à côte avec eux dans le Journal des Débats :
Je suis sur mon fumier comme vous sur le vôtre.
Admire? donc la judiciaire de cet heureux favori de M. Didier, qui ne
changerait pas pour les plus beaux vers cette prose substantielle :
« Pié, moitié, i — nll y a longtemps qu'on n'écrit plus piè, mais pied.
I) Quant au mot moitié , c'est bien un mot diphlhonguc en prose ; et voici un
«vers de Corneille qui le naturalise môme en poésie :
- La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau. •■
s Pannetière, lièvre.» — «Ici la diphthongue a lieu en prose, mais non en
» poésie. »
« Milieu. D — « Milieu est un mot fort douteux. Il n'y a point de diflBculté
» pour la prose, on dit mi-lieu ; mais en vers dirait-on mi-lieu ? Nous trouvons
«cependant un mauvais vers de Richer qui fait de la dernière syllabe de ce
» mot une diphthonf^ue :
- Desquelles celle du milieu
- Est brûlante comme du feu.
« Mais ce poète ne saurait faire autorité pour nous. »
NOTIONS l'KÉLlMINAlKES ET FONDAMENTALES. 51
dérobé leur épaule à ce lourd fardeau , que , sans être un nouvel
Atlas , nous allons pourtant tenter de soulever ; nous souvenant que
la Méthode du Genre était une besogne autrement difficile , et
confiant dans les forces qui nous ont permis de fixer enfin au sommet
du mont ce formidable rocher de Sisyphe.
lA, n'est guère diphthongue que dans les mots Fiacre, diacre,
archidiacre , diable, piaffer , piano, piailler , piastre , thuïci,
hàia, cdia, bastia, naïade , gdîac.
Il s'élance en un fiacre et vole à sa poursuite.
Pourquoi me revêtir de formes impalpables?
Je suis homme , et j'écris pour des hommes , je crois ,
Non pour les séraphins , les anges , ou les diables.
(L. ^.'Fleurs du Danube. )
i C'est un diable incarne que cette l'emme-là, ( Alf. de Mosset. )
Voltaire alors régnait , ce singe de génie
Chez l'homme en mission par le diable envoyé, (\ictok Hugo.)
La naïade aux yeux clairs lavait ses pieds d'ivoire.
(L. N. Fleurs du Danube.)
lE ou lE. «Cette diphlhongue est une de celles qui sont /w(i)
Et quel démon vous pousse à citer Richer, quand vous pourriez citer
Victor Hugo ?
L'égoïste qui de sa zone
Se fail le centre et le milieu ?
a Fiole, pioche, o — «Contentons-nous d'indiquer maintenant notre sen-
» timent : en prose , io ; en vers , i-o. »
o Viande.» — «En prose , viande; mais, en vers, on dirait peut-être
» vi-ande. »
Assez , monsieur Eandais , assez. Ne sutor ullra crepidani.
En vérité, quand j'entends des grammairiens tels que ceux, hélas ! dont
Dieu , sans doute pour se jouer , a gratifié la France jusqu'à ce jour , quand
je les entends parler poésie et vers , il me semble voir un éléphant ensei-
gnant à pincer de la harpe ou à danser sur la corde.
(1) 11 faudrait apparemment: Qui sont le plus communes. La tomnuvt
employée par Girault-Duvivier exclut toute idée de comparaison, et ici ,
le plus signifie au plus haut degré ; ce qui arrrive toujours après Un de ceux,
une de celles qui sont, de même qu'après II est celui qui est , elle est celle qui
est. Dites donc , ou , De ces deux sœurs , la cadette est la plus aimée , ou , La
cadette est celle qui est le plus aimée. Il ne l'aut qu'être doué d'un certain ins-
tinct naturel pour sentir la différence qui existe entre ces deux locutions.
Ainsi Girault-Duvivier aurait pu dire: est une des plus communes qu'il y ait
dans notre langue , ou , est , dans notre langue , une des plus communes, ce
qui serait beaucoup moins pesant que l'expression surchargée d'inutiles
52 GIlAiMMAIIlE IKA.NÇAISE.
plus communes dans notre langue, » dit Girault-Duvivier,
avec un solécisme.
C'est : Cette diphthovgue est la plus commune de toutes ^
qu'il eût fallu dire.
Mais, sans nous inquiéter de ce qu'ont pu dire les grammairiens,
nous , voici ce que nous dirons.
mots qu'il a préféri;e. Au reste, de telles fautes ne se rencontrent que chez
les grammairiens. En voici une de MM. Bescherelle , qui n'est pas moins
soignée : « Deslull-Tracy na-l-il pas (lit son plus expressément ? »
Ail î messieurs Bescherelle , vous avez dit ou fait dire , à propos de
M. Landais , qu't/y a des vendeurs de recettes partout, et que le charlatanisme
exploite In grammaire avec d'autant plus de succès , qu'il n'y a qu'un petit
nombre déjuges éclaires en celte matière ; mais , à mon tour, que penser des
miroholants feuilletons qui font de la Grammaire Nationale une colonne
Vendôme, un obélisque de Luxor ? Ce ne sont là des feuilletons ni
payés ni mendiés , je veux bien le croire , puisque vous le dites. Mais alors
convenez qu'il est des gens nés coiffés à qui tout réussit, le bien comme le
mal. Comme dit Gautier,
Aux uns tous les bonlieurs et tous les beaux côtés.
L'occasion leur est toujours lionne et fidèle ;
Ils trouvent au désert des palais enchantés ;
Ils teltent librement la féconde mamelle.
Et tout l'or du Pactole entre leurs doigts ruisselle.
Les autres , moins heureux, ont beau tordre et pétrir
Avec leurs maigres mains la mamelle tarie ,
Leur frère a bu le lait qui les devait nourrir.
S'il éclot quelque chose au milieu de leur vie,
Une petile (leur sous leur pâle gazon ,
Le sabot du vacher l'aura bientôt flétrie...
L'espoir le mieux fondé, le projet le plus sage ,
Rien ne leur réussit ; tout les trompe et leur nient ;
Ils se perdent en mer sans quitter le rivage.
Le cœur qu'ils ont choisi ne garde pas sa foi ;
Leur chien môme les mord et leur donne la rage ;
Un ami jurera qu'ils ont trahi le roi.
Après la vie obscure une mort ridicule ;
Après le dur grabat un cercueil sans repos
Au bord d'un carrefour où la foule circule.
Ils tombent inconnus de la mort des héros ,
Et quelque ambitieux , pour se hausser la taille,
Se fait eQVonlément un socle de leurs os.
Oui , la même chose qui eût fait la gloire et la fortune des uns, ne rapporte
aux autres que la misère , l'exil, les déchirements du cœur , l'isolement,
la proscription. Aux uns tout tourne à bien ; tout ce qu'ils disent , tout ce
qu'ils font est admirable , leurs plus grandes folies passent pour des chefs-
d'œuvre; s'ils trébuchent , c'est contre un trésor. Aux autres tout lourne à
mal; œuvres souvent sublimes, les fruits de leur âme et de leur esprit n'ob-
tiennent pas même un regard de la foule ; leurs travaux herculéens n'abou-
tissent qu'à la chemise de Déjanire ; ils sont écrasés en plein champ par la
chute d'une maison. Sans cela , comment s'expliquerait la fortune de ccr
tain fcuilletonnistc et le succès do certaines grammaires ?
i\OTIO-\S PRELIMLWJUES ET ro.XOAME-MALES. O-J
lé, précédé d'un t, est toujours diphtliongiie : Amitié^ pitié,
moitié, tiède, tiédeur^ attiédir , portier , pannetière , y ons
chantiez , etc.
L'amitié d'un grand homme est un bienfait des dieux.
( Voltaire. )
En attendant, regarde en pitié cette foule
Qui méconnaît tes chants ,
Et qui de toutes paris se répand et s'écoule
Dans les mauvais penchants. ( \ ictor Hugo.)
Ange qui vient guider nus pas dans la vallée ,
Esprit mystérieux, vierge auguste et voilée,
Épouse , mère et sœur à la fois; homme et dieu ,
Répandant ses bienfaits , ses soins , avec usure ,
Son amour à chacun, tout entier, sans mesure ,
Veillant à toute heure, en tout lieu.
( L. N. Amertumes et Consolations.)
Quoi ! vous n'étiez qu'un petit nombre
Mordus depuis un mois par un soleil brûlant !
[Id. Fleurs du Danube. )
Il va sans dire que celte règle ne s'étend pas aux mots Balbu-
tier , initier , dans lesquelles le t perd sa qualité naturelle , et se
tranforrae en vrai s. Au reste , tous les verbes eu ier , comme on
le verra plus bas , font exception à toutes les règles que nous
donnons ici.
ie» suivi d'un d, est toujours diphthongue : Je m'assieds , H sied,
tiédeur, pied. 11 lest également dans les composés de pW;
piétiner , piétinement , empiéter , empiétement, piéton.
Un vieillard vient s'asseoir sur le seuil attiédi. (Victor Huco* '
Les tièdes nuits d'automne
Versent leur chaste haleine aux coteaux veloutés. {^'^•)
Pour qu'un homme devienne , à force de labeur ,
Riche , — sa tète doit fouler aux pieds son cœur.
(L. N. Fleurs du Danube.)
Sur le parquet poudreux on les voit piétiner.
( B 4 RTHB r. E M Y. Némcsis. )
Quelle honte pour vous, si vos mains triomphantes
Allaient se joindre aux mains de ces hiérophantes,
Qui , pour se faire grands, montés sur des tombeaux ,
Ont piétiné vos corps comme des escabeaux ! (/</. Ibid.)
6Â GRAMMAIRE FR/VAÇAISE.
lé, suivi d'un c ou d'un g , est, de même, d'une syllabe : pièce,
rapiécer , rapiécetage , rapiéceter, nièce , siècle , liège , piège ,
assiéger, espiègle , Compiègne.
Un siècle corrompu veut un Aristophane. (Barthélémy. Némcsis.)
Ce limier de Compiègne usé par la vieillesse. ( Id.
Espiègles radieux que j'ai fait envoler ,
Oh ! revenez ici chanter , danser , parler. (Victob Hugo. )
L'abbé Louis , qui joue un rôle dans ma pièce.
Fort souvent , comme moi , va consulter sa nièce.
(Barthélémy. Némésis.)
Eh ! qu'importe, après tout, que le monde t'assiège ! (V. Hugo. )
Suivi d'un s , il n'est monosyllabe que dans sieste (i).
A l'heure où l'Andalouse et l'oiseau font la sieste. (V.Hugo. )
lé, suivi de/, n'est monosyllabe que dâns^ef et^effe (2).
C'est un fieffé coquin , si jamais il en fut.
On voit parfois certains savants
Qui sont de fieffés ignorants. ( Voltaihb. )
lel, est diplithlongue dans les mots : Ciel ,Jiel , Asrajiel , miel^
mielleux , vielle ^ vieille. Partout ailleurs il est dissyllabe (3).
Êtes- vous bien heureuse au moins, vous, ma Stella,
Mon étoile d'amour ? Etes-vous bien heureuse?
Êtes-vous dans ce ciel où votre âme pieuse
D'avance s'élevait sur l'aile de sa foi ? (L. N. FI. du Danubc.^
Oh! pour ce livre saint, pour ce vase de wiel ,
Qui pourrait raconter, ô poète du ciel ,
La gloire dont vous êtes digne ? ( Id. Ibid.)
L'abeille fait son miel, la fleur rit au ciel bleu. (V. Hugo.)
Chante , pour qu'ici-bas ma pauvre âme , ta sœur,
Dans sa coupe de /ie/ trouve quelque douceur.
(L. N. Amertumes et Consolations,)
(1) II nous semble que Sobieski ne devrait faire que trois syllabes. Bar-
thélémy lui en donne quatre :
Sans craindre cette fois que Sobieski vienne.
Il remplace les Turcs sous les remparts de Vienne.
(2) icfesl quelquefois monosyllabe dans le mot relief, témoin ce vers de
Barthélémy :
Décorant en relieflcuis poitrines sans cœur.
(3) Toutefois nous ne ferons pas un grand crime à M. Adrien Lemay
d'avoir fait rtc/ d'une seule syllabe dans ce vers :
Invisible lumière , immatériel soleil ,
préférant la justesse de l'expression à une régularité scrupuleuse , que l'o-
reille ne réclame que l'aiblement.
NOTIONS PRELIMINAÏRES ET FONDAMENTALES. 35
A côté A'Asrajlel, mais Qioins fort et moins grand ,
Le féroce Sabher s'asseyait à son rang. ( Lamabtime. )
ié . est toujours monosyllabe dans les mots en ième et leurs dé-
rivés ; troisième, cinquième, sixième, sixièmement, etc. Il
faut en excepter quatrième {\) pour une raison qu'on saura
tout ïi l'heure.
O dix-huitième siècle impie et châtié 1 ( Victor Hugo. )
ié» est monosyllabe dans les désinences tienne et Vienne , et na-
turellement dans les féminins de Mien, sien, etc. Partout
ailleurs ienne est de trois syllabes.
Sur cette place neuve où s'engloutit la foule
Qui du quartier Vivienne au boulevard s'écoule,
Voyez ce temple grec aux angles déjà gris
Qui semble frissonner sous le ciel de Paris.
( Barthélémy. Ncmésis, )
O mon divin sauveur, quelle erreur fut la mienne
De m'enfuir au bruit de tes pas !
Je ne te perdrai plus , n'est-ce pas ? Oh ! qu'il vienne ,
Le monde, désormais m'arracher de tes bras!
(L. N. Amerlumes et Consolations.)
1er, est toujours diphthongue, excepté dans les mots où il se ren-
contre a la suite d'un r ou d'un /, précédé d'une autre
consonne , et dans tous les verbes en ier , ainsi que dans Hié-
rarchie, hiératique , hiéroglyphe , hiéronique , hiérophante.
Les grammairiens , d'après Lévizac , vous diront de faire encore
dissyllabe le mot hier; mais , si vous m'en croyez , vous passerez
outre. Ces messieurs qui ne songent à rien , n'ont pas songé que ,
généralement , les mois simples et primitifs n'ont qu'une seule
syllabe. Vieux , mot simple , est d'une syllabe ; envieux, mot com-
posé de Envie , en a deux. Une seule syllabe dans Ciel, miel, fiel;
deux syllabes dans les désinences des mots composés Officiel , es-
sentiel, matériel. Fouet, mol simple, est d'une syllabe; jowe/,
mot composé dejeu, en a deux.
Comme cette règle souffre pourtant des exceptions , nous conti-
nuerons à procéder article par article.
(1) Les poètes Font quelquefois quatrième de trois syllabes; témoin
cet hén)istiche de Uar tiiéleniy : Pour la quatrième fois.
5G GRAMMAinE FRANÇAISE.
Mon dernier né 1 Je l'ai perdu l dernier trésor ! ( Victor Hugo.)
Epris de la couleur, comme un peintre moderne ,
De peur que mon tableau n'eût un aspect trop terne ,
Je n'ai pas, imitant Théophile Gautier,
Renversé ma palette à travers le papier. (L. N. FI. du Danube. )
Va, tu regretteras le toit paisilile et sûr
De notre humble chaumière ,
Où, le jour, tu vivais de joie et de lumière.
Où , le soir, près de moi , cœur innocent et pur,
Tu t'endormais dans la prière.
Adieu les gazons verts, adieu le ciel d'azur ! {Id, Ibid.)
Et quelle main chérie, à notre heure dernière ,
Quelle main viendra donc nous Fermer la paupière ?
(L. N. Amertumes et Consolations.)
Suis-je digne de toi , moi, chétive poussière ?
Mais dites un seul mot, Seigneur ,
Et mon cœur deviendra plus pin- que la lumière.
Plus odorant qu'un lis en fleur. ( Id. Ibid.)
Fils d'une Vendéenne ,
Cœur n'ayant plus d'amour, mais n'ayant pas de haine ,
Il suppliait qu'au moins on l'en crût un moment ,
Lui qui sur le passé s'incline gravement ,
Et dont la piété , lierre qui s'enracine ,
Hélas ! s'attache aux rois comme à toute ruine. (Victob Hugo. )
Qu'il sera fier de vous, le héros qui vous guide,
O Romains à l'unie intrépide ,
Vrais soldais d'un nouveau Scipîon-l'Africain!
( L. N. Fleurs du Danube. )
Pour troubler une vie il suffit d'un regard.
Le mal peut se montrer même aux clartés d'un cierge,
La curiosité qu'a l'esprit de la vierge
Fait une plaie au cœur de la femme plus tard. (VicroK Hugo.)
Hier (1) il m'a dit : 11 faut être au palais demain
Avant l'aurore. (Id.)
Hier un de mes amis, se trouvant à souper
Auprès d'une duchesse, eut soin de se tromper
De verre. ( Alfred de Musset. )
Oui , hier il me fut lu dans une compagnie. ( Molière. )
(1) Il n'y a pas plus de raison pour faire de deux syllabes le mot hier,
que les mots tiers et fier. Cependant les poètes l'emploient souvent
comme dissyllabe :
^ler Saxe-Coboing s'est fait roi dans Bruxelles.
( Barthélémy. Né/nésis.)
Si c'est pour que ce temps fasse, en son morne ennui.
De l'opprime' iVhier roppicsscur J'aujourd'liui. ( ViCTOR HcGO.)
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. )/
Du <(Vrs-cons()lidé ne craignez plus le choc. (Barthki.kmy. )
Perrière l'horizon quelque chose murmure. { Victor Hugo.)
De crainte cependant qu'un œil d'homme ou de femme
Ne vînt à profaner ces mystères de l'âme,
Et ne lût sur mon front la gloire de mon cœur ,
Derrière mai gaîté je cachai mon bonheur.
( L. N. Fleurs îîu Danube. )
let, n'est diphUiongue que dans les mois assiette , serviette, diète ,
miette , èmietter , empiéter , empiétement , piétiner , piétine-
ment, piéton, piètre, piètrement. Partout ailleurs il forme deux
syllabes , comme dans piété, société (\).
Alors on me jeta, comme un don clandestin ,
Quelques miellés , débris du splendide festin.
( Barthélémy. Némésis.)
Ne vous effrayez pas , douce mère inquiète
Dont la bonté partout dans la maison s'émielte.
De le voir si petit, si grave et si pensif, (Victor Hogo.)
Jetons nos chapeaux — et coiffons-nous de nos servielles ,
Et tambourinons — de nos couteaux sur nos assieltes (2), ( Se arhon. )
lez, est diphthonguedans A/ez, Dumouriez, et dans tous les verbes
qui n'ont pas leur infinitif en ier , a l'exception de rire, sou-
rire, ou dans lesquels il n'est pas a la suite d'un /ou d'un /•
précédé d'une autre consonne; ce qui s'applique aussi a la
terminaison ions (5).
Thémistocle acheté par la cour des satrapes ,
C'est notre Dunxouriez rebelle après Jemmapes.
(Barthélémy. Némésis.)
\'o\is aviez devant vous une armée innombrable.
(L. N. Fleurs du Danube. )
S'il fallait , procédant par sanglantes journées ,
Couper en un seul jour vingt têtes condamnées ,
Dites, S6rie«-V0HS assez forts ? (Barthélémy. A^éHiests. )
(1) Les grammairiens vous disent bien que les voyelles ié cessent d'être
diphthongues dans les mots où elles précèdent un l , mais ils ne mention-
nent aucune des exceptions citées ici.
(2) Ceci est un exemple de vers de treize syllabes.
(3) Cette règle a été violée dans les vers suivants :
Vous me sembliez un ange envoyé sur la terre. ( L. N.)
Vous encombriez le monde , y tenant plus de place
A vous seuls que les monts les plus audacieux
Qui surchargent In terre et tourhenf presque aux cieux. (.Id.)
Toutefois, je ne sais pas jusqu'à quel point est condamnable une telle
licence.
T. II. 8
38 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
ié, esttoujoursdiphthongue dans la désinence lèwe : lièvre, fièore,
genièvre , mièvre , Lièvre , et dans Geneviève .
Cœur de lièvre au combat , cœur de tigre au carnage ,
Sa cruauté sans borne était son seul courage. ( Lamartine . )
Oh ! qui viendra calmer la fièvre qui me ronge ?
(L. N. Amertumes et Consolations .)
C'est l'orateur, debout sur la boiae angulaire ,
Qui verse aux assistants sa fièvre de colère. (Babthélbmy. Ném. )
lAI, n'est diphthongue que dans biais, qui redevient dissyllabe
dans BIAISER (^) , et dans bréviaire.
II est certains esprits qu'il faut prendre de biais. ( RsGirAaD. )
Vénus n'a point d'autre bréviaire. (Lbbhun. )
Un abbé qui n'aime rien
Que le séminaire ,
Qui donne aux pauvres son bien
Et dit son bréviaire. ( Lamothe Houdaet.)
tel, ne se rencontre guère que dans Saint- Yrieix, où il est diph-
thongue.
Monsieur de Paganel , natif de saint- Krieia*.
10, n'est diphthongue que dans/j/oc/se et dans quelques noms pro-
pres , comme : Campo-Formio , Rizzio , Déiopée , Giorgione ,
Giotto , Sanzio (2) .
Qu'ils viennent , — quand il froisse avec ses pieds profanes ,
Quand de sa pioche immonde il souffleté ces crânes ,
Débris hideux de l'homme à la tombe arrachés.
( L. N. Amertumes et Consolations. )
Amours ! — Darnley ! Rizzio! quel néant est le vôtre !
( VicTOH Hdgo. )
Des quatorze beautés qui décorent ma cour ,
Je promets Déiopée à ton brûlant amour. (Barthélémy. )
(l) Il est certains esprits mal aisés à conduire :
Ce n'est qu'en biaisant que l'on peut les réduir e. ( JouY .)
Toutefois nous aimerions mieux ne faire biaiser que de deux syllabes.
Nous réclamons la môme faveur pour le mot j'enrféwiatre, bien que la
terminaison iaire soit toujours de trois syllabes. Vendémiaire nous semble
avoir sur la diphthongue les mêmes droits que bréviaire. Il est vrai que les
droits même de ce dernier sont méconnus par Alfred de Musset, qui fait
sans façon ce mot de quatre syllabes :
Ses crimes noirciront un large bréviaire.
Bréviaire est ici pour registre. Il y a des gens avec qui il faut toujours
mettre les points sur les e".
(2) Faut-il encore citer cet exemple :
Il a tué Stranio sur le bord de la roule? ( Ai,r. de Musset.)
On trouve aussi le mot fiole employé en vers comme dissyllabe.
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 59
J'en excepte pourtant Gimabué , Giotto. (Th. GAuiiEa. )
lAU, n'est diplilhongue que dans affûtiau.
lEU, n'est diphthongue que dans les mots :
Aïeul,
Essieu ,
Mieux ,
Sieur,
Caïeu ,
Glaïeul,
Monsieur ,
Tardieu ,
Camaïeu ,
Lieu ,
Montesquieu ,
Vieux,
deux ,
Lieue,
Pieu ,
Yeux,
Dieu ,
Mathieu ,
Plusieurs,
et naturellement dans leurs composés : Bisaïeul, trisaïeul, bi-
saïeule, trisaïeule, bisdieux , trisaïeux, adieu, demi-dieu, milieu,
Beaulieu, Chaulieu, Richelieu, épieu. Pieux , adjectif, est dissy-
abe, comme tous les adjectifs en ieu^.
Que votre douce voix , de Dieu même écoutée,
Aumi/i'eu du combat jetant des mots de paix,
Fasse tomber les flots de la Ibule irrilée. ( Th. Gautibb.)
Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aieux. (Voltaibe.)
Vous vous glorifiez du nom de vos aïeux.
Nous sommes plus que vous , nous sommes des aïeux.
( JuNOT d'Abrantès. )
Quel est donc votre espoir, conseillers de démence,
Lorsqu'au milieu de nous vous jetez ce brandon ?
( Bauthélemy. Némcsis.)
Elle atteint jusqu'au pic le plus inaccessible.
J 'ai déjà dit plus haut qu'elle va chez les dieux.
Empoisonner leur table et de sa bave horrible
Souiller hideusement la pureté desctewa;.
( L. N. Fleurs du Danube.)
Frangés de longs cils noirs, ses grands yc«a3 bruns et doux
Étaient d'une beauté querieu ne peut décrire. [Id. Ibid.)
Au milieu des chardons qu'y pousse l'ignorance
J.... n'y ferait pas maigre chère, et je pense
Qu il y pourrait traiter largement ses lecteurs. {Id. Ibid.)
est diplilhongue dans certains noms propres en aïus (1).
Il],
Le seul qui devina cette énigme funeste
Tua Laïus son père et commit un inceste.
( Th. Gautier. )
lOL , n'est diplilhongue que dans les cas mentionnés au tableau.
ian* n'est diphthongue que dans \esdeu%mols viande et diantre {2).
(1) Alfred de Musset introduit celte diphthongue dans Ctodius :
Hanilet tuera Clodius , — Joad tuera Mathan.
(2) Fiancée n'est souvent que de deux syllabes dans Lamartine. C'est
un e des nombreuses licences que ce grand poète aime à prendre. 11 traite
de même le mot suave.
00 GRAAUfAmE FRANÇAISE.
Pour loi le laboureur esl un rustre qu'on paie ;
Pour toi toute fumée ondulant, noire ou gaie,
Sur le clair paysage , est un foyer impur
Où l'on cuit quelque viande à l'angle d'un vieux mur. (V. Hugo.)
lEN , est cHphlhongue dans les mots :
Ancien (1) ,
Bien ,
Chien ,
Combien ,
Gardien,
Mien ,
Païen ,
Plébéien ,
Rien ,
Sien,
Vaurien ,
et dans tous ceux où il est précédé d'un t naturel ou d'un c, comme :
Vivien ^ tien, maintien , Je viens ^ je tiens , etc. (2).
L'encens avait terni son ancien uniforme. ( Basthélemy. Némésis. )
(1) Plusieurs font ce mot de trois syllabes , mais à tort.
(2) Evidemment tous les autres mots en ien divisent cette désinence
en deux syllabes. Exemples:
Quand je vois , quand je vois les Babyloniens
Transféiës des Persans aus Macédoniens. (RACINE. Les Plaid.)
Mais elle avait appris qu'uae ville romaine
Du sang des Phrygiens devait un jour sortir. (BARTHÉLÉMY.)
D'autres, moins oublieux , ont des caves funèbres
Où sont range's leurs morts , comme celles des Guèbres
Ou des Égyptiens. ( Th . Gadtier . )
11 est dans la nature, il est de belles choses.
Des rossignols oisifs , de paresseuses roses.
Des poètes rêveurs et des musiciens
Qui s'inquiètent peu d'être bons citoyens. ( Idem.)
C'est la beauté du corps , c'est l'art italien. ( Idem.)
Néanmoins M. Alfred de Musset, en véritable enfant gâté de la poésie,
qui lui passe tout , ne tient pas toujours compte de cette règle ou de cet
usage. En voici la preuve :
Mais si les Tyroliens qui sont dans cette enceinte
Trouvent (Jue j'ai raison.
Mais que nous veut ici cette fille italienne ?
Lisez les Italiens , tous verrez s'il les vole.
Suspendant son âme ,
Comme un luth éolien , aux lèvres de la nuit.
Victor Hugo lui-même s'est écarté de son exactitude ordinaire dans ces
vers , qui n'en sont pas moins beaux pour cela :
Elle aimait trop le bal. — Quand venait une fête,
Elle y pensait trois jours , trois nuits elle en rêvait;
Et femmes, musiciens , danseurs que rien n'arrête ,
Venaient, dans son sommeil, troublant sajeiuie tête.
Rire et bruire à son chevet.
Th. Gautier ne fait également que deux syllabes du mol Titien,
C'est que l'un ne dit pas de tes belles Maries ,
O mon chaste poêle ! ô mon peintre cbrc'licn .'
Comme île Raphaël et comme do Titien,
Voici la Fornariuc ou l'itn la Muranèsc,
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 61
D'où vient qu'en proscrivant le titre d'Excellence ,
Ils ont du (aste ancien maintenu l'insolence î (W. ibid.)
Homme , je suis ton frère ,
Mon royaume est le tien , et mon père est ton père. (Lamartine. )
Vous êtes noble et riche , et moi je ne suis rien.
Je n'ai que mon amour pour tout titre et tout bien,
( L. N. Amertumes et Consolations.)
C'est que je suis jaloux, au moins. Garde-loi ite/i
De me tromper , de me. . . Fidèle comme un chien.
Et doux comme un agneau dans la paix , — dans Ja guerre
Je deviens un lion , un tigre , une panthère ,
Un chacal, une hyène, un rliinocéros, quoi!
Un vrai Niagara de terreur et d'effroi.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Oh ! combien , en lisant ce livre si chrétien ,
Se sentiront meilleurs et plus portés au bienl {Id, Ibid.)
Quel riche impitoyable et plus dur que son or
Pourrait dorénavant contempler le trésor
De ses biens, de ses jouissances.
Sans songer , lui qu'abrite un fastueux hôtel ,
Qu'il est peut-être auprès quelque pauvre Morcf ,
Transpercé de mille souffrances ?
Quelque pauvre Morel dans un taudis étroit ,
Père de cinq enfants qui grelottent de froid ,
Sur leur couche de j)aille humide,
Et que tonte la nuit tient éveillés la faim ;
(àirps débiles, chétifs , dont l'un , mort^ pend au sein
De sa pauvre mère invalide ? ( Id. Ibid, )
Ma muse plébéienne accepte ce mandat. (BAHTHiitEMv. Ném.)
Pour notre pauvre coeur l'amour est un tel bien.
Qu'il ne peut sans saigner perdre celui d'un chien. ( Lamaktine, )
ION, n'est diphthongiie que dans le mot pion , et dans les cas déjà
indiqués. Voyez plus haut iez.
Et puis nous toucherions à des plaines fécondes ,
Où nous aurions de l'air et do limpides ondes,
( L. N. Amertumes et Consolations.)
Ecoutez. Nous allions par un jour magnifique
Visiter en famille une chartreuse antique. (Id. Fleurs du Danube. )
Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes 1
Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris,
Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes!
L'impassible nature a déjà tout repris. ( Victoh Hugo. )
L'homme au hasard choisit sa loute ;
Et toujours , quoi que nous fassions ,
Gomme un bouc sur l'herbe qu'il brout'' ,
Vit courbé sur ses passions. ( Id.)
H2 GRAMMAIKE FRANÇAISE.
nâtons-nous d'ajouter une règle qui s'applique à toutes les dipli-
Ihongues énumérées ci-dessus.
Lorsqu'au lieu d'un i simple , c'est un y qui précède une
autre voyelle , il y a toujours diphthongue.
Quand la mort la raya du livre des vivants ,
Mon cœur dans le tombeau descendit avec elle. ( L. N. )
Qui viendrait enrayer sur la rapide pente
Où le désespoir va roulant ? ( L. N. Atnert. et Consol.)
On croyait dans les jours du barde et du trouvère. (V. Hugo. )
La royauté décline et le peuple se lève. (^''O
Sois Joyeuse ! la foi vit sans l'austérité. ( Id. )
Peut-être que, de toi raillant avec empbase ,
Il ira te noyant dans les eaux de sa phrase.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Oh ! toujours verrons-nous sous d'implacables haines
S'entr'égorger les citoyens ? (L. N. Amer, et Consol.
Qui ne désirerait pouvoir sur cette flamme
Répandre des fleuves d'amour,
Et faire pénétrer dans la nuit de cette âme
Son coeur comme un rayon de jour ? ( Id. Ibid, )
Les noms qui commencent par hyé font exception.
O riche , plus cruel que le tigre et l'hyène ,
Tu grinceras des dents. ( Id.Ibid. )
De même que \ey, le son mouillé constitue aussi , avec
la voyelle qui le suit, une sorte de diphthongue.
O seigneur malvenu de ce superbe lieu !
Caillou vil incrusté dans ces rubis en feu ! ( Victor Hugo. )
Un i entre deux voyelles fait de même toujours diphthon-
gue a vec la voyelle qui suit :
Auprès d'Albert Durer , Raphaël est païen. ( Th. Gautibr. )
OUA, n'est diphthongue que dans pouah elpouacre.
ua l'est dans tous les mots où il se prononce oua.
Pouah ! pouah ! que c'est mauvais ! quelle horrible boisson !
DI, est toujours diplilhongue, excepté dans Druide^ fluide, suicide,
hruine, ruine, hriilre. o[ jours dciivcs, ainsi que dans tous ceux
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 03
en GUÏTÉ, cuÏTÉ, TDITÉ : exiguïté , perspîcuïlé , perpétuité (\) .
G«« parasite enflé de la sève des chênes i
Pauvre riche ! ( Victob Hugo. )
La foule des vivants rit et suit sa folie. ( là.)
A quoi vous sert le flot, le nuage , le bruit
Qu'en secret dans la fleur fait le germe du fruit ? ( Id. )
Pauvre ami , si ton cœur touchait un peu la fange ,
Le bon Dieu s'en irait de son humble réduit ;
Et puis tu n'aurais plus, pour te bercer , un angei
Dans tes rêves, la nuit. (L. N. Amert. et Consol.)
Quoi ! la vérité dans un puits !
Las ! elle n'a point d'autre asile.
Pétersbourg la bat ou l'exile.
Même à Londre elle est sans appuis.
On la brûle en terre papale.
Le Grand-Turc l'étrangle ou l'empale.
Mieux vaut encor le fond du puits. ( Lebbon. )
OUIN et OIN , qu'on prononce à peu près de même, sont
toujours diphthongues.
Quel afi'reux baragouin ! je n'y puis rien comprendre.
Ton regard voit , tandis que notre œil flotte au loin.
Les blés d'or en farine et la prairie en foin. (Victoh Hdgo.)
Mais l'exil loin de vous, jeune femme au cœur d'ange ,
Source pure d'amour, où je buvais hier ,
Avec l'oubli du monde , un bonheur sans mélange ,
Oh 1 l'exil loin de vous , c'est la mort , c'est l'enfer.
( L. N. Fleurs du Danube.)
Toujours sereine et pacifique ,
Elle ofiTre à l'auguste indigent
Des dons de reine magnifique ,
Des soins d'esclave intelligent. ( Victor Hugo. )
Songe que l'univers n'est qu'un point dans l'espace ,
Suspendu par un fil sur un goufi're sans fond.
(L. N. Amertumes et Consolations.)
Les autres diphthongues : oé, oué, ouai, ué, oui, iou,
ouen, uin, n'ont lieu que dans les cas mentionnés au
tableau.
(l) Ruines de verdure et de (leurs pavoisécs. (L. N. Fl. du Danube.)
Revenez près de moi , soui-iant de plaisir,
BrMire et gazouiller. ( ViCTon HuGO.)
Un vieux druide autrefois assurait
Qu'en paradis nulle femme n'irait.
Car , disait-il , le maître du tonnerre ,
Dont la sagesse éclaire la bonté ,
Peut-il sauver, sans blesser l'équilé.
Celles qui font damner toute la terrr ?
•)•< GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Moelleux comme une cliatle et frais comme une rose.
( Alfbgo de Mdssbt.)
Je m'arme de nouveau du fouet de la satire.
. Nous , des duels (1) avec vous ! Arrière , assassinez. ( Tictoh Hugo. )
On en parle , on en pleure , on en rit , qu'en voit-on î
Quelques duels oubliés, quelques soupirs de femme,
Quelques joyaux de prix sur une épaule infâme ,
Quelque croix de bois noir sur un tombeau sans nom.
( Alfred de Musset. )
(1) Duel , de même que hier, est plus souvent employé comme dissyl-
labe; et, à tout prendre, je trouve, en effet, qu'il y a dans ce mot deux
sons trop pleins pour qu'on puisse le prononcer vite et d'une seule émis-
sion de voix. La même chose s'applique à duègne, et plus particulière-
ment à Louis, que nous ne saurions admettre comme diphthongue , quoi-
qu'on en trouve des exemples :
Un jour fuit louis par louis ce qui vient sou par sou.
Pour la même raison nous n'aimons guère qu'on fasse monosyllabe le nom
Juan. J'éprouve toujours une certaine difficulté à prononcer ce mot comme
l'entendent les poètes, et mon oreille s'obstine à trouver sept sons plein
dans cet hémistiche de Gautier i
Ainsi parla don Juan.
Il est de fait que les deux premières syllabes de Louange ne sont pas d'une
autre nature ; et pourtant qui s'aviserait de les prononcer en diphthongue
même en prose, si ce n'est Demandre et Lévizac, avec leurs copistes Na-
poléon Landais et Girault-Duvivier ? Ces messieurs poussent bien plus loin
la fureur des diphthongues. Ils trouvent des diphthongues réelles jusque
dans les mots: diamant, miauler, miauletnent , harmonieux , chiourme ,
admiration, commission, ouate, bafouant, enfoui, épanoui, etc. Voici la
preuve du contraire :
Où brille le regard , que sert le diamant ? (Victor Hugo.)
Rêveur harmonieux , tu fais bien de chanter. (Th. Gautier.)
Sur l'autel idéal entretenez la flamme ,
Guidez le peuple au bien par le chemin du beau ,
Par Y admiration et l'amour de la femme. ( Idem.)
On dirait de la lune en sa robe à'ouate, ( Idem.)
L'espérance est un lac dont l'onde diaphane
Réfléchit à nos yeux un monde moins profane.
L'âme , comme une fleur , aux bords s'épanouit.
(L. N. amertumes et Consolations .)
La /oï/«nç-e agréable est l'âme des beaux vers. (Boir.EAU.)
Alfred de Musset fait Juana de trois syllabes dans ces vers :
Jurons donc que celui qui sera dans une heure
Debout, et qui verra le soleil de demain ,
Tuera la Juana d'Orvado de sa main.
Que Juan soit donc à son tour de deux syllabes.
Nous en dirons autant du mot Bossuet, que Castel fait seulement de deux
syllabes dans ce vers :
Regardez : c'est Bossuet qui s'élève et qui tonne.
Le mot Suède n'est pas traité avec plus d'égard.
Toutefois je ne sais pourquoi ma voix passe plus rapidement sur uel dans
JVOTIONS PRELIMINAIKES ET FONDAMENTALES. fio
Us vont ,
Et tout s'efface en eux à mesure , l'ennui
Par la joie , oui par non , hier par aujourd'hui. ( Id. )
Pirouette est de deux ou trois syllabes à volonté, disent les
grammairiens. Nous préférons lui en donner trois , sans
compter la dernière. Mais oué est réellement diphthongue
dans couette et dans couenne.
AI, n'est diphthongue que dans die , sorte d'interjection qui ex-
prime la douleur , et dans quelques noms propres en aye ,
comme Biscaye , Blaye (^ ) , les Cayes.
Il me semble impossible aussi qu'il n'y ail pas une différence
entre imyement et paîment. Du moment où l'on conserve Vy , il
faut absolument prononcer péïment, ou bien , à l'exemple des
grammairiens , autre bande noire , il faut porter le marteau sur Vy,
si sonore, et le remplacer par cet î fêlé, qui est en si grande faveur
auprès d'eux.
Sûrement Victor Hugo n'entend pas qu'on prononce bégaye,
dans les vers suivants :
L'idée auguste qui Végaye
A cette heure encore bégaye ,
comme s'il faisait rimer ce mot avec gaie ; car alors , indubitable-
ment , il écrirait bégaie.
duelliste que dans duel. Serait-ce qu'ayant plus de chemin à faire , elle part
avec plus de vitesse, et franchit d'un bond It-s obstacles , pour atteindre
plus tôt le but? Toujours est-il que j'admettrais plutôt le monosyllabe
dans le mot composé que dans le mot simple.
Toutefois je conçois que, dans les noms propres, le besoin d'abréger
multiplie 1( s dipblliongiies , et que l'on dise : Consïïe-lo , Bruëys, etc.
Je ne terminerai pas cette note sans payer à M. Auguste Lemaire le
tribut d'éloges qui est dû à sa modestie. Beaucoup plus modeste, en effet ,
que ceux qu'il annote , M. Lemaire , loin d'affirmer à tort et à travers,
vous expose ses doutes avec une naïveté qui lui fait honneur. « Peut-être
y a til une diphthongue dans Bréviaire, stagiaire, etc. Mais je n'afBrme
rien , » dit-il. Par malheur il n'.t pas tttujours gardé la même réserve; et
c'estsans le moindre scrupule qu'ilafSrme que icn estloujours diphthongue,
excepté dans les trois mots lien, aérien, historien.
(1) Les grammairiens vous disent de prononcci Blai ; c'est un mauvais
conseil, et je vote pour la prononciation représentée par btaï , comme pins
sonore et plus régulière.
T. II. })
^^ GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Sans être proprement des diphthongues , les désinences ««7 , eil,
ont évidemment quelque chose des sons aï et éï; mais , soit dit en
passant, comment MM. de Port-Royal , Dumarsais et jusqu'à notre
digne abbé Girard , ont-ils pu voir la diphthongue aï dans le mot
ayant ? Voilà ce que j'ai de la peine à concevoir.
Laisse-toi conseiller par l'aiguille ouvrière ,
Présente à ton labeur , présente à ta prière ,
Qui dit tout bas : Travaille ! — Oh! crois-la 1 — Dieu , vois-tu ,
Fit naître du travail, que l'insensé repousse ,
Deux filles : la Vertu qui fait la gaîté douce ,
Et la Gaîté , qui rend charmante la vertu.
(Victor Hugo.)
Les enfants descendront jouer dans la prairie ;
Et le vieillard glacé dont la sève est tarie ,
Doucement ranimé par ce brillant réveil.
Ira s'épanouir aux rayons du soleil.
{ L. N. Fleurs du Danube. )
Euil , ouil, constitueraient de même deux nouvelles diphthon-
gues dans les mots Fauteuil , feuille , fenouil, quenouille , etc.
Dans un coin , une table , un fauteuil de velours
Miraient dans le parquet leurs pieds dorés et lourds.
(Victor Hugo.)
Peuple , ne souffre pas que sa main te dépouille ;
Secoue au vent du ciel la poudre qui te souille.
Sauve ton âme du néant.
( L. N, Amertumes et Consolations.)
Voilà à peu près tout ce qu'il y avait à dire sur les diphthongues;
à moins qu'il ne soit nécessaire d'ajouter qu'en prose, et surtout
dans la conversation familière, où la rigueur de l'exactitude n'est pas
poussée si loin, la plupart des combinaisons de voyelles, indiquées
au tableau , se prononcent d'une seule émission de voix, comme
dans ces exemples :
En général , en Usant Chénier, substituez aux termes qui vous
choquent leurs équivalents latins, il sera rare que vous ne rencon-
triez pas de beaux vers. ( Victor Hugo.)
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. (>7
Qu'est-ce qu'un poète ? Un homme qui sent fortement , expri-
mant ses sensations dans une langue plus expressive. ( Id.)
Une révolution combattra pour nous partout où nous le vou-
drons. ( Id. \
Le ministère anglais nous fait bonne mine parce que nous avons
inspiré au peuple anglais un enthousiasme qui pousse le gouver-
nement. {Id.)
Vunion de la France et de l'Angleterre peut produire des résul-
tats immenses pour l'avenir de l'humanité. {Id.)
La France et l'Angleterre sont les deux pieds de la civilisation.
{Id.)
Mon ancienne conviction roja/z.s/e-catholique de 1820 s'est
écroulée pièce a. pièce depuis dix ans devant l'âge et ï expérience.
(Id.)
Un millionnaire mourut , il y a quelques jours , et tout le monde
était édifié de la ferveur avec laquelle un arrière-cousin , qui se
trouvait un des héritiers , en assistant au service funèbre, lisait ,
dans unipetit volume qu'il tenait à la main, ce qu'on supposait des
prières pour le défunt. Cependant un curieux jette un coup d'oeil
sur le livre. Quel était ce pieux volume? Le Code civil , ouvert au
chapitre des successions.
Il est évident toutefois qu'on ne prononce en aucun cas crier
comme encrier, oublier, comme tablier, plier, comme peuplier,
expatrier, comme meurtrier, nous rions, comme nous dirions ,
cruel, comme duel , évanoui, comme enfoui, prière, comme
barrière. Dans tous ces mots, les combinaisons ier , ions , uel, oui,
lève , font entendre deux sons très- distincts. D'où l'on pourrait re-
monter à ces principes :
Parmi les diphthongues, il n'y a guère que celles dont la
première voyelle est un i, qui soient, en prose, toujours
monosyllabes.
Encore faut-il en excepter les verbes en ier , qui ont de-
vant cette terminaison un r ou un / précédé d'une autre
consonne.
68 GKAMMAIRE FIUJNÇAISE.
En 1 676 , Corneille , l'homme que les siècles n'oublieront pas ,
était oublié de ses contemporains. (Victor Hugo. )
Voltaire, comme liistorien , est souvent admirable; il laisse
crier les faits. ( Id. )
On prononce également, même en prose , pr<-ere, nous
souri-ons, et non pas, prière, sourions. A plus forte raison
doit-on prononcer Lou-ange, épanou-i , en deux syllabes ,
toutefois moins sensibles en prose qu'en vers 5 c'est-à-dire
qu'on doit les prononcer sans affectation.
Il y a au fond de presque tous les hommes je ne sais quel senti-
ment d'envie qui veille incessamment sur leur cœur pour y com-
primer l'expression de la louange méritée , ou y enchaîner l'élan
du juste enthousiasme. (Victor Hugo. )
Des Consonnes.
Les consonnes, au nombre de dix-neuf, sont b, c , d,
f, g, h, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t,v, z. Elles sont ainsi
nommées, avons-nous dit, parce qu'elles n'ont de son
qu'avec le secours d'une voyelle.
Rien de plus juste que de comparer les voyelles aux notes de la
gamme. Modifiée de plusieurs façons par l'obstacle des doigts ou
des clefs sur les trous , la voix d'un instrument a vent s'en échappe
en divers sons qui constituent la mélodie. H en est de même de la
voix humaine , qui , selon le plus ou le moins d'ouverture de la
bouche, produit les divers sons appelés voyelles. Mais la gamme
ne parle pas , elle chante ; et les véritables générateurs de la pa-
role , ce sont les consonnes.
Ces modifications des voyelles, des sons, ne sont pas les
seules qui existent dans notre langue. Il y a encore les con-
sonnes composées doni voici .
NOTIONS PKÉLIMLXAIKES ET FONDAMENTALES.
(i9
LA FIGURBf
tu SON,
LE NOM,
l'emploi,
son naturel.
son accidentel.
CH, SCH. ,
GN(1).
ILL, LL, IL.
PH.
QU.
RH.
TH.
TS, TZ.
ch.
f.
k.
r.
t.
k.
kou, ku
(-2).
che
gne
ille
phe
que
rhe
Ihe
tse
chat, schisme, écho.
ignorer.
bataillon, fille,
seuil.
philosophe.
quiconque, loqua-
cité, loquelle.
rhombe.
thème.
tsin, tzar (3).
Les organes qui servent à la formation des consonnes, vé-
ritables instruments de la parole, sont au nombre de six,
dont trois principaux , mobiles et actifs, savoir: les lèvres,
la langue et le gosier, et trois secondaires, immobiles ^t
passifs, subordonnés à l'action des premiers, savoir: les
dents, le palais et le nez.
(1) 11 est très-difficile , pour ne pas dire impossible , de figurer la pro-
nonciation des consonnes uioiiillées. l\ons ne pouvons que l'indiquer à peu
près. Dans la production des sons ne et le, l'exlrémité de la langue se
courbe un peu, pour s'élever au palais et s'y attacher. Au contraire, pour
former les sons gw et ille , la langue ne fait que s'étendre le long du palais
de manière à le frôler légèrement dans toutes ses parties. Toute la diffé-
rence du N et du GN à l'égard du i, et du ille vient de la participation du nez.
(2) Évidemment ce n'est pas le son du q qui varie ici ; c'est celui de la
voyelle u. Néanmoins , comme ces deux lettres sont inséparables et ne for-
ment ensemble qu'une consonne, c'est bien ici le lieu de parler de cette
différence de son , et non pas ailleurs. Il y a encore une différence sensible
entre la prononciation de f/ui et celle de qtie. Qui rend un son mouillé qu(î
l'on forme de la même manière que celui du gn et du ille, en frôlant le
palais avec la langue.
(3) On est contraint de prononcer </«ar, ou bien (ciizar, le ( ne pouvant,
nullement s'allier, dans la prononciation , avec le s.
"<• GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Les consonnes ont donc reçu des noms différents, d'après
chacun des organes particuliers dont elles procèdent.
Suivant qu'on emploie, pour les former, les lèvres, la
langue, le gosier, les dents, \e palais , \e nez , les con-
sonnes sont appelées labiales, linguales, gutturales, dentales,
palatales, nasales.
On les divise encore en fortes et en faibles , selon le degré de
force qu'on imprime à l'organe destiné a les former (i); c'est-a-
dire que le même organe poussé par un mouvement doux , produit
une consonne faible; et que s'il a un mouvement plus fort et plus
appuyé , il fait entendre une consonne forte. Ainsi b est la faible
de p , et p est la forte de b.
Tableau des Consonnes
SOIT SIMPLES, SOIT COMPOhÉES.
Labiales,
Linguales,
Dentales
ou Sifflantes,
Palaiales,
Nasales,
Gutturales,
Faibles.
B, V, w.
D.
Z, s doux.
G ou J, G dur
Forles.
P, F, PH.
T, TH.
S, C doux, C H
CHdu>,K,Q
LiquiJcs.
L, R.
M,N.
Mouillées.
ILL,IL,LL
GN.
Diplioniijiics
X.
Aspiicc^.
H.
(1) Les grammairiens disent : Relativement à la force que l'oni
l'émission île l'air; ronimc s'il dépendait de V air de changer la na
I met dans
_ , 'pendait Oc lairac changer la nature des
arliciilalions. Je l'ai déjà dit, le mol propre ne fuirait pas les grammai-
riens avec plus d'iMureur, si mOrnc ils avaient la peste.
NOTIONS PRELIMINAIRES ET FONDAMENTALES.
71
Explication
EMPLOYÉS DANS LE T
Labiale, Qui se prononce avec les lè-
vres. B et V sont dites absolument Labiales,
parce qu'elles sont principalement formées
par le mouvement desJèvres. M est une let-
tre à la fois nasale et labiale. Nous l'appe-
lons absolument na,sa/e, parce que des deux
organes , les lèvres et le nez, qui concou-
rent à la formation de cette consonne ,
c'est le nez qui y contribue le plus. Cette
observation peut s'étendre aux autres dé-
nominations. Une lettre labio-nasale. (Du
latin labia , lèvre. )
Iiinguale , Qui est formée par un mou-
vement de la langue. N et GN soiit des
lettres à la fois nasales et linguales, ( Du lat.
iingua, langue. )
Dentale, Qui ne peut se prononcer
sans que la langue touche les dents. D et
T sont des lettres linguales et dentales.
(Du latin dem , denUs . dent. I
Sifflante , Qui sifïle ; qui fait , qui pro-
duit un sifflement. Les dentales S,C doux,
Z, etc., sont dites sifflantes, parce qu'elles
sont, eneffet, accompagnées d'un sifflement.
C'est à cause de ce sifflement que les an-
ciens les ont appelées semi-vocales ou
demi-voyelles , tandis qu'ils appelaient les
autres muettes. G doux et i sont des lettres
à la fois palatales et sifflantes.
Palatale, Produite par un mouvement
de la langue sur le palais. G, J, K, l,
ILL , H , sont des lettres à la fois palatales
et linguales. N et GN sont des lettres à la
fois nasales et palatales. [Du latin pniaiium ,
palais. )
Wasale, Qui se prononce du nez. (Du
latin nasus , nez. )
Gutturale , Qui vient du gosier , qui se
prononce avec une aspiration forte , et
par un mouvement du fcjnd du larynx.
Nous n'avons de consonnes gutturales que
la lettre H , quand elle est aspirée. Selon les
grammairiens et l'Académie elle-même G dur et K se-
raient aussi des lettres gutturales. Mais ont-ils bien ré-
fléchi sur la nature de ces articulations? Je trouve, moi,
que G dur et K procèdent uniquement d'un mouTement
de la langue sur l'origine du palais. Les auteurs delà
Grammaire Nationale admettent le G dur parmi le-i lettres
gutturales; mais ils en excluent le K; con<evez-Tous
cela? 0 logique , ô sagacité i
Les louanges du Journal des Débats vous donnent la
mesure de ses critiques.
Le ch allemand est guttural: voilà ce qui le distingue
du eh durfraneais; et voilà pourquoi pas un Français ne
peut venir à bout de le prononcer ; quoiqu'il ne s'agisse
que de produire un bruit à peu pris semblable à celui
que l'on fail en crachant.
Ae» Ternies
AELEAC CI-CONTBE.
Forte, Dont le son est plus fort, plus
ferme , plus appuyé.
Faible, Dont le son est plus faible ,
plus doux, plus léger.
liiquide. Qui, étant employée à la
suite d'une autre consonne dans une même
syllabe, est coulante et se prononce aisé-
ment. Telles sont les quatre lettres L , R,
M , N , qui 0 paraissent avoir reçu le nom
»de liquide, » disent absolument dans les
mêmes termes tous les grammairiens ,
« ou parce que la langue les produit par
oun luouvement libre et indépendant de
atout point d'.Tppui dans l'intérieur de la
"bouche, où elle nage en quelque sorte ;
»ou parce que tes articulations s'allient
»si bien avec d'autres, qu'elles ne sem-
«blent faire ensemble qu'une seule raodi-
» fîcation instantanée de la même voix ; de
»mème que deux liqueurs se mélangent
» assez bien pour n'en plus faire qu'une
D seule. » Je regrette de ne pouvoir nommer le vérita-
ble auteur de cette phrase qui renferme une idée ingé-
nieuse ; mais telle est l'honnêteté et la charité des gram-
mairiens modernes, qu'ils adoptent volontiers les enfants
d'autrui , sans s'inquiéter nullement des pères; ce qui
ressemble fort auï sain les pratiques desbohémiens, mais
ces messieursn'} regardent pas de si près. Quelques-uns
ne se conteutentpas de voler, ils assassinent. C'est avec
une massue qu'ils tombent sur les victimes qu'ils out choi-
sies pour les dépouiller.
Il faut toutefois rendre justice à M. Girault-Duviïier,
Celui-ci du moins est un honnête grammairien s'il en fut
jamais. Aussi inolVensif que l'enfant qui vient de naître,
il a pourtant assez de bon sens pour ne prendre sous sa
responsabilité aucune des bévues qui composent sa col-
lection. Il vous cite ses auteurs; après quoi il se sentia
conscience tout à fait en repos. A vous de vous tirer
comme vous pourrez de ce labyrinthe de contradictions
dans lequel il vous introduit de l'air le plus innocent ,
pour vous planter là, sil6t que cela le gêne.
N'oublions pas d'avertir que, dans la phrase citée plus
haut, lesauteursdela Grammaire Nationale ontcrudevoir
transformer en contact le point d'appui, copié fidèlement
par M. Landais. A chacun ce qui lui appartient. Sans
doute que, comme le père Hardouin, de plaisante mé-
moire , JIM. beschereile ne se seront pas levés toute
leur vie à quatre heures du matin, pour ne dire exacte-
ment que ce que d'autres ont dit avant eux.
Mouillée, Que l'on prononce avec une
certaine mollesse, c'est-à-dire en appli-
qu.Tnt la langue contre le palais.
Diphonique , Qui rend deux sens dis-
tincts. ( Du grec, dis, deux fois, tl phonê, son.)
Aspirée, Qu'on prononce de la gorge.
Voyez GuTTDBAL.
Rbmabque. Tous ces adjectifs s'em-
ploient aussi bien au masculin qu'au fé-
minin. Un son nasal, guttural. Un son
mouillé.
72 GRAMMAIUE FRANÇAISE.
Les consonnes ont entre elles plus ou moins d'affinité et
ne s'accolent i)as indistinctement l'une à l'autre. Remar-
quez qu'il est presque impossible de prononcer rapidement
une forte avec une faible, comme d, par exemple, avec t, h
avec p. L'une imprime nécessairement sa valeur à l'autre ;
et c'est en vain que vous essaierez, par exemple, dédire,
sans introduire un e entre les deux consonnes, apde, apzide,
au lieu de, apte, apside. Le p dans ces mots produirait né-
cessairement le son de b. Et , de même , si vous vouliez dire
abte, vous diriez abde. Il suit de là que, pour les consonnes
qui font entendre une articulation analogue, -en général,
si l'une est faible , il faut que l'autre soit faible ^ si l'une est
forte, il faut que l'autre soit forte. Ce qui peut s'énoncer
ainsi :
Toute consonne précédée d'une autre consonne la veut de
même degré qu'elle. Exemples :
Airficalion.
Cle^.^ydre.
Abdomen .
Coanrf/'iiteur.
Abjection.
Cociioa.
Acqttviiv.
Co\èoplère,
Acquilier.
Conception.
Acte.
Conjecture.
Arf/'acent.
Contacf.
Arfuenir.
Conuyjiion.
Aphtiie.
Crisper.
Apside.
Crii-fal.
Aptitude.
Crypte.
Asthme.
Damasquiner.
Aspect.
Délec/able.
Asymptote.
Démons/ration.
BdelViam.
Descendre.
Baptiser.
Désespoir.
Bas/ion.
Description.
Becfigiie,
Dic/ame.
Bestiaire.
Docteur.
Biceps.
Ecclésiastique.
Bi.ïciiit.
Éclip<ique.
Budget.
Epileptique.
Capsule.
Escient.
Captieux.
Esclande.
Captiver.
Espion.
Cas/or.
Esquisse.
Claustral.
Estomac.
Faction.
Raèrfologie
Faste.
Rapt.
Festin.
Réaction.
Fisc.
Respec*.
Fraction.
iVccptique.
Gasconnade.
Section.
Glyptique.
Somptueux
Gypse.
A'pasme.
Hectare,
Spacieux.
Heptacorde.
Sphère.
Ic/it/iyolithe.
Sphinx.
Inspecteur.
A'plendeur.
Invective.
•Spoliation.
Jactance.
Squeiette.
Kanc^ar.
Stable.
Kiosque.
Strict.
Mous</uet.
Sii6</ivision.
Objet.
Suiiention.
Obvier.
Susceptible.
Octave.
Tact.
Optatif.
Testament.
Pistolet.
Victoire.
Prédisposer.
Viscère.
Presque.
Volupté.
Prospérité.
Psaume.
P/yalisnie. )
NOTIONS PRELIMINAIRES ET FONDAMENTALES. / -)
Me voici! l'arme esT prêle : assaillant secondaire,
J'essatrai d'accomplir cexie œuvre lieBoomadaire.
( Barthélémy. Némésis.)
La critique ne doit point s'emparer méchamment des faiblesses
que présentent souvent les plus beaux talents , de même que
VhisToire ne doit point abuser des petitesses qui se rencontrent
Hans presque tous les grands curacïères. (Victor Hugo.)
On nonmie action au théâtre la luiTe de deux forces opposées.
Plus ces forces se contrebalancent , plus la luire ^st incertaine ,
plus il y a alternative de crainte ou d'espérance , plus il y a
d'intérêt. {Id.}
Parmi les lettres faibles, il n'y a guère que le b , qui se
lie quelquefois avec le c , le s et le t. Cela se voit dans le
mot presbytère et ses composés, et dans ceux qui commen-
cent par ab , ob , sub , et leurs composés : Abcès, abside ,
absent, absoudre, abstinence, obscène, obscur, observer, ob-
tempérer, subside, subtil, substantiel, consubstanliel , nonob-
stant, etc. Encore est-il vrai de dire que, dans ces mots , le
b ne rend pas un son très-clairement distinct de celui de p ;
témoin le mot abside qu'on écrit aussi apside, sans doute
parce que la prononciation en est la même. Si l'on n'écrit pas
pareillement apcès , opserver, suptil, c'est que les particules
ab, ob , sub, sont des prépositions latines qu'il n'est guère
possible d'altérer, sans attaquer la racine du mot, sans le
frapper au cœur, pour ainsi dire. II est évident que sub,
par exemple , doit rester sub, dans subséquent comme dans
subdivision. Il faut en dire autant de la préposition trans,
au delà , dans les mots transborder, transvaser, etc. , et de
la particule privative dis , dans disgrâce , disjonction , etc.
Encore le s sonne-t-il comme s dans disgrâce, tandis qu'il
est tout à fait muet dans disjonction.
Toutefois aucune lettre faible ne pouvant subsister avec
sa forte correspondante, le b se change nécessairement en
p dans les mots supprimer , opprimer, etc.
r. II. ,„
(IKVMM VIliE IRAiNCAlSE.
L'étymologie veut aussi que l'on écrive presbytère , pres-
byte, Asdrnbal, mais soyez sûr que, dans la prononciation de
ces mots , le s se substituera au s malgré vous -, à moins
que vous ne teniez à prononcer Aslrubal, prespytère, ou que
vous ne jetiez Ve muet comme un pont entre les deux con-
sonnes, pour pouvoir passer de l'un à l'autre : Âssedrubal,
pressebytère. Toujours est-il qu'elles sont séparées par un
abîme qu'il faut franchir sur un pont ou par un bond.
Croyez-vous , par hasard , que vous prononcez Anecdote,
ecboUques? Non, vous prononcez anegdote , egboliqiies. Les
Allemands prononcent anekiote, ekpoUques. Ils nesaventpas
que, dans ces cas exceptionnels, des deux consonnes ainsi
brutalement accouplées, c'est toujours la première qui subit
l'influence de la seconde.
Doigt, vingt et leurs dérivés, sont les seuls mots oii le g se
trouve en société avec une forte. A la vérité , il n'est là aussi,
lui , que pour l'étymologie , et ne modifie en rien la pronon-
ciation. Il en est de même de sangsue^ mot composé de
sang et de sue comme postdate est composé de post et de
date. On prononce sansue etposdate, et même pozdate,si
l'on passe vite de la première syllabe à la seconde. Le d, dans
poids et lods, n'est, de même, qu'une lettre étymologique
qui ne gêne en rien la prononciation, n'étant 'là que pour
la forme, comme le s du pluriel clubs , rangs; véritable
figurante de théâtre.
Vous verrez le feu sympathiser avec l'eau , le jour avec la nuil,
la folie avec la raison , l'amour avec Tégoïsme , le Journal des
Débats avec la Gazette, le loup avec la brebis , plutôt qu'une fai-
ble avec une forte. Les feuilletons de J. J. ne sontpasplus ennemis
de la justice et de la vérité , je pourrais même dire , du bon sens.
Plus sages que les personnes , les consonnes ne s'associent
qu'avec leurs égales.
En tant que lettre française, le v n'est jamais redoublé;
.NOTI()>S l'RKLlMIiWIllES ET F()M)AMK.\TAI.ES. "?>
ilnes'allieguèrequ'auxdeuxliquides/, r, etquelquefois,mais
très-rarement, au b, après ob et sub : obvier, subversion (1 ).
C'est donc par extraordinaire que dans le mot svelte on le
trouve précédé de 5. La véritable prononciation de ce mot
est zvelte, et non pas cevelte, comme le prétend M. Landais.
Par la même loi d'affinité, on prononce gzar, quoique ,
suivant l'orthographe étrangère de ce mot, on écrive csar.
C'est pour la même raison que le x sonne tantôt comme
/»c, tantôt comme gz , mais jamais comme kz ou gc : Alexan-
dre , examen.
Il esl bien plus facile d'accuser un sexe que à' excuser l'autre.
(Montaigne.)
L'autorité n'existe que pour le peuple et non pour l'intérêt de
ceux qui Vexercent.
Le X est considéré comme lettre forte, et ne se met ja-
mais devant une faible : expérience, exquis.
11 y a des crimes qui ne peuvent s'^apV/-, entr'autres celui de
trahir sa patrie , de s'armer contre elle. {Cité par Boiste. )
J'avais cru que l'on pouvait être vertueux sans religion ; V expé-
rience m'a détrompé. (J.-J. Rousseau.)
Dès que les hommes ont placé leui' bonheur dans la possession
d'un objet , quel qu'il soit , ils sont prêts a exterminer quiconque
le leur dispute.
La possession calme l'amour ; elle excite l'ambition et l'ava-
rice. ( De Lévis. )
Naturellement, dans ce dernier exemple, la consonne a;
ne fait entendre que le son de k , son autre son ne faisant
qu'un avec celui du c qui la suit. Le x ne s'adoucit, comme
(1) De ce qu'on le trouve à la suite des voyelles nasales e/i, ai et on :
envie, invention, convenir, on ne peut pas dire pour cela qu'il s'allie à la
fonsonne n , le n n'ayant plus ici titre de consonne.
7(i (ÎHAMMAIUE IIU.NÇAISE.
le 5, que lorsqu'il est placé entre deux voyelles, dans cerlaius
mots dont nous parlerons plus loin.
Le F se redouble, mais ne s'allie guère, comme le v,
qu'avec t et r. Le t est la seule des autres consonnes devant
laquelle se fasse entendre le son de /", qui se fait alors rem-
placer par ph, lettre grecque qui à son tour n'a guère de
sympathie que pour sa compatriote th'.phthisie, ophthalmie,
apophthegme, diphthongiie , aphlhe, muphti, dephte, cophte.
Quelques-uns , sans égard aux répugnances de la lettre f,
l'ont pourtant mariée de force avec t, dans wii//ïi, qui, du
reste , est un mot turc.
Mais telle est, encore une fois, l'antipathie des lettres fai-
bles pour les lettres fortes et réciproquement , que même
deux voyelles de suite dont l'une serait modifiée par v ,
l'autre par f, produiraient une cacophonie insupportable.
C'est pourquoi le /du mot vif, par exemple , se change en v
dans les dérivés de ce mot : vif, vive, vivement ^ vivre , viva-
cité , vivace , vivant , vivifiant , vivipare. Jalouse de se
montrer avec tous ses avantages , la lettre /"n'aime pas sur-
tout Ve muet , qui en diminue, en effet, considérablement
la sonorité. Elle s'y fait toujours remplacer par v dans les
dérivés des mois en if, ef , elc. , et généralement , à la fin
des autres mots par ph :Naif, naïvemenl, naïveté; brief, briève-
ment, brièveté ; veuf, veuve ; épilaphe, épigraphe, orthographe,
paraphe, Tclèphe, Caïphe, logogriphe . hiéroglyphe, philoso-
phe , catastrophe, strophe , épistrophe. Voici à peu près les
seuls mots où le /"simple ait daigné prendre Ve muet sous sa
protection : Agrafe, carafe, girafe, attife, brife, calife, pon-
tife. Tartufe, piaffe, greffe, biffe , chiffe , débiffe, escogriffe,
griffe , Ténériffe , étoffe , truffe , bouffe , étouffe , pouffe ,
touffe , coiffe. Encore la plupart de ces mots viennent-ils de
verbes tout français, où par conséquent le f redoublé ne
saurait èlre remplacé ni par le ph , qui est une lettre grec-
(|no, ni par le r. qui ne se redouble jamais.
NOTIONS PUÉMMISAIKKS Ef FONDAMENTALES. / i
Remarquez que le s final du pluriel , dans les mots vifs ,
chefs, etc., s'adoucissant,danssa liaison avec la première syl-
labe du mot suivant, quand ce motcommence par une voyelle,
le f qui le précède s'adoucit de même et ne rend plus alors
que le son de v. Les écureuils sont des animaux très-vivs et
très-agiles. Les chevs et les soldats. Les Jwîfset les Chrétiens.
Les Juifs furent emmenés captiFiî a Babylone. Il en est de
même des autres consonnes fortes : Les Grecs et les Romains.
Le j ne souffre après lui aucune consonne, mais la liquide
r le précède souvent, ainsi que le n des voyelles nasales, et,
naturellement aussi, le det le b des particules intégrantes ad,
ah, oh, sub , après lesquelles, évidemment, il ne peut pas
cesser d'être : Marjolaine, interjection, enjeu, enjouer, ad-
joindre , abject , objet, subjuguer. L'e muet est son ennemi
mortel. On ne le trouve devant une muetquedansle pronom
je, le \erhe jeter et ses dérivés ou composés j><on, interje-
ter , et dans cajeput, mot nullement français. Remarquons
encore qu'il ne figure devant un e suivi d'une liquide que
dans Jérémie , jérémiade. En revanche c'est toujours lui qui
marche devant eu, au commencement des mots, et jamais
le g: Jeu , jeudi , jeune.
Le q , qui ne marche guère qu'appuyé sur w, ne souffre
guère devant lui que le c auquel il imprime de force sa du-
reté, le s, le X et les trois liquides /, f et n : acquitter,
masque , exquis, calque , monarque , manque.
Des nations entières ont reconnu que les qualités acquises se
transmettaient avec le sang.
Pour être noble , il ne suffit pas de savoir vexer, car le peuple
aussi s'en acquitte fort bien. ( Dictionnaire de Boiste. )
La politesse cache les vices, comme la parure masque les vides.
( Fr. Bacon. )
Avec de tels principes gravés danslespril, vos élèves ne seront
/S (ilUMMAIUr l'IlANÇUSE.
plus exposés à écrire sous votre dictée, comme cela leur arrive
souvent : segtateur , rédembtion , arjent, saje, jendarme, jémeau ,
jeter ,jermcr, chanjer, getine, orajeux, etc. Si les règles données
ci-dessus peuvent être utiles à quelqu'un , c'est surtout aux Alle-
mands, dont la langue à demi-barbare n'entend rien à toutes ces
délicatesses de la voix , et marie sans scrupule les k avec les b, les
d avec les t , etc. Dankbar , Stadt, todien, Gercchtigkeit, Angst ,
bringt, Gesalbtc , Gesandte , etc. De là vient qu'en général les Al-
lemands ne font aucune distinction entre b el p , d el t, g et k ,j et
ch, etc. Ils disent Ch'ai pu tu dé, pour, J'ai bu du thé ; Ché man-
che folonliers té la fiente, pour , Je mange volontiers de la viande;
Cette mademoiselle est bleine de crasse , pour , Cette demoiselle est
pleine de grâce ; Se peigner les pieds , pour , Se baigner les
pieds , etc.
Parlons maintenant des quatre liquides L, M, N, R,
ainsi appelées, avons-nous dit, parce qu'elles sont cou-
lantes dans la prononciation, et s'allient facilement à la plu-
part des autres consonnes. L et R , principalement, s'unis-
sent d'une manière si intime avec la consonne qui les
précède qu'elles en deviennent inséparables et ne forment
avec elles qu'une seule modification du même son : nLxmer,
BRAWier, écLAter, éc^Aser, cédrat, vL.Kgeller , ofFRA^de,
agGLomération , déoiiAdation , éPLVcher, approcher, au-
TRUC/ie , VRAlseWîBLABLE.
La musique du Jugement de Midas, de Grétry, {orl upPLXvdie à
Paris, ne fut point goûtée a la cour. C'est a ce sujet que Voltaire
anKEssa au ceVèBRE compositeur le c/î/ûtrain suivant :
« La cour a sifFi.É tes talents,
Paris apPLAudit tes merveilles.
Ghétev, les oreilles des grands
Sont souvent de GRkisdes oreilles.»
Toutefois ? et n ne s'allient guère avec s et x. Le j sur-
tout est en horreur au /. On ne les surprend de même,
avec 5 etv, que dans les mots Israël , israclile, islamisme
Islande, dislocjuer, ot vlan, m'y r'/à. Pour trouver / uni
NOTIONS PKÉLIMIi\AlllES ET FOiNDAMEMALES. 79
à S, il faut, comme on le voit, aller chez les Turcs et les
Islandais , ou bien encore chez les Slaves , ou à Sligo sur
un sloop anglais, ou à Slykens , chez les Belges. Le d et le
t ne sont pas en meilleure odeur près du /. 11 n'y a pas
d'exemples qu'il se soit jamais mis à la suite d'un d, et on
ne le trouve ainsi réuni auf que dans Allas, atlantique,
atlante, athlète, pentathle, paratitles. Encore cet hymen
est-il si forcé elle lien qui les unit si lâche, que, sans risque
d'être écrasé , entre cette écorce et ce bois Ve muet peut
fourrer le doigt ; en sorte que l'oreille la plus exercée
s'y trompe et prenne pour un hémistiche complet'
La mer atlanliquc {la mer atelnntique).
Quelquefois, mais rarement, il précède le d: solde,
solder.
£. et r se redoublent: illustre, arrogant.
Humiliez V arrogance. ( JoB. )
Piron prend un vol trop Uaut
Pour les l)aclaiids du parterre ;
Ce n'est qu'un vol terre à terre ( Voltaire à terre )
Qu'il leur faut. (Pibon.)
Tant que le cœur conserve des désirs , l'esprit garde des illu-
sions. (Chateaubriajnd.)
Le M, qui se trouve rarement précédé d'une consonne
autre que l <ài s, ne souffre à sa suite que 6 et p : Ambas-
sade, amphithéâtre, emploi , comparaison, compte, exempt ,
camp , plomb , etc.
Voltaire, informé qu'on -dyàh imprimé en Hollande des lettres
secrètes sous son nom , iiiVimpromptu suivant :
Voici donc mes lettres secrètes !
Si secrètes que pour lecteur
Elles n'ont que leur imprimeur
Ta les niessieiH's qui les ont faites.
En pareil cas, le m ne cède le pas au n que dans les mots
Nd GUVMMAIUE l'UANÇVlSE.
composés embonpoint , bonbon , bonbonnière , où naturelle-
ment l'adjectif 6on ne saurait se changer en boni:
Trop ô.' embonpoint nuit à l'esprit.
On le trouve aussi quelquefois devant n et < , mais seu-
lement dans les mots : Amnistie, hymne , calomnie , som-
nambule, damner, automne , indemnité, comte, vicomte, el
leurs dérivés.
Car la douleur rend fou ; car au fond de mon âme
J'étais comme un damné qui se tord dans la flamme ;
Car je soufTiais plus qu'un damne.
( L. N. Amertumes et Consolations.)
Mais ces consonnes ne peuvent jamais se mettre devant
m, si ce n'est n dans les mots néanmoins, nous vînmes ,
nous tînmes.
M se redouble : femme, immense , commander.
Ne souffre jamais que ta femme mette son pied sur le tien ; le
lendemain elle voudrait le mettre sur ta tête.
A^ précède la plupart des autres consonnes : Ancre, An-
dromède , enfant, ange, enhardir, enchaîner , enkysté, en-
lacer , inquisition, enrayer , mensonge, mentir, convier,
zinzolin .
Tout ce vaste océan d'azur et de lumière ,
Tiré du vide même , et formé sans matière ,
Arrondi sans compas et tournant sans pivot ,
A peine a-t-il coûté la dépense d'an mot. ( Voltaire.)
Dans le monde
Lequel est le plus plaisant
D'avoir une femme brune ou blonde?
R, ch et g durs, m elp, sont les seules consonnes qui se
mettent quelquefois devant n : Tourner , berner, regnicole,
mnémotechnique , pneumatique. Il suit de là que le son de^
ne peut être représenté que par ch devant n. Le peu de
NOTIONS PRÉLIMINAIRES ET FONDAMENTALES. 81
sympathie des lettres françaises l et n doit nous faire re-
garder comme une barbarie^ comme une monstruosité,
cette ortliographe des mots aulne , faulœ.
Ni dranî€ , ni roman , ni sublime épopée ,
Panihéon des héros ,
Où leur mémoire vit de gloire enveloppée ,
Pyramide où le Temps ébrèche en vain sa faux.
( L. N. Fhurs du Danube. )
Sur un homme qui n'a que la peau sur les os
On dirait que la Mort craint d'ébrécher sa faux. ( Id. )
Le n se redouble ; ennui, ennemi, anciennement.
Brueys disait que Baron et la Champmelé avaient fait passer plus
de mauvaises pièces que tous les faux monnayeurs du royaume.
Gn et LL mouillés ne sont jamais précédés ni suivis d'au-
cune consonne. Nous en parlerons plus particulièrement en
leur lieu.
Tz n'est point une lettre française. Kreutzer, strelitz, ne
sont point des mots français.
Des Syllabes (1).
Toute voyelle ou diphthongue, soit pure, soit modifiée
par une ou plusieurs consonnes, forme ce que l'on appelle
une syllabe. Peu importe le nombre de lettres qui accompa-
gnent une voyelle : il y a unité de syllabe dès qu'il y a unité
de son. A seul est une syllabe. Pa, pla, plat , plaid, pair,
pied, pris isolément, ne forment de même qu'une syllabe,
parce que chacun de ces assemblages de lettres ne forme
qu'un son unique produit par une seule émission de voix.
Mais dans amitié, il y a trois syllabes , parce que pour
prononcer ce mot, on fait entendre trois sons différents.
(1) Du grec sullabe , fait de sun, avec, et de lambano, je prends , je
comprends: compreliensio litlerarum.
I. II. 11
82 OKAMMAUIE KUAWÇAISE.
A fait le premier son , la première émission de voix , et
conséquemmeiit la première syllabe. Mi ne se forme pas de
la môme émission d'air sonore que a; il en est de même de
tié à l'égard de mi. Par conséquent , trois syllabes.
Mer, ne forme qu'une syllabe unique, parce que le r final
ne cause aucune interruption dans la prononciation de la
voyelle précédente, qu'il rend seulement plus ouverte; mais
si au lieu de mer vous écrivez meVe, il y a deux syllabes,
parce que, dans ce mot, r n'est plus au service de la pre-
mière voyelle e, mais se réserve tout entier pour l'articula-
tion de Ve final : mè-re.
Cette dernière syllabe est dite muette par les grammai-
riens , à cause de Ve muet qui s'y fait peu sentir.
Dans le système de M. Landais , il n'y aurait aucune différence
dans la prononciation de ces deux mots ; prononciation qu'il figure
absolument de la même manière.
Cependant il y a une différence réelle et bien sensible ; sinon
ces deux vers satisferaient également l'oreille :
Ma mère ! se peut-il ! je ne vous verrai plusl
La mer gronde au loin elle ciel est tout noir.
On voit bien que M. Landais n'est pas poète. Voilà pourquoi il a
eu et a encore tant de partisans , tant d'admirateurs. Je m'étonne
que le Journal des Débats ne l'ait pas exalté dans ses colonnes à
l'égal au moins de MM. Bescherelle. Apparemment que , tout ab-
surde qu'il est, il tie l'est pas encore assez pour mériter cette haute
faveur. Le Journal des Débats ressemble un peu à la chapelle de
Louis XI, ce théâtre de la gloire de Quasimodo. Celui qui fait la
plus laide grimace y est élu pape , aux acclamalions et applau-
dissements de la foule. Jusqu'à ce moment Jiji n'a pas cessé d'y
trôner, asinus incathedrd. C'est qu'il serait bien difficile de lutter,
en fait de grimace , contre Quasimodo ; car la grimace , c'est son
visage; et personne, que je sache, ne peut se vanter d'avoir
un visage comme le sien.
II se pourrait que le Journal des Débats ne fût pas flatté du rap-
prochement, et qu'il se comparât lui-même à l'Olympe, où ne
NOTIONS PRELIMINAIRES ET FONDAMENTALES. So
sont admis que les dieux et les demi-dieux. Il est vrai qu'on y voit
Momus avec sa marotte et son capuchon ; il est vrai qu'on y rit
du rire inextinguible des dieux d'Homère ; il est vrai qu'on y est
plus païen que Jupiter même; il est vrai qu'on y entend gronder
la foudre comme dans l'Olympe de Salmonée (1) : les prétentions
du Journal des Débats ne seraient donc pas aussi dénuées de fon-
dement qu'on pourrait le penser tout d'abord.
Mais revenons à nos moutons.
Une ou plusieurs syllabes réunies qui expriment une idée,
forment un mot. Un mot a donc autant de syllabes qu'il
comprend de sons distincts. Ainsi le mot bon n'est que
d'une syllabe ; le mot bonté en a deux : bon-té; le mot ver-
tueux en a trois : ver-tu-eux ; le mot catégoriquement en a
six : ca-té-go-ri-que-ment.
Un mot considéré par rapport au nombre des syllabes
qui le composent est monosyllabe ou polysyllabe, c'est-à-
dire, d'une seule syllabe ou de plusieurs syllabes. Vous,
moi , toi , sont des monosyllabes ; vanité est un polysyllabe.
On appelle encore dissyllabe , un mot qui a deux syllabes ,
comme vertu , et trissyllabe , celui qui en a trois , comme
vanité. Le mot latin constantinopolilanensibus est un déca-
syllabe, un mot de dix syllabes : con-stan-ti-no-po-li-ta-nen-
si-bus.
Admirez encore la profondeur de M. Landais. Il se vante d'avoir
fait quelque part justice des mois dissyllabe , trissyllabe , comme
si ces mots étaient inutiles.
(1) Salmonée, roi d'Élide, frère de Sisyphe , eut la témérité de vouloir
passer pour Dieu. Il fit faire un pont d'airain qui enjambait une grande
partie de sa capitale , et sur lequel on poussait un chariot qui imitait le
bruit du tonnerre. De ce lieu il lançait dis torches enflammées sur quel-
ques malheureux qu'il faisait tuer à l'instant même pour inspirer plus de
crainte à ses sujets. Jupiter irrité le précipita dans le Tartare ; sort que le
Journal des Débats partagera tôt ou tard avec lui. C'esl ce que je lui
souhaite. Ainsi soit-il.
84
(iUAMMAIKE Fi;.\.\(.VISK.
Vertu , prudent, sont des mots parisijllabes , parce qu'ils
ont chacun deux syllabes; gant, ami, trident, sont des
mots imparisyllabes ^ parce qu'ils n'ont pas le même nombre
de syllabes.
Les grammairiens distinguent plusieurs espèces de syl-
labes.
Syllabe incomplexe , Son unique
qui no renferme pas plusieurs sons
éléiuentaires dont il seriiit le résul-
tat ; telles sont les premières sylla-
bes des mots : k-mottr, TA-lent , ou-
vrir, cov-vrir. Ancienne , CBAy-ter.
Syllabe simple. Son qui n'est mo-
difié par aucune articulation; telles
sont les premières syllabes des mots
k-motir , ov-vrir , ATi-tienne, nvi-le.
Syllabe complexe. Son double qui
comprend deux sons élémentaires
proférés distinctement et consécuti-
vement , mais en une seule émission
de voix; telles sont les premières
syllabes des mots : iota (1) , Di\-ble,
avi-le, Tvile, DUEL- liste. Une syllabe
complexe est essentiellement une
dipiithongue.
Syllabe composée , Son modifié
par une ou plusieurs arliculaliuns ;
telles sonl les premières syllabes des
mots TA-lent , cov vrir , CRAn-ter,
ivi-le.
Les premières syllabes des mots kmour, ouvrir, K^tienne , sont
incomplexes et simples ; celles des mots iota, HVile, soni complexes
et simples ; celles des mots TX-lent, covvrir, cnxTiter, sont incom-
plexes et composées, et celles des mois mAble, rmle, sonl com-
plexes et composées.
Les grammairiens, gens singulièrement inventifs, ont encore
imaginé des syllabes physiques, des syllabes nsxielles, artificiel-
les, etc., mais ces dislinclions sont pour le moins inutiles. Disons
toutefois ce qu'ils entendent par ces dénominations.
Syllabe physique ou réelle , Con-
sonne formant un son réel et distinct
au moyen d'un e hypotbétique qui
est censé l'accompagner , comme r,
par exemple , dans armateur , qu'il
faudrait prononcer a-re-maieit-re ,
d'après ces messieurs.
Syllabe usuelle, Syllal)e en géné-
ral.
Syllabe artificielle, «Son sensible
proféré artificiellement avec d'au-
tris sons insensibles en une seule
émission.» Cela n'est pas plus intel-
ligible qu'il ne faut. Je crois y démê-
ler pourtant que le mot trompeur ,
par exemple, est de deux syllabes
arlificielles : troin-pcur; et de quatre
syllabes physiques : te-rom-peu-re.
Cela n'esl-il pas bien ingénieux , bien admirable?
(2) io , dans ce mol . est de deux syllabes , en vers.
KOTIO:SS PHEl.IMi:v AIRES ET FONDAMENTALES. S3
Puis des grammairien? qu'on ose encor douter ;
De mérite avec eux qu'on ose encor lutter.
La plus belle ode de Victor Hugo est-elle comparable à cela?
Il y a encore des gens qui , aussitôt qu'on prononce devant eux
le nom de Victor Hugo , vous débitent d'un air narquois celte in-
comparable stupidité , aussi célèbre sur le Danube que sur la Seine :
Où, ô Hugo , liiichera-l-on ton nom ?
Justice enfin rendu que ne t'a t-on?
Quand à ce corps savant qu'académique on nomme ,
Grimperas-tu de roc en roc , rare tiomme ?
Et ce sont des gens qui se croient habiles !
Certes , l'auteur anonyme de celle ineptie dont rougirait même
M. Dechamps , de Bruxelles, professe apparemmenl k plus grande
estiraepour Duclos et Demandre, inventeurs des syllabes physiques,
usuelles et artificielles.
La seule chose pourtant qui résulte de celte merveilleuse inven-
tion, c'est que, grâce à elle, on ne distingue plus , dans la pronon-
ciation , un Maure d'un mort ou d'un mors, un savie d'un sol , un
Ephore d'un effort , la chaire de la chair , un mâle d'un mal , un
pique d'un pic, un poêle d'un poil, un pore d'un porc ou d'un port,
un verre d'un ver ou d'un vers , etc. Cela est-il tolérable aujour-
d'hui surtout que l'art de la parole est le premier des arts?
Pour bien prononcer un mot, il faut le diviser en ses di-
verses syllabes.
Principes d'ÉpellatioUo
Toute consonne soit simple , soit composée , entre deux
voyelles soit simples, soit composées ou nasales, se détache
de la première pour rester tout entière au service de la se-
conde : a-mi-lié (1), ra-pi-de, pa-ro-le, beau-lé,bon-lc,con-sé-
quen-ce , di-vin , di-vi-ne , di-ri-ni-lé, i-ni-qui-lé,i-na-Ué-
na-bi-li-té, é-chan-ger, en-chan-ter, a-na-cho-rè-le, ma-gna-
ni-me , a-gneau , phi-lo-so-phe, sym-pa-thi-ser,
(1) On n'ouvre les grammaires que pour tomber d'une bévue dans une
autre. Voici comment MM. Bescbcrellc divisent ce mol : amili-c. « I^es
cimsonnes ne sauraient seules Former une s_vllabe, » disent-ils, « mais IfS
» voyelles jouissent di- cette pro|)riélé. Ainsi, dans «nn^c les deux voyelli-s
» a, K l'iii-mcnt licux svliabes. ■>
86 «;kammaikk i'rançaise.
11 faut en excepter les mois composés, de formation toute fran-
çaise, comme : r.îi-l-vrant, r.N-or-gueitlir, M\L-ai-sé, mxL-a-droit,
M\i-en-ten-du, s,VR-a-bon-da7it , svR-a-joii-tér , svR-in-ien-dant ,
i.onfi-qtie , etc. ; noots où la division doit toujours se faire entre les
deux parties composantes, comme on le voit ici. Cependant on
trouve, dans le Dictionnaire de VAcadamie, les deux mots su-
ranné, svrérogation , ainsi divisés: su-ranné , su-rérogntion ; et
nous croyons que c'est ainsi , pour plus de facilité, qu'il faut faire
épeier les enfants. Qu'ils disent donc: ma-lai-sé , ma-la-droit ,
su-rin-ten-dant ; mais ils devront toujours dire en-i-vrant , en-or-
gneillir ; à moins qu'on n'ait soin de les avertir que e devant n
sonne ordinairement comme a.
Vy , placé entre deux voyelles , y jouant le rôle de deux i dont
l'un appartient à la première et l'autre à la seconde de ces voyelles,
rend par là même indivisibles aux yeux les deux syllabes formées
par son concours : pays, moyen, rayon. Toutefois, dans l'épellation,
il faut diviser ainsi ces mots : pai-is, moi-ien, rai-ion.
Le double son du x , entre deux voyelles , s'oppose de même à
la division typographique des syllabes qu'il contribue à former :
taxer, exi-ger. Toutefois il est avantageux de faire épeier ainsi:
ia-cser , e-gzi-ger, en faisant observer à l'enfant que le x sonne',
dans taxer, comme es, dans exiger, comme gz. Soixante, mot dans
lequel le x sonne comme ss, doit se diviser ainsi : soi-xante.
Toute consonne qui précède un Z ou un r ne forme, nous
l'avons dit, avec ces liquides qu'une seule et même modili-
cation de la voyelle suivante : a-BLu-fiow, su-BU-ma-tion ,
su-BLiîi-gual , su-BRO-ger, é-cixi-rer, é-CBA's, T)B\-gon, dé-
FLA-GBA-lion , dé-FBO-que , dé-GLV-ti-tion, dé- gb A-da-lion,
KREV-tzer,dé-pLo-r€r, rem-puB, plein, dé-pRA-vè, cELO-ru-re,
a-na-ciiBO-nis-me, pa-ra-vuBA-se , pen-ta-iELE, pa-ra-ti-
TLES, TBAÎS-Si-lif(i).
(1) En latin , naturellement , la division de ce mot devrait être : tbans-
i-it-vus ; car tout mot d'une langue qui entre dans la composition d'un
autre mot de la même langue, conserve son intégrité : ab-6/m-o, K^-ri-pi-o,
ÂD-rc-po , OB-li-go, o'B-rii-o , svh-le-go , svtt-ri-pi-o, etc. Si nous ne divisons
pas de la même manière les mois alilation, abliilion , c'est que ces mots ne
soni plus pour nous des mots composés.
NOTIONS PRELIMINAIRES ET FONDAMENTALES.
S7
Le s fait exception, au milieu des mots : is-lande, is-la-tnis-me,
ïs-ra-el, is-ra-é-li-te.
Le t fait également exception dans \T-lan-ti-que , ki-lan-te ,
AT-Ian-tide, Ar-las, xm-lè-te, xia-lé-ti-que, ATn-lo-tè-te.
Toute consonne, au milieu des mots, qui précède une
consonne autre que l et r , s'en sépare dans l'épellation .-
as-cen-dant, ob-te-nir, par-don, der-nier, jus-ti-ce, sep-tem-bre,
ser-vir, fa-na-lis-me, ver-tu, vier-ge, ter-me, sal-tim-ban-que,
por-te , ex-ci-ter, ex-po-ser, dis-ci-ple, dis-join-dre , ab-cès ,
ac-cès, ad-jec-tif, ag-gré-ga-tion , com-me, per-son-ne, ap-
por-ter, as-sii-rer, a-poph-lheg-me , mné-mo-tech-ni-que ,
diph-thon-gue , dif-fi-ci-le, cal-quer, mar-quer, pres-crip-
tion, sanc-tu-ai-re, sanc-ti-fi-ca-tion, onc-tion,ponc-tu-a-tion.
D'après le même principe, les deux liquides / etr se sépa-
rent également l'une de l'autre : Ar-le-quin , ar-ri-ver, dis-
til-la-tion , etc.
Nous avons déjà dit qu'il ne peut naître aucune intimité entre* et les
deux liquides l, r : ois-lo-ca-tion , Is ra-el.
Gn , dans les mots suivants , forme deux consonnes qui
se séparent :
Ag-nat.
Ag-na-tion.
Ag-na-ti-que .
Ag-nus.
Cog-nat.
Cog-na-tion .
Dé-sig-na-lif.
Diag-nos-Uc .
Diag-nos-ti-que .
Ig-né.
Ig-ni-cole.
Ig-ni-tion.
1-nex-pug-na-ble .
Mag-ni-fl-cat.
Pa - thog - no- mo-ni-
que.
Pig-no-ra-tif.
Prog-né.
Pr< g-nos-tic.
Prog-nos-ti-que .
Ré-cog-ni-tlf.
Reg-ni-co-le.
Stag-nant.
Stag-na-tion.
Naturellement les deux consonnes gn sont, comme toute réunion de
consonnes, inséparables au commencement des mots: Gnide, gno-mon,
gno-mi-de, gno-mi-gue , gno-mo-ni-quc , gnos-ti-que. Partout ailleurs gn
est consonne composée et demeure inséparablement uni à la voyelle
qui le sm\. : Agneau , ca-gnard , igna-me , i-gna-re, i-gno-rant , im-prc
S8 GUAMMAIUE FHANÇAISE.
gner (1), inco/;ni-to {2) , H-gne , magnat, pi-g7ion , si-gnal , si-gtict (^),
lie-gnard, lic-gtiatid (/i), i-gno-mi-nic , etc.
Le m ou II mouillé, fie même que Vy, devrait rendre insépara-
bles les deux voyelles auxquelles il donne le bras ; mais nos ira-
primeurs Irouvenl joli de le scier en deux , comme le prophète
Isa'ie, de manière que chaque voyelle en ail sa moitié : ba-tail-lon,
fa-mil-h. C'est une barbarie digne de MM. Firmin Didot, je veux
dire , du roi Manassès ; mais quant à nous , nous croyons qu'il
faut faire épeler ainsi ba-ta-Ulon, fa-mi-lle, qiie-nou-Ule , feu-ille,
mer-ve-ille. Évidemment , dans ce dernier cas , il faudrait accen-
tuer Ve, qui précède ill : mer-ve-ille, mer-vé-illeux ; et nous ne
voyons pas trop pourquoi cet e y aurait moins de droits que Ve , par
exemple, de règne et de régner. Toutefois , il suffira d'avertir les
enfants que l'e qui précède le il ou ill est toujours accentué , ex-
cepté dans orgueil , orgueilleux , s'enorgueillir (S) , et dans les
mots qui commencent par oeil : œil, œillet, œillère, etc.; tous mots
où l'e, en effet, se prononce comme ei<.
Se, sp , ST, demeurent inséparablement unis après une
voyelle nasale ou l'une des particules ah, ob, sub, per, epi et
cata; con-sciEN-ce, con-scKiv-tion, in-scMf-iion, .san-scRii,
(1) MM. Noël et Cliapsal veulent qu'on prononce ^'/i comme ^'«6-n ,
dans imprégnation. C'est du moins ce qu'ils prétendent dans leur jjram-
maiie ; mais dans leur dictionnaire c'est autre chose. Ces messieurs ne se
souviennent pas de si loin.
(2) Quelques-uns prononcent in-cog-ni-to ; mais à tort, ce mot étant
purement italien , et non plus latin comme le prétendent MM. Noël et
Chaj)sal. Or , gn , en italien , a toujours le son mouillé.
(3) Les grammairiens vous prescrivent de prononcer .'(«/ic< ; mais cette
exception n'a aucune espèce de fondement ; car ce mot vient de signe, et
je ne saclie pas qu'on prononce sine. L'usage de prononcer sinet pour si-
gnet ne peut être l'efTet que de l'ignorance ou de la nonchalance. C'est
grâce à de telles irrégularités que les mots finissent par devenir méconnais-
sables et inintelligibles.
(li) Nous ne voyons pas mieux pourquoi l'on prononcerait jjlutùt Renard,
Renaud, que Regnard, Rcgnaud. Nous trouverions tout aussi naturel de
prononcer Roubaud pour Rousseau. Mais ce n'est pas l'avis de certaine
petite sucrée qui, gouvern;inte dans la même maison où j'étais précepteur,
m'avertissait charitablement de toutes mes fautes, et voulait m'enseigner
la grammaire.
(5) Plusieurs prononcent orgueilleux, s'enorgueillir , et ils ont raison ,
mille lois raison, car, n'en déplaise .i l'Académie , rien de plus irrégulier,
de plus anormal, que de i)rononcer orgueuilleux, s'cnorgueuillir.
.NOTIONS PRÉlIMINAraES ET FODAMENTALES. 80
ob-scÈ-ne , abscisse , in-spi-ra-tion , con-&vi-ra-tion , per~
SFEC-ti-ve , per-svi-ca-ci-té , con-&ii-tu-tion , con-siRui-re ,
con-sTAN-ce, in-siA-bi-U-té , in-STAL-la-tion, m-siRU-wen/,
m-sTRVc-tion, ob-STA-cle, eb-sTi-na-tion, oô-siRuc-f «on, sub-
ST A^-tiel~le-ment , sub-sii-tu-lion , é-pi-&iY-k^ ca-ta-siRO-
phe (1)^ etc.
Rien de plus naturel que de diviser les mots ub-scis-se, obsta-
cle, sub-sti-ttit , comme ou le voit ici, une lettre forte ne pouvant,
on l'a vu , sympathiser avec une faible. Toutefois, la particule abs
étant une préposition latine différente de ab , on fait bien de di-
viser les mots suivants, de celte manière :
ABS-tè-me.
ÂBS-te-nir.
ABS-ten-tion .
Ass-ter-gent .
ABS-ter-ger .
ABs-ter-sif.
ABs-ter-sion .
ABS-ti-fien-ce .
ABS-ti-nent
ABs-trac-tion (2).
ABs-trac-ti-ve-ment.
ABs-trai-re .
ABs-triùs .
Mais pourquoi le mot obscur, dans le Dictionnaire de l'Académie,
est-il ainsi divisé : obs-cur , tandis que la division du mol obscène
y figure ainsi: o6-seène? Cela n'implique-t-il pas contradiction?
(1) Ce n'est qu'avec répugnance que nous présentons ainsi la division de
ces deux derniers mots. S'il faut absolument respecter les racines étymo-
logiques, ignorées du plus grand nombre, alors pourquoi ne pas diviser,
comme il suit, les mots : ad-apler , ad-orer , dés-a^réablc , dés - honorer ,
espérance , in-iisitc, ob-lalion, sub-litnaire , stib-ir , sub -orner , trans-it;
rnon-arfjue, magn-anirne, part-ager, rival-iser, etc. ? On voit combien cela
serait absurde. On ne doit donc considérer, dans l'épellation , dans l.i
division, que la construction matérielle du mot, sans égard au sens, on
doit le diviser nécessairement syllabe par syllabe, non partie par parti<;.
Autrement, comment serait-il permis de diviser é-yst, par exemple, ou
tout autre radical en deux syllabes? En quoi est-il plus déraisonnable de sé-
parer Vs de style pour la mettre à la place qu'elle occupe naturellement dans
la prononciation et dans l'ordre des syllabes, que Vé de épi pour en faire
un son isolé et dénué de sens ? C'est qu'en effet , dans l'épellation , il ne
s'agit que de sons et non pas de sens; c'est que les enfants qui lisent ne per-
çoivïnt en effet que des sons, non des sens. Conformément au principe que
nous avons posé page 87 et que nous avons été sur le point de violer nous-
même, séparez donc dans l'épellation, au milieu des mots, toute consonne
qui, après une voyelle, précèdi: immédiatement une consonne autre que
L et R , ainsi qu'il suit : É-pis-iy-le, é-pis-iro-phe, é-pis-tolaire , cn-tas-tro-
plie, apos-tro-phe, anas-tro-plie, an-lis-tro-plie, a-pos-ta-sie, a-pos-ter , dias-
ty-le, mé-tas-ta se, pc-rip-ncu-monie, pértptè-rc, pc-ris-ty-le, péris-tat-ti-qiie,
prog-nos-ttc , pros-pec-lus , pros-ta-te , an-lip-sori-que , an-ti-scor-bu-ti-que ,
am-phyc-tyon, hé-mis-pliè-rc , al-mos-pUè-re, liy-drop-neu-tna-ti-que, liy-
dros-ta-ti-que , dip-ti-ques , etc., etc.
(2) ion, ien, iel , etc. , sont toujours diphtiiongues en prose ; par consé-
quent , indivisibles.
T. Il- 1-2
90 (.RAMMVinE FRANÇAISE.
Dans l'un des Dictionnaires de M. Noël , on trouve obs-ctircisse-
ment et obscur itc.
Remarquez que , malgré vous , le b se prononce comme p dans ces mots,
à cause de son union avec le s.
C'est sur le même principe qu'est fondée la division des mots
în-ier-sti-ce , sol-sti-ce.
Évidemment, ps serait de même indivisible après une
consonne, au milieu d'un mot •" Ter-vsi-cho-re. Mais et se sé-
parent : arc-li-que , antarc-tique , arc-turus.
II y a des imprimeurs qui prétendent que « deux consonnes qui sont
Jointes ensemble au commencement d'un mol , sont indivisibles lorsqu'on les
rencontre dans l'intérieur.' Cela est complètement faux, car alors il faudrait
diviser de la sorte les mots: e-svÈ-ran-ce, a-spi-rer , ma-sque, Islan-de ,
ju-ste, etc., puisqu'on trouve : spé-ci-fier, squelette, Slaves, statue, etc.
Mais MM. Firmin Didot , plus doux quelquefois, pour ne pas dire plus
polis envers les syllabes qu'envers un pauvre diable d'auteur, ne leur font
jamais subir de telles mutilations. Voyez plutôt Le Livre de Tous.
Delà prononciation des syllabes découle la prosodie.
DE LA PROSODIE (1).
Dans une langue quelconque, les mêmes sons, les mêmes
syllabes se prononcent d'une manière plus ou moins grave
ou aiguë , plus ou moins rapide ou lente , selon les mots où
se trouvent ces sons, ces syllabes , et selon le sens de ces
mots ; en sorte , comme dit Estarac, que la parole, sans être
un chant , a néanmoins une sorte de mélodie qui consiste
dans des tons variés, dans des tenues précises et des repos
mesurés. L'art de prononcer chaque syllabe d'un mot ré-
gulièrement, c'est-à-dire, suivant ce qu'exige chaque syllabe
prise à part et considérée dans ses trois propriétés, qui sont
Vaccent , Vaspiration et la quantité , cet art s'appelle pro-
sodie. Il n'y a guère que la langue grecque et la langue la-
tine dans lesquelles la prosodie soit bien déterminée et bien
fixe.
(1) Du grec /;)'oso</i«, de pros , h, pour, vers, et ôdc , chant.
DE LA PROSODIE. 9^
De rAcccnt.
On entend, généralement, par accent, l'élévation ou
l'abaissement de la voix sur certaines syllabes, les diverses
modifications de la voix dans la durée ou dans le ton des
syllabes.
On appelle accent grammatical ou prosodique , celui dont la
grammaire, dont la prosodie fixe les règles; accent logique ou ra-
tionnel , celui qui indique le rapport , la connexion plus ou moins
gronde que les propositions et les idées ont entre elles : il se marque
en partie par la ponctuation. Enfin on nomme accent pathétique ou
oratoire, celui qui convient a l'orateur pour exprimer ou exciter
les passions. Il est l'âme du discours, il lui donne le sentiment et
la vérité ; c'est sur lui qu'est fondé l'art de la déclamation. Mais
nous n'avons a nous occuper ici que de l'accent des mots isolés, de
l'accent prosodique.
Dans toutes les langues il y a des syllabes sur lesquelles il faut
élever le ton, d'autres sur lesquelles il faut le baisser, d'autres en-
fin sur lesquelles on l'élève d'abord pour le baisser ensuite.
Le ton baut se nomme accent aigu, le ton bas, accent grave, le
ton a la fois baut et bas, accent circonflexe. Nous n'avons pas be-
soin de prévenir que les trois espèces d'accents dont nous parlons
ici doivent être distingués des signes orthographiques qui portent
le même nom.
C'est cette variété de tons, tantôt graves , tantôt aigus, tantôt
circonflexes, qui constitue proprement l'accent grammatical ou
prosodique. Lorsqu'il s'agit seulement de l'élévation de la voix sur
une des syllabes d'un mot, on le nomme accent tonique. On dit
d'une langue qu'elle est fort accentuée , lorsque l'accent tonique
y est très-sensible et très-varié. La langue française est une de
celles qui le sont le moins ; c'est-a-dire que les syllabes, en fran-
çais , sont toutes accentuées d'une manière presque uniforme. S'il
y a un accent tonique , il ne porte que sur la syllabe qui précède
un e muet. Encore cette syllabe , élevée dans une phrase, peut-elle
être baissée dans une autre.
Accent , se dit encore des inflexions de voix particulières à une
nation, aux habilanls de certaines provinces, ou aux gens du peuple,
ainsi que de la prononciation des personnes de province, par op-
position à celle des gens instruits de la capitale.
Accent local. Accent national. Accent gascon. Accent picard .
Accent normand. Accent italien. On cannait à son accent de quel
■province il est. (Acad.) L'accent des gens du peuple, à Paris, est un
peu traînant. ( Id.) // a perdu, conservé son accent. Il a encore de
l'accent.
L'accent gascon élève la voix où , selon le bon usage, il faut la
baisser; il abrège certaines syllabes; il fait qu'on dit par consquent
au lieu de par conséquent, costance au lieu de constance; il change
lo plus souvent les v en b. Exemples :
tf Je suis bénu si bite que mon ange gardien abait dé la peine a
» mé suibre. »
On jeta, à coups de pied , un insolent Gascon du haut d'un es-
calier en bas (I). « Bon, » dit-il , «je nié soucie dé cela comme dé
» rien ; aussi bien^i? boulais descendre. »
Un Gascon vantant sa noblesse , dit : « Cadédis ! dans lé château
» dé mon père , on né se chauffe qu'avec des bâtons dé marchaux
ti dé France, n
Un Gascon dit un jour à quelqu'un : « Prêtez-moi dix écus, s'il
» bout plaît. » — « Mais, monsieur, je n'ai pas l'honneur de vous
t) connaître. » — « C'est pour cela que je m'adresse a vous , car au-
» cun dé ceux qui méconnaissent né beut me prêter. »
Un autre Gascon demandait a quelqu'un de lui prêter six francs,
« Je n'ai que trois livres, » répondit celui-ci. — « Eh bien, donnez
» toujours , ce sera trois libres que vous mé débrez , » dit le Gas-
con.
On demandait à un Gascon de l'argent qu'on lui avait prêté ; le
Gascon dit qu'il n'en avait pas. — « Je vous en ferai bien trouver, »
reprit son créancier avec menace. — « Ah ! rendez-moi ce serbicé ,
^) je wons juré que VOUS serez payé lé premier. »
Un homme venait de prêter à un Gascon de ses amis une somme;
il lui dit : « Faites-moi votre reconnaissance. » — « Ah ! mon ami , »
hii dit le Gascon , « ma réconnaissance sera éternelle. »
(1) On cnlcnd tous les jours dire du haut en Itas de l'escalier. C'est du
fiaul de l'escalier en bas qu'il faut dire. Sinon on fait une faute grave.
DE LA PROSODIE. 95
« Cadédis ! je débrais être dans l'opulence ;
» Maïs je né possède rien. »
— « La raison ? » — « La voici : quand Dieu, par sa puissance,
»Tira tout du néant, il y laissa mon bien. »
«Figeac, savez-vous la nouvelle? »
— «Non, mon colonel, quelle est-elle? »
— « Une étoile que l'on mettra
Sur l'habit du preux le plus digne,
Dorénavant annoncera
Chaque trait de valeur insigne. »
— « Sandis ! pour cet arrangement
» Combien yV dois au ministère ■
» Avant qu'il soit un an dé guerre ,
« Je semhlérai lé Grmament. »
On a déjà vu en quoi consiste l'accent allemand. En voici encore-
un échantillon.
(1 Pourquoi teux exsemplaîres //même oufrache F » deraandait~o»
a quelqu'un. — « Parce que ce lufre est su peau , que je foulais lé
f lure teux fois. »
« Le crâne de Schiller, Jingt florins! — Fingt-ciuque florins!
— Trente florins ! — yltchuché ! »
«Encore un petite crâne. — Té qui? — Té Schiller. — Com-
ment ! té Schiller? — la , /«•'Schiller, quand il était chêne. »
« Pourquoi ce fumier défant fotre borte ? » — « C'est pour em-
bêger lépruit tes g loches. »>
Pour bien parler une langue, ajoutent les grammairiens ;, il ne
faut avoir ni Vaccent gascon , ni Vaccent allemand, ni aucun ac-
cent local ou particulier. En vérité, c'est très-bon à savoir.
De rAspiratton.
On entend par aspiration une certaine prononciation
forte que l'on donne à une lettre, une certaine manière de
prononcer en aspirant.
Les Grecs marquaient l'aspiralion parleur esprit rude, espèce
9i GRAMMAIRE FRANÇAISE.
d'accent; les latins par h, et nous la marquons par la même lettre.
Mais notre // est souvent muet et ne marque pas toujours l'aspira-
tion. Il est muet dans homme , honnête , hérdîne , et marque l'aspi-
ralion dans haut , hauteur, héros. Les Allemands font un usage fré-
quent de l'aspiration; mais, en général, l'aspiration allemande est
si forte, si rude, si gutturale, elle diffère si essentiellement de l'as-
piration française, exlrOmement douce, qu'avec la meilleure vo-
lonté du monde, je ne puis, moi Français, venir a bout de l'exé-
cuter avec précision. C'est assez dire aux Allemands qu'ils ne
doivent pas prononcer h dans Le héros, comme ils le prononcent
pour la plupart dans Der Held, mais d'une manière beaucoup plus
douce, et presque comme s'il y avait simplement Leéros. J'ai dit
pour la plupart; car j'ai rencontré, dans la société allemande,
des personnes dans la bouche desquelles cette aspiration devenait
très-douce, et qui prononçaient i)er Helda peu près comme nous
prononçons Le héros. La prescription la plus nécessaire a cet égard
est qu'il ne faut jamais liei', dans la prononciation, la voyelle aspirée
a la consonne flnale du mot précédent.
De la Quantité.
La quantité est la mesure qu'il faut observer dans la pro-
nonciation des syllabes, dont les unes sont longues et les
autres brèves.
Chez les anciens, les longues se notaient par un petit trait hori-
zontal fixé sur la syllabe : - . Les syllabes brèves se surmontaient
d'un demi-cercle : u. Ce même demi-cercle terminé par deux cro-
chets indiquait les syllabes douteuses : v.
La quantité des sons , dans les syllabes , disent les grammairiens,
ne consiste point dans un rapport déterminé de la durée du son à
quelqu'une des parties du temps, comme à une minute, à une se-
conde , mais dans une proportion invariable entre les sons, laquelle
peut être caractérisée par des nombres ; en sorte qu'une syllabe
n'est longue ou brève, dans un mot, que par relation à une autre
syllabe qui n'a pas la même quantité. « Ainsi . » dit l'abbé d'Olivet,
DE LA PROSODIE. OTj
» les deux médecins de Molière (1), dont l'un allonge excessivement
» les syllabes, et dont l'autre bredouille, ne laissent pas d'observer
» tout naturellement la quantité; car, quoique le bredouilleur ait
» plus vite prononcé une longue que son camarade une brève, tous
» les deux ne laissent pas de faire exactement brèves celles qui sont
» brèves, et longues celles qui sont longues ; avec cette différence
» seulement qu'il faut à l'un sept ou huit fois plus de temps qu'à
» l'autre pour articuler, »
En un mot, la durée des sons se mesure par comparaison.
Les grammairiens distinguent la quantité physique ou naturelle
et la quantité artificielle.
B La quantité physique , » disent-ils, « est la juste mesure de la
T» durée de la voix, dans chaque syllabe de chaque mot, que nous
» prononçons conformément aux lois du mécanisme de la parole
» et de l'usage national.»
Cela n'est pas plus clair ni plus précis qu'il ne faut ; mais appa-
remment que cela veut dire qu'une syllabe est longue ou brève na-
turellement , selon que l'articulation en est plus ou moins aisée ,
plus ou moins coulante, et qu'elle devient longue ou brève par l'u-
sage, si , dans le son qui la constitue, le mécanisme de la pronon-
ciation n'exige ni longueur, ni brièveté. 0, par exemple, est bref
dans catholique , la liquide étant trop douce pour faire obstacle au
passage rapide de la voix sur la syllabe suivante. Au contraire, dans
le mot songe, \a voix nepouvantpasseraussirapidementde la pre-
mière syllabe à la seconde, la voyelleon y estlongue naturellement.
C'est pour la même raison que de deux voyelles consécutives, la
première est brève, et que toute diphthongue est longue. Il est évi-
dent que la diphthongue miel exige un peu plus de temps pour
être prononcée que la syllabe sel. Dès lors il est facile de comprendre
que a dans âme n'est long que par l'usage seulement , puisque rien
ne s'oppose à la prononciation rapide de cette voyelle.
« La quantité artificielle, » ajoutent les grammairiens, « estl'ap-
» précialion conventionnelle de la durée de la voix dans chaque syl-
» labe de chaque mot , relativement au mécanisme artificiel de la
» versification métrique et du rhythme oratoire.»
Ici, quoique les grammairiens vous recommandent de ne pas con-
fondre l'accent avec la quantité, nous dirons pourtant que la quan-
(1) L'Amour Médecin ( acte ii , scène v).
flO GRAMMAIRE FRANÇAÎSE.
tilé, dans les langues modernes qui en ont une , n'est guère autre
chose que l'accenl.
Les Allemands , par exemple, ont des vers métriques; or, de-
mandez-leur sur quoi se fonde leur mètre , sinon sur l'accent. Et
qu'est-ce que la quantité relative au mécanisme artificiel du rhythme
oratoire, sinon l'accent oratoire lui-même? Oui , l'accent oratoire,
qui , tout en faisant mieux ressortir les langues, donne aux brèves
plus de corps et de consistance , et transforme parfois les brèves
en longues et les longues en brèves; c'est-à-dire que c'est l'accent
oratoire lui seul qui règle véritablement notre prononciation , en
y mettant toute la variété dont elle est susceptible.
Il est certain que l'accent tonique, très sensible et très-varié dans
l'italien, par exemple, et dans l'allemand, est presque nul dans
notre langue , où chaque syllabe . nous l'avons déjà dit, est accen-
tuée d'une manière presque uniforme; en sorte que les deux sylla-
bes du nom Gogol y produisent deux émissions de voix tout à fait
égales; tandis qu'en russe elles sonnent presque comme s'il y avait
Gog'l. La première syllabe de ce mot , sur laquelle porte l'accent
tonique, est donc longue par rapport à la seconde , qui, par consé-
quent, est essentiellement brève. J'ai donc raison , quand je disque
la quantité , dans les langues qui en ont une , n'est guère déter-
minée que par l'accent.
Or, d'après ce seul exemple, pouvons-nous nous flatter d'avoir
un accent prosodique, une quantité? puisque nous prononçons Go-
gol au lieu de Gog'l. Nos voyelles étant toutes clairement accen-
tuées, excepté l'e muet, sont donc toutes un peu plus ou un peu
moins longues, et il n'y a donc que l'e muet qui soit bref. Cela est
si vrai que nous traduisons par l'e muet toute syllabe brève des au-
tres langues. C'est ainsi que de rôsa nous faisons rose, de vëndf;rë,
vendre, de Hanôvèr , Hanovre, de Drêsden , Dresde. La syllabe
be dans lobelen répond parfaitement à la même syllabe du mot fran-
çais tomberont , car elle souffre élision dans l'une et l'autre langue.
Dire aux étrangers que o est bref dans catholique, chocolat, c'est
les induire à prononcer catholique, choc'lat, en appuyant fortement
sur la première syllabe et élidant la seconde. Cela ne leur arrive
que trop souvent, faute d'avoir reçu de bons principes, et je puis
affirmer qu'il y a un prédicateur belge , très-couru , qui prononce
le mot catholique toujours ainsi : Caath'lique.
Je ne prétends pas qu'il n'y ait aucune différence dans la valeur
respective de nos syllabes; mais cette différence est si peu appré-
DE LA PROSODIE. 07
ciable à l'oreille , si peu sensible , qu'il est absurde de vouloir la
délermiuer par des règles fixes et invariables. Demandre et l'abbé
d'Olivet l'ont tenté, mais vainement (i). Ils eussent fait aussi bien
de travailler à fixer les flots de l'Océan ou les sables du Sahara ;
(1) Comme nous n'avons nullement la prétention de persuader ceux qui
ne veulent pas être persuadés, et comme il y aura toujours des aveugles qui
nieront la lumière, pour qu'ils n'aient pas à nous repioclur la perte d'une
chose pour eux si précieuse, nous allons reproduire ici dans toute leur in-
tégrité les principales règles données par l'abbé d'Olivet.
« l" Toute syllabe dont la dernière voyelle est suivie d'une consonne finale qui
» n'est ni 5 ni s est brève : sàc, nectar, sel, fil, pot, tuf, etc.
• 2° Toute syllabe masculine, brève ou non au singulier, est toujours longue au
• pluriel : des sâcs, des sêls, des pots, etc.
» 11 faut excepter de cette règle les substantifs qui n'ont ni 5 ni 3 au pluriel: dans
» numéro , te Deum, kirschwnsser, etc., la dernière syllabe n'est pas plus longue au
» pluriel qu'au singulier ; c'est le * ou le ; qui rend la syllabe longue.
• 3° Tout singulier masculin , dont la finale est une des caractéristiques dn pluriel,
» est long: le temps, le nëz, etc.
» 4° Quand un mot finit par un / mouille', la syllabe est brève : évenlàil, avril, ver-
» mëil, quenouille, ( comment l'o de quenouille peut-il être bref?) fauteuil.
»5°Quand les voyelles nasales sontsuiviesd'une consonne^î<i«'ei"</)fli /n /ewr^ro-
• pre (*) , c'est-à-dire , qui n'est ni m ni n , et qui commence par une autre syllabe,
• elles rendent longue la syllabe où elles se trouvent :ya/n6e,yâm6on, crâtnie,
- trembler, peindre, joindre, tomber, humble, etc.»
Evidemment les voyelles nasales , beaucoup plus sonores que les voyelles
ordinaires, demandent un peu plus de temps pour être prononcées, mais
cela tient à leur nature même, à leur sonorité ; d'où il suit que l'abbé d'O-
livet confond ici la qualité avec la quantité.
- 6° Quand les consonnes m on n , qui servent à former les voyelles nasales, se re-
» doublent, cela rend brève la syllabe à laquelle appartient la première des consonnes
« redoublées, qui demeure alors muette et n'est plus nasale: cpigrâmme, consonne,
•■ personne, qu'il prenne, etc. -
Quoi de plus naturel que cela? puisqu'ici la nasalité disparaît complè-
tement. Certes, cette dilTérence de quantité n'a besoin, pour être saisie,
d'aucune étude , d'aucun effort, et s'observe de soi-même, sans qu'on y
pense. Je m'étonne que l'abbé d'Olivet n'ait pas fait nn livre pour prouver
que le m ne se prononce pas comme le k. C'eût été une chose pour le moins
aussi utile à l'humanité que sa prosodie et que les feuilletons de J. J.
» 7° Toute syllabe qui finit par r, et qui est suivie d'une syllabe commençant par
• toute autre consonne, est brève : barbe, barque, berceau , in firme, ordre, etc.
» 8° Quelle que soit la voyelle qui précède deux r, quand ces deux lettres ne for-
•• ment qu'un son indivisible , la syllabe est toujours longue : arrêt, barre, bl-ârrc,
•• tonnerre, etc.
" Çf Entre deux voyelles , dont la dernière est muette , les lettres 5 et - allongent la
>■ syllabe pénultième : bâsc, cxtâse, diocëse, bêtise, franchise, rose, épouse, etc.
» Mais , si la syllabe qui commence par une de ces lettres est longue de sa nature,
(■) Cela esl-il français ■■
T, II. lô
98 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
car, v6ril.il)le image de l'cspril français, la quantité de notre langue,
puisque quantité il y a , n'est pas moins inconstante , pas moins
changeante que les sables et les flots.
Ainsi l'on dit, de l'aveu même des prosodistes , d'éternelles
» elle conserve sa quanlilé, et souvent l'aiite'pénultième devient brève : il s'exlâsiC,
» pesée, épousée, etc.
•• lo" Un /• ou un s prononcé qui suit une voyelle et précède une antre consonne,
• rend toujours la syllabe brève -.jaspe, masque, astre, burlesque, funeste, barbe,,
» berceau, etc.
» 11° Tous les mots qui finissent par un emuet, immédiatement précédé d'une
» voyelle, ont leur pénultième longue : pensée, armée, jôle, i'envdie, je lotie, i\joûe,
» la rue, \antie, etc.
" Mais, si dans tous ces mêmes mots l'e muet se cbange en é fermé , alors la pénu].
» tième, de longue qu'elle était, devient brève : louer, muer, etc.»
Évidemment le passage de la voix sur une voyelle pure est des plus ra-
pides; mais qu'est-ce que cela prouve en faveur de la quantité? De même
si la syllabe vie est plus longue dans eni le, que vi dans envier, ce n'est pas
d'après une prétendue règle de quantité , mais parce que la combinaison
vie comprend deux syllabes dont la dernière, quoique faible, ne laisse pas
qne derendre un sourd mUimure rendu très-distinct par le chant. La voix ,
sur la syllabe vi , n'étant pas encore au bout de sa course, se prolonge
jusque sur l'e final : de là sa longueur relative. Sans cela quel avantage y
aurait-il à ne pas écrire, selon l'avis de M. Landais, envi au lieu de envie?
Et comment, dans les vers, envie et vie pourraient-ils constituer deux rimes
féminines ?
« 12° Quand une voyelle finit la syllabe et qu'elle est suivie d'une autre voyelle qui
» n'est pas l'e muet^ la syllabe est brève : crëé, féal, action, liàir, doué, tué, etc.»
Mais cette règle se trouve comprise dans l'observation précédente.
En vérité il faut avoir bien du temps de reste, pour le prodiguer dans des
questions si oiseuses. Si c'est là ce qui a ouvert à M. l'abbé d'Olivetles
portes de l'Académie, il faut convenir, encore une fois, que les portes de
cet Olympe ressemblent beaucoup à celles du paradis; en sorte qu'il est bien
plus étonnant de voir M. Victor Hugo académicien , que de voir Jules Ja-
nin ne pas l'être. Certes , les calembours et les lazzi de ce dernier valent
pour le moins autant que la prosodie de M. l'abbé d'Olivet ou le fameux
madrigal du comte de Saint-Aulaire , lequel eut seul plus de puissance,
vous le savez, que toute la poésie sublime de Ballanche et la ravissante phi-
losophie d'Alfred de Vigny.
Bref, voilà donc en quoi consiste le système de M. l'abbé d'Olivet; ce
fameux système qui, pour parler comme MM. BescbereJle, a traversé tant
de siècles sans trouver de contradicteurs, et qui a eu pour partisans déclarés,
et pour propagateurs même, des écrivains d'un si grand mérite. Que ceux qui
ont l'oreille assez fine pour trouver une différence entre Le sac et les sacs ,
Le sel et les sels. Le pot et les pots. Le cliefet les chefs ; que ceux qui crai-
gnent séiieusement que la confusion ne se mette entre ces expressions: Cent
ACBES de terre et des humeurs acres ; Avant le déluge et Le premier dimanche
det'wB^iT; Manche é/'alêine et L'haleine du zéphyr; Bailler <i ferme et
Bâiller d'ennui ; Le bât d'un âne et // rat son âne; Une beauté ravissante
et Un chat iiÔTTÉ ; La boîte n Perrette et Vn cheval qui boîte; Un bon rfc
DE L.V PROSODIE. 99
amours et des amours éternelles, des caresses perfides et deperfïdes
caresses, de stériles attentats et des attentats stériles. « La raisoa en
» est simple, » dit Demandre lui-même , « c'est que devant un re-
» pos, quelque léger qu'il soit, la voix a besoin de soutien , et que
» ce soutien se prend ordinairement sur la pénultième, dans la pro-
» nonciation de laquelle la voix, se préparant à tomber totalement,
» traîne plus ou moins sensiblement, selon la qualité du repos et le
» ton de la prononciation.»
M. Lemaire venant à notre aide, ajoute: «On donne comme
» règle générale que la prononciation able est brève dans tous les
» adjectifs. Nous admettons que cela puisse être vrai dans: aimable
» enfant , mais dans ce vers de Racine :
» Je te plains de tomber dans ses mains redoutables ,
» ne serait-ce pas faire un contre-sens d'harmonie que de ne pas
» rendre longue et très-longue cette finale choisie de préférence
» par le poète. »
Nous serons plus clair et plus précis. Nous dirons que , dans le
premier cas , la quantité de cette finale dépend tout entière du sen-
timent avec lequel on la prononce; que, dans le second cas , elle
est déterminée par le seul mécanisme des organes de la parole.
Il suit de ce qui précède que dme rime fort bien avec flamme .
trône avec couronne, pôle avec épaule, grâce a\ec trace, etc., puis-
que la syllabe qui précède l'e muet , dans ces mots , ainsi rejetée à
la fin du vers, est celle qui doit prêter à la voix le soutien dont parle
Demandre, et qu'ainsi elle devient forcément longue.
Peut-il rester quelque doute à cet égard? quand on entend les
grammairiens vous dire sérieusement que la pénultième du mot
honnête, brève dans Un honnête homme, redevient longue dans lin
homme honnête.
Certes, si quelqu'un a senti toute l'importance et toute la valeur
mille francs et Un bô«d de chevreau ; /I/omcheh ami ut Mangeur de ce k m hu-
maine; Le claIr de la /wne et Le clerc d'un notaire; Se promener au coûas
et Jouer dans la coub ; Il craïnt Dieu et Les crins de la queue ; Ci'Ïr d'An-
gleterre et CuÎRE de la viande; Tu fais et // fait; Nous fûmes et y'e fume ;
— ,. , ^„ j ^ — , ^„ ..^^ .^j, ,.„„„.„.v,, cju ..^
en fassent leurs choux gras; pour moi je l'abandonne sans retour, convaincu
que la véritable prosodie consiste, en effet, plutôt dans le mélange heureux
des sons que dans leur durée.
KM» GR.VMMAIKE FRANÇAISE.
de la rime, dans noire versilicalion; si quelqu'un a porlé loin le
culle de la rime exacte , de la rime riche , ce sont les modernes ,
c'est surtout Virlor Hugo. Cependant Victor Hugo lui-même , plus
compétent , je crois, en fait de prosodie, que les grammairiens ,
n'hésite pas à conjoindre , au bout de son vers , toujours si sonore ,
si harmonieux, de prétendues longues avec de prétendues brèves.
Exemples :
Et chacun vers son but , la marée à la grève,
La foule vers l'argent, le penseur vers son rcve ,
Tout a continué de marcher, de courir,
Et rien n'a dit au monde : Un roi vient de mourir.
D'où vient donc que le Dieu qui punit Babylone
Vous Fait à pareille heure éclore au pied du trône i*
Et qu'avez-vous donc fait, ù pauvres innocents !
La vieillesse couronne et la ruine achève.
II faut à l'édifice un passé dont on l'êve.
11 faut que le fronton s'effeuille comme un arbre.
Il faut que le lichen, cette rouille du marbre ,
De sa lèpre dorée au loin couvre le mur ;
Et que la vétusté , par qui tout art s'efface ,
Prenne chaque sculpture et la ronge à la face ,
Gomme un avide oiseau qui dévore un fruit mûr.
Dans sa fournaise pcle-n^ûle,
11 fond , transforme et renouvelle
Cette science universelle
Qu'il emprunte à tous les humains ;
Puis il rejette aux peuples blêmes
Leurs sceptres et leurs diadèmes ,
Leurs préjugés et leurs systèmes.
Tous tordus par ses fortes mains.
Bien souvent le passé couvre plus d'un secret ,
Dont sur un mur vieilli la tache reparaît.
Pour la première fois quand près de vous je vins ,
Ce fut un jour doré. Ce souvenir , madame ,
A-t-il, comme en mon cœur, son rayon dans votre âme?
Je n'y veux pas songer, car le repos vous plaît ;
Mais mon œil endormi ferait, s'il le voulait ,
De tous ces fronts jaillir des flammes !
Puisqu'ici bas toute âme
Donne à quelqu'un
Sa musique, sa flamme.
On son parfum ;
Puisqu'avril donne aux chênes
Un bruit charmant ;
Que la nuit donne aax. peines
L'oubli dormant ;
DE LA PROSODIE, ^0^
Je te donne à cette heure,
Penché sur toi ,
La chose la meilleure
Que j'aie en moi.
Elle allait et passait comme un oiseau de famme.
Mettant sans le savoir le feu dans plus d'une ànie.
Nous sommes là, savants, poètes, pêle-mêle.
Pendus de toutes parts à sa forte mamelle;
Et tandis qu'affamés, avec des cris vainqueurs,
A tes sources sans fin désaltérant nos coeurs,
Pour en faire plus tard notre sang et notre âme.
Nous aspirons à flots, ta lumière et ta flamme.
Les feuillages, les monts, les prés verts, le ciel bleu (l).
Toi sans te déranger , tu rêves à ton Dieu.
Près du pêcheur qui ruisselle.
Quand tous deux , au jour baissant,
Nous errons dans la nacelle.
Laissant chanter l'homme frêle
Et gémir le flot puissant ;
Dis? d'où vient qu'à chaque lame.
Comme une coupe de Cel ,
La pensée emplit mon âme?
C'est que moi je vois la rame
Tandis que tu vois le ciel !
Chacun, c'est la loi suprême.
Rame, hélas! jusqu'à la fin.
(1) J'ai entendu un grand seigneur , qui se pique de littérature , se ré-
crier de mépris à ce vers : « Est-ce qu'on ne sait pas que les prés sont verts,
que le ciel est bleu?» Mais, sauf le respect que je doisà Votre Excellence,
monseigneur, les prés ne sont pas toujours verts, le ciel n'est pas toujours
bleu.
Le même personnage trouvait cet autre vers de Tictor Hugo souverai-
nement prosaïque:
Yieillard, va-l'en donner mesure au fossoyeur ;
de même que celui-ci :
Partout on voit maicber l'ide'e en mission.
Le noble Aristarque prétendait de môme que , pour ne pas répéter deux
fois la même expression dans le même vers, au lieu de :
O vous , sainte patrie et sainte liberté ;
M. Victor Hugo aurait du dire :
O vous, duitce patrie et sainte liberté !
Ou bien encore:
O vous , sainte patrie et douce liberté !
Toutes les critiques qu'on entend sur Yiclor Hugo, dans la société,
sont absolument de la même force. Cela me rappelle mes flol s d'harmonie
et ma coupe de miel, alliances monstrueuses, qui m'ont vaUi, dans la petite
ville de Monl-brison, tant de fines railleries de la part des lettrés du lieu.
Et c'est ainsi que, comme les martyrs, les auteurs sontlivrés aux bêtes.
102 GKAMMAIHE FRANÇAISE.
Pas d'homme, ô l'atal problème!
Qui ne laboure ou ne sème
Sur quelque chose de vain.
Tous les ans, en flots d'or,
Ce murmure, cette ombre, ineffable trésor,
Ces bruits de vent qui joue et d'arbre qui tressaille.
Vont s'enfouir au fond de ton coffre qui bâille.
Dieu ! la mort ! mots sans fond qui cachent un abîme ;
L'épouvante saisit le cœur le plus sublime.
Dès qu'il s'est hasardé sur de si grandes eaux.
Tous ceux qui de tes jours orageux et sublimes
S'approchent sans effroi.
Reviennent en disant qu'ils ont vu des abîmes
En se penchant sur toi.
Laisse en ce noir chaos , qu'aucun rayon n'éclaire ,
Ramper les ignorants ,
L'orgueilleux dont la voix grossit dans la colère
Comme l'eau des torrents ;
La beauté sans amour dont les pas nous entraînent ,
Femme aux yeux exercés.
Dont la robe flottante est un piège où se prennent
Les pieds des insensés.
Quimporte ! je m'abrite en un calme profond ,
Plaignant surtout les femmes;
Et je vis l'œil fixé sur le ciel où s'en vont
Les ailes et les âmes.
Jusqu'au jour d'éclater, plus proche qu'on ne croit ,
Ne te dépense pas. Qui se contient s'accroît.
En attendant, demeure impassible et sereine.
Qu'aucun pan de ta robe en leur fange ne traîne.
L'échafaud vieilli croule, et la Grève se lave.
L'émeute se rendort. De meilleurs jours sont prêts.
Le peuple a sa colère et le volcan sa lave
Qui dévaste d'abord et qui féconde après.
Jeune homme au cœur royal, soyez toujours ainsi
La porte qui fait dire au pauvre : C'est ici!
La main toujours tendue au bord de cet abîme
Où tombe le malheur, d'où remonte le crime.
J'écoute avec Vâme
Cet cpitlialame
Que chante la mer.
Je t'adore ange et t'aime femme.
Dieu qui par toi m'a complété
A fait mon amour pour ton âme
Et mon regard pour ta beauté.
Les biens que je donne à qui m'aime
Jamais Dieu ne les retira.
DE LA PROSODIE. ^ 05
L'or que sur le pauvre je sème
Pour le riche au ciel germera.
Un ver ronge ma grappe mûre ;
Toujours un tonnerre murmure
Derrière mon vague horizon.
Mais! hélas! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
Sort cruel !
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel.
Soyez comme l'oiseau posé pour un instant
Sur des rameaux trop frêles,
Qui sent ployer la branche et qui chante pourtant,
Sachant qu'il a des ailes.
Rien ne se heurte en vous ; tout se tient avec grâce ;
Votre âme en souriant à votre aspect s'enlace.
Si je n'invoque pas d'autre autorité que celle de M. Victor Hugo,
c'est quelle doi( suffire , je crois , aux plus rebelles , aux plus ob-
stinés ; M. Victor Hugo étant, on le sait, de tout nos poètes présents
et passés, celui qui s'est le plus attacbé à l'harmonie de la rimç,
comme à celle du nombre et du rhythme.
M. de Lamartine lui-même eût été récusé, sous ce rapport, lui
qui fait rimer sans scrupule algue avec vague, amer avec amer ,
fier avec altier, hymne avec sublime {\).
Delille , Voltaire , et jusqu'à Racine , ont traité la rime avec en-
core plus de dédain. Boileau lui seul , excellent versificateur en
même temps que grand poète , ne rimait pas moins parfaitement
que Victor Hugo. L'exemple suivant, qui pourrait s'appuyer sur
cent autres, doit donc être de quelque poids :
Un auteur à genoux, dans une humble préface,
Au lecleur qu'il ennuie a beau demander grâce.
Mais M. l'abbé d'Olivet trouve ces deux vers inexcusables. Que
répondre à cela?
Non, rien de plus chimérique que les règles de quantité posées par
nos grammairiens. Non, malgré les montagnes de mots et de phrases
(1) Mon féminin professeur de grammaire, dont j'ai parlé ci-avant, très-
enthousiaste de Lamartine, voulait me persuader, à cette occasion, de pro-
noncer hyme au lieu de hymne.
■\04 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
entassées sous celle question , rien n'est moins évident, rien n'est
moins palpable. Encore une preuve de leur néant.» Â est long, »
disent-ils, «quand il est employé pour dénombrer une lettre de l'al-
» phabet : Une panse rf' , Un petit Â; Il ne sait ni  ni 6; mais
» quand il marque la troisième personne du verbe avoir, ou qu'il
» sert de préposition , alors il est bref: Il a dit, Il a un livre, Il est
» A table. Je vais a Paris, ni Outre qu'il faut avoir l'oreille subtile
pour saisir la différence qui existe entre ces divers a, il est vrai-
ment absurde d'en faire découler une règle absolue. Pourquoi l'a
est-il long dans les trois premiers exemples? parce qu'il y est pour
la voix un point de repos. Pourquoi la est- il bref, au contraire,
dans II A tin livre. Je vais a Paris ? parce que la voix ne peut s'y
arrêter, pressée qu'elle est d'arriver à l'objet principal de la pensée.
II en est de même de toutes les prépositions , ainsi que de l'article
et des adjectifs soit possessifs, soit démonstratifs, lesquels mots ne
signifiant rien par eux-mêmes, s'effacent autant que possible, dans
la prononciation , devant les véritables signes de la pensée. Il est
certain que la terminaison our sera plus brève dans Je pars pour
Paris que dans J'ai dans le cœur un céleste amour.
Voilà donc a, troisième personne du verbe avoir, au présent de
l'indicatif, bref dans // xun livre; mais le sera-t-ilau même degré
dans ce vers :
J'admire la jeunesse et sa vivacité.
Sans arrêt , sans raison , que de défauts elle a.
Cette jeunesse ! (Molière.)
Mais, je le répète , ce sont là des nuances si peu sensibles, pour
ne pas dire insaisissables , qu'il est inutile de s'y arrêter davan-
tage , d'autant plus qu'elles s'observent de soi naturellement, d'a-
près le sens de la phrase et la position des syllabes.
Sans doute il serait absurde de prononcer :
Arrôle, lâche, arrête >
comme s'il y avait : Arrête la charrette ; mais, encore une fois, la
différence qu'il faut nécessairement observer ici, dans la pronon-
ciation, dépend bien plus du sentiment que delà prosodie.
Les seules prescriptions vraiment utiles sont les suivantes.
Ï>E LA PROSODIE. J 03
Règles de Quantité.
Excepté Ve muet, dans certains cas dont nous parlerons en
leur lieu, toute syllabe française, nous l'avons dit , est ac-
centuée, c'esl-à-dire, plus ou moins longue ou plus ou moins
brève, comme on voudra, mais jamais longue, mais jamais
brève à la manière des syllabes latines ou grecques , dont
une longue valait deux brèves, comme en musique une
blanche vaut deux noires.
Deux brèves , en effet , ne demandaienl pas plus de temps qu'une
longue pour être prononcées. Pour s'en convaincre on n'a qu'à
battre la mesure , en prononçant , selon les lois de la prosodie la-
tine, le vers suivant:
Ti I tyrë \ iû \ putii | lôë | rëçii \ bons | sîib \ tëg | mînê \ fi \ gi.
Cet autre vers, quoiqu'il ait dix-sept syllabes :
Quàdr u pédante pûlrêrtx sônîlû quâtît ângiilà câmpûm y
n'est pas plus long à prononcer que celui-ci qui n'en a que treize :
Et fontes sâcrôs , fr'tgûs câptâbïs ôpâcâm.
Chez nous , rien de semblable. Chaque syllabe y est presque de
la même longueur; et peut s'en faut que l'observation suivante du
P. Lami ne soit l'exacte vérité, du moins par rapport à nous : «Dans
» les langues vivantes,» dit-il, « on s'arrête égalementsur toutes les
» syllabes; ainsi les temps de la prononciation de toutes les voyelles
» sont égaux. » Même notre e muet , notre brève par excellence ,
bien que la voix ne puisse s'y soutenir, acquiert pourtant par sa
position entre deux consonnes, surtout dans le corps du vers , ou
du moins imprime à la consonne qui le précède un son assez clair,
assez distinct , assez fort pour remplir exactement la mesure de
toute autre syllabe , quelque longue qu'elle puisse être. Ainsi la
mesure de ce vers rempli d'e muets ,
Être franc ce n'est pas dire tout ce qu'on pense,
ne diffère que pour le mouvement — de la mesure de celui-ci, où
il n'y en a pas un seul :
Qui sait où commença leur essor glorieux?
Or, tant qu'on ne mettra pas plus de temps , mesure en main
T. II.
I0(; r.UAMMAIHE FRANÇAISE.
pour (Jiie un vers que l'autre , on ne peut donc pas prétendre qu'il
y ail des longues et des brèves. Il y a des syllabes plus ou moins
sonores, plus ou moins sourdes , plus ou moins appuyées, des syl-
labes dont, par cela même, le mouvement est plus ou moins traî-
nant ou plus ou moins vif, mais il n'y a pas des syllabes longues et
des syllabes brèves, il n'y a pas des blanches et des noires, des
croches et des doubles croches.
Excepté sur Ve muet, appuyez donc à peu près également
sur chaque syllabe, afin de ne pas confondre, par exemple,
estacade avec estocade , n'ayant égard qu'à la quantité phy-
sique , d'après laquelle vous serez bien forcé malgré vous
d'appuyer un peu plus sur es que sur ta ou ca, sans que cette
première syllabe puisse s'appeler pour cela proprement lon-
gue par rapport aux autres. Le seul mécanisme des or-
ganes de la parole vous fera de même distinguer travail de
travaille, vil de vile^ avec de avecque , encor de encore , fatal
de fatale, sel de selle, c'est-à-dire qu'en prononçant chaque
syllabe comme il convient , sans égard à la quantité , sans
préoccupation , sans effort , vous appuîrez toujours bien
plus sur vaille que sur vail , sur vile que sur vil, etc. ,
puisque la voix doit nécessairement s'étendre jusque sur
Ve muet de ces mots ; et la prétendue quantité des gram-
mairiens se trouvera ainsi observée naturellement.
Ceux qui figurent la prononciation de ce vers :
Brune aux yeux de lotus , blonde à paupière noire,
de cette manière :
Brune aux yeux de lotttsse, blonde à paupière noire ,
n'ont pas la moindre idée de la valeur des sons. C'est pourtant là le
système de M. Landais et de tous les figuraleurs de la prononcia-
tion.
Mais celte consonne finale se prononce si légèrement, si rapide-
ment et si conjointement avec la voyelle qui la précède, que les
poètes n'hésitent pas, par exemple, à faire rimer ces sortes de mots
avec ceux-là même dont la dernière consonne est tout à fail muette.
Exemples :
DE LA PHOSODIE. 107
J'ai vu , seigneur, j'ai vu votre malheureux fils
Traînés par les chevaux que sa main a nourris. (Racine.)
Mon premier est cruel quand il est solitaire,
Mon second, moins honnête , est plus tendre que vous.
Mon tout à votre cœur, dès l'enfance, a su plaire,
Et , parmi vos attraits , c'est le plus beau de tous (1).
(Voltaire.)
A ce bruit qui jadis vous eût fait rugir tous :
— Le roi de France est mort ! — d'où vient qu'aucun de vous.
Comme un lion captif qui secouerait sa chaîne,
Aucun n'a tressailli sur sa base de chêne ? (Victor Hugo.)
Moi je n'affligerai pas plus , ô Charles dix ,
Ton cercueil maintenant que ton e\i\ Jadis! (Id.)
Il faut que le vieillard, chargé de jours sans nombre ,
Menant son jeune fils sous l'arche pleine d'ombre,
Nomme Napoléon comme on nomme Cyrus ,
Et dise en la montrant de ses mains décharnées :
« Vois cette porte énorme ! elle a trois mille années.
» (^est par là qu'ont passé des peuples disparus ! » (Id.)
Hélas ! tes blanches mains , à défaut de les fils ,
Pressent sur ta poitrine un sanglant crucifix. (Id.)
Sur un bloc de Paros,
Tu t'assieds face à face avec tous ces héros. (Id.)
Son vengeur après lui , le grand Germanicus ,
Vient voir comme on vaincra ceux qu'il n'a pas vomctw.
(Corneille.)
Ira-t-il se jeter parmi les glaives nus.
Et rejoindre en mourant Euryale et Nisus ?
(Le Brun.)
Au compte de M. Landais, comment les vers que l'on vient de lire
pourraient-ils subsister? Comment surtout le suivant pourrait-il se
tenir un moment sur ses pieds?
Sparte! Léonidas ! Botzaris ! Démosthènes!
M. Landais, en effet, en figure ainsi la prononciation :
Ceparcle ! Léonidace ! Bolzarice! Démocelhènes !
(1) Le mot de celle cliaiadc est vertu.
JttS GUAMMAIRK FRANÇAISE.
J'ai Vil l)icn des choses en ma vie, mais je n'ai encore rien vu
de pareil. Jai vu bien souvent l'absurdilé triomphante , grâce aux
recommandations de tel journal que mon libraire craint de nommer;
mais que la France entière en vînt à s'atteler ainsi, devant toute
l'Europe, à son char de triomphe, en vérité je croyais à la France
plus d'esprit et plus de bon sens.
O |)ublic vraiment judicieux, qui professes tant de mépris pour
la poésie et pour les poètes ; qui , plutôt que de jeter un morceau
de pain à Gilbert ou à Chatterton, les laisses mourir de faim et de
désesj)oir dans un hôpital ou dans un grenier, tandis que tu combles
d'or et d'honneurs des bouffons de tréteaux et des saltimbanques;
ô public d'un goût si sûr et si délicat , qu'une pirouette de danseuse
ou le plus grossier lazzi d'Arlequin charme plus que toute la poésie
sublime de Victor Hugo ou de Lamartine ; ô public vraiment res-
pectable, vraiment digne qu'on donne aux œuvres qui te sont des-
tinées toute la perfection désirable, vraiment digne qu'on use sa
vie dans des travaux que tu apprécies si bien ; ô public cruel et
borné, barbare satrape, jouis donc, applaudis-toi donc, enivre-
loi de ton bonheur; car te voilà, je l'espère, servi à souhait. Le
Dictionnaire des Dictionnaires , la Grammaire Nationale, \e Dic-
tionnaire National, sont en tout point dignes de tes préférence^.
Mords-y donc de toutes tes dents , régale-t'en bien , lèche-t'en les
doigts et les lèvres (1).
(1) Mon libraire se plaint de mon linmeur satirique. Mais la conduite du
public n'estelle pas bien belle en elTet ? Ne mérite-t-il pas bien
Qu'on lui parle à geiiyux dans une humble préface?
Allons donc ! le but de ce livre éiiiinemmcnt moral et philosophique ne
serait qu'à niditit- rempli , si , plein de zèle et de dévouement pour ce pu-
blic bénin qui croit tout ce qu'on lui dit, qui donne en plein dans les
plus grandes extravagances, ténioia les Dccouixrlcs dans la lune, je ne cher-
chais pas en passant à lui arracher le bandeau des yeux.
D'ailleurs j'ai assez vu, j'ai assez vécu, j'aiassezsouffert, j'ai été assez ca-
lomnié, assez persécuté , assez trahi , pour n'élre pas tous les jours d'une
humeur de rose. Les hommes m'ont l'ait assez dujjc et assez victime; ils
ont jeté dans mon âme assez de douleurs, d'angoisses, de désespoirs, de
ténèbres, de charbons ardents, d'amertumes et de poisons, pour que les lar-
mes qui s'en écha[)])ent malgré moi ne soient pas toutes de sucre ou de miel.
L'abîme qu'ils ont creusé sous mes pas (eux seuls, car Dieu n'y est pour
rien, Dieu m'a toujours, au contraire, envoyé un ange pour m 'arracher de
leurs mains meurtrières), cet abîme est assez profond , pour que le cri
qui en sort de temps en temps ne soit pas aussi gai qu'une grimace de J. J.
Celui qui, doue du cœur le plus tendre, le plus aimant, j'ose le dire,
de l'âme laplus candide, s'est vu constamment la dupe et la victime de ses
affections, de sa tendresse, de sa confiance; — celui qui, pendant qu'il
DE LA PKOSOUIK. i OU
Non, une consonne, qu'elle soit avant on après une voyelle, ne
sert qu'à modifier celte voyelle, sans emporter avec soi le son de
l'erauel. Toute la différence qu'il y a, par exemple, entre pffl et ap,
c'est que le son^pof éclot sur les lèvres , qui s'ouvrent pour le laisser
échapper hors de la bouche , tandis que le son ap y expire au con-
traire sans pouvoir se prolonger au delà. F.es lèvres se ferment sur
lui et ne s'ouvrent plus que pour dormer passage à quelque autre
lettre, qui, en s'élançant à travers les organes du b, les fait ré-
sonner, en effet, de leur sou naturel, mais sans l'intervention d^au-
comblait son ami d'éloges, pendant qu'il se dévouait pour son ami, était
noirci , calomnié , trahi par cet ami ; — celui qui , par excès de bonté , de
délicatesse, de dévouement, a jeté un jour tout son bonheur, tout son avenir
dans le gouffre de Curtius ; — celui qui , assez naïf à vingt ans pour aller
humblement demandei- un peu de sympathie littéraire à tel de nos fameux
écrivains, n'en recevait qu'un accueil plein de morgue et de suffisance ;,
— celui qui a entendu de la bouche d'un de nos plus célèbres critiques t
i Donnez-moi 600 fiancs, et l'on vous élèvera, si vous le voulez , au-dessus
de Lamartine et de Victor Hugo même ; » — celui qui a respiré un jour l'air
infect de la littérature et du journalisme et qui a pensé en mourir de dé-
goilt ; — celui q\ii , dégoûté d'une réputation que l'on n'acquiert que par
de si vils moyens , s'est volontairement retiré de l'arène et vcilontairement
exilé, pour s'occuper laborieusement, consciencieusement , dans l'ombre
et la solitude, de grammaire et de lexicographie , sans que son zèle , son.
assiduité, ses efTorls , s(;s veilles , ses sacrifices de toutes sortes , lui aient
encore valu un seul regard du gouvernement; — celui qui a v\] son meil-
leur ami M. le chevalier Adoljjlie de Rubelles manquer de tout dans une
prison où l'avait plongé sim généreux dévouement à une cause que les au-
tres ne servent qu'avec lâcheté et par égoïsme , par intérêt; — celui quia
vu partout la stupidité opulente fouler aux jiieds le mérite pauvre, la sottise
damer le pion à l'intelligence, la crapule en carrosse éclabousser la vertu à
pied ; — celui qui a vu et souffert tout cela et bien d'autres choses encore
qu'il ne peut répéter ici; — celui qui n'a rencontré de toutes paris qu'é-
goïsme , cuj)idilé, bassesse, arrogance, corruption;— celui qui s'est
senli froissé, blessé , meurtri , dechiie dans toutes les parties de son cœur
et de son âme ; — celui qu'on a léduit, à force de douleur, à douter de tout,
exce|)té de Dieu et delà religion; — celui qu'on a rendu assez malheureux pour
ne plus croiie à l'amitié, pour ne plus rien espérer sur la terre, poursouhailer
souvent qu'un de ses ennemis lui é})argn à t, en lui ôtant la vie, un crime auquel
il lépugneet qui l'a souvent tenté : le suicide;-- celui quia senti le sol manquer
sous ses pas ; — celui qui, persécuté, haï pour ses sentiments chrétiens par des
chrétiens mêmes *, n'a trouvé un peu de calme et de repos qu'au sein d'une
■ Le titre de Tout, ce lÏTic si pur, si moral, si chrétien, ce livre animé des sentiments de la clia-
rilé la plus ardente, qui n'a d'autre but qut: de consoler ceux qui soulirenl, de relever les conditions
humbles, de rappeler les riches it les puissants aux devoirs que rhumanité et la raison leur impo-
sent^ ce livre dont le journal La Franre a dit qu'il renfermait des pensées dignes de Pascal , que
VUnivers n'a pas craint d'appeler un beau livre^ n'a pourtant valu à son auteur que des haines et des
persécutions, tout comme s'il se fut agi du livre le plus immoral, le plus obscène , le plus subversif.
Voyez plutôt le Journal de Bi-uxelles des 15 et 21 février 1841, ainsi qu'un numéro de VAm! de la Re-
ligion, du mois de 'uin île la même année. I,'.-<mi de la Religion sciait liitn mieux nnnnné l'Ennemi de
la Religion.
110 OKAMMAIKE FRANÇAISE.
ruii c muet. Soil le mol apte , où l'oreille la plus délicate u'enlcri-
ilra jamais que deux sous ailioulés, el qu'où ne saurait eu aurun
cas prononcer comme s'il y avait apele.
C'est que \'c muet n'est pas muet, comme on le prétend. Il pro-
duit, au contraire , un son très-clair, très-ilistinct, mais doux,
mais léger , mais flottant. C'est une bulle d'air sonore lancée avec
force par la syllabe précédente, el qui se suspend légère à l'aile
d'une consonne, mais se brise au choc d'une voyelle ou tombe
avec le vers, avec la phrase, faute d'appui.
Ainsi grec ne sonne point comme grecque , soupir comme sou-
noble famille jnive; — celui-là, enfin , qui a vu les plus saintes qualités de
son cœur tourner contre lui, les jihis nobles sentiments de son âme s'a-
monceler en orage sur sa tête ; — celui-là, enfin , qui a tant gémi, qui a tant
soiiffiTt, doit avoir le droit d'être un peu bourru, ou J. J. n'aurait pas celui
d'être si éminemment b(niffon ; il doit avoir le droit d'éclater parfois , mal-
gré lui , et jusque dans les moments qui le comportent le moins , en larmes
et en sanglots , ou J. J. n'aurait pas celui d'éclater de rire.
Moi ménager tel ou tel individu , tout enflé de sa renommée et de son
bonheur, comme une omre pleine de vent! quand c'est lui qui a porté
le premier la main sur mes illusions , quand c'est lui qui a jeté la
première goutte de fiel dans le lait virginal de mon âme 1 En vérité, il fau-
drait pour cela que les hommes ne m'eussent rien pris de ma débonnaireté
primitive. Il faudrait que j'en fusse enc(jre au jour oii je croyais à la géné-
rosité de J. J. et au patriotisme du Journal des Débals. Les temps sont bien
changés. Alors mon avenir était pourpre et rose. Aujourd'hui !... hélas !!1
Mol pailer à genoux devant un public giossier qui n'a pas même l'in-
stinct du chien , qui ne distingue pas le bien du uial , ses amis de ses enne-
mis ! qui , tandis qu'il n'a pas assez d'applaudissements , assez d'or , assez
de couronnes, pour tel jonglein- ou tel baladin, laisse Homère mendier par
les bourgs, le Camoens mourir de f;iim dans la rue, Otway expirer sur la
paille dans ungrenier, Gilbert et Moreau s'éteindie àl'ombre d'un hôpital !
Moi, lui parler avec douceur et humilité, à ce public imbécile ou ingrat,
qui laisse le Tasse manquer de chandelle pour écrire ses vers , l'Ariosle
manquer d'un manteau, Corneille et Adanson manquer de souliers , Le
Sage manquer de tout dans sa vieillesse 1
Digne public 1 de quelle vile matière était donc faite l'âme de celui qui
s'abaissa le premier jr.squ'à te l'aire la cour !
En vérité, le Journal des Débals et J. J. n'ont-ils pas mille fois raison
de se moquer de loi, de te faire la nique à ton propre nez?
Digne public! qui, après avoir donné en plein dansles Découvertes dans la
Lune , dans le Dictionnaire de Landais el autres [lanneaux des libraires et
des journalistes , n'a pas encore rougi une seule l'ois de sa niaiserie , et qui
mord encore tous h'S jours à l'hameçon doré de MM. Firmin Didot 1
Digne public ! moi , te parler a genoux, tète nue , l'air soumis et res-
pectueux; moi, m'abaisser devant toi au rôle de vil courtisan ; moi, m'hu-
milier devant toi comme ce pauvie Dagobert devant l'ignoble bourgmestre
de Mockern , pour en obtenir , au bout du compte, ce qu'il en obtient, lui,
ce cœur ferme et droit, de cette âme versatile et credtde ! Helas ! quoi que je
pusse faire ou dire, si humble que fût ma posture, si affable quefùl ma parole.
DE L\ PROSODIE. I I I
pire, vol comme vole, celhtle comme cellelule, arum comme
arôme. Le son de la voyelle qui précède une consonne finale ex-
pire sur les organes propres à cette consonne, et voilà tout. Si cette
consonne rend parfois un son assez clair , elle le doit à la lettre
qui lui succède et qui lui imprime une vibration qu'elle n'aurait pas
eue autrement.
Qu'auraient dit les Latins, qui n'avaient pas d'e muet , si Quin-
liiien ou Cicéron avait voulu leur persuader qu'ils prononçaient
pesalemiice, au lieu depsalmus?
si navrant que fût le tableau de ma position, de ma misère, quelque in-
térêt que pût t'inspirer au premier abord la vue de mes deux gracieuses filles.
Rose et Blanche, c'est-à-dire, Amertumes el Consolations, et Fleurs du Da-
nube, aux traits remplis d'innocence et de cliarme , —hélas \ plus perspi-
cace que Dagobert, je sais d'avance que tout cela ne me servirait de rien ;
et que le dompteur de bêtes aura toujours sur ton esprit plus d'influence
que moi, pauvre diable, comme m'appelle Jules Janin,-- que moi qui n'ai
ni sou ni maille, ni titre ni rang, par quoi je puisse t'eblouir et l'in-
fluencer.
Grand Dieu ! moi , compter sur le bon cœur et la justice du public! Il
en donne , en effet . tous les jours de si belles preuves !
IMoi , lui dire de mon air le plus souriant et le plus avenant : o Vous avez
"trop bon coeur, monsieur le public, et vous êtes trop juste pour me
«donner tort. » ! Moi , me faire ainsi l'encenseur de cette idole de boue!
n'attendez pas cela de moi , monsieur mon libraire.
Le public n'est il pas déjà bien heureux que j'use ma santé et ma vie
pour son avantage î que je me voue cor[)S et âme à son dur service ? que je
sacrifie à son goût mes goûts les plus chers ? que je renonce à la poésie qui
ne lui plaît pas pour lui construire une grammaire dont il a le plus grand
besoin? que je descende des régions de mes rêves pour me mêler a ses
fanges ? que je m'efface entièrement pour le faire luire ? que je fasse ainsi
pour lui ce qu'aucun autre n'a fait avant moi ? que je me diminue ainsi et me
rapetisse jusqu'à lui apprendre son a b c , à ce grand enfant, qui ne sait
pas encore lire , on le voit, — bien loin qu'il comprenne quelque chose à
la magnifique poésie de Victor Hugo , de Lamartine, d'AU'red de A igny ,
d'Alfred de Musset, de Desbordes Valmore , d'Anaïs Ségalas, d'Her-
mance Lesguillnn , de Louise Collet , d'Élisa Mercœur, d'Hcgésippe Mo-
reau, d'Antonin Roques, etc. Faut-il encore queje me mette à ses genoux
pour le prier humblement d'accepter le superbe présent que je veux lui
faire? Peut-être serait-il assez arrogant, assez impertinent, pour ne pas me
répondre. Mon présent , le voilà. S'il le veut qu'il le prenne. S'il n'en veut
pas qu'il le laisse. La postérité, moins aveugle , le ramassera. Je sais d'a-
vance que je n'ai rien à attendre de lui que dédain et indifférence ; et
c'est pourquoi je lui répète, pour toute prière, ces vers de mes Amer-
tumes :
Insensé que je suis ! insensés que nous sommes .'
Hélas ! que pouvons-nous atlcndre ici des iiommes?
Des hommes que l 'orgueil rend aveugles et souids,
Qui jjour nous renverser se pendent à la corde ,
Qui versent l'iionie où la douleur de'hordc
F.l ricanent toujours !
112
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Pour la prononcialion du ;; inilial de ce mot, les lèvres se dis-
posent comme si elles voulaient proférer quelqu'un des sons pa,pe,
jii, po, pu, etc. ; puis, forcées de s'ouvrir subitement pour donner
passage à la voix , elles lui impriment, de concert avec les organes
dus, une modilicalion double, mais indivisible; en sorte que
le son a , dans la syllabe psal, passant à la fois par les organes du p
et du X pour aller mourir sur les organes du l , se trouve ainsi mo-
difié de trois manières différentes, sans pour cela produire autre
chose qu'un son unique : pçal.
Évidemment le son au est plus accentué, plus vibrant,
plus long , si l'on veut, au commencement et dans le corps
des mots qu'à la fin.
Aubade.
Cauchois.
Gaucher.
Paulettc.
Aubaine.
Causer.
Haut.
Pauline.
Audience.
Chaud.
Hauteur.
Paumer.
Augée.
Chaux.
Jaunisse.
Paupière.
Aujourd'hui.
Chauffer.
Laudatif.
Raucité.
Auniusse.
Cliausser.
Loyauté.
Royauté.
Aunage.
dualité.
Maudire.
Sauvage.
Auparavant.
Dauber.
Maugréer.
Sauver.
Autocrate.
Embaumer.
Maupiteux.
Taudis.
Autour , oiseau de
Faubourg.
Naufrage.
Thaumaturge
proie.
Faucher.
Naulage.
Vautour , etc
Auvent.
Faux.
Nouveauté.
Baudrier.
Frauder.
Nausée.
Ainsi ne prononcez pas sauf comme sot , paumier comme
pommier, etc. Au, dans la plupart de ces mots, sonne
presque comme deux o qu'on prononcerait en diphthongue,
c'est-à-dire d'une seule émission de voix.
Beautru , pour se venger d'une insulte qu'il avait reçue du duc
d'Epernon , publia un livre qui avait pour titre : Les Hauts faits
DU DUC d'Epernon, et dont tous les feuillets étaient en blanc.
Le mot FÉLICITER était tenu pour barbare a la cour, lorsque Bal-
zac entreprit de l'y accréditer . « Si le mot féliciter n'est pas en-
core français, écrivait-il, il le sera l'année prochaine; M. de Vau-
gelas m'a promis de lui être favorable. »
Dans un pur souvenir chastement embaumée ,
Ils gardent au fond d'eux l'âme qu'ils ont aimée.
(Th. GACTisa. )
DE LA PROSODIE. ^^3
Un autocrate qui fait le bonlieur de ses sujets n'est qu'un heu-
reux accident. (Alexandre I".)
Comme la première source de V autorité vient de nous , les rois
ne doivent en faire usage que pour nous. (Massillon.)
Ne faites pas a autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît
a vous-même. {^Morale païenne.)
Le jugement de l'homme est presque toujours faussé par l'in-
térêt.
L'Éternel a maudit la royauté par la bouche de son prophète Sa-
muel. (BOISTE.)
Devant une syllabe muette au est plus ouvert, mais par
cela même peut-être un peu moins sonore. Cause ne ré-
sonne pas comme causer. Toutefois gardez-vous bien de
prononcer paume comme pomme.
L'herbe pousse plus vite au cœur que sur la fosse ;
Une pierre , une croix , le terrain qui se hausse.
Disent qu'un mort est là ;
Mais quelle croix fait voir une tombe dans l'âme.
(Th. Gautikh. )
A la place où tu dors l'herbe sera plus haute. ( Id, )
Il me semble perdre de sa sonorité caverneuse dans au-
rore et quelques autres, sans cesser pour cela d'y être for-
tement accentué.
Oui, mes vers eusssent-ils tout l'éclat de l'aurore.
Cela ne vaudrait pas encore
Un rayon de votre beauté. ( L. N. Fleurs du Danube, )
Au, à la fin des mots qui ont plus d'une syllabe, ne rend
plus guère qu'un son sec et bref comme celui de tout o
final.
Aimons , soyons deux. Le sage
N'est pas seul dans son vaisseau.
Les deux yeux font le visage »
Les deux ailes font l'oiseau. ( Victoh Hugo,)
T. Il, 15
I I î r.UAMMAIRE FRANÇAISE.
Mais personne ne dit, voyant un mort de l'âme:
Paix et repos sur loi ! l'on refuse à la lame
Ce qu'on donne au fourreau;
L'on pleure le cadavre et l'on panse la plaie ,
L'âme se brise et meuri sans que nul s'en effraie
Et lui dresse un lombcau. ( Th. Gautier. )
Ail, contraction delà préposition à et de l'article le„ est
toujours plus bref, la voix ne pouvant s'y arrêter entraînée
qu'elle est par la pensée vers le substantif qui le suit.
Al résonne de même plus fortement au commencement
et dans le corps des mois qu'à la fin. Il y a, par exemple,
une grande différence entre la première et la seconde syl-
labe de y aimai, entre II s'aide et il cède.
C'est qu'on est bon , vois-tu , quand on aime.
(L. a. Amertumes el Consolations.)
Aide-toi , le ciel i' aidera.
L'iiomme croit aisément ce qu'il craint et ce qu'il désire.
La jalouse^ critique se pâma à' aise lorsqu'on lui fit voir des taches
dans le Soleil. (Cité par Boiste.)
Il faut plutôt faire ce que l'on sera bien aise d'avoir fait que ce
que l'on est bien fl/^e de faire. (Trublet, cité par fîo/^^e.)
Ma gloire serait sans rivale ,
Mon sort ferait mille jaloux.
Si ces vers , où mon cœur s'exale ,
Plaisaient , madame , autant que vous.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Ai me semble perdre un peu de sa sonorité devant les
liquides / ou r, suivies d'un e muel.
11 y a dans le monde littéraire^ disait Linguet, des cirons qui
grattent l'épiderme des bons ouvrages pour -^ faire naître des am-
poules.
Puis où donc la trouver cette âme de mon âme,
Ce cœur que dès long-temps mon pauvre cœur nclame ,
Cette vierge candide aux cils d'or, au front pur,
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES 115
Ce bel :inge aux yeux doux aux foruies diaphanes.
Qui veuille m'emporter , loin des souffles profanes ,
Et me prendre avec lui dans ses ailes d'azur?
( L. N. Amertumes et Consolations. )
Nous vous recommanderons aussi d'appuyer un peu plus
mrtête, par exemple, que smteUe^mr pâte que sur patte,
sur tâche que sut tache , etc. ^ mais, en général, la nuance
qui sépare les voyelles ainsi accentuées de celles qui ne le
sont pas est si peu sensible, qu'il serait presque ridicule de
s'y arrêter. Sûrement l'oreille ne saisit aucune différence
entre flamme et âme, entre II fut et Qu'il fût.
L'accent circonflexe indique bien moins la longueur
d'une voyelle que la suppression d'une lettre. C'est pour-
quoi, parmi les mots en ème , il n'y a que ceux oîi il y a
suppression de lettre auxquels l'Académie ait conservé cet
accent. Même , suprême , extrême , s'écrivaient autrefois
mesme , supresme , extresme.
De ce qu'on vient de lire il résulte donc clairement que la langue
française n'a pas de prosodie proprement dite, c'est-à-dire, de
quantité ; car les faibles nuances de sons que nous sommes par-
venus à saisir çà et là ne sauraient suffire pour justifier cette asser-
tion de M. l'abbé d'Olivet , que nous avons une quantité aussi sûre
que quelque langue que ce soit.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
Des Accents.
Les accents qui , chez les Grecs , marquaient l'élévation
ou l'abaissement de la voix sur chaque voyelle, ont perdu
parmi nous leur ancienne destination : ce ne sont plus à no-
tre égard que de purs signes orthographiques.
Les accents sont au nombre de trois : \J accent aigu (')»
marqué par un trait diagonal qui va de droite à gauche ;
H G GK.VMMAIKE I HA.NÇAISE.
Vaccent grave ('), figuré par un trait diagonal qui va de
gauche à droite, et Vaccent circonflexe {') , formé de la réu-
nion des deux autres.
Vaccent aigu se met sur Ve dit fermé ou aigu, lorqu'il
termine une syllabe : gé-né-rosité, é-lc-valion. Ansi Aimer,
nez , s'écrivent sans accent aigu , parce que ce n'est point
l'e fermé, mais les consonnes r,z, qui terminent la syllabe.
Uaccent grave se met sur le dit ouvert, lorsqu'il termine
une syllabe : -pè-re , mè-re, ou quand il précède un 5 final :
procès, succès.
On le met aussi sur à , préposition , pour le distinguer de
a , troisième personne du singulier du présent de l'indicatif
du verbe avoir. On le met également sur là, adverbe, pour
le distinguer de la, article, sur où (1), adverbe, pour le dis-
tinguer de ou, conjonction, et sur dès, préposition de temps
et de lieu, pour le distinguer de des , article composé.
L'accent grave, figure encore dans les motspà, deçà,
déjà , holà , voilà , extra , ultra.
Vaccent circonflexe, se met sur quelques voyelles lon-
gues où il indique la suppression d'une voyelle, comme
dans âge, rôle, etc. {aage, roole), ou celle d'un 5, comme
dans âne , cloître, tête, etc. {asne, cloistre , teste, ).
Âne,
autrefois
A.tne ,
du latia
Asiniis.
Août,
—
Aoust ,
Auguslus.
Apôtre,
Apostre ,
Apostolus
Bâiller,
—
Baailler ,
—
Badare.
Cloître,
Cloistre,
Claustrum.
Côte,
Coste,
—
Costa.
(1) Le jeune Wilhelnj de W., âgé de dix ans, enfant plein d'esprit
et d'intelligence, me demandait l'antre jour pourquoi, dans ce mot , l'ac-
cent se met plutôt sur Vu que sur \'o. Puis, sans me laisser le temps de lui
répondre, il ajouta, d'nn air espiègle: «parce que sur Vo (l'eau) il se
noierait. » Je ne sache pas un calembour de M. de Bièvre ou de J. J.,
qui soit plus joli que celui-là.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
H?
Epis Ire,
du latin
Epistola.
Estre ,
—
Esse.
Feneslre,
Fcncslra.
Feste,
—
Festiim,
Fiist,
—
Fui s se t.
Gottsl.
_
G us tu s.
Hospital ,
—
Hospitium,
Hosle,
—
Hospes.
Inlérest ,
hilerest.
Jeusne ,
Jcjunium.
Meur ,
. —
Maturus.
Naistre ,
—
Nasci.
Nostre ,
Noster.
Prestre,
—
Presbyter.
Roote ,
—
Bot tt lus.
Supresme,
—
Superrimus.
Seur ,
—
Securus.
Tempesle ,
Tempeslas.
Teste ,
Testa.
Tosl ,
de l'italien.
Tosto. Etc., etc.
£ pitre, autrefoi
Être, —
Fenêtre, —
Fête , —
Quil fût , —
Goût , , —
Hôpital , —
Hôte , —
Intérêt, —
Jeûne , —
Mûr, —
Naître , —
Nôtre (le) , —
Prêtre , —
Rôle , —
Suprême , —
Sûr, —
Tempête , —
Tête , —
Tôt, -
Ici , comme toujours, les grammairiens avouent leur impuissance
à déterminer par des règles quelles sont les syllabes longues où il
faut admettre l'accent circonflexe. Pour moi, je vais du moins l'es-
sayer.
Une excellente remarque à faire d'abord , c'est que l'ac-
cent circonflexe ne figure le plus souvent que devant l'une
des cinq consonnes l, n,m, l,c , sur les voyelles a, e, ai,
i, o,u , eu , ou, 01 (1 ) \ jamais sur y, ni sur au ; jamais sur-
tout devant une consonne redoublée, par la raison bien
simple que le redoublement est un signe de brièveté pour
la voyelle qui précède.
L'accent circonflexe ne figure, à la fin des mots, que
sur les syllabes ât, et , ait , H , \nt, ôt , ût, oût, oU, 1° dans
un petit nombre de substantifs et d'adverbes, 2° à la troi-
sième PERSONNE singulière DU PRÉSENT DE l'indicatif de quel-
ques verbes et 3» à la trosième personne de l'imparfait du
SUBJONCTIF de tous les verbes.
(1) On se rappelle que nous avons demandé de pouvoir, pour plus de
simplicité, classer cette diphthongue parmi les voyelles composées. L'a-
vantage s'en fait déjà sentir ici, car l'accent circonflexe ne figm-e guère sur
une vraie diphthongue.
]\S
(J UAMM.VIIIE FUANC.VISE,
Tableait «les Voyelles accentuées d'un accent circonflexe.
-at
-ôt
AppiU.
AcqiiCt.
Bat .ie mulet
Apprêt.
D.gàt.
AlTCt.
Màtae^av.re
B<iu;t.
Forêt.
Genêt.
Inlérêt.
Prêt.
Protêt.
Têt , mor-
ceau de pot
cassé; crâBe.
ait -îtet-înt -ôt
At -oilt -oît
SUBSTANTIFS ET ADVXRBKS
Dcpùt. Affût. Août.
Entrepôt. Fut, futaille; Coût.
Impôt. de colonne DégOÙt.
Prévôt. Goùt.
Rôt. Ragoût.
Suppôt.
Aussitôt.
Bientôt.
Sitôt.
Tantôt.
Tôt.
VERBES.
Troisième personne du jircsent de l'indicatif.
Accroîtou
Croît du
bétail.
Surcroît.
Il vêt.
Il revêt.
Il dévêt.
1 plaît.
1 déplaît.
1 complaî;
Il naît.
Il paraît.
Il connaît.
Etc.
c-gît.
Il clôt.
Il éclôt.
Il enclôt.
Il déclôt.
Il accroît.
Il croit.
II décroit,
II recroit.
Troisième personne de l'imparfait du subjonctif.
Qu'il aimât.
— chantât.
— changeât
— envoyât.
— parlât.
— Travail-
lât. Etc.
Qu'il hait , qu'il ouït, font exception.
L'accent circonflexe se conserve devante,
mots ci-dessus :
Qu'il finît.
Qu'a eût.
— dormît.
— lût.
-offrît.
— reçût.
— prît.
— courût.
— vendît.
— mourût
— vètît;etc.
— dût.
Qu'u vînt.
— accrût.
— tînt; etc.
Etc.
I
(
dans tous les dérivés des
Appâter,
Acquèter.
Bâter.
Apprêter.
Débâler.
Arrêter
Initier.
Arrclisle.
G à 1er.
Prêter.
Màler.
Prêteur.
Démâter.
Têtard.
Mâtcreau ,
Tête.
petit mât.
Têtière.
Mâture ;
Têtu.
etc.
Entête.
Elêler.
Fêtir.
'•i vêts.
Tu Vils; elc
Naître.
Connaître.
Paraître.
Je paraîtrai
etc.
Gîie.
Gîter.
Prcvôtal.
Prévôté.
Rôtir.
Rôti.
Rôtisserie.
Rôtisseur.
Rôtissoire.
Clôture;
etc.
Affûlaf;e.
Affûter.
AJfûliau.
Aonter.
Coûter.
Goûter.
Dégoûter.
Dégoûtant.
Ragoûtant;
etc.
Croître.
Décroître
Recroître ,
etc.
r>ES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
^lo
A ces terminaisons masculines, ajoutez cril, de croître, dû, de devoir, elsoiîl,
sur, mïir, ainsi que leurs dérives et composes : crûment , dûment , indûment ,
rrdû, soûle, soûlant, soûler , sûreté , sûrement, miîrir. Accru, indu , font
exception , par la raison qu'ils ne peuvent donner lieu a aucune équivoque.
Mais pourquoi l'Académie écrit-elle tu , participe passé de taire, sans accent
circonflexe?
Ajoutez-y encore les deux locutions latines ab hoc et ah hâc , vice versa et
l'interjection ô.
La première et la seconde personne du pluriel au passé défini des
verbes, ont leur pénultième (1 ) syllabe marquée d'un accent circonflexe.
Nous aimâmes, nous finzmes, nous reçi/mes, nous vend/mes; vous aimwtes,
vous fin/tes, vous reçûtes, vous rendztes.
FEM'ni.TIEMES SYLIiABES.
Les mots suivants ont leur pénultième marquée d'un accent circon-
flexe.
■âte
A la liâte.
Pâte.
Je tâte.
Je gàtt, déjj
cité.
-ôte
Arête.
Bète.
Crête.
Fête.
Honnête.
Quête.
Tempête.
Tcte , déjà
cité.
Vous êtes.
-aîte
Faîte.
■îfe
Gtle , déjà
cité.
-ôfe
Côte.
Hôte.
Maltôte.
-Ate
Flûte.
-oîte
Boîte.
Benoîte ,
plante.
-oûte
Croûte.
Voûte.
Les gens d'esprit sont quelquefois bien bêtes. Mais les
bêtes jamais ne seront gens d'esprit.
Il se conserve dans leurs dérivés et composés :
Giter, dé
Hâter.
Hâte tir ,
Hâtif.
Hâtivcati.
Hâtiveté.
Pâteux.
Pâtisserie.
Pâtissier.
Tâter.
Tâtonner.
A tâtons ;
etc.
Abêtir.
Arêtir.
Embêter.
Crête.
Ecrêter.
Fêter.
Honnêteté,
Malhonnête
Conquête.
Requête.
Enquêter,
Tempêter.
Entêté ;
etc.
Faîtage ,
Tuile faitièrc
Enfa'ileau.
Enfaîtemeni
Enfaiter.
Côté ,
Côtelette.
Côtier.
Côtière.
Côtoyer,
Pentecôte.
Hôtesse,
Hôtel,
Hôtellerie.
Hôtelier.
Maltôtier;
etc.
Flûter.
Flûteiir,
Flûteau.
Emboîter.
Embotture,
Déboîter.
Dé boî te-
ntent.
Encroûte.
Voûté.
Hàtez-Yous lentement.
(BOILEAU.)
Vartgâte la nature, au lieu
de l'embellir, dès qu'il veut
dominer. (F. Bacon.)
L'accent circonflexe se perd dans/(?'^oj<?7-, bétail, hébéter et coteau.
(2) Avant- dernière; du latin pcnè, presque , et ultima , dernière.
120
OKAMM.VIHE FRANÇAISE.
-àtre
AlI)Atie,et
t-ou3 couxen
dire :
Bleuâtre.
Blanchâtre.
Emplâtre.
Folâtre.
Idolâtre.
Opiniâtre.
Pàlrc.
Plâtre.
Théâtre.
Je châtre.
Etc.
-être
Ancêtres
Champêtre
Chevètre. -
Fenêtre.
Guêtre.
Hêtre.
Prêtre.
Keître, ca-
valier alle-
mand.
Salpêtre.
Je dépêtre.
Être, verbe.
-aîtrc
N.iître , et
tousceusen
aitrc :
Apparaître
Comparai -
ire.
Connaître .
Paître.
Repaître.
Maître.
Traître.
Ailres d'une
maison (1).
■ître
Belitre.
Épitre.
Huître (2).
Regître (3)
-dire
Apôtre.
Le, la nôtre.
Patenôtre,
Le, la vôtre.
-oître
Cloître.
Croître,
■outre
Dans les grandes affaires, on doit moins s'ap-
pliquer a faire naître des occasions qu'à profiter
de celles qui se présentent.
( La Rochefoucault.)
Dérivés et composés des mots précédents
Folâtrer.
Idolâtrer.
Idolâtrie.
Opiniâtreté
Plâtrier.
Rep lâtrage.
Replâtrer.
Thiâlral.
Châtrer.
Etc.
Archiprètre
Enchcvre-
trer.
Dépêtrer.
Empêtrer.
Salpctrer.
Salpêtrier.
Salpêtriére.
Guêlrier,
Bien-être.
Peut - être.
Etc.
Je paraîtrai
11 paraît ,
Enregîtrer.
déjà cité.
Maîtresse.
Maîtrise.
Maîtriser.
Traîtreuse-
men^Etc.
Le plus grand leurre des
hommes, c'est l'avenir; per-
sonne ne connaît mieux cette
vérité que l'astrologue.
Cloîtrer.
Cloî trier,
cloîtrai.
Il croît ,
déjà cité.
L'accent circonflexe de l'infinitif être ne se maintient^, dans les autres
temps de ce verbe, que sur la seconde personne du pluriel du pré-
sent de l'indicatif : vous êtes.
Âne.
Crâne.
Mânes.
-ône
Alêne.
Chêne.
Gêne.
Gênes, viiii
Pêne.
Rênes d'ur
cheval.
Troène.
Chaîne.
Faîne, fruit
du hêtre.
Je traîne.
Je dîne.
Ancône ,
ville.
Aumône.
Cône.
Prône.
Le Rhône ,
fleuve.
La Saône ,
rivière.
Trône.
-une
-oine
(1) L'Académie écrit Êtres , bien que ce mot dérive du latin Atria.
(2) C'est la seule diphthongue, avec oc Ad^ns poêle, et ui dans puîné , qui soit marquée
d'un accent circonflexe.
(3) Pourquoi supprimer le s de ce mol el de beaucoup d'aulrcs? A force d'euphonie ,
on aft'oiblit la langue, on la rend molle , effémluéc ; sourde.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
I2i
Dérivés et composés
A}iicr.
Anessc.
Ancc.
Péricrânc.
Epi crâne.
Crâncr'te.
Crânement
Alênler.
Gêner.
Chaînon.
Chaînette.
Enchaîner.
Enchaîne-
ment.
Déchaîner.
Déchaîne-
ment.
Traîner.
Traînée.
Entraîner .
etc.
Dîner.
Dînée.
Dînette.
Dîneur.
Aiimôner.
Aumônier.
Prôner.
Trôner.
Détrôner.
L'histoire n'offre qu'un
long enchaînement àe crimes
et de vengeances.
(BOISTE.)
âme
Ame.
Blâme.
Fâme.
Infâme.
Il se pâme.
Nous aimâ-
mes, déjà
-ême
Baptême.
Barème.
Blême.
Brème,
ville.
Carême.
Chrême.
Extrême.
Même.
Suprême.
Il se chême
■aime
Abîme.
Dîme.
i\au.s prîmes
déjà cité.
Âme abjecte ! c'est
ta triste philosophie
qui te rend semblable
aux bétes.
(J. J. RODSSEAD. )
Dérivés et composés :
Blâmer.
Blâmable.
Se pâmer.
Pâmoison.
Blêmir.
Extrême-
ment.
Abîmer.
Dîmer.
Dimeur.
Brantôme.
Côme ,
Pacôme ,
nom propre.
Vendôme.
Dôme.
La Drôme ,
rivière.
Fantôme,
Jérôme,
nom propre.
Os m a zô me
Symptôme
Je chôme.
Chômer.
■ûme
Nous reçû-
mes , déjà
cité.
Qu'une fimiiie parle sans langue,
Et fasse mime une harangue ,
Je le crois bien;
Qu'ayant une langue, au contraire,
Une femme puisse se taire ,
Je u'eii crois rien.
(Anonyme, j
Par un caprice bizarre de l'usage ou de l'Académie , l'accent circonflexe se
perd dans la plupart des dérivés des mots ci-dessus : infamant ^ infamation^
infamie ^ extrémité .^ suprématie ^ symptomatique.
11 y en a qui blâment l'Académie de ne pas écrire, à l'exemple de Boiste,
Gattel et autres, avec un accent circonflexe, les mots : yînathème , apoûme ,
1)1 asphème ^Bohème , cinquième , crème , diadème , emblème ,enthy même .jlS icodème ^
Pulyphème, problème, stratagème, système , thème , théorème , trirème , etc.
Pour nous, nous ne pouvons qu'applaudir a l'orthographe de l'Académie,
puisqu'on n'écrit pas Anathêmatiser , blasphémer , Bohémien, emblématique , elc. ,
mais bien Anathématiser , blasphémer, Bohémien, etc., et qu'ainsi c'est, dans
la langue, une difficulté, une irrégularité de moins. Il est vraiment curieux de
voir les dictionnaristes accentuer ces finales en dépit de tout sens commun.
Poislc , cet enfant chéri , ce Benjamin de MM. Firmin Didot, (t(tx\\, apothème et
épithème, birême ci trirème, etc. J'ai déjaditque le dictionnaire de Boiste n'est
qu'un fatras. Quant a MM. Noël cl Chapsal, voici leur règle : « L'accent cir-
T. II.
IG
122
GRAMMAIRE
FRANÇAISE
\
c'onflexc se met sur ravaiil-dcniior e de tous les mots en ême. »> Ainsi il faudrait '
(Vrire Bohême, aiiaihéme, deuxième, troisième, etc. Merci! Ce n'est pas tout;
selon ces messieurs, il faudrait aussi écrire : Arcôle, auréole, azerole, boussole,
bricole , école , gastromhne , hippodrome , arôme , atome , axiome , économe ,
aiinone, monotone, nones, pentagone, etc. Encore une fois, merci!
/'rvjTJcleur grammaire.
-âl<'
-Ole
-aile
-île
-Ole
-ûle
-oile
-oûle
et -aille
Bâle,v.ue.
Frêle.
île.
Dôle , vUle.
Je brûle.
Soûle, déjà
Chàle.
Grêle, s. et
Drôle.
cite,
Hâle.
adj.
Geôle.
Màle,
Pâle.
Râle.
Pôle.
Poêle.
a bèlc.
L amour sans es-
pérance est un poi-
Môle.
Pôle.
Rôle.
La solitude n'apaise pas
les troubles du cœur, si la
Je bâille.
Je fêle.
son qui hrule.
Tôle.
raison ne s'en jnêle.
Je mêle.
Elle vêle.
(L. N.)
'1 enjôle.
Il frôle.
n trôie.
(SCUDÉRY.)
Dérivés et com
posés :
Hâter.
Grêler.
Presqu'île.
Drôlement,
Brûlant.
Soûler ,
Pâleur.
Grêlon.
Drôlerie.
Brûler.
déjà cité.
Pâlir.
Engrcler.
Drùlcsse.
Brûlot.
Râler.
Pêle-mêle.
Geôlier.
Brûlure ,
Huilier.
Bêler.
Contrôle.
etc.
Bailleur ,
Démêler.
Contrôler.
etc.
Entremêler
Fêler. Vê-
ler; etc.
Contrôleur.
Enrôler.
Enjôler.
Frôler.
Frôlement ,
etc.
Aucun
des dériv
es de poli
î ne conser
ve l'accent
circonflex
e : polaire
, pola-
riser, polarité. Il
-àclie
-éclie
-aîclie
-îclie
-ôclie
-âclie
-ouelic
Bâche.
Bêche.
Fraîche.
Il côche.
Bûche.
Châsse de
Crèche.
Embûche.
reliques.
Campêche
Gâche de
•Dorte.
Dépêche ,
lettre.
La religion est l'aromate qui empêche la science de se
Lâche.
l\fâche.
Drêche.
Pêche,
corrompre. (Bacon.)
Je mâche.
Pimbêche.
Le pauvre paysan , sur sa bêche appuyé,
Relâche.
Tâche.
Prêche.
Rêche.
Peut se croire un instant seigneur de son village.
Je me fâchc.
Revêche.
(COLLIN d'HaBLEVILLE.)
Je gâche.
n empêche
DES SIG.NES ORTHOGIUPHIQUES.
12Ô
Dérivés et composés :
Bâcher.
Bêcher,
Fraîche -
Cocher ,
Bûcher.
Châssis.
Dépêcher.
ment.
verbe.
Bûcheron.
Enchâsser.
Pêcher,
Fraîcheur.
Bûchette,
Cdcliette.
arbre qui porte
Fraîchir.
Lâcheté.
Lâcher.
la pèche.
Pécher,
prendre du
poisson.
Repécher.
Rafraîchir.
Rafraîchis-
Mâcher,
Mâchelière.
sement.
Mâchica -
toire.
Pêcherie.
Oh 1 quel égarement d'espérer quelque chose
De leur cœur venimeux , de leur main toujours close !
Mâchoire.
Martin pê-
cheur.
Oh ! quel égarement et quelle lâcheté !
Mâchonner
( L. N. Amertumes et Consolations. )
MUchurer.
Prêcher.
^
Relâchant.
Empêcher,
Un ambitieux, ne voulant du bien qu'à lui seul, fâche de
Relâcher.
etc.
persuader qu'il en veut a tous, afin que tous lui en fassent.
Tâcher.
Fâcheux.
(La Bruyère.)
Gâcher.
L'intérêt seul est trop lâche pour faire une révolution.
Gâcheur.
(BOISTE. )
Gâcheiix.
Un faible empêchement augmente le plaisir,
Rabâcher ,
Et la privation éveille le désir. (Cite par Boistb.)
etc.
àce
èce
ice
oce
tice
once
Grâce.
Masse , ce
qu'on met
Allons au Capitole vexnXvQ grâce aux
1 1
dieux delà victoire que je remportai
Dérivés et composés :
l'année dernière a pareil jour.
Di 5g race.
Masser ,
(SciPiox.)
{aire une
L'acce
1 ■
nt circonflexe n'accompagne pas les mots : gracieux , gracienselr ,
grachible^ gracier.
-âclc
-ècle
-icle
-ocle
-oucle
Débâcle.
J: bâcle.
Ce n'est pas ainsi, monsieur Landais,
Dérivés et composés :
que se bâcle le Dictionnaire de la lan-
Viâckr.
Débâckr.
gue française.
\
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
-acre
ccrc
-ocre
-ucrc
Acre.
Dérivé
Acretè.
s et compo
ses :
1
La saveur acre se fait sentir au fond de la
gorge.
L'accent circonflexe se perd dans Acrimonie et Acrimonieux. 1
-àciiic
ê<ine
-iqne
-oque
-qqne
-ouque
Pàquc.
Dérive
Évêque.
îs et eomp
iyêc/ié.
drchercque
4r chevêche
osés :
Uneveçii^de Bayonnevint un jour rendre visite à Piron :
« Monseigneur, lui dit le poète avec sa gaité ordinaire, j'ai
en grande vénération les jambons de votre diocèse.»
1
-àblc
-èltle
-Iblc
-oble
-uble
-oiilile
Càblc.
Je hâble.
Râble.
Déri)
Câbler.
Câbleau ou
Câblot.
Hâbler.
Hâbleur,
etc.
i^és et con
iposés :
1
Le câble d'une ancre a ordinaire-
ment cent vingt brasses de longueur.
L'histoire est un peu hâbleuse;
combien d'hommes qu'elle nous dit
grands sont très-petits dans les mé-
moires !^ {Cité par Boiste.)
-âpe
-^pe
-ipe
-ope
-npe
-oupc
Râpe.
Déri^
ïlnper.
Rêipurc.
Crêpe.
Guêpe.
és et cou:
Crêper.
Guêpier.
iposés :
J^ tope.
Où la guêp^ a passé, le moucheron demeure.
(La Fontaine.)
L'iicccnl ciiconflexo se pi
1
1(1 dans (
npii .
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
^23
-Apre -ôpre
Âpre.
I Câpre.
Vêpre.
-Ipre
Dérivés et composés
A p rement ,
A
A prêté.
Câprier.
-opre
On n'est pas méchant pour èlveûpre
aux méchants. (Morellet.)
J'estime peu quiconque est âpre au
gain. (BoiivviLLiERS.)
-àfre
Bâfre.
-Ifre -orre
Dérivés et composés
Bâfrer.
Bâfreur.
C'est un grand bâ-
freur.
-ave
Hâve.
-êve
Rêve.
Trêve.
n endêve.
-Ive
Dérivés et composés
Rêver.
Rêverie.
Rêveur.
Rêvasser.
Endêver,
etc.
Alcôve.
-uve
-oive
-Olive
César disait: « Je ne crains pas les
ligures et les teints fleuris; je ne re-
doute quelesvisages/j^/e^ et hâves.»
Laissez- moi du moins être heu-
reux en rêoe.
-âge
Age.
-ose
Dérivés et composés
Aac.
-ige
oge
-lige
-oiige
On meurt h tout âge.
-1 26 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
L'accent circonflexe ne figure sur la voyelle composée eu
que dans Jeûne et son dérivé Jeûner.
L'accent circonflexe figure encore sur la première syllabe
des mots suivants :
Aîné.
Chàlons.
Mâchefer.
Pâtir.
Bacon.
Châtaigne.
Mâcon.
Pâture.
Bâillon.
Château.
Màtier.
Puîné.
Bâtard.
Châtier.
Nùment.
Râteau.
Bâtir.
Gâteau.
/v
Râtelier.
Bâton.
Hâtier.
Oter.
Rùder.
Câlin.
Hùpilal.
Pacage.
Rhône.
Châlit.
Mâchicoulis.
Paris.
Dérivés et
composés :
Aînesse.
Bâtonnet.
Châtelain.
Pâtis.
Bâillonner,
Bâtonnier.
Châtelé.
Pâturage.
Abâtardir.
Bâlonnisle.
Châtelet.
Pâturer.
Bâtardise.
Câliner.
Châtellenie.
Pâtureur.
Bâtiment.
Câiinerie,
Châtiment.
Râtelée.
Bâtisse.
Châtaigneraie.
Embâiltonner.
Râteler.
Bâtisseur.
Châtaignier.
Mâlineau.
Râteleur. Etc.
Bàlonner.
Châtain.
Mutiner.
L'accent circonflexe se voit encore dans pigure , maraî-
cher, renâcler, rndânier, assidûment, congrûment, in-
congrûment, continûment, irrésolûment{\).
Il remplace souvent le muet des mots crucifiement, licen-
ciement , maniement , remerciement, ralliement , reniement,
aboiement, atermoiement, déploiement, dévoiement, fourvoie-
ment, nettoiement, ondoiement, tutoiement, dénuement^ dé-
nouement, dévouement , engouement, enjouement, enroue-
ment, renouement, remuement, bégayement ou bégaiement,
(1) Nous pourrions interpeller l'Académie sur ses préférences et lui de-
mander pourquoi elle octroie aux mots goulûment , résolument , congrû-
ment, nûment, continûment, assidûment , le droit d'accent circonflexe ,
tandis qu'elle le refuse à leurs analogues absolument , dissolument , irréso-
lument, impunément, ambigument, éperdument ; taais nous voulons bien lui
passer encore ce petit capiice. Trop heureux si sa partialité ne s'étendait
que sur les mots ! Toutefois, disons en passant que l'accent circonflexe est
aussi inutile ici que sur les mots poliment, uniment , vraiment , étour-
diment , etc.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. ^ 27
payement ou paiement , gaieté et gaiement, qu'on écrit tout
aussi bien ainsi : Crucifiment , licendment, ahoîment, dè~
nûment (1), palment , gaité , galment , etc.
Éternument devrait se régler sur le même principe,
mais on ne le trouve pas autrement écrit dans l'Académie.
C'est avec raison que plusieurs reprochent au Diction-
naire de l'Académie de manquer de cette unité de vues, de
principes , si nécessaire dans un livre qui doit faire loi.
Quoi de plus naturel que d'adopter une orthographe
uniforme pour tous les mots ci-dessus? Eh bien, l'Académie
qui admet dénouement rejette dénuement ; elle permet d'é-
crire paîment et point bégatment, ahdiment et point dévot—
ment, remerclment et point licenclment, etc. Mais ce n'est
pas la première fois quenous surprenons l'Académie en fla-
grant délit de contradiction.
Il faut absolument qu'il soit permis, du moins au poète,
de suppléer Ve muet de tous ces mots par l'accent circon-
flexe, puisque cet e muet constitue une syllabe qui ne peut
subsisterdansle vers. Pour lamèmeraison,lepoète, mais le
poète seul , pourra écrire Je joûrai, fouhllrai , je palrai, je
supplérai, je crérais, etc., i^ouTiejoueim,youblierai,\epaierai
ou payerai, ie créerais, c'est-à-dire qu'il pourra remplacer
l'e muet par un accent circonflexe sur la syllabe qui le pré-
cède immédiatement, toutes les fois que l'e muet se rencontre
à la suite d'une autre voyelle dans le corps d'un mot. Je
souligne Dans le corps d'un mot, pour que vous ne soyez
pas tenté d'écrire jou pour joue, comme vous le conseille
M. Landais. Balbutiement , balbutier, initier, conservent
leur e muet, faute de quoi leur t ne sonnerait plus comme
un c et reviendrait prosaïquement, honteusement, à son état
(1) L'Académie écrit seulement, dènîiment , dénoùment , mais elle a
soin de vous avertir que plusieurs écrivent dénouement. II faut convenir
que l'Académie pousse quelquefois loin la complaisance.
^28 GRAMMAIRE FRANÇAISE,
naturel. Une dernière observation. Gardez-vous bien d'é-
crire, avec un accent circonflexe , à l'exemple de M. Lan-
dais et autres, les mots, sur{ acide ), accoutrer, accoutre-
ment , grève , pétrir , etc. (1).
Si je ne me suis arrêté ni sur V accent aigu ni sur Vaccent grave^
c'est que j'ai à y revenir dans le chapitre particulier que je destine
à la voyelle e. Toutefois , dans les exemples que j'ajoute ici pour
adoucir un peu la sécheresse de mon tableau, l'accent grave et l'ac-
cent aigu ne sont pas oubliés.
EXEMPLES :
Il n'est point de secret que le temps ne révèle- (Racink.)
Pour le sage au cœur ferme , à !a pensée austère ,
Que sont tous les trésors , tous les biens de la terre ?
( L. N. Amertumes et Consolations.)
Le succès est lils de l'audace.
L'homme, dès sa naissance, a le sentiment du plaisir et de la
douleur. ( Cité par MM. Noël et Chapsal. )
Ï^Oti la vertu finit, là commence le vice. ( Cité par les mêmes. )
Il n'y a point d'esprit, là où il n'y a pas déraison. (Forster.)
Nous ne sommes jamais chez nous; nous sommes en deçà ou bien
au delà. (Montaigne.)
Holà ! comte , deux mots.
C'est affreux ! — Désirer et regretter sans cesse ,
Foild vivre. ( L. N. Amertumes et Consolations.)
Là , quelqu'un pourrait-il ne pas vous adorer
Comme un ange ? ( Id. Ibid. )
Immobile et confus , je n'osais lui parler ;
(1) Voici quelques-unes des prescriptions de M. Landais: apprend
«l'accent circonflexe dans tous les mots en éle, excepté dans zèle. — Orne
• n'est accentué que dans les seuls mots dôme al fantôme, — Oûtc ne perd
«l'accent que dansat.ïo/ife, etc.» Pour M. Landais, à ce qu'il paraît, les mots
érysipèle, jidèle, modèle, parallèle, je chôme, symptôme, doute, Joule, redoute,
route, banqueroute, déroute, soute, toute, etc., etc., n'existent que. dans
les espaces imaginaires. Mais je mets toujours M. Landais en avant? Ce
n'est pas lui que je dois accuser, mais bien tous les faiseurs de grammaires
qu'il a copiés, qu'il a transvasés a son tour, depuis Faugelas jus(i\i'à Gi-
rauh-Duvivier. Quant à MM. Bescherelie , ils n'ont pas jugé ces bagatelles
dignes de leurs sérieuses méditations.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. ^ 29
Je craignais que l'élan de ma rccoanaissaace ,
De mes impressions montrant la violence ,
Dans son limpide azur ne Iroablâl sa candeur,
Et ne fit sur son front monter quelque rougeur. {Id. Ihld.
Dans les sentiers glissants je leur ofiVais mon bras ,
Tandis que le ciel mcme eût envié ma joie ,
Si j'avais pu toucher à ta robe de soie, ( Jd. Ifnd. )
Une fois j'ai goûté cette volupté saiote. ( Id. Ibid. )
GetiMmme me déplaît d'une étrange manière
Avec tout son clinquant, qui , comme une lanière.
Le tient roide et guindé. (7d. Ibid.)
Les plaisirs sont amers sitôt qu'on en abuse. (M"' DESHountREs.
Le peuple qu'on accable d'imoàfs finit par n'en plus payer.
(De Malesherbes. )
Des juges soumis à l'influence royale doiyent être nécessairement
accessibles à l'intérêt.
Vivez comme si vous vous apprêtiez à mourir.
Il faut du goût, de l'esprit et l'habitude des beaux-arts pour s'y
connaître et en être affecté.
Le coût fait perdre le goût. ( Prooerhe. )
Il paraît des hommes au moment où. l'on s'y attend le moins.
(Mirabeau.)
Que vouliezvoHS qu'il /ï< contre trois ? — Qu'il mourût, ((^ohneille. )
Louis XIV se serait cru déshonoré si sou valet de chambre Veut
vu sans perruque. (Victor Hugo. )
Tous leur fites, seigneur.
En les croquant , beaucoup d'honneur. ( La Fontaink. )
C'était une humble église au cintre surbaissé ,
L'église où nous entrâmes ,
Où depuis trois cents ans avaient déjà passé
^t pleuré hiea des âmes. ( Victor Hugo. )
Qui donne aux pauvres prête à Dieu.
Une chose sûre, c'est qu'il n'y a presque pas un bon livre de
piété ou de morale , dans notre langue, que la congrégation de l'in-
dex n'ait proscrit.
Il n'y a pas de temps plus sûrement perdu que celui qu'on em-
ploie à lire des abrégés. ( Godwin. )
T. II. 17
^50 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
On (lit fort bien invoquer le secours de la loi , le bénéfice de
la loi, etc. Voltaire blâmait cette manière Aq s'exprimer et disait de
cenx qui s'en servaient , « qu'ils auraient bien dû invoquer le dieu
du goût. » Voltaire était parfois singulièrement puriste et ta-
quin.
Proclamez avec pompe alors, ma poésie.
Cette religion qui veille nuit et jour
A côté du malheur, lui versant l'ambroisie ,
Et lui ehantaut tout bas des paroles d'amour ;
Qui fait ({n après le deuil viennent des jours de fêtes :
Étoile de salut , phare immense , éternel ,
Qui, dans la nuit profonde , au milieu des tempêtes ,
Sous un souffle de Dieu s'épanouit au ciel.
(L. N. Amertumes et Consolations.)
Que reste-t-il alors de tant d'enivrements.
De tant de vain fracas et de pompe indiscrète?
De la poussière plein le crâne de la tête (1). ( Ici. Ibid, )
H n'y a point de bonne fête sans lendemain. ( Proi'crhe.)
Moi , pour goûter sur terre un céleste bonheur ,
Je ne demanderais que l'unique faveur
D'être éternellement admis en sa présence ,
Gomme un être divin l'adorant en silence.
( L. N. Amertumes et Consolations. )
11 est une déesse inconstante , incommode ,
Bizarre dans ses goûts , folle en ses ornements ,
(1) Ceux qui trouvent ridicules les expressions Monter en haut,
descendre en bas, quoique consacrées par le bon sens et par l'Académie ,
ne manqueront pas (si j'allais dire vrai ! ) de tomber de toute leur hauteur
sur Le crâne de la tête; comme si cette espèce de pléonasme n'était pas
nécessaire pour rendre l'expression, sinon plus précise, du moins plus
forte, plus sonore, plus énergique. Ils ont bien osé applaudir Voltaire
lorsqu'il prétend que ces vers :
Trois sceptres à son trône , arraclie's par mon bras,
Parleront au lieu d'elle et ue se tairont pas,
rivalisent de niaiserie avec les suivants :
Hélas ! s il n'était pas mort ,
11 serait encore en vie ;
comme si le langage prêté par le poète aux sceptres qu'il anime , n'acqué-
rait pas au contraire, danslesecond hémistiche, une éloquence foudroyante,
celle d'une voix éternelle qui ne se taira plus. En ceci , M. Philarète
Chasles a parfaitement raison.
DES SIGiNES ORTHOGRAPHIQUES. ^ôl
Qui paraît , fuit , revient , et naît dans tous les temps.
Protce était son père, et son nom c'est la mode. (Toltaibb.)
Je définis la Cour, un pays où les gens ,
Tristes , gais , prêts â tout , à tout indifférents,
Sont ce qu'il plaît au prince , ou , s'ils ne peuvent l'être ,
Tâchent au moins de le paraître. ( Boii.eau. )
Je jette un nom de plus à ces flots sans rivage.
Au gré des vents , du ciel , qu'il s'abîme ou surnage ,
En serai-je plus grand ? Pourquoi? Ce n'est qu'un nom.
Le cygne qui s'envole aux voûtes éternelles,
Amis , s'informe-t-il si l'ombre de ses ailes
Flotte encor sur un vil gazon ? ( Lamabtimb.)
C'est par vous que commence l'illustration de votre famille. —
Et c'est par vous que finit l'illustration de la vôtre.
On n'est pas maître de ne pas aimer, mais on l'est de renfermer
son amour en soi.
Le vrai philosophe est V apôtre de la raison et de la vérité.
( DUMARSAIS. )
Un honnête homme peut être amoureux comme un fou , mais
non pas comme un sot. ( La Rochefoucauld.)
Sixte-Quint, étant cardinal de Montalte, contrefit si bien Vim-
bécile Tpendanl près de quinze années, qu'on l'appelait communé-
ment Yâne à'Ancône.
Le trône des rois doit s'appuyer sur la clémence et la justice.
Vaumône que l'orgueil arrache à l'avarice ne fructifie point dans
le ciel.
Us ne comprennent pas tout cela , les infâmes !
( L. N. Amertumes et Consolations. )
Je sais trop qu'à Paris
Le monde est sans pitié pour le sort des maris ;
Mais dés que leur sang coule , on ne rit plus, on blàmc.
Vous ridicule ! non , non : vous serez infâme .'
(Casimir Delavicnk.)
Sublime aulel où brûle une flamme éternelle.
Par ses divins soupirs votre âme se révèle.
( L. N. Amertumes et Consolations. )
•152 GKAMMAIUE FIIANÇAISE.
Une pente rapide entraîne vers l'abîme ;
Un souffle peut du char briser le frcle essieu :
Veille , ô mon âme, veille en tout temps , en tout lieul (/</. Ibid.)
Vous savez pardonner, et pour blâmer nos fautes ,
Vos reproches n'ont point de ces paroles hautes
Qui nous brisent le cœur et qui nous font pleurer. {Id. Ibid.)
Une grande fortune n'agrandit pas Vâme.
La poésie est l'intelligence suprême.
Madame de Montespan jeûnait dans le carême avec une telle
exactitude qu'elle faisait peser son pain.
De tous les adorateurs d'idoles , il n'y en a pas de plus insensé
que celui qui s'adore \u\-meme.
Pendant que je dormais sous le céleste dôme,
Stella ( c'est le saint nom dont mon bonheur se nomme ) ,
Stella , m'apparaissant dans un songe enchanteur ,
A fait Juire le jotir dans la nuit de mon cœur.
( L. N. Amertumes et Consolations. )
Un ange, de ses ailes
Caressant les fidèles.
Les conduit par la main.
De sa 6r((/rt«<6 haleine
Aucun vent dans la plaine
Ne ride la fontaine
Au bord de lein- chemin. (W. Ibid. )
Merci, merci ! mon Dieu, dont la grâce puissante
Fait qu'un ange est venu qui m'a tendu la main ,
Et puis, me ramenant par une douce pente ,
M'a dépose sur l'herbe au bord du vrai chemin ! ( Id. Ibid.)
S'il n'est chasse que de vieux chiens , il n'est châsse que de
vieux saints. (Camus , évêque. )
L'usage de l'arbitraire augmente sans relâche le besoin de l'ar-
bitraire. (Lemontey.)
Et pourtant chacun fait profession d'être chrétien; on va à la
messe, on dit se?' grâces et son bénédicité, on s'abstient de viande le
vendredi et le samedi, on Jeune Q\iaire-Tem\>s et Vigiles, on fait ré-
gulièrement ses Pâques. Mais à quoi tout cela sert-il sans la charité.^
( L. N. -Le Lii^re de Tous. )
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. Ido
En faisant altenlion aux rêves légers qui accompagnent l'assou-
pissement, on y trouve comme des traces d'une autre nouvelle
existence.
A ce cri de mon âme ,
Soudain tout disparut. Mais , Stella , mes amours ,
Toi , lune de mes nuits , toi , soleil de mes jours , jJJ
Ce rêve, pur miroir oiV j'ai vu ton visage ,
A pour jamais en moi scetlé ta sainte image,
Et des yeux de mon cœur rien ne t'effacera. (L. N. Amerl. el Cons.)
Le châtiment entre dans le cœur de l'homme à l'instant même
où il commet le crime.
Un homme absolument insouciant est un être rare , mais il s'en
trouve. Un jour que le philosophe Xantbus paraissait prendre beau-
coup d'inquiétude sur les préparatifs d'un festin : « De quoi vous
mettez-vous en peine? lui dit Ésope, son esclave. — Trouve-moi^
dit le maître, un homme assez insouciant pour ne jamais se mettre
en peine de rien. » Ésope alla le lendemain sur la place publique,
et avisant un paysan qui considérait toute chose avec la froideur
et V indifférence d'une statue, il amena ce paysan au logis. «Voilb^
dit-il à Xanthus , l'insouciant que vous me demandez. » Xanthus
commanda à sa femme de faire chauffer de l'eau et de laver elle-
viême les pieds à sou nouvel hâte. Le paysan se laissa faire, quoi-
qu'il sût très-bien qu'il ne méritait pas cet honneur. Mais il disait
en \\x\-même: C'est peut-<?/re la coutume d'en user ainsi. » On le frè
asseoir au haut bout de la table, il prit sa place sans cérémonie.
Pendant le repas, Xanthus ne fit autre chose que blâmer son
cuisinier; rien ne lui parut bon ; ce qui était doux, il le trouvait
amer; ce qui était amer, il le trouvait doux. L'homme insouciant
le laissait dire et ne perdait pas une bouchée. Au dessert on mît sur
la table un gâteau que la femme du philosophe avait fait , et , bien
qu'il /«^ très-hon, Xanthus le trouva //-é^-mauvais. « Voilà, dit-il,
la pâtisserie la plus détestable que j'aie mangée de ma vie ; il faut
brûler la pâtissière, car jamais elle ne fera rien qui vaille : qu'on
apporte des fagots. — Attendez, dit le paysan, je m'en vais quérir
ma femme; on ne fera qu'un bûcher pour toutes les deux. »
( Vie d'Esope. )
«Telle est,» dit un grammairien dont MM. Bescherellc citent les paroles-
l.>/« GRAMM.VIKE IKAINÇAISE.
mais point le nom, a telle est la fonction et la pférogative des accents.
Ils sont, 6 l'égard des voyelles* comme de véiitables notes qui en fixent
les différentes modulations et par conséquent les différentes manières de
les prononcer. Ils donnent ainsi à l'écriture le dernier degré de perfection.
Rivale du dessin par la forme de ses caractères, elle devient encore , par
l'addition de ces nouveaux signes, l'émule delà musique. Non-seulement
elle peint les sons par des images naturelles et analogues , elle en exprime
de plus la cadence et l'harmonie par des traits gradués, qui forment entre
eux une espèce de gamme. •>
Certes, on n'accusera pas celui qui a écrit ces lignes de ne pas
voir plus loin que son nez , à moins que toutes ces merveilles ne
fussent renfermées dans ses lunettes comme dans une lanterne ma-
gique. Une chose certaine, c'est que les accents sont loin, du moins
dans notre langue , d'avoir l'importance diatonique qu'on leur prête
ici, puisqu'ils ne servent guère que de signes de distinction entre
quelques voyelles et quelques mots.
Toutefois , comme il est très-essentiel de ne pas confondre l'e
muet avec l'e fermé ou Yé fermé avec Vè ouvert et vice versa , je
trouve fort ridicule, fort déplacé, fort impertinent le mépris que
certaines personnes affectent pour ces pauvres petits accenis,
regardés par elles comme chose indigne de leur attention. Cepen-
dant négliger les accenis , écrire , par exemple , bonté , générosité,
c'est faire une faute non moins grossière que si l'on écrivait gimiro-
seta, bonlie et autres semblables ignominies ; car ce n'est rien
moins que prendre une voyelle pour une autre , comme quand on
prononce mise au lieu de muse. Il y a pour le moins autant de dif-
férence entre e et è qu'entre m et i. Respect donc aux accents.
Jusqu'ici l'usage des fondeurs en caractères a été de ne fondre
les accents que sur l'e médiuscule et majuscule , tandis que les
lettres a, i, o, u des mêmes alphabets en demeurent privées. Il en
résulte que l'élève cherchant dans son dictionnaire les mots Etui,
Eclairer, Ecrire, Etre, etc., et n'y voyant point d'accent, les écrit
de même partout sans accent et les prononce à l'avenant. C'est un
abus, c'est un scandale contre lequel je réclame avec énergie, et qui
a déjà cessé chez notre éditeur , dont les types nous paraissent au
moins aussi parfaits que ceux de MM. Firmin Didot, et qui ne le
cède en rien , selon nous , aux plus habiles typographes. Je dois
à ses soins , à son zèle , à son goût, de ne pas voir , par exemple ,
e mot CÔTE , page 90 de notre Méthode du Genre , confondu avec
COTE, ce qui serait une chose assez criante.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. t55
L'absence de l'accent sur les majuscules est un défaut ca-
pital que nous condamnons sans apjiel, et qui ne peut plus
se rencontrer, sous peine d'être appréhendé au corps et
marqué d'un fer rouge, au milieu des huées.
Du Tréma ou Diérèse (1).
Le iréma, que quelques-uns appellent aussi diérèse, con-
siste en deux points disposés horizontalement (•• ), lesquels
se mettent sur une voyelle pour indiquer qu'elle se déta-
che de la voyelle précédente. Les trois voyelles e, i, u, sont
les seules qui jouissent de ce privilège académique , peut-
être un peu entaché de partialité : Ciguë, naïf, Esaii.
Achaïe.
Adélaïde.
Adonaï.
Aïe.
Aïeul.
Aiguë.
Ambiguë.
Ambiguïté.
Antinous.
Arachnoïde.
Archaïsme.
Archelaûs.
<j"areuë.
* Baïart (2).
* Baïonnette.
Besaiguë.
Bethsaïde.
Bisaïeul.
* Biscaïen.
* Caïmacan.
* Caïman.
Gaïn.
Caïus.
* Camaïeu.
Capharnaum.
Caraïbe.
Ciguë.
Coïncidence.
Coïncider.
Condyloïde.
Conoïde.
Contiguë.
Contiguïté.
* Copaïer.
Corozaïm.
Danaûs.
Danaïdes,
Dioïque.
Egoïsme.
Égoïste.
Ellipsoïde.
Epbraïm.
Esaii.
Exiguë.
Exiguïté.
Faïence.
Faïencerie.
* Gaïac.
* Glaïeul.
Haïr.
Hébraïque.
Hémorroïdes.
(1) Tréma vient du grec tréma , trou , parce que les deux points qui le
représentent ressemblent en quelque sorte à deux petits trous. — Diérèse si-
gnifie division , de diairéô , je divise. Ainsi la diérèse est proprement la di-
vision en deux syllabes d'une diphthongue ou d'une voyelle composée. Le^
Latins disaient quelquefois par diérèse : aiilaï pour aidai.
(2) Comme si les difficultés de la prononciation n'étaient pas déjà assez
nombreuses, assez compliquées, il y en a qui écrivent eacure bayart ,
bayonnetle, biscayen, copayer, gayac, glayeul, nayadc, payen, roucoiiyer, etc.;
et l'Académie elle-même est de ce nombre. Pourtant on ne prononce pas
bai-iari , bai-ionnette , etc., mais baïart, baïonnette, etc.; or, on sait
que l'y après une voyelle équivaut à deux /. Écrivez donc aussi baïadère ,
cacaoïcr , cacaoïère , caïapollin , gènipaier , papaïer, rotoc , et non plus haya-
dère , cacaoyer, etc., ce qui est aussi incorrect que d'écrire /aycnce pour
faïence.
L'Académie, qui commence à vous TKnxo'yer àe payen, glayeul, etc.,
à païen, glaïeul, n'écrit encore que bayadèrc , géni payer , etc. Pourquoi
cela? pourquoi la nouvelle orthographe, fondée sur un principe aussi ra-
tionnel, n'est-elle ainsi suivie qu'irrégulièrement. J'espère qu'il n'en sera
plus ainsi.
150
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Héroïde.
Laïs.
* Païen.
Sinaï.
Héroïne.
Laïus.
Piritliotis.
Sphéroïde.
Héroïque.
Maïeur.
Pcmpicuïlc.
Stoïcien.
Hyoïde.
Maïs.
Pliaiisaïque.
Stoïcisme.
ïambe.
Moïse.
Pharisaïsme.
Stoïque.
latnbiquc.
Mosaïque.
Prosaïque.
Tanaïs, fleuve.
Inouï.
* Naïade.
Prosaïsme.
Thébaïde.
Isaïe.
Naïf.
Pyramoïde.
Trapézoïde.
Israël.
Naïveté.
Rhomboïde.
Zaïre.
Judaïque.
Ouïcou.
Sabalsme.
Zaïm.
Judaïsme.
Ouïe.
Saïs, ville d'Éjypte.
Zoïle.
Laïc.
Ouïr.
Saùl.
Zoraïde. Etc
Comme on le voit , le tréma est principalement destiné à mar-
quer la division des voyelles combinées au, ai, oi, ou. Le tréma
n'est pas moins nécessaire sur la voyelle e des mots aiguë, ambi-
guë, contiguë , ciguë , etc.; parce que la dernière syllabe de ces
mots, sans le tréma, se prononcerait comme dans figue, intrigue,
digue, ce qui les défigurerait totalement. Il n'est pas moins indispen-
sable aux mots ambiguïté, contiguïté, exiguïté, qu'on serait exposé,
sans cela, à prononcer comme s'il y avait ambighité , contighité ,
exighité. Il n'est pas de trop, non plus , dans perspicuïté où il faut
bien se garder de prononcer jamais cui en diphthougue. Je vous
le passe encore sur Israël, par la raison qu'on serait peut-être
tenté de prononcer Isrâl , comme on prononce Stâl au lieu de Staël,
parce que la dernière syllabe est brève et non accentuée dans la
langue à laquelle appartient ce nom (1). Mais, de grâce, quelle
figure fait-il sur les mots Noël, poëme, poëte, coërcitif, coërcible ,
goélette, goéland, goémon, Israélite, théière , etc. ? Il y sert comme
une cinquième roue à un carrosse, c'est-à-dire qu'il y est parfaite-
ment inutile. Si vous mettez le tréma surpoéïe et poëme, pourquoi
ne le mettez-vous pas aussi sur poétique, poétesse , poésie ? A.vez-
vous peur qu'on ne prononce poime , poite? Mais , outre que la com-
binaison oe n'a jamais sonné ou n'a jamais du sonner ol, le son de Ve
n'est-il pas suffisamment déterminé par l'accent grave comme par
l'accent aigu? Ve de coemfi/" est aussi ouvert; cependant l'Acadé-
mie, qui met un tréma sur poëme, poëte, n'en met point sur coërci-
tif. C'est que le son de Ve , dans ce dernier mot , est également dé-
(1) Hors de là, Ve doit toujours sonner clairement après a. Tous les
grammairiens disent dans les mêmes termes: « E ne se prononce pas, il est
vrai, dans Caen.n Mais il n'y a point ici d'e proprement dit, il y a la voyelle
en qui se contracte avec la voyelle précédente , en sorte que l'on dît cân au
lieu de Caan; voilà tout.
DES SIGNES OUTHOGRAPHÏQUES. ^ 37
terminé d'une manière précise par sa jonction à la consonne sui-
vante dans la même syllabe. Nous n'en finirions pas si nous voulions
constater toutes les contradictions, toutes les inconséquences de l'A-
cadémie. C'est ainsi que l'accent aigu qui suffit pour les mois jwé-
tique , peésie, ne suffit plus pour les mots goëlelte, goéland, goè-
mtjn ; c'est ainsi que teton , à son rang alphabétique , est écrit sans
accent, tandis que le mot mamelle est défini, téton, avec accent, etc.
Quant aux autres dictionnaires, ils ne valent pas la peine qu'on en
parle.
Séparé de mon éditeur par une distance de trois cent quarante-
quatre lieues et demie , je n'ai pu l'empêcher jusqu'à présent de se
conformer plutôt à l'orthographe de MM. Firmin Didot qu'à la
mienne; mais j'espère que, convaincu désormais par tant de rai-
sons, il n'imprimera plus que jfoète, polme^ goéland, etc.; sinon ses
souscripteurs n'auront à s'en prendre qu'à lui seul , car, pour moi,
je m'en lave les mains.
Il y eu a qui poussent l'amour du tréma bien plus loin encore,
puisqu'ils en affublent jusqu'aux mots foéle , poêlon, moelle,
moellon, quoique ce soient justement les seuls mots où la double
voyelle oe ne forme qu'une syllabe. Ce dernier point connu, n'est-
il pas absurde, encore une fois, de trématiser (1 ) coexistence et
point coéternel? Il faut être juste, MM. Firmin Didot ne se sont
pas donné ce dernier ridicule, qui, du reste, eût été aussi ina-
perçu qu'une goutte d'eau dans la mer.
Mais ce qui , de leur part ou de la part de l'Académie, ne nous
paraît pas très-équitable , c'est d'avoir favorisé les deux mots,
ïambe, ïambique, au détriment d'une foule d'autres mots non moins
méritants, tels que dia^ec^e , diadème, diamant, rémédiable, etc.,
où rien n'indique, en effet, si dia est de deux syllabes ou d'une
seule syllabe. L'emploi du tréma sur les mots ïambe, ïambique, est
d'autant plus condamnable que c'est le seul cas où la voyelle
tréma (2) se sépare de la voyelle suivante. De là une source de con-
fusion pour les étrangers, qui ne sauront plus s'ils doivent prononcer
paï-en ou pa-ïen; car l'Académie enseigne, en effet, que tréma se
(1) Voilà un mot dont vont s'égayer nos petits pédants jusqu'à en faire
des fjorges chaudes; mais qu'est-ce qu'il a donc de plus ridicule que dog-
malher, dramatiser, anaUicmatiscr ?
(2) Selon l'Académie, le mot tréma est un adjectif des deux genres et
des deux nombres, lequel ne devient substanlil" que par accident.
T. H. 18
158 GH.VMMAIUE Fh.\NÇAISE.
dit d'une voyelle accentuée de deux points qui avertissent qu'elle
se détache de la voyelle jnrcédente ou suivante indislinclemenl.
Cela «e nous paraît guère philologique.
MM. Bescherelle, après d'autres, croient avoir fait une belle
découverte en plaçant indifféremment le tréma tantôt sur la pre-
mière voyelle, comme dans aigiie, tantôt sur la seconde, comme
dans a/oé-s; mais, selon leur louable habitude, ils n'ont fait que
substituer le désordre à l'ordre. Quoi de plus simple , en effet , que
celle règle : Le tréma indique que la voyelle sur laquelle il fi-
gure, SE détache de la voyelle précédente ? Celle règle si sage,
nos aveugles Salmonées, du haut de leur Olympe de fabriqxie, l'ont,
dans leur rage insensée , foudroyée et détruite ; mais heureusement
que nous sommes là pour la ressusciter. Soit dit en passant, on
n'écrit ni aloës ni alô'es, mais simplement aloès , et ici nous avons
pour nous le témoignage même de l'Académie , encore une fois en
conlradiclion avec elle-même.
MM, Bescherelle, ainsi que M. Napoléon Landais et autres, ré-
clament cnergiquement le privilège du tréma pour les voyelles a
eto; mais je le leur refuse net , car je n'en vois nullement la né-
cessité. Le seul endroit, en effet, où leur présence puisse être utile,
c'est à certains temps et à certaines personnes du verbe arguer ;md\s,
à moins qu'on n'ait la tête aussi dure qu'un âne, il suffit, ce me
semble, que le tréma figure sur l'e de l'infinitif, qui pourra le con-
server partout, mais qui aurait tort de le transmellre à l'a ou à \'o.
Dès que l'on connaît la prononciation de l'infinitif , le reste va tout
seul.
Au reste , cela est cligne de ceux qui ont entrepris de figurer, par exem-
ple , aux yeux d'un Anglais , la prononciation française avec des lettres
françaises, et de donner, dans un dictionnaire, la conjugaison entière et
en toutes lettres de tous les verbes, même des verbes composés et surcom-
posés.
O public! peut-on faire moins de cas de ton intelligence ? Quoi! M. Na-
poléon Landais a été jusqu'à te croire incapable de conjuguer Revenir sur
venir, contenir sur tenir, revoir sur voir, etc., et tu n'as pas senti l'in-
jure qui t'était faite! tu n'a pas jeté feu et flamme contre l'insolent qui te
prenait pour un imbécile ! qui te disait : oTu n'es qu'une bête , à qui il
faut mâcher tous les morceaux ! eh bien, on le les mâchera pour ton
argent ! »
O digne public! tu as donné ton argent, en effet. Tu lui as acheté toutes
ses fioles, à cet habile charlatan, entouré de pompe el de brnit ; tu as
DES SIG.NES OHTIIO(;iiAPHigUES. J 59
avalé toutes ses pilules , tu as absorbé tout son baume ;
Et te voilà pourtant gros Jean comme devant.
Ni son baume , ni ses pilules , ni ses fioles , ne t'ont guéri , puisque J. J. te
persuade encore tous les jours que des vessies sont des lanternes. Ilélas!
hélas I
Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir,
Jérusalem ?
Et là-dessus Alfred de Vigny s'écrie : « Vous ne savez donc pas ce que
c'est qu'un poète, puisque à lui seul vous refusez le pouvoir de vivre I Vous
ne savez donc pas ce que c'est que l'intelligence, puisque vous tuez les
plus intelligents ! On croirait, à vous en voir faire si bon marché, que c'est
une chose commune qu'un poète! — Et n'entendez-vous pas le bruit des
pistolets solitaires? leur explosion est bien plus éloquente que ma faible
voix. N'en tendez- vous pas ces jeunes gens désespérés qui demandent le
pain quotidien, et dont personne ne paie le travail? Eh quoi! les nations
manquent-elles à ce point de superflu ? Ne prendrons-nous pas, sur les palais
et les milliards que nous donnons, une mansarde et un pain pour ceux qui
tentent sans cesse d'idéaliser leur nation malgré elle ? Ne cesserons-nous
pas de leur dire : Désespère et meurs ; despair and die î »
M. Alfred de Vigny est bien bon de s'échauffer la bile avec le public ;
comme si le public pouvait comprendre quelque chose à son beau langage !
J. J. (1) connaît bien mieux son monde; il sait bien mieux sur quel ton il
(1) 0 Grâce pour 3. J. et le Journal des Débals! » me crie encore mou
libraire effrayé. Four un libraire, c'est être bien débonnaire.
Il est vrai qu'il Cbt dangereux de s'altaquer à plus fort que soi. J. J. et le
Journal des Débals ont, en effet, en mains, de terribles vengeances. Mal-
heur à moi! s'ils voulaient user de représailles.
ISI. J. J. et le Journal f/e.ç Débats n'auraient , par exemple, qu'à se pi-
quer de générosité, et ce serait comme Pélion sur Ossa ; mon pauvre cœur
ne tiendrait pas sous un tel fardeau de reconnaissance.
Je vous en prie, M. J. J., et vous, Messieurs du Joarnsi\ des Débats, je vous
en prie, ne soyez jamais ni bons, ni obligeants, ni affables, ni justes, ni
véridiques, ni généreux, ni cléments, ni sages; restez toujours ce que vous
fûtes, ce que vous êtes, afin que je ne suis pas obligé de vous louer, moi
aussi. Ce serait vous venger trop perfidement, trop cruellement. En effet,
tout le monde me jetterait la pierie, tandis qti'on dirait de vous : ce sont
des dieux, de vrais dieux en chair et en os.
Donc , je vous en supplie , restez ce que vous êtes ; car ma honte serait
trop grande si j'en étais réduit à vous admirer, à vous rendre hommage , à
m'agenouiller devant votre gloire. N'allez pas me jouer cet indigne tour,
et par là éclipser encore le génie de Machiavel. Ce que c'est que de nous
pourtant! M. J. J. et le Journal des Débats n'auraient qu'à avoir l'infer-
nale idée de vanter notre travail , de faire valoir ce fruit de nos longues
veilles, de solliciter pour nous du gouvernement quelques distinctions, en
récompense de nos sacrifices , ou tout au moins les moyens d'achever en
paix notre grand Dictionnaire, et le tour seiait fait.
Et sur qui s'exercerait désormais l'humeur un peu mordicante de votre
très humble serviteur? Sur M. Dechamps de Bruxelles? Mais, à coup sûr, le
sujet n'en vaut pas la peine. Sur M. Noël ? sur M. Landais?sur M. Planche?
sur M.. Henrion ?sur les jésuites ? Mais on ne frappe pas des ennenris à terre.
I '•(• GllA.MMAIKE l'HANÇAfSE.
J'aul lui parler. Toujours gai, toujours souriant, il l'allire par ses lazzi, ses
jeux de mots, ses tours de passepasse ; il lui débite ses contes borgnes,
ses balivernes; il l'enlace dans sa phrase , il l'entortille de ses replis, de
manière à étouffer en lui tout instinct générenx qu'une voix plus haute ten-
terait d'y faire revivre ; il poursuit tranquillement le cours de ses passes;
il dit, en prenant sa poudre de perlinpinpin : Ocus bocus tempora bonus.
Et le public d'applaudir à ces mots magiques, à ces tours merveilleux ,
s'enivrant tout un jour de ce bruit , de cette fumée, de cette folie , de ce
cynisme.
Il y a ainsi, à Vienne, dans chaque cabaret, dans chaque bastringue, un
bouffon barbouillé de lie , qui , pendant que la populace s'enivre de bière ,
lui chante des refrains cyniques et cherche à l'égayer par ses grimaces et
ses saillies. Seulement , cette populace , plus intelligente , plus poétique que
notre public, n'accueille pas avec moins d'enthousiasme une tirade de
Schiller et de Gœthe.
M. Alfred de Vigny a-til oublié de quelle manière furent accueillies par
Jules Janin les belles paroles citées plus haut? Jules Janin, pour arrêter les
sympathies du public , ne trouva rien de mieux que de diffamer, que de
calomnier la mémoire de Chatterton , de ce jeune homme , mort de déses-
poir, à l'âge de dix-huit ans. Ce seul trait peint l'homme; et il est si
odieux , que le cœur, paralysé parle dégoût ,ne trouve à lui jeter à la face
que le mot , Mépris.
Pour ea revenir à notre cher Iréma , n'oubliez pas que sa prin-
cipale fonction est de séparer en deux syllabes les voyelles combi-
nées au, ai, ou, oi, et qu'il n'est guère qu'un objet de luxe sur les
mots ïambe, ïambique, Israël, et même perspicuïté, qui n'y a guère
plus de droits, en effet, qae viduilc , ténuité, swperfluité , perpé-
tuité, ingénuité, incongruité, fatuité, continuité, annuité, fluidité,
fluide, etc. Donc, à moins que vous ne vouliez justifier à mes yeux
l'opinion que semblent avoir conçue de vous MM.Bescherelle, Na-
poléon Landais , Jules Janin (1) , etc., à moins que vous ne soyez...
( a Je crois qu'une sottise est au bout de ma plume ») vous n'écrirez
plus f\y\e poème , poète, goélette , goémon , goéland, Israélite, Noël,
(1) «Grâce aussi pour Jules Janin!» me crie encore mon libraire, en
joignant les mains. Par dieu ! M. Jules Janin serait bien ingrat, s'il n'était
touché de l'intérêt profond qu'il inspire à mon honorable libraire. Mais
est-ce que M. Jules Janin se moque de ce qu'on peut dire de lui? «Le
» beau mérite!» s'écrie-t-il , «le beau mérite! épiciers que vous êtes , si
» moi qui ai plus d'esprit que vous tous, j'allais m'inquiéter de vos sifflets,
» de vos murmures! Sidlez donc, c'est ma joie ! Murmurez, c'est mon en-
» vie!» Après une déclaration aussi nette , comment mon libraire peut-il
t)ES SIGNES ORTHOGRAPHIQUEfi. \^i\
théière, eic. Toute réflexion faite, supprimez aussi le tréma des mots
Israël, iamhe, iambique,perspicuité.
EXEMPLES :
Dites que je n'ai point, an chemin de la vie ,
Fait un pas sans heurter VégoUme et l'orgueil ,
Et sans voir chaque jour une étoile ravie
A mon beau ciel d'azur qui s'est voilé de deuil.
Dévoilez tout cela, pour qu'une bouche émue,
A vous oii'ir parler, dise : 11 est malheureux;
Et qu'un éclair d'en haut les frappe et les remue
Ceux qui m'ont vu ployer quelquefois devant eux.
( L. N. Amertumes et Consolations. )
De trésors inouïs mine toujours féconde. (I<t. Ibid.)
Le front de Ddidha s'abandonnant à lui,
Renversé sur son bras, prit son cœur pour appui.
(Lamartine. )
Adonaï n'est plus; le peuple qui sommeille
N'entendra plus d'en bas de voix qui le réveille. (J'^-)
Des feuilles de ciguë avec des violettes
Se mêlent sur son front aux blanches bandelettes.
(Th. Gautier.)
Hélas! Seigneur, il n'est plus personne qui se souvienne de votre
loi divine. Les païens et les idolâtres sont moins éloignés de vous,
Seigneur, que la plupart de ceux qui font profession d'être chré-
tiens. C'est pourquoi, dit Jésus-Christ, « Malheur a toi, Corozaïm !
malheur a toi, Bethzaïde! parce que, si les miracles qui ont été
faits en vous , avaient été faits dans Tyr et dans Sidon , il y a long-
temps qu'elles auraient fait pénitence dans le sac et dans la cen-
dre. » ( L. N. Le Lit^re de Tous. )
Cdîn bâtit Hénochia , la première de toutes les villes.
Tubal-Cdîn inventa l'art de forger le fer.
Les descendants de Seth eux-mêmes se mêlèrent à ceux de Caïrij
vouloir priver M. Jules Janin de ce qui fait sa joie, son envie? De la part
de mon libraire , est-ce bonté ou cruauté ? En conscience, je l'ignore.
Toutefois je veux bien lui faire une fois le plaisir de louer M. Jules Janin.
Je dirai donc que M. Jules Janin est un phénix. Vous riez, messieurs !
Mais rien n'est plus vrai.
Oui, M. Jules Janin est un phénix ; car, comme le phénix, il renait de
sa cendre fous les lundis.
I Î2 GRAMMAIRE FR.VJNÇAISE.
et Dieu, mécounu par les hommes, résolut d'en détruire, par une
inondation , la race perverse.
Les Hébreux étaient haïs, persécutés, accablés d'impôts et de
travaux pénibles, lorsque Dieu fit naître Moïse, qui devait être
leur libérateur.
Il y a trois sortes d'amis : les amis qui vous aiment , les amis qui
ne se soucient pas de vous, et les amis qui vous haïssent.
De la C<^dille (1).
La cédille ( j) est une petite marque en forme de c tourné
de droite à gauche, que l'on place sous la lettre c, quand
elle précède un a, un o, ou un u, pour indiquer qu'elle
doit être prononcée comme un 5. Garçon, façade, reçu.
Par ce moyen, dit M. Maugard après Boinvilliers, le dérivé ne
perd pas la lettre caraclérislique, et conserve ainsi la marque de
son origine. Façade et glaçon, par exemple, venant de face et de
glace, il est naturel, continue Boinvilliers, de les écrire avec un c
plutôt qu'avec un s. De même , Français (2) vient de France; nous
effaçons, tu reçus, il annonça, viennent de effacer, recevoir, an-
noncer. Dans ces trois derniers mots , la cédille remplace un e muet
qu'on a supprimé ; car on écrivait autrefois nons effaceons , tic re-
ceus, ilannoncea, comme on écrit encore gageure, il mangea,
nous changeons, afin d'adoucir de même le son du g devant a, o, u.
Ainsi donc, règle générale, tout c, qui, dans le mot pri-
mitif, précède un e, prend, dans tous les dérivés, la cé-
dille devant a,o,u. Trace , tracer : Nous traçons, je traçai,
traçoir^ etc. Recevoir : Je reçus, tu reçus, etc.
Annoncer. Un ange annonça a la Vierge le mystère de l'incar-
nation.
(1) De l'espagnol cedilla, pelitc, selon Dumarsais ; car les Espagnols ont
aussi, couinie nous, le csans cédille, et lec avec cédille (c con cedilla), dont
ils font le même usage que nous-niêiiies.
(2) Nos ancêtres écrivaient Franczois, leczon, faczon, etc. Ils déplacèrent
ensuite le z, le mirent sous le c en le diminuant de grandeur ; et, du mot
zède, ils firent le diminutif cerfiV/c ou cédille.
( Un Oramniairicn. j(' ne sais lequel. )
DES SIGNES ORTIlOGRAPHlQtJES. 145
Avancer. Tel se montra toujours riant aux yeux du monde, dont
le chagrin mmuça la mort .
S'efforcer,
En vain il s'efforça de vaincre sa douleur.
Effacer. Elle effaçait par sa beauté toutes les autres femmes.
Enfoncer. II y a plusieurs enfonçurcs dans le pavé de cette rue,
dans le parquet de cette chambre.
« Mes vassaux ne s'asseyent ni ne se couvrent jamais devant moi, »
disait ûèrement un grand seigneur au poète Bret. « Corbleu ! » ré-
pliqua le poète, en enfonçant son chapeau sur les oreilles et se je-
tant jusqu'au cou dans un grand fauteuil , « ces gens-la n'ont donc
ni cul ni tête! »
Concevoir. Un bon cœur ne conçoit pas l'égoïsme; tel était le sien.
Recevoir. On demandait a un huissier comment il avait été
reçu dans une maison oùil s'était présenté pour saisir. « Comment!»
répondit-il, « on a voulu me faire manger. » Il avait manqué d'être
dévoré par deux gros chiens qu'on avait lâchés contre lui.
Ainsi la cédille est principalement destinée à conserver au
c le son doux devant a , o,u, dans les dérivés des mots en
ce, cer, cevoir. Cela est assez clair, ce me semble pour qu'il
ne soit pas nécessaire d'y revenir , à propos des verbes en
cer et en cevoir.
La cédille ne figure sous le c, dans les mots primitifs,
que dans la terminaison des substantifs suivants :
Alençon , vuie.
Arçon de U selle.
Besançon , viiie.
Briançon , ville.
Caleçon.
Eslramaçon , sorte
Êlançon , pièce de
bois pour soutenir.
Façon.
Garçon.
Hameçon.
Leçon.
Maçon.
Palançons , mor-
ceaux de bois qui re-
tiennent les torchis,
Poinçon.
Dérivés des mots ci-dessus :
AUnçonnats,
Désarçonner.
Besançonnais .
Briançonnals.
Eslramaçonncr,
Etançonner.
Façonner.
Façonnier.
iGarçonnlèrc.
\ Maçonna f;e.
\Maçon7icr.
\ Maçonnique.
Séneçon.
Soupçon.
Rançon.
Tronçon.
Rançonner.
Soupçonner.
Soupçonneux,
Tronçonner.
Caparaçon, glaçon , limaçon, colimaçon, pinçon et suçon,
4 44 GUAMMAIRE FRANÇAISE.
ne sont pas des primilifs, mais simplement des dérivés de
caparace , glace , limace , pincer , sucer.
Chacun trouve ssl façon de penser la meilleure.
La façon de donner vaut mieux que ce qu'on dounne.
(T. Corneille. )
Je ne prise pas trop ce prétendu bon goût
Qui biffe sous ma plume une image un peu vive
Où d'un vers sans façon l'allure trop naïve ,
Voulant fourrer la règle et toujours et partout.
(Adbieh Lemay.)
Soyez plutôt maçon, si c'est votre métier, (Boileau.)
Mon ami de la Merlière disait a un garçon de café qui nous ser-
vait mal : « Il faut vous marier. — Pourquoi cela ? — Parce que
vous n'êtes pas fait pour rester garçon.))
Le soupçon d'un malheur incertain fait souvent une impression
plus funeste que la certitude d'un malheur arrivé. (Shakspeare. )
La femme de César ne doit pas être soupçonnée. (Auguste.)
On écrit encore par un ç cédille les mots : çà ,ça , deçà.
Hors des cas indiqués ci-dessus , le c ne remplace jamais
l's (1) devant a , o, u. Ainsi l'on ne sera plus embarrassé
d'écrire, par exemple, sable ^ sacrilège, salon, sanglier,
soif, son, sortir, soufre , consacrer , consommer, consumer,
chanson , boisson (2) , etc. , etc.
Si le c sonne doux devant la voyelle composée au, dans
quelques substantifs de cette désinence , c'est qu'elle y est
toujours précédée d'un e étymologique (3).
(1) L'ancienne dénomination des lettres est permise, chaque fois qu'il
s'agit, comme ici, d'éviter la confusion , ainsi que dans certaines locutions
consacrées ou proverbiales.
(2) Naturellement, entre deux voyelles, le « se redouble pour ne pas
tomber au ton du z.
(3) On disait autrefois joi/i^cnct/, scel, fournel, cliapel, castcl, manlel, etc.,
terminaison bien plus claire et bien mieux sonnante à l'oreille. Les gram-
mairiens ont fait de la langue ce que les hommes de l'art, comme les ap-
pelle Victor Hugo , ont fait de l'architecture. 11 lui ont fait subir toutes
sortes de dégradations, de mutilations et de restaurations déplorables. Non
contents d'avoir supprimé, de par le bon goût, une foule de vieux mots
naïfs et pittoresques que rien ne remplace, ils ont substitué partout des dé-
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. ^45
Arceau de voûte.
Jouvenceau.
Pinceau.
Souriceau (1) , pe-
Berceau.
Lionceau.
Ponceau.
tit d'une 30un3.
Cerceau.
Monceau.
Pourceau.
Faisceau.
Morceau.
Sceau.
Mais où donc prenez-vous ces magiques couleurs,
Qui, sous voire pinceau, font resplendir les fleurs ?
(L. N. Amertumes et Consolations.)
Grâce encore une Fois! grâce au nom de la tombe !
Grâce au nom du berceau ! (Victor Hugo.)
Partout ailleurs on écrit seau ou sau : arbrisseau , bé-
casseau, boisseau, Rousseau, ruisseau , tasseau, trousseau,
vaisseau, vermisseau, verseau, assaut, saut, sauter,
sauver, etc . Amonceler est un dérivé de monceau , comme
ruisseler, de ruisseau , etc .
Reste l'immense difficulté de distinguer le c de Vs de-
vant e, i et y, où, sans le secours de la cédille, il sonne tou-
jours doux. Nous ne terminerons pas ce chapitre sans avoir
tenté quelques efforts contre cet obstacle énorme , contre
cette montagne à percer. 0 poésie, poésie de mon âme,
que deviens-tu !
Le c ne précède Ve muet, au commencement des mots,
que dans, ce, ceci, cela, celer, déceler , celui, iceluî ^ cepen-
dant, cerisier, cerise. Ainsi l'on ne sera pas embarrassé
d'écrire semence, ensemencer^ secourir, etc. Il le précède or-
dinairement à la fin des mots, excepté dans les cas suivants :
sinences voilées aux désinences sonores et harmonieuses, comme les archi-
tectes ont substitué aux dentelles gothiques les chicorées de Louis XV.
Horrible travail d'élagueurs, qui, pour tailler, selon toutes les règles
de l'art, de correctes arcades dans un massif de marronnieis, en retran-
chent impitoyablement les parties les plus saillantes, les plus belles, les
plus harmonieuses, et, d'un tout magnifique qui charmait par sa grandeur,
par sa variété , par son éclat, par la richesse infinie de ses détails, par les
mille façons splendides dont s'y développait l'intarissable fantaisie de la
nature, finissent par faire quelque chose d'étriqué, de mesquin et de ri-
dicule.
Celtes, la nature est plus belle sur les hauteurs inégales et raboteuses
de Mbdling que dans les plates et uniformes albes de Schonbrunn.
Chose monstrueuse! Molière et La Fontaine cessent d'être intelligibles
et ont besoin de commentaires. Les voilà déjà aux mains des bourreaux.
(1) Cette orthographe est irrégulièrc. Il faut écrire sourisseau, sourissière,
de souBis, comme on écrit vermisseau, du latin vcrnùs.
1. II. 19
^46
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
-SER. Écrivez par s tous les verbes en ser (1), moins
ceux en incer , oncer, orcer, etles suivants en
-acer
-occr
-ercer
-îcer
-aucer
-iicer
-oncer
J agace.
Je contu-
mace.
— efface.
— espace.
— grimace.
— glace.
— lace.
— menace.
— place.
— trace.
— acquies-
ce.
— apièce.
— dépèce.
— berce,
—exerce,
—gerce.
— perce.
— tierce.
— épice.
— immisce
— police.
— exauce.
— sauce.
— épuce.
—suce.
— courrou-
ce.
Parmi ceux en ancer, il n'y a que les huit suivants qui
s'écrivent par s : je danse, je dépense, je dispense, y encense,
i'ojfense, je danse, ]& pense, je recense.
Écrivez encore par s le présent du subjonctif des verbes
«n ir et autres et l'imparfait du subjonctif de tous les verbes.
Que je finisse. Que je puisse. Que j'amasse. Que je tinse,
que je reçusse, que je rendisse.
De même, les noms suivants en
-asse
-aise
-anse
-arse
La basse.
La crasse.
Liasse de pa-
La terrasse.
La valse.
Lesaccenses
La darse de
La bécasse.
La crevasse.
piers.
La villasse.
Il acense.
Marseille.
Bonasse ,
Ls cuirasse.
Elle est lasse
Anse.
Eparse.
trop bon.
Culasse de
Une masse
'
La censé.
Le tarse.
La brasse ,
fusil.
informe.
La danse.
Tbarse ,
mesure.
Des échas-
Mollasse.
La défense.
ville.
La calebas-
ses.
La nasse.
Corps dense
se.
Femme graS-
Paillasse.
La dépense.
La carcasse.
se.
La paperas-
La dispense.
La casse ,
La filasse.
se.
La ganse.
plante, peine
Grasse, ville
Le Parnasse
La hanse.
militaire.
Lhommas-
La passe.
Lesimpenses
La chasse
se.
La pinasse ,
Immense.
(2).
Dneimpasse
bâtiment.
Intense.
La châsse.
Lavasse.
La potasse.
La mense.
La classe.
d'eau.
Sa van tasse
voe offense.
Cocasse ,
Le Tasse.
La panse.
plaisant.
La tasse.
La transe.
i
(1) On conçoit qu'ici il ne faut avoir égard qu'au son , non à la manière
dont il est représenté.
(2) Nous soulignons ainsi quelques mots qui font en quelque sorte double
emploi, étant déjà compris implicitement dans la première exception, for-
mée par les verbes. Chasse, chasse, crevasse , passe, substantifs, doivent ,
en effet, naturellement s'écrire par s comme les verbes chasser, enchâsser ,
crevasser, passer.
-ESSE.
-ISSE.
Héiuorroïsse.
Pelisse.
Cirse.
Jectisses.
Vythonisse.
ïhyrse.
Éclipse.
Jociisse.
Réglisse.
Lisse.
Saucisse.
Ellipse.
Eau de mélisse.
Suisse.
Gypse.
Narcisse.
Ulysse.
Cariopse
■OSSE.
-USSE.
OUSSE.
DES SlGiNES OUTHOGKAPHIQUES. I '«"
Écrivez de même, pars tous ceux en esseeiaisse, moins
ESPÈCE, FÈCES, GrÈCE, LuTÈCE , MÈCE, PIÈCE, VESCE ; ainSÎ
que les suivants en erse: herse. Perse, et tous ceux en
verse: fortune adverse, sœur converse, etc.
Écrivez de même par s les suivants en me et irse , et
tous ceux en %'pse, opse :
Coulisse.
Éclisse.
Écrevisse.
Esquisse.
Drisse.
Génisse.
Écrivez de même par s tous ceux en osseetausse, moins
ATROCE, FÉROCE, NÉGOCE, NOCE , PRÉCOCE , SACERDOCE,
Beauce, sauce; ainsi que les suivants en onse et orse :
Alphonse, réponse, Corse, entorse, torse, morse.
Écrivez de même, par s, aumusse.
Écrivez de même , par s tous ceux en ousse et ourse,
moins Douce, pouce, source et ressource, ainsi que
tous ceux en oisce.
Ainsi , à part les cas exceptionnels ci-dessus , le c ter-
mine le muet final..
Cette terminaison une fois connue, l'orthographe des dé-
rivés et des composés ne causera plus aucun embarras, si
grand qu'en soit le nombre. On pourra même remonter
souvent jusqu'au primitif, comme, par exemple, de cade-
nasser, passer , trépasser, embrasser, à cadenas, pas , tré-
pas, BRAS.
CE
j'AGiCE. Àf^nçant , a^aceriCf etc.
j'effacë. Effaçuble, efj'açure.
jeGBiMACE Grimaçant , grimacier.
je GLACE. Glacial , glacier.
je LACE. Enlacer, entrelacer, la-
cis, lacet, lacs.
je place. Déplacer, remplacer.
SE
je BBASSE.
Brasserie, brasseur, em-
brasser, brasselet{i).
bras.
Chasse.
Chasseur.
Châsse.
Enchâsser , châssis.
Passe.
Passant, passementier,
repasser, pas.
(1) On n'écrira plus bracelet , ce mot étant dérivé de bras, ni Monceau ,
ce mot étant dérivé du Mans, ville. «La ville du Mans ! disait un Manscau
à un Parisien, voilà un vrai pays de Cocagne! »
ÎS
je TBACB.
J'APIÈCB.
je BERCE.
jEXERCB.
j'ÉPICE.
je SAUCE,
je BALANCE.
je HKWOKCB
Mince.
Pbinck.
Province,
Espèce.
Artifice.
Avarice.
Caprice.
Délice.
Malice.
Milice.
Nourrice.
NovicB.
Office.
Patrice.
Préjudice-
Vice.
Atroce.
Féroce.
Négoce, ,,
Précoce.
DoucB.
Source.
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
CE
Traçant, retracer.
Baplccer, rapiécetage.
Berceau, bercement.
Exercice.
Epicerie, épicier.
Saucière, Saucisse.
Batancelle, balancier.
Renonciation.
Amincir,
Principauté, principe,
Prorinelal.
Spécial, spécialité.
Artificiel.
Avaricieux.
Capricieux.
Délicieux.
Malicieux.
Milicien.
Nourricier.
Noviciat.
Officier, officiel.
Patricien.
Préjudiciable.
Vicier, vicieux.
Atrocité.
Férocité.
Négocicmt, négocier.
Précocité.
Douceur, adoucir, dou-
cir, dulcifier.
Sourcier. Etc. , elc.
Entasser, tas.
Blessure.
Confession , confesseur.
Caressant.
Messie.
Ravissement, ravisseur.
Obéissance.
Embellissement.
Endurcissement.
Engourdissement .
Evanouissement.
Dépérissement.
Rôtisseur , rôtissoire.
Rouissage.
Valser.
Défensive , défenseur.
Immensité , dimension.
Intensité.
Transi, transis sèment.
Adversité.
Conversion.
Bouleversement, version
diversion.
Ellipsoïde.
Brossaillcs, brossier.
Colossal.
Dossier , dos .
Grossir, grosseur, gros.
Fossé, fossette, fossile.
Torsade, torsion, con-
torsion.
Rousseur , roussette.
Retrousser, retroussis ,
détrousseur.
Boursier , boursiller ,
bouvsette, rembourse-
ment.
Coursier, coursive, pré-
curseur, incursion.
Ourson, ours. Etc., etc.
Les dérivés en tiel et tion , changent le c en t , excepté
SUCCION (1) : essentiel, ohédientiel, 'pestilentiel , substantiel ,
consubstantiel , consubslantialité, punition. Il en est de m^'me
des dérivés de propice : propitialion , propitiatoire.
Nous allons tout de suite indiquer les cas où le t entre
en concurrence avec le c et l's et même Vx.
je TASSE.
je BLESSE.
je CONFESSB.
Caresse.
Mbsse.
Que je ravisse.
OBÉISSE.
EMRELLISSE.
ENDURCISSE.
ENCOCBDISSB
ÉVAKdUlSSE.
PÉRISSE.
RÔTISSE.
ROUISSE.
Valse.
Défense.
Immense.
Intense.
Transe.
Adverse.
Converse.
je verse.
Ellipse.
Brosse.
Colosse.
j'endosse.
Grosse.
Fosse.
Torse.
Rousse.
Trousse.
Bourse.
Course.
Ourse.
(1) II serait plus rationnel , ce me semble, d'écrire et de dire simple-,
ment sucion.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES,
I.
-TIOIV Le t représente le son de \!s dans les mots en tion (1):
ablution, nation, condition, etc.; excepté dans ceux
qui se terminent par
.accession .
Agiesssion.
Cession.
Compression
Concession.
Confession.
Succession.
Etc. , etc.
Admission.
Coramission.
Démission.
Intermission
Mission.
Omission.
Etc.
version ,
mer sien,
-persion.
Aniinndi'er-
Sion .
.\ version .
Conversion.
Immersion.
Suhmersion,
Aspersion.
Dispersion.
Etc.
- vulsion,
- torsion.
Concnlsion.
Révulsion.
Expulsion.
Impulsion.
Contorsion.
Extorsion,
lié lors ion.
Etc.
• cussion,
■jtission ,
Concussion ,
Discussion,
Percussion,
Répercussion
Jassion ,
Fiiiéjussion.
•préhension^
■pension ,
Appréhension
Compréhen-
sion.
Réprélieusion
Expansion,
Pension.
Propension.
Suspension.
Ascension.
Descension •
Dissension.
- nexion ,
- flexion ,
-fluxion. (j2
Annexion.
Connexion.
Réflexion ,
Inflexion ,
Génuflexion.
Fluxion .
Exceptez aussi les suivants : Dimension , tension ,
passion , compassion , complexion , jncursion (3) , scion ,
scission, Sion , viWe, succion, Ixion, nom propre.
(1) Encore une fois n'ayez égard ici qu'au son, non aux lettres.
(2) Impossible à ceux qui ne savent pas que la langue française n'e&l
que la langue latine plus ou moins altérée , de se rendre raison de ces
dififérences orthographiques. Une jeune dame , fort spirituelle , fort
instruite et surtout parfaitement initiée à la grammaire de MM. Noeî
et Chapsal , me disait dernièrement: o Pourquoi écrit-on oc/i'on avec
un t , immersion avec une « et réflexion avec une x? « Question toute
naturelle que fera toute personne étrangère aux origines de la langue.
Action vient du latin actio, immersion de iumersio, réflexion de ee-
FLBXio. Aclio , immersio, reflexio , dérivent eux-mêmes des supins ac-
titm, immersum, reflextim. Il en est ainsi de tous les autres. Or, quelle
figure les mots fiction , réflexion , feraient-ils dans une phrase , je vous
le demande, si , suivant le système de ceux qjii veulent qu'on écrive
comme on prononce, on les écrivait en effet de la sorte : Àksion, rè-
fleksion? J'espère que ce système absurde est abandonné sans retour,
et que personne ne s'avisera plus de vouloir nous y ramener. D'un au-
tre côté, l'exemple invoqué ici prouve quelle importance il faut atta-
cher à l'étymologie. Aussi est-ce avec raison que l'on fait un crime à
l'Académie d'avoir négligé cette partie essentielle.
(3) Incursion peut être considéré comme un dérivé de course, en
latin ciiBsi's, du supin cursum. En général, c'est du supin que se for-
ment les substantifs latins dérivés des verbes.
I .'iO
<;UAiMMAlUE FUAACAISE.
DÉRIVÉS DES MOTS EN HoU ET siOTl .
Action.
Ambition.
Exception.
FoPiCTION.
Nation.
Pétition.
Pbopobtion,
Station.
Aclionnaire, actionner
Ambitieux, ambition-
ner.
Exceptionnel.
Fonctionnaire.
National, naiionalitc.
Pétitionnaire.
Proportionne, dispro-
portionné.
Stalionnaire, station-
ner. Etc. , etc.
Accession. Accessible, accessoire.
Agbession. Af^resseiir.
Mission. Missionnaire, missive.
Diversion. Diversifier, diversité.
Dispersion. Disperser.
Rkpercussion Répercussif.
Révulsion. Révulsif.
Pension. Pensionnaire, pension-
nat.
Passion. Passible, passif. Etc.,
etc.
II.
-TIE Le t représente de même le son de Vs dans les sub-
stantifs en tie : Facétie, prophétie, etc.^ excepté dans
les suivants :
Chassie ,
Circassie, contrée;
Messie ,
Russie , contrée;
Vessie ,
ClllCie ^ contrée ;
Diœcie ,
Lycie , contrée ;
Ph.Trniacie ,
Pbénicic, contrée;
Superficie ;
excepté encore dans tous ceux ,■ — moins ineptie et inertie,
— où cette terminaison est précédée d'une autre consonne :
Apoplexie (1),
Asphyxie ,
Ataxie ,
Orthodoxie ,
Catalepsie ,
Epilepsie ,
Chiromancie (2),
Esquinanrie,
Murcie , contrée ;
Porcie, nom propre
Turcie, chaussée de
pierre.
Dérivés 5 Facétieux , chassieux , Circassien, pharma-
cien, chiromancien, etc.
III.
-TIEL ^'* ^ ^^ï^ V" ^ue les dérivés en ence (3) , par c, changent ce
c en t devant les désinences iel , iaire , ial : Confidence^ —
Confidentiel, confidentiaire ; péttitence, — pénitentiel ,
pénitentiaire , pénitentialx; sapience , — sapientiaux, etc.
Mais le c se conserve devant toute autre terminaison : con-
(1) L'a; représente deux consonnes, puisqu'elle l'ait entendre les
sons du h et de l's.
(2) li'n de la voyelle nasale , quoique partie essentielle de cette
Voyelle, ne laisse pas d'être dans l'écriture , considérée comme une
consonne distincte. Sans cela on prononcerait conzonne et non pas
consonne.
(3) Faites bien atlcnliun qu'il ne s'agil que des motscncHff, p;u'c«.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 451
sciencîeux , licencieux^ licencier, licenciement^ sentencieux ^en-
tencier^ silencieux ^ réi^érencieux, différencier. — Différentier,
par t, dérive de différent, non de différence; et c'est par la
qu'il se disUngue de son lioraonyme ou paronyme. Toutefois la
nuance est si délicate que plusieurs écrivent différencier dans
l'une et l'autre acception de ce mot.
En général, excepté dans e^^/Vu, captieux, elles mots qui
dérivent d'une terminaison par s ou par t , comme chassieux ,
ambitieux, dévotieux, c'est le c qui fait siffler la diphthon-
%\\Q ieux : Judicieux, précieux, pernicieux, deux, etc. — Dé-
rivés ou primitifs : Judiciaire , préciosité , ciel , etc.
Moins Carnassier, cognassier, finassier, mégissier^
peaussier, poussier, poussière, plumassier, balbutier,
initier, différentier, et les dérivés caissier, grossier, etc.,
les noms de cette terminaison s'écrivent de même avecc:
Acier,
Chevecier ,
Mercier ,
Sorcier.
Associer,
Dacier, non propre
Remercier ,
Vicier. Eto
se Soucier,
Foncier ,
Pénitencier,
Dérivés ou primitifs : Aciérer, aciérie, association,
société, social, soucieux, insouciant, souci, mercerie,
remerciement, merci, sorcèlerie, ensorceler, désensor-
celer, etc. — Ajoutez-y cierge et concierge. Introduisez-y
encore fiduciaire, du latin fiducia.
IV.
-TIAL Le t représente aussi le son de Y s dans les mots en
liai qui ne viennent pas de primitifs en ce ou se. Abba-
tial , initial, martial, nuptial, partial, primatial. Dé-
rivés : initier, initiation, initiative , partialité , partiel ,
paritaire, etc.
Mais on écrit Bénéficiai, commercial, facial, fécial, glacial,
officiai , paroissial , provincial , social , spécial , équinoxial , a
cause de Bénéfice, commerce , face , glace , office , paroisse ,
province , associer , espèce , équinoxe.
I :>2
GRAMMAIttE FRANÇAISE.
V.
-TIUS, Le t représente également le son de Vs dans la plu-
-TIEIV, part des noms propres en tins, tien, tium : Curtius,
-TltM. Grotius , Helvétius , HoRATius, Martius, Sulpitius,
Béotien, Capétien, Dioclétien, Domitien, Égyptien,
Titien, Vénitien, Latium.
Mais on écrit par c :
Confucius ,
Fabricius,
Luciiis,
Lucien ,
Marcien,
Fabricicn ,
IFéliciett ,
Alsacien ,
Languedocien ,
Lycien,
Pliénicien .
Prussien,
à cause de Fabrice , Félix , Luc , Marc , Alsace , Languedoc ,
Lycie , Phénicie , Prusse.
Tous les autres mots de cette dernière terminaison
( moins sien, Circassien, Prussien, paroissien, parnas-
sien , et persienne ) , s'écrivent par c .*
Ancien ,
Logicien ,
Magicien,
Mathématicien,
Mécanicien ,
Musicien ,
Nécromancien .
Opticien ,
Praticien,
Platonicien,
Praticien,
Stoïcien, etc., etc.
Ajoutez-y Escient, efficient et faciende.
VI.
Enfin le t représente encore le son de ïs dans les
mots suivants et leurs dérivés :
Balbutier ,
a fortiori,
Gentiane, plante,
GbATIOLK ou Herbe
à pauvre honune.
Miltiade,
NlCOTI ANE ou Tabac
Patient,
Pétiole,
Quotient,
Rationnal,
Rationnel,
RétIAIRE, gladia-
teur ,
Satiété ,
Spartiate ,
Tortionnaire.
Dérivés : Balbutiement, patience, patiemment, patienter^
impatient, impatience, impatiemment, impatienter, pé-
tiole , insatiable.
Voila donc tous les cas où le x remplace le c , l's , ou l'x.
Mais nous ne sommes pas au bout de notre tâche. Il reste en-
core bien des difficullés a résoudre , difficultés non moins
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. -155
formidables, non moins iiérissées qu'un feuilleton do J. J., ol
que j'ose pourtanl de même attaquer de front.
En avant , niarclions
- Contre leurs canons ,
A travers le fer, le feu , les bataillons,
Courons à la victoire. ( ^i.v. )
VII.
nu DOUBLE SON ks .
Le double son ks, devant e et i, se représente de cinq
manières, savoir : es , ce , xCy et, œ,
es Le son de l's après celui de k n'est représenté par son
signe propre que dans tocsin.
VIII.
ce Écrivez par ce, après un a ou un o initial : — accès,
OCCIDENT, etc. ^ excepté dans les mots suivants :
Axe ,
Axiome ,
Auxiliaire ,
Oxyniel ,
Axillaire ,
Axonge,
Oxycrat ,
Oxyde , et
r.ve= (1).
ses dé
Écrivez de même ce après la syllabe initiale su :
SUCCÈS, SUCCESSION, etc.
Ecrivez encore par ce les mois Baccifère , buccin ,
COCCYX, ECCE HOMO, FLACCIDITÉ, VACCIN, et leurs dérivés
BUCCINATEUR, VACCINER, etC.
IX.
XC Écrivez xc après un e initial: — excès, exciter,
SUREXCITER, etc. ^ exccptè ddus ecc« /lomo, locution pure-
ment latine qui signifie : voilà l'homme.
X.
CT Écrivez et devant un i suivi d'une autre voyelle : —
(1) Sans doute qu'en bien chercliant dans les fatras de Boiste et de
Napoléon Landais, nous en trouverions encore quelques autres; mais
on conçoit que nous n'admettions ici que des mots quelque peu connus.
T. II. 20
I3i flUAiMArviIlK FRANÇAISE.
Faction , factieux , section , etc . ; excepté dans les mots
suivants :
Ixia, riante,
Orlhodoxic,
Ann<'xion ,
Succion
Equinoxial ,
Apoplexie,
l'^lcxion ,
Iiillcxioii ,
Connexion ,
Complexion ,
Axiome
Aspiiyxic,
Ataxie,
Génufh'xion,
Reflexion ,
Ixion, nom propre,
Fluxion ,
I
XI.
X Érrivez par x tous les mots qui ne sont pas compris
dansles quatre règles précédentes : Connexe, FIXE, LEXIQUE,
LIXIVIATION, LOXODROMIE, LUXE, LUXATION, MOXA, PARA-
DOXE, RIXE, SAXE, SAXIFRAGE, TAXE, VEXER, XEUXIS , MIX-
TILIGNE, EXTRAORDINAIRE, etC. , etC .
XII.
DU DOUBLE SON pS OU bs .
PS Le son de Vs après p ou 6 est toujours représenté par
son signe propre : Clepsydre, ellipse, apside ou abside,
etc. -, excepté dans les mots où il précède un i suivi d'une
autre voyelle : Nuptial, adoption ^ captieux , ineptie.
Encore écrit-on Catalepsie, épilepsie.
XIII.
du simple son s.
Le c et Vs se substituent fréquemment l'un à l'autre.
S Après les syllabes ai, ou et ver, érrivez toujours s : —
MoissiNE, ROUSSEUR, VKRSION , REVERSi, ctc. 5 exccpté daus
douce et ses dérivés.
XIV.
SEA1\T Écrivez par s le mot séant et ses dérivés ou primi-
tifs : séance, préséance, bienséance, bienséant, messéant,
seoir, asseoir, rasseoir, surseoir, surséant, sis, assis, rassis,
sursis, il sied, superscder, obsède^', posséder, session,
obsession, possession, scssile , siège, siéger, assiéger,
assiette, assidu, assiduité, dissident, dissidetice, assienle ,
DES SIGNES OKTIIOGHAPHIQIES. 153
assesseur, sédentaire, situation, situer, site, sieste, etc. (1) .
CE A Écrivez par c, picca, céans, océan, et les dérivés Océa-
nie, océanique, océanien.
SIA Écrivez par 5 les mots sialisme, Siam,Ossian, Mar-
SYAS , et les dérivés, sialagogue, siamoise, ossianique.
Écrivez encore par s les mots siècle, sieur ou sire, et les
dérivés Monsieur , messire, messer.
CYA Écrivez par c les mots Cyame, cyanelle, cyanogène,
cyanomélre et cyalhe.
SI Écrivez, par s, si et ses dérivés ou composés : b-fa-si,
E-SI-MI , SI>0N, sitôt, aussitôt, AUSSI, AINSI. AjOUtCZ-y
REVERSi, déjà compris dans une règle précédente, et
P.\RSI.
€1 Écrivez, par c, ci et ses dérivés ou composés : ceci, ici,
voici , couci couci. Ajoutez-y souci déjà compris dans
une règle précédente.
XV.
SEB Écrivez se et si par s devant 6 : sébacé, sébile, sen-
SIB siBLE, SIBYLLE , etc. ^ cjccepté dans les mots suivants :
Cible ,
Concupiscibl»; ,
Indicible, I Irascible. Ciboire,
Invincible, Miscible, [Ciboule,
itoulette.
XVI
SEC Écrivez se et si par s devant c, q, g ti x : sec, dessé-
^'^ CHER, SECRET, CONSÉQUENCE, OBSÈQUES, OBSÉQUIEUX, SEG-
SI(> MENT, SEIGLE, SEIGNEUR, SEXE, BISSEXTIL, SIGAIRE, DESSICA-
SEG TIF, Sicile, sicle, sycophante , classique, persique,
^]^. SIGILLÉ, SIGMOÏDE , SIGNE, CONSIGNE, ASSIGNATION , SIGNIFI-
SIX CATiF, SIX, SIXIÈME, etc, etc.
(1) Tous ces mots ont en clTel ixuir origine commune le verbe latin
tItiDERR , SESSe.M.
•j'ie
GKAMMAIKE IKANCAISE.
CED
CID
CET
CIT
Sont exceptés les mots suivants
Boracique,
Cicaliice,
Cacique ,
Cicéro,
Cécité.
Cicutaire ,
Cicadelle ,
Cigale ,
Cigarre ,
Cigogne ,
Ciguë,
Cygne,
Cyclamen ,
Cycle ,
Exercice, dér.vé de
y exerce ,
et tous ceux qui commencent par cyc , ainsi que les dé-
rivés, c^cafmer, cicéronien, cicerole, encyclopédie , eic .
XVII.
Écri^ ez ce et ci par c devant d cl t : céder , précéder,
succéder, cédille, cèdre, Macédoine, Lacédémone, Le Cid,
Alcide, Thucydide, acide, placide, Procida, homicide,
cidre, acétate, cetacé, tacet, recette, concetti, citadelle,
cité, félicité, cécité, tacite, implicite, récit, récalcitrant,
Cocyte; etc., etc.
Sont exceptés :
Sedan ,
paudice.
Corset , dérivé da
Nécessité ,
Sédilion,
Considérer ,
Corps.
Vicissitude
Séduire ,
Obsidiane ou Ot-
Marcassile,
Sid.-ral,
s.d.enae (ij.
Réussite ,
Sidéiitis ou Cra-
Insidieux ,
Thersile ,
et naturellement les dérivés, Scdanoise, corselet, sédi-
tieux, séduction, considérable, etc. (2).
XVIII.
CEL Écrivez ce et ci par c devant / : Céladon, célèbre,
CIL Barcelone, parcelle, porcelaine, cil, cilié, ciller, dé-
(J) Nous avons déjà dit que le son de Vs après p ou b est ordinaire-
ment représenté par son signe propre : abside , subside.
(2) Comme nos régies ne se détruisent pas les unes par les autres,
il va sans dire qu'il faut aussi en exct'i)ter les mois compris dans une
règle précédente, ccmime par exeuiple: Densité, immcnsilc, dérivés de
dense et immense; censitaire, dérivé dv censé; assidu, assiellc, séden-
taire , obséder, posséder, siipcrsêder, sédiment, obsidional, dissident, dis-
sidence, situation, site, tous dérivés ou composés du latin skdebe, seoir,
asseoir; messidor, dérivé du latin messis , moisson; accessit, dérivé
du verbe accedkre ; selon, dont la première syllal)e est muette,
et enfin boissclte, cpousscte, gousset, verset, diversité, tous mois dont
l'nriliographe a été délernunéc plus haut. Celte observation est appli-
eablc à tous les autres cas anainuMics.
DES SIGNES OinilUGKAIMIlOlES. I .")7
ciller (1), sourcil, sourciller, sourcilleux , sourcilicrj
mucilage^ Liicile, Sicile, domicile, facile, réconcilier,
spicilège, verlicille, cylinclre, etc., etc.
Sont exceptés :
Aisselle ,
Sel,
Sik^sic,
Silphe (2) ,
Anselme ,
Sélam ou Sélan ,
Silex , silice.
Silure ,
Conseil ,
Sélénite ,
Silique,
Silve,
Marseille,
Sélénographie ,
Sillon ,
Tussilage,
Missel ,
Selle,
Silo,
Ustensile,
Orseille ,
Sil, terre minérale,
Silouette ou Sil-
Persil,
Silence ,
houette ,
et leurs dérivés, Pcrsiller, persillade, sélénileuœ, sclc-
nographique, sellier, sellerie, sellette, seller, desseller,
cnseller, silencieux, siliceux, silicule, siliqueux, silicu-
leux, sillonner, sillage, silphide;
SIX Et, de plus , tous ceux qui commencent par syl avec ij,
moins cylindre : — Syllabe , sylve, etc. (3)
XIX.
SEM Écrivez se et si par s devant m: sémaphore, sémitique,
SIM séméiologie, sémillant, bosseman, semblable, ensemble,
SYM SIMAR0UBA, SIMARRE, SIMILITUDE, SIMOME , SIMPLE , SIMU-
LACRE, DISSIMULATION, AMPLISSIME , SÉRÉNISSIME , PARSI-
MONIE (4) , ASYMPTOTE , SYMBOLE , SYMÉTRIE , SYMPA-
THIE, etc. , etc.
(1) N'écrivez pas , i\ l'exemple de l'Académie , dessiller , car cela est
aussi absurde qu'il le serait d'écrire ceindre et dcsscindre , celer et des-
scler.
(2) Nous avons déjà fait remarquer que c'est une faute d'écrire ,
avec l'Académie , sylphe , puisque ce nom dérive dn grec silphe.
(3) Il va sans dire qu'il faut joindre .i ces cxceplions les mots vais-
selle, vassclai^e, fossile, osselet, corselet, à cause des primilil's vaisskal',
VASSAL, FOSSK, OS, COHPS OU CORSET, aiusi quc Mousseline, universel,
a cause des syllabes qui préc«:dent mou et versel, et enfin selon à cause
de l'c muet de la syllabe initiale.
(/l) L'Académie (•.cv\i parrimonie , mais à lorl , puisque les substan-
tifs dérivent en général dn sujun , non du préseul de l'infinilif. Or le
mot parsinwnic dérive de pausiïm , non de parcebu , comme discussion
de DiscissiM, connexion de coknexi'm, elc. Dans lous les livres lalins
imprimés en Allejuagnc. on trouve ce mol ecril c.mime il l'esl ici :
pursitnonia ; et c'est par la que 1rs Allemands s'estimenl de beaucoup
Mipéijeurs aux l''iau(;ais.
i:i8
CllAMMAlllE l'IlANC.USE.
Sont exceptés :
Cément ,
Cimbrc ,
ICiiiie ,
|Cimeiil ,
(limeterre ,
Ciiiielière ,
ll^iniolee,
(Cymbale.
De plus , tous ceux qui commencent par déc : Dé-
cemvir, décembre, décemment, décime; et naturelle-
ment les dérivés. Cémenter, cémentation, cimbrique ,
cimier, cimaise, écimer , décimal, décimètre, cymba-
lier , cymbalaire , etc . ( 1 ) .
XX.
CEN Ecrivez ce et d par c devant n : Cénacle, Cène, Mé-
CIN cène, Mycénes , mancenillier, mercenaire, décennal^
cénobite, cénotaphe, cendre, cens, censé, censitaire, cen-
sive , censuel , censier, censé, censeur, censure , décence,
innocence, encens, accent, centre , ceindre, enceindre,
ceinture, cinabre, racine, vicinal, socinien , cinéraire ,
cingler, cinq, cintre, succinct, hyacinthe, bacin (2), ca-
pucin, clavecin, farcin, larcin, médecin, pnmicin, ricin,
cynancie, cynique, cynosure, etc., etc.
Sont exceptés :
Sénat,
Sénéchal ,
Sénestre ,
Sénevé ,
Sén<! ,
Sénieiir, Scni/e ,
Arsenal ,
Arsenic ,
Janséniste ,
Messénie ,
Seine .
Sens , sentir ,
Sentier ,
Absence ,
Essence ,
Dyssenterie ,
Sinistre ,
Sinon ,
Siiiople ,
Sinus , sein ,
Sinapisme ,
Sinécure ,
Alsine ,
Alphonsine,
Cassine ,
Orsini ,
Sincère ,
Sinciput ,
Sindon ,
Singe ,
Singulier,
Absinthe ,
Abvssin ,
Assassin ,
Dessein ,
Dessin ,
Fantassin ,
Marcassin ,
Matassins ,
Sein , sitiiis ,
Seing,
Spadassin ,
et leurs dérivés, Sénateur, sénatorial, sénalorien , séné-
chaussée, arséniate, arsenical, Messénienne, sensible, sen-
(1) Nous ne faisons pas à nos lecteurs l'injure de mentionner des ex-
cejUions telles que balancement ^ commencement , enfoncement , etc. Ils
ont tiop d'esprit pour ne pas comprendre que le principe de dériva-
tion est an-dessus des règles que nous donnons ici.
(2) L'Académie renvoie de bacin a bassin, mais elle aurait mieux
lait, selon nous, de renvoyer de ce dernier au premier; puisque ce
niot dérive du latin barbai-e bacinus. Alors on devrait écrire aussi bn-
rinel , bacincirc , baeincr.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. I o<)
suel, sensé , sensoriuin , ressentir , consentir , sentiment,
sentence, senteur, senlfne, sentinelle^ dissension {1) ,
quintessence , dijssentcrique , sinistrement, sinueux, in-
sinuer, insinuation, sinapisé, sincérité, sincipital ,
Âbyssinie , assassiner,d€ssiner, etc. (2).
SY\ Ecrivez par 5 la syllabe initiale 5y>i: synagogue, sy-
node, SYNONYME, ctc. ; cxcepté dans cynancie, cynique,
cynocéphale , cynoglosse et cynosure. Syn dérive de la
préposition grecque sun , avec ; et cyn du substantif
kiiôn, chien.
XXI.
CEP Écrivez ce et ci par c devant p : Cep , cèpe , cépée , Fm-
^^^ cépède , réception, récépissé, précepte, susceptible, cipure,
cippe, occiput, principe, municipe, récipient, réciproque,
précipice, Cypris , cypripède , céphalalgie, acéphale (3),
etc. , etc.
Sont exceptés :
Siphon ^5) ,
Sipaye (6) ,
Séparer ,
Seps ,
Insipide ,
Sept,
Sépia ,
Erysipèle (II) ,
Sépulture ,
Dissiper ,
Sipliilis ,
(1) Plusieurs écrivent dhsention , mais à tort, puisque ce mot ne
dérive pas de l'infinitif f/i.sscn/(/'c, mais du supin dissensum.
(2) Sans qu'on vous le dise, vous saurez bien, je l'espère, ajouter à
ces exceplions les mots coussin, coussinet, bécassine, poussin, poussinièrc,
roussin, traversin, tocsin, oursin, moissine. Et vous savez sans doute
pourquoi ? Si vous ne le savez pas, ce n'est pas faute de vous l'avoir dit.
(3) Remarquez que ce sont les seuls cas où le son de Vf se fasse en-
tendre après ce.
(4) Napoléon Landais a raison , crésipélc , pour erysipèle, n'est pas
français. Nous ajouterons qu'il n'est pas même grec.
(5) N'écrivez ni syphilis ni sypiion , puisque ces mots viennent, le
premier de .s//;/i/o.î, contraction de. sipalos, sale, difTorme , honteux,
et le second desipitôn, tuyau. Le .stp/ion s'appèle aussi trombe , de
Irombos, tourbillon, mais pourquoi rai)péle-ton encore tipiton î
(()) Cipuye, selon l'Académie. Nous préférons sipaye, puisqu'il n'y a
point de c dans l'étymologie sipain , mot persan qui signifie, «o/rfaf.
Pliisieuis reprochent , comme un crime, à l'Académie la terminaison
féminine ye , mais c'est qu'ils n'ont pas réUéchi que. des deux syllabes
palii , dans le mot originel, la première étant longue et la seconde
brève, c'est-à-dire, presque muette, ces deux syllabes ne pouvaient
se traduire en français que pai' paye. C'est ici le cas ou jamais d'écrire
comme on prononce. On prononce Cipa-yc, comme liisca-ye, et non
pas cipc.
ICO
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
cl\ems dén\{is, si'paralion, sèparable, inséparable, sep-
tième , sépulcre y sépulcral, dissipation , siphililique.
XXII.
CEIl Écrivez ce et ci par c devant r: Acerbe, Camba-
CUl cérès , Céraste, crécerelle, lacérer, macérer, cancer^
ulcère, acérer , Cerbère, sincère, Cérès, céréale, cerf,
cerfeuil, cercueil, certain, concert, cirage, cire, Circé,
circée, circompolaire , circoncire, occire, pondre, ciron,
cirque, cirre ou. cirrhe, cirsakas, chancir , noircir , obs-
curcir, rétrécir , Anticyre , Cxjrus, etc., etc. (1).
Sont exceptés :
Sérail .
Série ,
Conserver,
Sirte ou Sjrte ,
Séraphin ,
Sérieux ,
Observer ,
Sirvente,
Sérancolin ,
Serval,
Disserter ,
Réussir ,
Sérasquier,
Sertir ,
Genséric,
Syrie ,
Serdeau,
Sertorius,
Sirène ,
Syringa (3) ,
Séreux ,
Serlule,
Sirius ,
Syringotome ,
Serfouette ,
Assertion ,
SirOC ou Siroco ,
Syracuse,
Serf, servir ,
Insérer,
Sirop (2),
Absyrte , frèra d
LIédée.
De plus, tous ceux qui commencent par serp- , serg - ,
SERM-, SERR- : scrpc, serpeut , serpolet , serge , sergent ,
serment , serrer, etc. ^
Et naturellement les dérivés et composés : séraphique,
sérosité, sérum, serfouir, serviteur, servitude, service,
servante, Servilius, Servîtes, asservir, desservir, desserte,
dessert , sertissure, dessertir, insertion, conservation, ob-
servation, dissertation, siroter, sirupeux, Syrien, Assy-
(1) Evidemment les verbes en ser ne S(mt pas compris dans cette
règle, puisqu'ils sont eux-mêmes l'objet d'une règle à part.
(2) M. Napoléon Landais veut qu'on écrive sirot à cause de strolcr ;
mais alors d'où dérivera sirupeux? Vous voyez qu'il ne faut pas envi-
sager une question sous une seule face.
(3) N'écrivez jamais seringa , je vous en prie , mais syringa, confor-
mément à l'étymologie syrinx. Figurez-vous une jolie bouche s'en-
t'rouvrant gracieusement pour nommer un des arbustes les plus agréa-
bles de nos climats et vous faisant penser malgré vous à toute autre
chose.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 161
Wc, Assyrien , serpette, assermenter, serrure y desserrer ,
enserrer, etc. (1).
XXIII.
CES Écrivez ce et ci par c devant s et z : César, cesser y
CIS cession, nécessaire, nécessité, inceste, diocèse, recès ,
Baucis , cacis , Caciz , glacis , Franciscain, publiciste ,
narcisse, ciseau, vicissitude, cystophore, cyzicène, etc., etc.
Sont exceptés ;
Sésame ,
Séséli ^
Sesquialtère,
Sesterce ,
Assez ,
Seize ,
Châssis, dérivé de
citasse»
Sîson ,
les vertezensislcr-
Sistre ,
Sysimbre ,
Systaltique,
Systole ,
Systyle ,
Syzygie.
Consister, et tous Système ,
et leurs dérivés Sésamoxde , assistance, consistance , sys-
tématique , etc. (2).
XXIV.
CIV Écrivez et par c devante et/": Civadière, cive ou civette,
civet , civière, civil, civisme , gencive, crucifix, cmcifier,
vociférer, pacifier, pacifique, spécifier, spécifique,
rescifid) , etc.
Sont exceptés :
Censive, | Lessive, | Falsifier, | Salsifis, ] Siffler.
et leurs dérivés ou composés Falsification, sifflet, persif-
fler{^), persifflage, etc. (5).
(1) Joignez-y serein et ses dérivés, sércnissime , sérénité, sérénade,
ainsi que passerelle, passereau, sire, inessire, messcr, transir, grossir,
épaissir , tous mots dont l'orthographe a déjà été déterminée.
(2) On sait déjà qu'il faut écrire pars, assesseur , session, sessile ,
obsession, possession , sis, assis, sursis , controversistc , etc.
(3) N'écrivez jamais que rescif, à cause de l'étymologie hescikdere,
tranclier , détruire, quoique l'Académie autorise récif et même ressif
qui est un atroce barbaiisme.
(i) Persi/fler cstil un composé de siffler , ou ne l'est-il pas? Dans
le premier cas, pourquoi l'Académie écrit-elle .".(//^er avec deux /"et
persifler avec un seul? Quelqu'un s'est-il avisé d'écrire mettre et per'
Ttietrel En vérité, je finirai par croire avec INI. Napoléon Landais que
l'Académie n'est pas l'auteur de ces inconséquences.
(5) Ajoulez-y, sans qu'on vous le dise, les mots dc/bnsivc, oppressif,
réuulsif, ossifier, etc., dérivés ait défense ,] oppresse, révulsion, os.
T. n. 21
^62 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
SEV Ecrivez «e par s devante: sève, sévère, persévérer, etc.
— Exceptez-en les verbes en cevoir : Recevoir, perce-
voir ^ etc.
XXV.
SEU La syllabe initiale seu s'écrit par s: Seuil, seul,
SEULEMENT, seulet; cxceptè dans Ceula, ville d'Afrique.
XXVI.
Syllares finales ce et cée.
La syllabe finale ce ou cée des substantifs masculins et
des adjectifs s'écrit par c : Le caducée, le hjcée, le gyné-
cée, liliacé, opiacé, poracé, sébacé, testacé, gallinacé, etc.
Il faut en excepter sensé , récépissé , et naturellement in-
sensé , passé , trépassé.
Parmi les substantifs féminins de cette désinence, il
n'y a que les suivants qui s'écrivent par c : Circé, circée ,
jacée, Nicée , panacée et pincée.
XXVII.
Des lettres aggrégées se.
On a vu par plusieurs exemples que le son de 1'^ est souvent
représenté par les deux lettres aggrégées s et c. Reste donc a
savoir dans quels cas ces deux lettres se prêtent ainsi leur mu-
tuelle assistance.
En voici le tableau :
Primitifs.
ACESCENT, Quis'algrit.
Liqueur acescente. Du lat.
acescc7is.
ACCRESCENT, Qui prend
de l'accroissement. Style ,
calice accrescent. Du lat. ac-
crescens.
Adolescent , Qui est
dans l'âge qui suit la puberté
jusqu'à l'âge viril. Du lat.
aetolcsccns.
Dérivés.
Acescencc. L'acescence des humeurs , d'un li-
quide.
On appelle, en Botanique, Calice accres-
cent, celui qui persiste et prend de l'accrois-
sement avec le fruit, comme, par exemple,
l'alkékenge , qu'il faut bien se garder d'écrire
sans accent aigu à l'exemple de Boiste , qui ,
par parenthèse, a omis accrescent.
Adolescence. Il est encore dans l'adolescence.
Au commencement de l'adolescence. La fleur de
l' adolescence.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
^63
Priuiili/s.
ALCAXJiSCENT , Terme
de Chimie. En latin alcales-
cens.
Arborescent, Qui croît
un arbre. Du latin arbores-
cens.
Convalescent, Qui re-
lève de maladie, et revient
en santé. Etre convalescent.
Un convalescent. En latin
conialescens , de convales-
ccre, se rétablir.
Caulescent, pourvu de
tige. En lat. caulcscens , de
caulescere , monter en tige.
On dit aussi caitlifére.
DÉHISCENT, Qui s'ouvre.
En lat. dehiscens. Fruit dé-
hiscent.
Effervescent, Qui est
susceptible de Caire efferves-
cence ou qui est en efferves-
cence. hu]mde effervescent.
Matières cffervescenles. Fig.,
Une tête effervescente. En
latin effcrvescens , bouillon-
nant.
Efflorescent, Qui
tombe en elïlorescence. En
lat. cffloresccns , qui fleurit ,
qui s'épanouit.
EVAKESCENT, Disparais-
sant par une destruction ïn-
semiblv;. Nectaireévanescent.
En lat. evanescens.
FRUTESCENT. Tige fru-
tescente.
Incandescent , Qui est
échauffé et pénétré de feu
jusqu'à devenir blanc. Une
masse de fer incandescente.
En lat. incandescens.
Dérives.
Alcalescence. On nomme alcalescent ce qui
tend à tourner en putréfaction.
* Arborescent, quoique très-employé, n'a pas
encore trouvé place dans le dictionnaire de
Boiste.
Convalescence. Prornpte , parfaite , entière,
pleine convalescence. Etre en convalescence. En-
trer en convalescence. Elle sortait à peine de
convalescence, lorsqu'elle fut obligée de partir
pour un long voyage, dans l'intérêt de ses en-
fants.
* Caulescent est l'opposé d'acaule.
Indéhiscent. Fruits indéhiscents.
Effervescence (1) , Mouvement intestin qui
ressemble à l'ébullition, et qui s'excite par le
contact ou le mélange de deux substances.
(Acad.) Les alcalis font effervescence dans les
acides. {Id.) Il ne faut point confondre l'effer-
vescence avec la fermentation ni avec l'ébulli-
tion. {Id.) En médecine, L'effervescence des
humeurs. Fig., L'effervescence des esprits, des
passions.
Efflorescence. L'effloresccnce est le change-
ment qui arrive à une substance minérale, quand,
exposée à l'air, elle se recouvre d'une matière
pulvêrulcnle. (Acad.) Il y a des pyrites qui
tombent en efflorescence. (Id.)En Méd. , Avoir
des e/florescences sur la peau, Y avoir des éle-
vures.
* Evanescent ne se trouve pas dans le dic^
tionnaire si complet de Boiste.
Incandescence. Les solides et les liquides sont
susceptibles d'incandescence. Barre de fer
échauffée jusqu'à l'incandescence. Ce métal est
dans l'état d'incandescence.
(1) Au mot effervescence, madame de Sévigné se récric : «Comment
dites-vous cela, ma fille? Voilà un mot dont je n'avais jamais ouï par-
ler, n
46«
GKAALUAIKE FKAA<:AISE.
Prlmilifx.
ZiACTESCENT. Tige lac-
Icscente.
Marcescent, Qui se
fane et se dessèche sans tom-
ber. Feuille, corolle inarces-
cente. En lat. tnarccssens.
Phosphorescent, Qui
a la propriété de dégager
de la lumière dans l'obscu-
rité, sans chaleur ni com-
liustiun sensible.
PUBESCENT, Qui est
garni de poils fins, courts et
mons. Tige pubescente. En
lat. pitbescens.
Spinescekt, Couvert de
petites éjjines, ou s'a mincis-
sant en jjointe épineuse. En
lat. spincscens.
Turgescent, Qui se
gonfle. En lat. inrgcscens.
Concupiscence. La
concupiscence des yeux, etc.
En lat. conçu piscentia.
Inflorescence. En lat.
infloresccnlia.
Recrudescence ( 1 ) ,
Augmentation dans l'inten-
sité d'une maladie. En lat.
recrudescenlia.
RÉMINISCENCI:. En lat.
rcminisccnfta.
KÉSIPISCENCE , Recon-
naissance de la faute avec
amendement. En lat. rcsipis-
ccntia.
SCIENCE , Connaissance
Dcrii'és,
Les bruyères ont leur corolle monopé-
tale, quelquefois profoiKlcment divisée
et même polypétale, souvent marces-
sente, ordinairement insérée sur le ca-
lice et plus communément près de sa base.
Phosphorescence. Les chimistes ne connaissent
point la cause de la phosphorescence du bois
pourri, du ver luisant. ( Acad.)
Puùcscence. La pubescence des feuilles , de la
ti^'c.
Les tiges de plusieurs plantes sontspinescenlcs.
Turgescence. On entend par Turgescence
l'action des liquides qui s'enflent et s'élèvent par
l'effet de la chaleur ou par toute autre cause.
Conçu piscible. En terme de Scolast., appétit
conçu piscible. Faculté par laquelle l'âme se
porte vers ce qu'elle considère comme un
bien ; on l'oppose àl'appétil irascible. (Acad.)
L'amour, la Joie, etc., appartiennent à l'appè-
til conçu piscible. (Jd.)
L^a recrudescence du fléau. La. recrudescence
de la maladie.
J'ai quelque réminiscence de ce qui cul lieu à
celle époque. — Ce vers est une réminiscence.
Il est enfin venu à résipiscence. ( Académie. )
ylvez-vous quelque preuve de sa résipiscence 'i
ild.)
Sciemment , Avec connaissance de ce que
(1) Gardez-vous de prendre ce mot pour un dérivé de eresccre ; car alors
c'est recroissance et non reciudescence qu'il laudrait dire. Nombre de gens
j)arlent pourtant de la recrudescence des eaux de la Seine. Quoi de plus ri-
dicule ! M. Francis Wei, critique plus judicieux et meilleur écrivain que
J. J., a consacré une page et demie à l'aire ressortir tout le ridicule de celle
ex|ncsbi(in.
DES SIGNES ORTFIOGRAPHIQUES.
163
Primitifs.
qu'on a de qnelqiie chose ;
ensemble , système de con-
naissances, sur quelque ma-
tière ; savoir qn'-on acquiert
par îa lecture , par la médi-
tation, etc. Lascicncedu bien
el du mal. — Les sciences na-
turelles. Les sciences exactes.
— Il se pique de science.lLn
lat. scienlia, de sclre, savoir.
Ascendant, Qui va en
montant. En t. de Généal. ,
lAgne ascendante, etc., etc.
En lat. ascendens.
Crescendo. T. de Mus,
emprunté de l'ital. En ren-
forçant, en enflant par de-
grés les sons, etc.
FeSCENNIN. T.d'Antiq.
l'ers fescennins. Poésies fcs-
cennines.
AsciENS. T. de Gcogr.
Sans ombre. En lat. ascii ,
du gr. skia, ombre, et a priv.
Sceau ou Scel.
Scélérat , Coupable ou
capable de grands crimes.
En lat. sceterafus, de scelus,
scekris, crime.
ScÉLlTE , Pierre figurée
qui r('j)résente la jambe hu-
maine. Du gr. skelos, jambe.
Dérivés.
''on fait, avec réflexion. Scientifique, Qui
concerne les sciences. S cientifiquement . Con-
science, Lumière intérieure , sentiment inté-
rieur par lequel l'homme se rend témoignage
à lui-même du bien et do mal qu'il fait ; en
Métaphys. , Connaissance qu'on a d'une vé-
rité par le sentiment intérieur. Consciencieux,
consciencieusement. Omniscience , La science
infinie de Dieu. Prescience. La prescience de
Dieu n'ôlc pas la liberté à l'homme. A bon es-
cient, sciemment, y/ son insçu (1). Nescio vos,
Formulefamilière de refus, empruntée du lat.
A scension. Ascensionnel. Descendance.Descen-
dant. Descendre. Descente. Condescendre. Con-
descendance. Condescendant. La glorieuse ascen-
sion du Fils de Dieu. Force ascensionnelle, La force
par laquelle un corps tend à s'élever. Diffcrenco
ascensionnelle d'un astre, La différence entre
l'ascension droite et l'ascension oblique. Con-
descendre aux faiblesscsdequelqu'un. Caractère
condescendant.
Ce passage doit être exécuté crescendo.
{ Académie. )
' M. Landais figure ainsi la prononciation
de ce mot: hrèceceindô. Cela n'est ni fran-
çais ni italien. Prononcez crécliindo.
Fcscennie, Ville de Toscane, où furent in-
ventées les poésies dites Fcxccnr?(7(es. C'étaient
une sorte de poésie grossière et silencieuse.
Pcrisciens, Habitants des zones froides ,
pour qui l'ombre fait le tour de l'iiorizon en
certains temps de l'année, etc. En lat. pcriscii.
Scellé. Scellement. Seeller. Scelleur. Desceller.
Scélératesse. C'est une scélératesse insigne.
Comment ne pas préférer la société des
animaux a celle des hommes, quand on
songe à tout ce que le cœur humain ren-
ferme de méchanceté et de scélératesse;
quand on songe aux massacres commis
par la politique, la cupidité, rambiiion,
la vengeance ; quand on songe aux atro-
cités qui suivirent la découverte du Nou-
veau-Monde ; quand on songe aux bri-
(1) Cette orthographe est vicieuse sous tous les rapports: d'abord parce
qu'on n'écrit pas sçu , mais simplement su ; ensuite parce que c'est le seul
mot qui fasse exception aux règles que nous avons données plus haut sur
la cédille. Quiconque se pique d'ortli(>gra])hier raisonnablemeni, s'abstien-
dra di'uc d'ccriie insçti.
li>0 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Primitifs. Dérivés.
gandages exercés dans l'Inde par l'é-
goïsme ; quand on songe aux bûchers de
l'Inquisition? Hommes, si vous êtes
malheureux, ne vous en prenez qu'a
vous-mêmes. (L. N. FI. du Dan.)
Scénlqiie. Scénographie. Scénographique. —
Les jeux scéniques des anciens. La sccnogra-
pliie d'un palais. Représentation scénographi-
que.
En s'exposant sur la scène du monde ,
on doit s'attendre à tout.
( De Bréhan.)
Obscénité. Chanson pleine d'obscénités. Ce
tableau est une obscénité. Poètes , respectez la
jeunesssc, et ne faites point naître dans son es-
prit des idées obscènes.
Scepticisme. Il porte dans l'histoire un scepti-
cisme qui lui fait révoquer en doute les faits les
plus avérés. ( Acad.)
SCÈKE, La partie du théâ-
tre où les acteurs jouent. En
lat. scena, du gr. shcnè,
tente.
ScÉNOFÉGiE, Nom que
les Grtcs donnaient à la
fête des Tabernacles. Du
gr. skcnè, et pegnuô , je fixe.
Obscène , Qui blesse la
pudeur. Du lat. obs, autour,
Gi cœnum , bourbier.
Sceptique, Les sceptiques
ne niaient ni n'affirmaient
rien. Du gr. sheptitios , con-
templateur.
Sceptre. Du gr. skcp-
tron, bàlon.
SCÉVOLA. Kom propre.
Scier, Couper, fendre
avec une scie. Du lat. scin-
dere , scissum.
SCIATÉRIQUE. Cadran
scialériquc. Du gr, skia, om-
bre , et tcrcin, observer.
SciATIQUE , Qui a rap-
port à la liancbe , à l'os is-
chion , elc. Du gr. ischion.
Goutte sciadque , névralgie
scialiqiic, qui affecte le grand
nerf sciatique.
SCITLE, Plante bulbeuse.
Du gr. scilla.
SciNQUE, Sorte de lézard
du Levant. En lat. scincus.
Scintiller , Étinceler.
Du lai. scinlillare.
SciOGRAPHiE, Représen-
laliun de l'intérieur d'un
l\i le trône ni le sceptre ne préser-
vent du malheur.
Dieu donne et ôte le sceptre aux rois,
comme il lui plaît.
Sciage. Scie. Scierie. Scieur. Scion. Sciure,
Scinder, Scissile. Scission. Scissionnaire. Scis-
sure. Abscisse. Abscission. Rescinder. Rescin-
dant. Reseisoirc. Rescision. Rescif. — Scinder
une question. L'ardoise est scissile. Il y eut scis-
sion dans l'assemblée. Les membres scissionnai-
res. La scissure du rein , du foie. De la sciure de
de bois. Ona jugé le rescindant. Il a fait rescinder
l'obligation , le contrat, etc. Action en resci-
sion. Demander la rescision d'un acte. Le res-
cindant et le rescisoirene sont pas jugés par le
même arrêt. (Acad.) Une mer pleine de rescifs.
Et guidant son esquif | Elle raccuciUe au port
A liaveis maint rescif Qu'on appelle la mort :
Où Tonde crie , | Aimez Marie, (L. N. }
Seillilique , Qui est fait ou modifié avec la
scille. Vinaigre scillitique. Miel seillilique. Pi-
lules sciliitiques.
Seincoïdiens. La famille des scincoidiens ren-
ferme les genres scinque, seps, bipède , chalcide
et bimane.
Scintillant. Scintillation. — La scintillation
des étoiles. Les planètes n offrent pas de scintilla-
tion sensible, parce qu'elles ne sont pas des so-
leils comme les étoiles.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
^^^7
Pr'mùiifs,
bâtiment. Du gr. skia , om-
bre, et grapliô, je décris (1).
SCIFION. Nom propre.
SCYTALE , Cbiffre dont
les Lacédénioniens se ser-
vaient pour écrire des lettres
mystérieuses. Du gr. scutalê,
Scythes, Peuple.
SCYCLAX. Nom propre.
SCYLLA, écuell.
SCYIXAHE , Genre de la
famille des macroures.
Ascète. Du gr. askéô, je
m'exerce.
ASCIDIÉES (feuilles.)
ASCITE. Du gr. askos, ou-
tre. Hydropisie du bas-ven-
tre.
Discerner. Du lat. dls-
cernere, distinguer.
Disciple. En lat. disci-
pulus , de disccre , appren-
dre.
ÏASCE, Porter d'azur à la
fasce d'or. Du lat. fascia.
Faisceau. Du lat. fasci-
culus.
Fasciner. En lat. fasci-
nare , de fasciniim, charme.
Irascible, Prompt à se
mettre en colère. Du lat.
irascibilis.
liASClF. Le boue est un
animal très-lascif. En lat.
lascivus.
Miscible. En lat. tnisci-
Dérivés.
Comme un ruisseau d'argent, qu'une chute divise.
En napes de cristal pleut, scintille et se brise.
( Lauartinb.)
Qu'il sera fier de vous, le héros qui vous guide,
O Romains à l'âme intrépide ,
Vrais soldats d'un nouveau Sripion-l'Afrirain,
(L. N. La Bataille d'Uly.)
Scythie. — LaScylhie, immense contrée sep-
tentrionale de l'ancien continent , s'étendait de-
puis la Germanie à l'ouest , jusqu'aux bornes
du monde connu des anciens à l'est.
Pour éviter Charjhde on tombe dans Srylla,
Les Scyllarides , Tribu de l'ordre des déca-
podes, famille des macroures , créée pour le
genre seyllare.
Ascétique. — Auteur ascétique. Saint Basile a
composé des exercices spirituels pour la vie reli-
gieuse , sous le nom de Ascétiques,
Discernement. On ne saurait faire de si loin le
discernement des couleurs. Agir sans discernc-
nemcnt, sans savoir si l'on fait bien ou mal.
Condisciple. Discipline. Discipliner. DiscipU-
nable. Disciplinaire. Indiscipliné. — L'éléphant
est de tous les animaux le plus discipUnablc.
Mesure disciplinaire. Peine disciplinaire.
Fascé. Fasciè. — Fascé d'or et de gueules. Un
coquillage fasciè.
Fascicule. Fascicule. Fascine. Fascinage. — //
a publié le troisième fascicule de son truite sur
les mousses. Les feuilles de l'épine-viaette sont
fasciculccs. Racines fasclculccs. Accommoder de
mauvais chemins avec des fascines.
Fascination. — Cette étrange fascination des
esprits se conçoit à peine. ( Acad. )
Irascibilité. — // est d'une irascibilité ex-
trême.
Lasciveté. Lascivement. Il y a beaucoup de
lascivcté dansée tableau, dans ces vers. Regarder
lascivement. Danser lascivement.
Miscibililé. La miscibilité des métaux. Mis'
(1) D'après cette étymologie il me semble qu'il serait mieux de dire scia-
graphie. Au reste, il n'y a que l'Académie qui écrive sciographie.
468
Pr'nuittfa,
bilis, de miscere, môlcr.
OSCIXJ.ER, Se mouvoir al-
ternalivenient en deux sens
contraires. Un pendule qui
oscille. Du la t. oscillare.
Piscine, Réservoir d'eau.
En lat. piscina, de piscis,
poisson.
Plébiscite, Décret
émané du peuple romain
convoqué par tribus. En
lat. plebiscltum , de phùsy
peuple.
PaoBOSCiDE , La trompe
d'un éli-phant, d'un insecte,
etc. Du gr. proboscls.
SUSCEFTION, L'action de
prendre les ordres sacrés ;
etc. En lat. susceptlo, de
susclpere, prendre.
Susciter , Faire naître ,
etc. En lat. suscUarc.
VeSCE, Plante à fourrage.
Vn fagot de vesce. — Semer
de la vesce. Du lat. vcscii
manger.
Viscère. Le cerveau , les
poumons, le cœur, etc., sont
des viscères. Du lat. viscera.
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Dérivés,
cetlanés ou mélanges. Cet auteur a pubbtio
d'excellents miscellanés.
Oscillation. Oscillatoire, — Axe , centre
d'oscillation. Les petites oscillations du pendule
sont isochrones. — Les oscillations du flux et du
reflux. Les oscillations d'un vaisseau, d'une clo-
che, d'une escarpolette. — Les oscillations ou la
fluctuation du crédit public. — Mouvement oscil-
latoire.
C'est ainsi que par votre injuste publiscite,
vous avez ôté la vie à Ménénius, aussi grand ca-
pitaine que bon citoyen. ( Vertot.)
Proboscidiens, Première famille de l'ordre
des pachydermes. Les deux genres de cette
famille sont les éléphants et les mastodontes
ou éléphants fossiles.
Susceptible , Capable de recevoir certaine
qualité, certaine modification. La matièreest
susceptiblede prendre toutes sortes de formes. Sus-
ceptible d'amour, dchaine.;Ahso\., Ilestsuscep—
tible. Il est facile à blesser. — Susceptibilité,
Blesser , ménager la susceptibilité de quelqu'un.
Suscitation , Suggestion, instigation. // a
fait cela à la suscilation d'un tel. ( Acad. ) Res-
susciter. Notre Seigneur ressuscita Lazare,
Viscéral , Qui appartient , qui a rapport
aux viscères.
Ce qui caractérise principalemenl les vrais écrivains, c'est la pro-
priété des termes; car de la propriété des termes naissent la préci-
sion, l'élégance et l'énergie. Au contraire , chez les écrivains mé-
diocres, chez les grammairiens, et chez ceux que Boiste appelle
\Qsgensdu monde, l'expression est toujours, pour ainsi dire, à
côté de l'idée.
C'est que l'art de s'exprimer en termes propres, c'est-à-dire,
avec exactitude, avec précision , suppose yne connaissance appro-
fondie et universelle de la langue (1), un sentiment exquis de la
(1) Un livre qui faciliterait au i)lus haut point cette connaissance; un
livre qui, entre autres résultats des plus importants, fournirait à volonté le
mot propre, le mot consacré ; lui livre au moyen duquel on pourrait trou-
DES SIGNES ORTMO(iKAPHlgLES. 101)
valeur des mois. Cette connaissance , ce senlinient , celle qualité
essentielle, l'élude des élymologies peut seule la donner. Elle seule
peut empêcher les acceptions illogiques et forcées que l'on donne à
certains vocables, faute d'en connaître la valeur précise.
Gardez-vous , ô démolisseurs , gardez-vous de porter atteinte aux
lois de la dérivation , en supprimant les lettres étymologiques, qui
sont le cachet distinctif des mots. Respectez-les partout où le temps
les a épargnées , et écrivez clef, pied, il advient , temps , parents ,
prudents, et même favorit, de préférence à clé, pié, il avient ,
tems, prudens, favori. Clé et 2iié ne doivent être admis qu'à titre
de licences poétiques. Quant au mot tems sansp et au pluriel des
mois en ant et eut sans t, rien n'est plus absurde que celte abré-
ver sur-le-champ le nom technique de tout objet réel , sans exception , qui
s'offre à la vue ; qui pourrait suppléer ainsi au défaut de mémoire et d'ins
traction même, et s'intituler avec plus de raison encore que cette gram-
maire: La Clef des Lakgdes et des Sciences ; un tel livre serait-il indigne
de fixer un moment l'attention du roi le plus éclairé et de la reine la plus
bienfaisante du monde , tous deux si dévoues aux progrès des sciences et
des arts, tous deux si capables d'apprécier une découverte?
Tel est pourtant l'objet du grand Dictionnaire dont je me suis occupé
depuis dix ans , et que j'ai interrompu, à la demande de M. Dutertre, pour
entreprendre cette grammaire , qui ne m'aura pas coûté à elle seule moins
de trois ans d'un travail assidu. Que de vers j'aurais pu faire dans cet inter-
valle ! Ah! le public doit bien de la reconnaissance à M. Dutertre pour le
danger que celui ci a détourné de sa tête. Toutefois ma passion pour mou
Dictionnaire eût également sauvé le public; car j'avais bien juré de ne plus
rien écrire, de ne plus rien publier, que mon grand dictionnaire ne fût
terminé. Fiez-vous après cela aux serments des poètes ! Ovide, pour son
compte, en écrivait des milliers sur l'aile des vents.
Mais je ne t'oublie pas pour cela, mon cher dictionnaire ! Je t'aime loii-
jours aussi tendrement, tu es toujours mon enfant de prédilection en qui
j'ai mis toutes mes complaisances. Va, les volumes que je publie te servi-
ront de précurseurs. Je les envoie pour annoncer ta venue au monde et
prépai-er tes voies.
Qui sait ? peut-être le roi , peut-êUe M. Villemain, peut-être l'Académie,
peut-être la nation dépêchera-t-elle à notre rencontre, afin de hâter, par
tous les moyens, l'instant heureux de ton apparition; peut-être mettra-t-elle
à notre disposition quelque puissante locomotive, qui nous permette d'aller
plus vite. Kous en aurions grand besoin, car le chemin est malaisé, et l'é-
quipage n'en peut plus. A l'effet d'obtenir une telle faveur, javais rédigé
une demande en forme. Je ne sais par quel scrupule ultérieur celte de-
mande est restée dans mon portefeuille, où elle est encore à voir pour peu
qu'on y tienne. Je crois me rappeler qu'un ami , un véritable ami , m'insi-
nua qu'on m'accorderait peut-être quelque chose comme une aumône et
je ne voulus pas m'exposcr au danger de jeter, comme Chatterton, dans un
accès de colère, tous mes manuscrits au feu; ce dont je n'aurais pas man-
qué de me repentir après.
C'est que je n'avais pas, comme tel autre grammairien, jusqu'à soixanle-
cinq députés dans ma manche, y compris M. Guizot lui-même. Je n'ai pas
l'honneur de connaître un seul députe. Le seul dont il me lut raisonnable-
T, II. '_':>
170 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
vialion, par laquelle le Journal des Débats tient tant à se distin-
guer. Prêter ainsi les mains aux ridicules innovations des Joubert,
des JVIilleran , des Dangeau , ce n'est pas faire preuve de beaucoup
de discernement, mais c'est justifier pleinement le ton d'outrecui-
dance avec lequel on ose parler quelquefois de M. de Lamartine.
Non , rien de plus absurde que cette altération graduelle qu'on fait
subir à l'orthographe , sous de vains prétextes de simplification et
d'économie. Quel sens attacheriez-vous, je vous le demande , au
mol faisceau , s'il se présentait à vous sous la forme defesso? Cet
unique exemple peut vous donner une idée de ce que serait une or-
thographe restreinte à la simple « expression graphique des sons.»
Heureusement que le mal n'est pas aussi grand que se plaît à
ment permis d'invoquer l'appui était M. S*'*, député natif de mon arron-
dissement. J'arrive, on m'annonce, je suis introduit.
«Ali ! c'est vous,» se hâta de me dire l'honorable député de **^*,sans me
laisser achever ma phrase. « Je devine le motif de votre visite. Vous venez
» sans doute me demander ma protection. Mais vous oubliez que, dans les
a élections municipales de *+**, vous avez parlé en faveur de M. G*^^.
» M, G^^^, il est vrai, est mon ami. Mais ce n'était pas une raison pour vo-
» ter contre M. L***, qui est aussi mon ami. Après cela, vous pensez bien
» que je ne puis pas m'intéresser à vous. »
A la bonne heure. Voilà ce qui s'appelle agir franchement. J'aurais presque
embrassé M. S*** pour une telle franchise. Cela ne vaut-il pas mieux cent
fois, en elTet, que de vous tenir des années entières le bec dans l'eau , à
l'exemple de ces chailatans tout emmiellés de fausses promesses, par les-
quelles ils vous empêchent de prendre à temps une résolution énergique, et
vous retiennent ainsi plongés dans l'angoisse d'une vaine attente, jusqu'à
l'entier épuisement de toutes vos ressources ?
11 y en a même qui, avec l'expression du plus vif intérêt sur leurs lèvres,
dans leur voix, et dans leur regard, vous jurent, en vous serrant cordiale-
ment la main, de s'occuper de vous avec zèle, lesquels, le dos une fois
tourné, ne pensent plus même que vous existez. Avis aux jeunes gens, et a
bon entendeur salut.
Bref, tel fut le résultat de ma démarche auprès de M. S*^*, ce grand ora-
teur, dont l'éloquence, dont les arguments vous laissent, comme vous voyez,
sans réplique.
Que si l'on veut connaître plus particulièrement quels étaient mes torts
envers M. S**'^,'.on n'a qu'à lire, dans Amertumes et Consolations, la pièce
intitulée : Le Maire charitable.
Vous sentez bien que ce premier succès ne me tenta guère, et, pour par-
ler comme l'Académie, je rengainai bien vite mon compliment. C'est que
j'ai le malheur de me décourager vite. Autant j'ai de persévérance dans le
travail, autant j'en ai peu dans les choses qui touchent à mon bonheur; et,
même en amour, si l'on ne fait vers moi la bonne moitié du chemin, je re-
tourne aussitôt sur mes pas. Est-ce orgueil? est-ce humilité? Je crois que
c'est l'un et l'autre.
Après ce que je viens de raconter, je ne puis m'empêcher de penser à
J. J. Encore une fois, il n'aurait qu'à avoir l'épouvantable idée d'appuyer
ma demande auprès du ministre. Quelle vengeance! J'en ai la fièvre rien
que d'y songor.
T>ES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 171
le dire M. Fraucis Wei; el les mois lîombreux que uous avons cités
plus haut prouvent suffisamment que l'étymologie n'a presque rien
perdu de son empire sur l'orthographe. Quant au changement de
Voi en ai, aux imparfaits des verbes et dans les mots terminés en
oi avec le son de é, nous en remercions de tout cœur Nicolas Bé-
rain , de Rouen ; car cette légère innovation , dont la première
idée lui appartient, est un service réel rendu à la langue ; puisque,
sans porter aucune atteinte grave à l'étymologie , elle fait dispa-
raître une des plus grandes difficultés de la prononciation ; service
innappréciable qui eût dû valoir à son auteur autre chose que les
titres de x)édant crotté et de cuistre que lui prodigue si libérale-
ment M. Francis Wei. Surtout il est d'une critique bien peu fran-
çaise de qualifier sans façon M'"^ Leroy, M"« Saint-Maurice et
M'^« de la Durandière^, de précieuses , de pimbêches et de péron-
nelles, parce qu'elles eurent le tort immense, selon M. Francis
Wei, de changer sçavoir en savoir, resiouissance en réjouissance,
tousiours entoKJours, troisiesme en troisième, prosne en prône, veu
en vu, eschantillon en échantillon, etc. C'est un tort dont, pour ma
part, je sais beaucoup de gré à ces vénérables dames ; bien que je
porte aussi loin que qui que ce soit le respect pour les formes pures
de notre langue, et que je sois prêt à rompre autant de lances qu'il
le faudra contre quiconque oserait encore y porter une main impie.
Pour en revenir à notre Cj inutile, je crois, d'avertir qu'il
ne prend point de cédille devant e ou i, puisque de sa nature
il a toujours le son doux devant ces deux voyelles.
Inutile aussi de répéter que le son de Vs devant a, Oj Uj
est toujours représenté par son signe propre : sage^, saint „ etc. 5
excepté dans les dérivés des mots à désinence en ce^ cer ou
cevoir^ et dans quelques autres mots terminés par çon.
Inutile encore de rappeler que Ys se redouble entre deux
voyelles , sous peine d'être prononcée comme un z^ excepté
dans les mots suivants et leurs dérivés ou analogues :
Antiseptique, re-
mède ;
Anlisocial.
Antisiphilitique,
Asymptote,
Coquesigriu; ,
Désuétude ,
Girasul, sorte d'o-
pale.
Monosyllabe ,
Parasange , mesure
i*.;nôrairs.
Paraseiène,
Parasol ,
Périsystole,
Pétiosilex ,
Polysynodie ,
Préséance,
Présupposer ,
Prolosyncelle ;
vicaire d'un patria
:be ;
Tournesol ,
Trisection ,
Unisexuel,
Vraisemblable.
172 (;ilAM.\IAIKK MUAÇAISE.
Dérivés et analogues. Asymptotique , trisyllabe _, décasyl-
labe, polysyllabe, monosyllabique, parisyllabique, imparisyl-
labique, présupposilîon, vraisemblance, invraisemblance, in-
vraisemblable.
Toutefois, je demanderai pourquoi l'on redouble Vs dans
dessécher, desseller, pressentir, ressentir, ressouvenir, ressem-
bler, etc. j et point dans désuétude, préséance, présupposer,
vraisemblable, etc. Pourquoi dissyllabe et point trissyllabe?
Je ne saurais me rendre compte de cette anomalie, et c'est
pourquoi, je vous le dis, vous pouvez écrire sans inconvé-
nient Dessuétude,presséance,pressupposer, monossyllabe , tris-
syllabe, décassyllabe, hendécassyllabe, imparissyllabique, tris-
section , et même unissexuel et vraissemblable ; à moins que
vous ne préfériez : désuétude , pré-séance , présupposer,
vrai-semblable, etc. Il n'y a pas d'autre alternative aux yeux
de la raison. Cettepetite innovation, quoique très-rationnelle
et fondée tout entière sur l'analogie, me vaudra peut-être de
la part de M. Francis Wei les titres assez peu flatteurs de
pédant crotté et de cuistre obscur; ce jet subit de lumière
blessera peut-être quelques prunelles trop délicates^ mais on
s'y accoutumera, comme on s'est accoutumé à bien d'autres
choses beaucoup plus funestes, comme on s'accoutume à tout,
même à la vie, même aupoison, même aux feuilletons deJ.J.!
Je ne vous dis rien encore des mots antisocial, antiseptique ;
car l'esprit humain est une bouteille au goulot étroit oh le
bon sens ne pénètre que goutte à goutte; mais leur tour vien-
dra. Jusque là vous ferez bien d'écrire anti-social , anti-
septique. Les autres sont plus rebelles à la réforme.
Il reste encore sur le son de Vs une petite difficulté à ré-
soudre. Nous avons dit que ce son est toujours représenté
par son signe propre devant a, o, u; mais comment, par la
simple audition, distinguer ai de ei ou de é, an de en? Ici
encore la scien(C étymologi(iuc est d un grand secours: car
DES SIGNES ORTflOOllAIMIIQLES. 1/')
ai indique, selon l'expression de M. Francis Wei, que le mol
latin dont le nôtre est dérivé contient un a corrélatif dans sa
ton texture. Ainsi l'on écrit essaim ^ sain, saint, saigner, sai-
sir, saison, h cause de examen, sanus, sanclus, sanguis, sa-
cire, slatio (1). Dérivés et composés : sainement, assainir,
sanitaire, sainbois , sainfoin, saindoux, saintement, tous-
saint, saisie, saisissement, se dessaisir, etc. Ce sont à peu
près les seuls exemples qu'on puisse citer.
On écrit par san les participes des verbes en ser et leurs
dérivés : compatissant, croissant, naissant, croissance, nais-
sance, reconnaissance , etc. , ainsi que l'adjectif puissant et
ses dérivés puissance , puissamment , impuissance .
Voici la liste des mots qui commencent par san :
San-btnito ,
Sangle ,
Sansonnet,
Sanctuaire,
Sancir,
Sanglier,
Santé ,
Sandaller ,
Sanction ,
Sanglot,
Santoline ,
Sang lade ,
Sandal,
Sanhédrin ,
Santon,
Sanglant,
Sandale ,
Sanicle,
Sanve.
Sangsue ,
Sandaraqne ,
Sanie ,
Dérivés :
Sanguiii,
Sandjiak,
Sans ,
S anctlonner ,
Sanguine ,
Sang,
Sanscrit ,
Sancllficr ,
SanlcKX, clc
Enfin me voilà hors du ténébreux abîme.
De l'air, de l'air, mon Dieu ! Sur quelque haute cime
Vos deux à respirer !
Une source d'eau claire où me désaltérer!
C'est l'heure où chaque cœur bat près du cœur qu'il aime.
J'ai travaillé bien tard ; ma fatigue est extrême.
Un moment de repos , Seigneur, un scm? moment!
11 est minuit. Tout dorl sous les yeux des étoiles.
Moi, tandis que la nuit berce amoureusement
Le monde dans ses voiles ,
Et lui fait retrouver dans un rêve charmant
Les fêtes , les plaisirs , les triomphes , la joie ,
Que vous faites , Seigneur , éclore dans sa voie ,
Moi seiil, pour amortir les traits de ma douleur,
(4) Celte dcinièie élymolugie est au moins douteuse.
17 1 «iU.VMMAlKE MlAiNÇAJSE.
l'our écarler le spectre affreux de mon malheur.
Je roule , tout sanglant, mon rocher qui relombc.
rUié , pitié , mou Dieu ! car mon âme succombe
A lant d'efforts , à tant de maux.
Un moment de repos , un moment de repos !
J'ai soutenu long-temps le choc d'un grand orage
Qui m'a tout brisé , tout meurtri ;
J'ai souffert bien long-temps sans pousser un seul cri,
Mais je ne réponds plus, Seigneur , de mon courage;
Et quand la Mort est là , qui , seule ayant pitié ,
Se\ile me tend les bras , tous m'ayant oublié ;
Quand le monde pour moi n'est qu'une latomie (1) ,
Qui pourra m'empêcher d'embrasser cette amie ?
J'ai déjà lant souffert , je souffre lant , mon Dieu!
Ah ! de grâce éteignez cette douleur de feu ,
Cette éternelle flamme,
Cet enfer de mon âme.
Hélas ! voilà qu'au souffle ardent de mon esprit
Le brasier se rallume, et flamboie, et grandit.
Voilà que le serpent réchauffé se ranime;
Voilà qu'il recommence à mordre sa victime.
Au travail , au travail ! Dans cet étau d'airain
Comprimons à la fois mon cœur et mon chagrin.
Étouffons ma pensée , afin que la fournaise ,
Faute de stim,ulant , s'assoupisse et s'apaise.
Et vous, qui maintenant voyez du haut des deux
Quel supplice mon cœur , pour épargner vos larmes ,
Dérobait à vos yeux ,
Vous , témoins désormais de toutes mes alarmes ,
O ma mère , ô Stella, priez , priez pour moi ,
Et retrempez mon âme au soleil de la foi.
Encore quelques exemples^ encore quelques fleurs sur cet
aride sol de la grammaire, trop peu cultivé jusqu'à ce jour.
(J) Carrière où l'on renfermait des prisonniers. La plus célèbre est celle
(le Syracuse, taillée dans le roc par Denys le Tyran. Elle est convertie aii-
jourd'lnii en jardin souterrain. Du gr. latomeô, je taille des pierres, de (aas,
pierre, et temni), je coupe.
DES SIOES ORTHOGRAPHIQUES.
LE PRINTEMPS.
I.
Je marchais dans l'air libre à travers la prairie
Pleine Tde doux concerts et d'aspects ravissants ;
Le soleil rayonnait , et de l'herbe fleurie
Mes pas faisaient sortir des nuages d'encens.
Tout riait, tout chantait. Jeune amante adorée ,
Des fleurs dans ses cheveux et richement parée
De ses plus beaux atours ,
La Nature semblait rêver à ses amours.
A la voir souriante, à la voir jeune et belle.
Avec son voile blanc, sa couronne éternelle
De neige , on eût pensé
Qu'elle attendait après son jeune fiancé.
Mais convient-il d'avoir tant de coquetterie.
Lorsqu'on est fiancée et que l'on se marie ,
Pour le premier venu ,
Et d'étaler ainsi l'éclat de son sein nu ?
Elle laisse flotter sa tunique ondoyante ;
Et sa bouche , en passant , sa bouche souriante
Vous donne le bonjour ,
Tandis que son œil bleu vous lorgne avec amour.
Voyez, elle n'a pas cessé de vous sourire.
Ni de vous agacer ; et, pour mieux vous séduire.
Elle vous tend la main ,
Et vous donne à baiser les roses de son sein.
Moi , devant ces trésors des plus charmantes choses ,
Tout baigné, tout noyé de souffles amoureux ,
De céleste harmonie et de parfums de roses,
Je me disais: Pourquoi sia's-je si malheureux?
II.
Je marchais dans l'air libre à travers la prairie
Pleine de doux concerts et d'aspects ravissants ;
Le soleil rayonnait , et de l'herbe fleurie
Mes pas faisaient sortir des nuages d'enecns.
Tout riait, tout chantait j près d'une source pure ,
Je vis le beau Printemps, l'amant de la Nature ,
Qui se paraît pour son hymen ,
Nonchalamment penche sur le flot argentin.
ne» GU.VMM.VIUE l'KA>'<;VISE.
Il était radieux comme une jcume gloire.
La naïade (1) aux yeux clairs lavail ses pieds d'ivoire,
Et parfumait .îcs blonds cheveux,
Ruisselant en Ilots d'or de son IVont lumineux,
L'oréade (2) , non moins empressée à lui plaire ,
Lui mettait par dessus ses boucles de lumière,
Sa couronne de diamant ,
Et les grâces ornaient son visage charmant.
agaçant et rieur comme une jeune fille
Qui s'en va folâtrant de charmille en charmille ,
II se pencha vers le ruisseau.
Et sur moi fit jaillir une poussière d'eau.
Puis mêlant son gai rire au chant moqueur des merles ,
Il prit à sa couronne une foule de perles
A l'éclat vif et diapré ,
Et les sema sur l'herbe à mes pieds dans le pré.
Moi , devant ces trésors des plus charmantes choses ,
Tout baigné, tout noyé de soujjlcs amoureux ,
De céleste harmonie et de parfums de roses ,
Je me disais': Pourquoi suis-\c si malheureux':'
m.
Je marchais dans l'air libre à travers la prairie
Pleine de doux concerts et d'aspects ravissants ;
IjC soleil rayonnait, et de l'herbe fieurie
Mes pas faisaient sortir des nuages d'encens.
Sur leur couche de fleurs , au bord des eaux courantes ,
Nos amants ont fondu leurs lèvres souriantes
Dans un baiser divin ,
Et la création célèbre leur hymen.
Comme je regagnais la ville aux rumeuis sourdes.
Léger, ne sentant plus le poids des heures lourdes,
Plongeant mes yeux ravis dans les bleus horizons ,
L'âme pleine d'oubli, de calme, et de chansons,
A oilà que tout à coup , sur une pente douce ,
L'un près de l'autre assis sur un sofa de mousse ,
A l'ombre d'un tilleul ,
3'aperçois deux amants, deux, et pourtant un seul.
(1) Nymphe des fontaines et des rivières. En grec naias.
(2) Nymphe des montagnes. Du grec oros, montagnr.
iiES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
Tels ensemble croissant sous l'œil de la nature ,
Puisant au mt^me sein la même nourriture ,
Deux arbustes jumeaux, peuplés d'oiseaux chanteurs ,
Ne forment qu'un massif de verdure et de fleurs.
O rayon de l'amour qui sur leur front se joue !
O rose de la joie éclose sur leur joue 1
O doux chants de bonheur
Dont leur lèvre frémit , chaste lyre du cœur 1
Alors , devant l'éclat du lis et de la rose ,
Sous le sou/fle embaumé qu'exhalait chaque fleur.
De ma douleur en moi je sentis mieux la cause:
Loin (V ELLE sur Ia terre il n'est pas de bonheur.
( L. N. Fleurs du Danube. )
OMMA VANITAS. A M. l'aBBÉ '".
O Vous , esprit formé d'une divine essence ,
Ne vous dérobez pas à ma reconnaissance ,
Et laissez, laissez-moi vous adresser aussi
L'hommage de mon cœur et vous crier: Merci !
Merci , ministre saint de la f;râce, — dont l'âme
Est un foyer d'amour, douce et limpide flamme
Qui, lorsque vous passez parmi les malheureux.
Fait qu'un rayon d'espoir s'épanouit sur eux ,
Et , brillant tout à coup comme un phare dans l'ombre ,
Jète un reflet du ciel sur leur demeure sombre l
Merci du fond de l'âme, à vous , cœur éprouvé ,
Qui m'avez console , béni , calmé, sauvé.
Qui , vrai soldat du Christ, votre divin modèle ,
Et tout prêt à mourir en serviteur fidèle ,
Suivez de la vertu le sentier escarpé ,
Plein de sollicitude et de sueur trempé ,
Conduisant après vous, noble pasteur des âmes,
Loin des jets vénéneux , loin des pièges infâmes ,
Un troupeau bien souvent rebelle à votre voix ;
De sorte, ù bon gardien , qu'il vous faut bien des fois ,
Retournant sur vos pas , chercher loin de la route
Vos brebis «'égarant dans la forCt du doute !
O céleste envoyé , qui passez ic(-bas ,
Au sombre esprit du mal livrant mille combats ,
Cumulant les fardeaux, et prenant de la vie
Pour vous tout ce qu'elle a de moins digne d'envie,
H 78 OKAMMAIRE FRANÇAISE.
Merci ! car vous avez sur mon front abattu
Fait descendre d'en haut l'orgueil de la vertu ;
Car votre piété , comme une clarté vive
Sous laquelle le cœur malade se ravive.
Pour les yeux de mon âme , à travers sa prison ,
A refait dans le ciel un splendide horizon.
Où trouver des couleurs , des notes, des paroles ,
Des signes, des rayons, des flammes, des symboles ,
Capables de servir d'interprète à mon cœur ,
Et d^exprimer mes vœux dans toute leur ardeur ?
Pour vous, pour vous avec des prières de flamme ,
Quelle faveur au ciel faut-il que je réclame?
7ct-bas n'est-il rien qui flatte vos désirs ,
Tel que titres , honneurs , richesses, doux loisirs ?
Eh bien , que votre front se couronne de gloire.
De toutes les splendeurs dont brille la victoire ;
Que la Fortune, loin des vulgaires rumeurs,
Vous porte sur son aile au sommet des grandeurs ;
Qu'en vous voyant passer la foule impatiente
Éclate autour de vous en fanfare brillante ;
Sous les plafonds sculp(ès, où le rayonnement
De cent lustres répand son éblonissement.
Que le banquet superbe, éclatant d'allégresse,
Prolonge à votre gré sa joie et son ivresse ;
Qae splendides galas et concerts ravissants
Ne cessent d'enivrer votre cœur et vos sens ;
Que tout vœu de votre âme à l'instant s'accomplisse ;
Que chaque heure sur vous apporte son délice ;
Que la faveur des rois, riche de mille dons,
Inonde votre «cm de croix et de cordons;
D'un manteau de brocart taillé pour un grand rôle
A votre tour drapez fièrement votre épaule ;
Ayez, pour déposer l'accablant poids des jours,
Canapés de damas et carreaux de velours;
Ne paraissez jamais qu'en pompeux équipages,
Sans cesse environné de laquais et de pages ;
Qu'il vous vienne du ciel un souffle caressant ;
Sur la terre , en un mot , soyez riche et puissant.
Que dis-jeî vous dont l'œil pénètre toute chose,
Vous qui voyez la fin aussi bien que la cause,
Sans doute des grandeurs vous savex le néant ?
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 179
Ail 1 comme on vide tôl celte outre de géant 1
Et qu'elle affreuse lie au fond du vase vide
Laisse cette liqueur enivrante et perfide !
Pour une goutte , hélas ! de ce nectar vainqueur ,
Que de poisons mortels nous dévorent le cœur!
Puisqu'il en est ainsi, puisque l'unique chose
Qui répande en notre âme un doux parfum de rose ,
C'est de vivre pour Dieu, de n'aimer que lui seul;
Puisqu^it n'est qu'un degré de la pourpre au linceul,,
Qu'au milieu des plaisirs la douleur surabonde ^
Que tout sourire t&i faux et toute joie immonde;
Puisqu'on ne voit partout que désenchantements ;
Puisqu'un souffle détruit les plus fiers monuments;
Et que la terre , hélas ! n'est qu'une morne friche
Dont les fruits sont amers au pauvre comme au riche;
Puisqu'a l'œil de l'esprit cet immense univers
Est plus petit qu'un grain de sable au fond des mers ;
Puisqu'ici bas tout n'est que misère profonde,
Et qu'il faut tendre au ciel par le mépris du monde ,
Foici quels sont pour vous mes souhaits de bonheur :
C'est que Dieu vous accorde, ô &dè\c pasteur ,
La grâce de gagner à Jésus bien des âmes
Et de les préserver des éternelles flammes,
Afin que vous puissiez arriver quelque jour,
Tout rayonnant de gloire au suprême séjour.
Conduisant sur vos pas une légion d'anges
Qui dans l'éternité chanteront vos louanges. ( Id. Ibid. )
A DEUX PETITES PRINCESSES ALLEMANDES ,
m"'s baldine et élkonore de p*^*.
Pardon d'avoir blessé votre patriotisme ,
Beaux enfants, nobles cœurs, lis à l'éclat si doux.
Voyez-vous ! l'exil est im prisme
Où le pays natal brille au dessus de tous.
Pardon d'avoir ému votre jeune courroux.
5'il est vrai qu'en fait d'arts la France soit la France,
Toujours est-il, j'en ai la parfaite assurance.
Qu'on n'y voit point d'enfants plus aimables que vous. (Id. Ibid.)
« Mais nous-mêmes, humbles parias de V espèce humaine. 5/ nous
avions la charilé, loin de porter envie aux riches, loin de consi-
J80 GUAMMAIUE FRANÇAISE.
iléier comme lui bien ce qui n'est que la source de tous les maux,
nous apprendrions de Jésus-Christ à mépriser les richesses.
» La charité exalte l'homme et le rend insensible aux plus
cruelles privations.
» Où les martyrs puisaient-ils cette patience inébranlable qui les
soutenait au va\\\e\i. Aqs supplices, 5/oon dans la charité? Moins
occupés de ce qu'ils possédaient que de ce qu'ils convoitaient, ils
ont vu avec joie tous leurs biens pillés , parce qu'ils aimaient Dieu.
» Aimons et nous serons en sûreté dans la fournaise de notre af-
fliction; l'amour, comme une rosée céleste, peut rafraîchir les flam-
mes de la douleur.
» Aimons, et la vie ne nous causera plus d'ennuis, ni la mort
de terreur.
» Ce qui peut nous arriver de pis, c'est la mort sans contredit ;
et qu'est-te que la mort, sinon la fin de l'épreuve et la porte de la
récompense F
» Ah! malheureux qne nous sommes ! si nous avions la charité,
voudrions-nous, subjugués par V ascendant accès scélérats qui font
de nous les vi\s instruments de leur «m ^y/V/oo, voudrions-nous sacri-
fier a quelque avantage éphémère qu'ils nous promettent, lesbiens
éternels et infinis dont nous ne sommes séparés que de quelques pas?
» Loin de nous plaindre de notre état, nous nous applaudirions
d'être pauvres ; car la pauvreté est le gymnase de la vertu , tandis
que la richesse est le théâtre de tous les viees. Sur cent riches on
n'en trouve pas un seul dont la vie soit irréprochable, pas unseul
qui soit exempt de cet affreux égoïsme , cause de tous les maux ,
qui semble élever un mur d'airain entre leur âme et la vertu. 11
n'en est pas de même parmi les pauvres, pour qui , du moins, la
morale et la religion ne sont pas de vains mots. En général, ceux-ci
se mon trent bons et compatissants, parce qu'ils on t appris a souffrir;
ils ont la naïveté, la franchise ; ils ne font pas profession publique
de haine et de mépris pour le reste des hommes ; ils sont touchés
des moindres bienfaits; ils ont en horreur la mollesse et l'oisiveté ;
ils rendent a Pieu ce qui est h Dieu et à César ce qui est a César.
DES SIGNES OKTHOGIUPHIQUES. 181
» Nous regarderions donc notre part de l'héiilagGunwersel comme
la meilleure, si nous avions la charité.
» Et qu'avons-nous a envier aux riches et aux puissants de la
terre? Ne sommes-nous pas mille fois plus riches , mille fois plus
nobles que tous les princes et tous les rois ? Jésus ne nous a-t-il pas
donné le glorieux litre de frères? et ce litre n'est-il pas supérieur
à tous les titres inventés par l'orgueil des hommes ? Jésus-Christ n'a-
t-il pas dit, en parlant des pauvres, Le royaume des deux est a eux?
D Nous avons été sacrés rois du ciel : quel est donc le roi de la
terre qui oserait se prévaloir sur nous de sa royauté?
» On dira de Sa BJajesté Louis-Philippe que le royaume de France
est a lui, de Sa Majesté la reine Victoria que le royaume uni de
la Grande-Bretagne et d'Irlande esta elle, de Sa Majesté Fevd'i-
nand I"- que l'empire d'Autriche est a lui ; mais toutes ces Ma-
jestés devront dire a leur tour, en parlant des pauvres : Le royaume
DES deux EST A EUX.
» Or, autant le ciel est au-dessus de la terre , autant nous qui
sommes les rois du ciel , nous sommes au-dessus des rois de la terre.
» Avec une telle couronne sur la lete. oserions-nous fléchir sous
V adversité F » {Id. Le Livre de Tous.)
Vain espoir 1 inutile soin !
Ramper est des humains l'ambition commune;
C'est ieui- plaisir, c^esl leur besoin.
Voir fatigue leurs yeux, juger les importune.
Us laissent juger la fortune ,
Qui ÏAitJuste celui qu'elle fait tout— puissant.
Ce n'est point la vertu , c'est la seule victoire
Qui donne et l'iionneur et la gloire.
Teint du sang des vaincus tout glaive est innocent.
( AwDiiji CiiiiiNiiin. )
La peinture des prt5570H5, variables comme le cœur humain , est
une source inépuisable d'expressions et d'idées neuves : il n'en est
pas de même de la volupté, La tout est matériel , et , quand vous
avez épuisé i'albàlie , la rose, et la neige, tout est dit. (V. Hugo. )
On doit encore i)lus de respect à la jeunesse qti'h la deillesse.
( Tdcm. )
182 GllAMMAmE FKA^(;.\ISE.
Le mouvement 5e propage du centre a la circonférence ; le tra-
vail se fait en dessous, mais il refait. Les pères ont vu la révolu-
tion de France, les fils verront la révolution d'Europe. [Idem.)
Instruire le peuple, c'^n'améliorer; éclairer le peuple, c'estXe
moraliser; lettrer le peuple, c'est le civiliser. (Idem.)
L'empereur disait : officiers français et soldats russes.
( Idem. )
Les Gaulois brûlèrent Lutèce devant César. Deux mille ans après,
les Russes brûlent Moscou devant Napoléon. {Idem.)
La générosité consiste a se priver soz-môme pour donner aux
autres. ( Moore. )
Vous étonner de l'inconstance , c'est trouver étrange qu'une glace
ne conserve pas votre image.
La grammaire est la clef indispensable des sciences de l'hoDunc,
ei cette clef n'est pas faite. (Charles Nodier. ) Nous la faisons.
(L. N.)
Venfance et la vieillesse reposent sur l'oreiller de Vinsouciance,
]si jeunesse sur les roses et les épines de l'amour, l'âge mûr sur le
gril ardent de V ambition. (Cité par Boiste.)
Dans une guerre civile la victoire même est une défaite.
(LUCAIN.)
Il n'y a qu'une âme faible ou froide qui puisse recevoir sa gué-
rison du temps. (Schiller. )
Avoir un but, dans sa vie , un être adoré auquel on rapporte
toute son existence, qui vous porte au bien, qui vous sauve du mal,
pour qui l'on désire être grand, considéré, honoré; un WciV vivi-
fiant qui fasse éclore dans votre âme tous les germes de vertu que le
ciel y a mis , qui y dessèche tous les germes du vice; un cœur qui
soit comme le dépôt sacré des joies et des bonheurs que Dieu nous
envoie, un cœur en qui vous vous sentiez vivre; une voix amie
qui vous dise avec un sourire, au bout de vos longs efforts : c'est
bien , je suis contente, je suis fière ; une autre part de vous-même
cnlin, la meilleure et la plus chère, d'où viennent toute \oiieforce,
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. ^ 83
tout votre orgueil, tout votre bonheur : quel rêve ! Doux rcve, hélas !
sitôt évanoui ! ( L. N. Fleurs du Danube.)
La voix d'un ami est douce au cœur de celui qui souffre.
[Id.Ibid.)
Ma douleur immense , sans bornes , je la cache a tous les yeux ,
je l'enveloppe d'un voile brodé de fleurs, je l'entoure de toutes
sortes de précautions , je m^ efforce de la rendre invisible; carie
monde ne souffre pas qu'on V attriste. Le monde ne tend la main
qu'aux heureux , ne sourit qu'aux fronts souriants et couronnés de
roses, ne répond qu'aux compliments et aux flatteries. {Id. Ibid.)
Ah ! que n'ai-je la foi des martyrs et des solitaires , cette foi su-
blime^ supérieure a tout, cette foi que j'ai exaltée dans ma prose et
dans mes vers , hélas ! par le seul sentiment du besoin immense que
j'en avais! {Id.Ibid.)
Vous êtes ravissante d'une douceur céleste; un ange du ciel
s'emhle s'être incarné en vous. Chaque fois que vos yeux si doux
se tournaient vers moi , chaque fois que vos lèvres si fraîches , si
pures, 5/ vermeilles, s" épanouissaient sous une de vos divines pensées,
comme une rose sous un rayon du soleil, je sentais couler dans
mon âme un fleuve de délices. ( Id. Ibid. )
Il n'y a rien de changé en France , il n'y a qu'un Français do
plus. ( Le comte d' Artois. )
Beautru , considérant un jour dXi-dessus d'une cheminée la Jus-
tice et la Paix , en sculpture , qui s'embrassaient : « Voyez- vous , »
dit-il en s'adressant a un ami, « elles s'embrassent, elles se baisent,
» elles se disent adieu pour ne se revoir jamais.»
M. J. J. a dit en parlant d'un crustacé qvCW aime , a ce qu'il pa-
raît : « Le homard , ce cardinal de la mer. » Cet écrivain gastro-
nome croit que le homard est rouge avant d'être cuit.
A la suite d'une discussion politique très-violente, deux jeunes
hommes se rendirent sur le pré. On se battit au pistolet, et l'un des
combattants ayant été blessé 5'écria : « Je suis atteint , mais je ne
5u/5 pas convaincu. )) (//<fe(n< et convaincu est une locution qu'on em-
ployait autrefois dans les jugements criminels, pour exprimer que l'ac-
ciisé était reconnu coupable. Atteint et convaincu d'avoir volé.) [Acad.]
184 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
<Jii clomamlait à un homme iV esprit pourquoi il négligeait son
lalcnl ai paraissait 5/coDiplctement insensible h la gloire; il répon-
dit : « Mon amour-propre a péri dans le naufrage de l'inlérêl que
je prenais aux hommes.»
On demandait a Pope par quels moyens il /était fait tant d'amis;
il répondit: « Au moyen de ces deux axiomes : Tout est possible;
Tout le monde a raison, d
Quand M. de Talleyrand fut nommé i'/ce-grand-électeur de l'em-
pire, Fouché dit : «Dans le nombre cela ne paraîtra pas; ce n'est
qu'un oice de plus. »
On demandait a un sage comment il était devenu si honnête
homme ; il répondit : « En faisant le contraire de tout ce que font
les autres. »
Adrien , ayant eu a 5^ plaindre d'un officier des légions de Sy-
rie, avant qu'elles \ eussent proclamé , lui dit : « Tu es sauvé; me
co/ci empereur. »
Un homme qui ne lit guère, disait: « Je relis îflontaigne pour la
sixième fois. — Monsieur est relieur? » demanda un auditeur qui
le connaît bien.
<( De V insuffisance du salaire naît encore . pour les hommes , le
profond dégoût qu'ils apportent presque toujours dans la tâche qui
leur est imposée. Cela se conçoit. Sait-on leur rendre le travail at-
trayant, soit par la variété des occupations , soit par des récom-
penses honorifiques, soit par des soins , soif par une rémunération
proportionnée àux bénéfices que leur main d'œuvre procure, soit en-
fin par \ espérance d'une retraite assurée après de longues années
de labeur? Non , le pays ne s'inquiète ni ne se soucie de leurs be-
soins ou de leurs droits.
1) Et pourtant il y a , pour ne citer qu'une branche à' industrie ,
des mécaniciens et des ouvriers, dans les usines, qui, exposés a l'ex-
plosion de la vapeur et au contact de formidables engrenages, cou-
rent chaque jour de plus grands dangers que les soldats n'en cou-
rent a la guerre, déploient un savoir pratique rare, rendent a Vin-
dustrie, et conséquemmcnt au pays, à' incontestables services ]^c\\-
DÉS SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 185
dant une longue et honorable carrière, à moins qu'ils ne périssent
par l'explosion d'une chaudière ou qu'ils n'aient quelque membre
broyé entre les dents de fer d'une machine.
») Dans ce dernier cas , le travailleur reçoit-\\ au moins une ré-
compense égale a celle que reçoit le soldat pour prix de son cou-
rage : wwQ. place dans une maison d'invalides? Non. Qu'importe au
pays ? Et si le maître du travailleur est ingrat, le mutilé, incapable
de service^ meurt de faim dans quelque coin.
» Enfin, dans ces fêtes pompeuses de Vindustrie, convoque-t-on
jamais quelques-uns de ces habiles travailleurs qui seuls ont tissé
ces admirables étoffes , forgé et damasquiné ces armes éclatantes ,
ciselé ces coupes d'or et d'argent, sculpté ces meubles d'ébène et
d'ivoire, monté ces éblouissantes pierreries avec un art exquis?
B Ne serait-il pas d'un noble et encourageant exemple de voir
le maître proposer aux récompenses ou aux distinctions publiques
l'ouvrier député par ses pairs comme l'un des plus honnêtes, des
plus laborieux, des ^^his'mleWigenls ôe sa profession F
» Alors une désespérante injustice disparaîtrait; alors les vertus
du travailleur seraient stimulées par un but généreux, élevé; alors
il aurait intérêt a bien faire,
» Sans doute \e fabriquant (I), en raison de Vintelligence qu'il
déploie des capitaux qu'il aventure, des établissements qu'ï\ fonde,
et du bien qu'il fait quelquefois, a un droit légitime aux distinctions
dont on le comble ; mais pourquoi le travailleur est-11 impitoyable-
ment exclu de ces récompenses dont V action est si puissante sur les
masses ?
» Les généraux et les officiers ^on^-ils donc les seuls que l'on ré-
compense dans une armée ?
» Après avoir justement rémunéré le chef de celle puissante et
féconde armée de Vindustrie, pourquoi ne jamais songer aux sol-
dats F
(1) Je sais bien qu'on écrit le plus ordinairement fabricant, mais il me
plaît à'ùcihe fubri(/iianl, comme on écrit af laquant, choquant, marquant,
etc. Libre à vous de m'imiter ou non.
T. II. 24
I 80 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
» Pourquoi n'y a-l-il jamais pour eux cle signe de rémunération
éclatanle? quelque consolante parole d'une lèvre auguste? Pour-
quoi ne voit-on pas, en France, un seul ouvrier décoré pour prix de
son intelligence, de son courage, de sa probité, des services qu'il a
rendus au pays? Cette cvo'wei la modeste pension qui l'accompagne
seraient pourtant une récompense justement méritée. Mais non :
pour l'humble travail, pour le travail nourricier, il n'y a qu'oubli,
injustice, indifférence, dédain !
» Aussi de cet abandon public, souvent aggravé par Végo'isme et
par la dureté de maîtres ingrats, naît pour les travailleurs une con-
dition déplorable.
» Les uns, malgré un labeur incessant , vivent de privations cl
meurent avant l'âge, presque toujours en maudissant une société
qui les délaisse; d'autres cherchent l'éphémère oubli de leurs maux
dans une ivresse meurtrière ; un grand nombre enfin, n'ayant au-
cun intérêt , aucun avantage , aucune incitation morale ou maté-
rielle , a faire plus ou a faire mieux, se bornent à faire rigoureu-
sement ce qu'il faut pour gagner leur salaire. Rien ne les attache
à leur travail, parce que rien a leurs yeux ne rehausse , n'honore,
ne glorifie le travail. Rien ne les défend contre les séductions de
l'oisiveté , et, 5'ils trouvent , par hasard , les moyens de vivre quel-
que temps dans la paresse, peu à peu ils cèdent a ces habitudes de
fainéantise, de débauche; et quelquefois les plus mauvaises pas-
sions flétrissent a jamais des natures originairement saines, hon-
nêtes, remplies de bon vouloir, faute d'une tutelle protectrice et
équitable , qui ait soutenu, encouragé, récompensé leurs premières
tendances, honnêtes et laborieuses.» (Eugène Sue.)
Ces exemples prouvent de quelle importance il était de ré-
gler enfin Vexpression graphique d'un son qui se reproduit
sans cesse dans le discours et dont les signes figuratifs sont
si variés.
Voici un exemple frappant des erreurs où peut faire tom-
ber la confusion de ces divers signes.
Piron avait reçu d'une marquise bel espiit un billet ainsi conçu:
DES SIGNES ORTHOGUAPlllQLES. 1 S"
« Monsieur^ vous êtes prié de venir couper ce soir \\ l'iiôlcl entre
8 et 9. » Piron ir rendit a Vimntation^ qu'il prit au pied de la lettre,
à tel point que pendant tout le souper il ne fit que découper, et ne
desserra les dents ni pour manger ni pour parler. « Monsieur ,\\\\
dit la marquise vers le milieu du repas, vous n'avez donc pas faim?
— Si, madame. — Alors pourquoi ne mangez-vous pas? — Parce
que je ne suis pas invité. — Vous n'avez donc pas reçu mon billet?
— Pardon, le voici. — Eh bien? — Eh bien ! je me rends a Yind-
tation : vous m'avez engagé à couper , et je coupe. »
Cet exemple n'est pas le seul qui se présente à ma mé-
moire. J'en sais beaucoup d'autres plus piquants encore ,
mais moins propres à être mis sous les yeux de mes char-
mantes lectrices. Des lectrices sont toujours charmantes j
car lire suppose de l'âme, de l'intelligence, de l'esprit.
De l'^tpostroplie (1).
Vaposlrophe est une petite marque en forme de vir-
gule (') , dont on se sert pour indiquer l'élision ou suppres-
sion d'une des voyelles a, e, i. Elle se place en haut, entre
la consonne et la voyelle, ainsi qu'on le voit dans les ex-
pressions suivantes : L'apôtre ^ L'amitié ^ L homme. S'il
vientj D'où vient. Jusqu'à ce que, Quoi qu'il en soit.
Ainsi l'apostrophe tenant lieu d'une voyelle supprimée
empêche l'hiatus (2), et sauve l'oreille d'une commotion dé-
sagréable.
Voici les cas où son intervention est nécessaire.
(1) En grec apostrophe, de aposlréphô, ie détourne. Ce mot, dans le sens
qu'il exprime ici, dérive plus naturellement du latin apostrophas. C'est
pourquoi nous ne ferons pas un crime à M. Maugard d'avoir fait ce niot
masculin, quoique l'Académie et tous les lexicographes le lassent du fémi-
nin.— L'apostrophe, que l'on a définie Le signe d'une voyelle rctranchcc (sig-
nimi rejectœ vocalisj, avait chez les Latins une destination plus étendue.
(2) Elle tenait souvent la place, non-seulement d'une voyelle, mais encore
d'une consonne, et quelquefois même de deux lettres. Ainsi l'on écrivait :
Vidcn', lacen', dictn' , satin', pngnavimu' , omnibii' , accipicndu' si, tempus' st,
etc., pour Vidcsne, taccsne, discisne, satisnc, pugnavimus, omnibus, uccipien-
dum est, tempus est, clc. En français on ne retranche aucune consonne.
Il est vrai pourtant que le Journal des Débals, écrit prutl' homme , mais
c'est prudhoinmcs qu'il faut écriic, en un seul mot , ou, si l'on veut un signe
ISS GIIAMMAIRE FRAIVÇAISE.
I.
L'apostrophe remplace la voyelle o de l'article et du pro-
nom la^ devant un mot qui commence par une voyelle ou
un h muet. Exemples :
Souvent Y espérance est un mal ; sans elle, le repos naîtrait de la
nécessité de se résigner.
Les larmes sont V éloquence des femmes.
La richesse enfante l'iwarice ou l'insolence. (Euripide.)
^habitude nous entoure de liens imperceptibles et nous entraîne.
Les religions mal comprises ont ensanglanté la terre et Vont
souillée de crimes.
Dieu , souriez d'oeil haut à cette jeune femme ,
Vrerge aux chastes soupirs que votre amour euflaDime ,
Diamant détaché de vos couronnes d'or,
Pour tout ce qui i'cntonre ineffable trésor.
(L. N. Amertumes et Consolations.)
Le pronom la, placé après un impératif, ne souffre point
élision.
Aimez-/rt et rendez-/fl heureuse.
IL
L'apostrophe remplace de même, en cas d'élision, Ve
muet final des monossyllabes Le, je, me, te, se, que, ne,
CE, DE. Exemples :
Faire du bien a ses einiemis, c'est ressembler a l'encens qui par-
fume le feu par lequel il est dévoré. (Cité par Boiste.)
Rien ne prouve mieux combien nous sommes des machines frêles
et périssables que P empressement avec lequel nous nous deman-
dons réciproquement tous les jours: «Comment vous portez-vous?»
( BOINVILLIEUS. )
entre les deux radicaux de ce nom composé, prud-liommcs, avec un trait
d'union ; la destination du trait d'union, dans les noms composés, étant juste-
ment d'indiquer la suppression d'une ou de plusieurs lettres , soit consonnes,
soit voyelles , de marquer contraction. Si je me trompe, pourquoi l'Acadé-
mie écrit-elle, au mot croix, grand-croi.v au lieu de grand' croix ? Ce qui
m'étonne, c'est qu'elle écrive au pluriel des grands-croix. Elle connaît bien
mal l'objet du trait d'union dans les noms composés. Nous le lui apprendrons.
DES SIGNES ORTHOGIIAPIIIOLES. I SU
Le souverain est enrhumé, le courtisan veut Vêtve.
L'Jiomme\e pluslibre est celui qui a le moins de passions.
Un homme de" qualité étant allé voir Fontenelle et le trouvant de
fort mauvaise humeur : « Çw'afe2-vous?lui dit-il. — Ceque/«/?»)
répondit Fontenelle. uJ'ai un domestique qui me sert aussi mal que
SI j'en avais trente. »
Des sages t'avaient dit : L'exil est sur la terre,
Et l'homme, vivant pour souffrir ,
Y paye à l'injustice un droit héréditaire
Que nul ne pourra lui ravir.
( L. N. Amertumes et Consolations.)
Ne croyez pas que foutes ces fêtes m^ amusent beaucoup ; fy vais
parce qu'il le faut, mais le plus souvent pour m'y ennuyer aussi.
Ne croyez pas que le monde , avec ses critiques et ses préjugés ^
m'empêchera d'être votre amie. ( Idem. \
Ah I ne m'oubliez pas , et gardez-moi de grâce ,
Gardez-moi, pour m'aider à souffrir ma douleur,
Gardez-moi , bien , malgré le temps, malgré l'espace.
L'humble coin que^'ai cru tenir dans voire cœur.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Je t'aimais laconslZDt, qu'auraîs-jetaiit , fidèle? (Racine.)
Que tu es bonne , que tu es aimable de f occuper ainsi de moi ,
de penser a moi, de f intéresser a moi , de m' écrire'.
Le brave ne se connaît qu'à la guerre , le sage que dans la colère^
l'ami que dans le besoin, ( Sentence persane. )
Les amants peuvent s'aimer avant de se connaître ; les époux
doivent se connaître avant de s'aimer.
Il serait bien cruel a vous de n'approcher la coupe de mes lèvres
que pour l'en retirer aussitôt.
Te voir , c'est pour moi le ciel.
Ah ! le bonheur n'est pas fait pour nous autres poètes, et, si la for-
tune a quelques traits bien aigus, bien empoisonnés, c'est toujours
contre nous qu'elle les dirige de préférence.
(L. N. Fleurs du Danube.)
La religion conserve aux malheureux le bonheur d'aimer.
IIM) GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Que dv. charme en la voix, d'amour en Ion sourire '.
Dans l'azur de tes yeux quelle suavité 1
Sur la terre est-il rien qu'on loue et qu'on admire,
Est-il rien sous le ciel d'égal à ta beauté ! (L.N. Amertumes, etc.)
Ce qui fut bien hier peut-il être mal aujourd'hui !'
La voyelle finale des pronoms Je^ le^ ce, lorsqu'ils son,t
placés après le verbe, s'élide dans la prononciation, comme
tout e muet final, devant une autre voyelle, mais se con-
serve dans récriture.
Comment commencer ai -je? Et comment à ma bouche
Préterai-je un discours qui vous plaise et vous touche? (LBBanw.)
Que dis-jc? Où suis-je? Où vais-je? Où porté-je mes pas?
Que vois-je ? Qu'at-ye ouï? (Classiques.)
Voyez-le a son retour. ( Académie. )
Est-ce ASSGz, dites-moi? N'y snis-je point encore? (La Fu«taine.)
Quoique les mots OMZCjOnzîemejOm^ commencent par une
voyelle, cependantonécritet on prononce sans élision l'article,
la préposition, ou toule autre particule qui précède cesmots.
De onze enfants qu'ils claient , il en est mort cinq. De (rente, il n'en est
resté que onze. Le onze n'est pas Lien marqué sur ce cadran. Le onze, le
onzième du mois. La onzième page. Je crois que oui. Le oui et le non. Je veux
savoir te oui ou le non de la proposition que Je vous ai faite. Je veux savoir po-
sitivement si vous l'acceptez ou si vous la refusez. Il a dit ce oui à regret. Il
a dit ce oui-là de bon cœur. Le oui fatal.
Selon Girault Duvivier «les diphlhongues moi et toi,
placées après un impératif, s'élident devant en », mais moi
et toi ne se trouvent jamais placés devant en. C'est me et te
qu'on emploie devant en (1), et nous savons déjà que me et
te s'élident devant une voyelle.
(1) En voici la preuve : «Quand le verbe est à l'impératif ,c/ que le pro-
«nom qu'il régit n'est \wint suivi du motcji, c'est Moi qu'il faut eni-
» ployer après le verbe. — Le pronom tue se place après U; verbe lorsqu'il se
» trouve tout à la fois, 1° que le verbe est à l'iiiipcralif . 2" que la phrase
B est alTirmative, 3" que la paiticule en suit iumicdialcnient le pronom.
» f^ou s m'avez jeté dans l'embarras , faites-m'en sortir. » ( AcADiisni;. j
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. ^0I
J'ai besoin de sages conseils, donnez-m'en.
« Ah ! si (lu moins , » disait un malheureux époux h sa femme ,
ft tu ne m'accablais pas de ce langage cérémonieux qui tue le sen-
timent, si lu consentais h me tutoyer, je serais le plus heureux des
hommes! — Eh bien , soit, m-fen ! » lui dit-elle.
III.
Grande, placé devant un substantif féminin qui com-
mence par une consonne, perd quelquefois Ve^ qu'on rem-
place alors par l'apostrophe.
A grand' peine. C'est grand' pitié. C'est grand' honte. Ce n'est pas grand'
chose. La grand' messe. Ma grand' mère. Ma grand' tante. Avoir grand'
faim. Avoir grand' peur (1).
Il s'est assis là , grand' mère ?
Grand' mère, il s'est assis là ? ( Bébangeh, )
IV.
Ve muet de la préposition entre s'élide dans la pronon-
ciation et dans l'écriture, mais seulement dans les verbes
réciproques et dans le substantif entr'acle.
Les hommes doivent s'enti-^aider. ( Académie. )
Ils firent des feux sur les montagnes pour s'enlrm^erfir. (Idem.)
Les hommes s' entr' égorgent pour un peu d'or.
(1) On trouve encore dans les grammaires grand' chambre, grand' salle,
grand' rue, grand' route, grand' chère, grand' fcle, grand' soif ; mais cette
manière de prononcer, fruit de la nonchalance, n'est tolérabie que dans
une petite bouche trop délicate pour supporter la fatigue d'une pioaoncia-
tion plus forte et plus sonore. Laissant ce petit procédé aux petites maî-
tresses , vous direz donc et vous écrirez : La grande chambre, La grande salle,
La grande rue, La grande rouie. Faire grande chère. C'est demain grande
fêle. Avoir une grande soif. Fous n'aurez pas grande peine à faire cela.
En aucun cas vous ne pourriez dire : Quelle grand' peur j'ai en ! une
très-grand' messe, la plus grand' chose. Du moment oii l'adjectif féminin
grande est précédé de quelque modificatif , il ne souffre plus élision.
C'est par ellipse qu'on a appelé Grand'croix, celui qui, dans un ordre de
chevaliers, a le privilège de |)orter la croix de l'ordre attachée à un grand
ruban ronge mis en ccharpe. Jusque là rien de mieux. Mais pourquoi l'Aca-
démie écrit-elle, au mot cband, grand'croix et grands-croix? A quoi l'esprit
peut-il faire rapporter l'adjectif ^ranf/, grands? il faut écrire grand-croix ,
au singulier comme au pluriel, avec un trait d'union, en sorte que le mot
grand devienne invariable.
192 GR,VMMAIRE FRANÇAISE,
De ce qu'on ne porte pas des lunetles de même couleur , est-ce
une raison pour se haïr et %'eatr égorger ? (I).
Hors de là, l'e ne s'élide pas dans l'écriture.
Que les gens de biens jurent entre eux une alliance, une union
inviolable.
Il ne faut point de cérémonie entre amis.
J'ai vu les plus beaux tableaux de Rome , entre autres la Trans-
figuration de Raphaël. (Académie.)
V.
L'e final de jusque s'élide devant à, au, aux, ici.
De Paris jusqu'à Rome. Jusqu'au bout. Il fait sa cour à tout le monde, Jus'
qu'aux derniers commis des minisires. Il alla Jusqu'en Afrique. Jusqu'où faut-
il que j'aille? On n'avait point vu cela jusqu'ici.
La dissimulation ne doit aller que Jusqu'au silence.
(Le roi Stanislas.)
Chante , ami généreux , pour calmer mon délire ,
Pour bercer ma tristesse aux accents de ta lyre ,
Jusqu'au jour où , brisant nos terrestres liens ,
Nous nous élancerons %'ers la source des biens.
(L. N. Amertumes et Consolations, )
Jusqu'aujour où je vous reverrai, Stéphanie, que les heures vont
me paraître longues !
VI.
L'e final de presque s'élide dans le mot presqu'île.
Où nous disons presqu'île, les Grecs disaient chersonèse et les
Romains péninsule.
L'Espagne et l'Ilalie sont deux grandes presqu'îles, que l'on dé-
signe quelquefois par les noms de péninsule ibérique et péninsule
HESPÉRiQUE. On dit même , en parlant de la première , la pénin-
sule, sans rien ajouter.
Hors de là, on écrit presque sans élision.
Ou peut regarder le climat comme la cause première et presque
unique de la couleur des hommes. (Buffon. )
J'aimerais infiniment mieux s'entrc-aider, s'entre-avertir, s'enlre-é/^orger.
L'apostrophe empiète ici sur le domaine du trait d'union.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 195
Les grands besoins naissent des grands biens, et rendent la ri-
chesse presque égale a la pauvreté. (Le roi Stanislas. )
VIL
L'e des mots lorsque, puisque, et quoique, s'élide, mais
seulement quand ces conjonctions sont suivies des pronoms
il:, Mtj, erij ou de l'article indéfini un^, une^ ou d'un mot
qui les saisit immédiatement et s'incorpore pour ainsi dire
avec elles.
Lorsqu'on met les places a l'enchère , on met l'honneur , la li-
berté, les vertus au rabais.
Puisqu'il n'est qu'un degré de la pourpre au linceul ;
Puisqu'au milieu de tout la douleur surabonde,
Que tout sourire est faux et toute joie immonde ;
Puisqu'on ne voit partout que désenchantements;
Puisqu'un soufile détruit les plus fiers monuments ;
Puisque la terre , hélas ! n'est qu'une morne friche
Dont les fruits sont amers au pauvre comme au riche ;
Puisqu'à l'œil de l'esprit cet immense univers
Est plus petit qu'un grain de sable au fond des mers ;
Puisqu'ici-has tout n'est que misère profonde ,
C'est au ciel qu'il faut tendre en méprisant le monde.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Puisqu'au milieu de vous je n'ai pu trouver place,
Ingrats, voyez ma mort. ( Id. lùid. )
Puisqu'on ne peut tout ce qu'on veut, ne voulons que ce que
nous pouvons. (TérExNce. )
Puisqu' ainsi est, je ne conteste plus. (Académie.)
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse,
Ne saurait passer pour galant (1). ( La Fontaine. )
(1) Voici comment MM. Noël et Chapsal ont corrigé ce vers de La Fon-
taine :
Jamais un lourdaud , quoi qu'il fasse,
Ne pourra passer pour un tentant.
Mais il faut n'avoir pas la moindre intelligence de la langue, pour émettre
une telle ineptie. 11 y a une grande différence entre passer pour galant <'t
passer pour un galant. Galant, adjectif, exprime une qualité d'autant plus
précieuse qu'elle devient de plus en plus rare ; Galant, substantif, emporte
le plus souvent une idée de mépris. C'est un monsieur fort galant , est fiat-
T, n. "ir,
194 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Quoiqu'il n'Y ait rien de si naliirelà riiomme que d'aimer et de
connaître la vérité , ii n'est rien qu'il aime moins ni qu'il cherche
moins a connaître. ( Cité par MM. Noël et Chapsal. )
L'envie sent le prix du mérite, quoiqu'elle s'efforce de l'avilir.
(Cité par les mêmes.)
Mais on écrira sans élision :
Lorsque Alexandre pénétra dans l'Inde, — Puisque aider les malheureux
est un devoir, — Quoique invisibles , il est toujours deux témoins qui nous
regardent: Dieu et la conscience (Fknklon.) , — Quoique étranger, on vint
me chercher pour me faire roi (Id. ), — Le maître de la maison me paraît
un homme généreux, quoique un peu fier ( Voltaire).
VIII.
Ve final de QUELQUE s'élide, mais seulement dans les
mots quelqu'un , quelqu'une.
Quelqu'un a-t-il jamais douté sérieusement de l'existence de
Dieu ?
Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte. (Molièbe.)
Ou est toujours mécontent ; on aime a se plaindre partout où
l'on est; on crie toujours contre quelqu'un ou quelque chose.
(Le prince de Ligne. )
Quelqu'un a défini la femme, Un animal qui s'habille, babille et
se déshabille.
Plusieurs femmes m'ont promis de venir, nous en aurons quel-
qu'une. (Académie.)
Dans les autres cas, le ne s'élide pas.
tenr; C'est un galant, est presque une injure. Dans le vers de La Fontaine,
Galant s'igniCie, aimable; dans celui de MM. Noël et Chapsal, il signifie
amant. La Fontaine a voulu dire : Un lourdaud ignore l'art d'être aimable; et
voilà que, sans scrupule, MM. Noël et Chapsal lui font dire : Vn lourdaud
ignore l'art d'être un amant.
Et c'est ainsi qu'une observation pleine de justesse devient, entre les
mains des grammairiens, une grosse bêtise.
C'est ainsi que nos maîtres en l'art de parler et d'écrire entendent la
langue qu'ils nous enseignent.
C'est ainsi qu'ils ne sauraient écrire une ligne qui ne fournisse quelque
exemple des incorrections dont ils prétendent nous corriger.
DES SlGiNES ORTHOGRAPHIQUES. 105
J aimerais mieux m'aller caher dans quelque île déseile <iue de
me charger de gouverner une république.
( FÉNÉLON, cité par Girault Duvmer.)
Quelque esprit que VOUS ayez, dites quelque chose qui vaille mieux
que le silence , ou taisez-vous.
Pourquoi l'air et l'eau , quelque agités qu'ils soient, ne s'enflam-
ment-ils point?
Quelque heureusement doués que nous soyons , nous ne devons
pas en tirer vanité. ( Boniface. )
Quelque élégante , quelque admirable , quelque diverse que soit
la structure des végétaux , elle ne frappe pas assez un œil ignorant
pour l'intéresser. (J. J. Rousseau.)
Tâchez de trouver quelque autre chose qui vous satisfasse.
(Racine.)
Adressez-vous à quelque autre personne, a quelque autre {\).
(Académie.)
IX.
Enfin, rapostrophe remplace Xi de si, devant le pronom//.
S'il est mieux pour nous d'être que de n'être pas, c'est assez pour
justifier notre existence. (J. J. Rousseau.)
Pleurez sur vos lauriers , s'ils servirent a courber votre patrie
sous un joug étranger.
(1) Wailly, Lévizac , Lhomond , Le Tellier. Gueroult, écrivent qiiel-
qu'autre, mais à tort, puisque l'usage et l'autorité de l'Académie s'y op-
posent.
N'oublions pas de faire remarquer que, dans aucun cas, on ne doit, en
écrivant, éliderl'e muet de la préposition coutkb,: Contre-allée, contre- amiral,
contre-approches, travaux des assiégés; con<re-éc/iani,'e, contre -enquête, contre-
épreuve, conire-èpreuver, contre-espalier, contre-indication (T. de Méd.), contre-
opposition (T. du langage parlementaire. ),con(re-orrfrc. Contre un tel enticmi,
le courage est inutile. (Académie.) Fig., Élever autel contre autel, Faire
un schisme. La différence d'opinion élève autel contre autel, bûcher contre
bûcher, échafaud contre èchafaud ; la moitié du peuple y pousse l'autre.
(Cité par Boisle.)
Oui , Lanioignon , je luis les cliagiins tic la ville ,
Et contre eux la campagne est mon unique asile. ( BolLEAi'. )
' *-'<► GHAMMAIKE 1 UANÇAiSE.
Si ne perd son i devant aucun autre mot, par quelque
voyelle gue le mot commence, quand même ce serait par
un i.
Si elle vient. Si à l'heure de son dîner elle reçoit quelque nouvelle. ( AcaûS-
MiB.J Si Isocrate avait moins vécu. (Id, ) Si Irène avait tenu une autre con-
duite. (Id.)
Les hommes sont en général si fourbes, si envieux, si cruels, que,
quand on en trouve un qui n'a que de la faiblesse,^ on est trop heu-
reux. (Voltaire.)
Si on {]) pouvait lire dans k eœur des hommes, que de mé-
comptes !
Si, précédé de la conjonction etj, s'emploie quelquefois,
dans la conversation familière, pour, cependant, avec cela,
néanmoins; et alors il ne perd jamais sa voyelle , pas même
devant le pronom il.
Il est brave et vaillant, et si il est doux et facile. (Académie.) // est très-
savant , et si il est modeste. (Id.)
Bref, il n'y a que la conjonction conditionnelle si qui
perde, comme on l'a vu, son i devant il, et uniquement
dans ce cas, à l'exclusion de tout autre.
Du Tiret ou Trait d'union,
APPELÉ Division PAR LES IMPBIMEUBS.
Je ne sais OÙ j'ai vu qu'(7n homme qui disserte est un homme
à noyer. Après avoir lu les huit ou dix pages que M. Landais a com-
pilées au sujet de ce pauvre signe appelé tiret ou trait d'union ,
je suis loin de réclamer contre la rigueur de la sentence. Quiconque
lue par l'épée, périra par l'épée, dit Jésus-Christ; c'est bien le
moins que celui qui noie soit noyé.
(1) Les grammairiens vuus disent que l'on ne doit pas écrire si on, mais
si l'on. Celte observation est ridicule, et l'Académie n'y a pas égard une
seule fois dans tous le cours de son Dictionnaire. Qu'est-ce que ce si on a
donc de plus choquant que le <("(»i final des mots inondation, acclamation ,
admiration, etc., autre hialiis que supporte le vers le plus délicat ?
DES SIGNES ORTHOGRAPHI(^QES. i 97
Je me ferais un cas de conscience de mettre le flegme de mes
lecteurs à pareille épreuve, par une suite infinie de raisonnements
d'autant plus ennuyeux qu'ils sont superflus.
Le Tiret OU trait d'union est un petit trait horizontal (-),
dont on se sert pour joindre certains mots, qui proprement
sont censés n'en faire qu'un, ou qui du moins ne peuvent
être séparés dans la prononciation. Tout-puissant, chef-
d'œuvre , moi-même, irai-je^ viendrez-vous j donnez-moi ^
celui-ci, celui-là, cette femme-là, etc. Dans le discours pro-
noncé, il y a toujours, après chaque mot, un repos, ou du
moins une nuance d'intonation, si faible qu'elle soit, qu'on
observe naturellement, et sans laquelle il serait impossible
de démêler aucun sens parmi les divers sons qui frappent
notre oreille. En voici la preuve :
Didondinaditondudodundindo7idodu.
Tontétatilgitéritatou.
Tatétardcntètun.
Qu'une telle suite de sons viennent à être confondus dans
la prononciation, comme ils le sont ici dans l'écriture, c'est-
à-dire à être exprimés tout d'une haleine et du môme ton,
je défie qui que ce soit d'y saisir aucun sens (1). Tandis que,
si les mots que forment ces divers sons , sont distingués, et ,
pour ainsi dire, espacés dans la prononciation, comme ils
doivent l'être dans l'écriture, on comprendra sans peine que
cela signifie :
Bidon dîna , dit-on , du dos d'un dindon dodu.
Ton thé fa-t-il guéri ta toux ?
Ta tête ardente est un grand moule
D'où l'idée en bronze jaillit. (Victor Hugo.)
C'est de cet espace entre les mots, marqué dans la pro-
nonciation par un repos, et dans l'écriture par un blanc,
(1) Nouvel aiguillent contre Jes siinpliiicutcur& de Tort hogiap lie.
Ii)<^ GUAAIM.UKE IKANljAlSE.
que dépend la différence des deux expressions que voici :
Arrête, lâche , arrête.
Arrête la charrette.
Or il ne peut y avoir aucun repos entre tout et puissant ^
chef et d'œuvrCj viendrez et vous^ celui et c^^, etc.; c'est-
à-dire que ces expressions doivent se prononcer tout d'une
haleine comme un seul mot.
L'unique destination du tiret est donc de marquer l'u-
nion intime qui existe entre deux mots ou entre les deux
parties d'un mot qu'on s'est trouvé dans la nécessité de di-
viser au bout de la ligne, faute d'espace pour le finir. C'est
pourquoi les grammairiens le nomment avec raison trait
d'unioUj sans qu'on puisse dire pour cela que les impri-
meurs ont tort de l'appeler trait de division; puisque, pour
eux qui ne considèrent que la représentation graphique du
mot , le tiret divise réellement, bien qu'il ne divise que pour
unir.
Les trois dénominations appliquées au signe dont il s'a-
git sont donc parfaitement justes. La première en déter-
mine la forme, et les deux autres, la destination, aux deux
point de vue du grammairen et du typographe. Nous ajou-
terons quQ tiret ne saurait être remplacé par trait j terme
d'une application trop générale , trop étendue, et par con-
séquent trop vague, si elle n'est déterminée par un complé-
ment, comme dans trait d'union ^ trait de division ; ce dont
je suis très-fâché pour les novateurs. Toutefois, comme
grammairien, je nommerai de préférence trait d'union^ le
signe dont il s'agit ici, me réservant d'appeler spécialement
tiret le signe de ponctuation dont la figure est aussi un trait
horizontal, mais différent du trait d'union en ce qu'il est
plus long.
Après ce que nous venons de dire sur la destination du
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. I D9
trait d'union j, concevra-t-on qu'un grammairien ait prétendu
qu'il fallait écrire , Aimons nous les uns les autres , donnons
nous du bon temps, et non pas, Aimons-nous, donnons-nous.
« Si on met, dit-il, un trait (quel trait?) dans ces propo-
» sitions : Aimons-nous les uns les autres, ce qui signifie
» Aimons-nous nous-mêmes réciproquement; donnons-nous
» du bon temps, ce qui signifie Donnons du bon temps à nous;
» comment les distinguera-t-on de ces propositions interro-
» gdit\\ es? Aimons-nous nos semblables? Donnons-nous ce
» que nous pouvons donner?»
Voilà maintenant qu'en dehors de ses attributions natu-
relles, le trait, comme l'appelle M. Napoléon Landais d'a-
près d'autres grammairiens , est encore appelé à servir de
signe distinctif entre le sujet et le régime d'un verbe.
Il faut avouer que les grammairiens sont doués d'une
rare finesse de tact, d'esprit, et de jugement.
Sans nous piquer d'une telle finesse , nous allons simple-
ment nous borner à indiquer dans quels cas on fait usage du
trait d'union.
I.
Le trait d'union sert de lien intime entre les radicaux
ou parties d'un mot composé. Exemples :
A bras-le-corps. L-
adv.
Hn agous-castus,
espèce de Éattilier,
arbrisseau qu on
nomme aussi vilex.
Une aide majorité.
Hn appui-main.
Dneaprès-dînée.
Une après-midi.
Une après-soupée.
Une aqua-tinta, ou
aqua-tinte, "srèoe
nn arc-boutant,
Arc-bouter.
Ua arcdoubleau.
Dn arcen-ciel.
Dn arrête-bœuf,
espèce de bujrane.
L'arrière-ban.
L'arrière - bouche
ou pharynx.
Dne arrière-cour.
De arrière- goût.
A tire larigot, l.
adv.
L'avant bras.
nn avant-corps.
ane avant-cour.
A vau-l'eau, L. adv.
Le bas-dessus.
Le bas-Empire.
Dn bas-fond.
Le bas-relief.
La basse-contre.
La basse-cour.
La basse-fosse.
La basse-taille.
Du battant-l'œil ,
bonnet de femm'i .
Le beau-fils.
Le bcau-fière.
Le beau-père.
La Ijclladona.'
Labelle-fiile.j
La belle-mère.
La belle-sœur.
Dn bcc-de-cane.
Dn bec-de-corbeaii
ouBec-de-corbin.
Bec-de-cygne, ins-
trument de Chirurêie.
Bec-de-corbin, es-
pèce de halletardc.
Gentil homme à
200
bec-de-corbin.
On bec-de-lièvre.
Dn bec-degiue ou
Géranium.
Un bec-de-vautour
ioDtruœent do Chi-
rurgie.
B-fa-si. T. de LIus.
Bien-ainié.
Le bien-dire.
Bien-disant.
La bien-être.
Bien-tenant , T. de
Jurisprud. ancienne.
Le» héritiers et bien-le-
nanti.
Un bon chrétien.
Le bon-henri ,
plante potagère, épi-
nard sauvage.
Dn bonnet-de-prê-
tre ou à-prètre,
T. de Fortification.
Le bonnet-à-prê-
tre ou Fusain.
La bonne-voglie.
La borne-fontaine.
Le bouche-trou.
Le bouillon-blanc,
espèce de molène.
La boule-de-neige.
GRAMM.AIRE FRANÇAISE.
La bourse-à-pas-
teur, planta cruci-
fère.
Le bout-dehors ou
boute-hors , t. de
Marina.
Le boute-en-train,
T. de Haras.
Le boute-feu.
Le boute-selle.
Le bout-riuié.
Labranche-ursine .
Le branle-bas.
Un brèche-dent.
Bredi-Breda , ex-
pression adverbiale et
très— familière.
Bric-à-brac (Mar-
chand de ]
On brise-raison.
Un brise-tout.
nn brùle-tout.
Cahin-caha. Tant
bien que mal.
Le caput-mortuum
T. de Chimie.
Dn carême - pre-
nant.
Le casse-cou.
Le casse-tête.
Des Ccnt-Suisses,
On Cenl-Stiisses (1).
Le cerf- volant.
Le Chausse-pied.
Le chef-d'œuvre.
Le chef-lieu.
Les chevau-légers
(2)._
Le chie-en-lit.
Le choléra-morbus
Le chou-fleur.
Le chou-rave.
Le chou-navet.
La claire- voie.
Le clair-obscur.
Clair-semé.
Clopin-clopant
Le colin-maillard.
La contre-allée.
La contre-ordre.
Le conlre-seing:.
Le coq-a-1 ane.
Un croc-en-jambe.
croque- mort.
On croque-note.
On cul-de-jatte.
Dn cul-de-sac.
Dn cul-delampe.
Dn demi-dieu.
Dne demi-fortune.
Dne demi-heure.
La double-deux.
La douce-amère.
Dne eau-forte.
L'extrême-onction
La faim-valle.
Dn faux-fuyant.
Le fer-blanc.
Dn fétu-en-cul, oi-
seau.
Dn fier-à-bras.
Dn franc-maçon.
Dn franc-réal.
Le gorge-de-pigeon
Dn gros-bec.
Dn haut-à-bas ,
porte-balle.
Dn haut-le-pied.
Dn haut-le-corps.
Dn haut-bois.
L-impératrice-
reine
Jésus-Christ,
Le laisser-aller.
Le laisser-dire.
Le laisser-faire.
Dn meurt-de-faim.
La mi-mai.
La mi-septembre.
La non-jouissance.
(1) L'Académie écrit Un cent-suisse, sans la marque du pluriel ; mais je
ne crois pas que l'ellipse autorise cette suppression.
(1) Grand tumulte, on le sait , parmi les grammairiens, au sujet de ce
mot. M. Napoléon Landais vous crie à tue-tête que clievau sans x n'est
pas tolérable. Plus calme, M. Roniface se borne à vous dire qu'on écrit
chevau sans x, parce que l'usage le veut ainsi. Ce mode d'explication est,
en général, celui de tous les maîtres de langue. A toutes les questions que
vous leur faites, «C'est l'usage,' répondent-ils. Réponse fort commode, as-
surément.C'est donc à nous qu'est réservée la solution de ce grand problème,
qui a exercé vainement tant de grands esprits. Eh bien, sachez donc qu'on
écrit chevait-lègers sans as, parce qu'il ne s'agit pas de chevaux légers , mais
A'hommcs à cheval légers, c'est-à-dire légèrement armés; que a« , selon le
génie de notre langue, est la contraction naturelle de al, et qu'ainsi l'on
écrit par contraction , chevau-légers , puuv à cheval légers, comme on écrit
à vau-l'eau, pour, à val-l'eau. Tout ce qu'il y a à reprendre dans l'ortho-
graphe de ce mot, c'est le trait d'union. La loi de contraction veut que
vous écriviez ; Un chevauléger , des chevaulégers. Comme on peut le voir.
Un cheval-léger eût fait équivoque.
Que s'il en est qui se révoltent contre cette décision, je leur pardonne vo-
lontiers; mais la raison leur pardonnera-t-elle ? Hélas! ù grammairiens, la
raison a déjà tant souffert de vos luttes , qu'il serait vraiment beau à vous
de prendre enfin sa défense, et de chercher à parer un peu les terribles
coups que ne cessent de lui porter le Journal des Débats et la Gazette de
France, accompagnés de tant d'autres don Quichotins.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.
Ua non-sens.
One non-valeur.
Le nord-est.
Le nord-ouest.
tin œil-de-bœuf, fe-
nêtre ronde ou ovale.
Un œil-de-bouc ,
coquillage.
cfn œil-de-chèvre ,
plante.
On œil-d'or, poisson
Un œil -de -chat,
pierre précieuse cha-
toyante.
On œil-de-serpent,
petite pierre de peu
de valeur.
Le pas -d'âne,
plante.
Le passe-carreau.
Le passe-cheval.
La passe-fleur ou
Anérmne,
3u passe-niéteil.
Le passe-pied , es-
pèce de danse.
La passe-pierre, ou
Bacile,
Le pêle-mêle.
Le petit-gris.
Le petit-canon.
Le petit-parangon.
Le petit-romain.
Le petit-texte, etc,
caractères d'iruprim.
Les Petites -Mai-
sons.
Peut-être.
Le piano-i'orté.
Le pic-vert.
Le plat-bord»
La plate-bande.
201
La plate-lornie.
Le plus-que parfait
Lï plus-value.
Le porle-aiguille.
Le pou-de-soic.
Le prt)c«'s-verbal.
Le quartier-maître
Le quasi-délit.
Le SHint-augiistin,
caractère d'imprime-
rie.
Le tête-à-tête.
Le Val-de-Grâce.
Vis-à-vis. Etc.
Pourquoi écrit-on encore d'après l'Académie : chausse-
pied, chauffe-pied j, couvre-pied, couvre-chef, chausse-trappe ,
coupe-cul, coupe-gorge, entre-luire , entre-ligne, entre-nœud,
passe-droit, passe-port, porte-clefs, porte-voix, cric-crac, etc.,
tandis qu'on écrit, en un seul mot. Hochequeue, hochepied,
hochepot, tournebride , tournebroche , entremets, entrelaille,
entrelacer, entremêler, porteballe , portechoux , portecollet,
portecrayon, portefeuille, portemanteau, parterre, atout, tric-
trac, flonflon, etc., etc. ?
Chaquefois que rien ne s'oppose à la simplification d'un
mot, il faut le simplifier. Tous les substantifs suivants sont
mûrs pour l'état de mots simples. Ainsi écrivez-les sans
trait d'union.
Aigredoux.
tine aidemajorité.
Une aiguemarine.
Un appuimain.
Dn arrêtpbœuf.
One bassecour.
Une bassefosse.
Une bassetaille.
Dnbecfigue.
Du bonchrétien.
Dn bonnevoglie,
La bornefontaine.
Le bouclietrou.
Le bouledogue.
Le boutefeu.
Le branlebas.
Dn brèchedent,
T. II.
Un hrùietout.
Le caillelait.
Du cassecou.
Dn chasseconsin.
Le chauffepied.
La chaussetrappe.
Dn chevauléger.
Le chèvrefeuille.
Le chèvrepied.
Le chiendent.
Le chonfleur.
Le chounavet.
Le chonpille.
Le chourave.
La clairevoie.
Clairsemé.
ot- cognef'êtu.
Dn comptepas.
Contrebalancer.
La contrebasse.
La contrebatterie.
Cuntrebouter.
Contrecalquer.
Le contrecharnie.
Le contrechâssis.
La contreclef.
Le contrecœur.
Le contrecoup.
Le contrecourant.
La contredanse.
Dne contrefîche,
Dne contrefinesse.
Dn contrefort.
Dne contrefiigue.
Dne contregarde.
Le cnntrejour.
Dne contrelatte.
Contrelatter.
Dne contrelettre.
Le contremaître.
La contremarche.
Li conlremarée.
La contremarque.
Contre marquer.
La contremine.
Contreminer.
Dn contreminejir.
La contrepartie.
Contrepcser.
L» con trépied.
Le contrepoids.
t2G
202
Le contrepoil.
Le contrepoint.
Conlrepointer.
Du conliopoison.
Une contreporte.
nne contrcrôvolu-
tion.
Dne contreruse.
Le contretemps.
La contreterrasse.
Le contrevent.
Contretirer.
Le coupecul.
Le coupegorge.
Dn coupejarret.
Le coupetête. jau.
La courtepointe.
La couvrechef".
Le coiivrefeu.
Le convrepied.
Dn crès'ecœur.
tJn croqnemort.
Dn croquenole.
Le curedent.
L3 damejeanne.
s'entrefrapper.
Dn entreligne.
Entreluire. >
s'entremanger.
Dn entrenœud,
s'entrenuirc.
s'entrepercer.
Dn entrepont.
S'entrepousser.
s'entretailler (1).
Une entretaillure.
Cet entretemps.
Dn essuîmain.
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Le l'erblanc.
Lu fourmilion.
Le Irancalleu.
Le gagnepain.
Le garde ibu.
Le garde manger.
Lo gardemeuble.
La garderobe.
Dn gâtepâte.
Le gobemouche(2)
La hautecontrc.
Le haussecol.
Le hochepied.
Le hochepot.
Le hochequeue.
Dn impromptu.
Eu messirejean.
Laraillefeuille.
Dn millepied , in-
secte.
La mouillebouche,
poire.
Dn nonsens.
Dne nonvaleur.
Par nonvue.
Dn ouïdire.
Le nouveanné.
Dn orangoutang ou
simplement Uvtltl^,
Le passecarreau.
Le passecheval.
Le passedebout.
Le passedix.
Le passedroit.
La passelleur.
Le passeméteil.
Le passeparole.
Le passepartout(3)
TourUe paSSCpaSSC.
Le passepied.
La passepierre.
Lo passepoil.
Le passeport.
La percefeaille.
Philippeville.
La perceneige.
Le pivert.
La pigrièche.
Le piquenique.
Le pianofortc ou
simplement ptano,
La platebande.
La plateforme.
La platelonge.
Les portebarres.
Le porteclef.
Le portecollet.
Le portecrayon.
Leportecroix.
Le portecrosse.
Le portefaix.
Le portefer.
Le portefeuille.
Le portehache.
Le portemanteau.
Le portemontre.
Le portemors.
Le portemoiichette
Le portepage.
Le portetrait.
Le portevent.
Le portevergc.
Le portevis.
Le portevoix.
Le pourboire.
Le ponrparler.
Le quasicontrat.
La quasidélit.
La quintcfeuille.
Lareiaeniarguerite
La reineclaude.
Dn coupegorge.
La sauvegarde.
Dn songecreux.
Dn songemalice.
Dn soulfredouleur.
Sousentendre.
Lasousentente.
Le soussel.
Soussigné.
Le taillemer.
Le tamtam. '
Le taupegrillon.
Tragicomique.
La terrenoix.
Le terreplein.
Le tireballe.
Le tirebouchon.
La tirelire.
Le tire tête.
Le torchée ul.
Le torchenez.
Le tournebride.
Le tournebroche.
La toutebonneouO/'-
l'fl/e, espèce desauêe.
Le toutou.
Le troublefête.
Dn vanupied.
Dn ValOUt.
Le viceroi.
Levifargent. Etc
(1) L'A-Cadémie écrit s'entre-iaillerat c7i^refai7/(/re : cela est-il conséquent?
(2) L'Académie écrit gobc-monclics au singulier comme au pluriel. Les
uns l'en blâment , les autres l'en félicitent. M. Auguste Leinaire entre au-
tres l'appuie en ces termes : o Ln gobc-mouchcs ne prendrait pas ce nom ,
«s'il n'en avalait qu'une. « Une qudi ? O science profonde? ô docteurs vé-
nérables ! — Ainsi le liobc-mouclics s'appelle de la sorte, parce qu'il avale
non pas une mouche après l'autre , mais plusieurs mouches à la fois. Alors
dites-moi, je vous en prie, pourquoi vous écrivez, sans la marque du plu-
riel, un cassenoiselle, un brcclie-dcnl, un cure-dent, un couvre-pied, une
sarde-robe, un gnrdc-meublc, un cnlre-ligne, un chasse-vwuclie. eic. , elc.
Vous nous avez déjà édifié sur le mot chassc-mouclie. On écrit sans .•> un
chasse-mouclie , dites-vous, parce qu'il sufpl d'une mouche pour en être im-
portuné. C'est parfaitement bien! Toutefois vous connaissez l'ordre du
jour? Tâchez de vous y conformer en écrivant désormais gobemouclie ,
cliassemouche , curedent, etc.; sinon le bon sens public aura bientôt fait
justice de brouillons tels que vous.
(3) La marque du pluriel a t-elle quelque chose de plus étrange dans
passeparlouts que dans passavcnts, contrevents, paravents, parasols, pour-
parlers, pourboires, elc. ?
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 205
On n'écrit déjà plus co-èlernel„ co-ètat^Qic, mais cocternelj
coélalj, etc.
Ce procédé, tout à fait rationnel, fait disparaître, comme
on le voit, une foule de difficultés relatives à la formation
du pluriel. Aucune langue n'a autant de mots composés
que l'allemand. Cependant les diverses parties de ces mots
n'y sont pas généralement marquées par des traits d'union.
Baumgarlen (arbrcjaidin, verger) , BaumSchule ( arbreécule,
pépinière), Bmimicolle (aibieiainc, coton), Tachenspielerkii-
gelchen (tablejeupetlteboule, mUSCadc ), FingcrhlU (doigtchapeau,
dé), Taschenuhr ( pochehorioge, montre) ^Pferdedecke (chtvai-
coiiveriure, liousso, caparaçou) , etc.
Remarquez une chose, c'est qu'en français les mots com-
posés d'un verbe et d'un substantif sont ceux qui penchent
le plus irrésistiblement vers l'état de mots simples. Qu'on
ne s'oppose donc plus à cette tendance généreuse, et qu'on
n'oublie pas qu'ici comme ailleurs l'union fait la force.
Toutefois il est, comme nous l'avons dit, des consonnes
tellement antipathiques les unes aux autres, qu'il y aurait
plus que de la maladresse à les mettre en contact.
N'écrivez donc pas, à l'exemple de quelques-uns, sang-
sue j, sang froid j longtemps j, hautbois j, postdate ^ Montrond ,
Mont fleuri , rondpoint, abatiour, abatvent, rouxvieux, sans-
dent, sanspeau, arcboutant, etc., mais sangsue, sang-froid,
long-temps, haut-bois, post-date , Mont-Rond , Mont-Fleuri,
rond-point, abat-jour , abat-vent , roux-vieux, etc. La sim-
plification de ces mots ne peut s'opérer qu'en supprimant
la consonne finale du premier mot composant, ainsi qu'il
suit : sansue, lontemps, haubois, Monrond, abavcnl, etc., ce
qui du reste est tout à fait conforme au génie de notre lan-
gue. Voilà pourquoi il serait peut-être mieux d'écrire sim-
plement dijonclion que disjonction, Vs et le j ne pouvant
nullement s'accorder. C'était bon en latin, où lo / sonnait
20 5
ghammuiik i'uancaise.
commet; mais en français quelle barbarie! On s'est mon-
tré plus conséquent, plus civilisé, lorsqu'on a retranché
Vs du mot tauajours, parce qu'on prononçait désormais tou-
jours et non plus tousiours. Voilàj voici^ soutenir, soucoupe,
bv jaune, chafouin, puîné, sont-ils autre chose qu'une contrac-
tion de vois-là, vois-ci, sous-tenir, sous-coupe, bec-jaune, chat-
fouin, puis-né?
Evitez donc avec le plus grand soin de mettre en contact
les parties composantes d'un mot, quand vous prévoyez
que de leur choc il pourrait résulter quelque perturbation
sensible dans le système de la prononciation ou celui de l'or-
thographe, déjà compliqués d'assez de difficultés. N'écrivez
pas bouteselle, entresol, contreseing, etc., parce qu'on serait
par 15 induit à prononcer boutezelle,entrezol, contrezeing, etc.
Il est d'autant plus indispensable d'écrire en deux mots,
boute- selle , entre-sol, etc., qu'il est ici tout à fait impos-
sible de doubler Vs, sans rendre fermé Ve final du premier
mot, lequel nécessairement doit rester muet.
En conséquence des raisons que nous venons d'exposer,
ÉCRIVEZ TOUJOURS :
Un abat -jour ou
Abajoiir.
Dn abat-vent ou
Abaveni.
Dn abat-voix ou
Abavolx.
Dn agnus-caslus.
Anti-septique
Dne après-dînée.
Dne après-midi.
Dne a|)rès-soupée.
Dn arc-boulant.
Son arrière- i)elit-
flls.
L'arrière-saison.
Dn avant-bec.
Dn avant-corps.
Dne avan t-scène.
La bas-ventre.
Dn bas-dessus.
Dn bas-fond.
Dn bas-relief.
Dn batlant-l'œii.
Les beaux-arts.
Les ùelles-lellrcs.
Bien-aimé.
Le bien-être.
Des biens-fonds.
Dn blanc-bec.
Le boHle-selIe.
Un bout-rimé.
Ces bouts-rimés.
Ducapntmortuum
Dn cent-suisse (1).
Da cerf-volant ou
cervolant.
Le cbef-lieu.
Le conlre-si^ing.
Contre-signer.
Le cuurl - bouillon
ou Courbouilton,
En faux-bourdon.
Dn faiix-fiiyant.
De IVanc-élable.
Dn franc-macon.
La franc maçonne-
rie.
L3 franc-quartier.
Le franc-rcal.
Le franc-salé.
Le franc-tillac.
Dn grippe-sou.
Le baut-bois ou
Haubois.
Le bavre-sac.
Hydro-sulfure.
Le lever-dieu.
Du mort-bois.
La morte-saison.
Non-pair.
(1) Un tel singulier, osé par l'Académie elle-même , justifie pleinement
la hardiesse de nos réformes. C'est que l'Académie n'a pas considéré en
particuli«;r les deux mots dont ce nom est composé; elle n'a eu égard qti'à
l'ensemble; elle n'y a vu qu'un nom unique , que la dénomination d'un
objet unique.
DES SIGNES OUTHOGHAPHIQUES,
Non-pareil.
Non-payement.
Le non-prix.
Le non-usage.
Orléans-'^ ille.
Le petit-fU (1),
Le petit-gris.
Le petit- /ait.
Les Petites-Mai-
sons.
Le petit-maître.
La petilemattresse.
Le petit-neveu.
Des petits-pieds.
Peut-être.
Da pied-droit, ou
Piédroit.
Le plat-bord.
La plus-pétition.
La plus-value.
Dn pont-neuf.
Le porc-épic
Le porte-picire (2)
Le preniier-né.
Le procès-verbal.
Le quartier-maître
Le saul-conduit.
La saisie-arrêt.
La saisie- brandon.
La sa isie-exécu t ion .
La sous-diacre.
Sous-diviser.
Le sous-dominante
Sous-donble.
Le sous-faîte.
La sous-ferme.
Sous-f'ermer.
Le sous-fermier.
Sous-frèter.
La sous-garde ,
mieux Sougarde.
La sous-gorge ,
mieux SougOrgC.
Le sous-locataire.
La sous-normale.
205
La sous-perpendi-
culaire.
Le sous-pied.
La sous-préfecture
La sous-tangente.
Sous-traiter.
Sous-triple.
La sous-ventrière.
La toiite-épice,
La toute-puissance
La toute-saine.
Le Tout-Puissanto
Etc., etc.
Quand des deux mots composants le premier finit par un
e muet et que le second commence par une voyelle , le rap-
prochement ne peut avoir lieu. La raison en est que ce
rapprochement ne pouvant se faire sans la disparition com-
plète de l'e muet final du premier mot, le mot entier per-
drait par là de sa physionomie propre au point de devenir
quelquefois méconnaissable. Ainsi je verrais avec peine qu'on
écrivît : Morleau, porlaigiiille^ portarqtiebuse, porlenseigne^
portépée, porlétriers, porlétrivières, etc. Je crois pourtant
qu'on pourrait, sans inconvénient, écrire entracte, con-
trordre, s'eNTRAVERTIR, SENTRAmER.
A propos des mots précédés des prépositions entre et contre , pourquoi
l'apostrophe aux uns, et aux autres le trait d'union ? pourquoi cn^r'acie
et contre-ordre, s'entr'aider et contre-cpreuver? Singulier caprice de l'usage!
11 est tels autres mots composés auxquels il est bon de
(1) Nous imprimons en italique les expressions qui sont plutôt des locu-
tions consacrées que des noms composés, et sur les quelles nous aurons à
nous prononcer plus loin.
(2) Nous nous sommes fait scrupule d'écrire, au singulier, portepierre, el,
au pluriel, portepicrres , parce qu'il semblerait alors qu'il s'agit d'un in-
strument propre à (lortlr toutes sortes de pierr(;s, tandis que celui dont il
s'agit ne sert à p(jrler que la pierre infernale. Toutefois nous osons écrire
des portcpages , des purlerespects , des portetraits , des portevents, des
porteverges, des portcniontrcs, des portcdrapcaiisc, des cassecoiis, par la même
raison que l'Académie écrit des portemanteaux , même en parlant des oifi-
ciers dont la chaige était de porter le manteau du roi, quand il sortait. Il
y avait douze portemanteaux s-errant par quartier. ( Acad.) Ce que j ai tou-
jours plus détesté que les oisons brides du bon ton, que les bruyants cassccous
de l'a gailCj ce sont les donneurs de leçons. ( V. Soulié.)
'20& <;kam.>iaiue i'iiA.\(^;AiSE.
conserver le Irait d'union, afin qu'ainsi chacun des éléments
qui concourent à le former, se dessine toujours clairement
aux yeux, comme : dcmi-dku, demi-mot ,, mi-août, tire-
d'aile , à hrûle-poiirpoint , morle-paye , arr\ère-peHt-p,ls,
sous-officier , etc. On peut y joindre, si l'on veut, les mots
nouveau-né , orang-outang , piano- forte.
Les mots formés de deux substantifs joints par une prépo-
sition ou autre particule ne semblent pas appelés à l'état
de mot simples.
On arc-en-ciel.
Un chef-d'œuvre.
Dn coq-à-1'àne.
On croc-en-jambe.
On cul-de-jatte.
Un fier-à-bras.
On fouille-au-pot.
On haiit-de-chausse
On haut-le-corps.
nu haut-le-pied.
Dn hors-d'œuvre.
Dn pied-à-terre.
On pot-au-feu.
Un tout-on-iien.
Le Val-de-Grâoe.
Un vol-au-vent.Etc.
Toutefois l'îcn n'empêcbc
df dire votauvent,foaiHau-
l>oi. Arqvenciet n'aurait
rien do plus étiange que
Arniiebusej bitioeicr, ete.
Il faut bien distinguer les noms composés, c'est-à-dire, les
noms qui, quoique formés de plusieurs mots, ne désignent
qu'un seul objet, comme arc-en-ciel, qui équivaut à ms^
d'avec certaines locutions analogues, certains assemblages de
mots qui gardent chacun leur sens direct et présentent à
l'esprit deux idées successives, comme billet de logement, billet
d'hôpital, aide de camp, maréchal de camp, garde du corps,
chapeau à cornes, pieds de mouton, soie de porc, ver à soie, etc.
M. Charles la Loy demande pourquoi ces noms ne pren-
nent pas le trait d'union. Nous lui répondrons simplement:
parce que ce ne sont pas des noms composés.
Les locutions suivantes, détournées de leur signification
directe, et appliquées, par analogie, à certaines plantes, à
certains instruments, etc., sont des noms composés, ne pré-
sentant qu'une idée unique sous plusieurs mots, et prennent
en conséquence le trait d'union.
La barbe-de-bouc,
salsifis sauvage.
De la barbe - de -
capucin , ohiooréel VrC, espèce de opirée
sauvage étiolée. Une barbc-de-ju-
ja barbe-de-chè- piter(i),nomdonm!
à plusieurs petits ar—
brisseaus: qui sont
êarnis de feuilles ar—
(1) Faut-il, il l'exemple de l'Académie , conserver la majuscule à Jupiter
dans cette loculion ? Je ne le crt)is ]).ns, ou bien il faudrait écrire aussi
herbe aux PaUiçons , ce que ne fait pas l'Académie elle-iuèiue.
DES SIGNES ORTHOGUAPHIQUES
JeElées et soyeuses,
La barbe-de-moine
ou ciiscule , plante.
La barbe -de -re-
nard, espèce d'as—
traêale épineux.
Bec-de-cane, bec-
de-cygne, bec de-
corbeau ou bec-
de-corbin, bec-
de-vautour , eic. ,
instrument de chi-
rurgie , maintenant
hors d usage.
Bec - de - corbin ,
Canne à bec— de-cor-
bin«
Un bec-de-Iièvre ,
La bouche d'une per-
sonne dont la lèvre
supérieure est fendue
comme celle des liè-
vres ; la personne
même qui a ce défaut
de conformation.
La bourse -à -pas
teur , plante cruci-
fère.
La corne-de-cerf,
plante crucifère.
Le cou-de- cygne [1
partie de l'avant-
train d une toiture".
Le cou-de-pied ou
Coudepied,
On cul - de - four ,
voûte sphèrique.
Un cul - de -jatte ,
personne estropiée
qui ne peut faire
usage ni de ses jam-
bes ni de ses cuisses
pour marcher.
Dn cul-de-Iampe,
ornement.
Un cul-do-sac ou
Impasse,
Une dent-de-loup,
espèce de cheville de
fer.
Dent -de -lion ou
Pissenlit.
La langue-de-cerf
ou Scolopendre, plante
capillaire.
La langue-de-chien
ou Cynogtûsse.
La langue-de-ser-
pent ou Ophioglosse.
Un œil- de bœuf,
fenêtre ronde ou
ovale.
Un œil- de-bouc ,
coquillage.
On œil- de- chat ,
sorte de pierre pré-
cieuse chatoyante,
nn œil-de-chèvre ,
plante.
Un œil-d'or, poisson
Dn œil-de-serpent,
petite pierre de peu
de valeur.
L'oreille-d'oùrs ou
Cortuee, petite plante
printanière.
L'oreille - de-souris
ou Myosotis.
Le pas - d'âne ou
Ttissitage, plante.
Patte-d'oie, pomt
de réunion de plu-
sieurs routes , plu-
sieurs allées divergen
tes d où on les aper-
çoit d un coup d œil.
nn pied-d'alouette
planta à fleurs épe-
ronnées.
Un pied-de-blche,
instrument de den-
tiste.
Un pied-de-chèvre,
Levier de fer.
Un pied-de griffon,
plante, espèce d el-
lébore.
207
Le pied-de-lion ou
Alchimitle, plante de
la famille des P.o—
sacëes.
Le pied-de-veau ,
plante à chatons.
Queue- d'aronde,
espèce de tenon en
queue d hirondelle,
La queue -de-che-
val ou Prêle.
Une queue-de-co-
chon , tarière ter-
minée en Trille,
La queue-de-lion ,
ou Léonurus , plante
labiée.
La queue-de-pour-
Ceau , plante om—
bellifère.
Une queue-de-rat,
lime ronde.
La queue-du-chat.
Figure de contre-
danse.
La queue -de-re-
nard, petite plante.
La queue-de-sou-
ris , plante.
La "Ville-de-Lyon,
paquebot. Etc.
Fortement liés ensemble par le trait d'union, les mois dont se
composent ces expressions ne forment qu'un tout compacte, qu'un
sens unique, qu'un mot un et indivisible, et n'admettent par consé-
quent la marque du pluriel qu'à la fin. Voilà pourquoi il faut écrire,
boa gré, mal gré, des arc-en-ciels, des arc-boutants, des croc-en-
jambes, des cnl-cle-jaltes, des cul-de-sacs, des cnl-de-lampes, des
cul-blancs, des paiUe-en-culs , des paille-en-qneues, des hors-d'œu-
vres, des bec-de-Uèvres , des dent-de-loiips, etc., en laissant tout à
fait intact le corps du mot. Cela est hardi , mais cela est logique^
et surtout cela est simple.
En effet, lorsqu'on dit des pied-ù-lerres, desctil-de-lampes, des
dent-de-loups , etc. , est-ce qu'on a en vue des pieds, des culs, des
dents? Non , l'esprit n'a en vue que certains logements où l'on ne
(1) Je ne comprends pas, jf l'avoue pourquoi l'Aradotnlc i'.cr'iX cou «ic
■f:ne sans Irait d'union.
208 GR.VMMAIIIE FRANÇAISE,
demeure pas, où l'on ne vient qu'en passant, où l'on ne met, pour
ainsi dire, qu'un pied à terre, certains ornements de lambris ou de
voûte faits comme le dessous d'une lampe d'église , certaines es-
pèces de chevilles qui ont quelque analogie, quelque rapport de
ressemblance avec une dent de loup ; en sorte que le signe du plu-
riel se rapporte plutAt au nom sous- entendu qu'au nom exprimé ;
comme s'il y avait : des entretien (tète à tète) 5, des homme (cul
de jatte)s, des ornement (cul de larape)s, des rue (cul de sac)5, des
cheville ( dents de loup)s; en sorte qu'il y a syllepse comme pour
le genre des noms de villes. Si ce principe n'est pas fondé, alors de
quel droit, je le répète , écrit-on des passavents , des pourparlers,
des pourboires, des pissenlits, etc.? Est-ce parce que les divers ra-
dicaux de ces mots ne sont plus distingués (1) par le trait d'union?
Mais qu'importe cela? Le trait d'union n'ayant d'autre objet que
d'unir indissolublement, non de diviser, qu'importe, pour la marque
du pluriel, que pisse-en-lit s'écrive avec ou sans trait d'union? Cela
n'en change pas la nature, et il faudrait tout aussi bien écrire au
pluriel des pisse-en-lits, que des pissenlits.
Je l'ai déjà dit, quand rien ne s'oppose au rapprochement des par-
lies composantes, il est bien mieux d'opérer ce rapprochement, et
d'écrire , par exemple, des autodafés , plutôt que des auto-da-fés;
mais, dans le cas contraire , le nom composé n'en reste pas moins
un nom unique , et par conséquent soumis aux mêmes lois que les
mots simples.
A'oiilezvous une. nouvelle preuve du peu d'unilé qui règne dans le dic-
tionnaire de l'Académie? cherchez le mot sai.-vt. Vous y trouverez 5ain<-
Ofjice écrit avec un trait d'union. Voyez maintenant l'article office. Saint
office y est écrit sans trait d'union.
An mot BIEN , l'Académie vous enseigne qu'il faut écrire bien-dire avec
un trait d'union dans ces phrases familières : être sur son bien-dire, se met-
tre sur son bien-dire: que hors de là Lien dire, pris substantivement, s'écrit
sans trait d'union : Le bien faire vaut mieux que le bien dire. Ce qui n'em-
pêche pas qu'arrivés au mot dire, nous y trouverons le même exemple
écrit avec un trait d'union: Le bien-faire vaut mieux que le bien-dire.
Les bonnes actions valent mieux que les 1 eaux discours. DisOns en passant que CCS loCU-
tions doivent toujours s'écrire avec trait d'union. On en verra la raison
plus loin.
(1) Remarquez que nous disons distingués plutôt que séparés; car il ne
s'agit nullement de séparation, mais d'union.
DES SIGNES OUTHOGRAPHl^LES. '209
Pourquoi l'Acadéinie écrit-elle encore gorge-de-pigeen et œil de perdrix?
Une robe gorge-de-pigeon. Du vin œil de perdrix. Il s'en faut de bien peu
que la seconde de ces locutions n'ait autant de droits que l'autre au trait
d'union.
Quant à l'expression saint-office, voici ce que c'est -. ni saitit office,
ni saint père, ni saint siège, ni saint empire, ne me semblent faits
pour le trait d'union. Car ce ne sont pas là des noms composés, mais
des substantifs simples, qualifiés chacun par un adjectif, mais des
mots naturellement construits et pris chacun dans son acception
propre. Dans saint office, saint père, saint siège , eic. , il n'y
a pas qu'une idée unique, il y 'a deux idées bien distinctes , bien
tranchées , bien nettes : idée de sainteté et idée d'office , de père,
de siège, etc. Saint office, saint père, saint siège, que signifient-ils
en effet? Ils signifient, un office, un père, un siège, repaies saints,
par rapport aux autres, à quelque titre que ce soit.
Je ne vois pas trop non plus la nécessité d'écrire avec un trait
d'union, Saint-Esprit, bel-esprit, beaux-arts, belles-lettres, bœuf-
gras, Comédie-Française, esprit -de-vin, eau-de-vie, Alexandre-le-
Grand, Louis-le- Grand, belle-de-jour, belle-d'un-jour , belle-de-
nuit, etc. Cet étrange et détestable abus du trait d'union n'a d'au-
tre résultat que d'augmenter sans fin les difficultés dont est déjà si
cruellement hérissée l'orthographe des noms composés.
Il est vrai que nous n'avons encore vu que le Journal des Débats
qui ait osé écrire bœuf-gras, bel-esprit, Louis-le-Grand. L'Acadé-
mie, elle, écrit ôa?!//" g-m^, bel esprit. Elle écrit aussi Louis le
Grand; ce qui est fort sage. Mais pourquoi écrit-elle eau-de-vie,
esprit-de-vin, belle-de-jour, etc.? Quelle différence y a-t-il donc, au
point de vue de la grammaire, entre esjjrit devin et esprit de sou-
fre, esprit de sel, esprit de vitriol? entre eau de vie et eau de rose,
eau de Cologne, eau de senteur? Les mots de vin dans esprit de vin,
aussi bien que de soufre, dans esprit de soufre, ne sont à mes
yeux que le complément délerminatif du mot esj^Hf, et rien déplus.
J'en dis autant à l'égard des expressions eau de vie, belle de jour ,
belle de nuit, etc. De nuit, de jour , dans ces deux dénominations,
ne font que déterminer la différence qu'il y a entre deux fleurs ap-
pelées belles toutes les deux. Sans cela , pourquoi, par exemple ,
valet de chambre, femme de chambre. Journal des Débais, ne pren-
draient-ils pas le trait d'union ? Si vous ne considérez eau-de-vie
que comme un seul mot, si vous y allachez un aulre sens que celui
T. II, -21
210 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
(l'une eau, d'une liqueur qui donne de fa vie, c'esl-à-diie, qui ex-
cite les esprils vitaux , qui ranime, alors pourquoi, dans la for-
mation du pluriel, en isolez-vous les termes? pourquoi n'écrivez-
vous pas des eau-de-vies, sans égard au sens particulier de chaque
mot?
Esprit de vin, eau de vie , ne sont pas plus des noms composés
que cul d'artichaut, ciel de lit, parce que chacun des termes qui
composent ces expressions , est employé , sinon dans son sens le
plus propre, au moins dans un sens naturel et direct.
Je ne suis pas trop édifié non plus que l'Académie écrive eau-
forte et eau seconde, eau de départ. Surtout je le suis très-mal de
la voir écrire au pluriel des eaux-fortes, en parlant d'estampes ti-
rées sur une planche gravée à l'eau forte. Mais est-ce qu'il s'agit
ici de plusieurs eaux? Non , il s'agit de plusieurs gravures à Veau
forte. Ecrivez donc sylleptiquement des eau-fortes , des gravrire
(eau forte) s. Le trait d'union, dans ce dernier mot, est d'autant
plus nécessaire, que ce signe a précisément pour objet principal
d'indiquer , dans les expressions où il figure , un sens détourné ,
une construction forcée, soit sylleplique, soit elliptique.
C'est ainsi que dans les noms de nombre composés, tels que
dix-sept j, dix-huit j dix-neuf, vingt-un^ vingt-deux^ trente-
iin, etc., il indique la suppression de la conjonction et.
Il est vrai que quatre-vingts ne signifie pas quatre et vingt, mais
quatre fois vingt, et qu'il prend pourtant le trait d'union. C'est
qu'il est très-important de considérer quatre-vingts comme un nom-
bre unique , comme un mot unique répondant à la dénomination
simple octante, et d'en faire un nom composé. Alors pourquoi ne
pas opérer le rapprochement ? Rien ne s'y oppose , en effet. Ecri-
vez donc, si cela vous convient, quatrevingts , en un seul mot ••
quatrevingts hommes, quatrevingts chevaux. L'5 finale de ce mot ne
s'explique guère que par l'euphonie. L'oreille serait choquée d'en-
tendre quatrevingt hommes, bien que le même son, dans vingt
hommes, n'ait rien qui l'étonné.
Quoi qu'il en soit, l'on supprime Vs dans quatre-vingt-un, quatre-
vingt-deux, etc., parce que le t final ne s'y fait plus sentir.
L'usage ne permet au trait d'union l'exercice de ses fonc-
tions, dans les noms de iiombro, que jusqu'à cent. Ainsi
DES SIGNES ORTHOGUAPHiylES. 211
l'on écrit, sans trait d'union, cEm un ^ cem deux ^ cem
trois, CENT diXj, cent quinze, cent seize, cent dix-sept, cent
dix-huit, cent i^mg-f j cent vingt-un, mil huit cent quarante-
cinq, DEUX MILLE hommcs , QUATRE CENTS chcvaux. Cent ,
on le voit, placé devant un substantif est considéré lui-même
comme substantif et prend la marque du pluriel après un
autre nom de nombre.
Deux cents auteurs extraits m'ont prêté leurs lumières.
( BOILEAU. )
La même chose a lieu , quand le substantif est sous-en-
tendu.
Nous partîmes iroi.i cenis ; mais, par un prompt renfort.
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.
(Corneille. )
Je conçois qu'on écrive demèmesix vingts, sept vingts, huitvingts,
en considérant ces mots à part, l'un comme adjectif, l'autre comme
substantif. Mais peut-il en être de même pour quatre-vingts, non
composé, qui ne réveille pas dans l'esprit l'idée de vingt multi-
plié par quatre, mais seulement l'idée de la huitième dixaine,
l'idée du nombre oclante? A labonne heure ! si l'on écrivait aussi
quatre-vingts sans trait d'union. Alors nous n'eussions pas songé à
en faire un mot simple.
Il y aurait une petite distinction à faire , en parlant de l'hôpital
fondé par saint Louis pour trois cents aveugles, et des aveugles
mêmes qui sont reçus dans cet hôpital. Dans le premier cas on de-
vrait écrire avec trait d'union et majuscules, les Quinze-Vingts ;
dans le second, simplement. Un quinzevingt, des quinzevingts,eu
un seul mot et sans majuscules. Je ne comprends vraiment pas pour-
quoi l'Académie écrit un Quinze-Vingt . L'ellipse seule peut justi-
fier cette orthographe, et, en cas d'ellipse, Vs finale est insupprima-
ble ( qu'on me pardonne ce néologisme) , parce qu'alors c'est comme
s'il y avait un aveugle des Quinze-Vingts.
Nous ne serions pas étonné de voir nos idées sur le trait d'union (1)
(1) C'est bien à tort que quelques-uns écrivent trait-d'union , entre au-
tres M. Napoléon Landais.
212 (lUAMMAlUFC iha>(;aisk.
combattues à Dulranct; par quelques uns (d) et aduploes à l'aveugle par
quelques autres.
C'est pourquoi soyons clair el positif, et formulons des règles
précises.
Nous avons dit que les expressions barbe-de-moinc , corne-de-
cerf, dent-de-Uon, œil-de-chat, etc., prennent le Irait d'union, parce
qu'elles désignent toute autre chose que ce qu'elles semblent dési-
gner; mais si je parle réellement de la barbe d'un moine, de la
corne d'un cerf, d'une dent de lion, d'un œil de chat, il est évident
qu'alors ces mots doivent s'écrire séparément et sans trait d'uuion.
Écrivez donc sans trait d'union tout assemblage de mots
naturellement construits, qui ne s'absorbent pas complète-
ment l'un dans l'autre, de manière à n'en faire absolument
qu'un, qui ne présentent pas dans leur ensemble un sens
tout autre que celui qui semble devoir résulter de leurs
divers sens particuliers.
Telles sont en premier lieu les locutions adverbiales, pré-
positives, et conjonctives.
A compte.
A coup sûr.
A la fois.
A peu près.
A plaisir.
A présent.
A propos.
A tout bout
champ (2).
Au delà.
Au dessus (3).
Au dessous.
Au devant.
Bec à bec.
de
Bout à bout.
Cap à cap.
Côte à côte.
De pied en cap.
Dos à dos.
Face à face.
Haut le pied.
Nez à nez.
Par dessus.
Par terré.
Peu à peu.
Pied à pied.
Sur la place.
Tète à tête.
(1) Nousnevoyonspas trop la nécessité d'écrire quelques-uns avec un trait
d'union , puisqu'on écrit quelques autres sans trait d'union. Si je penche
pour le maintien du trait d'union dans ce mot, ce n'est pas tant parce que
l'Académie l'y maintient en effet que parce que \e Journal des Débats l'y
supprime quelquefois. On hésite à suivre un aveugle. Cependant le Jour-
nal des Débats pourrait bien avoir raison cette fois. Tous les hommes ont
leurs moments lucides.
(2) M. Francis Wei nous fait observer très-sérieusement que cette ex-
pression n'est pas du style élevé, et qu'il ne serait pas bien de dire : Le
tonnerre éclatait à tout bout de champ. Sûrement personne ne démentira la
justesse de celte observation. Toutefois, n'en déplaise à M. Francis Wei,
que j'honore infiniment, la conversation familière n'est pas si bégueule
qu'il le prétend, et l'on peut très-bien dire non seulement, // s'arrête à
tout bout de champ, mais même, avec l'Académie, // retombe dans sa
faute à tout bout de champ, ( Il s'agit du Journal des Débats.)
(3) L'Académie écrit au-dessus, au-dessous , au-devant, par-dessus , par-
dessous , avec un trait d'union, quoiqu'elle écrive, au delà, en delà, par
delà, de deçà, en deçà, par deçà, sans trait d'union. Le Journal des Débuts
écrit au-delà comme au-dessus ; et en cela du moins il est conséquent. ( l.c
Journal des Débats conséquent avec lui-même '■ N'est-ce pas que c'est une
<:hosc digne de remarque ! )
J)£S SKiNES ORTHOGRAPHIQUES'. 215
Touï à tour.
Tout à coup.
Tou à fait (1).
Tout à la fois (2).
Tout à l'heure.
Tout beau. (Touldulong.
Tout de go. [Tout d'un coup.
Tout de suite. Tout ou rien. Etc.
Cependant l'on écrit c'est-à-dire , sur-le-champ, vis-à-vis, ici-bas.
C'est à dire n'a pas besoin de trait d'union. Sur le champ pourrait
s'en passer à la rigueur, aussi bien que sur la place, à tout bout de
champ. Après demain, avant hier, n'en sont pas non plus extrê-
mement affamés. Quant au mot vis-à-vis, le trait d'union est une
condition essentielle de son existence; car vis-à-vis, couiraclion de
visage à visage, forme par lui-même un tout indivisible en fran-
çais, vis n'ayant pas par lui-même une valeur indépendante,
La particule ci est à peu près dans le même cas. C'est
pourquoi elle est toujours suivie ou précédée du trait d'u-
nion. Ci-jo/iU^ ci-inclus j qu'est-ce-ci (1)? celui-ci ^ cet
homme-ci j, ci-dessus,, ci-dessous,, ci-devant,, ci-avant „ ci-
(1) Le Journal des Débats écrit toul-à-fait, et Je Constitutionnel n'a pas
lionte de l'imiter. Concevez-vous cela? 11 est vrai que le Constiditiomut se
tient à cette orthographe ; tandis que le Journal des Débats, toujours in-
certain , toujours Uottant , toujours en balance, toujours en quête de quel
côté le vent souille, écrit tout à [ail tantôt avec trait d'union , tantôt sans
trait d'union. Le naturel se trahit dans les moindres choses.
(2) MM. Bescherelle écrivent lout-a-la-fois, ainsi que cul-de-basse- fosse :,
fm-de-non-reccvoir , avec trois traits d'union. Étunnez-vous après cela que
le Journal des Débats ait fait un si grand éloge de leur grammaire. O public
trois fois digne du royaume des cieux ! qui ne s'est pas encore aj)erçu que,
de tous les ouvrages qui paraissent, soit bons, soit mauvais , le Journal da^
Débals ne mentionne et ne loue que ceux de ses amis, de ses rédacteurs?
Ceci est un fait d'une telle évidence, un fait tellement palpable, qu'a
moins d'être aveugle, on doit en demeurer convaincu. 'Et la Journal de»
Débats- élève chaque jour ses prétentions , il se pose en grand prêtre de la
Gloire, en archichancelier de la Renommée. A l'entendre, point de répu-
tation littéraire hors de lui. « Soyez des nôtres , » voua crie-t-il , « et vons.
serez comme nous un grand homiue, un demi-dieu; l'Olympe vous sera
ouvert.» En effet, la Grammaire Nationale n'est qu'un tissu de déraisonne-
ments et de méprises; voyez pourtant ce qu'il en fait. Presque un chef-
d'œuvre. C'est que partout où sorjt d'habiles charlatans, les dupes fourinlllent.
(3) Grande anxiété parmi les grammairiens au sujet de qu'cstce-ci ,
qu'estce-là, sont-ce-là. Supposez, s'écrient-ils d'une voix alarmée, supposez
que ces expressions doivent être divisées à la fin de la ligne, faute d'es-
pace , de manière que ci et là soient transportés au commencement d<; lu
ligne suivante;. Comment pourionsnous , grand dieu! distinguer ccft de
ce-cl , cela de cc-là , puisque ceci, cela, seraient, dans le même cas, divisés
de la même façon ? Et d'aliord cela ne prend pas d'accent grave. Puis on
ne dit pas Qucst-cela, qu'cslceci , mais tcuijours Qu'est-cc-là , quest-ce-ci ?
Avec cela , ceci , il faudrait dire Qu'est-ce que cela ? qu'est-ce que ceci ?
Cela suffit-il, ù infortunés, pour vous mettre l'.'imc en repos? Si vous
souffriez autant (jik' moi vous ne vous inquiéteriez [las de si peu de chc)se.
214 (iKAMiMAIUE IK.V.NÇAISIi.
après, ci-conlre, ci-gtl (1). Il en est de même de làj, quand
il est opposé à ci : par-ci par-là ^ celui-là, cet homme-là ,
ces deux-là, en ce temps-là^ quel discours esl-ce-là? Là-dessus,
là-dessous.
Ce que je ne conçois pas, par exemple, très-clairement^ c'est
qu'on écrive avec un trait d'union, là-dessus, là-dessous, et, sans
Irait d'union, là dedans, là dehors, là auprès, là conlre. Passe pour
là-haut, là-bas, dont je serais désolé de voir disparaître le trait
d'union, à cause de l'intimité qui règne entre là et haut, entre là et
bas; mais pourquoi là contre et là-dessus P
Surtout pourquoi dès-là, jusqtie-là ? Le trait d'union me paraît
aussi superflu ici qu'il le serait dans dès lors, jusqu'alors.
Nous croyons qu'il faut écrire sans trait d'union là dessus , là
dessous, dès là , jusque là , comme là dedans, là contre ; parce que
là, dans ces locutions, n'est point l'opposé delà particule ci, comme
dans celui-là, cet homme-là, mais la forme propre et indépendante
d'une idée de lieu/de temps. Entre là dessus et ci-dessus, il y a une
grande diiiérence. Là-dessus se dit en parlant de toutes sortes d'ob-
jets, tant au physique qu'au moral; ci-dessus ne s'emploie que pour
marquer ce qui précède dans un discours. Voilà pourquoi là dessus
n'est point l'opposé de ci-dessus.
Je suis loin de blâmer l'usage du trait d'union dans ici-bas, mots
d'une construction peu naturelle et tellement unis dans l'esprit
qu'ils ne présentent qu'une seule idée.
A propos des particules oui ne peuvent jamais être employées
SEULES, pourquoi le Journal des Débals écrit-il toujours sans trait
d'union, en parlant du Constitutionnel : Très sot, très impertinent,
très borné, très aveugle, très extravagant, très absurde, etc., etc. ?
Pourquoi écrit-il de même sans trait d'union ex jésuite , ex roi?
Cela n'est pas non plus très-spirituel, très-convenable , très-intel-
ligent, très-clairvoyant, très-sensé, très-logique, car il le serait tout
autant d'écrire Hyper critique, tragi comique, archiduc, anti re-
ligieux, dé pendre, mes allier, bis aieul, thoraco facial, sterno hu-
merai, slerno pubien, ilio prétibial, ilio 'rotulien, ilio aponévroti
fémoral, bifémoro calcaniens , tri/émoro rotulien, oc cipito fron-
tal,etc., mais cela est tout à fait digne dudit journal, lequel, en re-
vanche, écrit bœuf-gras, mardi-gras, et autre choses grasses.
(1) Quelques-uns siiiipiiinciU le trait d'union de cl-f^it, mais à tort.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES . 215
La partialité du Journal des Débats est poussée si loin, que lui,
qui refuse si obstinément le trait d'union à ce pauvre mot très ,
presque aussi désespéré de son abandon que je le suis de mon af-
freux isolement , il le prodigue en aveugle dans des mots tels que
Maréchai-de^camp, garde-du-corps, gouverneur-général, procu-
reur-général, receveur-général, maltre-d' hôtel , Saint-Germain-
l'Auxerrois, Franc fort-sur-le-Mcln, etc.
Jules Janin va jusqu'à écrire Juif-errant avec un Irait d'union. Si
ce n'est pas se moquer du monde !
Puis, comment ne pas détourner sa face avec horreur de dessus
un journal qui commet de telles abominations? Comment ne pas
s'écrier, dans une sainte indignation, avec Némésis:
Eh quoi ! sans que la honte embrasât votre joue ,
Vous avez déployé l'in-folio de boue ,
Ce mannequin hideux que Yargent fait mouvoir ,
Caméléon changeant, non et oui, blanc et noir ,
Qui lisant chaque jour ses mielleuses sentences ,
Pend la liberté sainte à ses douze potences!
Vous n'avez pas compris qu'un auteur aux abois ,
Quand il n'a pour appui que celle impure voix ,
Cette branche pourrie, hélas ! est bien à plaindre!
Mais dans quel bourbier retombé-je toujours. Relevons-nous , et
n'oublions pas que Toute particule , tout mot oui n'a pas une va-
leur INDÉPENDANTE EN FRANÇAIS, DOIT S'UNIR d'UNE MANIERE PLUS OU
MOINS INTIME AVEC LE MOT OUI LE PRÉCI;DE OU QUI LE SUIT , COmmC :
Aîtcmchancelier , oui-nk, nenni-i>\, Charles-Qvmr , Sio'te-Qumr ,
«-PRIORI, lèse-^ïMESTK, etc.
Les locutions suivantes n'oiïrent de môme qu'un sens na-
turel et direct.
On adjudant major
On aide de camp.
L'Ancien Testa-
ment.
On arc de triomphe
On bachelier es
lettres (1).
Le bas Danube.
Le bas Rhin.
La basse Autriche.
La basse Egypte.
Les basses Alpes.
Le3 basses Pyré-
nées.
Bien dire.
Bien faire.
Le blanc signé ou
blanc seing.
On bois de lit.
Du bois vif.
Un bout de bougie
Un bout de fleuret.
Un bout d'boninic.
LeschampsElyséis
On chien de mer.
Un ciel de lit.
Un clin d'œil.
Cn col de cravate.
Le chirurgien ma-
jor.
La clef de voûte.
Or. cordon bleu.
Le coips de garde.
Le corps de logis.
Un C0UJ1 d'œil.
Dn cul d'artichaut.
(i) es est la contraction de la préposition en et de l'article les , dans les.
216
Le directeur gêné
rai.
L'ennemi né.
Le l'en grégois.
Lesgardes dii corps
Lagomme arabique
Lagonime élastique
La gomme gutte.
La gomme résine
Legrandconseil(l)
Le grand livre.
Le grand dtic de
Toscane.
Le grand prêtre (2)
Du gros de Naples.
T>n gros de Tours.
La haute Autriche.
La haute Egypte.
Le haut Rhin.
Les hauts lieux.
Herbe aux chats,
ou Cataire.
Herbe aux chan-
tres, ou Félai:
Herbeaux cuillers
ou Cochiéaria,
Herbe aux écus ,
ou Nummulaire.
Herbeaux gueux,
espèce de Clématite.
Herbe aux pata-
ORAMMAÏUE l-nvNCAISE.
gons, ou Hyitroeo-
tjle.
Herbe au pauvre
homme, ouGvalwle
Herbe aux perles
ou Grémil.
Herbe du siège, ou
Scrofulaire,
Herbe aux verrues
ou Bétiotrope.
Jet d'eau.
Jeu d'eau.
Laisser aller.
Laisser dire.
Laisser faire.
Laisser passer.
Le légat né.
Le lieutenant civil.
Le lieutenant cri-
minel.
Mme la lieutcnante
civile.
M"» la lieutenante
criminelle.
Le lieutenant gé-
néral.
Un lit de camp.
Un lit de repos.
Louis le Grand.
Un maître maçon.
nu maréchal de
camp.
La mer Atlantique
La mer Adriatique
La mer Glaciale.
La mer du Nord.
La mer du Sud.
La mer Méditerra-
née.
La mer Noire.
La mer Rouge.
Le Nouveau Testa
ment.
L'océan Pacifique
(3).
□n oiseau de pa-
radis.
Le palais Bourbon
Le palais Farnèse.
La petite vérole.
Les petits pois.
Cela peut être.
Le pied de roi ou
simplement pied.
Pied bot.
Pied plat, ou plat
pied.
Un pont levis.
Un pont volant.
Les ponts et chaus-
sées.
Le procureur gé-
néral.
Qui va là ?
Qui vive?
Tn rat d'eau.
Saint Antoine.
Saint Basile.
Saint Etienne.
Le Saint Esprit.
Le Saint Office.
Le Saint Père (4).
Le Saint Sacre-
ment.
Le Saint Siège.
LesSaintes Huiles.
La Sainte Trinité.
Saint Tliimothée.
Sainte Ursule.
Saint Valentin.
Savoir faire.
Savoir vivre.
La Seine et l'Oise.
La Saône etu Loire
Le serpent à son-
nettes.
Oa tambour maître
Dn tambour major
Le Tarn et la Ga-
ronne.
Le ver à soie.
La villa Schwar-
zembergr. Etc.
(1) Le Journal des Débals écrit, grand-conseil. « Le U février, le gband-
CONSEIL de Fribourg s'est assemblé. »
(2) Combien y en a-t-il qui écrivent le grand-prôtre! C'est une faute.
(5) Le Journal des Débats écri tOcÉ a iv- Pacifique, comme on écrit Cirque-
Olympique , avec deux majuscules et un trait d'union. Même au seul point
de vue grammatical , il y a une énorme diÉFérence entre ces deux expres-
sions. Cirque-Olympique est le nom propre, un et indivisible, d'un lieu
public, d'un théâtre digne du Journal des Débats. L'océan Pacifique est un
océan partiel qui ne se distingue des autres que parce qu'il est pacifique à
la manière dudit journal. De ce que l'on écrit abusivement, dans un sens
absolu , l'Océan avec une majuscule, ce n'est pas une raison pour que l'on
conserve à ce mot cette distinction dans océan Pacifique. Mais le Journal
des Débals ne descend pas à de telles minuties. De telles minuties, qu'il
était bien temps de régler après plus de deux cents ans, coûtent pourtant
plus de réflexion, plus de peine que les longues et stériles disputations de
l'orgueilleux journal. Le Journal des Débats ressemble un peu à l'astrologue
de la fable : pendant qu'il est à regarder dans les astres , il se laisse choir
dans un puits.
(i) L'Académie écrit saint-père avec trait d'union et sans majuscule.
Cependant elle écrit avec majuscule et sans trait d'union Grand Seigneur,
Grand Kan , Grand Turc, Grand Mogol, dénominations tout à fait analo-
gues au moins sous le rapport grammatical. La plupart, d'après MM.Bes-
DES SIGNES 0«THOr.KAPHÎOlES. 217
11 faut vraiment être possédé de l'esprit du mal pour oser, à l'exemple
de MM. Bescherelle et du Journal des Débats, leur âme damnée, pour
oser faire des noms composés des locutions : Aide de camp, maréchal de
camp , maître d'hôtel, marédtal ferrant , arc de triomphe, coq d'Inde, corps
de garde, corps de logis, femme de chambre, lettre de change, quart d'heure,
rat de cave, rat d'église, rat d'eau, serpent à sonnettes, ver à soie, etc. , etc.
Mais si ces expressions sont détournées de leur sens na-
turel, de leur sens direct ; si le verbe, si l'adverbe est pris
substantivement, si les adjectifs saint j, bas, haut, etc., ne se
rapportent plus que d'une manière indirecte au substantif
qui les accompagne -, surtout s'il y a renversement, transpo-
sition forcée , contraction, etc., alors, à défaut d'une inti-
mité plus grande entre les parties, le trait d'union est in-
dispensable. Ainsi écrivez :
Un à-compte (1).
L'à-propos.
Le Bas-Empire.
Le Bas-Rhin, Le de
partemsnt auquel le bas
Rbin a donné son nom.
Les Basses • Alpes,
département.
Les Basses - Pyré-I Beaux-Arts.
nées, département. Le bien-dirc.
Le beau-dire. Le bien-faire.
L'Académje des A bras-lc-COrpS (2)
clierelle et le Journal des Débats, font encore pire : ils mettent partout le
trait d'union ; et l'Académie elle-même n'a pas trouvé un autre moyen de
distinguer le grand-duc de Toscane des anltt^s grands ducs. Mais il faudrait
dire alors La grand-duchesse et non pas la grande duchesse. Le Irait d'union
suppose presque toujours invariable le mot qui le précède , comme dans
franc-maçonnerie, hautcUsseur , demi-dieux, chevau-léger , prud-hoiiimes
{mieux prudhommes) , nu-propriélc, aller nu-tête, nu-Jambes, nu-pieds, un
va-nu-pieds, etc. , etc., etc. Est-ce parce que l'Académie craint qu'on ne
prenne tel grand duc pour un grand prince ? Entre un grand prince et un
grand duc , entre ces mots , le grand roi, le grand empereur et le grand
duc de tel ou tel grand duché , il y a tout un monde.
(1) Le Journal des Débats a eu l'heure;ise hardiesse d'écrire au pluriel
à-comptes, c Les emprunteurs ont la faculté de se libérer par à- comptes men-
suels, fussent-ils de 1 franc.» Faut-il s'étonner après cela que le </o«r>ia/
des Débals parle parfois avec tant de dédain de l'Académie qui écrit au
pluriel comme au singulier des ù-comptc? Mais je me trompe , ce n'est pas
le Journal des Débats qui a inventé ce pluriel ; tout l'honneur en revient au
Journal de Seine- et -Oise, cité par le Journal des Débats.
(2) Plusieurs disent à brasse-corps, et il n'y a pas long-temps que j'ai lu
ce barbarisme dans un journal. Je n'affirme pourtant pas que ce soit dans
le Journal des Débals, bien qu'il n'y eût pas lieu de s'en étonner. Voici ,
en effet, quelque chose de tout aussi fort : « Le BAvt-coinmissaire, quoique
chinois ou pabce que chinois, admira beaucoup un service de Ihe.n On voit
que le Journal des Débats ne veut pas demeurer en reste de chinoiseries.
C'est |)our aider autant que possible au succès de nos négociations dans
la Chine. Encore un échantillon de son style. » Le bétail, cklci a cobnes
surtout, était en grand nombre. " De telles fautes fourmillent dansli^ Journal
T. II. -2.S
218
(.lUiMMAlRE FRANÇAISE.
Lecarôine-pienant
LeCcIeste-Empire
LaCliamp- de-Mars
Les Champs -Ely-
SéeS , i Paris.
Dn cordon -,bleu ,
CheTaliar du Saint-
Esprit, cuisinière
très— habile.
Dn cordon-rouge ,
Chevalier de Saint—
liouis.
Un écoute-s'il-pleut
Les États-Unis.
La Grande-Breta-
gne.
Dn haut-le-pied.
La Haute-Loire,
département.
Les HaiilesAlpcs,
départeraent.
Le Haut-Rhin, Ja-
partement.
Le laisser-aller.
Le laisser-dire.
Le laisser-faire.
Le laisser-passer.
Le lieutenant- géné-
ral (1).
Le oolléje de Louis-
le-Grand.
Aller nu - jambes,
nu-tête,
La nu propriété.
L'Opéra-Comique
Le Palais-Royal.
Le Pont-Royal.
Les Pays - Bas ,
royaume,
Les Petites - Mai-
sons.
Peut-être (et pour-
quoi pas peuiétre ?)
Dn plat - pied, ou
pied-plat.
Le plein cintre.
Le qu'en-dira-t-on.
Le qui-vive.
Le rez-de-chaussée
Dn Saint - Esprit
d or, d argent,
L'éêlise de Saint -
Etienne.
La ville de Saint -
Germain en Laye.
Saint - Germain
1 Auserrois,
L ordre da S'-Louis.
Dn Saint - Sacre-
ment , ou OsUmoir.
Le savoir-faire (ou
savoirfaire. }
Le savoir-vivre (ou
^avoîrvivre. J
Le département de
Seine et-Oise.
La Seine-Inférieu-
re , département.
Soi-disant.
Le Théâtre-Fran-
çais,
Dn toutou-rien,
La Ville-de-Lyon ,
paquehot ,
Villeneu ve-le- Roi ,
Etc. , etc.
Nous n'écrivons pas, comme l'Académie, ccuellc d'eau, avec un trait d'u-
nion , parce qu'il ne suffit pas pour cela que l'un des deux termes soit pris
dans un sens figuré ; il faut qu'il y ait entre eux unité parfaite de sens ;
tandis qu'il y a ici deux sens distincts. Eciwlle d'eau signifie, en effet, une
plante en forme de godet , d'ccuelle, qui aime l'eaH , qui se plaît dans les
lieux humides. Il y a d'abord idée de plante, puis idée d'eau. S'il était
permis de mettre le trait d'union à écuelle d'eau, à plus forte raison fau-
drait-il le mettre à ciel de lit, à bouton d'or. Bouton et ciel sont aussi em-
ployés fîgurément dans ces deux locutions , mais de lit et d'or gardent leur
signification particulière et ne font que déterminer celle du mot précé-
dent. Dans œil-de-bœu f, au contraire, il n'y a ni idée d'œil ni idée de bœuf,
il n'y a qu'une idée de fenêtre. Ce n'est pas seulement l'un des termes
qui est pris figurément, c'est le tout ensemble ; par conséquent indivisibi-
lité absolue. D'après cela, l'Académie a-t elle plus raison d'écrire Coq-dcs-
jardins, avec trait d'union ?
C'est de même tout à fait sans raison que l'on joint par un trait d'union
les noms propres, Jules-César, Octave- Auguste, Frédéric-Guillaume, Pio-
lémée-Philadelphe. Jean-Jacques, Jean-Baptiste, etc. , etc. Dira-t-on que
des Débals. Et que serait-ce, si je voulais signaler les erreurs de toutes
sortes dont nos doctes Allemands se font des gorges chaudes! Ils lui doi-
vent bien de la reconnaissance , de les faire rire. Hélas , je ne ris plus ,
moi. Toutes les bouffonneries du Journal dés Débats n'ont plus le pouvoir
de me dérider.
(1) L'Académie écrit en effet, lieutenant-colonel a\'cc un trait d'union,
bien qu'elle écrive et doive écrire Lieutenant général, lieutenant civil, lieu-
tenant criminel , etc. , sans trait d'union. Serait-ce que dans lieutenant-
colonel, il y aurait contraction de la préposition de : Lieutenant de colonel?
Quoi qu'il en soit, le trait d'iminu ne me paraît pas ici sufTisaminentjtistific.
DES SIGNES OKTlIOGKAl'HigLES. 219
cisl |)urcc que le premier de ces mois est inséparable du second , eu ce
qu'on ne l'énonco jamais seul ? Mais on ne dit pas, non plus, seulement ,
Fernand, Crisloplw, Victor, Jules, Charles, Félix, etc. On écrit Fernand
Cortez, Crisloplw Colomb, Victor Hugo, Jules Janin, Chartes Nodier, Félix
Davin, et on n'emploie pourtant pas le trait d'union.
Nous admettons volontiers une exception pour Jésus-Christ, Michel-
Ange , Marc- Antoine , Duguai-Trouin , Quinte-Curce , et Charles-Quint.
Les deux noms sont tellement unis qu'en effet ils n'en forment qu'un.
L'usage du trait d'union est même très-légitime, lorsqu'il s'agit de joindre
ensemble deux noms de famille, comme, par exemple, celui delà femme
et celui du mari.
Mais il n'y a pas lieu d'écrire avec un trait d'union Notbè-Seigneur. 11
est vrai que Notre et Seicneub, dans cette expression, ont fini par s'unir
si intimement dans l'esprit des Chrétiens, qu'ils ne présentent plus qu'une
idée unique , l'idée de Died.
Notre-Dame, ne se disant que de la fêle de la Vierge, ou d'une église consa-
crée à la Tierge, ou de certaines images de la "S ierge qui sont l'objet d'une
vénératiim particulière, doit nécessairement s'écrire avec un trait d'union.
Ce qui est vraiment impardonnable, c'est d'écrire avec traits d'union
Louis le Grand, Alexandre le Grand, Frédéric le Grand, Charles le Bel .
Charles le Simple , etc. J'ose croire qtie vous vous abstiendrez désormais
de cette vilainie.
Autre chose encore de plus important.
Après en avoir long-temps délibéré avec nous-même, dans le si-
lence du cabinet et dans la paix d'une bonne conscience , voici ce
que nous avons décidé à l'égard de quelques locutions soulignées
dans l'une des listes qui précèdent , telles que petit maître, petite
maîtresse, beaux arts, belles lettres, etc., et sur lesquelles nous
n'avons fait qu'exprimer un doute en passant.
Ni petit maître , ni beaux arts , ni belles lettres , ne sont , à pro-
prement dire, des noms composés ; pas plus que bel esprit, grand
homme , arts libéraux. Rien de tordu , rien de forcé dans leur con-
struction; il n'y a ni contraction, ni renversement, ni ellipse; rien
ne s'y heurte, rien ne s'y brise; tout s'y unit au contraire avec
grâce , tout y est naturel ; tout y est à sa place et à son rang. Il n'y a
pas, comme dans les vrais noms composés, fusion complète des par-
lies. Loin de là, quoiqu'on ne puisse nier pourtant qu'il n'y ait une
sorte dintimité entre les deux termes, intimité qu'il est peut-èlre
cruel de détruire ainsi brusquement, j'en conviens ; mais, comme dit
le proverbe, aux grands maux les grands remèdes. Quant on voil
--<► GK.VMMAIKE MUi^ÇAlSE.
le Journal den Débats écrire avec Irails d'union palais-de-jmiice,
hôtd-de-viUc , conseil-général , lieutenant-général, haut- fonction'
naire, haut-commissaire, haute-justice, maître des hautes-œuvres,
des basses-œuvres, Indes-Orientales, etc., etc.; quand on voit l'abus
du trait d'union multiplier ses racines, au point qu'il menace de tout
envahir , il est temps à coup sûr de s'armer du fer et du feu, non
pour séparer, non pour détruire, mais pour affranchir.
Or je pose en principe que partout où le trait d'union n'est pas
absolument nécessaire, partout où il ne sert pas à assembler, â
emboîter, à enchâsser, à souder plusieurs mots, en sorte qu'ils ne
fassent qu'un corps compacte, partout où il n'opère pas cette jonc-
tion parfaite des parties, il faut le supprimer comme inutile, comme
embarrassant.
Petit maître n'a aucun droit au trait d'union, parce qu'en effet ces
deux mots ne joignent pas ensemble assez bien pour cela, el qu'ils
ne font que se modifier l'un l'autre; parce que la signification de
l'adjectif petit ne se trouve altérée ici que par sa position devant le
substantif mai/re (1), comme l'est celle de bon, de grand, d'hon-
nête, de gentil, de brave, de pauvre dans les expressions, bon
homme, grand homme, honnête homme, gentil homme, brave
homme, pauvre homme ; parce qu'enfin dans jietit maître il n'y a
pas qu'un seul mot ; il y a deux mots bien distincts, deux mots agis-
sant l'un sur l'autre, mais ne s'absorbant pas.
Si le trait d'union est nécessaire pour caractériser la valeur de
celte locution, alors comment fait-on pour distinguer un lion à deux
pieds, sans queue, de Paris, d'un vrai lion d'Afrique?
Donc point de trait d'union pour ce mot ni pour les suivants : Bel
esprit, beaux arts, belles lettres, sage femme, amour propre, hantes
œuvres , basses œuvres , haute futaie , oiseau pêcheur , martin pê-
cheur, martin chasseur, loup cervier, chat cervier, etc.
Point de trait d'union non plus entre deux substantifs qui ne se
font que modifier l'un l'autre : Le coq faisan, le pigeon paon, Voi-
seau mouche, le faucon pèlerin, la mouche guêpe, le monstre roi ,
le berger roi , le bien fonds , la porte croisée , la trachée artère, la
saisie arrêt, \di saisie brandon, la saisie exécution, etc. Quoi de plus
(1) Le nom de petit mallre fut donné pour la preniicie fois, dit M. Na-
poléon Landais, aux jeunes gens de la cour, attachés, du temps de la
Fronde, au prince de Condé : jeunes gens badins, railleurs, sulîisanls, et
fpii. fiers de laprotection de leur muilre, afl'eclaienl des airs de supcriorité.
DES SIGNES OKTHOURAPHIQLES. 221
odieux que de voir uu seul mot dans saisie exécution! Ne savez-
vous pas l'horreur que notre langue a pour les longs mois? Aussi ce
sont bien là deux mots distincts , deux mots formant une locution
consacrée , <omme état major, qtiinie major, pont levis, mais où le
trait d'union n'est pas plus utile que dans petit maître, brave
homme, grand homme.
Quelle idée d'écrire aussi pont-lcvis avec un trait d'union, comme
si ce n'était pas là deux mots encore très-distincts! Le trait d'union
est ici d'autant moins utile, que, dans l'acception la plus détournée
de cette expression, on dit tout aussi hlen jwnt tout court, que pont
levis. Culotte à pont levis. Pantalon à petit pont, à grand pont.
0 vous que l'équivoque épouvante si fort ,
Et qui la redoutez à l'égal de la mort,
comment distinguerez-vous s'il s'agit ici d'un pont sur la Seine ou
d'un pont à votre culotte? Vous voyez qu'il y a pont elpotit, comme
il y a bossîi et bossu.
Impératrice-reine, dommages-intérêts, à croix-pile , signifient,
impératrice et reine, dommages et intérêts, à croix et à pile. Hôtel-
Dieu, signifie Hôtel de Dieu; il y a contraction, et toute contraction
est du ressort du trait d'union. Et même, dans impératrice reine ,
dommages intérêts, croix pile, \e trait d'union est une faute; ou
bien il faudrait le mettre aussi dans café Moka, café Bourbon j,
gomme adragant , qu'on dit abusivement pour café de Moka, café
de Bourbon, gomme d'adragant. Les personnes qui parlent bien
diront dommages et intérêts, et non pas dommages intérêts.
Le trait d'union étant, je le répèle, une espèce de lien de fer qui as-
sujélit tellement deux mots l'un à l'autre qu'il rend par là-même le
premier incapable de se mouvoir en dehors du second , partout où pour
la formation du pluriel, il y a disjonction des parties, le Irait d'union
est inutile, à moins, on ne doit pas l'oublier, qu'il y ait contraction.
Grand père, grand mère, grand oncle, grand' tante , petit fils,
petite fille, petit neveu , petite nièce, beau fils, beau père, beau
frère , belle mère, belle fille , belle sœur, sont dans ce cas. Ce n'est
pas le trait d'union, en effet, qui modifie jamais la valeur des ad-
jectifs grand, petit, beau; c'est leur position devant tel ou tel sub-
stantif. Autrement, comment l'oreille, pour laquelle n'existe pas le
Irait d'union, comment l'oreille suffirait-elle pour porter à l'esprit
l'intelligence des expressions ci-dessus?
222 (UUMMAIUE FKAiNÇAISE.
Si c'esC la crainte de l'équivoque qui vous insinue ici le Irail d'u-
nion, comment se fait-il que vous ne Tayez pas inséré aussi dans
grand aigle, signifiant papier dxi plus grand format?
Pauvres insensés ! l'équivoque , que vous fuyez avec tant de soin,
l'équivoque est partout, elle vous suit partout, elle vous attend par-
tout, elle se dresse devant vous à tous les détours que vous faites
pour l'éviter. Aucune langue n'en est exempte. Pour ma part, voici
des phrases qui m'ont fait donner à tous les diables, quand j'étais au
collège: Ne, mater, suanif — Mea, pater , mandiicat lupus ma-
trem smtm.
On prétend que le facétieux Rabelais se revêtit, en mourant, de
son camail ou domino, en répétant ces paroles du psalmiste : « Beati
qui in Domino moriuntur. »
Un des signes qui caractérisent l'homme d'esprit, c'est justement
la facilité avec laquelle il saisit tout d'abord le vrai sens des mots;
tandis que les sots entendent toute chose de travers. Il est vrai que
nos grammairiens ne se piquent pas d'un esprit du premier cru,
comme le Journal des Débats appelle si spirituellement l'esprit du
Constitutionnel.
Tenez ! par le froid qu'il fait (nous sommes au 6 mars) , on vous
propose de vous loger dans une chambre ayant deux fenêtres et
trois portes que vous ouvrez toutes ; puis d'y placer un petit Bona-
parte en plaire auquel vous cassez un bras ; tout cela pour vous
maintenir dans une chaleur convenable.
Vous ne comprenez pas , dites-vous ? Simples que vous êtes ! Eh
bien , les malins ont déjà compris que de cette manière vous auriez
un bon appartement chaud avec cinq couvertures (Bonaparte man-
chot, cinq ouvertures) .
Ah ! grands dadais , vous y voilà enfin.
Pline le naturaliste avait écrit deux livres sur l'amphibologie (De
dubio sermone). « C'était , disait-il , pour apprendre à parler d'une
manière si fine que les grammairiens, les commentateurs et les ty-
rans n'y pussent rien entendre. »
Pour en revenir à notre sujet , nous concevons l'unité dans les
analogues allemands Gross-vater, grand père, gross-mutter, grand'-
mère, gross-tochter, petite fille, gross-kind, petit fils ou petite fille,
gross-marschal, grand maréchal, gross-altern, aïeuls, etc., vu l'in-
variabilité de l'adjectif gross qui ne fait que renforcer la significa-
tion dumot suivant, comme /irt///)^ dans Haupl-stadt. Mais si cet ad-
DES SIGNES OUTHOORAPHIQUES. 22-'>
jecfif pouvait se mouvoir librement à sa place , et revêtir ou dé-
pouiller à sou gré ses diverses formes , alors il y aurait deux mots
tout à fait distincts, tout à fait libres, il y aurait une locution équi-
valente à un mot simple, comme tout à coup , à coup sûr , à tous
coups, tour à tour, d'une manière parfaite, sont équivalents à sou-
dainement, infailliblement, souvent, alternativement, parfaite-
ment; mais cette locution ne pourrait pas s'appeler nom composé.
C'est pourquoi , du moment que vous ne pouvez vous déterminer
à écrire au pluriel des pigeon-paons , des martin-pêcheurs , des
pie-grièches , des oiseau-mouches , des sage-femmes , des beau-
frères, etc. , comme vous écrivez (rafraîchissons-nous-en la mé-
moire encore une io\?>)A^&demi-dieiix, des chevau-légers, des haut-
Hsseurs, des franc-maçons, des enfants mort-nés, la nu-propriété,
a\\Qrnw-tête,d\\ernu-jambes, des bonheurs, des bonjours (l),etc. ,
en laissant le premier mot tout à fait intact; du moment, dis-je,
que vous ne pouvez vous déterminer à une chose si monstrueuse
selon vous , n'attentez pas à la liberté des divers mots cités , en les
enchaînant deux à deux par un trait d'union, comme des forçais;
ne leur imposez pas le supplice de Mézence. Quand l'Académie écrit
sans trait d'union coq faisan, oiseau pécheur, de quel droit écrirait-
elle p/gf^on-paon , martin-pécheur , a\ec trait d'union? N'y a-t-il
pas entre ces expressions l'analogie la plus parfaite?
L'Académie va plus loin, elle écrit pigriiche en un seul mot,
et elle fait bien. Après cela qu'on ose venir nous blâmer d'écrire
aussi en un seul mot essuimain , pridieu, etc. Quoi de moins lo-
gique, soit dit en passant, que d'écrire Dieu, dans jn'ie-dicii, avec une
majuscule? Alors pourquoi n'écrit-on pas de la même manière.
Dire à-Dieu à quelqu'un, Faire ses à-Dieu ?
Mon Dieu ! messieurs les grammairiens, je ne suis pas aussi exi-
geant que vous pourriez le croire au premier abord, je ne vous de-
mande que d'être un peu plus conséquents, un peu plus d'accord
avec vous-mêmes.
Toutefois, comme la préposition arrière, dans arrière- pet il -fils, arrière-
petite- fille , n'est pas là seulement pour les beaux yeux de l'adjectif /;e<i7 ,
et qu'elle embrasse également les mots fils, fille, il est urgent que le trait.
(1) Dira-ton que bonjour n'est point usité an pluriel? Cependant qui
oserait trouver «i redire à cette phrase familière? Tous vos bonjours me
touchent peu ?
22 î GRAMMAIRE IIUNÇAISE.
d'union s'étende de la préposition arrière, à travers VaàjGcCif petit, jusque
surles substantifs fils et fille. L'adjectif ^/-««rf se trouve enibroclu'; de la
même manière et pour le même motif dans l'expression , viccgrandèlec-
teur. C'est ce qu'on appelle se trouver pris entre deux feux. L'adjectif /)eh'<
se trouvant réuni aux mots fils et fi'.le, avant que la préposition arriére ne
lui passe ainsi sa flèche d'amour au travers du corps pour atteindre le cœur
de son substantif bien-aimé, il va sans dire que, s'il est au féminin, il reste
au féminin , s'il est au pluriel, il reste au pluriel, et qu'ainsi l'on écrit, Ar-
rière-pctil-fils, arrière- pelite-fille, arriére-petits-fils, arrière-peiites-filles.
Au contraire des locutions grand oncle, grand pcre, petit maî-
tre, etc., Petites-Maisons est bien réellement un nom composé ; car
c'est le nom propre d'un ancien hôpital de Paris où l'on renfernnait
des aliénés. Les noms suivants sont également des noms propres, par
conséquent susceptibles du trait d'union : Le Pont-Royal, le Palais-
Royal, le Potit-Neuf, le Céleste-Empire, le Bas-Empire, les Pays-Bas,
les États-Unis, la Légion-d' Honneur, etc. Mais gardez-vous d'é-
crire avec le Journal des Débals, Nouveau-Monde, Indes-Orientales,
parce qu'il y a aussi Y ancien monde et les Indes occidentales.
Petits-pieds est également un nom composé; car l'ellipse en-
chaîne immuablement ces deux mots l'un à l'autre, sans qu'ils puis-
sent repasser de la forme du pluriel à celle du singulier. Manger
des petits-pieds, c'est à dire, des grives, des cailles, des ortolans, et
autres petits oiseaux d'un goût délicat. L'Académie, comme pour
nous faire niche, écrit justement petits jneds sans trait d'union, au
mot PIED. Mais, pour contenter tout le monde, elle l'écrit avec trait
d'union au mot petit.
MM. Bescherelle poussent la fureur du trait d'union jusqu'à écrire
basse-voile, grand-maître, haute-cour, haute-page, petit-lait, etc.,
mais (le mot nous échappe à la fin) quoi de plus absurde! Les
couples petit pain , petit pâté , petits pois , ont certes plus de pen-
chant à s'unir, à se fondre en un seul corps, en une seule àme;
et cependant personne n'a encore songé à leur hymen, auquel la
raison s'oppose. Pardon ! MM. Bescherelle écrivent petit-pâté.
Il résulte de ce qu'on vient de lire qu'il faut savoir n'user qu'à
propos du trait d'union ; car l'abus de ce petit rien entraîne une
confusion immense. Supprimez-le donc où il est inutile.
Telles sont les principales difficultés que présentait l'emploi de ce petit
rien , appelé trait d'union , et tant dédaigné par le Journal des Débats , ou
plutôt, je nu- trompe, trop apprécie par ledit journal. L'orgtieilleux jf>ui-
DES SIQNES ORTHOGRAPHIQUES. 225
nal viendra-til enfin à résipiscence ? Que Dieu lui donne la grâce et fasse
souffler sur lui son esprit.
Ce qui nous reste à dire sur le trait d'union ira maintenant comme sur
des roulettes.
Cependant, avant de passer outre, nous avons encore une ques-
tion à soumettre au lecteur.
Puisqu'on écrit Soubarbe, soucoupe, sougarde, sougorge, soulever,
souligner, soumettre, soupeser, soutenir, souterrain, soutirer, pour
sous-barbe, sous-coupe, sous-garde, sous-gorge, sous-lever, etc., pour-
quoi n'écril-on pas de même, soubail, sou faîte, souferme, soulouery
soumarin , soupied, souventrière, etc. ? Rien ne s'oppose à la sim-
plification de ces noms composés, si ce ïï esl jieut-étre le plaisir de
voir se dessiner nettement aux yeux chaque radical.
Et maintenant passons.
II.
Tout pronom personnel immédiatement placé après un
verbe auquel il se rapporte comme sujet ou comme régime
s'y rattache par un trait d'union.
Que ferai-jei Que rèpondrai-Je? Que deviendrai-je? Où suis-je ? Que dis-Je ?
Osez-vous , lui répondis-je , en parler de la sorte î Fussé-je au bout du monde,
écrivez-moi un mot, et J'irai vous rejoindre. En vain prétendrais-je le persuader.
Iras-tu ? Viendras-tu ? N'y feras-tu rien ? Tais-toi ? Retire-toi. Que fait-il ? Où
sont-ils 'i Alors, dit-il, nous résolûmes d'agir. Toujours est-il que j'étais excu-
sable. Ce projet dût-il échouer , il sera toujours beau de l'avoir conçu. (Acad. )
Partons-nousl Aimez-vous les uns les autres. Aimez-le. Aimez-la. Traitez-les
avec bonté. Kamenez-la à son devoir. Dites-lui combien je l'aime. Mon père,
pardonnez-leur , ils ne savent pas ce qu'ils font.
Il en est de même des pronoms CE, ON, EN et Y.
Que dit-onî Que fait-on? Qui est-ce? Qu'est-ce? Qu'est-ce-ci? C'est là ,
soyez-en certain , la cause de son refus. Vas-y. Donnes-y tes soins.
On met même deux traits d'union, s'il y a deux de ces
pronoms pour complément de l'impératif.
Vous avez mon chapeau, rendez-le-moi. Donnez-lcur-moi sur les oreilles.
Quand vous aurez des nouvelles, faites-les-nous savoir. Dites-le-lui. Dites-le-
leur. Allons-nous-en. Allez-vous-en. Rendez-vous-y. Vous allez à l'Opéra,
menez y moi. Vous allez dans votre voilure, donnez-y-moi une place. Menez-
nous-y. Donnez-nous-y une place.
T. n. 29
226 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
L'apostrophe remplace le trait d'union entre les deux pronoms
dans va-t'en, garde-t'en bien, fais-t'en donner la moitié. Mets-t'y,
jette-t'y. Cette construction n'est usitée qu'avec un petit nombre de
verbes. On ne dirait pas accroche-T'\ , réfugie-t'\ , etc.; il faut
prendre un autre tour. L'Académie ajoute qu'il ne serait pas incor-
rect de dire, Accroches-\-'to\, réfvgies-x-ioi ; mais qu'on évite ces
façons de parler bizarres. Il est certain que cela n'accuserait pas
une oreille bien sévère en fait d'harmonie.
On écrit sans trait d'union venez me farter, va te reposer, parce
que me Qite ne sont pas régis ici par les impératifs venez et va, mais
par les infinitifs parler et reposer. On écrit de même faites-moi lui
parler, et non faite s-moi-lui parler, parce que lui est le régime de
parler et non de faites (1).
Entre le verbe , lorsqu'il finit par une voyelle , et les mots
llj, ellCj on, on place un t euphonique ^({mq l'on appuie par
deux traits d'union en guise de contrefiches.
Qu'atin Vicndra-t-WiAimet-il le jeu "i Quoi s'écria-t-il ! M'aime-t-elle?
Pense-i-elle à moi? Qu'at-elle dit ? Viendra-t-elle ? Que pense-ton de cela ? Si
vous faites cela, que dira-t-on'i Frov. , Se moquer du qu'en-dira-T-on , cire
au-dessus du qu'en-dira-T-on , braver le qu'en-dira-r-on. Mépriser tout ce que les
gens pourront dire. Il esl Sensible au qu'en-dira-T-on.
Beaucoup de gens mettent sans réflexion une apostrophe à la
place du second trait d'union ; c'est une faute.
Le trait d'union s'interpose encore entre les pronoms per-
sonnels Moij toij soij luij elle^ nous, vous, eux et elles.
Moi-même. Toi-même. Soi-même. Lui-même. Elle-même. Nous-mêmes.
Vous-mêmes. Eux-mêmes. Elles-mêmes. Etre soi-même, Ne pas démentir son carac-
tère. Faire une chose de soi-même , de son propre mouTement.'
Mais on écrit sans trait d'union ceci même , cela même , celui-ci
(i) M. Napoléon Landais remarque qu'il ne faudrait pas encore ( que
fait là cet encore?) mettre de trait entre faites et moi; « parce que 7noi
n'est pas complément de faites , mais le sujet de la pn)position indé-
finie et subordonnée: Mol lui parler, qui équivaut à Que je lui parle." En
vérité, comme c'est joli! — Il se peut que moi soit le sujet latent, le sujet
invisible de l'infinitif parler, mais, en attendant, mol est bien le régime
patent, le régime visible de l'impératif /àiïe*. Faites à moi que je lui parle.
Faites pour moi en sorte que je lui parle. Est-ce que l'infinitif a jamais un
sujet ?
PES SIG.NES ORTHOGRAPHIQUES. 227
même, celui-là même; ce qu'il est bon d'observer à beaucoup de
gens peu réfléchis.
Je ne serais pas étonné qu'un de ces matins le Journal des
Débals , rien que pour nous contrecarrer, imprimât sans trait d'u-
nion : Que ferais je? Que dit on? Rendez le moi. Va fen. Faites
moi lui parler. M'aime t'elle? Moi même. Lui même. Il en a bien
fait d'autres ; et celle-ci, Dieu merci ! ne serait pas la pire.
Au fait la nécessité du trait d'union dans les cas exposés ci-dessus
n'est pas rigoureusement démontrée. La langue française est comme
une belle femme à qui il faut passer bien des caprices, bien des fan-
taisies. La langue allemande, expression d'un caractère sérieux et
solide, n'est pas si fantasque ; et ne tient nullement à ces colifichets.
Elle dit fort bien sans trait d'union : Binich? Habeich? Liebst
du mich ? etc.
Toutefois comment le t euphonique pourrait-il se tenir debout,
s'il n'était flanqué de deux traits d'union? J'espère que le Journal
des Débals respectera ces deux bâtons de la vieillesse et de l'infir-
mité.
III.
Le même signe, en termes d'Imprimerie, s'appelle,
avons-nous dit, irait de division ^ ou simplement, division.
Il se place au bout de la ligne, quand un mot n'est pas
fini , pour avertir de chercher le reste du mot au commen-
cement de la ligne suivante.
Il faut bien se garder de diviser les lettres d'une même syllabe
de cette manière : Ca-use, he-ure, par~ole, const-ruclion. Les mots
doivent se diviser par syllabes entières : Cause , heu-re , pa-role ,
con-siruc-tion.
Les principes de division sont contenus dans les principes
d'épellation que nous avons établis, page 85 du présent vo-
lume, et que nous allons résumer par quelques exemples.
l" règle, page 85. — UnE CONSONNE, SOIT SIMPLE, SOIT COM-
POSEE, ENTRE DEUX VOYELLES, SOIT SIMPLES, SOIT COMPOSÉES
OU NASALES . J-NÉ-GA-LI-TÉ , J-GNO-RER , bon-HEVR , ^"LLE,
22s OllAMMAlKE l'HAAÇAlSE.
ba-ta-iLLOîi, œ-iLLET. Exceptions : Mxh-en-ten-dUj mal-
a-droitj E^-i-vrant _, trans-i-ïî/" (1).
2' règle , page 86. — UnE CONSONNE SUIVIE d'uN L OU d'uN R : Dé-
PLo-re/'j en-TRA-ue, syn-cuRO-nis-me. — Exceptions : is-
ra-é-U-te^is-LA^-dej At-las, ATu-lè-te.
3« - , — 87. — Deux consonnes entre deux voyelles : Des-
CEN-dre^ pt^es-cien-ce (2) , por-te, hom-me, schis-me ,
DiPH-THON-g'we^ iG-Ni-co-LE , prog-né , ONC-TioN , trans-
voR-ter^ TRANS-VA-ser^ vil-le.
A' —, — 88. — se, SP;, ST;> INSÉPARABLES APRÈS UNE VOYELLE
NASALE OU l'une DES PARTICULES LATINES AB, OB, SUB ,
PER, INTER, SOL (3) : Con-sn-rer, cow-stant, tran-
scÈ^-dant, tran-scm-re^ m-sTRii-re;, ob-smu-er, siib-
(1) Après mûre réflexion ,nous avons reconnu l'indivisibilité de la par-
ticule irans , tant en français qu'en latin ; en sorte que , partout oii elle se
trouve, elle doit se séparer entièrement du reste du mot. Trans-bordcr ,
trans-férer, trans-fuge, irans-alpin, trans- action , transition , etc. De cette
manière on comprendra pourquoi l's se prononce douce dans ces derniers
mots, où on la considère, en effet, comme finale. Toutefois le sens de cette
préposition s'est tellement effacé dans transir, iratisissetnent, que l'on pro-
nonce et l'on divise ces mots ainsi : transir, tran-sissement. Selon le génie
de notre langue, une consonne ne pouvant être redoublée devant une con-
sonne, auti-e que /et r, il a fallu supprimer l's finale de trans dans tran-
scrire, transcendant ; mais on aurait pu la conserver dans Trans-syluanie.
(2) Nous aimerions assez que la division de ce mot se fit, conformément
à l'élymologie , de cette manière : pré-seience ; mais alors la nécessité de
l'accent est absolue. Omniscience ne présentant pas la même difficulté, on
fera bien de le diviser ainsi : omni-science.
(S) On y joint généralement les particules grecques Amphi, ana, anti, apo,
almo, cala, dia, épi, lièmi, /tjc/ro, /lypo, /icju et /7ro, que l'on regarde même
comme tout à fait indépendantes du mot, quel qu'il soit, auquel elles sont ac-
colées : Aw-PHi-c/yoni, A-nA-stro plie, AN-ii-slro-pIte, A-Pos-stro-phc, at-mo-
splière, CA-TA-sIro-phe, dia-STV-te, iiPi-sly-lc,BÉ-M\-spliè re.nv-Dnu-sta-ti-qiie,
HY-DRU-pneii-ma-ti-qiie, UY-po-sta-ti~que, pé-Ri-sty-lc, PROsly-le, pROspcc-tits,
fBO-gnos-tic. Voyez page 89, note i, ce que nous pensons de ces exceptions.
iVous avons, pour justifier notre opinion , ces exemples du dictionnaire de
l'Académie: Amphyc-tyons , atniox-phère, dias cordiiini , pros-tcrne , pros-
titution. Il est vrai qu'on y trouve aussi les divisions suivantes : apos-tro-
plie, épislrophe , hctni-sphère. Mais cela n'impiique-l- il pas contradiction?
El tant de contradictions ne niilitent-elies pas en faveur d'une méthode natu-
relle et infaillible , d'autant plus facile qu'elle est plus simple et plus abré-
gée ? Diviser ainsi: péristyle, épis-tyte, c'est de suite avertir l'œil que le
mot n'est qu'tin terme non fini ; tandis que péri, épi, pourraient réveiller
au premier abord l'idée d'une péri ou fée de l'Orient, d'un épi de blé.
DES SlGiNES ORTHOGRAPHIQUES. 229
sTAîi-ce, per-spi-ca-ce^ in-ter-sTi-ce ^ sol-sii-ce. — Excep-
tions : ABS-tème, ABS-femr, ARS-terger, ABS-traire, trans-
POR-fer^ TR ANS-PORT.
Le Journal des Débats, toujours inconséquent , divise ainsi qu'il
suit les deux mots: ins-truction, inconstance.
Il est puéril de se servir du trait de division dans les écrits épis-
tolaires et les actes publics. li faut que l'œil mesure la portée d'une
ligne de manière qu'on ne soit pas obligé de couper un mot. On
supporte plutôt un blanc de l'étendue d'un mot ordinaire qu'une
telle coupure. Dans un manuscrit comme celui où je trace ces lignes,
dans un devoir d'écolier, dans un pensum, c'est bien différent. Les
écrivains, les écoliers, en vue de ménager leur papier, peuvent
user du trait de division tant quil leur plaira, sans que leur éditeur
ou leur professeur puisse y trouver à redire.
J'invite en passant mon éditeur à ne diviser désormais que d'après
la méthode par nous exposée ; et à donner ainsi l'exemple de l'or-
dre. L'ordre, l'unité de principes, voilà ce que doivent désirer tous
les bons esprits, fatigués à la tin et dégoûtés sans doute de tant de
contradictions et d'anomalies, au milieu desquelles la raison hésite.
Voyons maintenant, par quelques exemples, ce que nos
innovations peuvent avoir de si étrange et de si choquant au
premier abord pour l'œil des critiques et des pédants.
EXEMPLES POUR l' USAGE OU LA SUPPRESSION
DU TRAIT d'union.
Substantifs composés, passés à l'état de mots simples.
On nomme appuimain, une petite baguette dont se servent les
peintres pour soutenir leur main dans le travail. Des appui/nains.
Sans doute il n'y a qu'une main qui s'appuie sur celte baguette. Mais il
s'agit bien de considérer le mot dans ses éléments, dans ses racines, dans
ses parties 1 c'est dans son ensemble que l'esprit le voit. L'esprit, pendant
qu'il parle ou qu'il écoute, ne procède point à l'égard des mots par analyse,
mais par synthèse. Il ne sépare point ici l'idée d'appui de l'idée de main,
pour les considérer chacune à part; il n'aperçoit sous ce mot qu'une idée
unique , une idée de baguette. Sans cela, je le répèle, comment l'esprit
admettrait-il le pluriel de pourparlers, de pourboires, de pissenlits, clc, elc?
Celle observation s'applique à tous les autres noms composés.
250 GRAMMAIIIE l'KANÇAlSE.
VarrêtebœuJ\ OU Bugraiie, est quelquefois épineux. Des arrè-
tebccufs.
On appelle anièrefief , un fief mouvant d'un autre fief. Cette
terre avait plusieurs arrièrefiefs.
Il a une bassecour bien fournie de bestiaux , de volailles.
Dès que l'on considère un mot dans chacun de ses éléments, dans
chacun de ses radicaux , naturellement il y a scission des parties. Dans
l'exemple suivant, antithèse forcée , espèce de calembour fondé sur une
simple similitude de sons , basse cour évidemment n'est plus un nom
composé: Les hautes cours sont moins utiles, et, à coup sûr, moins inno-
centes que les basses cocas {bassecours).
Le becfigue qui , comme l'ortolan , fait les délices de nos tables
n'est pas aussi beau qu'il est bon. (Buffon. )
Les bonnevoglies s'appelaient autrement Mariniers de rame.
L'Académie écrit au plariel des bonnes-voglies , sans songer que bonne-
)'0g/(6 signifie Bonne volonté, homme de bonne volonté, et qu'ainsi la marque
du pluriel, dans ce mot, ne peut être juslifiée que par la syllepse, amie
de la synthèse. Faisons aussi observer en passant que l'Académie écrit à
tort mariniers de baues. Rame, dans cette expression, n'emporte aucune
idée de pluralité ; car des mariniers de rame ne sont autre chose que des
hommes qui manient la rame. Dirait-on des gens d'cpées, des gens de robes ?
Evidemment non.
Ce comédien n'est pas bon, mais c'est un bouchetrou.
( Académie. )
Depuis que les Français leur ont fourni des armes a feu , les Hu-
rons ont abandonné l'arc, la flèche, le javelot, et ne se sont ré-
servé que le cassetête.
On jette des chausseirappes dans des gués, dans les avenues d'un
camp , pour enferrer les hommes et les chevaux. (Académie.)
Tout beau chemin pour eux cache une chaussetrappe.
Et les chaînes de fleurs leur sont chaînes de fer.
( Théophile Gautier.)
Avignon entretenait, pour la garde du ^^iceconsul et de la ville,
cinquante chevaulégers vêtus de rouge et cent hommes d'infanterie
vêtus de bleu.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 251
Des chèvrefeuilles, des roses, et quantité d'arbrisseaux à l'odeur
aromatique , parfument l'air des environs.
(L'abbé de Laporte.)
Le choufleiir , le chourave , et le chounaoet , sont les variétés po-
tagères du chou.
Les étrangers ont appris aux Russes a cultiver les choufleurs, les
carottes, les panais, les betteraoes^ le céleri, et diverses sortes de sa-
lades qui leur étaient inconnues.
En quoi le pluriel chouflciirs, chouraves, serait-il plus étrange que le plu-
riel betteraves? Est-ce que la belteraven'est pas une espèce de bette, comme
le choufleur, le chourave, le chounavel, sont des espèces de choux ? Cepen-
dant on n'écrit pas au pluriel bettes-raves , mais simplement betteraves. Il
faut donc suivre l'analogie.
Les peuples voisins ressentirent \q contrecoup de cette révolution.
(Académie.)
L'armée s'était mise en marche vers telle place , et tout d'un
coup on lui fit faire une contremarche. ( Id. )
La loi oblige , dans certains cas , à contremurer les lieux d'ai-
sance , les cont recœurs de cheminée. ( Id. )
Contrecœur fait d'autant mieux, ainsi simplifié, qu'il ne doit nullement
réveiller l'idée de cœur.
Il y a des gens qui ne louent ou qui ne blâment que par des
contrevérités . ( Académie . )
On découvrit que cette hôtellerie n'était qu'un infâme coupegorge.
{Id.)
Un garde/ou est une balustrade , un parapet, ou une barrière
que l'on met au bord des ponts , des quais , des terrasses , pour em-
pêcher de tomber en bas (^ ). ( Id. )
Faites donc mettre au moins des garde fous là haut. (Racine.)
Ne laissez pas traîner tout cela, et portez-le dans ma garderohe.
( Molière. )
(1) Je suis sûr qu'il y aura des niais , dans les collèges, qui se récrieront
contre cette expression et vous demanderont d'un air malin : Est-ce qu'on
tombe en haut? Ils ne songeront pas que l'on peut tomber sans tomber en
bas , que par cousrqut.nl tomber cl tomber en bus sont deux choses.
232 GJIAMMAIRE FUAXÇ.VISE.
Nous donnons le nom de cassenoisette à cet oiseau , parce que
son cri représente exactement le bruit du petit outil avec lequel
nous cassons des noisettes. (Buffon. )
On dit que plusieurs sages femmes , en pétrissant la tcte des
nouoeaunés ou nouveau-nés lui donnent une forme plus convenable,
et on le souffre ! ( J. J. Rousseau.)
Les orangoutangs ou orangs-outangs sont extrêmement sauvages ;
mais il paraît qu'ils sont peu méchants, et qu'ils parviennent assez
promptement à entendre ce qu'on leur commande. ( Buffon. )
Quoi de plus choquant que d'entendre au singulier Oran-goutang, et au
pluriel Oran-zoutangs ? Ne dirait-on pas que c'est un autre mot? La même
disparate a existé jusqu'à présent dans les mots croc-en-jambe , arc-en-ciet ,
porc-cpic, etc., qu'on change au pluriel en crocs-en-jambe , arcs-en ciel ,
porcs-épics, etc. N'est-ce pas admirable ?
Le moine qui m'accompagnait me dit: Monsieur, ne soyez pas
étonné , c'est un pauvre capitaine qui a perdu l'esprit , à cause
d'un passedroit qu'on lui a fait dans son régiment.
( Bernardin de St-Pierre. )
Il a essuyé , éprouvé bien des passedroits. ( Académie. )
Les supérieurs des communautés avaient àes passepartouts pour
ouvrir toutes les portes. (Id.)
Lespassepoils servent à distinguer les différents corps de troupes.
Des revers bleus avec un passepoîl rouge. ( Id. )
Oubliant qu'ils sont faits pour discuter des lois,
Ils montent pé/emc/e à l'assaut des emplois. ( Bakthélkmy.)
Voulez-vous faire un piquenique p Nous avons fait plusieurs pi-
queniques le mois dernier. ( Id. )
Dans le Levant, le toit des maisons est ordinairement en plate-
forme. Le% plateformes sont communes en Italie. {Id.)
Je le demande, est-ce qu'il s'agit ici de plusieurs formes plates? ï\ s'agit
de toits qui ont la forme plate. Comment l'Académie peut-elle donc écrire
en deux mots , Des plaies- for mes, des plaies bandes , etc. ?
Eh quoi ! vous n'avez pas de passetemps plus doux 1 ( Racine. )
Chaque portemors a une boucle par le moyen de laquelle il peul
êlre haussé ou baissé. (Académie.)
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 255
On appelle portetraîts une courroie pliée en deux , qui sert à
soutenir les traits des chevaux. (Académie.)
hù portevis se nomme aulrement contreplatine.
Les perteooîx sont d'un grand usage dans la marine. Porteçoix
ùeferblanc, {Id. )
II y a eu plusieurs pourparlers entre les ministres de ces deux
cours. {Id.}
La gestion des affaires d'une personne absente est un quasîcon-
trat. [Id.)
Celui qui jette quelque chose par la fenêtre sur un passant com-
met un quasidélit. ( Id, )
11 y eut deux antipapes dès le milieu du quatrième siècle.
(Voltaire.)
Alaric se donna le plaisir de créer dans Rome un empereur
nommé Attaie qui venait recevoir ses ordres dans son antichambre.
(Id.)
La quintefeuille est une plante rosacée, ainsi nommée parce
qu'elle a cinq feuilles sur un même pétiole , rangées en forme de
main ouverte. On l'appelle autrement potentille.
Il est aussi ridicnl* d'écrire avec le trait d'union Quinle-feuUle qu'il
léserait d'écrire Quin-dcca-gone , quln-dccem-vir , quinque-nove , quingue-
rème. C'est pourtant ainsi que l'écrivent la plupart des grammairiens et des
lexicographes. M. Napoléon Landais écrit même , au singulier, la quinte-
feuilles, comme si quinte pouvait porter dans l'esprit de celui qui ne sait
pas le latin une idée de pluralité. Alors pourquoi pas Le décemvirs, le
qmndecemvirs , au singulier comme au pluriel? Mais même en latin on
écrivait au singulier Quinquefolium.
Je mets cet habit quand il fait beau ; c'est le souff redouleur .
(Académie.)
En mettant son serretête et son bonnet de coton , M. Bardin mar-
mottait entre ses dents des reproches aux quels sa femme répondit
par des larmes.
Les caleçons, les gilets, les serretêtes, et les bas de laine, doivent
être réservés pour un âge plus avancé, et pour des cas particuliers,
il ne faut pas habituer les enfants à en faire usage.
T. n, 51)
2o4 GBAMMAIRE FKANÇAISE.
Y a-t-il des réimlleniatins plus puissants que l'amour de la gloire
et V amour propre ?
Amour propre n'est pas d'une autre nature que bonne foi. Si vous exemptez
ce dernier du trait d'union, vous ne pouvez sans injustice en accabler l'autre.
Un autre racontait toutes les petites ruses qu'il mettait en usage
pour multiplier ses courses et pour augmenter ses pourboires .
(De Jouy.)
Oh ! oh! mon petit Gusman , méditez-vous par hasard quelqu'un
de ces tours de passepasse que vous savez si bien faire ? (Le Sage. )
On lit dans la Grammaire Nationale , à laquelle sont empruntés ces deux
derniers exemples , que pourboire , passe-passe, etc. , o se formant de tous
mots invariables, ne sont pas susceptibles de se pturaliser. » Pourboire prend
pourtant une s au pluriel, de l'aveu même de l'Académie. Quant à
passepasse , tant qu'on n'admettra que la locution Tour de passepasse , évi-
demment il ne saurait être pluralisé. A la bonne heure, si l'on disait ellip-
tiquement des passepasses pour des tours de passepasse. Alors sûrement il
serait susceptible de se pluratiser.
Un lord disait a Chamfort , a propos des ministres , que , la ma-
chine étant bien montée , le choix des uns ou des autres devenait
chose indifférente. «Ce sont des chiens dans un tournehroche ; il
suffit qu'ils remuent les pattes pour que tout aille bien. »
Les vîcerois des provinces de la Chine étaient tenus de fournir à
l'empereur chacun mille chariots de guerre attelés de quatre che-
vaux. (Voltaire, cité par M. Bescherelle.)
Substantifs composés non susceptibles de simplifîcation.
Les marchands ont àes abat-jours [on abajours) dans leurs ma-
gasins pour faire paraître leurs marchandises. (Académie.)
Il ne prend point d's au pluriel, dit l'Académie. Mais pourquoi? Pour-
quoi \'s , si libéralement accordée à contrevents, est elle si brutalement
refusée à abat-jour? Pourquoi ces préférences, ces injustices, ces actes
criants de partialité ? La synthèse ! la synthèse ! Rappelez-vous la synthèse
et la syllepse, ô abominables analyseurs !
Les persiennes sont des espèces à.' abat-vents. (Académie.)
Tous les bateaux rentrèrent dans V après-midi, sans A\oir éprouvé
aiiruii dommage. (Bernardin de St-Pjerre.)
DES SlGiNES ORTHOGRAPHIQUES. 2d5
Pour les apres-dlnées , je les livrais totalement a mou humeur
oiseuse et nonchalante. (J. J. Rousseau.)
11 faut convenir que les grammairiens sont de drôles de corps. Ils écri-
vent tous au pluriel des a près-dînées^ des après-midis, des après-soupées, etc. ^
et ils n'osent écrire des abat-jours, des abat-vents, des appuimains. Cependant
ilnes'agitpas plus ici de plusieurs rf(«crs, de plusieurs nnWi*, de plusieurssou-
pers, qu'il ne s'agissait tout à l'heure de plusieurs vents, de plusieursyo(/rs,
de plusieurs mains. Après-dlnée, après-midi, après- sotipée, signiGent l'espace
de temps qui s'écoule depuis le dîner , depuis le midi jusqu'au soir, de-
puis le souper jusqu'au coucher. // passe toutes les après-dînées en famille ,
cela veut dire qu'il passe , tous les jours , en famille le temps qui s'écoule
depuis le dîner jusqu'au soir. Par conséquent syllepse , accord sylleptique,
comme nous l'avons déjà démontré.
Et voilà les hommes qui osent faire nargue aux poètes ! Les insensés! ils
ne savent pas qu'un poète, si médiocre qu'il soit, si faible que soit le rayon
que le ciel a mis dans son âme, est autant au dessus d'eux tous que l'étoile
la plus inférieure est au dessus de la terre! Oui, l'homme qui a fait en sa
vie trente vers passables, l'emporte non seulement sur les plus grands fai-
seurs de grammaires mais encore sur tous les faiseurs de tartines politiques
et littéraires.
L'Académie l'a bien prouvé le jour où elle a admis dans son sein l'écri-
vain célèbre dont les œuvres complètes se réduisent à ce quatrain assez
cynique :
La divinité qui s'amuse
A nie demander mon secret ,
Si j'étais Apollon , ne serait pas ma musc :
Elle serait Xbétis et le jour finirait.
Et voilà les hommes qui osent porter une main sacrilège sur l'arche
sainte, qui se mêlent de conduire et de discipliner la langue , d'imposer
des lois à la langue !
a Ab! race de corbeaux, ignoble bande noire ,
Par la vie et la mort , par l'enfer et le ciel ,
Par tout ce que mon cœur peut contenir de fiel ,
Soyez maudits! — Jamais déluge de barbares,
Ni Huns , ni Visigoths , ni Russes , ni Tarfarcs ,
N'ont fait autant de mal que tous en faites là. > (Th. Gauxieb. 1
Elle était si bégueule que, si un monsieur lui offrait son bras pour
passer dans la salle h manger, elle lui tendait négligemment le
bout de ses doigts contractés en cône , et tout en souriant de plai-
sir, tout en laissant déborder sa joie dans ses yeux, elle s'avançait
en vrai arc-houtant a côté de son cavalier , comme si , sentant sa
nature inflammable, elle eût craint de se brûler au contact d'un
liommo. (L. N. Fleurs du Danuhc.)
-^^i GKAMAlAlllE FRANÇAISE.
Prenez pour points d'appui ces iiommes hors de doate.
Ces patriotes forts, éprouvés dès long-temps ,
Lafayette et Dnpont, civiques areboutants. (Baethélemy. )
Tout animal flaire ce qu'il veut manger r la théorie de la bota-
nique est dans son odorat. Ce sens exquis est Y avant-courenr dn
goût . ( Bernardin de St-Pierre.)
Des voluptés des cieux ineffable avant-goût !
( L. N. Amertumes et Consolations.)
Les bas-fonds sont fertiles, mais humides et souvent inondés.
On appelle hattant-V œil , un bonnet de femme, «ne coiffure nc^
gligée, dont la garniture retombe en partie sur les yeux. Des hat-
tant-V œiis .
Des bal tant- l'œils ! «juet scandale! vont s'écrier tous nos pédants. Oni ,
des battant- 1' œils , et même, si vous n'êtes pas contents, des coq-à-l'ânes;
parce qu'il y a syllepse , accord sylleptique ; parce que ces noms composés
ne remplissent pas dans le discours d'autres fonctions que celles des mots
simples qui y correspondent ; parce que battant l'teil, coq-à-l'âne , ne pré-
sentent à mon esprit chacun qu'une seule idée.
Je sais bien qu'au premier abord il doit paraître choquant de voir la
marque du pluriel à la fin d'un mot précédé de l'article singulier; mais
faut il, ô analyseurs damnés, faut-il vous le répéter mille l'ois, que dans un
mot composé de plusieurs mots il n'y a pourtant qu'un seul mot, comme
dans les trois personnes divines il n'y a qu'un seul Dieu, comme dans une
âme et un corps il n'y a qu'un seul homme ? Faut-il vous corner anx
oreilles ( style académique ) qu'un mot composé n'est pas un mot divisé ,
que le sens composé est l'opposé de sens divisé, que ce qui est vrai dans le
sens divisé est faux dans le sens composé et vice versa ?
S'il est incorrect de mettre l's à la fin de coq-à-l'âne , de ballant-l'œil ,
est-il plus correct , dites , de mettre cette s à la fin de la troisième personne
du verbe suer dans sangsues? Pour la dixième fois , l'esprit ne s'attache
pas aux sens partiels d'un mot , dans une phrase écrite ou pailée, mais au
sens total ; il ne s'inquiète pas des divers sens de qui, de pro, et de quo, dans
quiproquo , et ne voit dans cette expression qu'un quasi-synonyme de mé-
prise. C'est pourquoi l'Académie est bien timide de ne pas oser écrire au
pluriel des quiproquos , comme si ce mot portait écrit sur son front le sceau
visible pour tous de ses origines latines. Il faut convenir que l'Académie
pousse loin la circonspection. Encore si cela lui servait à quelque chose!
Mais le sage qui n'a pour yeux qu'un bâton a beau tâtonner : il fait plus
de faux pas que l'étourdi qui marche en aveugle avec de bons yeux tout
grands ouverts devant lui.
Après ça! comme je ne veux pab absolument vous imposer ma voIonS'.
DÈS SIGNES OR'lHOGRAPingUES. 237
comme un joug de fer, si vous avez si fort à cœur l'invaiiabililé des mois
battant-l'œil, coq-à-l'âne, je veux bien vous l'accorder jusqu'à nouvel ordre,
en considération de l'article singulier qui accompagne ces mots; mais gar-
dez-vous bien d'écrii'e encore avec Boiste et Compagnie, d*:s coqs à-l'âne,
des battants— l'ieil, parce qu'il ne s'agit ici ni de coqs ni de battants, mais
de propos, mais d'entretiens où l'on va, selon votre propre explication, du
coq à l'âne, mais de bonnets de femme dont la garniture est battant l'œil,
(Ne m'avez-vouspas appris au collège qiie^e bats veal dire Je suis battant 1)
Mais, j'y songe, le substantif «/eniour, formé de la locution prépositive d
l'entour, ne prend-il pas la marque du pluriel, en dépit de l'article singulier ?
pourquoi coq -à l'âne n'en ferait il pas de même? H est vrai que dans o/en/o'/rla
physionomie de l'article est singulièrement effacée par la suppression de l'a-
postrophe autant que parle rapprochement des parties. Eh bien, écrivez de
même un coqiialâne, des coqualânes ! Qui vous en empêche ? Apparemment
une foule de niais qui ne sauraient faire un pas hors de l'ornière, et qui
vont bien rire de l'étrangetè de ma proposition ! Que Dieu les bénisse 1
A propos de coq— à-l'âne, quelle différence y a-t-il donc , dites moi,
entre «n coq et un âne?
Les brodequins, très-pointus et lacés sur le cou-de-pied [on coude-
pied) avec un fil d'or, enfermaient les pieds les plus délicieux, et se
terminaient par une petite fourrure brune qui servait de collier a
la naissance de la plus jolie jambe du monde , s'il fallait s'en rap-
porter au peu qu'on en voyait. ( Frédéric Soulié.)
Un certain poète a compare Napoléon à un cerf-\?olant qui s'é-
lève et retombe. — Des ccrf-wlants .
Oui , des cer f volants , car ici l'idée partielle de cerf est entièrement ef-
facée par le sens total. Lorsqu'on jugera à propos d'écrire un cervolant, des
cervolants,je ne crois pas que cela donne lieu à aucune opposition de ma part.
11 faut encore savoir gré a la Convention (l ) , à demi régénérée parla
journée de thermidor, d'avoir organisé des écoles centrales dans tous
les chef-lieux de la république. (Millot, cité parM"^'. Bescherelle.)
Chef, qui signifie originairement tète, ainsi accolé à im autre mot dont
il renforce la signification, perd sa qualité de substantif, et devient, comme
son analogue allemand haupl , une sorte de particule invariable. Haiipt,
en allemand, fait au pluiiel IJaiipter. Cependant de ce qu'on dit au singu-
lier Die ^aH/)/-s<flrf< (la chef-ville), en français , cfl/oi/«/ej Die Hatiptstrasse
(1) Nous ne concevons pas pourquoi l'Académie écrit convention, en ce
sens, sans majuscules. La majuscule nous seujble bien moins nécessaire
dans Directoire el dans État.
2ôS GIUMMAIUE l'UAXjAISE.
( la chef- rue ), en i'iançais, la grande rue, ce n'esl pas une laisun [)Oui qu'on
dise au pluriel Die Haupterstiulle, Die Hauptcrslrassen. On dit simplement
Die Haupistàdle, Die Hauptstrassen. Le second seul de ces substantifs a
droit à la Forme du pluriel. Il faut donc écrire de même en fiançais des
chef lieux, des chef-d'œuvres , et non pas des chefs- lieux, des chefs-d'œuvre,
comme on l'a fait aveuglément jusqu'à ce jour. Cela est de la dernière
évidence ; ce n'est plus une chose sur laquelle on puisse disputer.
Autrement pourquoi n'écrirait-on f as des demis- dieux, une demie-aune,
la franche-maçonnerie? Voilà ce que j'ai eu l'honneur de vous répéter assez
souvent pour que vous le compreniez à la fin.
Comme Pacuvius se plaignait un jour à son voisin Arius d'avoir
un arbre où trois de ses femmes s'étaient pendues, Arius, qui n'était
pciit-éire pas heureux dans son mariage, le pria de Ini donner une
greffe de cet arbre pour l'enter chez lui.
Je ne vois pas trop pourquoi l'on n'écrirait pas peutclre en un seul mot.
Sous la loi de Moïse on offrait a Dieu les enfants premier-nés.
Premier-né est un mot composé comme mort-nè, comme nouveau-né.
Par conséquent, premier, comme mort, comme nouveau, reste invariable.
Si premier-né n'est pas un nom composé, s'il offre réellement dans ses deux
termes deux idées distinctes et successives, alors pourquoi le trait d'union ?
Vous voyez bien qu'on n'en met pas dans frais battu, fraîche éclose, et cela
à cause de la variabilité de l'adjectif ou adverbe qui précède le participe.
Les premier-nés signifie Les enfants qui, dans chaque famille , sont nés
chacun le premier. Premier ne peut donc pas être mis au pluriel.
Il va sans dire que MM. Bescherelle écrivent des nouveaux-nés , contre
l'avis même de l'Académie.
i Ars au procès-verbal noie les délinquants. (Barthélémy.)
On appelle sauf-conduit une sorte de passeport par lequel il est
permis a une personne d'aller en quelque endroit , d'y demeurer
un certain temps et de s'en retourner librement, sans crainte d'être
arrêtée. (Académie.)
L'Académie elle-même écrit au pluriel des sauf-conduits. C'est une
bonne fortune à laquelle nous ne nous attendions pas. Il est vrai que le
Journal des Débals, consultant M. Auguste Lemaire, en recevra cette
explication péremptoire, à savoir que les sauf-conduils sont les conduits d'un
homme sauf, et nous n'aurons qu'à courber humblement la tête. Mais ce
n'esl pas pour s'occuper de si petites choses que le Journal des Débats s'est
l'ail si grand et qu'il a surmonté sa petite tête d'un de ces masques monslrcf.
DES SIGNES OUTIIOGRAPHIQUES. 230
qu'on voit , aux bals de l'Opéra, s'élever au dessus des autres cùmme des
tètes de géants.
0 puissants de la terre, craignez le Tout-'Puissant.
Noms composés de deux Substantifs joints par une préposition.
Un pont par où se rue une foule en démence ,
Arc-en-ciel de carnage, ouvre sa courbe immense ,
Et d'un cadre de pierre entoure le tableau.
(Théophile Galtibb.J
Allez dans la prairie, et vous pourrez admirer à la fois mille arc-
en-ciels peints sur chaque goutte de rosée, et qui mêlent leurs ri-
ches couleurs a la parure des champs.
( Aimé Martin, cité par MIM. Bescherelle.)
Certes il ne s'agit pas ici de plusieurs arcs dans te ciel, mais de mille re-
flets brillants comme l'im sur chaque goutte de rosée. Pour ma part , je
ne comprends pas comment on a pu tolérer jusqu'ici arcs-en-ciel.
Les chef-d' œuvres humains; sont la cendre des vents.
( Lamartine. )
Quelle oreille ne serait pas choquée d'entendre Les cliefs-d'œuvr' humains?
Quelle oreille au contraire n'est pleinement satisfaite du son produit par
Les chef-d' œuvres humains?
Dieu crée ainsi parfois d'admirables natures ,
Qui nous font croire en lui ,
Chef-d'œuvres éclatants, célestes créatures ,
Où tout un Dieu reluit. (L. N. Fleurs du Danube.)
Qui pourrait se faire une idée du pluriel avec chefs-d'œuvr' éclatants ?
Les bec-d argents ne vont pas en troupes, mais toujours par
paires. (Buffon, cité par MM. Bescherelle. )
Est-ce qu'il s'agit ici de plusieurs becs d'argent ou de plusieurs oiseaux an
bec d'argent ?
Les puille-en-(f ueues , ouphaétons, genre d'oiseaux de Tordre des
palmipèdes, que l'on nomme aussi oiseaux des tropiques , ressem-
blent par leur forme, leur taille, et l'étendue de leur vol, aux hi-
rondelles de mer.
Ce n'étaient qu'intersections de maisons , cul-de-sacs , patte-
d'oies, au milieu desquels il hésitait el doutait sans cesse, plus em-
pêché et plus englué dans cet enchevêtrement de rucllcsnoircs qu'il
nereiiétédansledédalusmêmederhôfcldesTournelles. (V.ÏIlgo.)
240 GRVMMAIUE mvXÇAISE.
Edition ornée de vigncUos, fleurons, et cul-de-lampes.
Ces grands haut-de-chausses sont propres a devenir les receleurs
des choses qu'on dérobe. (Molière.)
Ce que je venais de faire , arrivé quinze ans plus tôt, eût été la
cause des ravissements de VŒil-de-Bœuf. (Frédéric Soulié.)
Notons en passant que le Journal des Débats, si prodigue du trait d'union ,
le supprime totalement dans OE'd de Bœuf,
Les œil-de-bœufs de la cour du Louvre sont ornés de sculptures.
(Académie.)
Il va sans dire que bœuf, dans ce mot, se prononce au pluriel comme au
singulier. L'Académie, qui écrit ici des œils-debœuf et là des œils-de- bœufs,
devrait avoir fait cette remarque avant moi.
Les imprimeurs montent et démontent leurs balles avec un pied-
de-chèore.
Je voudrais avoir autant de pied-à-terres qu'il y a de saisons.
Dans les tête-h-tètes les plus secrets , Emile n'oserait solliciter
la moindre faveur, pas même y paraître aspirer.
(J. J. Rousseau.)
Marmontel a bien écrit des têtes-àtêles, ce qui est bien plus fort.
On n'en mettra pas plus grand pot-au-feu, c'est a dire, on n'en
fera pas plus de dépense, on n'y fera pas plus de cérémonie, on ne
s'en mettra pas plus en peine. (Académie.)
Gtrault Ditvivier rapporte que J. J. Rousseau écrit au pluriel des pot-au-
feux. Voilà , je l'espère, une autorité qui nous lave d'avance du ridicule
que le Journal des Débals serait bien aise de pouvoir déverser sur le sys-
tème exposé ici. Seulement, puisque rien ne s'y oppose, pourquoi n'écrirait-
on pas en un seul mot. Un potaufcu, des potaufeux, comme. Un volauvent,
des volauvents? Nous allons l'essayer, pour en voir l'effet.
Eue dame du bon ton, entrant aux Tuileries a l'heure où les
bourgeois en sortaient pour aller dîner , dit assez haut pour être
entendue: « Voila les potaufeux qui s'en vont. — Oui , madame,
lui répliqua une bourgeoise, c'est pour faire place au gibier.»
Le rcr^-rfe-^'ris royal est sons leur étaniage. (Kabth^lemv.)
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 241
Exemples des divers cas où s'emploie encore le
trait d'union.
Toicile trente-un mai! que tous les baladins,
Saltimbanques de cour masqués en Girondins,
Gorgés par Némésis d'un calice d'absinthe ,
Soient chassés comme impurs de la tribune sainte. (BAETHÉr.EMy.)
Tout le monde parle de la belle Hélène , mais peu de gens savent
qu'elle eut cinq maris, Thésée, Ménélas, Paris, Déiphobe, Achille;
qu'elle fut pendue a un arbre dans l'île de Rhodes , par ordre de
Polixo ; et que , dans la guerre dont elle fut cause , il périt huit
cent quatrevingt-six mille hommes du côté des Grecs , et du côté
des Troyens sis cent soixante-seize mille.
Dans un cercle on vantait la sagesse exemplaire d'une demoiselle
de vingt-cinq ans , assez laide et fort rousse. « Parbleu ! dit un ma-
lin , elle est comme Samson : sa force est dans ses cheveux. »
Une infinité d'écrits nouveaux sont infectés de l'emploi vicieux
du mot vis-à-vis, entre autres les feuilletons de Jules Janin et le
Journal des Débats tout entier.
Vis-à-vis de ne doit s'employer que dans le sens propre , dans
le sens d'EN face , a l'opposite de.
Le marquis d'A*** est vingt fois millionnaire. Deux de ses nièces
travaillent pour vivre et soutenir leur vieille mère. Quelqu'un vient
rappeler leur misère a l'opulent marquis. «Mon Dieu! répond
celui-ci, ne me parlez pas de ces choses-là ; elles font trop de mal a
entendre. »
Un avocat arris^ant dans la grande salle du Palais , vit un ras-
semblement; il en demanda la cause. « C'est, lui répondit-on, un
voleur que l'on vient d'arrêter. — Tantmieux, dit l'homme de loi;
il faut faire un exemple et punir sévèrement ce coquin-là (\v\\ vient
au Palais voler sans robe. »
Voltaire disait du grand Frédéric , a propos de ses prétentions
littéraires : « Cet homme-là, c'est César et l'abbé Cottin. »
Un instinct là-haut t'attire.
Tu regardes Dieu sourire ;
Moi , je vois l'homaie pleurer. (VicTon Hrco. )
T. II. 51
2'Î2 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Ci-git dessous qui but dessus. (Anonyme.)
Ci-gît Piron qui ne fut rien ,
Pas même académicien. (Pibon.)
Ci'gît ma femme. Oh! qu'elle est bien
Pour son repos et pour le mien ! (Anonyme.)
Ci-gït le fameux Chamillard ,
De son roi le protonotaire ,
Qui fut un héros au billard ,
Un zéro dans le ministère. (Anonyme. )
Malheur, malheur à vous, riches et grands du monde,
Qui nagez ici-bas dans une joie immonde !
(L. N. Amertumes et Consolations.)
Il faut être ignorant comme un maître d'école,
Pour se flatter de dire une seule parole
Que personne ici-bas n'ait pu dire avant vous.
(Alfbbd ob Musset.)
Nul mortel peut-être ne porta la présomption et l'amour propre
plus loin qu'un certain Ségérus, professeur eu l'université de Wit-
temberg. Il osa faire graver son portrait au dessus d'un crucifis ,
avec cette inscription : « Seigneur Jésus , va! aimez-oous ? » Jésus
répondait: «Oui, très-illustre^ très -excellent , très-docte sei-
gneur Ségérus , poète couronné de Sa Majesté Impériale , et très-
digne recteur de l'université de Wittemberg , oui , je vous aime. »
Alger nous promettait tous les trésors d'Attale ;
Et nous n'avons reçu , pour tant de millions ,
Qu'un ex-rfey théâtral et quatorze ex-lions. (Barthélémy.)
Va-propos fait le mérite de tout, donne du prix a tout. — Un
poète a personnifié Y A-propos. (Académie.)
Si le guide d'un peloton ne marche pas également, il occasionne
des à-coups^ ou acoups.
Ils étaient là couverts de vêtements fétides ,
Avec leurs clous , leurs pieux , leurs rauques chevalets ,
Les Pilâtes du Nord , leurs ignobles valets ,
Tous les bourreaux sortis des Palus-Mcolides. (Babthélemy.)
Le 6 janvier , deux ouvriers passaient sur le Pont-lSeuf, où se
trmivaient étalés force gâteaux de circonstance. «Tiens! dil l'un .
DES SIGNES ORTHOGIIAPHIQUES. 255
pourquoi donc tout cela? — Quoi! lui répond son camarade,
est-ce que les galettes ne te rappellent pas les Rois?»
Notre France d'alors, par tant de pleurs flétrie,
Citait avec orgueil ta féconde industrie ,
Ton hôtel , le rival du palais Mont-Tliabor ,
Et l'hospitalité de tes pénates d'or. (Barthélémy.)
Je suis exact au rendez-oous , disait Boileau , car j'ai remarqué
que ceux qui attendent ne songent qu'aux défauts de ceux qui se
font attendre.
Voir Paris sans voir la Courtille ,
Où le peuple joyeux fourmille ;
Sans fréquenter les Percherons,
Le rendez-vous des bons lurons ;
C'est voir Rome sans voir le Pape.
( Vadk , cité par MM. Bescherelle. )
Boileau fut injuste envers Perrault. La magnifique façade du
Louvre du côté de Saint-Germain l'Auxerrois ; l'arc de triomphe du
faubourg Saint- Antoine ; l'Observatoire de Paris ; la chapelle de
Sceaux, chef-d' œwre d'architecture, ont rendu le nom de Perrault
à jamais immortel.
En -1789, on vit quatre procureurs, décorés aujourd'hui du
litre d'avoués, porter le dais aune procession de la Fête-Dieu;
à l'occasion de quoi l'on fit l'épigramme suivante :
Pour laver nos iniquités ,
Le Christ mourut jadis d'un supplice barbare
Entre deux brigands redoutés.
Aujourd'hui , triomphant et vainqueur du Tarlare ,
Il en a quatre à ses côtés.
Quand Michel-Ange eut peint la chapelle Sixtine ,
Et que de l'échafaud , sublime et radieux ,
Il fut redescendu dans la cité latine ,
Il ne pouvait baisser ni les bras ni les yeux.
(Théophile Gautier.)
Deux maîtres de langue avaient une discussion grammaticale.
L'un prétendait dire : Versez-moi a boire; l'autre : Donnez-moi a
boire. « Qu'en /veo5<.'z-i'o«5 ? demanda l'un "a un homme de lelties^
25 1 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
jugez-nous. — Vous avez tort tous les deux , car vous devriez dire ,
Menez-nous boire. »
Sergent, sergent, j'ai fait un prisonnier. — C'est bien, Pacot,
amène-le. — Je ne peux pas venir a bout de le faire marciier, —
Alors, reinens-fen. — Sergent, il ne veut pas me lâcher.
Entendez-vous là-haut ces craquements affreux ?
Le viel Atlas lassé retire son épaule
Au lourd entablement de ce ciel ténébreux. (Th. Gactibb.)
Il est vrai que 7à- Aa«<, comme tout ce que nous avons appelé /ocution,
pourrait fort bien subsister sans trait d'union.
C'est vrai, mais, pour douter de vos cœurs intrépides,
Du Tbabor et des Pyramides
Le désert a-t-il donc perdu le souvenir ?
( L. N. Fleurs du Danube. )
On faisait observer à D., de l'Opéra, que ses mollets étaient tou-
jours d'inégale grosseur : « Ma foi 1 répondit-il , prenez-vous-en a
l'administration, c'est elle qui les fournit.
Le plus fort et le plus pénible est de donner : que coûte-t-il d'y
ajouter un sourire ?
Le plus pauvre est celui qui jouit le mom%, fût-il le plus riche ;
et le plus riche, celui qui jouit le plus,/«<-// le plus pauvre.
Les personnes que nous aimons ont certainement plus de pou-
voir sur nous que nous-mêmes.
Du signe qu'il créa pour parer notre sein ,
Lui-même sur l'émail découpa le dessin. (Barthélémy.)
Exemples de Iiocutions où le trait d'union serait
une faute.
L'âme et le corps, hélas ! ils iront deux à deux
Tant que le monde ira , pas à pas , côleà côte.
Gomme s'en vont les vers classiques et les bœufs.
( Alfbed de Mdsset. )
Tout à l'heure, voyez , vous étiez si charmante. (Idem.)
Vous voyez tour à tour sur les gradins ovales ,
Au centre , au deux côtés, tout un peuple d'élus ,
Qui dn vaste entonnoir tapissent le talus. (Babtuki.rmy. )
DES SIGNES ORTHOUUAIMIIQUES. 245
Tour à tour est imprimé avec traits d'union dans le texte.
L'amour veut tout ou rien.
Vois Lysippe et Myrron , Scopas , Vilruve , Apelle ,
Renaissant à la fois quand Louis les appelle. ( Le Bat», )
A la fois est également écrit avec traits d'union dans le texte.
Un petit prince d'Allemagne envoya dire à un étranger de sortir
dans vingt-quatre heures de ses États. « Son Altesse me fait trop de
grâce, répondit celui-ci ; je n'ai besoin que d'un quart d'heure
pour en être sorti.»
Quart d'heure est un nom composé pour MM. Bescherelle, qui écrivent
quart-d'heure. Tous les exemples suivants sont de même écrits avec trait
d'union dans leur grammaire ; ce en quoi il faut bien se garder de les imi-
ter, si l'on ne veut pas prouver que l'on a vécu trop long-temps dans l'at-
mosphère pétrifiante du Journal des Débats.
On ne peut permettre que les secrétaires généraux soient en
même temps députés. ( Napoléon. )
Point de ces gens que Dieu confonde,
De ces sots dont Paris abonde ,
Et qu'on y nomme beauté esprits.
Vendeurs de fumée à tout prix. (J . B. lioussEAU.)
A l'heure des spectacles , toutes les portes cochères s'ouvrent;
les voitures s'élancent, les théâtres et les cafés se remplissent.
Un pied de forme ronde, et qui fait que l'on marche avec peine,
est un pied bot. ( Académie.)
Sûrement l'Académie n'écrit pas pied-bot , en ce sens.
Dans le temps que \e pigeon paon étale sa queue, il agite fière-
ment et constamment sa tête et son cou. (Buffon.)
Une feuille suffit au nid de V oiseau mouche.
(Bernardin deSt-Pierre.)
Le serpent à sonnettes , caché dans les prairies de l' Amérique-
fait bruire sous l'herbe ses sinistres grelots. {Id.)
Comment peut-on écrire serpent à sonnettes avec des traits d'union ?
J'ai passé ma journée avec des aides de camp et de jeunes mili„
tuires. ( Chateaubriand.)
2W GIl.VMMAIUE FUAINÇAISE.
Si l'on veut donner beaucoup d'intérêt a un paysage riant et
agréable, il faut qu'on l'aperçoive au travers d'un grand arc de
triomphe, ruiné par le temps. (Bernardin de St-Pierre.)
La matière fluide du ver à soie, de l'araignée , et de plusieurs es-
pèces de chenilles, acquiert tout à coup de la solidité en sortant de
leur corps, et se change en soie par le simple contact de l'air.
[Idem. )
On se ferait une fausse idée de la queue du coq d'Inde^ si l'on
s'imaginait que toutes les plumes dont elle est formée fussent
susceptibles de se relever en éventail. (Buffon.)
Quel homme de goût ne sera pas comme nous choqué de ce fussent,
quoique signé : Bdffom ? Quant à MM. Bescherelle , ils ne soupçonnent
pas même que Buffon puisse faire une faute. Ils n'est pourtant pas dou-
teux qu'au lieu de fussent il faudrait simplement sont. Joli système que
celui qui consacre ainsi toutes les erreurs de tous nos écrivains ! On va loin
avec cela. On a déjà été loin.
Peut-être ne voit-on pas très-clairement du premier coup d'œit,
le rapport qu'il y a entre une lettre de change et un feuilleton. C'est
une énigme que j'abandonne à la sagacité de mes lecteurs.
(De Jouy.)
Très-clairement n'a pas de trait d'union dans le texte. Comment , après
cela, le Journal des Débats n'aurait-il pas fait l'éloge de la Grammaire Na-
tionale ?
A Paris, je jugeais des mœurs des femmes de ma connaissance
par l'air et le ton de leurs femmes de chambre, et cette règle ne m'a
Jamais trompée. (J. J. Rousseau.)
Il prononça en frémissant ces mots terribles de commis et de rat
de cai'e. Il me fit entendre qu'il cachait son vin a cause des aides,
qu'il cachait son pain a cause de la taille, et qu'il serait un homme
perdu, si l'on pouvait se douter qu'il ne mourût pas de faim.
( Idem. )
Encore une faute consacrée par MM. Bescherelle. Comment se douter
peut-il gouverner le subjonctif f C'est sur des milliers d'exemples pareils
que ces messieurs ont fondé leur système ; ou plutôt , c'est avec de tels
exemples qu'ils ont ruiné tout système, toute méthode, tout principe ,
qu'ils ont mis le désordre partout.
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 2/» 7
Vous souvient-il , monsieur, quand ma maudite mule
Me jeta, par malice , en ce trou si profond ?
Je fus près d'un quart d'heure à rouler jusqu'au fond.
(Gegnabo. )
Dans tous les temps , les murs des prisons , des corps de garde ,
des écoles, des auberges, ont été des registres ouverts aux impromp-
tus des hommes. ( De Jouy. )
La belle de nuit n'ouvre ses fleurs les plus parfumées que dans
l'obscurité. ( Bernardin de St-Pierre.)
Je ne puis douter que l'usage immodéré du café, du thé, du cho-
colat, des épiceries, n'ait chez les Européens une partie des effets
que nos eaux de vie ont chez les sauvages.
Dans ces deux derniers exemples seulement, les auteurs de la Grammaire
Nationale sont d'accord avec l'Académie, qui elle-même a tort ici , nous
le croyons, et on sait pourquoi. Mais ces messieurs sont assez riches de leur
propre fonds sans que l'Académie leur prête rien. Ils écrivent encore avec
traits d'union, ciel de Ut, ciel de tableau, pied de mouche, pied de roi,
haut mal. Jet d'eau, doit et avoir, etc. , etc. Faut-il s'étonner après
cela de voir le trait d'union se glisser partout ? Faut-il s'étonner que nous
l'ayons trouvé crânement posé parmi les expressions suivantes , d'où , par
exemple, nous l'avons fait lestement déguerpir?
Ici gît dont la muse ou profane ou dévote
Long-temps au théâtre brilla ;
Et qui, pour mieux faire, oublia
Les trois unités d'Aristote.
(Epitaphe de Lopez de Vega.)
Aristide le Juste est le Colard antique.
Il fut élu sept fois dans les bourgs de l'Attique ;
Le peuple le bannit; c'est que ce demi-dieu
Inventa la doctrine et le juste milieu. (Barthélémy. )
Un chanoine de Castille, ayant tué un cordonnier, en fut quitte
pour ne siéger d'un an dans le chœur. Le fils du cordonnier, déses-
péré de cette injustice, et voulant venger la mort de son père, tua
le chanoine. Pierre le Justicier, informé du fait, répondit a la fa-
mille du chanoine qui demandait la mort du coupable : « 11 a été
défendu au chanoine, pendant un an, de siéger au choeur ; je défends
pour un an au Ois du cordonnier de faire des souliers. »
2i8 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Un perruquier de Versailles, voisin du lieu des séances de Vas-
semhlée constituante , avait mis sur son enseigne : « Je rase le clergé,
je peigne la noblesse, et j'accommode le tiers état. »
Un chanteur de l'Opéra étant allé chez le contrôleur général
Terray réclamer le payement d'une pension que ses talents lui avaient
value sur le trésor royal , celui-ci dit : « Monsieur , il faut attendre;
il est juste que ceux qui pleurent passent avant ceux qui chantent. »
Le droit d'aînesse , disait Voltaire , a pu convenir dans des
temps de pillage et d'anarchie a des possesseurs de donjons, mais
il n'en est pas moins détestable quand il s'agit de partager des
rentes sur Vhôtel de ville.
Autrefois l'écu de France avait trois fleurs de lis d'or en champ
d'azur.
Quant a l'autre César, il possède un père leste, pimpant, bel es-
prit, qu'il a bien de la peine à tenir eu bride. (Jules J.anin.)
Quiconque hait l'injustice, la mauvaise foi, la partialité, est
V ennemi né du Journal des Débats.
Le trait d'union, comme nous l'avons déjà démontré, n'est pas plus né-
cessaire dans les cas suivants :
M. de Talleyrand, adressant un jour la parole à Louis XVIIl, lui
dit: «Sire, je suis vieux. » C'était, dit Paul Louis Courrier, une
manière de lui dire : « Sire, vous êtes vieux ; » car ils avaient le
même âge.
Au fort d'une dispute entre Benserade et un ecclésiastique, celui-
ci reçut la nouvelle que le Saint Père l'honorait du bonnet de car-
dinal. «Parbleu! dit Benserade , j'étais bien fou d'aller disputer
avec un homme qui a la tête si près du bonnet, »
Le bruit d'un concordat entre l'Angleterre et le Saint Siège est
dénué de tout fondement ! {Journal des Déhats. )
On disait à une jeune mariée que saint Paul veut que les femmes
obéissent à leurs maris. « Oh bien ! dit-elle, je ne suis pas de l'a-
vis de sain! Paul. — Mais faites donc attention, madame, que c'est
DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES. 2^i»
le Saint Esprit qui parle par sa bouche. — Soit. En ce cas c'est de
l'avis du Saint Esprit que je ne suis pas.
Esprit Saint, descendez en nous.
Un petit maître se plaignait d'un grand mal de lête et ajoutait
d'un air charmant que c'était le mal des beaux esprits. « Est-ce
que vous êtes malade par procuration ? » lui demanda une dame.
Les loups ceniers du Canada sont seulement, comme je l'ai déjîi
dit, plus petits et plus blancs que ceux d'Europe ; et c'est cette dif-
férence qui les a fait appeler chats ceroie?s.
(BuFFON, cité par MM. Bescherelle.)
Du moment q«e vous faites des noms composés de ces deux dénomina-
tions, loup etclial sont invariables, et il faut écrire au pluriel des loup-cer-
viers, des cliat-cervlers, comme on écrit dea chal-huants ; ne l'oubliez pas.
Voltaire eut l'art funeste , chez un peuple capricieux et aimable,
de rendre l'incrédulité à la mode ; il enrôla tous les amours pro-
pres dans cette ligue insensée.
(Chateaubriand, cité par MM. Bescherelle.)
Du latin ! de mon temps, du latin ! un gentil homme en eût été
déshonoré. (St-Évremont, cité par les mêmes.)
Jeune homme est tout aussi bien un nom composé que gentil homme , et
cependant y'ewne et homme s'écrivent séparément et sans trait d'union.
Nous gâtions les outils de mon bon vieux grand père \)our faire
des montres à son imitation.
(.1. J. RocssEAU, cité par les mêmes.)
Qui parle d'offenser soit grand père ou grand' mère (1) ?
( Moi.lKRE. )
(1) D'où vient que ceux même qui regardent grand" mère comme un nom
composé l'écrivent sans trait d'union? S'imagineraient- ils que l'apostro-
phe en tient lieu? Mais l'apostrophe ne fait qu'indiquer une élision. Or,
s'il est vrai qu'en n'usant pas de l'apocope, de l'élision, il fallût écrire ^ra/irfc-
mcre avec Irait d'union, évidemment le trait d'union doit subsister dans
grand'mcrc; sinon grand'messe, grand'rue, seraient aussi des noms com-
posés. Et ils le sont en effet aux yeux de MM. Bescherelles, doués pourtant
d'une vue de lynx. Buffon , en usant de l'apocope dans l'exemple suivant,
n'a pas supprimé le trait d'union : Les Juments produisent des poulains qui
ressemblent assez aux cband'-pères.
Apocope, déiivé (lu grec npohopèô, je retranche, esl synonyme d'cllsion.
250 GUAMMAIRE FRANÇAISE.
Hobincau , le nouveau marié , après le premier quartier de la
lune (le miel , est fort étonné et irès-mallieureux de voir sa femme,
qu'il avait épousée comme orpheline, lui apporter en dot un beau
père, une belle mère, cinq ou six oncles grands et petits et des cou-
sins a l'avenant. (Jules Janin. )
C'est le frère de mon mari, de ma femme, et par conséquent mou
beau frère.
Les beaux arts, les belles lettres, immortalisent les nations.
Nous avions peur de montrer trop de hardiesse, et voilà que Boiste, d'a-
près Restant, écrit aussi sans trait d'union, grand père, grand oncle, beau
père, sage femme, etc. Il est cerlaln qu'il y a de la barbarie à priver ces
mots de leur liberté. En revanche Restaut lui même écrit, Tout-beau,
tout à- la- fois, etc. Boiste le fait du moins supposer.
Quant aux expressions beaux arls, belles ledres, nous les avons vainement
cherchées dans ce fameux Dictionnaire universel ; ce qui prouve que beaux
arts, belles lettres, ne sont pas des noms composés, puisque les adjectifs
beaux, belles, et les substantifs arts, lettres, y vivent chacun de son côté et
à sa guise, se faisant quelques visites d'amitié, mais ne s'enchaînant pas
conjugalement l'un à l'autre. Voici, au mot Parfait, un exemple où beaux
arls est écrit, en effet, sans trait d'union. // n'y a que les sciences, les beaux
arts, et les vertus qui donnent des plaisirs parfaits.
En résumé, le trait d'union ne s'emploie, dans les sub-
stantifs, que pour en lier indissolublement, immuablement
les parties , quand elles ne s'assemblent ni à mortaise ni à
rainure, c'est à dire, quand, par leur forme, elles n'adhèrent
pas parfaitement l'une à l'autre. II a pour résultat immédiat
de rendre invariable le nom qui précède, quel qu'il puisse
être-, ce qui simplifie singulièrement la question des noms
composés, cent fois plus compliquée que celle des parti-
cipes.
Tout ce que nous avions à dire sur le trait d'union aurait pu se
borner à ces derniers mots , s'il n'avait fallu combattre les abus
monstrueux qu'on en fait. C'est avec raison qu'un auteur a dit qu'il
faut un volume pour détruire une erreur d'une ligne.
O grammairiens, race vile et damnée, pendables auteurs de tant
DES SIGNES DE PONCTLATIO.N. 251
de volumes qui encombrent les bibliolhèques et y usurpent la place
de la poésie et de l'éloquence, soyez maudits !
En tout cas l'importance du trait d'union, de ce petit rien, si mé-
prisable en apparence, prouve bien qu'il ne faut pas juger des gens
sur la mine.
Qui aurait dit que cela nous entraînerait si loin ?
Enfin, me voilà hors de cet affreux Ténare ,
Dont j'ai fait quinze fois le tour.
J'espère avoir prouvé , par un effort si rare ,
Que tout est possible à l'amour.
Tour pénétrer vivant dans ces gueules de four,
Combien il faut aimer les hommes , ses semblables !
0 public, soit dit sans détour ,
Si lu n'applaudis pas à des soins si louables ,
Certes , j'aurai le droit , mon mignon , mon amour,
De l'envoyer à tous les diables.
DES SIGNES DE PONCTUATION
ET DE LEUR EMPLOI.
Il y a tel article du Code dont le sens serait entièrement
transformé par le déplacement d'une simple virgule. Une
virgule transposée enfanta jadis la secte des manichéens (1).
Une virgule transposée a fait plus encore; elle a fait
couler des flots de sang.
Grandes raisons pour qu'on s'attache à bien ponctuer.
Mais , pour bien ponctuer , il faut savoir écrire ; et , à cet
(1) Les manichéens, ainsi nommes du nom de leur chc{ Mancs , admet-
taient deux principes : l'un du bien, idenlifié avec Dieu ; l'autre du mal ou
des tcnèlnes , identifié avec Satan. Le principe du bien était auteur de la
nature spirituelle et de la loi nouvelle; celui du mal était auteur de la
Hature corporelle et de la loi mosaïque. Ils admettaient deux âmes dans
chaque homme: l'une intellectuelle et raisonnable, venant du bon principe;
l'autre mauvaise, venant du mauvais principe et causant tous les péchés.
lis disaient que Jésus-Christ n'avait pris qu'un corps lanlastique ; que les
âmes des hommes, des bêles , et des plantes étaient coéternelles à Dieu;
que le baptême de l'eau était inutile . etc. , etc.
2)2 (iK.VMM.UKE FUAi^ÇAlSE.
égard , je suis parfaitement de l'avis de M. Francis Wey.
« Pour bien et judicieusement ponctuer, dit-il, il faut sa-
voir construire et analyser artistement sa phrase. Quicon-
que, doutant du signe qu'il faut mettre, et de l'endroit où
il le faut intercaler, consulte la grammaire ou son voisin ,
ne sait pas écrire.»
L'Académie définit la ponctuation , L'art de ponctuer.
Selon les grammairiens, la ponctuation est l'art d'indi-
quer dans l'écriture, par des signes reçus, la proportion
des pauses que l'on doit faire en parlant.
« La ponctuation , dit l'abbé Girard, soulage et conduit le lec-
teur; elle lui indique les endroits où «7 faut se reposer pour prendre
sa respiration et combien de temps il y doit mettre ( quel style ,
bon Dieu! ) ; elle contribue à l'honneur de Vintclligence, en diri-
geant la lecture de manière que le stupide paraisse, comme l'homme
d'esprit, comprendre ce qu'il lit; elle tient en règle l'attention de
ceux qui écoutent , et leur fixe les bornes du sens ; elle remédie aux
absurdités qui viennent du style. y>
Quelle précision! quelle justesse! Ah! monsieur l'abbé
(jirard! célèbre grammairien!
« Une bonne ponctuation, dit Rollin , sert à donner au discours
de la clarté, de la grâce, de l'harmonie. »
Qui aurait cru cela de la ponctuation?
«De même que l'on ne parle que pour se faire entendre, dit
Beauzée, de même on n'écrit que pour transmettre ses pensées aux
lecteurs d'une manière intelligible. Or il en est à peu près de la
parole écrite comme de la prononcée. »
En vérité, il faut n'être rien moins qu'un grammairien
consommé pour habiller d' un si beau style des idées si neuves,
si philosophiques.
Quant au rapport qui lie à la ponctuation cette phrase
do Boauzée, citée par Giiault Du\ivicr, ce n'est pas le stu-
DES SIGNES DE PONCTL ATIO.N . 235
pide dont parle l'abbé Girard qui pourrait facilement le
saisir.
Girault Duvivier ne procède pas autrement : il entasse
auteur sur auteur, citation sur citation , et vous laisse la li-
berté du choix. Il en résulte le plus joli galimathias qui se
puisse voir.
Eh non , messieurs les grammairiens, il n'est pas vrai que
les signes de ponctuation soient destinés par essence à mar-
quer des pauses, des repos !
Les signes de ponctuation servent tout bonnement à dis-
tinguer , dans le discours écrit, les phrases et les différents
membres dont elles sont composées ; en sorte que le lecteur
en perçoive aisément et rapidement le mécanisme, et qu'au
moyen des repos et des changements d'intonation déterminés
par le sens, il puisse communiquer simultanément à ceux
qui l'écoutent l'intelligence pleine et entière de ce qu'il lit.
En d'autres termes, les signes de ponctuation sont à la
distinction des phrases entre elles et des membres transpo-
sables d'une phrase ce que les blancs ou espaces qui séparent
les mots sont à la distinction des mots entre eux (1) .
(1) Certes, voilà une phrase qu'un lecteur pfithisique ne pourra guère
lire tout d'unehaleine. Cependant nous n'y voyons pas place pour la moindre
petite virgule. Et malgré cela nous croyons notre phrase bien construite.
C'est que cette phrase , pour être dépourvue de points et de virgule s, n'en
a pas moins des repos réels qu'un lecteur intelligent ne manquera pas
d'observer de cette manière: « Les signes de ponctuation — sont à la dis-
tinction des phrases entre elles et des membres transposables d'une
phrase — ce que les blancs ou espaces qui séparent les mots — sont à la
distinction des mots entre eux.
Ainsi la voix peut s'y reposer en trois endroits.
Cela ne l'ait que nous confirmer davantage dans l'opinion que les points
et les virgules ne sont pas destinés à marquer des repos , mais simplement
à diviser les phrases et les parties de phrases.
Il faut voir si la voix si vibrante de M"' Rachel se règle justement ,
dans ses modulations , sur les points et sur les virgules 1
Comment se [>cut-il qje des hommes qui ont vécu du temps de Talnia ,
qui ont pu entendre Talnia , aient défini comme ils l'ont i'ail l'arl de
iMinelucr?
2oi <;kaaimajke muiNçaise.
Les anciens Grecs, avant la période Aiexandriue, n'avaient au-
cune ponctuation ; et les mots s'écrivaient tout d'une traite avec les
lettres capitales ou onciales. Plus tard, plusieurs grammairiens,
parmi les quels il faut compter Aristophane de Byzance, inventèrent
trois signes destinés à éclairer la lecture. Ce sont: \e point (en
grec, stigmê) , servant à indiquer un sens complet; \avirgule ou
comma (en grec, hyposligmé), servant à indiquer un sens incom-
plet, et le point en haut (en grec mesê stigmê), servant à indiquer
un sens complet par lui-même , mais suivi d'une explication qui le
développe. On introduisit ensuite \c point-virgule, qui, employé par
les Grecs comme point inlerrogatif, sert à indiquer dans les autres
langues un sens presque achevé. Un autre signe introduit plus ré-
cemment est le point interjectif, autrement Appoint d'exclamation,
point exclamatif.
Ainsi tout cela est de la propre invention des grammai-
riens. Dites encore que les grammairiens ne sont bons qu'à
mettre les points sur les i !
Boiste énumère ainsi nos richesses en ce genre :
« Nos signes de ponctuation, dit-il, sont la virgule (,)qui mar-
que la moindre de toutes les pauses , une pause presque insensible;
un POINT et une vip.gule ( ; ) jmr où l'on désigne nnepause un peu
plus grande ; les deux points (: ) qui annoncent un repos encore un
peu plus considérable; et le point , soit absolu (. ) , soit interroga-
TiF (?), soit EXCLAMATIF (!), qui caractérïsc une pause plus com-
plète. »
On m'aurait dit , il y a quelques années , que des écrivains ayant
ce style osaient se faire imprimer, je n'aurais pas voulu le croire.
Ainsi voilà la ponctuation distribuée uniquement en reposoirs
pour la procession des mots et des phrases. Quoi de plus ridicule !
Un grammairien moderne , un réformateur , M. Charles la Loy ,
n'est pas satisfait de cette abondance de signes ; il la trouve insuffi-
sante , et d'un trait de sa plume magique il crée tout d'abord une
virgule-point {:) , un 2^0 int exclamatif d'interrogation {^), une
virgule interrogative{1), un deux-points inlerrogatif {1), un point-
virgule interrngalif (') , une virgule e.rrlamative{\) , le tout ter-
DES SIGNES DE PONCTUATION.
2^i^
miné par un etcœtera (1) qui laisse supposer tout ce que sa puissance
créatrice peut nous enfanter encore de nouveaux trésors , de nou-
veaux prodiges.
Selon lui la virgule seule ne saurait suffire entre les deux der-
niers membres de celte phrase :
S'il a mis à cette recherche toute la bonne foi iwssible; s'il n'a
épargné ni son temps ni sa santé ; si sa fortune même s'y est trouvée
compromise, n'y a-t-ilx>as quelque cruauté à l'accabler encore par
le blâme et par l'ironie?
La virgule est d'autant mieux à sa place ici que la dernière par-
tie de la phrase ne se rapporte d'une manière directe qu'à la partie
qui la précède immédiatement.
Comme les hommes diffèrent d'opinion !
Après M. la Loy qui multiplie indéfiniment les signes de ponc-
tuation , voici M . Francis Wey qui ne veut conserver que le point et
la virgule, t A l'aide du point simple et de la virgule, dit-il, on se
ferait , au besoin , toujours entendre. »
Il faut avoir une furieuse envie de dire quelque chose que d'au-
tres n'aient pas dit déjà.
Eh ! messieurs , si vous tenez tant à vous distinguer par quelque
chose d'étrange et de neuf, faites donc l'éloge de Jules Janin, van-
tez la justice et l'impartialité du Journal des Débats , etc., etc. !
Pour ma part, bien loin d'afficher de telles prétentions , je vou-
drais bien que les grammairiens , mes prédécesseurs, ne m'eussent
pas laissé tant à dire et à faire.
Toutefois, en fait de signes de ponctuation, je ne me plains pas
qu'il y en ait trop ou trop peu ; je suis fort content comme cela.
De la Virgule*
La virgule est un petit signe fait à peu près en forme
de c renversé (,).
I.
On emploie la virgule pour séparer entre elles plusieurs
parties similaires d'une même phrase , savoir :
(1) Etcœtera , substanlif, ne doit former qu'un mot. Cela est d'autant
plus avantageux que le t de la conjonction et ne présente phis ainsi aucune
anomalie, toute consonne se prononçant ordinairement au milieu d'un mot.
2.')0 niiAMMAinr: fuanc.aise.
1" Plusieurs sujets, soit logiques (1), soit grammati-
caux d'un môme verbe, lorsqu'ils ne sont compliqués d'au-
cun accident.
La richesse, le plaisir, la santé ^ deviennent des maux pour qui
ne sait pas en user.
Le dernier sujet est lui-même séparé du verbe par une virgule,
parce que l'attribut ne tombe pas sur lui plus que sur les autres, et
ne doit pas avoir avec lui une liaison plus forte.
Ni Girault Duvivier ni Napoléon Landais n'observent ce principe,
pourtant inviolable de sa nature.
Pour première raison, comment admettre qu'un substantif, un
sujet qui est au singulier puisse aller de pair et côte à côte , pour
ainsi parler , avec un verbe qui est au pluriel?
Mais, surtout, comment ne pas reconnaître qu'après une énumé-
ration de sujets qui tous conviennent au verbe de la même manière,
l'esprit se recueille un instant comme pour les récapituler en quel-
que sorte et les pousser tous simultanément sur l'attribut qui leur
est propre ? Comment ne pas admettre à la suite de ces sujets ex-
primés, un autre sujet sous-entendu qui les résume tous, et avec
lequel se fait l'accord du verbe?
N'est-ce pas ainsi qu'il faut analyser la phrase citée plus haut :
La richesse, le plaisir, la santé, (ces biens) deviennent des maux
pour qui ne sait pas en user.
Écrivez donc avec une virgule devant le verbe :
L'ambition , l'atnotir , l'avarice, la haine ,
Tiennent comme un forçat notre esprit à la chaîne.
( BOILEAU. )
Le regret du passé , le chagrin du présent , V inquiétude de tai^c-
nir, sont les fléaux qui assiègent le plus le genre humain.
(Cité par Boiste.)
(1) On appelle sujet logique celui qui est accompagné de plusieurs mots
déterminatit's , et sujet grammatical , celui qui ne consiste que dans un
mot. Dans cette piirase , «La beauté de l'Ame l'emporte sur la beauté
du corps», i.A BEAUTÉ est le sujet grammatical , la beadté dk l'ame est le
sujet logique. Il y a de mf'me Vattrihul logique et Vattribut grammatical.
DES SIGNES DE PONCTUATION. '2)1
Un léger accident, un amour de jeune fille, un mariage, un mot,
ont souvent renversé ies projets des plus habiles diplomates.
Les plaisirs de F esprit, la tranquillité de rame, la joie, la satis-
faction intérieure, se trouvent aussi souvent a la suite d'une mé-
diocre fortune que dans le cortège des rois.
(Cité par Girault Dumùer.)
Le timide bouvreuil, la sensible fauvette.
Sous la blanche aubépine ont choisi leur retraite. (Michaud.)
Viens! et que le regard des pudiques étoiles
Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles ,
Que l'arbre pénètre de parfums et de chants ,
Que le souffle embrasé de midi dans les champs ,
Et l'ombre et le soleil , et l'onde et la verdure.
Et le rayonnement de toute la nature ,
Fassent épanouir , comme une double fleur,
La beauté sur ton front et l'amour dans ton cœur.
( Victor Hugo.)
La fraude, lepaijure, les procès, les guerres, ne font jamais en-
tendre leur voix dans ce séjour chéri des dieux.
(FÉNÉLON, cité par MM. Noël et Chapsal.)
Les fous, les entêtés, les présomptueux , aiment a parier.
Dieu, la nature, et les arts, sont les refuges du sage.
L'ambition, Pai>arice, et f amour propre, sont insatiables.
L'intérêt, la vanité, la mode, ET la santé, sont les quatre vents
des girouettes humaines.
La plupart ne mettraient point de virgule avant la conjonction et,
dans ces trois derniers exemples, mais bien à tort, puisque le dernier
sujet ne saurait avoir avec celui qui le précède immédiatement une
liaison plus intime qu'avec les autres. En général, la conjonction ne
remplace point la virgule dans une énuméralion.
Le vrai, l'utile , et l' agréable , réunis , ne se discernent plus du
beau , c'est le beau lui-même.
Le mot réunis est séparé des sujets et du verbe, en partie pour les mêmes
causes que nous venons d'expliquer , en partie parce qu'il forme à lui seul
une proposition incidente , susceptible d'êlre supprimée sans nuire essen-
tiellement au sens principal. C'est comme s'il y avait , en effet : Dés qu'ils
T. II. 33
2o8 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
sont réunis. Les deux virgules ne sont pas plus mal placées là que dans
cette phrase de Victor Hugo : La Jeune fille , essoufflée , s'arrèla enfin.
Mais la virgule disparaît à la fois devant la conjonction et devant
le verbe , quand il n'y a que deux sujets conjoints par et ou par ni.
Les deux sujets fussent-ils au singulier, ils sont alors en quelque
sorte pluralisés par aggrégation, à la façon des noms collectifs, et
précèdent sans inconvénient un verbe au pluriel.
L'imagination et le jugement ne sont pas toujours d'accord.
(Cité par Boiste.)
L'esprit de domination et la vanité partagèrent successivement
un peuple en calvinistes et papistes, molinisfcs et jansénistes, anar-
chistes et royalistes ; puissent-ils enfin être tous citoyens!
La politesse et les manières ne sont pas les mœurs.
La rapine et l'ori^ueil sont les dieux de la terre. (Voltaire. )
Parler et se taire à propos sont deux choses difficiles, mais
utiles.
Ni l'or ni ta grandeur ne nous rendent heureux.
( La Fontaine. )
La beauté et la bonté réunies sont l'image de Dieu sur la terre.
On sent combien il serait ici superflu d'isoler le mot réunies.
La virgule est de même impossible entre le verbe et le sujet,
quand le verbe est énoncé le premier ; car le verbe ne pouvant sub-
sister par lui-même , ne permet aucun intervalle entre lui et son su-
jet, quel qu'il soit. (Soit dit en passant, ne serait-ce pas là ce qui
autorise la présence du trait d'union entre le verbe et le pronom,
dans les phrases interrogatives ? )
Et partout où coula le nectar enchanté
Coururent i,e plaisir, l'audace, et la gaîté. (Delille.)
Gomme on s'en doute bien, le texte porte une virgule à la fin du premier
vers où elle est parfaitement inutile, tandis que l'audace et la gaîtéy for-
ment un tout compacte et isolé; en sorte qu'il ne reste au verbe que le
plaisir, qui accapare ainsi à lui seul tous les attributs, ce qui n'est nulle-
ment légal. Qu'on y réfléchisse bien. N'ai-je pas raison ? Je m'en rapporte
à M. Victor Hugo, le seul homme vraiment compétent en ces matières ;
car , comme il le dit lui même , sous un grand écrivain il y a un grand
grammairien.
Nous avons dit qu'on met une virgule avant le verbe . après une
I
DES SIGMES DE PO.NCTUATR» . 259
énuiuératioD de sujets, quand celui qui parle ou écrit a intention de
lier le verbe à tous les sujets ensemble , et non pas seulement au
dernier.
Mais autre chose est quand l'accord du verbe se fait avec le der-
nier seul des substantifs qui le précèdent, soit parce qu'il con-
tient , parce qu'il résume en lui tous les autres sujets , soit parce que
l'idée exprimée par le verbe ne convient à chacun d'eux que sépa-
rément, dislribulivement, et non pas à tous collectivement. Alors il
faut bien se garder de produire la virgule.
La douceur , la bonté du grand Henri a été célébrée de mille
louanges. (Pélisson.)
Le texte porte une virgule, mais bien à tort.
Louis, son fils, l'Etat , l'Europe est dans vos mains.
( VoLTAIBE. )
Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. (Boileau.)
Un seul mot , un soupir , un coup d'oeil nous trahit. (Voltaire.)
11 ne faut aux princes et aux grands ni efforts ni étude pour se
concilier les cœurs. Une' parole, un sourire gracieux , un seul re-
gard suffit. (D'Aguesseau. )
Dans ces sortes de phrases, il y a ellipse du verbe après chaque
sujet. C'est comme si l'on disail : Une parole suffit, un sourire suf-
fit, un regard suffit.
Tout rang , tout sexe , TOUT AGE doit aspirer au bonheur.
(Voltaire. )
Le texte porte une virgule après âge ; c'est une faute.
Que maudit soit ton champ, ton pavillon , ton lit!
( Chateaubriand. )
Dans les exemples suivants, le dernier sujet fait de même oublier
le premier, et l'exclut en quelque sorte du corps de la proposi-
tion.
La douceur, les soupirs de cette femme inforlunée ne purent lo
fléchir. (Waillv.)
Quel bruit , quels chaints d'hvmein ont l'rappé mon oruillc !
( LoNtlEPIKKRK. )
2(j0 OUAMMAIKE FllAiNÇAISE.
La récapitulation mentale dont nous avons parlé plus haut es>l
souvent exprimée par quelqu'un des mots , tout, rien, etc.
Hichesse, honneurs, pouvoir, sceptre, couronne, autel.
Tout cela , c'est la terre , et l'amour , c'est le ciel.
( L. N. Amertumes et Consolations.)
Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre.
(La Fontaine. )
Sa tendresse pour moi , l'intérêt de sa gloire.
Sa vertu , tout enfin me défend de le croire. (Cornf.ili.b, )
Tout parlera pour vous, le dépit, la vengeance ,
L'absence de Titus , le temps, votre présence.
Trois sceptres que son bras ne peut seul soutenir ,
Vos deux Etats voisins qui cherchent à s'unir. ( Racine.)
Tout vous prenait aux yeux a la fois , le pignon taille, la toiture
aiguë, la tourelle suspendue aux angles des murs, la pyramide de
pierre du onzième siècle, r obélisque d' ardoise du quinzième, la tour
ronde et nue du donjon, la tour carrée et brodée de l'église, le grand,
le petit, le massif, l'aérien. (VictorHugo.)
Le roi , l'âne , ou moi, nous mourrons. (La Fontaine.)
Selon la forme qu'on emploie , il peut y avoir ellipse du verbe
après le sujet , comme dans la phrase suivante :
Il n'y a rien de plus propre a l'homme que la religion, l'honneur,
et la vertu.
Ces mots , La religion, l'honneur , la vertu , sont les sujets d'un
verbe sous-entendu. C'est comme s'il y avait : Rien n'est propre à
l'homme comme la religion, l'honneur, la vertu lui sont propres.
2» Plusieurs attributs se rapportant au même sujet :
Les Tyriens sont insdustrieux, patients, laborieux.
{ FÉNÉLOiX. )
La charité est patiente, douce, bienfaisante.
Elle était haletante , éche\>elée, effrayante à voir, et elle avait dans
ses yeux un feu qui séchait ses larmes.
( Victor Hugo. )
Mon amie, vous êtes si belle, si aimable , si charmante ; \ous
étiez si ravissante a voii' avant-hier, au milieu de ce petit salon où
DES SIGNES DE FONCTUATIO>'. 261
j'ai eu la joie de vous rencontrer ; il y avait quelque chose en vous
de si ineffable , de si divin , de si lumineux , que je ne reviens pas
de ma surprise, en songeant que vous me permettez de vous ap-
peler mon amie. ( L. N. )
A tout prendre , je puis bien dire que ce n'est pas de vous que
j'ai douté. Je n'ai pas cessé un instant de vous croire la plus noble,
la plus généreuse, la plus dévouée des femmes, comme vous en êtes
la plus belle et la plus aimable. ( Id.)
Il y a un tel charme dans vos paroles , une telle grâce dans vos
manières ; votre beauté dont votre modestie me défend de vous
parler a quelque chose de si pur, de si surnaturel, de si céleste, de
si angélique; VOUS êtes enfin une créature si ravissante, si délici-
euse, que votre image ne me quitte plus. {Id.)
Indépendamment de ces deux rues principales , diamétrales, per-
çant Paris de part en part dans sa largeur , communes à la capi-
tale entière , la Ville et l'Université avaient chacune leur grande
rue particulière. (Victor Hugo.)
L'Université faisait un bloc a l'œil. D'un bout a l'autre c'était un
tout homogène et compacte. Ces mille toits drus, anguleux, adhé-
rents, composés presque tous du même élément géo})iétrique ,(yï[\:d\eTii ,
vus de haut, l'aspect d'une cristallisation de la même substance.
(W.)
Seulement ici cette tour était la flèche la plus hardie, la plus
ouvrée, la plus menuisée , la plus déchiquetée , qui ait jamais laisse
voir le ciel à travers son cône de dentelle. ( Id. )
Le texte ne porte point de virgule entre le dernier adjectif et le pronom
qui. C'est «ne faute réelle , ce pronom ne pouvant se lier avec un adjectil'
isolé , ne pouvant se rapporter qu'à un snbstantiP.
Le plus charmant trésor de toute l;i nature
Est une femme belle, aimable, douce, et pure.
( L. N. Fleurs du Danube.)
Nous avons dit pourquoi il faut une virgule avant la conjonction qui
précède le dernier terme d'une énumératioa quelconque.
11 parlait d'un ton bref, serré, et impérieux. (Frédéric Soulié.)
Le texte porte réellcuKiil une virgule avant la cuuiduotiou. Fuurtani
202 (IKAMMAIUE rUAiNÇAlSK.
cela est imprimé dans le Journal des Débais. J 'espère que voilà une autorité !
Toutefois il se peut que deux adjectifs aient un tel rapport d'at-
traction l'un vers l'autre , une telle tendance à ne faire qu'un, qu'il
est bon de les joindre totalement au moyen de la conjonction et.
Ce maraud , qui a fait cette terrible fortune , n'a guère dans le
cœur qu'une honnête passion, une vive tendresse pour sa fille uni-
que Adolphine , petite personne bien emparlée , coquette et rieuse,
et qui conclut assez facilement dès qu'il s'agit de mariage.
(Jules Janin.)
S'il n'existait pas entre coquette et rieuse une liaison si intime , la con-
jonction serait une faute; d'autant plus que l'énumération des qualités
d'Adolphine n'est pas finie là.
Si vous la connaissiez , la vierge au front candide ,
Celle dont le cœur fut toujours pur et splendide.
Et plein d'un chaste amour, (L. N. Amert. et Consol. )
Ainsi soyez pour moi une amie , une sœur; je ne demande pas
davantage. (L. N.)
Vous me demandez ce que je voudrais encore! Oh ! mon ambi-
tion n'est guère bornée ! Ce que je voudrais , c'est d'être roi, génie,
empereur, archange, pour vous mettre un plus grand esclave sous
les pieds, pour vous faire reine, impératrice , pour vous créer un
ciel que je partagerais avec vous ! ( Id. )
Aimer, enfin, c'est être tout douceur, tout humilité , tout res-
pect, tout pardon , tout miséricorde , tout patience, tout résigna-
tion, tout zèle, ET tout dénouement. (Id, Le Livre de Tous, )
La virgule qui précède la conjonction suppose une ellipse. C'est comme
s'il y avait , tout cela et encore tout dévouement.
Est-il nécessaire d'ajouter que, si de deux adjectifs consécutifs
l'un adhère tellement au substantif qu'il forme avec lui une sorte
de nom composé, une locution indivisible, il ne faut point les sépa-
rer par la virgule ? Un beau jeune homme. Un parfait honnête
homme. Un brave gentil homme. Une gomme élastique excellente.
Des médecins soutiennent que les eaux minérales artificielles sont
plus efficaces que les eaux minérales naturelles-
3" Plusieurs verbes se rapportant au même sujet :
DES SIGiNES DE PONCTUATfOiN. H)~>
Heureux le sage roi qui connaît sa faiblesse ,
Et qui, laissant ilécliir sa douce auti>nté,
Cherche, accueille, encourage, entend la vérité. ( Chénier.)
Vicieux," pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit , quitta, reprit la cuirasse et la haire.
Dans ces exemples, il y a ellipse du régime après chaque verbe.
Le prisme de la douleur décolore, enlaidit tout ce que le prisme
de la joie avait embelli, brillante.
H alla daus cette caverne, tromui des instruments , abattit les
peupliers, et mit en un seul jour un vaisseau en état de voguer.
(FÉNÉLON. )
Femmes , moines , vieillards , tout était descendu ;
L'équipage suait, soufflait , était rendu. ( La Fontaine. )
Il y avait grand vacarme de blanchisseuses ; elles criaient , par-
laient, chantaient du matin au soir. (Victor Hugo. )
Les ievavae?! parlent en se taisant, accordent en refusant.
4» Plusieurs compléments ou régimes d'un même mot,
quand ils sont de la même nature, et qu'ils ne traînent
après eux aucun appendice, aucun prolongement, aucune
surcharge, c'est à dire , aucune proposition incidente-, ce
qui nécessiterait l'assistance du point-virgule.
Il sait régler ses goûts, ses travaux, ses plaisirs. (Voltaire.)
Se recommander d'aïeux dont le nom se perd dans les ténèbres
du passé , c'est invoquer des ombres, des chimères, le néant.
La religion chrétienne prêchant a des peuples esclaves et mal-
heureux la charité , la pauvreté , la vie à venir , dut être accueillie
par eux avec enthousiasme. ( Cité par Boiste. )
Le texte porte une virgule entre malheureux et la charité; mais cette vir-
gule est une maille rompue dans le tissu de la phrase, càr elle fait supposer,
au premier abord, que la charité, loin d'être un régime, est un nouveau
sujet ajouté au premier.
C'est folie que de proscrire une opinion, un sentiment; il faut les
faire naître.
Toutes les faveurs de la fortune valent-elles un baiser, un sou-
rire, un regard de la femme qu'on aimn? (L. N. FI. du Banube. )
20i GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Il avait votre port , vos yeux, votre langage. ( UtCÉNB. )
Qiiinconque est riche est tout ; sans sagesse, il est sage ;
Il a, sans rien savoir, la science en partage ;
Il a l'esprit, le cœur, le mérite, le rang ,
La valeur, la vertu, la dignité, le sang. ( Boilkau. )
L'Académie française, disait Voltaire, est un corps où l'on re-
çoit des gens titrés, des hommes en place , des prélats , des gens de
robe, des médecins^ des géomètres^ et même des gens de lettres.
Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame ,
Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois , les ombrages charmants ,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants ,
Le sentier qui finit où le chemin commence ,
Et l'air, et le printemps, et l'horizon immense.
L'horizon que ce monde attache , humble et joyeux ,
Comme une lèvre au bas de la robe des deux ! (VicToa IIdgo.)
Oui , ce qui sortira , par sanglots, par éclairs ,
Comme l'eau du glacier , comme le vent des mers ,
Comme le jour à flots des urnes de l'aurore ,
Ce qu'on verra jaillir, et puis jaillir encore,
Du clocher toujours droit, du front toujours debout ,
Ce sera l'harmonie immense qui dit tout !
Tout , les soupirs du cœur, les élans de la foule.
Le cri de ce qui monte et de ce qui s'écroule ,
Le discours de chaque homme à chaque passion ,
L'adieu qu'en s'en allant chante l'illusion ,
L'espoir éteint , la barque échouée à la grève ,
La femme qui regrette et la vierge qui rêve,
La vertu qui se fait de ce que le malheur
A de plus douloureux, hélas ! et de meilleur ,
L'autel enveloppé d'encens et de fidèles ,
Les mères retenant les enfants auprès d'elles ,
La nuit qui chaque soir fait taire l'univers (1)
Et ne laisse ici-bas de parole qu'aux mers ,
Les couchants flamboyants , les aubes éloilées ,
Les heures de soleil et de lune mêlées.
Et les monts et les flots proclamant à ta fois
Ce grand nom qu'on retrouve au fond de chaque voix,
(1) D'après la règle, il faudrait une virgule au bout de ce vers; mais il
est bon d'éviter les rompliralions , quand la clarté n'a pas à en souflrir.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 2(53
El l'hymne inexpliqué ^ui, parmi des bruits d'ailes,
P^a de l'aire de t'aigh au nid des hirondelles ,
Et ce cercle dont l'homme a sitôt fait te tour ,
L'innocence, ta foi, ta prière, l'amour,
El l'éternel reflet de lumière et de flamme
Que l'âme verse au monde et que Dieu verse à l'âme. (Idem.)
Ce n'est point la virgule, c'est le point-virgule que le poète emploie ici,
pour distinguer les parties de cette magnifique énumération ; mais (que le
poète nous pardonne notre hardiesse) le point-virgule rompt ici en tout
sens le tissu de sa phrase , il entrave la marche de sa période, il empêche
ce flot sublime, émané d'une source divine, de couler avec la liberté , avec
la rapidité nécessaire. Là où la virgule est suffîsante, dit M. Wey , il ne
faut point la coiffer d'un point inutile. 11 est assez de cas , en effet, oîi le
point-virgule est indispensable, sans qu'on lui permette encore d'em[)ié(er
sur les fonctions de la virgule.
La diarité consiste a aimer ceux mêmes qu'on aurait les plus
grandes raisons de haïr, ses emneux, ses détracteurs , ses persécu-
teurs j ses bourreaux, tous les hommes^ grands ou petits , pauvres
ou riches, beaux ou contrefaits ^ aimables ou repoussants ^ tous les
hommes, étrangers et concitoyens , juif s et chrétiens^ protestants et
catholiques j amis et ennemis.
(L. N. Le Livre de Tous.)
Quelques masures verdàlres , penchées sur l'eau devant ces
sompttieux hôtels , n'empêchaient pas de voir les beaux an-
gles de leurs façades , leurs larges fenêtres carrées à croisées de
pierre , leurs porches ogives (\ ) surchargés de statues , les vives ar-
rêtes de leurs murs toujours nettement coupés , et tous ces char-
mants hasards d'architecture qui font que Vart gothique a Vair de
recommencer ses combinaisons à chaque moment. (Victor Hugo.)
Pour le spectateur qui arrivait essoufflé sur ce faîte, c'était d'a-
bord un éblouissement de toits, de cheminées , de rues, de ponts, de
places, de flèches, de clochers. (Id. )
Les idées de la justice, de l'ordre , et de la toute-puissance, ne
peuvent se disjoindre.
Mais, hélas ! voici soudain venir la réalité, qui coupe cours ;i nos
(1) Dans le texte, porches ogives est écrit avec un trait d'imion , mais à
tort.
1. H. 04
2G6 GUAMMAIRE FRANÇAISE.
espérances, el nous atlèle de nouveau au joug de la paim-eté ^ de
r humiliation, et de la douleur. (L. N. Le Lii've de Tous.)
Laissons a la philosophie le mérite de l' indépendance, le goût du
changement , P honneur de la lutte , les périls et l'attrait de la per-
fectibilité. (CUVILMER FlEDRY.)
Les périls et l'atlratl sont inséparables, puisqu'ils ont pour complément
commun de la perfectibilité.
Le penseur, en ce siècle, peut avoir aussi sa foi sainte, sa foi
utile , et croire , je le répèle , à la patrie , à Vintelligence , à la
poésie , à la liberté. ( ViGTOR HuGO, )
Une vie sans plaisirs , sans douleurs , sans orages , est une vie
bien monotone.
Hereuse l'âme chrétienne qui sait se réjouir sans dissipation, s'at-
trister sans abattement , désirer sans inquiétude , acquérir sans in-
justice, posséder sans orgueil , et perdre sans douleur.
(Fléchier.)
L'honneur , la probité , le sens , et la raison ,
Demandent qu'on s'applique avec attention
A remplir ses devoirs, à ne nuire à personne. ( Voltaihe. )
La religion nous apprend à obéir aux puissants, à respecter nos
maîtres, à souffrir nos égaux , ù être affable envers nos inférieurs ,
à aimer tous les hommes comme nous-mêmes . (Massillon. )
Je connais quelqu'un qui loue sans estimer, qui décidé sans con-
naître , qui contredit sans avoir d opinion , qui parle sans penser, et
qui s'occupe sans rien faire. (La Bruyère.)
Souvent les compléments contiennent toute une proposition :
Je crois qu^elle ne pense plus du tout à moi , qu'elle m'a tout à
fait oublié.
Vous voulez que je vous fuie , que je lyoJis évite . que je ne vous
aime plus? Hélas! cela n'est plus possible.
Les grands semblent ne pas croire qu'ils sont des hommes comme,
nous, qu'ils mourront comme nous, qu'ils se trouveront un jour
face a face avec leur juge. ( L. N. Le Livre de Tous.)
DES SIGNES DE l»OiNCTLIATl(>N. 267
Nous dirons (jue fîle était à réoêque, la n've droite au préiiùt, la
rii>e gauche au recteur. (Victor Hugo. )
C'est coiuine s'il y avait : Nous dirons que Vile était à l'évêque,
que la rive droite était au prévôt, que la rive gauche était au rec-
teur .
On lit dans MM. Noël et Chapsal et dans Girault Diivivier :
a La virgule n'a pas lieu (locution au moins singulière , comme le remai-
aque M. Wey) entre deux parties semblables d'une même proposition ,
"quand ces parties sont unies par une des conjonctions kt, ou, ni, et
Bija'elles n'excèdent pas ensemble la portée delà respiration. Exemples : Un
■0 style toujours noble m rapide distingue les écrits de Bossuel. — Il parle de ce
s qu'il ne sait pas ou de ce qu'il sait mal. — Ni l'or ni la grandeur ne nous ren-
adent heureux.
» Mais si les deux parties semblables, réunies parla conjonction, ont
«une certaine étendue qui empêche qu'on ne puisse aisément les prononcer
• de suite sans respirer, alors nonobstant la conjonction , qui marque la di-
aversité , il faut faire usage de la virgule, pour indiquer la pause. C'est le
» besoin seul de respirer qui fait ici la loi (qui fait ici loi serait mieux).
Exemple :
« Tout rucoiiuaît ses lois , oh brigue son appui. »
" Admirez l'à-propos de ces exemples! voici un lecteur phthisiquc inca-
pable de dire tout d'une haleine : Tout reconnaît ses lois ou brigue son appui,
et qui néanmoins articulera sans se reprendre : Un style toujours noble et
rapide distinf^ue les écrits de Bossuet. »
Cette observation de M. Wey, très-piquante de vérité, comme dit
Sainte-Beuve , sera goûtée de tout le monde comme de nous.
Certes ce n'est pas le besoin de respirer qui nécessite la virgule entre
ces deux hémistiches :
Tout rcconiiaU ses lois ^ou brigue son appui.
L'acteur ou l'orateur qui ne pourrait articuler ce vers sans s'arrêter serait
bien près de son apothéose, c'est à dire, de sa dernière heure ; d'autant plus
que la césure peut venir en aide à sa voix.
Non , messieurs les grammairiens , la conjonction n'a pas pour
effet d'abolir la virgule là où le besoin de respirer ne la réclame
pas. Nous avons déjà dit que le besoin de respirer n'est pour rien
dans la ponctuation , tout entière soumise aux exigences du style,
et uniquement destinée à marquer les joints des idées, les rapports
plus ou moins éloignés quelles ont entre elles, â dessiuer claire-
ment toutes les nuances de la pensée , de peur qu'elles ne se me-
2()8 GRAMMAIRE FltANÇAISE.
lent et ne se confoinlenl , el à les faire saillir fortement aux yeux
de l'esprit comme les figures et les arabesques d'une mosaïque.
Reprenons la règle des grammairiens : « La virgule n'a pas lieu
entre deux parties semblables d'une même proposition , quand ces
parties sont unies par %ine des conjonctions et, ni, ou. Cela doit-il
s'entendre de deux parties , lorsquil n'y en a pas un plus grand
nombre, ou de deux parties au milieu même d'un plus grand nom-
bre? Ce dernier cas est à supposer puisqu'ils écrivent sans virgule ,
La charité est douce, patiente et bienfaisante; Im richesse, i,e
PLAISIR et la SANTÉ DEVIENNENT dcs maux pour qui ne sait pas en
user.
Nous avons dit plus haut : ce qu'il faut en penser.
Les exemples suivants confirment notre opinion ou plutôt notre
jugement; car il s'agit d'une chose jugée.
Une coquette est un vrai monstre à fuir;
Mais une femme, et tendre, et belle, et sage,
De la nature est le plus digne ouvrage. ( Voltaibk. )
C'est qu'on ne peut pas dire, en effet, que les adjectifs tendre, belle, sage,
dans cet exemple, soient liés, soient unis, soient conjoints (1) et comme
soudés ensemble par la particule eï, de manière que la viiguie ne puisse
adroitement se glisser entre eux. Cette particule n'est ici, disent les
grammairiens, que pour donner' plus de poids à l'énumération. Certes,
ils ne croient pas si bien dire , car je ne sache pas , en effet , un procédé
plus lourd qne de répéter ainsi la conjonction sans nécessité. Je ne crois
pas que M. Victor Hugo ait jamais commencé une énumération avec le
mot et. C'est que le vers de Victor Hugo n'offre aucun vide aux chevilles.
Je l'ai vu »j'ai goûté ce délice ineffable.
Et tel qu'il n'est au ciel rien de plus désiiable ;
J'en ai repu mes yeux , et mon âme, et mon cœur.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Un et de plus avant le premier régime , dans le dernier vers, pourrait
bien ajouter du poids à ce vers, mais je doute qu'il y ajoutât delà force.
La particule ni ne lie pas davantage les parlies d'une énuméra-
tion; elle ne fait que les associer chacune individuellement à la
négation qui accompagne le verbe :
Ni ma santé. NI mes goûts , NI mes traç>aux , ne me permettent
<le quitter ma douce velialte. (Voltaire. )
(1) Si le verbe soient n'était répété devant chaque participe , il faudrait
ici une virgule.
DES SIGNES DE l'ONCT LATIOA. 2G9
Si Ton ne lenail à nier plus énergiqiiement en l'aisant p;u ticipri chaquu
snjet à la négation contenue dans la phrase, on pourrait dire : Ma santé,
mes goûts , mes travaux, ne me permettent pas , etc.
Antres exemples :
Ni sa jeunesse , Ni les charmes de Calypso et de ses nymphes ,
NI les traits enflammés de P amour , n'ont pu surmonter les arti-
fices de Minerve. ( Fésélon. )
Ni la bienfaisance, îvi F humanité , Ni son de^mr , ne lui permet-
taient de venir faire a sa sœur une telle insulte. ( Marmontel. )
Rien n'est constant dans le monde, ni les fortunes les plus flo-
rissantes , NI les amitiés les plus im>es , ni les réputations les plus
brillantes, ni les faveurs les plus en\>iées. (Massillon. )
La religion commande des cboses difficiles, mais elle n'est Ni
affreuse, m farouche , ni cruelle. (Benserade.)
Je ne veux , ni ne dois , rj ne puis obéir. ( Mabmohtkl.)
Quels seront nos trans-ports a la vue de cet immense Océan , qui
ne connaît m fond, ni terme, ni rivage! (P. du Rivet.)
Je n'ai rien de ce qui fait le bonheur des hommes, ni la fortune,
NI la gloire , ni P amour.
Lequel est le plus grand, d'Alexandre, ou de César , ou de Na-
poléon f
Soit bonté, OV faiblesse, ou tout autre motif.
Retenez bien une chose , messsieurs les grammairiens et mes-
sieurs mes lecteurs , bourgeois et hobereaux , c'est que les conjonc-
tions et, ni, ou, ne peuvent mettre en contact réel que deux sujets,
deux attributs, deux régimes, deux verbes ayant le même sujet et
le même régime et fous deux affirmatifs ou négatifs, jamais un plus
graud nombre; c'est à dire que, dès qu'il y en a plus de dcux,^ ou
les sépare par des virgules. Exemples :
Le malheur et l'injustice aigrissent les meilleurs caractères.
V ambition ET t avarice des hommes sont les seules sources de
leurs malheurs. (Fénélon.)
L'irrésolution craintive sm rêveuse rampe derrière la paresse qui
liaîne r impuissance et la pauvreté, (Siiakesi'EAKE. I
270 (Jlt.VMMAIKE lUAAÇUSE,
(je pi'ioce ainuiit Eijaoon'sdit les lettres.
Tout ce que j'aperçois me charme bt m'intéresse. (La Harpe.)
Le texte porte une virgule, mais bien à tort. Est-ce encore le besoin de
respirer qui la nécessite .-* Grâce à mes lourds et pénibles travaux , j'ai la
poitrine assez faible et l'haleine assez courte. Néanmoins , je suis encore
en état de prononcer ce vers d'un bout à l'autre sans m'arrêter.
Le bonlieur est égal entre le prince qui troiaie son homme El
r homme qui trouoe son prince. ( François I^r. )
Le texte porte une virgule avant la conjonction et; c'est une faute.
Le soleil m la mort ne se peuvent regarder fixement.
( La Rochefoucauld. )
Ni l'âge MI l'expérience
Ne peuvent corriger nos mœurs. (Le Bailly. }
/V;' le bonheur m le mérite seul ne font l'élévation des hommes.
(VAmENARGUES.)
Dans le texte , les deux sujets de celte proposition sont isolés l'un de
l'autre, ainsi que du verbe, par des virgules. Cela ne nous paraît pas plus
logique qu'il ne faut.
On n'est jamais ni si heureux ki si malheureux qu'on se l'ima-
gine. ( La Rochefoucauld. )
C'est le sort des choses humaines de n'être ni stables m perma-
nentes. (Vaugelas.)
Quelques-uns pourraient être tentés de mettre une virgule après C'est le
sort des choses humaines. Il faut bien qu'ils s'en gardent , car, dans ces
sortes de phrases particulières à la langue française, la particule de n'est là
justement que pour mettre le verbe en contact avec ce qui le précède.
L'analyse de cette phrase peut se faire ainsi : Cela , c'est à dire, la chose,
lu propriété de n'être ni stables ni permanentes est Icsort deschoses humaines.
11 ne faut être ni aoaj-e m prodigue.
C'est parce que les animaux ne peuvent joindre ensemble au-
cune idée qu'ils ne pensent ni ne parlent; c'est pour la même rai-
raison qu'ils nimwntent m ne perfectionnent rien. ( BUFFON.)
Celui qui aime véritablement ne craint ni le fer ni le feu.
(L. N. Le Livre de Tous. )
Nous sommes si pou tails pour être heureux ici-bas, qu'il faut
DES SIGNES DE ^0\CTIJATI()> . 271
nécessairement que Vâme ou /(• courps sonffre, quand ils ne souf-
frent pas tous deux. (J. J. Rousseau.)
Selon que vous serez puissant ou misérable ,
Les jugements de cour vous rendront blaiic ou noir.
( La Fontaine. )
Selon qu'(7 vous menace ou bie« qu'il vous caresse ,
La cour autour de vous ou s'éloigne or s'empresse. ( Racinf. )
Ayez moins de frayeur ou moins de modestie. ( Id. )
Avec moi , de ce pas , venez vaincre ou mourir. (Boileau.)
Elle doit épouser , non pas vous, non pas moi,
Mais de vous ou de moi quiconque sera roi. ( Corneille. )
Le texte porte un point-virgule au bout du premier vers ; comment cela
peut-il être? La virgule qui suit le verbe épouser s'ex|)lique par l'analyse
suivante : elle doit épouser quelqu'un. Qui? Non pas vous, no7i pas moi,
mais, etc.
Qui de toiov de moi a le plus gagné a ce changement de posi-
tion? (La Bruyèi\e.)
Lequel est le plus heureux dès ce monde, du sage iwec sa raisan
ou du dè^ot ûi'cc son délire .^ ^,
Us combattaient pour savoir de qui ils seraient esclaves, ou
d'Octave ou d'yhiioine. (J. J. Rousseau. )
Lequel des deux a tort , ou celui qui cesse d'aimer ou celui c/ui
cesse de plaire F
Souvent les parties semblables d'une proposition sont liées deux
à deux par la conjonction , comme dans ces exemples :
Le beau temps et ta pluie, et le froid et le chaud , ,
Sont des fonds qu'avec elle on épuise bientôt. ( Molière. )
N'oubliez pas qu'ici la virgule est nécessaire avant le verbe, si l'on ne
veut pas que l'atlribut se rapporte plutôt aux deux derniers sujets qu'aux
deux premiers , si l'on ne veut pas infecter jusqu'à la grammaire de l'hor-
rible partialité qui distinguo le Journal des Débats.
Rien n'échappe a la vue de la Pythie, ni le premier jour du
monde ni le dernier , ni f étendue de l'()cé<ni M le moindre de sr.s
grains de sahle.
272 GRAMMAIKE FKAKÇAISE.
La fortune, soit bonne ov mauvaise , soit passagère ov constante,
ne peut rien sur l'âme de celui qui aime.
Dans ces exemples, les termes mis en contact s'opposent l'un à
l'autre , et c'est ce rapport d'opposition qu'il fallait exprimer par
une liaison plus intime entre eux , en les détachant par groupes du
corps de la proposition, au moyen de la virgule.
Hors ces cas, retenez bien que les conjonctions et, ni, ou, sont
toujours précédées d'une virgule , quand elles ne le sont pas d'un
point et d'une virgule.
11 se releva , et gagna le bord de l'eau. (Victor Hugo. )
La virgule se montre ici parce qu'il y a deux propositions dis-
tinctes. Dans la seconde il y a ellipse du sujet, voilà tout. Or,
comme on le verra plus tard, deux propositions distinctes, soit
pleines, soit elliptiques , doivent être séparées par la ponctuation ,
quel que soit le terme qui les lie l'une à l'autre. De là la virgule
aussi dans les exemples suivants :
Je plie, et ne romps pas. ( La Fontaine. )
C'est comme s'il y avait : Je plie , mais Je ne romps pas. Grâce à la né-
gation que contient la seconde proposition, et a ici la force adversative de
7na(5. Comment donc les grammairiens ont-Ils osé supprimer la virgule ?
C'est une vraie race de Titans que ces grammairiens. Ils finiront par esca-
lader le ciel.
Tout reconnaît ses lois, ou brigue son appui. ( Boileau. )
Si l'on ne peut aller jusqu'au bout de ce vers sans respirer, comment
fera-t-on pour lire tout d'une haleine cette phrase extraite du Journal des
Débats? o La réponse de M. Ouizol signifie qu'il y a déjà entre tes ministres
de France et d'Angleterre une entente pour le sacrifice du droit de visite et son
remplacement par quelqu'un des moyens que lord Aberdecn qualifie de non dé-
couverts. »
Le moyen pourtant d'insérer là la moindre virgule? 11 est vrai qu'on
pourrait nous objecter que le style du Journal des Débats est d'une élé-
gance contestable.
Grand roi , cesse de vaincre, ovje cesse d'écrire.
Est-ce encore par égard pour ma courte haleine que l'on a introduit une
virgule au milieu de ce vers? S'il en est ainsi, je leur en suis bien reconnais-
sant. Mais qui oserait soutenir l'affirmative? Personne, pas même le maître
d'école le plus minime, que dis-je? pas même Les Débats. Il est vrai qne
Les Débals a l'Iialcinp plus longue que la vue.
DES SIGNES Dï: PONCtUATtON. 27 S
Ou signifie quelquefois autrement, d'une autre façon , en d'au-
tres termes. Alors il est toujours précédé d'une virgule. La logique,
ou la dialectique. Byzance, ou Constantinople .
Je vous ferai observer , en finissant ce paragraphe, que quelque-
fois le besoin d'éviter une équivoque justifie la présence d'une vir-
gule là môme où l'usage la proscrit ordinairement, et vice versa.
L'Homme entre deux âges, et ses deux maîtresses.
(La f'oKTAlNE.)
Sans la virgule , on serait tenté de prendre et ses deux maîtresses
pour un second complément de la préposition entre, qui n'en a
qu'un , deux âges.
Le maintien des mesures efficaces pour la répression de la traite
des noirs , et la coexistence de sentiments (1 ) loyaux et amicaux (2)
entre les deux ipay^ , fondas non sur des concessions temporaires et
vaines, mais .sur une bonne intelligence permanente et durable, doi-
vent être les grands objets. {Les Débats.)
Quels grands objets ? Mais ce n'est pas là la question. Ln ques-
tion est que, sans la virgule qui, malgré la conjonction et, sépare
les deux sujets de la proposition, on serait de môme tenté de pren-
dre la coexistence de senlimcnls pour un second sujet de la prépo-
sition pour qui n'en a qu'un , la répression de la traite des noirs.
Ce n'est pas tout : sans la virgule , les parties soulignées do 1«
phrase propres exclusivement au complément du second sujet,
de sentiments, sembleraient être communes au premier sujet lui-
même.
D'où il suit qu'il faut même faire usage de la virgule entre deux
parties semblables d'une même proposition , quand l'une est com-
pliquée d'attributs ou de compléments, d'appendices explicatifs qui
ne conviennent point à l'autre; quand, en un mot, la clarté l'exige,
la virgule n'ayant pas d'autre but que de mettre de la clarté dans
le discours.
Dans le vent qui passe , j'entends la cloche qui sonne et la mort
et la vie et le mariage , j'entends le tumulte de la danse et le choc
des éperons, etc. ( FRÉnÉiiic Soiimé. )
(1) Il va sans dire que, dans le texte, sentiments est écrit sans le t final
(lu singulier,
(2) Et les grammairiens qui ne croient pas au pluriel de cet adjorliCl
(jiraiill DuvivicT se hasarde pourtant à dire , des conseils amicnls.
274 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Si l'on séparait par des virgules ces trois régimes , el la morl et ta vie et
le mariage, on pourrait croire qu'ils appartiennent au verbe j'entends ,
tandis qu'ils sont tous trois la propriété du verbe sonne. 11 est vrai qu'en
supprimant le premier et , assez inutile selon nous, l'équivoque , ce cau-
chemar des grammairiens , rentrerait tant soit peu ici ses griffes et ses
cornes.
Du reste, je l'ai déjà dit, évitez autant que faire se peut les com-
plications inutiles j ne subdivisez pas trop les propositions inciden-
tes, quand la clarté ne l'exige pas; car M. Francis Wey a peut-être
raison lorsqu'il dit qu'on ne sait comment lire tout haut un écrit
iourmillant de virgules.
J'entends l'enfant qui pleure et la mère qui prie , el quand le
\)ent oient des habitations du grand Kesketmet et passe, pour toi ,
dans la bruyère comme un sifflement monotone, je te dirais tout ce
qu'il renferme de bruits étranges et pleins de récits.
(Frédéric Soulié. )
L'auteur a bien fait d'éviter la virgule après Kesketmet, dans la phrase
incidente, mais il a très-mal fait de n'en pas mettre une après la conjonction
et, au commencement de cette même phrase, ainsi qu'après dans la bruyère,
surtout d'en mettre une avant pour toi. Le point-virgule devait aussi rem-
placer la virgule après la mère qui prie.
Mais est-ce la faute de l'auteur î On sait combien tout ce qui s'imprime
dans Les Débats est horriblement mal ponctué et orthographié , bien que
ce journal se pose fièrement comme le seul et unique représentant des
saines doctrines politiques , religieuses, littéraires, et grammaticales.
Il est vrai que , de son côté , M. Frédéric Soulié ne se pique pas d'une
grande exactitude , lui qui dit en parlant des billets contenus dans le porte-
feuille de Sainte-Mars : Ils étaient dix , et qui fait dire à M. de Favreuse :
Tout ce détail vous semble bien mièvre et bien insignifiant ; etc. , etc.
Figurez-vous la surprise d'un étranger, lorsqu'ayant cherché dans le dic-
tionnaire de l'Académie le mot mièvre qu'il ne comprend pas et le trouvant
expliqué par ces autres mots, vif, remuant , espiègle, un peu malicieux , il
relit , pour bien s'en pénétrer , la phrase de M. de Favreuse.
Mais si je ne me taispas bientôt, voilà tousces grands docteurs du Journal
des Débats qui vont dirp , avec leur air de souverain mépris, que je ne suis
bon qu'à observer les points et les virgules.
Je n'ajoute plus qu'un mot: c'est que, du moment où les vocables
pourraient être ainsi impunément détournés de leur vrai sens et aussi
étrangement accouplés, la langue serait en grand danger de se pervertii- et
de se perdre rapidement. Qu'on y songe bien.
I>EvS SIGNES DE PONCTUATION . 2 < .»
II.
1° Quand plusieurs propositions se succèdent rapidement
pour former un tableau vif et animé , la simple virgule
suffit encore pour les séparer , si aucune d'elles n'est sub-
divisée.
On se menace, on court, l'air gênait , le fer brille. (Racike. )
A la voix de Jésus-Christ, les aveugles voient, les sourds enten-
dent , les muets parlent , les perclus marchent , les mourants se
lèvent, les morts eux-mêmes ressuscitent.
Les voila comme deux bêtes cruelles qui cherchent a se déchirer;
le feu brille dans leurs yeux , ils se raccourcissent , ils s'allongent,
ils se baissent, ils se releoent , ils s'élancent, ils sont altérés de sang.
(Cité par Boiste.)
TibuUe est sans contredit le premier des poètes erotiques ; sa
philosophie est douce , sa mélancolie est touchante , son coloris est
brillant , ses tableaux sont animés , sa sensibilité est profonde.
Celui qui rampe est écrasé^ celui qui marche la tête trop haute se
la brise, celui qui prend des détours se fourvoie; marchez droit,
sans orgueil , sans bassesse.
2« Il ne faut de même qu'une virgule entre deux pro-
positions simples qu'on oppose l'une à l'autre :
Vous étiez un troupeau, je vous fais nation. (Lamartine. )
m.
Contre l'avis de M. Francis Wey (j'en ai déjà louché un mot),
les conjonctions et, ni, on, bien que leur fonction soit en effet d'u-
nir, délier, de mettre en rapport, n'empêchent pas la virgule de
se glisser entre deux propositions, soit pleines ou elUptiques, soit
principales ou incidentes , entre deux sens distincts, quel que soit
leur peu d'étendue.
l'arler est trop facile, et c'est trop long d'écrire.
( Alfhed de Musset, )
Mit lectrice rougit , et j»; la btundalisc. (f'^' )
27(i GttAMMAlKE FJi.VNÇAISE.
Je voudrais que la loirc fûl une bombe remplie de poudre , et
j'y mettrais le feu pour m'amuser.
(Vœu philanthropique de M. Hector Berlioz. )
La jeune fille, essoufflée, s'arrêta enfin, et le peuple l'applaudit
avec amour. ( Victor Hugo. )
Inconcevable contradiction ! On méprise , on sacrifie cette pau-
vre espèce humaine , et l'on fait tout pour obtenir son admiration.
On montre bien rarement en parlant les qualités que l'on a, et
bien souvent on fait connaître celles qui nous manquent.
(Lessing.)
Si j'étais roi, et que dans quelques unes de mes villes il mourût
quelqu'un de misère, je ferais assembler tous les riches, et je les
ferais décimer , ( Idem . )
Notre pauvre nature s'arrête a la peine, et passe rapidement de-
vant le plaisir. (Juste Lipse. )
On sous-entend le sujet devant le second verl)e, dans ce dernier exemple,
ainsi que dans les suivants, \usqn^i\ Je plie et ne romps pas , inclusivement.
La chèvre leva son pied droit do devant, et frappa un coup sur
le tambour. ( Victor Hugo. )
Dzali leva son petit pied d'or, et frappa six coups sur le tam-
bour. (Idem. )
n se releva , et gagna le bord de l'eau. {Déjà cité. )
La plupart des femmes n'ont guère de principes; elles se con-
duisent par le cœur , et dépendent , pour les mœurs , les opinions,
de celui qu'elles aiment. ( La Bruyère. )
Je plie , ET ne romps pas. (Déjà cite. )
On appelle cale la partie d'un quai qui forme une pente douce
iusiju'au bord de l'eau , et qui facilite le mouvement ou le déchar-
gement des bateaux.
La chaux est un alcali qui se trouve ordinairement combiné avec
certains acides , et surtout avec l'acide carbonique.
C'est tomme s'il y avail , cl qui se trouve surtout combine avec l'acide car-
bonique. De là deux sens distincts.
C'est Dieu qui sur tun corps , uia jeune souveraine,
DES SIGNES DE PONCTUATION.
A versé la beauté comme une coupe pleine ,
Et dans mon cœur l'amour. (Victob Hugo.)
277
C'est comme s'il y avait , Et gui dans mon cœur a versé l'amour.
La Diète eiiteiidit la lecture du rapport cité plus haut , et qui
contenait ces mots , etc. (Inouïs Blanc. )
11 faut mettre un temps entre la vie et la mort, et choisir un lieu
propre a le passer. ( St-Évremont. )
Je quittai le salon en souhaitant qu'un aérolithe grand comme
une montagne pût tomber sur le palais de l'ambassadeur, et l'écra-
ser avec tout ce qu'il contenait. ( Hector Berlioz. )
Le juge doit avoir le livre do la loi a la main , et son esprit dans
le cœur. (F. Bacon.)
Je vous souhaite de réussir dans toutes vos entreprises , et de
nous revenir un jour comblé de gloire et d'honneurs.
On l'accusait d'avoir eu des intelligences avec les ennemis, et
d'être la première cause de ce désastre.
Je le blâme d'avoir fait telle chose , et négligé telle autre.
C'est une chose monstrueuse que d'être élevé au plus hautposte,
ET d'avoir l'âme la plus basse du monde. ( Saint Bernard. )
L'Europe est entrecoupée par des mers intérieures, et arrosée
par un grand nombre de fleuves et de rivières , qui adoucissent
partout le climat, et entretiennent une humidité utile a la végéta-
lion.
L'Europe est la plus petite partie du monde, mais elle est la plus
civilisée , et proportionnellement la plus peuplée.
Ce monde-ci n'est qu'une loterie ,
De biens , de rangs, de dignités, de droits ,
Brigués sans titre , et répandus sans choix. ( Voltaire. )
Madame, oubliez-vous
Que Thésée est mon père, et qu'il est votre époux ? (Racine.)
Quant a Louis Bonaparte , il fut décidé qu'on ne le jugerait pas,
l>lnsieurs pairs de France, anciens serviteurs de l'Empire, s'élant
récusés d\mincc , ET fe jury paraissant à des hommes qui s'cs-
278 GIUMMAIKE FUANÇAISE.
sayaient à la inuiiarchie une magistrature trop subalterne pour pro-
noncer sur le sort d'un prince. ( Louis Blanc. )
Le texte porte une virgule après monarchie ; l'auteur nous pardonnera de
l'avoir supprimée.
Artaxerxe était nommé Longuemain, parce que les bras lui tom-
baient jusqu'aux genoux, ET non à cause qu'il avait une main plus
longue que l'autie. (La Bruyère. )
Jamais pêcheur ne demanda un pardon plus humble, ni ne s'en
crut plus indigne. (Bossuet. )
C'est comme s'il y avait , et jamais il ne s'en crut plus indigne. Au con-
traire , dans l'exemple suivant, où le régime est commun aux deux verbes,
la virgule serait une faute : Son grand cœur ne s'aigrit wi ne s'emporte contre
elle. Le texte porte pourtant une virgule.
Je ne crois pas qu'il vienne, ni même qu'il pense à venir.
(Académie. )
C'est comme s'il y avait , je ne crois pas qu'il vienne, et je ne crois môme
pas qu'il pense à venir.
Nul n'est content de sa fortune , ni mécontent de son esprit.
( Cité par MM. JSoel et Chapsal. )
C'est comme s'il y avait , et nul n'est mécontent de son esprit. Ces mes-
sieurs trouvent que a les parties unies par ni ont trop d'étendue pour qu'on
puisse faire une pause après fortune. «On voit bien qu'ils n'avaient pas en-
core lu le discours de Sainte-Beuve à l'Académie Française. Ce qu'il y a
de plus plaisant, c'est que le précepte relatif à l'exemple que nous venons de
citer , long de trois lignes, n'offre pas une seule virgule.
Ceux-ci n'en sont pas , ni ceux-là non plus. (Académie.)
Grand roi , cesse de vaincre , ou je cesse d'écrire. (Déjà cité.)
Que vouliez-vous qu'il fît contre trois? — Qu'il mourût ,
Oo qu'un beau désespoir alors le secourût. (Cohneille.)
Tout reconnaît ses lois , od brigue son appui. (Déjà cite. )
Dans nn objet aimé qu'est-ce donc que l'on aime ?
Est-ce du taffetas , ou du papier gommé ?
C'est comme s'il y avait , ou est-ce du papier gommé ? Les deux hémi
sticbes du premier vers dépendent trop l'un de l'autre, pour ne pas re-
pousser la virgule quOn a mise enire eux,
Pans tous Ict exemples que nous venons de (ilcr Ja virgule esta
DES SIGNES DE PONCTUATION. 279
peu près indispensable , qaoi qu'en dise M. Francis Wey, qui Irouve
très-ridicule que vous déliiez avec la virgule ce que vous liez avec
la conjonction. Toutefois, je l'ai déjà dit, dans les phrases inci-
dentes, il faut éviter les complications, autant qu'on peut le faire
sans nuire à la clarté.
Vous, qui buvez l'absinlhe kt répandez le miel.
Vous tous , enfants de l'ait, venez , troupe choisie,
Venez sécher votre aile au vent de poésie ,
Et prendre de nouveau votre essor vers le ciell
( L. N. Amertumes et Consolations, )
La France, depuis longtemps désolée par ses dissensions Wi presque
conquise par les armes anglaises , semblait toucher a sa ruine
entière. (Loriquet.)
Le texte porte une virgule après dissensions.
A peine fiîmes-nous seuls, qu'elle parcourut ma chambre des
regards et qu'elle me dit. ( Frédéric Soulié. )
De même , quand des deux parties liées par la conjonction la se-
conde n'offre pas un sens très-distinct du sens de la première et
n'est ajoutée à celle-ci que par surabondance, comme une sorte de
corollaire, pour la fortifier ou l'embellir; ou que du moins elle en
est la conséquence naturelle , alors on peut se dispenser de la vir-
gule. Exemples :
Vous voulez que Je fuie et que je vous évite. ( Racine.)
Ces deux expressions ne représentent guère qu'une seule et même idée.
De là l'absence de la virgule, suffisamment suppléée ici par la conjonclion.
Je crus que mes adversaires étaient entrés l'épée nue à la main
ET avaient porté la terreur dans l'âme de mon hôtesse.
(Frédéric Soulié.)
La proposition qui suit la conjonction et reste unie à celle qui précède,
parce qu'elle en est la conséquence naturelle et ne fait que la compléter.
Tels sont encore les exemples suivants:
Il est malheureux parce qu'il vous aime et qu'il ne peut vivre sans
vous.
Je vous souhaite de faire fortune ET d'être heureux.
M. Berlioz n'a tué personne et n'a mis le feu à aucun palais ,
mais peu s'en faut. (Cuvilliek Fleuhv. )
280 OnAMMAlRE FRANÇAISE.
Dans l'article de M. Cuvillicr Flcury , celte phrase vient à la suite de
celle-ci : Le Jour où l'ambition allume cette fièvre clans le sang et exalte celte
folie dans le cerveau , ce jour-là on met le feu , comme Alexandre le macédo-
nien , au palais de cèdre de PersèpoUs , ex on tue Clytus. Pourquoi la virgule
entre les deux propositions qui rappèlent l'incendie du palais de Persépolis et
la mort de Clytus? C'est qu'il s'agit ici, je le crois , de deux actions bien
distinctes; tandis que dans la phrase dont M. Berlioz est le sujet, les deux
parties jointes par la conjonction et ne signifient guère qu'une seule et
même chose , c'est à dire , que M. Berlioz n'a rien fait de semblable (1).
La première partie de la phrase de M. Cuvillier Fleury, citée dans notre
remarque, offre un exemple frappant du cas où il faut supprimer la virgule
devant la conjonction et. M. Cuvillier Fleury, il faut lui rendre cette jus-
tice , ponctue d'une manière assez exacte , et corrige lui-même ses
épreuves ; mais ce qu'on ne saurait lui pardonner, c'est d'appartenir corps
et âme à une coterie scélérate qui a pris pour devise :
Nul n'aura de Pesprit, Iiors nous et nos amis.
Il écrit pourtant Alexandre le Grand avec deux traits d'union , quoiqu'il
n'en mette pas un seul dans Alexandre le Macédonien.
Les républicains, qui V auraient poursunn et abattu peut-être au
sein de sa victoire , protégèrent noblement sa défaite ET demandè-
rent respect pour son malheur. (Louis Blajvc.)
Or, pendant qu'une dynastie née des révolutions et des combats
tombait ainsi frappée dans la personne de son plus jeune repré-
sentant , le vieux Charles X touchait au tombeau et allait empor-
ter avec lui les débris de cette monarchie capétienne vainement con-
sacrée par la succession des âges. (Idem.)
Il se jeta lui-même au plus vite sur les pâtés et en dépêcha le plus
qu'il put. (Histoire du chien Gueulenoire.)
Le duc de Buckingham était fort avare et se refusait le néces-
saire.
On sent que les deux parties rapprochées par la conjonction, dans
ces exemples , tendent l'une et l'autre au même but , et qu'ainsi il
serait fort malséant de les séparer. Pour que vous saisissiez bien
ladifférencc dont il s'agit, et que vous ne prétendiez pas cause
(1) On met une virgule après c'est à dire , parce que c'est comme s'il y
avait : C'est à dire, elles signifient seulement que M. Berlioz n'a rien fait de
semblable. Le Journal des Débats se donne l'air de supprimer partout la
virgule après c'est à dire. Quoi de plus illogique, c'est à dire, de plus digne
du dit journal ?
DES SIGNES DE PONCTUATION. 2SI
d'ignorance , je vais vous ciler encore quelques exemples du cas
contraire.
Un médecin fut immédiatement appelé, et reconnut les symp-
tômes d'un empoisonnement. {Les Débats.)
Ces deux propositions seraient séparées par un point , sans la conjonc-
tion el, qui , sans les unir parfaitement, les rapproche pourtant assez pour
que la virgule suffise à combler l'intervalle laissé entre elles. Remarque/, en
outre que le sujet du verbe fut appelé ne peut pas être en niénie temps celui
du verbe reconnut; qu'il faudrait absolument et il reco7inul , ou lequel re-
connut. Mais de telles fautes sont familières au Journal des Débats.
Je ne me permettrai jamais de dire ; J'ai guéri tel malade, mais :
Je lui ai donné mes soins , ET sa maladie s'est terminée heureuse-
ment. (Le docteur Lorry. )
Tous lui répondirent qu'une vie si précieuse au monde intéres-
sait le ciel, et que Dieu ferait un miracle pour le guérir.
( Histoire de Richelieu.)
Pourquoi les prédicateurs s'élèvent-ils sans cesse contre l'amour
ET jamais contre la guerre?
Il ordonna de fermer les portes , et d'ouvrir les fenêtres.
Je craindrais de faire au lecteur la même injure que Napoléon
Landais lui a faite , en insistant davantage sur ce point. Je lui ré-
pèle pourtant, de peur qu'il ne l'oublie, qu'il ne faut point de vir-
gule entre deux verbes qui ont un régime commun, ce régime fùt-
il répété après chaque verbe. Exemples :
Tout ce que j'aperçois me charme ex m'intéresse. ( Déjà cité. )
La charité exalte l'homme et le rend insensible aux plus cruelles
primtions. (L. N. Le Livre de Tous.)
L'habitude nous entoure de liens imperceptibles et nous entraîne.
Elle lui jeta (pielques pièces d'or et lui fit signe de nous laisser.
Encore faut-il, comme on le voit, que les deux verbes se rappor-
tent au même sujet, el qu'ils en transmettent l'action au régime tous
deux de la même manière. Il va sans dire qu'il faudrait employer
la virgule dans ces exemples : La nature fait les grands hommes
ET la fortune les fait valoir, — L'orage brise un chêne, et ne le
courbepas. ( L. N. Fleurs du Danube. )
T. II. .ÎG
282 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
3» Si la copulative et n'a pas par elle-mt^me le pou-
voir de supplanter la virgule, à coup sûr les autres conjonc-
tions l'auront encore moins.
Curius, à qui les Samnites offraient de l'or, répondit que son
plaisir n'était pas d'en avoir, mais décommander a ceux qui en
avaient. (Bossdet.)
Rome n'était pas proprement une monarchie ou une république,
mais la tête d'un corps formé de tous les peuples du monde.
(Montesquieu.)
Le premier de tous les biens n'est pas dans l'autorité, mais
dans la liberté. f J. J. Rousseau. )
Le flambeau de la critique ne doit pas brûler, mais éclairer.
(Favart.)
L'un est vaillant, mais prompt; l'autre est prudent , mais froid.
Mais encore, mais enfin que dites-vous de cela ? (Académie.)
La tout est beau , parce que tout est vrai. (J. J. Rousseau.)
Le texte porle une virgule après là , mais là n'est-il pas intimement lié
avec ce qui le suit immédiatement ?
Jean Jacques Rousseau a été fort persécuté , parce qu'il prenait
le parti des malheureux. ( Berîsardin de St-Pierre. )
Rien n'enfle et n'éblouit les grandes âmes, parce que rien n'est
plus haut qu'elles. (Massillon. )
Fais du bien aujourd'hui, puisque tu vis encore. (Villefré.)
Je l'aime , car ses yeux sont si doux ! je l'adore ,
Car je sens un besoin d'aimer qui me dévore
Et ne peut se calmer. ( L. N. Amcrt. et Consol. )
Et que me servira que la Grèce m'admire ,
Tandis que je serai la fable de l'Epire ? ( Racine.)
Nul empire n'est sur, s'il n'a l'amour pour base. (Villefré.)
Il ne veut pas qu'on décide sur la moindre chose , aidant qu'elle
soit connue clairement et distinctement. (La Bruyère.)
Approchez, que]e vous parle. (Académie.)
Souvent, comme on le verra plus loin, la simple virgule ne suffit
pas avant ces conjonctions, pas même avant la copulative et. et s'y
DES SIGISÈS DE PONCTLATIO.X. 285
fait assisler du point. Cela dépend du plus ou du moins dlntimilé,
de liaison, de connexion, que les deux propositions ont entre elles.
Tout de suite un exemple par anticipation : On aime à deviner les
autres; mais on n'aime pas à être deviné. { Vauvenargues.) Voilà
deux propositions ayant chacune un sens complet, indépendant,
et pouvant subsister l'une sans l'autre. Par conséquent ce n'était
pas assez de la virgule pour les délimiter.
4" Souvent deux propositions sont tellement engagées
l'une dans l'autre, qu'elles se confondent réellement en une.
Raison de plus , quoi qu'en disent quelques auteurs , pour
en chercher le joint et l'indiquer à l'aide du coin appelé
virgule ; à moins que ces deux propositions ne soient jetées
comme incidentes au milieu d'une proposition principale.
Je ne craindrais pas tant , si j'aimais moins.
Tant d'hommes ne seraient pas si insolents, si tant d'autres n'é-
taient pas si bêtes.
Si l'on ajoutait foi à toutes les reliques , il faudrait souvent se
persuader qu'un saint a eu dix têtes ou dix bras.
Si l'homme est le seul des animaux qui sache qu'il doit mourir,
c'est pour qu'il se prépare à une bonne mort.
Tant d'événements inouïs se sont précipités dans le cours de
quelques lustres, qu'il faut renoncer à rien présager et s'attendre à
tout.
Apelles peignit une cavale et la peignit si bien, que les chevaux
hennissaient en la voyant.
A peine fut-il étendu par terre, que je lui tendis la main pour le
relever. (Fénêlon.)
Je ne saurais faire un pas seulement , que je ne l'aie aussitôt a
mes trousses. ( Molière. )
Tant vaut l'homme , tant vaut la terre. (Proverbe. ]
Plus le malheur est grand , plus il est grand de vivre. (Ckébillon.)
Depuis que je hais les sots ,
Je hais presque tout le monde. ( Cailly. )
Cependant le Journal des Débats imprime sans virgule : Vous ne
284 GKAMMAIRE FRANÇAISE.
seriez pas de votre âge si vous n'étiez pas de mon avis . Mais la
virgule, en pareil cas, est indispensable, ne fût-ce que pour distin-
guer le Sî conditionnel du Si dubitatif : Vous ne me demanderiez pas
SI elle vous aimait.
La meilleure preuve de ce que j'avance est dans l'exemple sui-
vant :
Je puis dire, comme saint Péravie : Je suis si malheureux en tout,
QUE, si je me faisais chapelier^ personne n'aurait plus de tête.
Oserait-on supprimer une seule des virgules qui figurent dans cet
exemple ? Et cependant il est vrai qu'il ne faut point de virgule avant
si dans la phrase suivante : Il n'y a que la vertu seule dont personne
ne peut mal user , parce qu'elle ne serait plus vertu si l'on en fai-
sait un mauvais usage. (Bossuet.) Pourquoi cela? Parce que les
deux membres de la proposition subordonnée ne peuvent être que
conjointement, et non isolément, la raison de la première.
Ainsi deux propositions distinctes parle sens, quelque dépen-
dantes qu'elles soient Tune de l'autre, doivent toujours être sépa-
rées par la virgule.
5^ Mais il faut écrire sans virgule toute proposition
simple, c'est à dire, composée des seuls éléments qui lui
sont propres, et dont conséquemment le sens est indivisible.
Dieu est bon.
Les hommes sont méchants.
Discernez le malheureux du méchant.
On rit de l'orgueilleuse humilité d'une préface.
L'indifférence est pour les cœurs
Ce que l'hiver est pour la terre. (M"» Dkshoulièrks.)
Lue bonue femme est le plus beau présent et la plus grande bé-
nédiction que nous puissions recevoir du ciel.
Les démons incarnés doivent être des femmes belles et mé-
chantes.
L'homme a besoin de la présence de son semblable pour mieux
jouir et moins souffrir.
Plusieurs personnes pourraient être tentées de mettre une virgule après
semblable ; «lies auraient tort , car le sens ne s'arrête pas là, el n'est com-
plété que par ce qui suit.
DES SIGAES DE l'OiNCTLATION 285
L'expérience est une sorte de question que l'art donne a la na-
ture pour la faire parler. (Fk. Bacon.)
Remerciez l'ingrat lorsqu'il vous débarrasse de sa présence.
Remerciez l'ingrat seizii absurde sans la circonstance qui le juslifie , qui
l'explique, sans le cumplénient qui en détermine le sens. Donc point de
virgule.
Le motif de toute prohibition légale doit être exprimé lorsqu'il
n'est pas évident.
On blâme les malheureux pour se dispenser de les secourir.
L'éducation publique est nécessaire à ceux qui doivent être des
hommes publics.
Tout homme est soldat contre les criminels de lèse-humanité.
(Tertullien.)
L'envieux mourant éteindrait volontiers le soleil afin que per-
sonne n'en jouît après lui.
Il n'y a pas d'esprit là où il n'y a pas de raison. (Forster.)
Tout le monde mettrait une virgule avant l'adverbe là; mais cela ne
doit pas être.
C'est surtout en politique qu'un mauvais accommodement vaut
mieux qu'un bon procès. (Proverbe.)
La où le vulgaire rit le philosophe admire. { Voltaire. )
Le texte porte également une virgule après rit. Cela est-il raisonnable i
Rien n'empêche tant d'être naturel que l'envie de le paraître.
(La Rochefoucauld. )
Rien ne persuade tant les gens qui ont peu de sens que ce qu'ils
n'entendent pas. (De Retz.)
Les sensations ravissantes d'une bonne action contribuent plus»
au bonheur que tous les éloges.
L'orgueilleuse domination aimerait mieux voir périr sa patrie
que de courber sa tête sous le joug d'une autorité légale.
Il faut moins d'esprit pour tourner la religion en ridicule que
pour la défendre.
Plusieurs mettraient une virgule après ridhulc; car, dira-t on
2SG GRAMMAIKE FKANÇAISE.
il y a bien ici, comme dans le paragraphe précédent, deux proposi-
tions réelles , engagées l'une dans l'autre. C'est comme s'il y avait :
Il faut moins d'esprit pour tourner la religion en ridicule, qu'il
n'en faut pour la défendre ; c'est à dire, Il faut de l'esprilpoxir tour-
ner la religion en ridicule , il enfant davantage pour la défendre.
D'où deux propositions. — Voilà qui est d'une subtilité admirable,
mon cher lecteur , et le Journal des Débats ne manquera pas de
vous en faire son compliment. Néanmoins, comme je ne saurais
voir dans toute phrase comparative que renonciation d'un seul ju-
gement , je n'y vois de même qu'une seule proposition ; et , ne vous
en déplaise , je l'écris sans virgule pour la même raison que vous
écrivez également sans virgule: Pierre est plus savant que Paul.
Je n'en mets pas non plus dans la phrase suivante :
Il n'y a personne qui ne pense plutôt a ce qu'il veut dire qu'à
répondre précisément a ce qu'on lui dit.
(La. Rochefoucauld.)
Cela n'est-il pas plus gracieux ainsi? plus net, plus limpide? Le
texte porte pourtant une virgule après dire.
On m'objectera que la phrase suivante aussi n'est que renoncia-
tion d'un seul jugement: Je ne craindrais pas tant, si j'aimais
moins. Je leur répondrai qu'ici du moins, sans parler de beaucoup
d'autres considérations, les deux membres de la proposition, bien
qu'ils ne forment ensemble quun seul jugement, ne dépendent
pourtant pas matériellement l'un de l'autre à ce point, qu'ils ne
puissent subsister isolément , ou pour le moins se tenir seuls un
instant debout; tandis que, dans les phrases comparatives, le second
membre dépend tellement du premier, tant pour la forme que pour
le sens , qu'il ne souffre pas la plus légère interruption. C'est donc
sans remords que je mets une virgule dans cette phrase: Queferiez-
vous, si je l'aimais? et que je m'en dispense dans les suivantes:
On aime mieux dire du mal de soi que de n'en pas parler.
La poésie est plus naturelle à l'homme qu'on ne le pense.
La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses appa-
rences y font de mal. (La Rochefoucauld. )
La langiitj allemande ne connaît pas ce principe , et elle produit tou-
jours la virgule entre les deux membres d'une comparaison : Sagen siemir,
was gibt es in der fVell berulii^'enderes, als die Tugeiid (Dites-moi ce qu'il y a
DES SIGNES DE PONCTUATION. 287
dans le inonde de plus calmant que la vertu.) Je la leur passe encore entre
les deux membres de la comparaison, mais en bonne logique ; qu'est-ce
qui la justifie après Sagen sic mir? La phrase allemande fourmille de vir-
gules. Juger plutôt : Ailes, ivas icii von ihnen hore, beslàligl, class sic œu$
iinbekannten Griinden von meinen Ueberzeugiingen abivelchen ( Tout ce que
j'entends de vous confirme qoevous vous éloignez de mes convictions par des
raisons inconnues). Est-ce qu'on peut raisonnablement séparer ailes de son
complément voas Ich von ihnen hore ? Est-ce qu'on peut davantage séparer
le verbe bestàtigt à la fois de son sujet et de son complément et l'aban-
donner à ses propres forces ?
Je vous dis cela, mes nobles hôtes, pour vous avertir qu'il faut bien vous
garder de transporter toutes ces virgules dans notre langue ; ce qui ne vous
arrive que trop souvent.
Voyez combien la langue française est plus sobre de virgules.
La danse ne diffère de la folie qu'en ce qu'elle ne peut durer
aussi long-temps. (Alphonse, roi d'Aragon.)
C'est une grande méprise que de prendre des formules de poli-
tesse pour des sentiments réels. (De Meilhan.)
Il n'y a d'hommes véritablement privilégiés que ceux qui peu-
vent faire plus de bien que les autres. (Hortense S***.)
Ce qui est dit est dit.
Plusieurs insèrent la virgule entre les deux verbes , mais Ce qui
est dit n'est que le sujet logique de la proposition , et ne répond
qu'à un seul mot. Par conséquent point de virgule, ni là ni dans les
exemples suivants :
Celui qui met un frein à la fureur des flots
Sait aussi des méchants arrêter les complots. ( RiciNB. )
I/homme qui dit qu'il n'est pas heureux peut le devenir par le
bonheur de ses amis ou de ses proches. (La Bruyère.)
Qui veut voir ce qui arrivera doit considérer ce qui est arrivé.
(Machiavel.)
Le pauvre qui donne volontiers un peu fait plus que le riche qui
donne beaucoup a contrecœur.
IV.
Si l'ordre naturel d'une proposition simple est (rouble
par quelque inversion , disent les gramnnairiens , la partie
288 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
transposée doit être distinguée du reste à l'aide de la
virgule.
De tous les plaisirs, W n'en est guère de plus délicieux que celui
que l'on goûte après une bonne action.
(Cité par Girault Du\?ivier. )
Y a-t-il bien là une inversion ?
Déjà prenait l'essor, pour se sauoer vers les montagnes, cet aigle
dont le vol hardi avait d'abord effrayé nos provinces.
( Cité par tous les grammairiens. )
L'orateur aurait pu dire : Cet aigle dont le vol hardi avait d'abord effrayé
nos provinces prenait déjà l'essor pour se sauver vers les montagnes. Mais l'ac-
tion serait moins rapide, le tableau moins vif.
Demain, avant l'aurore, il faut être an palais.
Philoclès , avec un air respectueux et modeste, recevait les ca-
resses du roi.
Il est venu, d'une voix entrecoupée de sanglots, nous faire le ré-
cit de ses infortunes.
Je ne peux plus retrouver que bien rarement les chères extases
qui , durant cinquante ans , m'avaient tenu lieu de fortune et de
gloire. (J. J. Rousseau.)
Pour faire une bonne grammaire , il faut un temps prodigieux ,
une patience de saint, et une santé de fer.
Dans la gueule, en travers , on lui passe un bâton. ( La Fontaine. )
Selon nous, l'inversion n'est susceptible démotiver l'emploi de
la virgule que lorsque cette figure met en contact des mots ou assem-
blages de mots qui fausseraient la perception du lecteur , comme
dans le vers de La Fontaine, où l'adverbe en travers qui détermine
le verbe passe , serait pris, sans l'isolement opéré parla virgule,
pour un complément de gueule.
Evidemment ce n'est pas l'inversion elle-même qui réclame la
virgule dans l'exemple suivant , mais uniquement le besoin d'être
clair. En un instant, de la plus amère douleur je passai à la plus
vive joie. (Fénélon.) Sans la virgule on prendrait de la plus amère
douleur pour le complément des mots en un instant.
Mais si rinversion ne rompt pas la liaison des idées, si elle ne se
DES SIGNES DE PONCTUATION. 28l>
jelte pas eo travers de la proposition principale de manière à en
suspendre un instant le cours, la virgule est inutile.
D'une t'oi'jc entrecoupée de sanglots ils s'écrièrent.
D'un air distrait le bon prince écouta
Tous les propos dont on le tourmenta. ( Voltaihe.)
A tant d'injures qu'avez-vous répondu?
Je ne sentis point devant lui le désordre où nous jèle ordinaire-
ment la présence des grands hommes. ( Montesquieu. )
Sa muin sur ses chevaux laissait flotter les rênes. (Racine.)
Quels charmes ont pour vous des yeux infortunés
Qu'à des pleurs éternels vous avez condamnés ? i^d.)
Au travers des périls un grand cœur se fait jour. ( hl. )
En efforts impuissants leur maître se consume. v^^O
Dans votre appartement allez vous reposer. ( Id. )
L'argent en honnête homme érige un scélérat. (Boilbau.J
Où est Injustice là est l'avantage. (St-Louis.)
Le texte porte une virgule apTèsjustice,
Des peines aux plaisirs nous passons tour à tour. (Racine.)
Dans une heure vous la verrez.
D'où il suit qu'il n'y a guère que les compléments circonstanciels
dont la transposition en travers de la phrase oblige de recourir à
la virgule.
L'inversion, en allemand, nécessite aussi quelquefois la présence
de la virgule.
J'ai l'honneur de me recommander
à rous, et plus ordinairement , J'ai
l'honneur de vous saluer.
Faites-lui mes compliments, et
dites-lui que je souhaite de la voir
bientôt cnlicrement rétablie.
Ich habe die Ehre, mich ihnen zu
empfchlen (J'ai l'honneur, me à
vous de recommander).
Machen sie ihr meineEmpfehtung,
und sagen Sie ihr, dass ich wiins-
che, Sie baldvôlUg wieder hergestetlt
zu sehen. (Faites-lui mes compli-
ments, et dites-lui, que je souhaite,
la bientôt entièrement rétablie de
voir.
L'inversion m'explique bien la présence de la virgule npiiis die Ehre,
T. II. 7,1
200 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
dans le preuiicr exemple, et après ich wiinschc, clans le second; mais ce
que je ne comprends pas du tout (j'en demande pardon aux Allemands),
c'est qu'il y ait encore une virgule avant dass icit viinsclie, complément
naturel dt sagen sie ihr , comme en français. Souvent on supprime la con-
jonction dass. Que la virgule alors en tienne la place, rien déplus juste;
mais que la virgule et la conjonction subsistent ensemble , même quand
le verbe qui régit celle-ci la précède immédiatement , voilà , je le répète,
ce qui dépasse ma conception. Mais de quoi vaisje me mêler ! Pardon, mes
nobles hôtes; je ne dis pas cela pour vous offenser. Dieu m'est témoin que
je n'ai en vue qu'une chose, c'est de vous être utile. Or, comme vous avez
l'habitude de transporter dans le français la virgule employée dans les cas
ci-dessus, je vous engage à rompre cette habitude , que la langue française
réprouve absolument. Relisez donc avec attention la traduction, en re-
gard (1) , des exemples cités plus haut.
V.
Toute incidente non déterminative , mais purement ex-
plicative; toute incise , toute partie qui n'est qu'accessoire,
soit complément circonstanciel, soit opposition ou apostro-
phe, ou tout autre appendice uniquement destiné à orner, à
étendre, à développer; tout mot ou assemblage de mots qu'on
emploie seulement pour donner à ce qu'on dit plus de force ou
de grâce-, enfin tout ce qui n'est qu'adjonctif, tout ce qui
n'entre pas essentiellement dans la composition delà propo-
sition principale , et peut s'en retrancher sans nuire , sinon
à la plénitude, du moins au sens de la phrase, doit être dis-
tingué par la virgule.
Les passions , qui sont les maladies de rame , ne viennent qne de
notre révolte contre la raison.
(Cité par MM. JSoel et Chapsal.)
En effet , on peut dire , sans que le sens principal en souffre nul-
lement : Les liassions ne viennent que de notre révolte contre la
raison. Dans cet exemple , l'incidente n'est qu'explicalive.
Mais il faut écrire sans virgule : Ne vous fiez pas aux hommes
qui outragent la vérité dans leurs discours ; parce que l'incidente est
(1) Remarquez en passant que, si en regard n'était pas placé entre deux
virgules, on ne saurait si des exemples est le complément du substantif
iraductioii ou le régime de la locution prépositive en regard.
DES SIG.NES DE POiXCÏUAÏIO.N. 201
ici déleriiiiiialivc , el que, si vous la supprimez, la proposition prin-
cipale offre un sens général qui n'est pas celui que l'on veut ex-
primer.
Écrivez de même sans virgule : On est mort avant qu'on se soit
aperçu qu'on devait mourir, parce que ces mots, on est mort, n'au-
raient qu'un sens vague sans l'incidente qui les détermine.
Les Allemands, plus facétieux qu'on ne se l'imagine, n'admettent
pas des distinctions aussi subtiles. Ils ne se font aucun scrupule
d'écrire avec deux virgules : Der Mann, welclier die Tugend liebt,
ist glûcklich ( L'homme qui aime la vertu est heureux ) ; comme si
cette phrase n'était pas absolument la même que celle-ci : L'homme
vertueux est heureux ( Der tugendhafte Mann ist glûcklich).
Autres exemples :
L'Amérique fut découverte par Christophe Colomb , en \ 492 ,
sous le règne d'Isabelle.
Sur les côtes de l'Asie, à l'opposite de la Grèce, florissait le
royaume de Troie.
Dans ce charmant séjour.
Baigné de vos parfums et de votre lumière.
Je voudrais près de vous passer ma vie entière.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Je l'ai vu, j'ai goûté ce délice ineffable.
Et tel qu'il n'est au ciel rien de plus désirable.
(L. ?i. Fleurs du Danube.)
Le second vers ne peut être considéré que comme «n appendice expli-
catif.
Un magistral doit toujours juger suivant les lois, et conformé-
ment à ce qu'elles prescrivent. ( Marmontel.)
Monsieur, voudriez-vous , s'il vous plait, me cueillir une rose ï"
( L. N. Fleurs du Danube.)
O vase de lumière , ô parfum , ô dictame ,
Ravissement des yeux et délice de l'âme ,
Dont l'éclat tout à coup à mes yeux se voila ,
Etes-vous bien beurense, «« moins, vous, ma Stella,
Mon étoile d'amour ? Êtcs-vous bien heureuse î
Êtes-vous dans ce ciel où voire finie pieuse
D'avance s'élevait sur l'aile de sa foi ? ( L. IN. Ibid.)
C'est dans ce faible objet , imperceptible ouvrage ,
Q»c l'art de l'ouvrier me frappe da\;mla};p. (Inouïs Hatinr. )
-92 tillAMMAlUE IKANÇAISE,
A la disette eniin succède la ïamme, fléau terrible sur lu terre ,
mais plus terrible mille fois sur le ouste abyme des eaux.
(Marmontel.^
Un ami , don du ciel , est le vrai bien du sage. ( Voltaibe.)
Eh! que me fait , à mot, cette Troie où je cours? (Racihe.)
Jéhu , l'altier Jéhti , tremble dans Samarie. ( Id. )
Je l'ai vu , dis-je, vu , de mes propres yeux vu.
Ce )/ui s'appelle vu. { Mouèbê. )
Le fruit meurt en naissant, dans son i^erme infecté. ( VoLTAiat.)
Soumis avec respect à sa volonté sainte.
Je crains Dieu , cher Abner , et n'ai point d'autre crainte.
( Racin£. )
Aimant toutes les douceurs de la vie , et , dans l'occasion , supé-
rieur au danger, le peuple d'Athènes se délassait de la gloire par le
plaisir.
Des expressions telles que dans l'occasion équivalent à une proposition
pleine. — C'est comme s'il y avait , et, quand l'occasion s'en présentait.
Si spirituelles que soient les critiques du Constitutionnel, je suis
loin de les approuver toutes ; mais , avant d'accuser mon antago-
niste de manquer d'esprit, à la place du journal des Débats, je vou-
drais en montrer moi-même.
A la place de M. Duchâtel, j'aimerais que le Journal des Débats
répondît aux critiques du Constitutionnel contre ma personne au-
trement qu'en les qualifiant de « plates et grossières insultes, de
basses insinuations ; » car cela ne peut pas s'appeler répondre.
Lequel est le plus spirituel et le moins grossier? de celui qui
dit : «Bête! » ou de celui qui répond: «Grosse bête! » C'est là
pourtant, on lésait , toute la polémique du Constitutionnel et des
Débats.
Le Journal des Débats repi^oche au Constitutionnel de lui prêter
beaucoup de sottises. Ma foi ! l'on ne prête qu'aux riclies.
L'ironie est une arme h deux tranchants qu'il faut savoir manier
pour ne pas s'en blesser soi-même : « Vraiment, nous n'avons
pas, nous, tant d'espiit que cela , » répond les Débats au Con-
stitutionnel. C'est comme si un aveugle avouait qu'il est dans les
ténèbres.
DES SIGISES DE PONCTUATlOiV. 295
Jamais le Journal des Débals ne m'a si bien convaincu de son
impuissance que par la manière dont il répond , dans son numéro
du \ %fê<frier, aux « plates et grossières insultes » de son rival contre
M. Duchâtel.
On me reproche d'attaquer , dans le Journal des Débats^ un en-
nemi puissant, d'autant plus puissant qu'il est l'organe le plus in-
fluent du ministère, le complaisant officiel du château ; mais le châ-
teau , mais le ministère, auront, je l'espère, assez d'esprit pour
comprendre que je distingue entre le maître et le valet. Si suscep-
tible qu'il soit, le ministère peut-il s'offenser qu'on lui souhaite de
meilleurs valets ?
La vérité d'ailleurs est un soleil qu'il faut faire luire dans les
ténèbres des préjugés; et ma conscience ne pardonne au Journal
des Débats ni ses éloges puant la camaraderie de mille lieues a la
ronde ni ses critiques tout infectées de l'esprit de parti, c'est à dire,
de tout le venin des mauvaises passions.
Que peut, après tout, contre moi le journal qu'on me présente
comme une hydre aux cent têtes? Il est un degré dans le malheur
où l'homme ne craint plus rien. Pauore, exilé, seul, séparé detous
mes parents , de tous mes amis , frappé dans toutes mes affections ,
atteint dans mon exil par la mort de ma mère , percé de tous les
maux qui pem'ent atteindre le cœur de l'homme , vieilli avant F âge
par le malheur, usé par la souffrance et par les veilles, accablé des
injustices les plus criantes , n'osant plus jeter un regard dans mon
avenir, oii ne brille à mes yeux aucune espérance , désormais in-
sensible à tout ce qui fait la joie des autres, tant je souffre et tant j'ai
souffert! importuné même par le bruit voisin d'un superbe bal oiije
pourrais être pendant que , renfermé de préférence dans mon réduit,
j'écris , avec le sang de mon cœur, ces lignes désespérées , je suis on
effet un adversaire digne du Journal des Débats. Je n'attends pins
que le coup de pied de l'âne.
Il y a dans les pressentiments quelque chose qui , mieux observé,
lournirait la preuve de l'immatérialité de l'âme.
La prison des vents, dont Éole tenait la poric , est la figure do
(elle où la morale doit retenir les passions.
-^* GUAMMAIUE FKANÇAISE.
Tu n'as licii , loi , Tyrot , ni temples , ni richesse ,
Ni poètes , ni dieux , tu n'as rien , chasseresse (1) !
Mais l'amour de ton cœur s'appelle d'un beau nom :
La liberté ! — Qu'importe au Cls de la montagne
Pour quel despote obscur envoyé d'Allemagne
L'homme de la prairie écorche le sillon?
Ce n'est pas son métier de traîner la charrue ;
II couche sur la neige , il soupe quand il tue ;
II vit dans l'air du ciel qui n'appartient qu'à Dieu.
L'air du ciel ! l'air de tous ! vierge comme le feu '.
Oui, la liberté meurt sur le fumier des villes,
Oui, vous qui la planiez sur vos guerres civiles ,
Vous la semez en vain , même sur vos lambeaux.
Il ne croît pas si bas, cet arbre aux verts rameaux ,
11 meurt dans l'air humain , plein de râles immondes.
Il respire celui que respirent les mondes.
Montez, voilà l'échelle , et Dieu qui tend les bras.
Montez à lui , rêveurs, il ne descendra pas.
Prenez-mot (2) la sandale et la pique ferrée:
Elle est là sur les monts , la liberté sacrée.
C'est là qu'à chaque pas l'homme la voit venir ,
Ou , s'il l'a dans le cœur, qu'il l'y sent tressaillir.
( Alfred de Misset. )
Tout inconstant qu'il est, chevalier , entre nous ,
Je l'avoûrai , j'aime encor mon époux. ( Iubbbt. )
Hélas ! petits moutons , que vous êtes heureux!
Vous paissez dans nos champs, sans soucis , sans alarmes.
(M™» Deshouuèbes. )
Vos raisons sont trop bonnes d'elles-mêmes , sans être appuyées
de ces secours étrangers. ( Racine.)
Je l'ai vue à la fin , celte grande cité. (J. J. Kousseau. )
Ah ! de peur de tomber , ne courons pas si fort. ( Molièbe. )
Je ne saurais passer pour femme , à mon avis ,
Ni pour veuve non plus , puisqu'en elTet j'ignore
Si le mari que j'eus est mort ou vit encore. ( Regnabd.)
La Providence est grande , et j'admire , en effet ,
Comme le bien succède à tout le mal qu'on fait.
( Fabre d'Ëglautine. )
(1) Nous avons dit que Tyro/ est du masculin, mais le poète est toujours
libre , quand il personnifie une contrée , de lui prêter la forme d'une
femme. Cela n'empêche pas l'auteur que nous citons de dire un peu plus
bas, conformément à notre principe : Tyrol, tu n'es pas banai.
Toi Aonl la pauviele
Tend une maigre main à 1 linspitalilt'.
(2) Moi n'est bien réellement ici qu'un mot explétif, mais il est facile de
voir qu'on ne saurait l'isoler entre deux virgules , car il tient à la phrase
même autant que le gui tient au chêne. On peut le couper, le retrancher ,
mais non l'isoler.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 295
Eti quelque pays et en quelque condition qu'on soil . an est (l'ès-
libre , pouivu qu'on craigne les dieux , et qu'on ne craigne queux.
Il n'est pour voir que l'œil du maître;
Quant à moi , j'y mettrais encor l'œil de l'amant.
( La Fontaine. )
Je ne demande a mes lecteurs que de lire le tout, et tout de suite ,
avant que déjuger ; du reste, qu'ils usent de tous leurs droits.
(Girard.)
Mentor, non seulement jeune et courageux , mais doux et tran-
quille, semblait commander aux vents et a la mer. (Féîsélon.)
Nous supprimerions volontiers la virgule qui précède mais, dans cet
exemple.
II ne reste aujourd'hui qu'un bien imperceptible vestige de la
place de Grève , telle qu'elle existait alors. (Victor Hugo.)
C'était la procession du pape des fous, qui, après a^mr parcouru
force rues et carrefours, débouchait dans la place de Grève, ai>ec
toutes ses torches et toute sa rumeur. (Id-)
M. Wey sera bien affligé de voir, dans cette phrase , le relatif çnt, si
tristement isolé entre deux virgules. En voici pourtant encore un exemple :
Cet homme , ce téméraire , c'était le personnage au front chauve,
QUI, le moment auparavant , mêlé au groupe de la bohémienne ^
AVAIT GLACÉ LA PAUVRE FILLE DE SES PAROLES DE MENACE ET DE
haine. (I<-i-)
A dire vrai, je crois que la virgule qui précède qiii , dans cet exemple,
est déplacée , car c'est Iiien là réellement une incidente déterminative.
L'éditeur de M. Victor Hugo fera dune bien de la supprimer dans une
nouvelle édition de Noire-Dame de Paris.
Le vieux comte me regarda de travers, et , après un moment de
silence , il reprit du ton le plus sardonique.
(Frédéric Soulié.)
Voilà de quoi faire bondir et rugir M. Wey comme un lion blessé.
« Un procédé assez lourd qu'il est bon de dédaigner , dit-il , est celui qui
«consiste à isoler la copulative et entre deux virgules. Voilà une particule
ninventée pour joindre, pour cimenter , et que nous séparerions violem-
» ment des deux portions de phrase qu'il s'agit de coller ensemble.
" Si l'on est forcé d'user, en pareil cas, d'un signe , il n'en faut employer
«qu'un , ET en le plaçant à droite ou à gauche de ta conjonction , on produira
» l'eDet nécessaire. »
29G GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Cela pourra scmlilcr fort extraordinaire ,
Et j'en sais qui riront d'un système pareil,
comme dit M. Alfred de Musset.
Une chose certaine, c'est que, quand on ne raisonne pas mieux que
cela, on ne mérite guère de figurer parmi les glorieuses caricatures de
l'immortel Charivari , à côté des hommes les plus illustres du jour.
A vrai dire , on y voit aussi Jules Janin ,
Le bonnet sur la tête et le fouet à la main ,
Ce qui lui donne assez la mine d'un ânier.
Or, qu'est-ce qu'un ânier? — C'est un... — Qu'allez-vous dire ?
Mais ce serait le monde à l'envers , 6 délire l
Ce serait l'âne assis sur le dos du meunier.
Un auteur venait de lire à Rivarol un parallèle entre Corneille et
Racine, /o// long et fort ennuyeux. « Volre parallèle, ha dit Riva-
rol, est bien fait, mais il est un peu long. A votre place , je le ré-
duirais a ceci : L'un s'appelait Pierre Corneille, et l'autre Jean Ra-
cine.
On conçoit qu'il est indispensable de séparer par une virgule les noms
Corneille et Racine des adjectifs long et ennuyeux. Le besoin s'en ferait
peut-être moins sentir , s'il s'agissait d'un parallèle entre Gustave Planche
et Jules Janin.
Il faut savoir gré a la fortune, comme au jnéchant , de tout le
mal qu'elle ne nous fait pas.
Tout annonce que Dieu a créé les hommes pour être heureux ,
même sur la terre; eux seuls s'empêchent de l'être.
( L. N. Fleurs du Danube ).
Les hommes civilisés aiment les disputes, comme les sauvages
aiment les combats.
Un de mes amis disait , en parlant de Jules Janin : Cet homme ,
lorsqu'il rencontre par hasard une jolie idée , ne la quitte pas qu'il
n'en ail fait une insupportable fadaise.
L'esprit de Jules Janin , délayé dans ses feuilletons, est un grain
de sel dans un grand muid d'eau.
Un simple participe, on l'a déjà vu , peut équivaloir à une proposition
complète:
La jeune fille, essoufflée , s'arrêta enfin , et le peuple l'applau-
d i t avec amou r . ( Victor Hug o . )
C'est comme s'il y avait, La jeune fille, qui était essoufflée, s'arrêta enfin.
Mais on sent que la virgule serait superflue dans Elle s'arrêta essoufflée.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 297
Arlequin , parlant de la noblesse , disait : Si Adam s'était avisé
d'acheter une charge de secrétaire du roi , nous serions tous no-
bles,
Louis XIV , passant par Reims , fut harangué par le maire , qui ,
lui présentant des bouteilles de vin et des poires de rousselet , lui
dit: « Sire , nous apportons a Votre Majesté notre vin, nos poires,
et nos cœurs. — Bien , répondit le roi en lui frappant sur f épaule,
voila comme j'aime les harangues. »
Le cardinal de Richelieu, ayant augmenté la pension de Vauge-
las , lui dit fort agréablement : «Vous n'oublierez pas, monsieur,
dans le dictionnaire auquel iwus trai'uillez , le mot pension. —
Non, monseigneur, lui répondit Vaugelas ; mais j'oublierai encore
moins le mot reconnaissance. »
Piron allait entrer dans le salon d'un grand seigneur au mo-
ment où celui-ci reconduisait quelqu'un de sa caste qui se reti-
rait. L'homme titré s' étant arrêté a la porte par politesse : « Passez,
monsieur le duc , lui dit le maître de la maison, ce n'est qu'un
poète. — Puisque les qualités sont connues, dit Piron , je prends
mon rang. »> Et il passa le premier.
Citez-moi , dans tout le Journal des Débats , depuis qu'il existe,
une seule critique littéraire qui ne soit delà boue jetée sur un nom
illustre ou un vil encens brûlé sur l'autel de la camaraderie. Parmi
les livres qu'il vante, citez-m'en un seul dont l'auteur ne tienne par
quelque lien à son personnel ou a son entourage. Comment, après
cela, peut-on régler son opinion sur celle du Journal des Débals?
Il faut être aveugle comme l'est le vulgaire pour ne pas voir que
tout se fait la par esprit de dénigrement ou de complaisance, pour
ne pas voir
Qu'ils sont là tout un petit inonde
Où chacun encense à la ronde,
Puis se tient droit , ayant cessé.
Pour être à son tour encensé.
Quel cas peut-on faire de la critique en général? si l'on songe à
tout ce que les passions déchaînées ont vomi d'injures contre le
Tasse, contre Cervantes, contre Hacinc , contre Vollaire, conire
T, II. 38
298 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
l'auteur de Télémaque , contre le peintre des caractères, contre
Chateaubriand , contre Victor Hugo , contre tous les hommes de gé-
nie , sans en excepter Homère hii-niême.
L'envie procède toujours de même : si elle ne peut nier le succès,
elle nie le talent, le génie, et, se faisant une arme du mensonge ,
elle accuse effrontément l'auteur de plagiat ou d'imitation.
Jules Janin , pour son compte , a le talent de saisir des analogies
entre les choses les plus contraires; en sorte que, selon lui, il ne
paraît pas une pièce sur le théâtre qui ne soit le calque ou la co-
pie dénaturée de quelque chef-d'œuvre qu'il a déjà lu. Pour ob-
scurcir au yeux du public la gloire de nos nouveaux auteurs , ne
trouvez-vous pas le moyen bien imaginé? Il n'y a que l'envie pour
trouver de telles ressources.
Et voyez l'effet de la camaraderie : parce que MM. Duoert et
Lausanne sont ses amis , M. Jules Janin n'a jamais dit que Renau-
DIN DE Caen n'est , scène pour scène , mot pour mot^ que La maison
a deux portes de Calderon , habillée à la française.
Dans un article de Gustave Planche , inséré dans la CHRONIQUE
DE Paris, reoue littéraire morte depuis long-temps, l'auteur du Gé-
nie DU christianisme est traité de plagiaire a brûlepourpoint et
dépouillé un a un , par une main impie , de tous ses mérites.
Nous avons vu, dans un journal de Bruxelles, l'auteur des
Ïambes traité comme un écolier par le plus petit des critiques.
Le même petit auteur a dit, dans le même petit journal, que
M. Hector Berlioz n'avait pas la première idée de la musique. A dire
vrai, si énorme que soit un pareil jugement , il ne l'est pas encore
assez pour servir de contrepoids aux louanges exorbitantes que se
prodigue lui-même et se fait prodiguer par ses amis, dans le Jour-
nal des Débats , le fantastique auteur de la symphonie fantasti-
que.
Un silence dédaigneux à l'égard du mérite pauvre , les attaques
les plus violentes contre le mérite illustre, les louanges les plus
exagéiées pour lui-même et pour les siens , qu'ils aient ou non du
DES SIGINES DE PONCTUA rIO^ . 299
mérite, telle est toute la tactique du Journal des Débats. C'est une
vérité qu'on ne peut nier, à moins d'être (weugle.
« Pour moi , je ne suis pas de ceux qui blâment M . de La Bruyère
à tous égards, ni de ceux aussi {\) qui le louent sans réserve. J'es-
time, en effet , toutes les bonnes choses qu'il a tirées de nos bons
auteurs ; mais je n'estime pas la manière dont il les a mises en
œuvre. J'aurais mieux aimé qu'il nous les eût données tout bonne-
ment comme il les a prises que de les avoir obscurcies par un jar-
gon , prétendant les faire passer pour des choses de son inç>ention et
d'une fonte nouvelle, n (Les critiques du temps.)
«Tout ce que M. de La Bruyère y dit contre Théobalde ne fait
que conflrmer le jugement de ce critique , qui aoait dit à cœur ou-
vert, en parlant du discours de M. de La Bruyère : « Je viens d'en-
tendre une grande vilaine harangue de l'auteur des Caractères ,
qui m' a fait bâiller vingt fois et m'a ennuyé à la mort. » (l'd.)
» Outre que M. de La Bruyère travaille plus en détrempe qu'à
l'huile , qu'il n'entend pas les divers tons ni r union des couleurs , et
que d'ordinaire ses tableaux ne sont que croqués, il a encore le mal-
heur, ne sachant pas dessiner correctement, qu'il strapassonne ses
figures et en fait des grotesques et des monstres. » (lidem.)
« Ce ne serait jamais fait , si l'on voulait critiquer toutes les ex-
pressions forcées, impropres et peu naturelles, qu'on veut faire
PASSER, dans l'ouvrage de M. de La Bruyère, pour des beautés
ET DES raffinements DE LANGAGE. » (lidem.)
« M. de La Bruyère, qui n'a point de style formé, écrivant au ha-
sard, emploie des expressions outrées eu des choses très-communes;
et , quand il en veut dire de plus relevées , il les affaiblit par des ex-
pressions basses , et fait ramper le fort avec le faible. » (Ud.)
« J'avoue que, si M. de La Bruyère avait pris un bon style, qu'il
eut écrit avec pureté et fini davantage ses portraits, ou ne pourrait
sans injustice mépriser son livre. Sa manière d'écrire, selon M. Mé-
nage, est toute nouvelle ; mais pour cela elle n'en est pas meilleure.
11 est difficile d'introduire un nouveau style dans les langues et d'y
,1) Evidcuimenl il f;iudi ail non plus.
ôdO GRAMMAIRE FRANÇAISE.
l'tîussir, principalement tpuind ces langues sont montées à leur per-
fection, comme la nôtre l'est aujourd'hui (\).)) (Critiques du temps.)
Les Faidyt et les Gueudeville , avec quelle irrévérence n'ont-ils
pas parlé de l'auteur de Télémaque? de cet homme dont Jean Jac-
(pies Rousseau disait : « Ah ! si Fénélon vivait, je voudrais être son
laquais , pour mériter de devenir son valet de chambre?»
Si l'auteur passe des critiques qui semblent l'approuver aux cri-
tiques qui le condamnent , il a beau lire et relire leurs censures, il
n'y trouve rien qui puisse l'éclairer. 11 n'y voit rien de précis, rien
de déterminé. Ce sont partout des expressions vagues et ironiques.
Mais, au lieu de juger l'auteur si superbement ^ les critiques ne de-
vraient-ils pas avoir pitié de sa faiblesse , lui montrer les vices de
son plan , lui enseigner les remèdes? (Chateaubriand.)
Ce qui résulte de tant de critiques amères , dit M. Montesquieu
dans sa défense ( car Montesquieu aussi était obligé de se défendre),
c'est que l'auteur n'a point fait son ouvrage suivant le plan et les
vues de ses critiques.
Cependant que revient-il de tant de censures multipliées, oii l'on
n'aperçoit que l'envie de nuire à l'ouvrage et à l'auteur, et jamais un
goilf impartial de critique P (Chateaubriand.)
O vous , race des dieux, phalange incorruptible ,
Electeurs brevetés des morts et des vivants,
Portcclefs éternels du mont inaccessible ,
Guindés, guidés, bridés , confortables pédants!
Pharmaciens du bon goût , distillateurs sublimes.
Seuls vraiment immortels , et seuls autorises ,
Qui, d'un bras dédaigneux sur vos seins magnanimes
Secouant le tabac de vos Jabots usés ,
Avez toussé , soufflé , — passé sur vos lunettes
Un parement brossé pour les rendre plus nettes ,
Et, d'une main soigneuse ouvrant l'in-octavo ,
Sans partialité , sans malveillance aucune ,
Sans vouloir faire cas ni des ha ! ni des ho !
Avez lu posément — la ballade à la lune !
Maîtres ! maiires divitis , où trouverai-je , ttélas !
Un (leuve où me noyer, une corde où me pendre,
(1) N'esl cepas le mênie prétexte qu'on a allègue contre Victor Uugu ?
DES SIGNES DE l'OiNCTtATlON. 301
Pour avoir oublié de faire écrire au bas :
Le public est pbié de ne passe méprendre...
Chose si peu coûteuse et si simple à présent ,
Et qu'à tout les piliers on voit à chaque instant.
Ah ! POVEHO , 0H1ME ! — Qu'a pensé le beau sexe ?
On dit, maîtres, on dit qu'alors votre sourci ,
En voyant cette lune et ce point sur cet i.
Prit l'effroyable aspect d'un accent circonflexe 1
Et vous, libres penseurs, dont te sobre dîner
Est un Conseil d'Etat , immortels Journalistes ,
Vous qui voyez encor sur vos antiques listes
Errer de loin en loin te nom d'un abonné !
Savez-vous le Pater et faites-vous aux autres
Pardon (1) de leurs péchés , comme ils te font des vôtres ?
O vieux sir John Fatstaff {2) ! quel rire eût soulevé
Ton large et joyeux corps gonflé de vin d'Espagne ,
En voyant ces buveurs , troublés par le Champagne,
Pour tuer une mouche apporter un pavé 1 ( A. de Mcjsset.)
0 iwus donc , le plus beau des anges de Dieu, dont la vue ma tant
de fois rad en extase, de grâce coiitinuez-moi dans le ciel l'eslime
dont vous avez daigné m'honorer sur la terre ; priez pour moi, f ou/-
que je ne fusse rien qui puisse me rendre indigne des promesses de
Jésus-Christ ; priez Dieu pour qu'il fortifie ma io'i, car plus que ja-
mais j'ai besoin de croire à cette autre oie oii \>ous jouissez mainte-
nant d'un bonheur parfait , et que de toutes les espérances il ne
laisse subsister en moi que celle si douce et si consolante de vous
revoir un jour ; car , après le bonheur de contempler Dieu et sa di-
vine Mère, je n'en conçois point de plus désirable que celui de
voire ineffable présence. (L. N. Le Liore de Tous.)
Dieu sur notre chemin , de distance en distance ,
Sème ainsi quelques fleurs.
De peur que tout rayon d'amour et d'espérance
Ne meure au fond des cœurs. ( L. N. Fleurs du Danube. )
(1) Faire pardon, cela est-il français ? vont s'écrier les hommes de goût.
Cela vaut cent fois mieux du moins dans le sens de pardonner que dans le
sens de demander pardon. Or on entend dire à chaque instant ,jc vous fais
pardon pour , Je vous demande pardon,
(2) Personnage comique de la créai ion de Shakespeart:.
•")(»2 GKAMMAIHE IKAiXjAlSE.
Le malheur a jelé son umbrc sur ma vie ,
Et je n'ai , pour calmer ma soif inassouvie.
Que sa coupe de fiel.
Je ne vis pas , je vais , lugubre et solitaire ,
Gomme un mort ambulant qui traîne son suaire
A la face du ciel. ( L. N. Fleurs du Danube. \
On peut tout sacrifier a l'amour , sauf T honnête et le juste.
(Marmointel.)
Hormis loi , tout chez toi rencontre un doux accueil. (Boilbau. >
La vérité, nonobstant le préjugé, P erreur, et le mensonge, se fait
jour et perce a la fin. (Marmontel.)
Se fait jour et perce sont deux expressions presque synonymes qu'il faut
bien se garder par conséquent de séparer par une virgule, d'autant plus
que le complément à la fin se rapporte à l'un (1) aussi bien qu'à l'autre.
L'homme de bien, moyennant une conduite égale et simple, se fait
chérir et honorer partout. (Marmontel.)
Dieu ne déclare pas tous les jours ses volontés par ses prophètes,
touchant les rois et les monarchies qu'il élèoe ou qu'il détruit.
(BOSSUET.)
Nous supprimerions volontiers la virgule dans cet exemple, la partie
soulignée étant absolument nécessaire au sens.
Tout périt, hors la gloire et la i^ertu.
Aimnt Louis XIV , la France , presque sans vaisseaux, tenait en
vain aux deux mers. (Bossuet.)
On pourrait être tenté d'insérer une virgule dans l'exemple suivant : La
conscience nous avertit en ami avant de 7wus punir en Juge. (Stanislas.) On
doit s'en dispenser à cause de l'antithèse qui empêche qu'on ne puisse sup-
primer le second membre de la phrase sans altérer le sens du premier,
Ils laissent derrière eux le vrai honheuT , faute de le connaître.
(FÉNÉLON.)
Quitter, en de si grands besoins.
Vous , le Pont , vous, Colchos , confiés a vos soinsl ( Racine. )
Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait, fidèle? (l'i-)
La plupart se dispensent de la virgule avant fidèle. Cependant fidèle équi-
(1) A l'un aussi bien qu'à l'autre se rapporte, non pas à expression ,
mais aux mots se fait jour et perce pris matériellement. De là le masculin.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 505
vaut à une proposition complète; car c'est comme s'il y avait : qu'uuruis-je
fait, toi étant fidèle ?
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants ,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et, de sang tout couvert, s'échauffant au carnage. (Racike.)
Au grand déplaisir de M. Wey, voilà encore la conjonction kt isolée
entre deux virgules.
Une ancienne loi, sacrée parmi les Moscooifes , leur défendait,
sous peine de mort , de sortir de leur pays sans la permission de
leur patriarche. (Voltaire. )
L'effronterie , en France , est un vice à la mode ;
Rien n'est plus nécessaire, et rien n'est plus commode.
( La Fontaine. )
D'après cet exemple on croira peut-être qu'il faut une virgule après dans
un ménage , dans le vers suivant :
Dans un ménage il faut de petites querelles.
(COLLIN d'HaRLEVILLE.)
Erreur, c&t dans un ménage est absolument nécessaire à la pensée que
vous voulez exprimer. En général , quand une proposition n'est vraie que
dans un sens particulier , dans le sens restreint que lui donnent les mots
qu'on serait tenté d'isoler par la virgule, il faut les considérer comme
partie essentielle de la proposition , et ne pas les séparer. En voici encore
des exemples : Le bœuf était absolument inconnu dans l'âmébique méhidio-
NALE. (BuFFON. ) L'égoïste ne voit dans tout ce qd'on appelle belles actions
que des traits de dupes. (Lachetelle aîné.) Tous les ouvrages de l'homme
sont vils et grossiers auphès des moindres ouvrages de la natlire. (Makmon-
TBL. ) L'intérêt n'est rien au prix du devoir. On écrira au contraire avec
une virgule :
Je compte pour rien les infirmités qui me rendent mourant ,
au prix de la douleur de n avoir aucune nouvelle de madame de
JVarens. (J. J. Rousseau.)
Tout cela rentre absolument dans ce que nous avons déjà dit de l'inci-
dente explicative et de l'incidente déterminative.
On ne doit pas oublier pourtant que l'inversion autorise et coni-
mande même certains usages de la virgule que le sens réprouve.
Exemple : Le cœur, pour être touché, n'a pas besoin que l'imagi-
nation soit émue. On pourrait écrire sans virgule : Le cœur n'a pas
besoin que l'imagination soit émue pour être touché; mais la phrase
deviendrait amphibologique et perdrai! de son élégance.
'■>0Î OKAMMAIllE FH\NÇAISE.
ToiUes les créatures paraîlroiil dcvanl Dieu comme le néant,
sans qui/ y ait entre elles de prérogatives autres que celles que la
vertu y aura mises. (Montesquieu.)
On écrirait :ians virgule : Peut-on être heureux sans qu'il en coule rien ?
Parce que les mots en italique font partie essentielle de la pensée qu'on
veut exprimer.
Grands dieux! à ce noble maintien ,
Quel œil ne serait pas trompé comme le mien? (Racine,)
A ce noble maintien est suivi d'une virgule , parce que c'est comme s'il y
avait , en voyant ce noble maintien, ce qui forme une véritable proposition
incidente. Les grammairiens , toujours si perspicaces , attribuent cette
virgule à la puissance de l'inversion. Ils disent qu'il n'en faut pas dans la
phrase suivante , parce que l'ordre naturel n'en est pas troublé :
Je reconnais mon sang à ce noble courroux. ( Cobneille. )
Les grammairiens ne comprennent pas que, dans cette phrase, les mots
en italique sont le régime indirect du verbe, et ne peuvent par consé-
quent en être séparés.
Après ces paroles , ils allèrent au lieu où la déesse les attendait.
(FÉNÉLON. )
Après ces paroles est un complément circonstanciel dont la proposition
principale pourrait à la rigueur se passer. Il n'en est pas de même des
mots de cette autre phrase imprimés en italique : Je pars contente après
cette assurance. Ces mots sont absolument nécessaires an sens.
Les hommes civilisés aiment les disputes , comme les sauvages ' .
aiment les combats.
Ne badinons pas sur la mort ; nous ne la connaissons pas , tant
la vie est une forte distraction. (Necker. )
Il craignait d'ailleurs qu'on ne se bornât à le renvoyer en Suisse,
ce qui eut fait de lui un conspirateur sans importance , dont il n'y
avait pas lieu de punir les témérités ni de redouter les entreprises.
(Louis Blanc. )
C'est bien à tort que, dans le texte, d'ailleurs est isolé entre deux virgules .
Tout contrat, soit civil, soit politique, qui n'est pas libre est nul
et ne lie point.
Soit en bien, soit en mal, mon ami, la prudence
Dit qu'il faut rarement juger sur l'apparence. ((^hijbon.)
Vous pouvez, à votre gré, partir ou rester. (Académie.)
DES SIGNES DÉ PONCTUATION. "ÎO?»
yl mon gré , la réponse de Victor Hugo a Sainte-Beuve osi un
l'Iief-d'ceuvre d'éloquence.
Malgré (fiûil en ail , nous savons son secret. (Académie.)
Bon gré, mal gré, vous viendrez avec nous. (Idem.)
Sa propriété lui rapporte dix mille francs de rentes, bon an, mal
an. (Idem.)
A tout prendre, Louis XI était un roi. (Idem.)
Vos raisons sont spécieuses ; mais , après tout , le parti que vous
proposez pourrait avoir de fâcheux résultats.
A tout prendre , après tout, équivalent aux deux propositions que voici :
En prenant toutes choses en considération, après toutes choses considérées.
De là leui' isolement nécessaire dans la phrase.
Somme toute, qu'en sera-t-il ? (Académie.)
En somme, c'est un fort bon domestique. (Idem.)
En résumé, j'ai plus a me louer de lui qu'à m'en plaindre.
(Idem .)
Vous dites qu'il fut vaincu ; au contraire , il fut vainqueur (c'est
à dire , contrairement à ce que vous dites ]. Par exemple , voila qui
est fort. (Idem.)
Il le fera, dites-i>ous; ah! par exemple, c'est ce que nous verrons.
(Idem.)
Il veut ce qu'il veut , à tort et à droit; c'est à dire , Il veut ce
qu'il veut, il le veut à tort et à droit. (Idem.)
Il fit un procès-verbal de l'état des lieux , à telle fin que de rai-
son. (Idem.)
Les mots oui, non, soit, d'accord, bref, contiennent de même chacun
une proposition elliptique.
Oui, oui , sois mon salut, ma lumière, ma vie.
( L. N. Amertumes et Consolations. )
Non , que je sache. Non , je n'y consentirai jamais. Non , non ,
cent fois non. {Académie.)
Excellente raison pour qu'ils ne se séparent point des adverbes vraiment,
certainement , certes, qui ne font que rendre l'âfllrmation ou la négation
plus formelle. Oui vraiment. Oui certainement. Non certes. Non vraitncnl.
T. II. :,'j
'0(; GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Vous le voulez, soii. (Académie.)
CVsl comuic s'il j avait, Que cela soit.
Je vous ai déjà dil que cela ne se peut, que cela ne doit pas être;
bref, je ne le veux pas. (Académie.)
C'est comme s'il y avait , pour te dire en peu de mots.
Enfin a le même sens que bref , dans cette phrase : Aimer , enfin, c'est
cire tout douceur, tout humilité, tout respect, etc.
Quelques auteurs semblent ranger dans la même catégorie les
adverbes vraiment, certainement, incontestablement, évidem-
ment, etc. A leur avis, cette phrase : Evidemment vous êtes dans
l'erreur, qu'ils écrivent avec une virgule, serait l'équivalente de ces
deux-ci: Cela est évident, vous êtes dans l'erreur. Je crois , moi ,
que celte phrase signifie simplement : De la manière la plus évi-
dente vous êtes dans l'erreur, ou Vous êtes dans l'erreur de la ma-
nière la plus évidente . Par conséquent je crois qu'on peut suppri-
mer la virgule. Ne lit-on pas dans le dictionnaire de l'Académie :
Assurément cela est vrai , Assurément ce n'est pas vous qui l'en
empêcherez. Certainement les hommes sont bien aveugles , Vrai-
ment vous êtes un joli garçon (1) .
Vrai, adverbe, s'isole pourtant toujours.
Vous avez dit cela, ^'rai F (Acad.) Cela est conclu , orat :' (Idem.)
Vrai , cela m'oblige. (Idem.)
C'est qu'en efTet c'est comme s'il y avait : Fous avez dit cela ? est-ce vrai?
Cela est conclu? est-ce vrai? Il est vrai , cela m'oblige. Vrai, dans ces exem-
ples, ne se rapporte nullement au verbe de la proposition principale,
mais, comme on le voit à un verljc sous-entendu. D'où la virgule.
En vérité, s'isole pour le même motif au commencement d'une
phrase : En vérité, seriez-vous capable d'une telle action? Mais on
écrit sans virgule : Je vous le dis en vérité . A la vérité , au con-
traire, ne s'isole point, parce qu'il modifie réellement le verbe ex-
primé. A la vérité nous avons été battus, mais nous étions infé-
rieurs en nombre. ( Acad. )
(1) Les autres mettraient un point entre chacun de ces exemples , et de
cette m;mière le premier seul répondrait à la citation annoncée. Selon
moi, la majuscule suffit pour les distinguer l'un de l'autre; et, comme ils
lnnt tous partie de la mêu)e citation, il est hcjn , il est nécessaire de no
mettre entre eux que l'intervalle d'une simple virgule.
DES SIGNES PE PONCTUATION. "OT
Croiriez-vous , disait un chanoine dans un cercle, que Saint Pat,
après aooir eu la tête tranchée, la prit et la porta l'espace de deux
lieues? A la vérité il eut de la peine a se mettre en marche. — Je
le crois bien, observa un plaisant, en pareille occasion il n'y a que
le premier pas qui coûte.
D'où l'on peut remonter à ce principe ; Tout adverbe ou locution
adverbiale qui ne forme pas un sens à part, mais qui se rapporte
au verbe exprimé, qui fait réellement partie de la proposition énon-
cée, doit être exempt de la virgule. Il y a certes du courage à sup-
porter la vie , quand on est si malheureux. Sans doute l'estime
vaut mieux que la célébrité. Il vaut mieux sans doi;te faire le bien
que de le connaître; mais on le fait plus sûrement quand on le
connaît. (CuaulemagneOEu général les hommes qui n'ont point de
caractère n'ont point de physionomie. ( LaBaumelle. ) Les hommes
en général sont plus dignes de compassion que de mépris ou de
haine. (D'Arcon ville.) On le blâme de cela, mais au fond il n'a
pas tort. (Académie.) Il a peut-être parlé avec trop de chaleur, tnais
dans le fond il a raison. (Id.) Il est capricieux , du reste il est
honnête homme, du heste honnête homme. {Id.) Il est un peu vif,
mais au demeurant bon garçon. ( Id.) Ici au demeurant est isolé,
dans le texte, entre deux virgules, bien que cette locution soit tout
à fait analogue à celle qui précède.—// a quelques défauts, mais au
surplus il est honnête homme (Id.) V^oiliî encore une locution sy-
nonyme de celle qui précède ; pourquoi l'Académie ne l'a-t-elle pas
aussi retranchée derrière deux virgules? — Enfin cette affaire est ter-
minée, fjrf.j Enfin ye voîis trouve, fjd.j Pourquoi l'Académie écrit-
elle le premier de ces deux exemples avec une virgule, et le second
sans virgule ?£n^w ne doit s'isoler que lorsqu'il signifie ôre/'. — A la
FIN il est convenu de tout. (Id.) Si l'on écrit : Enfin, je vous trouve,
avec une virgule , à plus forte raison faut-il en mettre une dans ce
dernier exemple , pourtant tout à fait analogue à celui-ci , que l'A-
cadémie écrit à bon droit sans virgule : Finalement il en vint à
bout. — Donnez-lui du moins de quoi vivre. {Id.)jy otimN mue il
étudie sept heures. ( \d.)—Pour l'ordinaire équivaut a une propo-
sition , et s'isole par conséquent: Pour l'ordinaire, les sots sont
méchants. {Id.) Toutefois . en y réfléchissant bien , je trouve que
potir l'ordinaire fait corps, comme tout autre adverbe, avec la
pensée rpion veut exprimer, cl ne devrait pas en cire sépare.
"'OS GUAMMAIKE FRANÇAISE.
l'our la même raison, j'écrirais volontiers sans virgule : Je vous re-
commande SUR TOUTES CHOSES de bien vous soigner, Sur toutes
choses, en effet, ne dit pas p\u3 que surtout. — Sur le tout^c m'en
rapporte à vous. (Acad.) Par BOMiEURyeme trouvai avoir assez
d'urgent pour le payer. (Acad.) I'ar bonheur pour \.vijcme trouvai
là. (Id.) Ces deux derniers exemples sont écrits avec une virgule
dans le dictionnaire de l'Académie ; mais si, selon la définition de l'A-
cadémie, j)ar bonhetir est l'exact synonyme d'heureusement, pour-
quoi la virgule là , et point ici : J'étais inquiet de son retard , heu-
reusement ^7 arriva. {Id.) — Par malheur il rencontra son ennemi.
(/<0.MALHEUREUSEMENTî7esfn<mt'.(Jrf). Les deux derniers exemples
sont analogues aux deux précédents, et donnent lieu à la même
observation.— St par malheur vous verriez à le rencontrer. Si, dans
cet exemple , l'expression jmr malheur doit être isolée entre
deux virgules, il faal que Vad\erhe simp\e malheureîisement , qui
a la même signification et ne modifie par le sens d'une autre ma-
nière , le soit aussi. Cependant on écrit sans virgule : Si vous veniez
à le rencontrer malheureusement. Si malheureusement vous
veniez à le rencontrer. La même observation s'applique à l'exemple
suivant : Si vous le rencontrez par hasard , Si par hasard vous le
rencontrez .
Quelle différence y a t-il, en effet, entre les locutions dont on
vient de parler et celles-ci : à bon droit, avec raison, sans raison,
avec précaution , par précaution , par prudence, etc.? Cependant
ces dernières ne sont jamais isolées du corps de la phrase qu'elles
modifient. Et cela doit être ; car , si l'on écrit avec deux virgules ,
Rivarol disait des Hambourgeois , fort spirituellement, qu'ils
se cotisent pour entendre un bon mot , il n'y a plus de raison pour
qu'on n'écrive pas : // aime , tendrement , sa mère. Je crois, fer-
mement, qu'il y a un Dieu, Cela est , effectivement , vrai.
Est-il nécessaire d'ajouter que , si ces adverbes sont suivis de
quelque incise, ce n'est pas proprement l'adverbe qui est isolé,
mais l'incise elle-même? Assurément, de quelque manière que le
vice existe , il n'en est pas moins le vice.
En effet , employé par manière de conjonction , s'isole pourtant
toujours , afin qu'on puisse le distinguer de lui-même , lorsqu'il est
adverbe et qu'il signifie réellement. Il dit que telle chose est ; i:n
EFFET, peut-on en douter , après tant d'eapériences ? l'eut-on en
douter, en effet, après tant d'expériences P Dans le sens de réel-
DES SIGiNES DE l'OiNCTLATIOA. 509
lement : Ce n'est point un conte, cela est en effet; // a raison en
EFFET , Il le mérite en effet. Au fait s'isole de même : Au fait ,
que craignez-vous ?
Quant à la particule or , on ne doit pas l'isoler, à moins qu'elle ne
soit immédiatement suivie d'une proposition incidente, comme dans
ces exemples : Or, jfonr en revenir à ce que nous disions, vous
saurez qu'il était mon ennemi le plus acharné.
Or , autant le ciel est au-dessus la terre, autant nous qui sommes
les rois du ciel, nous sommes au-dessus des rois de la terre.
(L. N. Le Livre de Tous.)
II y en a qui , au commencement et même dans le corps des phrases ,
isolent les mots toutefois, celle fols , cependant, pourtant , par conséquent ,
maintenant, puis, etc. Exemples: l.e dogme de l'égalité devant la lolavait été,
cependant, inscrit dans la Clmrtc. (L. Blanc.) Le mal s'aggravait, cependant,
dejour enjour. (Id.) M. Tliiers, pourtant , avait connu Armand Carrel dans
l'intimité , et il le savait loyal Jusi/u'au scrupule. (Id.) De l'église de iSaint-
Paul , où les corps avaient été provisoirement déposés, jusqu'à l'hôtel des In-
valides , leur destination suprême, ce n'était qu'un océan de tctes , océan dont
aucune tempête ne devait , cette fois , troubler les profondeurs , et qui rou-
lait lentement à travers la ville, en la remplissant de son silence. (Id.) Puis ,
le roi, suivi de ses enfants , Jeta l'eau bénite sur le corps. (Id.) Maintenant,
nous sommes sûrs de réussir. ( Id. )
C'est élrangemcnt abuser de la virgule. Mais est-ce que les mois ne font
pas partie intégrante de la pensée exprimée par l'auteur ? Ces mots, comme
la particule or, ne doivent se trouver devant la virgule qu'autant qu'ils
sont séparés par une incise de la proposition principale à laquelle ils ap-
partiennent.
La ponctuation n'est certes pas la partie la mieux traitée dans le livre si
remarquable de M. Louis Blanc. Il n'y a pas jusqu'à la conjonction car qui
n'y soit flanquée d'une virgule : Car , telle est la misère des monarchies , tel
est le vice de l'engrenage politique dont elles forment le principal ressort, que
la destinée d'un grand peuple y semble dépendre de l'existence d'un seul
homme, c'est a dikb , d'un coup de poignard, d'une maladie aiguë , d'une
roue de voilure qui se brise , d'un cheval qui s'emporte. .4ussl peut-on dire que
te régime monarchique abaisse outre mesure le niveau de l'humanité.
En revanciie on n'en a jias mis après c'est à dire, en sorte que d'un coup
de poignard se trouve être le régime, non de dépendre, mais de dire. II i'aut
toujours.une virgule après c'est à dire, quand il n'est pas immédiatement
suivi de la conjonction que : L'âme, c'est à dire, l'intelligence. ( Acad.)
yous êtes belle cl bonne, c'est à dire, adorable. Adorable, comme belle et
bonne, se rai>porle à vous êtes, non a c'est à dire. C'est comme s'il y avait ;
■"ilO GKAMAI.VIKE lUAAÇAISE.
f^ous clés Oelle et bonne, c'est a dire, vons êtes adorable. Môme la conjonc-
tion que, quand elle dépend du verbe de la proposition principale, n'em-
pêclie pas la virgule : // faut que Je me venge sur lui, c'est à dire, que je le
tue. C'est connue s'il y avait, c'est à dire, il faut queje le tue. Dans la
phrase suivante au contraire il ne faut point de virgule : F^ous serez parfai-
tement libre; c'est à dire que vous travaillerez à votre aise , et que nul n'aura
te droit de vous contrôler. (Acad.l Dans ce dernier cas, c'est à dire est pres-
que toujours précédé d'un point-virgule.
Quoi de pins disgracieux que l'isolement des mois du moins dans cette
autre phrase du même livre .' Revendiquer la ligne du Rhin , accepter la Bel-
giquequi s'offrait, ou, du moins, provoquer dans un congrès un nouveau règle-
ment des affaires du monde, M. Thiers n'avait cru rien de cela possible. M. Wey
a bien raison , on ne sait comment lire un écrit fourmillant de virgules.
Je blâme de même l'usage de la virgule après les adverbes corrélatifs
ici et là dans cette phrase : La , /e vigneron effeuillait le cep sur une colline
pierreuse ; ici , le cultivateur appuyait les branches du pommier trop chargé.
( CnATEACBRiAKD. ) Lcs exemples suivants de l'Académie en sont la con-
damnation formelle. Ici il y a une forêt , là une montagne. Ici Alexandre
gagna une bataille, là il passa une rivière. Ici il pardonne, là il punit. Le
peintre avait rassemble dans un même tableau plusieurs objets différents : là
une troupe de bacchantes , ici un groupe déjeunes gens; là un sacrifice , ici
une réunion de philosophes.
Mais je ne sais pas pourquoi l'Académie met une virgule après d'ici là ,
dans cette phrase, où nous la supprimons sans scrupule : D'ici là nous
comptons deux lieues. D'ici là ne fait-il donc pas partie essentielle de la
pensée que vous voulez exprimer ?
Là explétif s'isole naturellement. Voyez-vous toujours ce certain monsieur,
là, qui disait de si plaisantes choses. (Acad.) Fous souvenez-vous de ce grand
homme sec , là , qui venait si souvent chez moi autrefois ? ( Id.)
J'en suis heureuse, là, j'en ris , ne vous déplaise.
(_ L. N. Amertumes et Consolations. )
J'espère que M. Francis Wey nous saura gré de cette éclaircie dans les
«paisses broussailles de la virgule.
Mais je vous en avertis bien , n'allez pas, pour faire plaisir à M. Wey,
perdre de vue le principe que nous avons posé plus haut; et, en fait
d'adverbes surtout , faites bien attention s'ils se rapportent au verbe ex-
primé dans la phrase, ou s'ils forment un sens à part. Sans doute il serait fort
ridicule de supprimer la virgule après d'abord, puis, enfin, dans la phrase
suivante: D'abord, agir de la sorte, c'est risquer beaucoup; puis, nous ne
sommes pas en mesure. — En/in , que faire? Mais il ne serait pas moins ri-
dicule d"nn.'li:i d'abord vi ensuite dans celle-ci : D'abord travaillons, ensuite
nous nous amu.serons.
DES SIGNES DE PONCTUATION. Ôf I
Encore quelques exemples généraux pour en finir avec ce para-
graphe le plus compliqué de Ions et le plus difficile assurément ,
dans la science de la ponctuation.
Quanta madame Ueslaurières, je ne pouvais me lasser de la re-
garder, non pas tant pour admirer la parfaite élégance de ses
mains, la blancheur délicate de sa peau, la grâce presque enfantine
de ses traits lorsqu'ils étaient un moment en repos (I ), mais pour me
demander comment ces lèvres fraîches et roses , s'umyrant douce-
ment sur des dents d'émail, comment cet œil profond sous un sour-
cil noir et où la pensée semblait devoir rayonner sans cesse, com-
ment ce front vaste et élevé, commentées longs cheveux blonds,
légèrement ondulés à la racine , comme ceux de la Psyché anti-
que (2); comment, dis-je, cette figure presque virginale pouvait ser-
vir d'enveloppe a une pareille âme et a un pareil esprit.
(Frédéric Soulié.)
Cette plirase, bien qu'imprimée dans le Journal des Débals, est un modèle
parfait de ponctuation. Seulement il faudrait que au lieu de mais , car
mais n'a point de corrélation avec tant. Les fautes de cette nature fourmi-
llent chez tous nos faiseurs de romans. On voit de reste qu'ils écrivent moins
pour la gloire que pour l'argent.
Ne laissons pas échapper cette occasion de relever une faute constante
du Journal des Débats ; c'est la suppression de la virgule entre que et si ,
dans des phrases analogues à celle que voici : Je vocs dis que si vous atta~
quez le Journal des Débals, vous êtes un homme pkbdc. (Anonyme. ) Si voux
attaquez le Journal des Débats, étant une phrase incidente, doit nécessai-
rement être isolé entre deux virgules.
Dans l'une des phases de la maladie à laquelle succomba le
grand Frédéric, le royal patient éprouva une crise qui sembla faire
diversion au mal. Les médecins s'en entretenaient et laissaient con-
cevoir l'espérance d'un rétablissement. Frédéric, se tournant alors
du côté de son neoeu qui était près du lit, lui dit, «cec ce sourire sar-
(4) Un écolier inintelligent ne manquerait pas de meUre une virguh; avant
lorsque, dans cette partie de phrase, sans considérer que la grâce enfantine
ne subsiste chez la personne dont il s'agit qu'autant que les traits île cette
personne sont en repos.
(2) Ici l'adverbe comment est séparé par un signe plus fort de ce qui
précède, parce qu'il s'agit de résumer d'un trait toutes les qualités par-
tielles que l'on vient d'énumérer.
i
"12 r.R.VMMAIRK FUVNr.VTSE.
(loinijiie i/iii lui rhiil linhitiiel : « Pardoii , mon rieoeii, si jo vous fais
attendre. »
\-t-il la foi , celui qui oublie ainsi dans les plaisirs des sens qu'as-
socié aux animaux par le corps , comme il Pesi par l'âme aux es-
prits immortels, plus il s'attache aux choses matérielles, plus il
s'assimile a la brute? (L. N. Le Livre de Tous.)
Ainsi , quand la particule que se trouve suivie d'une plirase incidente
dont le premier mot commence par une voyelle , on ne l'en sépare point
par la vhgule. Pourquoi cela? Apparemment parce que l'élision ne permet
pas à la voix de s'arrêter sur que. Mais il s'agit bien de la voix ! Pour la cen-
tième fois, il ne s'agit que de la phrase. Par conséquent je ne vois pas trop
pourquoi l'apostrophe el la virgule s'exclueraient l'une l'autre, quandl'accent
et l'apostrophe ne s'excluent pas, par exemple, dans l'état. Faisant accueil à
la virgule et réprouvant l'apostrophe, MM. Firmin Didot ont trouvé joli
d'imprimer ces mots du Livre de Tous ainsi qu'il suit : Qdb , associé aux
animaux par le corps. Pour moi, je ne me lerais pas le moindre scrupule
d'écrire : Qu', associé aux animaux par le corps.
Que le riche parle, tous se taisent et ils élèvent ses paroles jusqu'aux nues.
Aussi le Journal des Débats imprime-t-il, à l'exemple de M. Firmin Didot:
a C'est ce que , avant toutes choses , je demande à ton amitié.
« Il y a des antipathies naturelles qui sont bizarres. On a vu
des personnes qui s'évanouissaient h l'odeur des roses et qui ai-
maient celle des jonquilles et des tubéreuses , un gouverneur de
ville frontière qui tombait en convulsion en voyant des œufs de
carpe , une dame sujette a la même incommodité h la vue d'une
écrevisse cuite. Erasme , qui était né à Rotterdam , avait tant d'a-
version pour le poisson , qu'il n'en pouvait même sentir sans avoir
la fièvre; et, si Ton en croit ytmbroise Paré ^ une personne fort
considérable ne voyait jamais d'anguille dans un repas qu'elle ne
tombât en défaillance. Jamais Joseph Scaliger ne mangea de lait ;
ce qui lui a été commun avec Pierre d'Apono. Cardan avait hor-
reur des œufs ; Jules César Scaliger du cresson ; Cladislas Jagellon,
roi de Pologne , des pommes ; et , si Von en faisait sentir quelqu'une
à Du Chesnc, secrétaire de François P'^, il lui sortait une prodi-
gieuse quantité de sang du nez. Henri 111 ne pouvait demeurer dans
une chambre où était un chat ; le maréchal duc de Schomberg ,
goin'erneur du Languedoc ^ avait la nR'Uie aversion. L'empereur
DES SIGNES DE PONCTUATION. 51'
Ferdinand fit voir, à Inspruck (I), au cardinal de Lorraine un
gentil homme qui avait tant de peur des chats , qu'il saignait du
nez a les entendre seulement de loin. M. de Lancre , conseiller au
Parlement de Bordeaux , témoigne, dans son Tableau de l'incon-
stance DE TOUTES CHOSES, qu'il avait connu un fort honnête
homme qui avait été si effrayé (2) à la vue d'un hérisson , qu'il
crut plus de deux ans que ses entrailles étaient mangées par cet
animal ; et qu'il avait vu un gentil homme fort brave qui ne l'était
point assez pour oser attendre , l'épée à la main , une souris. Jules
César Scaliger , dans ses Exercitations contre Cardan, dit qu'un
gentil homme gascon craignait tellement le son de la vielle , qu'il
ne le pouvait jamais entendre sans une envie extraordinaire défaire
de l'eau. On en fit l'expérience par un vielleur que l'on fit cacher sous
une table. Celui-ci ne commença pas plus tôt a jouer que l'on s'aper-
çut de l'imperfection du gentil homme. Il y en a qui ne sauraient
voir des araignées , et l'on sait que les Chinois s'en font un régal.
M. Vanghneim, grand veneur de Hanovre , tombait en faiblesse , ou
s'enfuyait, quand il voyait un cochon rôti. Le philosophe Chrysippe
avait une si grande aversion pour les révérences, qu'il tombait
quand il était salué , et , ce qui paraîtra beaucoup plus bizarre ,
Fabrice Campani assure que don Juan Roi , chevalier d'Alcantara ^
tombait en syncope quand il entendait prononcer lana , quoique
l'habit qu'il portait fût de laine. » ( Anonyme. )
J'ai connu , moi qui vous parle , un officier plein de bravoure
qui n'allait jamais en voiture , de peur de verser.
Tel s'est distingué depuis , en Afrique, par sa bravoure , qui à
vingt ans n'osait le soir monter sans lumière l'escalier de son ap-
partement.
Se peut-il qu'il y ait dans mon empire, et jusque dons mon jardin,
un oiseau si rare , et que je n'en aie jamais entendu parler?
« Toutefois , si admirable que vous semble le Paris d'à présent ,
(1) Dans le tcxle, c'est le régime indirect au cardinal de Lorraine qni est
isolé , ce qui est une faute.
(2) Dans le texte il y a seulement un fort honnf.te homme si effraye. Il
faut qui avait èié si effrayé , car il ne s'agit pas ici d'exprimer une manière
d'être constante, mais une action subie .'i un certain temps.
T. II. 4^0
■ HA GRAMMAIRE FRANÇAISE.
refaites le Paris du quinzième siècle , reconslruisez-le dans voire
pensée; regardez le Jour à travers celte haie surprenante d'aiguilles,
de tours, et <ie clochers; répandez au milieu de l'immense ville,
déchirez à la pointes des îles , plissez aux arches des ponts, (I) la
Seine avec ses larges flaques vertes et jaunes, plus changeante qu'une
robe de serpent ; détachez nettement sur un horizon d'azur le profil
gothique de ce vieux Paris ; faites-en flotter le contour dans une
brume d'hiver qui s'accroche a ces innombrables cheminées ;
noyez-le dans une nuit profonde, et regardez le jeu bizarre des té-
nèbres et des lumières dans ce sombre labyrinthe d'édifices ;
jetez-y un rayon de lune qui le dessine vaguement et fasse sortir
du brouillard les grandes têtes des tours ; ou reprenez cette noire
silhouette , ravivez d'ombre les mille angles aigus des flèches et des
pignons , et faites-la saillir , plus dentelée quhtne màrJioïre de
requin , sur le ciel de cuivre du couchant.
» Et puis comparez (2).
» Et , (5) si i>ous voulez, recevoir de la vieille ville une impression
que la moderne ne saurait plus vous donner , moulez , un matin de
grande fête, au soleil levant de Pciques ou de la Pentecôte, montez
sur quelque point élevé d'où vous dominiez la capitale entière , et
assistez a l'éveil des carillons. Voyez, à un signal parti du ciel, car
c'est le soleil qui le dorme , ces mille églises tressaillir à la fois. Ce
sont d'abord des tintements q^^x^ , allant d'une église a Vautre,
comme lorsque des musiciens s' avertissent qu'on va commencer.
Puis, tout à coup , (4) voyez, car il semble qu'en certains instants
l'oreille aussi a sa vue , voyez s'élever au même moment de chaque
clocher comme une colonne de bruit (5) , comme une fumée d'har-
(1) Sans cette virgule la Seine ne serait pas à la fois le régime des trois
verbes répandez, déchirez, et plissez, mais le régime du seul verbe plissez.
(2) Le texte porte uoe virgule après Et puis. C'est une puérilité.
(3) Il n'y a point de virgule après Et, dans le texte , et cependant elle y
est nécessaire , à cause de la phrase incidente qui rompt le sens principal
et force, aussitôt après la conjonction, la voix à changer de ton.
(h) Ici tout à coup doit être isolé , car il ne se rapporte nullement au
verbe voyez, mais équivaut à peu près à ceci : au moment où vous y atten-
dez le moins.
(5) Remarquez quel contre-sens ferait «inc virgule placée entre cloclnr
et comme une colonne de bruit.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 5^ 3
mouie. 1) abord (I) la vibration de chaque clociie moule droite ,
pure, et pour ainsi dire isolée des autres, dans le ciel splendide
du matiu ; puis , peu à peu , en grossissant (2) , elles se fondent ,
elle se mêlent , elles s'effacent l'une dans l'autre , elles s'amalga-
ment dans un magnifique concert. Ce n'est plus qu'une masse de
vibrations sonores qui se dégage sans cesse des innombrables clo-
chers, qui flotte, ondule, bondit, tourbillonne sur la ville, et
prolonge bien au delà de l'horizon le cercle assourdissant de ses
oscillations. Cependant cette mer d'harmonie n'est point un chaos.
Si grosse et si profonde qu'elle soit , elle n'a point perdu sa trans-
parence. Vous y voyez serpenter a part chaque groupe de notes qui
s'échappe des sonneries. Vous y pouvez suivre le dialogue , tour à
tour grave et criard , de la crécelle (5) et du bourdon (4) ; vous y
voyez sauter les octaves d'un clocher à l'autre ; vous les regardez
s'élancer ailées , légères et sifflantes (5) , de la cloche d'argent ,
tomber cassées et boiteuses de la cloche de bois ; vous admirez au
milieu d'elles la riche gamme qui descend et remonte sans cesse les
sept cloches de Saint-Eustache ; vous voyez courir tout au travers
des notes claires et rapides qui font trois ou quatre zigzags lumi-
neux (6) , et s'évanouissent comme des éclairs. Là-bas, c'est l'ab-
(1) Le texte porte encore une virgule après d'abord , mais elle est pour le
moins inutile.
(2) Si peu à peu était le seul modificatif des verbes qui suivent, il serait
inutile et même blâmable de l'isoler; mais l'expression en grossissant qui le
complète l'oblige à se ranger à côté de lui sur le second plan.
(.5) Moulinet de bois qui fait un bruit aigu , et dont on se servait autre-
fois , au lieu de cloches, le jeudi et le vendredi de la semaine sainte.
(AcAD.) Si celte définition est juste, comment le son des crécelles peut-il
se rencontrer avec celui des cloches ! Cela n'est guère possible ; à moins
que le poète n'ait choisi le moment oîi les cloches , impatientes de se faire
entendre , après un silence forcé de deux jours , s'élancent à toute volée ,
sans attendre que les crécelles aient fini leur discours. Que M. ^'iclor
Hugo , je l'en prie, me pardonne cette humble observation , qui est sans
doute celle d'un boni me tout à fait ignorant en fait de cloches et de sonneries.
{à) Giosse cloche. Le bourdon de Noire-Dame de Paris. ( Acad.)
(5) Point de virgule après légères , parce qu'il n'est en quelque sorte que
la reprise de son synonyme «l'/ccv, et qu'ainsi il n'y a que deux épilhèles
bien distinctes , nalurellenienl liées par la conjonction c/.
(6) Ciombien se sont étonnés et s'étonneront encore de voir, d'un bout
à l'autre de oc nmrceau si magnifique , le son constamment confondu avec
la lumière! Ils ne songeront pasqne c'est la conséquence toute naturelle de
l'éclat du son, exprcsiiion contre laquelle nul assuri'uicnl n'oserait s'inscrire.
IKi UKAMMAIRE l'HANÇAlSE.
baye de Sainl-Marlin, chanteuse aigre et fêlée; ici{\) , la voix si-
nistre et bourrue delà Bastille; à l'autre haut , la grosse tour du
Louvre avec sa basse-taille (2). Le royal carillon du palais jette
sans relâche de tous côtés des trilles (5) resplendissantes , sur les-
(juelhs tomheni à tevips égaux les lourdes coupetées (A) du beffroi {p)
de Notre-Dame, qui les font étinceler comme V enclume sous le mar-
teau. Par interoulle, vous voyez passer des sons de toute forme qui
viennent de la triple volée de Sainl-Germain des Prés. Puis encore,
de temps en temps ^ cette masse de bruits sublimes s'enir'ouvre el
donne passage a la strette (6) de l'Ave-Maria , qui éclate et pétille
comme une aigrette d'étoiles. Au dessous , au plus profond du con-
cert , vous distinguez confusément le chant intérieur des églises
qui transpire a travers les pores vibrants de leurs voûtes. — Certes
c'est la un opéra qui vaut la peine d'être écouté. D'ordinaire la ru-
meur qui s'échappe de Paris le jour, c'est la ville qui parle; la
nuit, c'est la ville qui respire : ici, c'est la ville qui chante (7).
et qui rf'sume pourtant en soi toutes les couleurs employées ici par le
poète pour peindre le son. Toutefois il faut convenir que la conséquence
est poussée un peu loin , et qu'un style si éblouissant n'est certes pas fait
pour tous les yeux. Cela est vrai; mais, qu'on le sache bien , on peut dire :
un son clair comme la lumière, de même qu'on dit: sa voix élail douce
comme le miel du mnnt Hybla. C'est ce que les rliéteurs appèlent, je crois,
dans leur langue , une calachrèse.
(1) C'est moins à cause de l'ellipse qu'on isole l'adverbe ici qu'à cause
de l'énumération des circonstances de lieu , qui, étant en nombre de plus
de deux , ont besoin d'être détachées en relief.
(2) Le texte porte une vigule entre la grosse tour du Louvre et avec S(f
Lasse taille. Elle me semble , à moi , pour le moins inutile.
(3) Terme de Musique. Battement de gosier qui se fait ordinairement
sur l'avant-dernière note d'une phrase de chant, et qu'on appelait autrefois
Cadence. De l'italien trille, tremblement, d'où il suit que le féminin est
une faute. Conformément à l'etymologie , l'Académie le fait en effet mas-
culin , et même elle commence à écrire seulement tril , ce qui est l'ortho-
graphe la plus conforme au génie de notre langue.
(li) Voilà un mot qu'on ne trouve encore dans aucun dictionnaire , el
dont l'auteur aurait bien dû nous donner l'explication. Cela veut-il dire
Les coups répètes du battant sur la cloche ?
(5) Tour ou clocher où il y a une cloche pour sonner l'alarme ; cloche qui
est dans le beffroi ; charpente qui porte les cloches.
(G) Partie d'une fugue où le sujet est traité d'uue manière plus scrne
qu'au commencement. On se seil aussi de ce mot pour indiquer le mouve-
ment accéh ré des finals d'opéra. De l'italien strctia. Il n'existe point pour
r.'Vcadéniie.
(7) D'ordinaire; mol par lequel comuienec celle phrase, est isole dans le
DES SIGNES DE l'OACTLATlO.N. 517
Prêtez donc l'oreille ace tutti (1) des clochers ; répandez sur l'en-
semble le murmure d'un demi-million d'hommes, la plainte éter-
nelle du fleuve, les souffles inQnis du vent , le quatuor grave et
lointain des quatre forêts disposées sur les collines de l'horizon
comme d'immenses buffets d'orgue ; éteignez-y , ainsi que dans une
demi-teinte , tout ce que le carillon cenfral aurait de trop rauque
et de trop aigu , et dites si vous connaissez au monde quelque
chose lie plus riche , de plus joyeux , de plus doré , de plus
éblouissant , que ce tumulte de cloches et de sonneries , que
cette fournaise de musique , que ces dix mille voix d'airain
chantant a la fois dans des flûtes de pierres hautes de trois cents
pieds, que celte cité qui n'est plus qu'un orchestre, que cette
symphonie qui fait le bruit d'une tempête (2) ! » (V. Hugo.)
C'est une idée consolante ( disons-le en passant ) de songer que
la peine de mort , qui^ il y a trois cents ans , encombrait encore de
ses roues de fer , de ses gibets de pierre , de tout son attirail de
supplices , permanent et scelle dans le pai>êy la Grève , les Halles,
la place Baupliine , la Croix du Tralioir, le Marché-aux-Pour-
ceaux, ce hideux Mont Faucon, la barrière des Sergents, la Place-
aux-Chats, la porte Saint-Denis, Champeaux, la porte Baudets, la
porte Saint-Jacques , sans compter les innombrables échelles des
préoôts, de Vévêque, des chapitres, des abbés, des prieurs ayant
justice; sans compter les noyades juridiques en riç'ière de Seine; il est
consolant qu'aujourd'hui , après avoir perdu successivement toutes
les pièces de son armure, son luxe de supplice, sa pénalité d imagina-
tion et de fantaisie, sa torture à laquelle elle refaisait tous les cinq
texte; mais bien à tort selon nous, d'autant plus que ce mot ne penl se
rapporter qu'aux deux premiers membres de la phrase, et nullement au troi-
sième , où, par le seul effet de l'ellipse, il n'est pourtant déjà que trop sous-
entendu. Voici, en eifft, ce qui résulterait de la constructimi pleine : d'or-
dinaire la rumeur qui s'échappe de Paris te jour , c'est la ville qui parle ;
d'ordinaire la rumeur qui s'échappe de Paris la uuil, c'est la ville qui respire :
d'ordinaire la rumeur qui s'en échappe ici, c'est la ville qui chante. Cette ana-
lyse e.\})lique la présence de la virgule après ici.
(1) Mot italien qui signifie tous, et qui désigne , en musique, qu'un
morceau doit être exécuté par tous les instrumenlisles ou lt;s cliauttMus a
la i'ois.
(2) Le texte i)orte un point viigiile entre ces derniers f onii>lenienls.
Pourquoi cela ?
ÔIN (illAMMAlKE MIA.NÇAISE.
(Uis un lit de cuir au Grand-Chàtelct , celte vieille suzeraine de la
société féotlale , presque mise hors de nos lois et de nos oilles^ tra-
(fuée de code en code, chassée de place en place ^ n'ait plus dans
notre immense Paris qu'un coin déshonoré de la Grève, qu'une
misérable guillotine , (I ) furtii>e, inquiète , honteuse, qui semble
toujours craindre d'être prise en flagrant délit , tant elle disparaît
vite après aooirfait son coup ! (Id.)
C'est a vous à faire la preuve que vous êtes favorable a cet ordre
de choses par les ver! us que vous recommanderez , et par l'esprit
général que répandront vos enseignements, libres et respectés.
(Cousin.)
A Vheure qu'il est, la peine de mort est déjà hors de Paris.
{Id.)
Donnez au peuple , qui tramille et qui souffre , donnez au
peuple, pour qui ce monde-ci est mammis, la croyance a un meilleur
monde fait pour lui. Il sera tranquille, il sera patient. La patience
est faite d'espérance. ( Id. )
Les coups d'essai sont toujours dangereux, ce quia donnné lieu
au proverbe : De novice avocat, héritage perdu ; de nouveau mé-
decin , cimetière bossu. Cela veut dire : ce qui résulte des soins
d'un avocat novice , c'est la perte de son procès ; ce qui résulte des
soins d'un médecin nouveau , c'est la mort.
Pour résumer en peu de mots tout ce que nous venons de
dire , isolez tout ce qui n'est pas essentiel à la proposition
principale, mais ne touchez à rien de ce qui fait corps
avec elle, soit adverbes, soit conjonctions ^ mots, dont l'in-
version même, lorsqu'ils n'offrent aucun sens à part, ne
justifie pas l'isolement. ,
L'inversion , qu'on ne l'oublie pas , n'appelle la virgule qu'autant
qu'elle rompt la liaison des idées. Mais , en supposant qu'on pût
(i) Pciinl de virgule uni ve fur (ive et f^iiitlotine , parce que furlive n\-x-
priine pas une qualité inhcienle à la giiiiluline, mais seulement une qualité
aucidenlelle, de même que les adjectils suivants, qni Ibruienl aussi ehacun
une phrase incidente.
DES SIG.NES DE PONCTUATION. Ô H)
dire en Irançais comme en allemand : Votre lettre je )ia> reçue
qu'aujourd'hxii ( Ihren lirief habe ich nur heute empfaugen ) ,
malgré celle monstrueuse inversion, il ne faudrail pas encore de
virgule , parce que les idées ne cessent pas d'être en rapport direct.
ISous disons en français, pour donner plus de force à l'expres-
sion : Votre lettre, je ne l'ai reçue qu'aujourd'hui; mais, dans ce
cas , ce n'est pas l'inversion qui nécessite la virgule , c'est le pléo-
nasme.
A propos de pléonasme, il y en a qui proposent de rejeter la vir-
gule entre un sujet exprimé et le pronom ce qui n'est que la répé-
tition, la reprise de ce sujet. Gardez-vous-en bien.
Toul cela, c'est la terre, et Vaniour , c'est le ciel.
( L. N. Amertumes et Consolations, )
Vivre ainsi , c'est languir , c'est attendre de vivre.
(Lamartine. )
L'un des meilleurs remèdes contre nos propres cJiagn'ns, c'est de
chercher des consolations pour le chagrin des autres. (Dufresne.)
Ce qui donne le plus d'éloignement pour les dévots de profession,
c'est cette âpreté de mœurs qui les rend insensibles a l'humanité.
( J. J. Rousseau. )
L'esclavage ne se corrige pas , et la meilleure manière de t amé-
liorer, c'est de le supprimer. ( Le comte Beugnot.)
S'il y a quelque chose qui soit de nature à perpétuer l'immora-
lité et l'irréligion , c'est l'esclavage. ( Le duc d'IlARcouRT.)
Le pléonasme prête aussi sa force aux deux exemples suivants :
11 n'aime pas Dieu , celui qui n'aime pas comme lui-même Ions
les hommes sans exception.
Celui-là seul est bon , qui souffre pour le bien qu'il fait.
VI.
La virgule s'emploie encore quelquefois pour tenir lieu
d'un verbe sous-entendu.
De Danaûs étaient issus \crisius , Pevsée , Hercule ; de Pelops .
Atrée , Agamennon , Oreste.
La jalousie \'ous dispute une vaine l)oaulé; la fierté, voirr nais-
Ô20 GRAMMAIRK IR.VN(;aISE.
saïu'c ; rambition , voire valour et vos services; l'orgueil, vos la-
leiils et voire suflisaiice (I). ( Mvssh,lo>', cité \)ixv lioitifare.)
Toutefois nous nous l)orncrions volorHiers à diviser cette der-
nière phrase ainsi qu'il suit : La jalousie vous dispute une vaine
beauté, la fierté votre naissance, l'ambition votre valeur et vos
services, l'orgueil vos talents et votre suffisance. Il me semble
que celte phrase , ainsi ponctuée , ne perd rien de sa clarté, et y
gagne au contraire une allure plus vive.
Une chose certaine , c'est que , dans les exemples suivants , la
virgule ne serait pas tolérable.
L'amour de la gloire meut les grandes âmes , et l'amour de l'ar-
gent les âmes vulgaires. (Cité par MM. Noël et Chapsal. )
MM. Noël et Chapsal emploient pointant la virgule dans cet exemple.
Les dons sont dans leurs mains , sur leurs fronts l'allégresse.
(GiNGUENÉ , cité par Boniface. )
Le cœur vit dans le présent , l'esprit dans l'avenir ; de là vient
qu'ils sont si peu d'accord.
Lorsque la Providence veut élever ou abaisser un homme , les
ailes d'un insecte suffisent pour le soutenir , un grain de poussière
pour le renverser.
Le brave ne se connaît qu'a la guerre , le sage que dans la colère,
l'ami que dans le besoin.
L'ignorance ne prévaudra jamais contre la science , l'esclavage
contre la liberté , le fanatisme contre la philosophie.
Il n'y a pas de plus grand sophiste que l'esprit de parti. Par lui
le mal devient le bien , le j aux le vrai , l'esclavage la liberté.
Le pÊcheur a la barque où l'espoir l'accompagne ,
Les cygnes ont le lac, les ais^lcs la monia^^ne ,
Les âmes ont l'amour. (Victob Hugo.)
C'est le cas de dire avec M. Wey: « Quand la clarté n'a pas à
souffrir de l'absence d'un signe, abstenez-vous-en. L'abus rend le
discours haché , décousu , pénible , et languissant. »
N oublions pourtant pas que dans le premier exemple la virgule
est indispensable, pour remplacer le verbe étaient issus.
(1) Ici suffisance signifie capacité, mais il n'est plus usité en ce sens.
DES SIGNES DE POXCTUATIOA. .',2|
VII.
La virgule suffit encore au commencement d'une cita-
tion, quand cette citation a peu d'étendue, et qu'elle est
différenciée par le caractère , comme dans ces exemples:
Les prédicateurs , en parlant a leurs auditeurs , disent , Mes
frères, mes chers frères.
On dit , La mer frémit . pour dire, Elle commence à s'agiter.
On dit proverbialement et elliptiquement, A vieille mule, frein
doré; ce qui signifle, On pare une vieille bête pour la mieux vendre.
Les pieds lui frétillent , c'est a dire , Il a impatience d'aller.
Qui refuse muse, dit le proverbe. C'est comme s'il y avait, Celui
qui refuse muse.
Mais si la citation est subdivisée, si elle comprend plusieurs
propositions , ou si , quoique simple et courte , elle n'est pas dif-
férenciée par le caractère , la virgule n'est plus suffisante , et doit
être remplacée par un signe qui rende la perception plus rapide.
Je suis donc loin d'approuver la manière dont ces deux vers sont
ponctués :
J'entends crier partout, Au meurtre ! On m'assassine !
Ou , Le feu vient de prendre à la maison voisine !
Je blâme encore davantage la suppression de toute espèce de
signe dans cet exemple :
L'histoire reproche a Louis XIV d'avoir dit L'État, c'est moi.
C'est M, Frey qui ponctue ainsi. Vous voyez que M. Frey rime fort bien
avec M. Wey.
Si la citation ne consiste que dans un seul mot ou une suite de
mots pris matériellement, et par conséquent toujours différenciés
par le caractère , elle reste de fait iucorporée à la phrase comme
sujet ou comme régime, et n'admet l'intermédiaire d'aucun signe.
Les expressious/rère germain , frère consanguin , frère utérin ,
ne sont guère usitées qu'en jurisprudence.
On dit meilleur, et non pas/?/M5 hon.
On dit un fidèle ami . et on ne <lit pas un fidèle homme.
1 11, 41
522 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
On ne dit pas pardonner quclquhm , ni je. i>oiis fais pardon.
Il me répondit un non très-court.
An lien iVuspecf, page ^0ô du présent volume , vers \li, lisez
esprit.
Aspect, esprit , dans cette phrase , ne sont que le régime , l'un de la pré-
position au lieu de, l'autre du verbe lisez.
Au lieu de qui commence par une autre syllabe , page 97 , ligne
1 8 de la note \ , lisez qui commence une autre syllabe.
Au lieu de qu'à moitié rempli , page 1 08 , ligne 5 de la note 1 ,
lisez pas atteint.
Au lieu de par lesquels ils se copient, page 548 de la Méthode
DU Genre , ligne 22 , lisez par lequel ils se copient , ou mieux , qui
consiste à se copier.
Au lieu de se troma , page 558 de la Méthode du Genre , ligne
iO de l'article Cale , lisez se samm.
Au lieu de Ce coloris en est vrai, page 560 , ligne 1 1 de l'article
Chair, lisez Le coloris en est orai.
Si la majuscule est dans le texte , il faut naturellement la reproduire
dans la citation, comme nous l'avons fait dans ce dernier exemple.
C'est un diable déchaîné , se dit d'un méchant homme qui se
permet tout , qui ne garde aucune mesure, ( Académie. )
Pourquoi l'Académie met-elle une virgule avant se dit? C'est un diable
déchaîné n'est-il pas , comme un seul mot , le sujet de se dit?
Que veut dire tel mot en français? Il veut dire y'oï*?.
Que signifie Tugend en français ? Il signifie vertu.
Entre autres exemples, l'Académie écrit dans son dictionnaire: «Dé-
CHAÎHER , signifie figurément, Exciter; » en sorte que le verbe de cette pro-
position est isolé à la fois de son sujet et de son régime. Mais, quelque
étrange que soit une telle ponctuation , elle est facile à concevoir dans un
dictionnaire , où le mot principal doit toujours se détacher en relief et se
distinguer nettement de tout ce qui l'explique et le définit. On peut ainsi
considérer cette phrase du dictionnaire de l'Académie comme elliptique ,
comme équivalente à celle-ci : «Déchaîner, voici ce que cela signifie figu-
rément, Exciter , animer, soulever. » La présence de la virgule après C'est
DES SIGNES DE PONCTUATION. ô2o
un diable decluùnc, dans l'exemple cité plus haut, peut se justifier de la
même manière. C'est encore une ellipse de ce genre qui, dans le nièmi;
dictionnaire, substitue la virgule au point entre une loculion quelconque
et l'expression qui la définit. Exemples : Poire d'angoisse. Sorte de poire
âpre ; Pomme à cidre. Pomme qu'on ne mange point , et dont on fait du
cidre ; Bateau porte. Bateau que l'ou coule à fond à la porte d'un bassin
pour le fermer; etc. De là aussi la nécessité de commencer par une ma-
juscule le premier mot de la définition qu'on prendrait sans cela pour une
incidente explicative, pour une apposition jetée entre un sujet constitué
par le mot principal et un verbe censé devoir suivre. Les dictionnaristes
n'ont point réfléchi à cela.
En somme , il est bon que toute loculion dont on cherche l'explication
dans un dictionnaire y soit détachée du reste par la virgule, et de plus tou-
jours différenciée par le caractère et par la majuscule.
Du Poînt-Virgale.
Le point -virgule consiste en un point placé sur une
virgule (•, ).
l'^ En général le point-virgule marque entre deux pro-
positions un rapport plus éloigné que la simple virgule. Il
se met, dit l'Académie, à la fin d'une proposition dont le
sens grammatical est complet, mais qui a une liaison lo-
gique et nécessaire avec la suivante.
Exemples :
Les auteurs d'autrefois écrivaient pour instruire ;
l^es auteurs de nos jours écrivent pour écrire. [\y4nonyme.)
Prescrire aux autres des règles de bonheur est absurde ; ooulnir
les leur faire adopter est tyrannique. ( Fieldiing. j
Les amants qui se lient d'une chaîne éternelle eut le pressenti-
ment de l'immortalité ; c'est trop peu de la oie pour une âme fidèle.
Les médecins des hôpitaux ressemblent aujourd'hui à des in-
quisiteurs ; on guéri/ maintenant comme on punissait jadis .
( Z***, Cité psirE. Sue.)
Toute grande passion n'est qu'une espérance prolongée; elle
tombe dès que l'espérance ne la soutient plus.
}2't GUAMMAIHE FRANÇAISE.
Les économistes divisent les peuples en consommateurs et en
producteurs ; ces derniers sont les plus utiles et les moins pro-
tégés.
Les charlatans sèment les erreurs agréables ; ils savent qu'elles
se ramassent avec plus d'empressement que les vérités utiles.
Soyez ici des lois l'interprète suprême;
Rendez leur ministère aussi saint que vous-même ;
Enseignez la raison, ta justice, et la paix. (Boileau.)
M. Francis Wey trouve qu'au bout de chacun des deux premiers vers ,
dans ce dernier exemple, on aurait dû se contenter d'une simple virgule.
Mais M. Francis Wey, on lésait, ne voit quelquefois qu'un côté des choses.
S'il est vrai que la virgule dût être sufRsante dans le cas indiqué ci-dessus,
à plus forte raison devrait-elle suffire après chacune des phrases partielles
qui composent l'exemple suivant :
Il faut se représenter que sous ses pas l'éléphant ébranle la terre ;
que de sa main il arrache les arbres ; que d'un coup de son corps il
fait brèche dans un mur. ( Buffon , cité par M. Boniface.)
Pour combler l'intervalle qui sépare deux propositions d'une
certaine étendue, la virgule, on l'a vu, a besoin d'être assistée
des conjonctions et, ni, ou; conjonctions destinées bien moins à
unir qu'à rapprocher.
Avec toute autre conjonction qui n'exprime point par elle-même
un rapport intime entre les deux propositions qui réclament son
intermédiaire, le point-virgule continue de régner en maître:
Le public aime si peu les vers, que plusieurs excellents poètes
passent inaperçus ; takdis que les plus plats phraseurs sont au
pinacle.
Beaucoup de gens ont dû leur réputation et leurs succès a l'impu-
dence avec la quelle ils se sont eux-mêmes préconisés; tant le
public aime les jugements tout faits.
On trouve des moyens pour guérir de la folie ; mais on n'en
trouve pas pour redresser un espi-it de travers.
Le sage ne dit pas ce qu'il fait ; mais il ne fait rien qui ne puisse
être dit.
Il ne se faut jamais moquer des misérables ;
C^B qui peut se vanter d'être toujours heureux ( La Foniaune.)
DES SIGNES DE POiNCTl ATIO.X. o2-J
Avec la conjonction et elle-même le point-virgule est souvent né-
cessaire pour délimiter la borne de deux propositions :
Vous -laisserez toujours quelques fruits sur la branche ,
Pour que le voyageur vers sa lèvre la penche ;
Et vous n'amasserez jamais que pour un temps.
Car la terre pour vous germe chaque printemps. ( Lamahtinb.)
Tout dépend , je le répèle , du plus ou du moins de liaison que
les idées exprimées ont entre elles. Toute proposition, tout ap-
pendice , tout sens qui n'a pas avec le sens qui précède un rapport
intime , en doit être séparé par un point-virgule :
J'en suis à me demander où le Journal des Débats a pris le zèle
qu'il met à défendre la cause des noirs ; n'étant pas accoutumé à
tant de générosité de sa part.
Le Journal des Débats s'est véritablement surpassé dans la ma-
nière dont il a réfuté le discours odieux de M. Dupin contre le
projet d'émancipation ; tant il est {>rai que les idées généreuses
sont la source de toute éloquence.
Cela me réconcilierait un peu avec le Journal des Débats, s'il
n'était malheureusement trop certain qu'il n'a été que l'heureux
écho d'une idée heureuse , et qu'au besoin il eiit tenu un langage
tout à fait contraire ; triste conséquence de l'état de sen>itude au
quel il est attaché.
Car je ne suis pas l'un de ces types suprêmes ,
Vils faquins sans courage, et qui , gonflés d'eux-mêmes ,
Se drapent dans leur aise ainsi qu'en un manteau;
Habiles ici-bas à ne se faire étude
Que de bien conserver leur douce quiétude.
Sourds ù ceux que le mat brise dans son élau.
( L. N. Amertumes et Consolations.)
L'orgue majestueux se taisait gravement
Dans la nef solitaire ;
L'orgue , le seul concert, le seul gémissement
Qui mêle aux deux la terre ! ( Victor Hugo. )
Avec les conjonctions parce que , puisque^ potirvu que, lorsque,
dès que, aussitôt que, pendant que, etc., la virgule est presque
toujours suffisante ; tant ces conjonctions expriment d'elles-mêmes
un rapport intime entre les deux idées qu'elles mettent en pré-
5-26 (JKAMMAIKE FIÎANÇAISE.
seiice. M. de Monlansier était respecté , parce qu'il était juste. Je
le veux bien, puisque vous le voulez. Je vous obéirai en tout, pourvu
que vous m'aimiez. Cest un homme qui a le secret déplaire, lors
même qu'il contredit. Il s'éloigna , dès qu'il m'aperçut. Le vrai
sage n'est appliqué qu'à bien faire , pendant que le fanfaron tra-
vaille à ce que l'on dise de lui qu'il a bien fait. ( Lxbkvyère.) Dieu
accorde quelquefois le sommeil aux méchants , afin que les bons
soient tranquilles. (Sadi.) Le rapport peut même devenir si étroit,
on l'a déjà vu à l'article de la virgule , que les deux phrases en de-
meurent inséparables. Dieu absout aussitôt qu'il voit la pénitence
dans le cœur. On n'instruit plus des qii'o^i devient pédant. Qu'on
vienne dire encore que c'est le besoin de respirer qui règle l'emploi
des points et des virgules ! Je l'ai déjà dit , je ne saurais assez le
répéter , l'art de la ponctuation est tout entier dans la logique. Cet
art , aucun procédé mécanique ne peut le donner. Que les gram-
mairiens , que les maîtres de langue, que les ignorants ne s'éton-
nent donc plus de rencontrer devant les conjonctions car, mais,
tandis que , tant, et, tantôt une simple virgule , tantôt un point-
virgule , parfois un point ; d'y remarquer même assez souvent
l'absence de tout signe. Quand ils seront initiés à l'art d'écrire , à
l'art de penser ; quand ils auront appris à saisir les rapports qui
existent entre leurs idées, ils ne témoigneront plus à cet égard au-
cune surprise. Ce qui m'étonne moi-même , ce qui me confond ,
c'est qu'il ne soit pas possible de trouver un seul ouvrage , quelque
soigné qu'il soit , quelque correct qu'en soit l'auteur , où , comme
l'observe M. La Loy , « l'on reconnaisse un système uniforme de
ponctuation , où la ponctuation de toutes les phrases analogues
puisse s'expliquer par un principe analogue ».
Reprenons.
2° Le point-virgule vient au secours de la virgule, quand
celle-ci, employée à distinguer les parties subalternes d'une
période, ne peut plus suffire à marquer la limite qui sépare
les principaux membres.
Le plus riche est celui qui jouit le plus , fiit-il le plus pauvre ;
et le plus pauvre celui qui jouit le moins , fût-il le plus riche.
( Déjà cité. }
Il faut qu'i'n reni t'arnns ,./>n(/r plaire, il se replie;
DES SIGNES DE POACTUATIO.N . 327
Que tantôt il s'élève , et tantôt s'humilie ;
Qu'en nobles sentiments il soit partout fécond ;
Qu'il soit aisé, solide , agréable , et profond. ( Boileau.)
M. Francis Wey se contenterait volontiers d'une simple virgule au bout
de chacun de ces vers. Il blâme surtout la virgule après il s'élève: et les
mots pour plaire , flanqués de deux autres virgules, lui font un effet très-
désagréable. Il vous propose sérieusement d'en supprimer une ( la se-
conde ) , sans songer que cela romprait tout à fait le fil de la phrase. Mais
il vaudrait beaucoup mieux les supprimer toutes deux ; car l'inversion est
si simple , en effet, qu'elle ne justifie guère l'usage de la virgule. En tout
cas , la colère hop souvent justifiée de M. Francis Wey contre les poêles,
tes pédagogues, et les fabricants de grammaires, (1) qui ont revu, corrigé, (2)
et reponctué te satirique , nous semble ici fort déplacée.
Impossible de ranger notre cathédrale dans cette antique famille
d'églises sombres , mystérieuses , basses , et comme écrasées parle
plein-cintre; presque égyptiennes au plafond près; toutes liiéro-
glyphiques, toutes sacerdotales, toutes symboliques ; plus chargées,
dans leurs ornements , de losanges et de zigzags que de fleurs , de
fleurs que d'animaux , d'animaux que d'hommes ; œuvre de l'ar-
chitecte moins que de l'évêque ; première transformation de l'art ,
tout empreinte de discipline Ihéocratique et militaire , qui prend
racine dans le Bas-Empire , et s'arrête a Guillaume le Conquérant.
( Victor Hugo. )
Sans l'aide du point-virgule comment l'œil pourrait-il suivre les divers
détails du magnifique tableau que voici :
SATE ZiILIA.
Oh 1 si vous rencontrez quelque part sous les cieux
Une femme au front pur , au pas grave , aux doux yeux ,
Que suivent quatre enfants dont le deinier chancelé ;
Les surveillant bien tons, et , s'il passe auprès d'elle
Quelque aveugle indigent que l'âge appesantit ,
(1) Une virgule avant qui, parce que ce pronon» ne se rapporte pas
seulement à fabricants de grammaires, mais encore à poètes et à pédagogues,^
Après fabricants de grammaires la voix ne continue pas sur le même ton.
Elle s'arrête un instant, puis s'élève sur le pronom qui pour indiquer la
reprise mentale des trois substantifs remplacés par ce pronom. 11 va sans
dire que M. Wey ne ponctue pas ainsi.
(2) Toute personne qui lit bien observera un repos après corrigé , C(jmmc
après revu. De là la virgule, ("est ce que nous avons suffisamment expliqué
en son lieu.
■")28 GRAMMAIUK FKA.NÇVISE.
Mettant une luuuble aumône aux muins du plus petit ;
Si , quand la diatribe autour d'un nom s'élance.
Vous voyez une femme écouter en silence ,
Et douter , puis vous dire : « Attendons pour juger ;
0 Quel est celui de nous qu'on ne pourrait charger ?
» On est prompt à ternir les choses les plus belles;
« La louange est sans pieds et le blâme a des ailes ; » (1)
Si, lorsqu'un souvenir, ou peut-être un remords,
Ou le hasard vous mène à la cité des morts ,
Vous voyez , au détour d'une secrète allée ,
Prier sur un tombeau dont la route est foulée ,
Seul avec des enfants , un être gracieux
Qui pleure en souriant comme l'on pleure aux cieux ;
Si de ce sein brisé la douleur et l'extase
S'épanchent comme l'eau des fêlures d'un vase ;
Si rien d'humain ne reste à cet angeéploré;
Si, terni par le deuil, son ceil chaste et sacré ,
Bien plus levé là- haut que baissé vers la tombe ,
Avec tant de regret sur la terre retombe
Qu'on dirait que son cœur n'a pas encor choisi
Entre sa mère au ciel et ses enfants ici;
— Quand, vers Pâque ou Noël, l'église, aux nuits tombantes ,
S'emplit de pas confus et de cires flambantes,
Quand la fumée en flots déborde aux encensoirs
Comme la blanche écume aux lèvres des pressoirs,
Quand au milieu des chants, d'hommes, d'enfants, de femmes,
Une âme selon Dieu sort de toutes ces âmes , (2)
Si , loin des feux , des voix, des bruits et des splendeurs (3) ,
Dans un repli perdu parmi les profondeurs ,
Sur quatre jeunes fronts groupés près du mur sombre
Vous voyez se pencher un regard voilé d'ombre ,
(1) Dans le texte ces nobles paroles de la femme ne sont détachées du
reste que par deux tirets, l'un au commencement, l'autre à la fin. Ces
signes sont insuffisants. 11 faut absolument un signe qui se reproduise en
tête de chacun des vers qui forment ce petit discours.
(2) Voilà trois phrases commençant par la conjonction quand qui sem-
bleraient devoir être séparées entre elles par le point-virgule ; mais il faut
considérer qu'elles ne sont que des subdivisions d'un membre de la'période,
et non pas un membre elles-mêmes.
(3) Point de virgule après bruits, dans le second hémistiche de ce vers;
parce que les mots bruits et splendeurs ne sont pas la suite d'une énumé-
ration , mais seulement la reprise des dcnx idées feux et iwix présentées
sous une lorme nouvelle cl plus an)ple.
DÉS SIGNES DE PONCTUATION. 320
Où se mêle , plus doux encor que solennel ,
Le rayon virginal au rayon maternel ; (1)
Oh ! qui que vous soyez, bénissez-la ; (2) c'est elle !
La sœur, visible aux yeux , (3) de mon âme immortelle;
Mon orgueil , mon espoir, mon abri , mon secours ;
Toit de mes jeunes gens qu'espèrent mes vieux jours!
C'est elle ! la vertu sur ma tèle penchée ;
La figure d'albâtre en ma maison cachée;
L'arbre qui , sur la route où je marche à pas lourds ,
Verse des fruits souvent et de Tombre toujours;
La femme dont ma joie est le bonheur suprême;
Qui , si nous chancelons , ses enfants ou moi-même,
Sans parole sévère et sans regard moqueur ,
Les soutient de la main et me soutient du cœur;
Celle qui, lorsqu'au mal , pensif, je m'abandonne ,
Seule peut me punir et seule me pardonne ;
Qui de mes propres torts me console et m'absout;
A qui j'ait dit: toujours! et qui m'a dit: partout!
Elle! tout dans un mot! c'est dans ma froide brume
Une fleur de beauté que la bonté parfume.
D'une double nature hymen mystérieux !
La fleur est de la terre et le parfum des cieux. (V, Hugo.)
Le texte , imprimé par M. Wahlen , de Bruxelles, est loin d'être correct,
mais ce n'est sûrement pas la faute de l'auteur.
Citons encore cet exemple qui ne laisse pas que d'offrir quelques
difficultés :
Trois sortes de ravages défigurent aujourd'hui rarcliilecture
gothique. Rides et verrues a l'épiderme; c'est l'œuvre du temps.
Voies de faits , brutalités , contusions , fractures ; c'est l'œuvre des
(1) Plusieurs mettraient ici un deux-points pour mieux marquer la di-
vision ; mais , comme ce qui suit , jusqu'au point , n'est autre chose que le
complément de ce qui précède, le point-virgule est suflisant, puisqu'en
pareil cas même il ne fait que suppléer la simple virgule. Au besoin, plutôt
que d'employer le deux-points dont la destination est totite autre, on peut
s'aider du tiret ou de l'alinéa. C'est à ce dernier moyen , on le voit, qu'a
eu recours le poète que nous citons.
(2) Ce pronom féminin la, s'accordant non pas avec regard, mot au-
quel il se rapporte grammaticalement, mais avec /èwwc , mot laissé loin
derrière la période, et auquel il ne correspond plus que par le sens, est nn
nouvel exemple de la figure appelée syllepse.
(3) Remarquez , je vous en prie , la confusion qui résulterait de la sup-
pression de cette virgule.
T. II 4-2
•~50 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
révolutions deiuiis Liillierjusqu'U Mirabeau. Mutilations, amputa-
tions, dislocation de la membrure, restaurations ; c'est le travail
grec , romain , et barbare , des professeurs selon Vitruve et Vi-
gnole. ( Victor Hugo.)
Les grammairiens n'auraient pas manqué de rattacher à la première
phrase par un deux-points tontes celles qui la suivent (1) , en les séparant
entre elles par un point-virgule ; tandis qu'ils auraient été hommes à se
contenter d'une simple virgule à tous les endroits où figure ici le point-
virgule.
Mais, nous l'avons dit, savoir ponctuer , c'est savoir écrire ; et personne,
je crois, ne s'y entend mieux que Victor Hugo. La manière dont il a divisé
ces phrases est parfaite (2).
Encore un exemple emprunté , celui-ci, h Girault Duvivier, qui l'a em-
prunté à je ne sais qui ; cela pour faire plaisir aux partisans 7((r/«f/ wc/dc
du sieur Girault Duvivier :
Politesse noble , qui sait approuver sans faveur , louer sans ja-
lousie , railler sans aigreur ; qui saisit les ridicules avec plus de
gaieté que de malice ; qui jette de l'agrément sur les choses les plus
sérieuses , soit par le sel de l'ironie, soit parla finesse de l'expres-
sion ; qui passe légèrement du grave a l'enjoué; sait se faire en-
tendre en se faisant deviner ; montre de l'esprit sans en chercher ,
(1) C'est ce qu'a fait Bossuet lui-même dans sa description du cheval
dompté, « Voyez cet animal ardent et impétueux : pendant que son écuyer
le conduit et le dompte , que de mouvements irréguliers ! etc. » Evidem-
ment, à la place du deux-points, il faudrait un point.
(2) On n'en peut pas dire autant même de Bossuet. o A la fin il est
«dompté: il ne fait que ce qu'on lui demande: il sait aller le pas, il sait
«courir, noti plus avec cette activité qui l'épuisait, par laquelle son obéis-
«sance était encore désobéissante. Remarquez : elle n'est j)as détruite ,
» elle se règle , il ne faut plus d'éperon , presque plus de bride ; car la bride
»ne fait pasl'eËfet de dompter l'animal fougueux ; parun petit mouvement,
nqui n'est que l'indication delà volonté de l'écuyer, elle l'avertit plutôt
«qu'elle ne le force, et le paisible animal ne fait plus, pour ainsi dire,
«qu'écouler: son action est tellement unie à celle de celui qui le mène,
«qu'il ne s'ensuit plus qu'une seule et même action.»
Rien de plus mal ponctué que ces phrases. Dans la première , li» où il y
a deux points, il faudrait un point- virgule. Dans la seconde , à la place
du deux-points qui précède les mots son action , il faudrait on point. Il en
faudrait aussi un Après fougueux. En outre, dans la première phrase, non
plus fait supposer un appendice adversatif que l'espiit s'étonne de ne pas
trouver. Puis remarquer ne se dit pas absolument. Il faudiail : licmarqucz
qu'elle n'est pas détruite ; qu'elle se régie ; qu'il ne faut plus d'éperon, presque
plus de bride, etc. Quelles rduieui s l'auteur de Notic-Dainc cùl jetées siii ci
tableau !
DES SIGNES DE PONCTUATION. 554
et donne "a des sentiments vertueux le ton et les couleurs du no
joie douce.
A en juger j)ar les quatre ou cinq règles que l'auteur de la Grammaire des
Grammaires a rédigées en trente-deux lignes, qui toutes ensemble ne disent
pas tant que les quatre lignes de notre second précepte , il semblerait que
l'honorable maître ait pris chaque formule de la même idée , du même
principe, dans les quatre ou cinq grammaires qu'il a copiées , pour une
idée, pour un principe à part.
Je ne sache rien au monde de plus diffus, de plus lourd, de plus redon-
dant, de plus pâteux , de plus incorrect , que le style ( si style il y a ) dont
est rédigée la Grammaire des Grammaires. Il n'y a que le style de Napo-
léon Landais et de Boiste qui le dispute à celui de M. Girault Duvivier.
Encore ne dis-je rien des préceptes, tous plus faux les uns que les autres;
ce qui n'empêche pas tels maîtres de langue de Vienne déconsidérer Na-
poléon Landais et Girault Duvivier comme deux oracles. Il est vrai que
les oracles n'eurent guère de vogue qu'en Béotie ; et, si vous avez lu.
dans le Livre des Ceyit et un , certain article fort spirituel de M. Charles ou
Louis Desnoyers , vous n'ignorez pas que les Béotiens forment encore de
nos jours un peuple nombreux, où se recrutent surtout les m-tîtrcs dr
langue.
Pour se venger de l'épigramme, ces messieurs me reprocheront aussi des
longueurs. Ils condamneront comme superflus les ornements que je sème
à pleines mains sur les quatre murs nus et froids de la Grammaire , cette
prison obscure où s'étiolent, faute d'air et de jour, les jeunes intelligences,
avides de soleil; ils traiteront de bavardage les causeries vives et sautil-
lantes dont je cherche à égayer mon grave sujet. Il est vrai que, pour leur
compte, ils ne se piquent guère d'être amusants. Ils aiment mieux être
lourds, à l'exemple de leur maître Girault Duvivier. Pourvu qu'ils puis-
sent tourner l'espace d'une heure dans le même cercle de phrases pénibles
et embarrassées, la plupart du temps inintelligibles pour eux-mêmes, mais
débitées pompeusement, solennellement, comme il convient à des hommes
graves , sans le moindre petit mot pour rire , sans un geste capable de
porter atteinte à leur dignité , les voilà heureux et tout fiers d'eux-mêmes.
Que leur importe d'avoir été assommants \
Eh! messieurs, pour peu que mes petites observations vous paraissent
déplaisantes, il ne vous est pas bien difficile de les esquiver. A'oyez comme
elles se font petites, comme elles se diminuent , comme elles se rangent
de côté , pour faire place au digne et grave cortège des préceptes gramma
licaux. Elles n'entravent en rien sa marche; elles ne causent aucun tioublc.
aucun désordre ; elles ne mettent aucun obstacle entre vous et lui : elles
ne l'empèchcnl pas de Iraucher vivemeul sur le fond, de manière qui
5d2 grammaire fk.\nçaise.
vous ne puissiez le perdre un instant de vue. Ces notes, ces remarques, ces
conjuicntaires, qui vous offusquent... mais c'est la l'oule curieuse, agitée,
bariolée^ pleine de bruits et de voix, qui, loin de nuire au tableau, l'anime
et le vivifie! Si vos regards sont distraits par elle, c'est votre faute. Vous
n'avez qu'à les tenir constamment fixés sur la masse saillante du cortège.
Au fait, de quoi vous plaignez-vous f L'article présent , par exemple,
ne contient que deux formules; et ces formules, si courtes qu'elles font
ensemble à peine buit lignes , sont encore détachées du reste par un carac-
tère si gros qu'elles sautent de suite aux yeux. Est-ce par hasard au sieur
Giraull Duvivier que vous attribuez l'art de dire plus de choses en moins
de mots ? Tenez-vous-en donc au sieur Girault Duvivier , votre coryphée ;
car je n'aime pas assez les sots et les esprits de travers pour vouloir leur
faire du bien malgré eux.
Je suis toutefois bien sûr que ceux d'entre vous qui ont de l'esprit , et le
nombre en est grand , je n'en doute pas , loin de me blâmer , m'applaudi-
ront. Ils conviendront tout d'abord que les exemples, tristes ou gais, plai-
sants ou sérieux, dont je cherche à varier mon ouvrage, avec les commen-
taires qui les accompagne.it , sont faits pour jeter un jour infini sur les
sombres questions que je traite et pour faire de la grammaire une étude
amusante autant qu'instructive.
D'ailleurs à qui pouvez-vous vous en prendre de mes discussions? La
question serait bien plus simple et bien plus facile à traiter en peu de
mots , si vous ne l'aviez pas tant embrouillée. ÎNe faut-il pas que je réfute
les mille absurdités qu'on vous a débitées jusqu'ici, et qu'à votre tour vous
débitez, bien innocemment, j'en conviens, à ce bon public, qui, la
bouche béante, attrape à la volée, plus adroitement qu'un chien, toutes
vos pilules, et les avale comme pain bénit ? Pauvre dupe ! ne faut-il pas
que je cherche à l'éclairer, à le désabuser ? Or c'est là une chose qui de-
mande beaucoup de temps, beaucoup de paroles. Je n'en veux pour
preuve que les interminables disputations des deux Chambres à propos de
bottes, renforcées de la polémique de tous les journaux du monde. Quel
déluge de motsl II semblerait que Dieu , se repentant de nouveau d'avoir
fait l'homme , et ne pouvant , aux termes de l'alliance , l'ensevelir encore
une fois sous les eaux, ait résolu d'arriver à la même fin par la presse et
surtout par le Journal des Débats.
Pauvre humanité !
Mais, direz-vous, il y a tant de choses qui me sont personnelles 1 Que
voulez-vous! j'ai beau poser mes deux mains sur l'horrible plaie de mon
cœur , le sang coule à travers mes doigts.
Je ne finirai pas cet article sans faire observer aux Allemands
qu'ils emploient la simple virgule dans bien des cas où il faudrait
DES SIGNES DE PONdUATION. 553
le point-virgule ; ce qui nuit considérablement à la clarté de leur
style , d'ailleurs si précis , quand il n'est pas diffus.
L'art de ponctuer , tout entier fondé sur la logique , doit être le
même dans toutes les langues.
Du Deux-Points.
Le deux-points consiste en deux points disposés verti-
calement (:). ■
L'emploi de ce signe semble vouloir rester une énigme , non-seulement
pour les Béotiens dont j'ai parlé, mais pour tout le monde en général. Il
n'est pas rare , en effet , de le voir confondu avec le point-virgule , le point
simple, et même la simple virgule, dans des cas absolument identiques.
Exemples :
L'exercice , la sobriété, et le travail : voilà trois médecins qui ne se trom-
pent pas.
( Cité par MM. Noël et Cliapsal, à l'appui d'une règle absurde. )
0 Les deux points me paraissent déplacés dans cette phrase, dit avec
raison M. Francis Wey. On sait qu'ils servent toujours , suivant nos gram-
mairiens , « arrêter une proposition que doit suivre un appendice explicatif.
Or , dans le second exemple, remplacez le mot voilà par un équivalent,
et dites: L'exercice, la sobriété , et le travail stmi trois médecins qui ne fe
trompent pas , vous verrez que rien ne doit être suspendu, et que le mot
voilà tenant lieu du verbe, demande une simple virgule.»
M. Wey a raison au fond , mais non pas tout à fait dans la forme , qui
laisse bien quelque chose à désirer. Voilà , dans l'exemple cité , est l'équi-
valent exact de ce sont ; et cela est si vrai qu'on ne pourrait guère le tra-
duire en allemand que par es sind. D'où il suit , [que si l'on veut bien se
rappeler nos règles sur la virgule , on n'hésitera pas un instant à réprouver,
dans le cas actuel , l'usage intempestif du deux-points.
11 faut autant qu'on peut obliger tout le nionde :
On a souvent besoin d'un plus petit qjie soi,
( 1-A Fontaine, cite' (>ai- MM. Noël cl Chapsal à l'appui iruiic
règle non moins absurde.)
Le point-virgule est d'autant plus nécessaire ici, que c'est comme s'il y
avait : Il faut obliger fout le monde ; car on a souvent besoin d'un plus pcli:
que soi. Cet exemple n'cst-il pas tout à fait analogue à celui-ci :
H ne se faut jamais moquer des misc'rahles j
Car qui peut se (laller d'élrc toujours heureux?
■)■)'» GUAMMAIKË FKAISCjAlSt;.
Pépin protège contre eux l'Eglise romaine , et lui donne une grande
partie de l'Italie: premier fondement de la puissance temporelle du Saint
Siège. ( Le R. P. Lobiqubt. )
Godefroi de Bouillon, prince aussi pieux que vaillant, marche en Asie
à la tête des Croisés : il prend la ville de Jérusalem et en est proclamé roi.
(Idem.)
La sagesse de Charles V et la valeur de du Guesclin réparent les pertes
de l'Etat : mais à peine ces deux grands hommes ont-ils les yeux fermés que
la démence de Charles VI , la guerre qui s'allume entre les maisons d'Orléans
et de Bourgogne , et, par dessus tout, les armes anglaises, plongent la
France dans les derniers malheurs. ( Idem. )
Les premiers hommes , doués d'une grande longévité , peuplèrent
bientôt une partie de l'Asie: ils n'eurent longtemps d'autres occupations que
la culture de ta terre et le soin des troupeaux. (Histoire ancienne.)
Un des petits fils de Caïn pratiqua l'agriculture : Jubal inventa la mu-
sique ; Tubal-Caïn l'art de forger le fer; une femme , nommée Naamach,
l'art de filer et de faire des tissus. ( Ibid. )
Dans tous ces exemples, l'emploi du deux-points est un abus criant.
Le comparatif exprime la qualité avec comparaison : il y a deux sortes de
comparatifs. ( Noël et Chapsal. )
Le passé défini ne se dit, au contraire, que d'un temps complètement
écoulé et éloigné au moins d'un jour de l'instant où l'on parle : ainsi l'on
ne dira pas , etc. [lidcm. )
Quel démon a pu pousser ces messieurs à substituer ici le deux points
au point simple ? Il n'est personne, je crois, qui ne reconnaisse que le deux-
points n'est pas à sa place ici. En outre pourquoi flanquer l'adverbe au
contraire de deux virgules ? Cela se doit quelquefois, mais ce n'est pas ici le
cas.
C'est encore le point simple qu'il faudrait substituer au deux-points
dans les deux exemples qui suivent :
Ce siècle voit fleurir le célèbre Pétrarque : plusieurs universités s'élèvent,
et promettent la renaissance prochaine des lettres. ( Le R. P. Lohiquet. J
Messieurs, c'est un grand moment dans la vie de tout homme de lettres
que celui où il entre à l'Acadénne : c'en est un surtout bien imposant et
tout à fait décisif pour l'écrivain dont les débuts étaient loin de se diriger vers
un prix si glorieux et pouvaient même sembler s'en détourner quelquefois (1).
Que l'auteur de Volupté me pardonne ma hardiesse, mais il ne fait pas
du deux-points un usage plus heureux que le révérend Père Loriquet, qui,
lui du moins, rencontre quelquefois assez juste , comme dans cet exemple :
(1) Quell(! phrase 1 En qualité de grammairien , appelé à juger toute
question de ma compétence , je dois j)révenir mes lecteurs que je suis loin
de regarder le discours de M. Sainte-Beuve à r.\cadémie comme un mo-
dèle de l'art de jienser et de s'exprimer. Je n'ose en dire davantage ; mais
on doit se défier de la phrase même que nous citons , passablement alam-
biquce comme tout le reste.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 555
Cependant les Français et les Vénitiens se vengent de toutes les perfidies des
Grecs envers tes Croisés : ils prennent d'assaut Constanllnoplo , et en font le
siège de l'empire latin d'Orient. La seconde de ces deux propositions rentre
exactement , eu effet, dans la première. C'est la même idée présentée sous
une forme positive et palpable, de vague et indécise qu'elle était d'aliord ,
ce qui est tout à fait du ressort des deux points. C'est comme s'il y avait :
Les Vénitiens se vengent , et voici comment : ils prcnncrit d'assaut Constanti-
nople, etc.
Ce qu'il y a de plus intolérable, c'est de voir le même exemple traité
par les grammairiens comme une selle à tous chevaux , c'est à dire , in-
voqué par eux à l'appui de règles toutes contraires , et ponctué tantôt
d'une manière, tantôt de l'autre, selon le besoin du moment.
Tel est celui-ci dont la dernière proposition , il faisait la grimace , est sé-
parée par un deux-points dans la grammaire de M. lîoniface , et par un
point-virgule seulement dans celle de M. Girault Duvivier. On a dit de La-
motte : Il voulait rire comme La Fontaine, ; mais il n'avait pas la bouche faite
comme lui : ; il faisait la grimace.
Si du moins ces messieurs pouvaient se mettre d'accord! Mais, ce que
j'ai déjà dit , je puis l'affirmer de nouveau en toute sûreté de conscience,
leurs livres ne sont qu'un fouillis d'absurdités et de contradictions.
C'est ainsi que M. Boniface pose en principe que « lorsqu'une phrase
«est divisée en deux grandes parties, et que les parties secondaires sont déj.i
» séparées par la virgule et le point-virgule, on indique les deux grandes di-
» visions par les deux points. Exemple: En ce moment , je sentis mon cœur
a partagé; j'étais touché de la naïveté de Néoptolème , et de -la bonne foi avec
V laquelle il m'avait rendu nw7i arc : mais je ne pouvais me résoudre a voir
» ENCORE LE jour, s'iL FALLAIT CÉDER A UlVSSE. b (FéNÉLON.)
Tout le respect que m'inspire le nom, pour moi sacré, de Fénélon ne
saurait me faire adopter cet emploi du deux-points.
M. Boniface établit encore que a lorsque deux phrases indépendantes
» quant à la construction , (1) sont mises en opposition l'une à l'autre (2) ,
ocetle opposition est indiquée par les deux points. Exemple : Un avare
test un malade qui meurt éioujfé dans son sang : un prodigue est un autre
•> malade qui meurt à force de saignées » .
11 y a entre ces deux propositions la conjonction et de sous-entendue.
Comment dès lors expliquer la présence du deux-points ?
Il est vrai que M. Landais y regarde encore de moins près, lui qui ne
(1) Que fait ici cette virgule ?
(2) Il faudrait sont mises en opposition l'une avec l'autre. On peut s'en
convaincre à l'aide d'une légère transposition : sont mises l'une avkc l'autre
en opposition.
Ô5G GRAMMAIRE FRANÇAISE.
craint pas de se lieuiter avec le deux-poiiils contre celte inruneconjonrlion
exprimée.
Si les beautés de l'éloculion oratoire ou poétique étaient palpables, rien
ne serait plus commun que l'éloquence; un médiocre génie pourrait y at-
teindre : et quelquefois , faute de les connaître assez , un homme ne pour l'é-
toquence reste en chemin ou s'égare en roule, (Cité par M. A'^. Landais. ]
Je suis presque sur que de cette phrase , si bizarrement coupée ,
Rï. Victor Hugo en eût fait trois; c'est à dire qu'il aurait mis un point
après l'éloquence , et encore un point après y atteindre. Cela serait d'autant
plus raisonnable , que ces trois propositions , grammaticalement indépen-
dantes l'une de l'autre , n'ont pas entre elles d'autre liaison que celle qui
résulte de l'enchaînement des idées. Elles n'en ont pas plus assurément que
les phrases suivantes, toutes séparées pourtant par un point :
Que les criminalistes les plus entêtés y fassent attention , depuis un
siècle la peine de mort va s'anioindrissant. Elle se fait presque douce.
Signe de décrépitude. Signe de faiblesse. Signe de mort prochaine. La
torture a disparu. La roue a disparu. La potence a disparu. Chose étrange !
la guillotine elle-même est un progrès. (Victor Hugo.)
A son tour M. Girault Duvivier prescrit l'usage du deux-points a après
• une phrase finie , mais suivie d'une autre qui l'éclaircit , ou qui sert à la
s développer ». Et à l'appui de cette étrange règle, déjà émise <i propos
du point-virgule , il cite ces vers de Rousseau :
Les cieux instruisent la terre
A re've'rer leur auteur :
Tout ce que leur globe enserre
Célèbre un dieu créateur.
Oïl est la nécessité d'user ici du deux-points? Est-ce que ces deux phrases
à franges ne seraient pas suffisamment séparées par le point-virgule ? Je suis
bien sûr que M. Francis Wey sera de mon avis, lui qui a une si grande
horreur du deiix-points !
a Employez, dit-il , employez volontiers le point-virgule aux endroits où
votre maître d'écriture vous a conseillé les deux points. L'usage immodéré
des deux points est ce qu'il y a de moins gracieux et de moins raisonnable.»
L'exemple suivant en est une preuve :
Vos lois sont vos tyrans : leur barbare rigueur
Det'ient sourde au mérite, nii sang, à lajaveur :
Le sénat vous opprime et le peuple vous brave.
Il faut s'en faire crainthe ou ramper leur esclave.
( VoLTAinE, cite' par M. Girault Duvivier.)
Peut-on rien voir de plus mal ponctué que ces vers , tout signés qu'ils
sont du nom de Voltaire ? Voltaire n'avait pas raison tous les jours.
Ne concluez-vous pas avec moi de tout ce qui précède que toutes
les grammaires sans exception , publiées jusqu'à ce jour , sont ex-
cellentes... pour l'épicier? I.cs meilleures sont sans conlredil
celles du plus grand format.
DES SIGNES DE PONCTUATION. .>">7
Raillerie à pari, est-il donc si difficile de déterminer la
différence qu'il y a entre le deux-points et le point-virgule?
Le point-virgule annonce à celui qui lit — une proposition le plus
souvent analogue de construction à celle qui la précède, et destinée
à l'étendre, à la développer, à l'expliquer, à la nioliver (I) , but qui
est fréquemment et peut toujours être indiqué par quelque conjonc-
tion ; en sorte que la seconde se trouve ainsi dépendre même gram-
maticalement de la première , et point la première de la seconde.
Pour s'en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur les exemples
de la première série, à Vail'idc point-virgiile. On verra que, dans
chacun d'eux , on peut très-bien glisser une conjonction entre les
deux phrases. Ce sera mais ou tandis que pour le premier, car pour
le second et le neuvième, w pour le troisième et le huitième, et pour
le quatrième, pour le sixième, et pour le dixième , en effet pour le
cinquième, et c' est pourquoi pour le septième.
Le deux-points au contraire annonce une proposition
très-rarement analogue de construction à celle qui précède,
et destinée non pas seulement à développer celle-ci, à l'ex-
pliquer, à la motiver, mais de plus à la prouver, à la
mettre en relief par une réflexion d'une vérité incontes-
table, avec la-quelle on la confronte, — par un contraste frap-
pant, une opposition vive et tranchée. Il annonce une
proposition qui n'est que la môme idée vague devenue
palpable, devenue fait, une proposition qui est presque in-
dispensable à l'intelligence de celle qui la précède^ en sorte
que la première dépend bien plus de la seconde que celle-ci
de la première. On peut môme dire que l'annonce de la se-
conde est toujours explicitement ou implicitement contenue
dans la première, et qu'ainsi la première laisse toujours
l'esprit dans l'attente d'une seconde, qui en est le complé-
ment inséparable; si bien qu'il est fort peu de cas où l'on ne
puisse faire précéder le deux-points de quelqu'une des ex-
(1) On ne doit pas ontjlier qn'enlre des phrases simples et couiles la
virgule a le mèaïc elFel.
T. II. 43
Ô38 GnAMMAIItE FIW.XÇAISE.
pressions , en voici la preuve^ voici comment., voici la chose,
savoir j etc.
I.e poinl-virgule, coniinela virgule, exprime une cerlaine liaison
entre des idées successives, naissant l'une de l'aulre naturellement,
sans effort, sans transition brusque, se fondant bien ensemble, et
formant une gradation insensible.
Le deux-points a une tout autre destination. îl tient lieu
de toute transition entre les idées , qu'il met brusquement
à côté l'une de l'autre sans observer entre elles aucun adou-
cissement , aucune nuance.
Les propositions rapprochées, par le point-virgule se sui-
vent, et forment comme les divers anneaux d'une chaîne;
celles que distingue le deux-points marchent de front, et
sont comme deux roues engagées dans le même essieu, les
quelles se soutiennent mutuellement.
Telle est la véritable nature du deux-points. Il ne faut
pas lui en attribuer une autre. Exemples :
C'est un métier l)ieu méprisable que celui d'écrivain du Journal
des Débals : // faut que la girouette tourne sans cesse ou qu'elle se
hrise.
De ces deux propositions la première peut sembler d'abord im peu ha-
sardée ; on sent qu'il y faut une preuve ; on l'attend ; mais dés qu'elle pa-
raît les plus incrédules sont convaincus.
Les cariatides sont un ornement d'architecture qui ne convient
qu'à la tyrannie : les hommes ne doivent jamais être ai'ilis même
dans les fictions.
La grossièreté des mœurs n'exclut pas la corruption : les fruits
sauvages pourrissent comme les autres.
Le diamant est l'image de l'égoïste : il a du poli, de l'éclat, cl sa
dureté est impénétrable.
Il en est du riant avenir comme d'un paysage enchanteur : en
Y pénétrant tout le charme disparaît.
DES SIGNES DE PONCTUATION. Ô59
L'esprit humain a la fureur de diviser et de classer: il croit mul-
tiplier ses richesses en les séparant. (Thomas.)
La sagesse qui conçoit et dispose mérite la préférence sur la va-
leur qui exécute : celle-ci est le propre de la grandeur d'unie , celle-
là réunit la grandeur d'âme et celle de l'esprit.
Le peuple romain fut toujours un peuple horrible : on ne tombe
point dans les oie e s qu' il fit éclater, sans une certaine perversité na-
turelle. (Chateaubriand. )
Athènes corrompue ( i ) ne fut jamais exécrable : dans les fers
elle ne songea qu'à jouir.
D'autres l'ont déjà dit (2), le drame est un miroir où se réfléchit
la nature. Mais si ce miroir est un miroir ordinaire, une surface
plane et unie, il ne renverra des objets qu'une image terne et sans
relief; fidèle, mais décolorée : on sait ce que la couleur et la lu-
mière perdent à la réflexion simple. (Victor Hugo. )
Ainsi le but de l'art est presque divin : ressusciter ^ s'il fait de
l'histoire; créer, s'il fait de la poésie. (Idem.)
(1) Nouvelle preuve que les noms de villes sont bien lous réellement
féminins , à quelque terminaison , je le lépète, qu'ils appartiennent.
(1) Plusieurs pourraient croire à la nécessité d'un deux-points après cette
première proposition ; mais ils feraient preuve de peu de tact. D'autres
l'ont déjà dit n'est qu'une idée accessoire et presque inutile, qu'on peut
placer indifiFéremment au commencement ou à la fin de la phrase, on
même supprimer tout à (ait, sans nuire le moins du monde au sens prin-
cipal; tandis que, remarquez-le bien, les deux phrases quelle le deux-
points sont comme deux sœurs jumelles qui ne peuvent guère vivre l'une
sans l'autre. L'exemple suivant serait dans le même cas , si la première
proposition n'était suivie d'app(^ndic(.'S explicatifs qui, par leur complica-
tion, rendent nécessaire, avant la citation annoncée, la présence du deux-
points : On l'a dit quelquefois , mais on ne saurait trop le répéter , parce que
cette observation n'a pas encore dépassé un nombre fort limité d'esprits : le ca-
ractère dominant du christianisme, c'est l'esprit d'égalité. — Ceux qui substi-
tueraient le flcux-points à la virgule, entre les deux propositions suivantes,
nesemontreraientguère plusjudicieux../'e«.s beau faire et beau dire, il persista
da7}s sa résolution. ( Acad. ) N'est-ce pas comme s'il y avait , Mali^ré tout
ce que je pus dire et faire ? Et par conséquent cela n'esl-il pas tout à fait du
ressort de la virgule ? Le Join-nal des Débats n'y regarde pas de si près ;
o La politique a beau faire: il est des idées grandes et libérales qui auront
toujours le privilège de rallier toutes les convictions indépendantes, tes hommes
généreux de tous les partis; et telle est l'émancipation de la race noire.»
Quelque intempestif que soit l'emploi du deux-points , dans cette phrase ,
après la politique a beau faire , cependant soyons indulgent en faveur d'une
idée si large, si généreuse, et si dépaysée dans le Journal des Débals.
5-50 <;KAAf.M.VlliE (KA.NCAISK.
Si le deux poinl!. ne tenait lieu, comme nous l'avoas dit, de toute transi
tion entre les idées, il faudrait : Le but de l'art est divin , puisqu'il consiste
à ressusciter , etc. Toujours est-il qu'on sous-entend il consiste en ceci
avant le deux-points.
Demandez a beaucoup criiomines d'importance ce qu'ils ont l'ait
dans leur vie : /7^ ont dîné tous les jours.
On sous-entend , avant le deux-points , voici ce tju'ils ont fait.
J'aime les gens distraits : les sots et les méchants ont toujours de
la présence d'esprit. (De Ligne.)
Dans cet exemple , l'auteur passe de même sans transition d'une asser-
tion personnelle à une observation générale. L'esprit ne peut être amené
à cette conclusion qu'au mo3'en d'une idée intermédiaire sous-entendue.
La phrase pleine serait : J'aime les ^ens distraits; parce que tes gens bons,
tes gens d'esprit , sont ordinairement distraits ; tandis qu'au contraire les sols
et les méchants ont toujours de la présence d'espril. Et dès lors , on le voit , le
point-virgule suQirait à en distinguer les parties ])rincipales ;^ cette phrase
devenant ainsi tout à fait analogue à cette autre du même auteur, déjà
citée dans la Méthode du Genre : J'aime les gens d'espril qui sont bêles; leur
bêtise est toujours aimable et bonne; mais craignons les sots. Le deux-points
indique donc généralement une interruption dans la génération des idées;
il tient donc lieu d'une proposition intermédiaire , jugée inutile , et qu'on
supprime pour donner à sa pensée plus de vivacité , plus de nerf , plus de
saillie.
D'ordinaire la rumeur qui s'échappe dé Paris le jour, c'est la
ville qui parle; la nuit, c'est la ville qui respire : ici, c'est la oille
qui chante. ( Déjà cité. )
C'est comme s'il y avait : Paris , le jour , c'est la ville qui parle ; la nuit ,
c'est la ville qui respire; mais ici c'est bien autre chose : ici, c'est la ville qui
chante. On sent que le deux-points pouvait seul indiquer celte opposition ,
et qu'en le remplaçant par le point-virgule on ferait un contre-sens
énornve. Cet exemple sufiBrait seul à démontrer l'importanjce du signe dont
nous nous occupons , et surtout la nécessité d'en bien connaître la nature
et la destination, afin de ne pas l'employer en aveugle à tout piopos.
On nous dcmandra peut-être rexplicaliou de ce signe dans
l'exeniple suivant ;
Trompette, s (. Poisson -./islulairr , centristjuc, syngnate.
(Méthode du Genre, paj^e oVo, ligue 6.)
DES SIGNES DE I'0>CTLATIO.\. 5 M
La raison pour laquelle le deux-points figure après poisson, c'est qu'on
sousentend dont voici les principales espèces; ce qui amène naturellement
Je signe en question.
Pauvres, nous avons été sacrés rois du ciel : quel est donc le roi
de la terre qui oserait se prévaloir sur nous de sa royauté ?
(L. N. Ze Lii're de Tous.)
La transition naturelle entre les deux idées serait, puisqu'il en est ainsi j
puisque nous sommes les rois du ciel, et que le ciel est si fort au dessus de la
terre, quel est le roi de ta terre , etc. Mais on sent combien cotte marche
serait lourde et traînante.
Le plus fort et le plus pénible est de donner : que coûte-il donc
(Fy ajouter un sourire ?
La proposition intermédiaire est celle-ci ; puisqu'il en est ainsi , puisque
vous êtes bien convaincu de cela, répondez-moi : que coûle-til , etc.
Le cœur ne se gouverne pas comme l'esprit ; on ne lui commaude
point : c'est lui plutôt qui nous conduit. ( M°^ DE PuisiEUX.)
II y a de même avant le deux-points un intervalle que l'on pourrait
combler par ces mots : car le cœur est ce qui exerce le plus d'empire sur
nous, en sorte que c'est lui, etc. Telle est, en effet , la marche naturelle
des idées. Elles s'engendrent l'une de l'autre, elles se succèdent l'une à
l'autre sans interruption. (]omme les plantes nées de la terre, elles pous-
sent des branches, des rameaux , des feuilles ; le bouton produit la Heur ,
la fleur enfante le fruit. Mais il est du goût de retrancher de celte végéta-
tion tout ce qu'il juge inutile, d'en augmenter l'effet, de le varier au
moyen d'une habile disposition , de hâter à son gré les fleurs et les fruits.
Le Système de la Nature, qui détruit tout; le Livre de l'Esprit,
qui fait tout haïr, ne sont pas de mon goût -.faible, jai besoin d'ap-
pui; sensible, j'ai besoin d'aimer. ( M"'= Clairon.)
Si la partie soulignée, dans cet exemple, était la conséquence immédiate
de ce qui précède, on pourrait sans inconvénient substituer le point-vir-
gule au deux-points, en sous-entendant seulement la conjonction car.
Mais l'esprit ne procède pas ainsi. Avant d'arriver à celte conclusion, il a
dû passer par ces propositions intermédiaires ; /;(7"r7HOt we soH<-e//ci' /;«*■
de mon f^oûl ? en voici la raison.
Il n'y arien , absolument i)inlant, «le laid dans la nature; la
beauté n'est que relative: nie/iez. des luncKes trop faibles ou trop
fortes, elle disparaît .
■>t2 fillAMMAlUE FUANÇAISE.
On pourrait dire avec le point-virgule : La beauté n'est (jue relative; cela
est si vrai que, si vous mettez des lunettes trop faibles ou trop fortes , elle
disparait ; parce qu'alors les idées se suivent sans interruption.
11 me faut l'auteur de tout l'univers pour raison de tout ce qui
m'arrive : quand c'est à lui i^u il faut m en prendre, je ne m'en prends
plus à personne , et me soumets.
Mêmes raisons , mêmes explications.
Dès ^ 567, la ville se répand tellement dans le faubourg qu'il
faut une nouvelle clôture, surtout sur la rive droite : Charles V la
fjàtit. (Victor Hugo.)
Le piano tremble sous ses mains redoutables ; il embrasse pres-
que toute l'étendue du clavier ; il jette les notes à flots : c'est une
mitraille d'accords , de traits , DE BRODERIES , à donner le oertige.
(Berlioz.)
Une mitraille de traits , passe encore. Mais «)!e mitraille de broderies!
Si le style de M. Berlioz, comme compositeur, est aussi extravagant que
son style , comme critique, je ne suis plus si étonné du mal qu'en disent
tous les gens sensés qui ont eu la rare occasion de l'entendre. En revanche,
M. Berlioz excelle à poser le deux-points :
Quant à ses compositions, je crois qu'il ne faut pas leur accorder
beaucoup d'importance : dest de la musique d'amateur.
(Berlioz.)
Pour M. Berlioz, la musique de Rossini est bien près d'être une mu-
sique d'amateur. Ce qu'il lui faut, c'est un horrible charivari d'instruments
de cuivre et de grosses caisses. Il fondrait volontiers tous les chaudrons et
toutes les casseroles de la capitale pour en faire des trompettes et des
cymbales ; il arracherait volontiers la peau à tous ceux qui n'aiment pas sa
musique pour en faire des timbales et des tambours. Vous connaissez ses
vœux philanthropiques! — Au train dont il y va , la musique finira bientôt
par où elle a commencé , par des tambours et des trompettes , et nous
verrons se renouveler le miracle de Jéricho.
Tout a contribué a rendre cette soirée intéressante : l'excellent
choix de Lahlache , la perfection du jeu de Dorus , la présence des
deux ténors^ l'un avec cet organe si plein de charme et si puissant,
avec ce chant si entraînant et si tendre , Vautre doué d'une voix
suave et légère , et maître consommé dans son art.
(Berlioz. )
DES SIGNES DE PONCTUATION. Ô '(">
J'ai dit que, de deux propositions, de deux parties de phrases
jointes par le deux-poinls, la seconde est toujours implicilement ou
explicitement annoncée par la première. Ici cette annonce est for-
melle, commie il arrive toujours pour une énumération.
Entre une énumération et l'assemblage de mots qui annonce
cette énumération, l'emploi du deux-points n'est donc nullement
équivoque.
Trois choses Oxent la valeur d'un présent: le sentiment, fà-
propos, et la manière. (M"* DE SOMÉllY.)
On sous-entend avant le deux-points le mot savoir, appelé par les gram-
mairiens conjonction explicative.
Il n'y a maintenant que deux classes en Europe : celle qui de-
mande des privilèges , et celle qui les repousse. (Bonaparte.)
En tout pays, si l'on voulait s'entendre, il y aurait place pour
quatre : le roi, les nobles, les prêtres, et la nation.
(Cité par Boiste. )
Il faut combattre dans la carrière littéraire trois redoutables en-
nemis : V amour propre, V intérêt, et Vopinon.
On demande quatre choses a une femme : que la vertu habite dans
son cœur; que la modestie brille sur son front; que la douceur
découle de ses lèvres, et que le trai>ail occupe ses mains.
(Cité par tous les grammairiens . )
Il y a dans la nature de l'iiomme deux principes opposés : l'a-
mour propre , qui nous rappelle à nous ; et la bienveillance , qui
nous répand. ( DiDEiiOT . )
Il y a deux sortes de curiosité : l'une d'intérêt, qui nous porte à
désirer d'apprendre ce qui peut nous être utile; et l'autre d'orgueil,
qui oient du désir de savoir ce que les autres ignorent.
(La Rochefoucauld.)
Au quinzième siècle Paris était encore divisé en trois villes tout à
fait distinctes et séparées, ayant chacune leur physionomie, leur
spécialité, leurs mœurs, leurs coutumes, leurs privilèges, leur his-
toire : la Cité, l'Université, la Ville. ( ViCTOR HUGO. )
M. Victor Hugo s'est pourtant conlenté de la simple virgule dan?
l'exemple suivant :
'^4 ORAMMAIHE FRANÇAISE.
Tout VOUS prenait aux yeux à la fois, le pignon taillé, la toiture
aiguë , la tourelle suspendue aux angles des murs, la pyramide de
pierre du onzième siècle , V obélisque d'ardoise du quinzième^ la tour
ronde et nue du donjon, la tour carrée et brodée de téglise, le grand,
le petit, le massif, P aérien. ( Déjà cité. )
C'est que l'énuméralion dont il s'agit n'est pas dans les conditions
voulues pour le deux-poinis.
Tout, au commencement de cette phrase , n'est que la récapilu-
lalion de plusieurs sujets qui le suivent au Heu de le précéder, voilà
tout. On pourrait dire lout aussi bien , Le pignon taillé , la toiture
aiguë, la tourelle suspendue ,elc., tout vous prenait aux yeux à
la fois. L'auteur a voulu vous peindre l'effet avant la cause, et il a
renversé sa phrase; mais il s'est bien gardé du deux-points.
C'est pourquoi , dans l'exemple suivant, le deux-poinls pourrait
aussi céder le pas à la simple virgule ; cela sans compromettre sa
dignilé.
Tout plaît dans les synonymes de l'abbé Girard : la finesse des
remarqites, la justesse des pensées^ le choix des exemples.
{ Cité par tous les grammairiens. )
M. Victor Hugo certes en sait plus long qa* tous les grammairiens de
tout le globe.
Ils vous disent, les grammairiens, qu'on fait usage aussi du deux-
poinls après une énumération. Encore faudrail-il que cette énuméra-
tion fût très-longue et que les détails en fussent très-compliqués,
comme dans cet exemple :
Avoir une âme d'esclave ; savoir être infidèle au malheur et in-
grat; ramper dans la tyrannie; ne sentir ni l'orgueil des choses su-
blimes, ni l'ambition des vastes desseins; être assez médioci^epour
qu'on dédaigne de vous haïr, et assez vil pour qu'on se serve do
vous, même en vous méprisant : voilà ce qu'il faut pour être un
grand homme politique comme M. de Talleyrand.
(Louis Bl.ViNC.)
Même dans cet exemple, l'emploi du deux-poinls n'est appuyé
suraucunvraiprincipe.il n'y a pas ici deux propositions. Les parties
de cette énumération ne sont que les divers sujets d'un même
verbe, et ne doivent pas être séparées de l'attribut par une ponctua-
tion ()lus forte que celle qui les disliniiuc entre elles. Le point-vir-
DES SIGNES DE PONCTUATION, Ô4S
guie doit sufCire ici, comme la virgule suffit après une énuinération
simple: Désirer, regretter, souffrir, voilà ce qu'on appelle vivre !
— L'abolition des dettes , la ijroscription, des riches , le pillage de
Rome , le partage de toutes les dignités dans le nouveau gouverne-
ment qu'il se proposait d'établir, telles étaient les récompenses que
Catilina faisait entrevoir à ses partisans.
Du lait, du pain, des fruils, de l'herbe, une onde pure,
C'était de nos a'ieux la saine nourriture.
(Cité par Giraiilt Duvivier, avec un deux-pointîî
après le premier vers.)
Le deux-points, dira-l-on, marque le point précis où s"arrète l'é-
numération. Mais ce n'est pas là l'objet du deux-points; c'est l'ob-
jet du tiret, destiné, en effet, à servir de signe de distinction entre
des phrases ou des parties de phrases qu'il est nécessaire d'isoler,
de détacher nettement.
Il y en a qui mettraient un deux-points entre les deux proposi-
tions suivantes :
Il y a deux sortes de procédures criminelles ; rime cherche des
innocents et Vautre des coupables.
Je crois qu'ils auraient tort, car la seconde ne coîistitue pas une
énumération telle que la fait supposer le deux-points ; elle n'est
qu'une émanation naturelle, une suite de la première.
En effet, c'est comme s'il y avait : Il y a d^iix sortes de procé-
dures criminelles ; de ces deux procédures , l'une cherche des inno-
cents et l'autre des coupables.
On sent dès lors combien le deux-points y serait déplacé.
A la bonne heure, si la phrase était construite ainsi qu'il suit :
Il y a deux sortes de procédures criminelles : l'une qui cherche des
innocents, l'autre des coupables.
Alors le deux-points serait tout à fait sur ses domaines.
D'où il suit que le juste emploi du deux-points demande bien
quelque intelligence.
Son application la moins douteuse a lieu après l'annonce d'un dis-
cours direct, d'un dialogue, ou d'une citation.
Le plus grand ennemi de l'humanité fut celui qui le premier osa
dire : 11 n'y a point de Dieu.
A-t-on jamais vu un heureux se dire : c'est assez ?
T. II. 44
540 GRAMMAIRE FRAiNÇAISE.
Dis, toi , ma fille : O vierge , appui des chastes coeurs ,
Qui sans doute veillez sur toutes les blancheurs ,
Sur les cygnes, la neige , et sur les jeunes âmes ,
Gardez-moi bien à moi , lis de votre vallon ,
La sainte pureté qu'on appelle , dit-on ,
Candeur chez les enfants , et vertu chez les femmes.
( An aïs Ségalas. )
Vous, petits , indigents , dites : Jésus, c'est nous ,
Les pauvres , les petits, qui prions à genoux. (Idem.)
Pythagore a dit : Mon ami est un autre moi-même; et Plaulo :
Le bien que l'on fait a d'iionnêtes gens n'est jamais perdu.
(Cité par Girault Dumner. )
Un jour que M. le marquis de F. insistait auprès d'un souve-
rain pour faire admettre dans un corps savant un grand seigneur,
le prince impatienté lui répondit : « Laissez-nous au moins la ré-
publique des lettres. »
Quelqu'un disait : J'ai renoncé a l'amitié de deux hommes ; a
l'amitié de l'un, parce qu'il ne m'a jamais parlé de lui; a celle de
l'autre, parce qu'il ne m'a jamais parlé de moi.
Le roi d'Angleterre, apercevant dans une rue de Londres, Pope,
qui était bossu , dit a ses courtisans : « Je voudrais bien savoir à
quoi sert ce petit homme qui marche tout de travers. » Pope l'en-
tendit et cria en se retournant : « A vous faire marcher droit. »
Gourville rencontrant au bois de Boulogne un médecin de ses
amis qui avait un fusil , lui dit : « Où allez-vous donc? — Voir un
malade a Auleuil. — Il parait, répliqua Gourville , que vous avez
peur de le manquer. »
On disait a Masséna, qui n'avait que deux mille hommes a oppo-
ser à trente mille Russes : « L'ennemi est bien près de nous. —
Dites que nous sommes bien près de lui, » répondit-il.
En 1753, l'abbé de Voisenon donna au Théâtre-Italien un petit
acte assez maussade. La pièce n'ayant eu aucun succès, quelqu'un
lui demanda pourquoi il l'avait risquée à la scène : « Il y a si long-
temps, répondit Voisenon, que tout Paris m'ennuie en détail, que
j'ai saisi cette occasion pour rassembler tout mon monde et prendre
ma revanche en gros. •>
DES SIGNES DE PONCTUATION. 547
Madame de Slaël disait de Talieyrand : «Ce bon Maurice! il res-
semble aux petits bons hommes que l'on donne aux enfants, et dont
la tète est en liège et les jambes en plomb : on a beau les jeter et
les renverser, ils se retrouvent toujours sur leurs pieds. »
On voit par cet exemple qu'une citation petit être composée de phrases
susceptibles ^d'être distinguées elles-mêmes par le deux-points.
M. de Talieyrand a défini un grand métaphysicien : Un homme
qui excelle à mettre de l'encre noire sur du drap noir.
La virgule se substitue quelquefois au deux-poinis avant une
citation composée de peu de mots , surtout dans un ouvrage didac-
tique , une grammaire, un dictionnaire; encore faut-il souligner
cette citation dans l'écriture, et la différencier par le caractère dans
l'impression.
On dit figurément , Epuiser une matière ^ ne rien oiwfier de ce
qui peut être dit sur la matière qu'on traite.
Si même les mots cités font corps avec votre phrase de manière
à n'en pouvoir être séparés, contentez-vous de les distinguer par le
caractère ou par des guillemets.
Guider aux champs de la victoire sera mauvais tant qu'il sera
permis de dire guider à la victoire. (Francis Wey. )
Si l'on a eu pour objet ces concetti fades et tourmentés dont
Pétrarque a fourni le modèle à Voiture, à Campistron , à Scudéry ,
à la Calprenède, et à M. de Fontanes, alors le style fleuri n'est
plus qu'un souvenir; ses fleurs artilicielles sont fié tri es et mises en
foin, toutes desséchées et mortes, suivant l'expression de Brantôme.
(Idem.)
Dans l'EcoLE des Vieillards, Danville, faisant un retour sni
lui-même, se sent
« Rongé de plus d'ennuis qu'au temps où l'intérêt
« Tenait à ses calculs la jeunesse asservie ». ( Idctu. )
Si donc vous tenez a parler comme au moyen âge, si vous tenez à
faire du droslati(jue, faites-vous une orthographe (1) ; et ne croyez
pas, avec Voltaire, qu' « il eût autant valu parler l'ancien celte
(1) Nous ajouterions appropriée au genre.
■>4t> GRAMIUIRK FRANÇAISE.
» que le français du temps deCharlcs Mil et de Louis Xll, et que (I)
» la langue était inintelligible avant François 1»^. » (Idem.)
"N'oyez ce que j'ai déjà dit sur ce sujet au chapitre de la virgule, et ce
qucj'en dirai encore au chapitre du guillemet.
En .somme, il est aisé de voir que tous les usages du deux-points
se rapi»oitenl au même principe. C'est pourquoi je ne comprends
pas que les Allemands n'en usent qu'avant une énumération ou une
cilalion. l'ourlant il n'y a pas deux logiques , et conséquemment il
n'y a pas deux manières de ponctuer. On m'a dit que leur grand
Grimm, comme ils Tappèlent, avait imaginé, pour les autres cas, de
mettre un point avant la seconde proposition et de commencer celle-
ci par une minuscule. Mais quoi de plus disgracieux qu'une minuscule
après un point simple ! Il faut avoir une singulière manie dinven-
ter ! Eh ! rappelez -vous donc , inventeurs maudits, qu'il n'y a rien
de nouv^^ sous le soleil !
M. Grimm a fait preuve de plus de tact, lorsqu'il a suprimé la
majuscule des substantifs communs ; idée juste, idée logique, que
personne n'a encore osé adopter, tant les hommes sont attachés à
leurs préjugés !
Voici , pour finir, un exemple qui semble fait tout exprès
pour préciser la différence qu'il y a entre les fonctions du
deux-points et celles du point-virgule :
11 y a le Paris de Catherine de Médicis, aux Tuileries ; le Paris de
Henri 11, a l'Hôtel de Ville: deux édifices encore d'un grand goiit;
le Paris de Henri IV, à la Place-Royale: façades de briques a coins
de pierres et a toits d'ardoise , des maisons tricolores ; le Paris de
Louis XIII, au Val-de-Grâce : une architecture écrasée et trapue, des
voûtes en anses de panier, je ne sais quoi de veotru dans la colonne
et de bossu dans le dôme; le Paris de Louis XIV, aux Invalides :
grand, riche, doré et froid ; le Paris de Louis XV, àSaint-Sulpice :
des volutes , des nœuds de rubans , des nuages , des vermicels et
des chicorées, le tout en pierre ; le Paris de Louis XVI, au Pan-
théon : Saint-Pierre de Rome mal copié (l'édifice est lassé gauche-
(1) Evidemment ce que n'appartient pas à la phrase de Voltaire. Faut-
il pour cela fermer le guillemet avant et le rouvrir après ce gi'c ? Cela
biraif souvcrainmicnt puéril.
DES SIGNÉS DE l'O.NCl LAÏIO.X. ùA9
meiU, ce qui n'a pas raccommodé les lignes) ; le Paris de la Répu-
blique a rÉcole-de-Médecine : un pauvre goût grec et romain , qui
ressemble au Colisée ou au Parthénon comme la constitution de l'an
m aux lois dé Minos ; on l'appelle en arcbitecture le goût messidor;
le Paris de Napoléon , a la place Vendôme : celui-là est sublime,
une colonne de bronze faite avec des canons ; le Paris de la Restau-
ration , a la Rourse : une colonnade fort blanche supportant une
frise fort lisse; le tout est carré et a coûté vingt millions.
( Victor Hugo. )
L'auteur aurait bien fait de prêter au point-virgule le secours du tiret ,
entre chaque membre de sa période, pour en mieux détacher les parties
aux yeux. De cette manière , le tout est carré et a coûte vingt millions n'au-
rait pas l'air de se rapporter à tout ce qui précède.
J'ai dit. '
Du Point Absolu,
Le point consiste en une petite marque ronde (.) par
laquelle on termine toute phrase finale , ainsi que toute
proposition, soit simple, soit composée, dont le sens est
entièrement indépendant de celle qui la suit. Exemples :
L'impatience est une vertu dans une âme douce et honnête; elle
y nait de l'amour du bien et de la haine du mal. (Vanière.)
A une grande vanité près , les héros sont faits comme les autres
hommes. (La Rochefoucauld.)
Gâter un enfant, c'est lui préparer l'infériorité en tout genre cl
le malheur.
La nature confond notre jugement, en mêlant dans un individu
le bien et le mal à tel point qu'on hésite a l'appeler héros, brigand,
ou l'un et l'autre.
La modestie en actions , en pensées , en paroles , est la première
grâce des femmes.
Le travail est souvent le père du plaisir.
Je plains l'homme accablé du poids de son loisir. (\oLiAiaii.)
•"».")0 (ili.VMMAlRE FKANÇAISE.
Térence était de Carthage. On ignore le nom de sa famille,
( BOiMFACE.)
Le monde est vieux , dit-on ; je le crois. Cependant
Il le faut amuser encor coninie un enlant. (La Fontaine.)
Dufresny est (in par saillies; chez Fonlenelle la finesse tient a la
réflexion ; elle est pour Marivaux l'effet de la sagacité. L'esprit du
premier est plus vif, l'esprit du second plus simple et plus adroit,
celui du troisièmeest souventdélié jusqu'à la subtilité. Dufresny s'a-
muse du moment, Fontenelle a de la portée dans ses paroles, Mari-
vaux a trop de coquetterie dans son style. Dufresny raille, Fontenelle
badine , Marivaux séduit. La gaîté de l'un me plaît , j'admire la ré-
serve de l'autre, je m'abandonne au charme du troisième. Supposez
une femme tendre, elle serait inquiète avec Dufresny, froide el polie
avec Fontenelle, et mettrait son bonheur a rendre heureux Mari-
vaux ; (I) par un mariage, bien entendu ! (Fs. (2) Barrière.)
Les grammairiens appèlent rapports vagues et généraux la cohérence qui
existe naturellement entre plusieurs propositions successives , nées du
même sujet, comme plusieurs branches du même tronc, et ne faisant
qu'un tout avec lui, bien que distinctes entre elles.
Je ne voyais plus rien de ce site enchanté,
Dont nous étions venus admirer la beauté.
Toutes mes facultés ne vibraient que pour elle.
Pendant que j'aspirais le ciel dans sa prunelle ,
D'un jour surnaturel me sentant inonder,
Je la voyais aussi parfois me regarder.
Oh ! sur moi ce regard plein de vague tristesse ,
C'était comme un torrent de bonheur et d'ivresse ,
Qui se précipitant sur moi du haut des cicux ,
Me laissait quelque temps sans parole et sans yeux.
(L. N. Fleurs du Danube.)
N'est-ce pas que ce jour fut un jour magnifique ?
Les haines s'éteignaient dans l'ivresse publique ;
(1) Le texte porte un deux-points à la place d'un point-virgule. Mais
c'est un abus ; car le deux-points n'est point destiné à précéder une queue
«le jihrase, ajoutée par réflexion à ce qu't)n vient de dire pour le modifier.
Le di'ux-points ne serait pas plus déplacé entre les deux propositions sui-
vantes : Je vous aime, Stella ; je vous aime de toutes les forces de mon àme.
(2) Celte /"et celles sont apparemment l'iniliale el la finale d'un nom.
Le point devrait donc figurer entre l'/'ct l'.s , non après celte dernière.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 551
Un même sentiment nous faisait tous joyeux ;
Et des larmes d'amour coulaient de tous les yeux.
L'amour , soleil divin , épanchait dans les âmes
Et ses plus doux rayons et ses plus vives flammes.
Avec plus de transport , sur son sein triomphant ,
La mère plus heureuse enihrassait son enfant.
La beauté , se parant d'une grâce nouvelle ,
Répandait un parfum plus suave autour d'elle.
Le frère en aimait mieux sa soeur ; dans leur cli(!min ,
Les amis se pressaient plus vivement la main ;
Et des petits enfants la voix douce et fervente
Priait tout bas avec une foi plus vivante.
( Id. Amertumes et Consolations. )
Allez clans les bagnes, appelez antour de vous toute la cliiourme.
Examinez un a un tous ces damnés de la loi humaine. Calculez
l'inclinaison de tous ces profils , tâtez tous ces crânes. Chacun de
ces hommes tombés a au dessous de lui son type bestial; il semble
que chacun d'eux soit le point d'intersection de telle et telle espèce
animale avec l'humanité. Voici le loup cervier, voici le chat, voici
le singe, voici le vautour, voici l'hyène. Or de ces pauvres têtes mal
conformées, le premier tort esta la nature sans doute, le second a
l'éducation. La nature a mal ébauché, l'éducation a mal retouché
l'ébauche. Tournez vos soins de ce côté. Une bonne éducation au
peuple. Développez de votre mieux ces malheureuses têtes, afin que
l'intelligence qui est dedans puisse grandir. Les nations ont le crâne
bien ou mal fait selon leurs institutions. Rome et la Grèce avaient
le front haut. Ouvrez le plus que vous pourrez l'angle facial du
peuple. (Victor Hugo.)
Quand la France saura lire, ne laissez pas sans direction celle
intelligence que vous aurez développée. Ce serait un autre désor-
dre. L'ignorance vaut encore mieux que la mauvaise science. Non,
Souvenez-vous qu'il y a un livre plus philosophique que leCompère
Mathieu, plus populaire que le CoustUutionnel , plus éternel que
la Charte de 1830. C'est l'Écriture Sainte. Et ici un mot d'explica-
tion. Quoi que vous fassiez, le sort de la grande foule, de la multi-
tude, de la majurité. sera toujours relativement pauvre el malheu-
reu.\,el Irisle. A elle le dur travail, les fardeaux a pousser, les fai-
-Vi2 GRAMMAIHE FRANÇAISE.
deaux a liaîner , les fardeaux à porter. Examinez celle balance :
toutes les jouissaïiccs dans le plateau du riche, toutes les misères
dans le plateau du pauvre. Les deux parts ne sont-elles pas iné-
gales? La balance ne doit-elle pas nécessairement pencher, et l'État
avec elle ? Kt maintenant dans le lot du pauvre, dans le plateau des
misères, jetez la certitude d'un avenir céleste, jetez l'inspiration au
bonheur éternel , jetez le paradis, contrepoids magniOque ! Vous
rétablissez l'équilibre. La part du pauvre est aussi riche que la part
du riche. C'est ce que savait Jésus qui en savait plus long que Vol-
taire. (Idem.)
Mon épouvante est aisée h concevoir. Supposez que l'être que
vous chérissez le plus au monde vous a quittée pour quelque temps,
en vous promettant de revenir sans faute tel jour, a telle heure. Le
jour arrive, l'heure sonne, votre ami n'est pas là. Un quart d'heure
de retard. Une heure, deux heures de retard, et il ne vient pas.
Mon Dieu! que lui est-il arrivé? vous écriez-vous, le cœur plein
d'angoisse. Et vous voila supposant les malheurs les plus extraor-
dinaires, les plus incroyables, les plus impossibles, sans même son-
ger que l'événement le plus simple peut être la cause de ce retard.
Les heures se passent , votre inquiétude augmente , vos craintes
redoublent, votre perplexité devient de plus en plus affreuse et in-
supportable. On a beau vous parler , vous rassurer, vous prouver
par les meilleures raisons qu'il est impossible qu'il soit arrivé quel-
que chose à votre ami , vous ne voyez rien , vous n'entendez rien ;
cela parce que vous aimez , parce qu'on tremble toujours pour ce
qu'on aime, parce que l'amour est plus fort que la raison.
(L. N. Fleurs du Danube)
Les hommes foulent aux pieds la vérité et la justice ; un désir in-
satiable de richesse et de gloire les poursuit sans cesse. Pour moi,
qui fuis l'ambition, l'envie, la vaine émulation attachée a la gran-
deur, je n'irai point à la cour deSuze, sachant me contenter de peu
et dépensant ce peu selon mon cœur. (Heraclite a Darius.)
M. Fiey croit qu'il faut un deux-points, au lieu d'un point , entre ers
deux propositions. Sans doute qu'il y a entre les deux idées qu'elles expri-
ment une certaine liaison logique; mais cette liaison n'est pas assez foric
poTU' nécessiter la présence «lu donx-pnints dont il faut craindre <Ie trr.])
DES SIGNKS DE PONCTUATION. •'»;>. i
-compliquer les usages. Ces deux propositions n'ont d'autre rapport entre
elles que celui qui les rattache au même sujet , rapport suffisamment ex-
primé par leur juxtaposition. Il en est de même des suivantes:
Une femme prude paye de maintien et de paroles; une femme
sage paye de conduite. Celle-là suit son humeur et sa complexion;
celle-ci sa raison et son cœur. L'une est sérieuse et austère; l'autre
est, dans les diverses rencontres, précisément ce qu'il faut qu'elle
soit. La première cache des faiblesses sous des dehors plausibles ;
la seconde couvre un riche fonds sous un air libre et naturel.
( La Bruyère, cité par Landais.)
Partout où figure ici le point simple , le texte porte un deux-points. Ce-
pendant ces phrases sont analogues de forme à celles qui sont plus haut si-
gnées F. s Barrière, et n'ont pas entre elles une liaison plus étroite. Unité
de principes , unité de principes , je le répète ; où le désordre ira toujours
croissant avec les difficultés.
Leurs voiles étaient meilleures que les nôtres; le vent les favori-
sait, leurs rameurs étaient en plus grand nombre. Ils nous abor-
dent, nous prennent , et nous emmènent prisonniers en Egypte.
(FÉNÉLON.)
Le texte porte un deux-points , au lieu d'un point , avant Ils nous abor-
dent ; mais, pour les raisons exposées plus haut, nous n'en voyons pas
l'utilité.
Dans Y Ecole des Vieillards, un vieux traflcant, livré à la jalou-
sie, combat ce sentiment, et s'écrie :
Non , cette Irénésie
N'a point part aux transports dont mon ùme est saisie.
Période trop arrondie dans la bouche d'un bon homme exaspéré.
(Francis Wev. )
11 y eu a qui auraient hésité à mettre un point devant cette apposi-
tion finale; oubliant que la ponctuation giadue ces signes d'après le plus
ou le inoins d'adhésion'que les idées ont entre elles, et non d'après la forme
matérielle qu'elles revêtent ; en sorte que les conjonctions elles-mêmes, on
l'a déj.i vu , se conformant à cette progression logique des idées , récla-
ment tantôt la virgule , tantôt le poinl-virgulc , tantôt le point , entre les
parties qu'elles mettent en rapport.
Les futaies du jardin du toi (jiii loiiviaicnl la poiiile ociidciihile
r II, 4S
534 GKAMMAIUE FRANÇAISE.
delaCiléniasquaienl l'îloldu passeur. Quant àV eau, on ne la voyait
guère des deux côtés de la cité : la Seine disparaissait sous les ponls^
les ponts sous les maisons. (Victor Hugo. )
Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, cœur bien fait sans nul
doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite, qu'il finit
par voler. La société le met dans une prison si mal faite, qu'il finit
par tuer. (Idem.)
Je suis sorti de l'horrible anxiété où m'avait jeté la visite du di-
recteur. Car, je l'avoue, j'espérais encore... Maintenant, Dieu
merci , je n'espère plus. {Idem.)
Un conseil de brahmines serait beau, prenant en main la cause
du paria. Et ici la cause du paria, c'était la cause du peuple. [Idem.)
Que dites-vous de ces trois phrases :
Cela s'est fait. Cela s'est vu. Oui. (Victor Hugo.)
Môme les parties d'une énumération, quand elles sont trop com-
pliquées, peuvent être séparées par un point :
L'image générale du vieux Paris, nous la résumons en quelques
mots. Au centre, l'île de la Cité, ressemblant par sa forme à une
énorme tortue, et laissant sortir ses ponts écaillés de tuiles, comme
des pattes, de dessous sa grise carapace de toits. A gauche, le tra-
pèze monolithe, ferme, dense, hérissé, de l'Université; a droite, le
vaste demi-cercle de la Ville , beaucoup plus mêlé de jardins et de
monuments. Les trois blocs. Cité, Université, Ville, marbrés de
rues sans nombre. Tout au travers, la Seine, « la nourricière Seine, »
comme le dit le P. Du Breul , obstruée d'îles , de ponts, et de ba-
teaux. Tout autour une plaine immense, rapiécée de mille sortes de
cultures , semée de beaux villages ; à gauche , Issy, Vanvres,
Vaugirard, Mont-llouge, Gentilly avec sa tour ronde et sa tour
carrée, etc.; à droite, vingt autres, depuis Conflans jusqu'à la
Ville-l'Évêque. A l'horizon, un ourlet de collines dispersées en cer-
cle comme le rebord du bassin. Enfin, au loin, h l'orient, Vin-
cennes et ses sept tours quadrangulaires ; au sud, Bicêtre et ses
tourelles pointues; au septentrion, Saint-Denis et son aiguille ; à
foccidenl , Saint-Clond et son donjon. Voila le Paris que voyaient
DES SIGNES DE PONCTUATION. 555
du haut des tours de Notre-Dame les corbeaux qui vivaient eu 1 182.
(Victor Hugo.)
Toutefois l'auteur aurait peut-être bien fait de conserver le point- virgule,
en s aidant du firet , car, excepté la première, toutes ces phrases ensemble
n'en forment réellement qu'une seule.
Dans les abréviations , on remplace les lettres retran-
chées par un point. Ainsi l'on écrit M., M."'^ M."% au lieu
de Monsieur, Madame, Mademoiselle (1)^ S. M., S. A. R.,
au lieu de Sa Majesté , Son Altesse Royale ^ etc.
Les Alleinands mettent volontiers un point après les noms de
nombre ii, iii,iv, v,etc., dans de telles phrases : Le roi d'Angle-
terre Charles n etit la tête tranchée le oQ janvier , 1649; — Louis xvi
mourut sur l'échafaud, le 21 janvier M^o, avec un grand courage;
— Louis xviii, chassé du trône par le retour de Napoléon (181 5), se
retira à Gand pendant les cent jours. Libre aux Allemands de
mettre un point après n, après xvi, après xviii ; leurlanguen'y re-
garde pas de si près; mais je les prie de s'en dispenser dans les
livres qu'ils se permettent de publier en français et d'imprimer avec
d'affreux caractères , sur d'affreux papier, et avec des millions de
fautes.
L'usage veut, en outre, que Ion mette des points sur les i.
De l'Alinéa (2).
L'alinéa est le plus fort des signes de ponctuation. La
marque de l'alinéa est la rentrée qu'on observe au com-
mencement de la première ligne d'un discours, d'une nar-
ration. Il est figuré, en imprimerie, par un petit morceau
(1) Encore est-il vrai de dire que, partout où le point aliréviatif se trouve
en concurrence avec des lettres supérieures, on le supprime aujourd'hui en
typographie, comme étant désagréable à l'œil; qu'ainsi l'on imprime sim-
plement M"', M'l«, 1°, 2", etc.
(2) Du latin a, de, et lineâ , ligne : à la ligne. Quand on dicte à quel-
qu'un , on dit alinéa, c'est à dire , quittez la ligne où vous êtes , et com-
mencrz-en une autre au dessous. Dans ce sens il est adverbe. Mais il s'em-
ploie le plus souvent comme substantif masculin , précisément dans le sens
dont il s'agit ici. Observons en passant que l'Académie qui éci it des opéras,
des af;cndas , des folios , etc. , n'ose écrire des alinéas , avec la marque du
pluiii'l. Nous nous nionlrerons plus raisonnable cl plus accommodant.
•'>">^1 GIUMMAIKE 1KA.\(JA1SE.
(le fonte plus bas que les lettres et de la largeur de deux
chiffres, lequel ne marque pas sur le papier, et qu'on
appelle cadratin.
«On doit employer ce signe, dit Beauzéc, cité par Duvivicr,
pour différencier , par exemple, les diverses preuves d'une même vérité,
les diverses considérations que l'on peut faire sur un même fait (faire des
considéraiions ! ) , sur un même projet ( faire dCS COTlSidérationS SUT
un projet, à propos de ponctuation! ) , les différentes affaires
dont on parle dans une leltre, dans un mémoire ; en un mot, toutes les
fois que l'on passe d'un point de vue dont l'exposition fl'eXpOSition d'un
point de vue! J « eu une certaine étendue , à un autre point de vue qui
permet de prendre un repos pfus considérable que celui du point. «
Seigneur, mon Dieu ! quel style! Mais il n'est pas, daas notre
siècle tant décrié, un simple commis aux barrières qui ne s'exprime
avec plus de justesse et d'élégance ! El c'est Beauzée qui écrit ainsi !
le célèbre Beauzée, membre de l'Académie française, auteur d'une
fameuse traduction de Quinte-Curce , dans laquelle on me faisait
apprendre, au collège, la belle langue de Racine et de Molière!
J'aurais pris volontiers cela pour du GiratiU Dumvier tout pur,
mais l'honnête grammairien de ce nom ne manque jamais de vous
citer son auteur.
Bref, je dirai, moi, que l'alinéa indique entre les idées
une séparation plus profonde que le point ; qu'il sert à
distinguer les différents groupes d'idées dont se compose
un discours , un récit.
Les signes de ponctuation sont, sur le papier, comme
les détroits et les canaux qu'on voit dans un archipel.
La virgule marque les échancrures , les enfoncements ,
les divisions partielles et plus ou moins variées d'une île.
Le point et le deux-points sont des ponts jetés entre deux
ou plusieurs îles extrêmement rapprochées, pour les mettre
en communication. Le point distingue entre elles les îles
d'un même groupe; et l'alinéa marque la distance d'un
groupe à l'autre. Ou bien encore : les phrases et les parties
de phrases séparées par la virgule ou le point-virgule sont
DES SIGKES DE PONCTLATION. Ôo'
comme les fleurs, les feuilles, les rameaux d'une même
branche ^ les phrases qui ont entre elles un deux-points sont
comme deux branches jumelles d'un même arbre; celles
que divise le point sont comme les diverses branches qui
jaillissent d'une même tige et forment ensemble un tout
plus ou moins touffu, plus ou moins épais. L'alinéa est
l'intervalle qui existe entre ces divers touts, rangés avec
symétrie, comme les marronniers de Schœnbrunn ou des
Tuileries, et destinés trop souvent comme eux, surtout
dans la grammaire de Girault Duvivier et le Journal des
Débats, à intercepter la lumière trop vive du soleil.
Tel est l'ordre proportionnel que suivent les signes de
ponctuation. Ce que nous venons de dire sur l'alinéa offre
déjà plusieurs exemples de ce signe. En voici quelques
autres :
Le Lacédémonien Pédarète se présente pour être admis au con-
seil des Trois-Cents ; il est rejeté ; il s'en retourne tout joyeux de ce
qu'il s'est trouvé dans Sparte trois cents hommes valant mieux que
lui. Je suppose ceUe démonstration sincère, et il y a lieu de croire
qu'elle l'était : voilà le citoyen.
Une femme de Sparte avait cinq fds à l'armée , et attendait des
nouvelles de la bataille. Un ilote arrive; elle lui en demande eu
tremblant: «Vos cinq fils ont été tués. — Vil esclave, t'ai-je de-
mandé cela? — Nous avons gagné la victoire. » La mère court au
temple et rend grâce aux dieux : voila la citoyenne.
(J. J. Rousseau.)
Quoique Agricole ne fût pas de beaucoup en retard {\ ), la phy-
sionomie de sa mère exprimait autant d'inquiétude que de tristesse;
on voyait à ses yeux rougis qu'elle avait beaucoup pleuré.
La pauvre femme, après de douloureuses et longues incertitudes,
venait d'acqnérir la conviction que sa vue, depuis long-temps très-
affaiblie, ne lui permettrait bientôt plus de travailler même deux
(1) Le texte porte très en retard , mais cela n'est pas franrais.
•">')S GUAMAIAIKE l'UAiNÇAlSE.
OU trois heures par jour, aiusi qu'elle avait coutume de le faire.
D'abord excellente ouvrière en lingerie, a mesure que ses yeux
s'étaient fatigués, elle avait dû s'occuper de couture de plus en plus
grossière, et son gain avait nécessairement diminué en proportion.
Enfin elle s'était vue réduite à la confection de sacs de campement,
qui comportent environ douze pieds de couture. On lui payait ses
sacs a raison de deux sous chacun (1), et elle fournissait le fil. Cet
ouvrage étant très-pénible, elle pouvait au plus parfaire trois de
ces sacs en une journée. Son salaire était ainsi de six sous.
On frémit quand on pense au grand nombre de malheureuses
femmes dont l'épuisement, les privations, l'âge et la maladie (2), ont
tellement diminué les forces, ruiné la santé, que tout le labeur dont
elles sont capables peut a peine leur rapporter quotidiennement
cette somme si minime. Ainsi leur gain décroît en proportion des
nouveaux besoins que la vieillesse et les infirmités leur créent.
(Eugène Sue. )
Le texte comporte une foule de fautes de ponctuation que nous avons
fait disparaître. M. Eugène Sue, comme la plupart des romanciers, fait un
étrange abus du point suspensif ou de réticence.
Remarquez qu'il faut continuer à la ligne, mais sans rentrée, le
discours interrompu par une citation quelconque qu'on ne veut pas
ou qu'on est empêché de placer immédiatement à la suite de la ligne
où l'on en est , comme lorsqu'on rapporte une inscription , des
vers, etc. :
Un des inconvénients des mois recherchés, c'est qu'ils s'ajustent
souvent avec peu de justesse aux expressions plus naturelles, et
qu'ils ôtent au style un peu de sa précision. Le grand Corneille, fort
ménager de ces froides locutions, en écrivant dans le Cid :
percé jusques au fond du cœur
D' une alteinte imprévue aussi bien que mortelle ,
a autorisé Casimir Delavigne a construire ce vers :
Je suis tombé , perce d'une atteinte mortelle.
(1) Le texte porte chaque, au lieu de chacun, mais évidemment c'est
une faute, chaque étant un adjectif qui doit toujours précéder le substantil.
Chaque â^c. Chaque état. Mettez chaque chose à sapUice.
(2) L'â!;6 et la maladie doivcnl rester unis, parce qu'il résument en eux
tout ce qui précède.
DES SIGNES DE PONCTIJATIOX. 559
Tour bien recherché dans la bouche d'un mourant. Atteinte est
plus noble que coup , que blessure; pourquoi? La réponse est im-
possible. Or percé d'une atteinte est une méchante locution ; V at-
teinte touche à, ad-tangit; mais elle ne perce pas.
(Francis Wey. )
Lorsque , dans Hernani , don Carlos , en sortant d'une armoire,
dit:
Mais à ce qu'il paraît ,
Je ne chevauchais pas à travers la forêt , (J)
l'auditoire est indisposé soudainement contre le poète. Ce vers, (2)
condamnable, il faut l'avouer, était facile à éviter. Dans la scène
précédente, cette question faite par le roi :
Serait-ce d'aventure (3)
Le manche du balai qui te sert de monture ?
avait produit un effet fâcheux au théâtre. Les aristarques se sont
armés de toutes les foudres d'Aristote , retrempées par La Harpe ,
pour accabler l'ouvrage au moyen de douze syllabes mal ordonnées
et malsonnantes. ( Idem. )
<
Dans la poésie, il est de bon goût de n'indiquer l'alinéa que par
une ligne de blanc ou un blanc quelconque, sans rentrée :
Par elle j'ai compris , je lui dois cette grâce ,
Le bonheur des élus à voir Dieu face à face.
Jugez de mes regrets ! Je suis bien ici bas
Le plus infortuné des hommes , n'est-ce pas?
Ah ! si vous pouviez voir quelle douleur me ronge ,
(1) M. Wey emploie le guillemet au commencement et à la fin de ces
vers ; mais ce signe est ici superflu , puisque la citation est suflisammenl
distinguée par son isolement, dans l'écriture, et, déplus, dans l'impression,
par la différence du caractère.
(2) Le texte ne porte point de virgule après ce vers , mais évidemment
il en faut une; car sans celte virgule l'auteur l'ait entendre qnn a ce vers cnn—
dautnuble était, il faut l'avouer , facile à éviter, » tandis que bien certai-
nement il a voulu dire que v ce vers, qui, il faut l'avouer , est condaiiina-
bh;, était facile à éviter. » Nouvelle preuve de la dffiéience qui peut
résulter, dans le sens d'une phrase, du déplacement ou de la suppression
d'une simple viignle.
(3) Pourquoi A'aventure entre deux viigules, dans le texte ? J'ai cru devoir
les supprimer.
")C0 GRAMMAIRE FRA>ÇAISE.
El dans quel dtniil pioloiul son souvenir me plonge ,
Si vous saviez quel vide alï'ieux est dans mou cœur,
Depuis que Dieu m'a pris ainsi tout mon bonhetir ,
Vos yeux où se reflète une âme douce et bonne .
D'une larme à coup sûr me verseraient l'aumône.
Accablant souvenir ! cruelle illusion !
Son image me suit comme une vision.
Je passe à la pleurer des jours, des nuits entières.
Je l'invoque cent fois dans toutes mes prières ;
Car, s'il est dans le ciel un ange doux et bon ,
Une sainte bénie , et digne de ce nom ,
Assurément c'est elle, elle, cette nature
Si pleine de candeur , si sublime , si pure ;
Elle , cette âme chaste ; elle, ce cœur chrétien ;
Elle qui ne vécut que pour Faire le bien ,
Et qui disait souvent : « La vie est quelque chose
» Pour qui peut y semer quelques feuilles de rose
» Aux pieds du malheureux , pauvre débris humain ,
» Dont la ronce et l'épine encombrent le chemin. »
( L, N. Flmrs du Danube. )
Dans les vers de mesure inégale ( 1 ) on est bien forcé de re-
courir à ce moyen , si l'on ne veut pas que la marque ordinaire de
l'alinéa ne se confonde avec une autre rentrée, celle que nécessite
l'inégalité de la mesure. Exemple:
A M™» IiOVISE DE "W'*",
LB 25 SEPTEMBRE 1S42 , JOUR A.NNIVEnsAIRE DE SA NAISSAÎVCR.
La beauté plaît aux yeux , la bonté plaît au cœur.
L'une , c'est le parfum , et l'autre , c'est la fleur.
Fleur et parfum , voilà ce que vous êtes.
Un gracieux ensemble , un mélange divin
Des qualités les plus parfaites.
Aussi pourquoi ce jour brille-t-il si serein?
Le savez-vous ? — Pourqucà , contre toute apparence ,
Le soleil aujourd'hui s'est-il levé si pur ?
Pourquoi le ciel a-t-il repris tout son azur ?
(1) 11 y a des grammairiens qui croient que des lers irrrgiiliers et des
vers de mesure inégale , c'est la même chose.
DES SIGNES DE PONCTUAHON. ÔO |
En voici la raison : c'est que votre naissance
Fut un acte d'amour de la Toute-Puissance ,
Un germe de bonheur semé dans l'avenir,
Dont les fruits à nos cœurs seraient doux à cueillir.
De ce jour consacré par la reconnaissance
La Nature , voyez, n'a pu se souvenir
Avec IndiBTérence ;
Et , voulant aujourd'hui vous fêter a son tour ,
Elle sourit à ce beau jour.
Or, tandis que chacun vous offre, avec l'hommage
De son esprit et de son cœur ,
Des plus purs sentiments quelque sensible gage;
L'un un riche présent , l'autre une simple tleur ,
L'autre un charmant produit de son art qu'on admire ,
Vos enfants leurs baisers et leur naïf sourire,
La Nature est surtout magnifique envers vous ;
Elle fait de ce jour une fête pour tous.
Aussi bien la voilà , de leur source féconde ,
La voilà qui répand ses trésors sur le monde.
Chants d'oiseaux dans les airs, chauds rayons du soleil.
Soupirs mélodieux du vent dans les feuillages.
Parfums , lumière, azur , verdure, frais ombrages ,
Gomme en l'été vermeil ,
Voilà ce que sa main vous offre à son réveil.
(L. N. Fleurs du Danube.)
Dans la poésie lyrique, cet espacement est aussi le seul moyen
propre à distinguer les stances, les strophes, les couplets.
A uni: jeuni: rzin-e.
O merveille ! on eût dit le plus beau des archanges
Descendu parmi nous de son trône immortel ,
Pour recueillir nos vœux, notre encens , nos hmangcs,
Et les porter ensuite aux pieds de l'Eternel.
A vous voir absorbée ainsi dans la prière.
On efit dit sur l'autel un ange adorateur.
Un ardent chérubin tout vêtu de lumière ,
Entre l'homme et h> ciel touchant médiateur.
T. II. 4C
562 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Ht je crus , à la fin de la cérémonie,
Comme un rêve éclatant prompt à s'évanouir,
Que soudain vous alliez d'un vol plein d'harmonie
Vous élancer aux cieux d'où vous semblez venir ;
Et que , reine là-haut d'une nation d'anges ,
Vous alliez , remontant vers les palais du jour ,
Rendre à vos peuples saints , lumineuses phalanges ,
La joie et le bonheur par votre prompt retour.
Je le crus, tant sur moi ïxms aviez de puissance ;
Tant votre corps céleste à mes regards surpris
Semblait appartenir à la divine essence
Dont le suprême auteur a formé les esprits !
Tant vos yeux bleus, baignés d'une limpide flamme,
Tant votre front, brillant d'un jour sjirnaturci ,
Répandaient au dehors la splendeur de votre âme,
Visible à tous les yeux comme une étoile au ciel !
Tant ce reflet suave , attribut de Dieu même ,
Qui vous enveloppait comme un voile d'azur,
Vous faisait rayonner d'une beauté suprême ,
Et qui n'a pas de nom sur notre globe obscur !
Tant votre air ineffable et vos traits pleins de charmes
Exprimaient de bonté, de grâce, et de douceur,
Vous faisant ressembler à celle dont les larmes
Amortissent la foudre aux mains du Dieu vengeur.
(L. N. Amertumes et Consolations.)
Cette division par strophes, cet espacement d'un si bel effet, ces
relais établis de distance en distance ne sont souvent qu'un leurre,
pour conduire le lecteur de strophe en strophe jusqu'à la fin d'un
poème, dont la longueur autrement pourrait l'effrayer et le décou-
rager :
1.
J'ai connu, l'an dernier , un jeune homme nommé
Mardoche , qui vivait nuit et jour enfermé.
O prodige ! il n'avait jamais lu de sa vie
Le Journal des Débats , ni n'en avait envie.
Il n'avait vu ni Kean , ni Bonaparte , ni
Monsieur dr- Meltcrnich. — Quand il avait fini
I
UES SIGINES DE l'OiXCTllATIOiN. 56ô
De souper , se couchait ; précisément à l'heure
On , quand par le brouillard la chatte rôde et pleure ,
Monsieur Hugo va voir mourir Phébus le blond.
Vous dhe ses parents, cela serait trop long.
II.
Bornez-vous à savoir qu'il avait la pncelle
D'Orléans pour aïeule, en ligne maternelle.
D'ailleurs son compagnon , compère et confident ,
Etait un chien anglais , bon pour l'œil et la dent.
Cet homme ainsi reclus vivait en joie. — A peine
Si le spleen le prenait quatre fois la semaine.
Pour ses moments perdus, il en donnait parfois
A l'art mystérieux de charmer par la voix ;
Les Muses visitaient sa demeure cachée ;
Et, quoiqu'il fit rimer idée avec fâchée,
III.
On le lisait. C'était du reste un esprit fort ;
Il eût fait volontiers d'une tête de mort
Un fallût , et mangé sa soupe dans le crâne
De sa grand'mère. — Au fond , il estimait qu'un âne.
Pour Dieu qui nous voit tous, est autant qu'un ànier.
Peut-être que , (1) n'ayant pour le désennuyer j
Qu'un livre (c'est lecœnr humain que je veux dire) ,
Il avait su trop tôt (2) et trop avant y lire.
C'est un grand mal d'avoir un esprit trop hâtif.
Il ne dansait jamais au bal pour ce motif.
( Alfred de Musset, )
Dans la prose , indépendamment de la rentrée , on ajoute aussi
quelquefois une ligne ou plusieurs lignes de blanc. Exemple:
.le viens de faire mon testament.
(1) Cette virgule ne figure point dans le texte, où elle est pourtant né-
cessaire.
(2) Le texte porte une virgule après trop tôt. Mais que vais-je m'inquiéter
des points et des virgules à propos d'Alfred de Musset? A propos d'Alfred
de Musset plus que de tout autre ; car Alfred de Musset est à la fois grand
poète et excellent écrivain. Au reste c'est seulement pour vous faire ob-
server qu'il existe peu d'ouvrages, si soignés qu'en soient à la fois le style
et riiiipression , où l'on puisse trouver dix lignes de suite dont la ponctua-
tion ne laisse rien à désirei.
ô()4 GltAMMAIRE FRANÇAISE.
A quoi bon? je suis condamné aux frais, et tout ce que j'ai y
suffira a peine. La guillotine, c'est fort cher.
Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant.
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands
yeux noii^ et de longs cheveux châtains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l'ai vu pour la dernière
fois.
Ainsi, après ma mort, trois femmes sans fils, sans mari , sans
père. Trois orphelins de différente espèce; trois veuves du fait de
la loi.
J'admets que je sois justement puni. Ces innocentes, qu'ont-elles
fait? IN'importe! On les déshonore, on les ruine : c'est la justice.
Ce n'est pas que ma pauvre vieille mère m'inquiète; elle a
soixante quatre ans ; elle mourra du coup (^). Ou si elle va quel-
ques jours encore, pourvu que jusqu'au dernier moment elle ait
un peu de cendre chaude dans sa chaufferette, elle ne dira rien.
Ma femme ne m'inquiète pas non plus ; elle est déjà d'une mau-
vaise santé et d'un esprit faible. Elle mourra aussi.
A moins qu'elle ne devienne folle. On dit que cela fait vivre;
mais du moins l'intelligence ne souffre pas; elle dort, elle est
tomme morte.
Mais ma fille , mon enfant, ma pauvre petite Marie , qui rit , qui
joue, qui chante a cette heure et ne pense à rien , c'est celle-là qui
me fait mal ! ( Victor Hugo. Le dernier jour d'un condamné.)
Nous n'avons pas trouvé dans le texte de ce passage une seule faute de
ponctuation. Mais aussi cela est de Victor Hugo , le seul vrai modèle dans
l'ait de ponctuer , comme aussi , il faut bien le dire , dans celui de multi-
plier les blancs sans nécessité, et d'étirer, d'allonger ainsi la matière de
quelques pages jusqu'à un volume. En cela, M. Victor Hugo n'est pas un
nuidèlu inimitable. Je crois même que le modèle a été surpassé.
Alinéa se dit par extension d'un passage compris entre deux
alinéas. Le ■premier alinéa de ce chaintre est fort long. Un petit ali-
néa. Un alinéa IrH-court.
(I) Remarquer ce point avant la conjonction 01/.
DES SIGNES DE PONCTLATION. 565
On met ainsi en alinéa tout ce qu'on veut rendre plus saillant
aux yeux. Exemple :
Oh I je vous le répèle , a moins que la plus affreuse nécessité ne
vous ait cloué sur son pilori , fuyez , fuyez , la petite ville.
Car tous les préjugés y sont dans leur plus grande vigueur.
Car la morgue la plus stupide y trône sur un socle de vanité.
Car nulle part la religion n'est plus mal comprise , et sa morale
plus sacrifiée a la forme extérieure.
Malheur a celui qui , doué de quelque grandeur d'âme, est con-
traint d'habiter la petite ville!
Mieux vaudrait habiter la caverne de Molina. On y serait exposé
à moins de dangers qu'au milieu des vipères qui peuplent la petite
ville.
Une petite ville, c'est l'antre du démon même.
La conduite la plus innocente y donne prise a la calomnie ; la
plus simple démarche y est incriminée.
Étes-vous bon, aimant , généreux ?
D'un caractère enjoué, causant a cœur ouvert avec tout le monde?
Malheur a vous !
Le vent n'emporte aucune de vos paroles.
(L. N. Amertumes et Consolations).
Qui oserait nier qu'une telle division ne soit dans certains cas d'un très-
bon effet? II va sans dire qu'alors les séparations plus profondes de la
pensée se marquent par des blancs, et que ce qui est compris entre deux
de ces blancs constitue une sorte de paragraphe.
La division dont on vient de voir un exemple est surtout, en
concurrence avec le tiret , affectée au dialogue , lorsqu'il présente
une certaine étendue :
— Jeannette, je ne suis pas content devons.
— Monsieur n'est jamais content de rien.
— Ne me répondez pas.
— Je réponds a monsieur?
— Oui , vous me répondez.
•"»<>(i (;RAMMAIKE FKA.NÇAISE.
— Je ne réponds pas k monsieur. Seulement je dis à monsieur
ijue je lui réponds...
— Encore !
— Monsieur ne veut pas m'entendre. Je disais que je réponds à
monsieur qu'il trouvera difficilement quelqu'un qui le serve mieux
que je ne le fais.
— Vous ne faites que des sottises.
— Cela plaît à dire à monsieur.
— Et cela vous plaît a faire.
— Je certifie à monsieur que rien ne me plaît a faire.
— C'est justement ce que je vous reproche. 11 semble que je
vous paye pour rester les bras croisés!
— Monsieur se trompe, je ne reste jamais les bras à la fenêtre.
— Qui est-ce qui vous parle de la fenêtre?
— Monsieur n'a-t-il pas dit que je reste les bras a la croisée?
— Est-ce que vous faites des calembours?
— Mais, monsieur, quand on a l'honneur de vivre avec un
homme d'esprit...
— Impertinente! vous sortirez dans huit jours.
— Dans un mois , monsieur.
— Je vous dis dans huit jours ! {VEntv'acte.)
Bien qu'il y ait entre toutes les phrases qui composent le tableau
suivant une liaison très-intime, et qu'elles appartiennent toutes
réellement à la même période , cependant comment distinguer les
parties plus tranchées, si l'on n^a recours à l'alinéa?
COUP D'œiL SUR BERLIN.
Des maisons longues comme des granges et élevées de cinq étages
au plus, y compris le rez-de-chaussée et l'étage souterrain, c'est à
dire la cave, qui est toujours habitée; — bâties de briques et de plâ-
tre, surmontées d'un toit en bahut que recouvrent des tuiles plates
superposées ; avec des façades badigeonnées de la base au sommet
de rouge, de jaune, de vert, de bleu, de violet, de couleur de
chair et autres; de plus, ornementées de toute façon et surchargées
de moulures, de cannelures, de festons, de couronnes, de guirlan-
des, de mascarons , de bossages de toutes sortes ; paiCois décorées
DES SIGNES DE PONCTUATION. Ô<>/
iruii frontispice a colonnes ioniques ou corinthiennes, avec un
balcon de fer demi-circulaire ou rectangulaire ; d'autres fois ceintes
d'une ceinture de bas-reliefs; souvent couronnées d'acrotères que
surmontent des vases ou des statues; toujours pour le moins d'un
entablement complet , avec architrave, frise, corniche , et tous les
ornements dont ces membres sont susceptibles, tels que modillons,
mutules, triglyphes , etc. ;
Des rues larges, très-larges même, et si longues que le brouillard
vous en dérobe les extrémités ; parfaitement droites , mais couver-
tes de boue , pavées a peu près comme le lit d'une rivière ou d'un
torrent; éclairées le soir de quelques rares lanternes pendues à des
sortes de potences de fer ; presque aussi désertes le jour que la nuil;
— pour trottoirs, quelques dalles incrustées parmi ces cailloux
anguleux avec une régularité quelconque, tantôt rasant le mur,
tantôt s'en éloignant de quatre ou cinq pieds et courant le long d'un
ruisseau profond aux bords abrupts et crevassés; les quelles, pour le
plus grand bonheur des pauvres piétons , formant de distance en
distance une sorte de lisière d'un côté de la rue a l'autre, y établis-
sent comme une voie de salut sur cet abîme d'aspérités déchiran-
tes ; — d'innombrables tuyaux de descente se précipilant des toits
a travers les frontons, les moulures, les bas-reliefs, et se dégorgeant
gracieusement dans vos jambes ; — pas la moindre déclivité de ter-
rain, en sorte que l'eau, dans ce ruisseau ou plutôt cet égout , an
lieu de s'écouler, y séjourne et y dort, ce qui doit produire en été
les exhalaisons les plus parfumées et les plus salubres ;
Une rivière noire, appelée la Sprée , qui ne coule pas , mais se
traîne pesamment dans la direction nord-ouest ; obstruée de longs
bateaux plats et rouges , dont elle semble n'avoir que faire ; profon-
dément encaissée entre un double pâté de maisons malvenues et
rechignées , séparées quelquefois de l'eau par une petite arrière-
cour ou prétendu jardin ; rivière moins considérable assurément
que celle des Gobelins , et surtout moins précieuse, si ce n'est
comme récipient et véhicule des immondices , laquelle se divise en-
core au milieu de la ville en trois branches, qui, en s' écartant pour
se réunir de nouveau , y forment comme la tête d'une guimbarde;
et enjambée , dit-on , par quarante ponts dont le plus long no l'osl
•'>f»8 GRAMM.URE FRANÇAISE.
guère que d'une centaine de pas, — sur presque autant de large,
il est vrai ;
Quelques grands édifices dont les plus remarquables sont :
H» Le Château Royal, vaste trapèze à trois étages , dont la cour
intérieure, où l'on pénètre de divers côtés par cinq grandes portes
corinthiennes , est coupée en deux par une double masure noire,
jadis crépie ; palais du reste assez imposant par sa masse sombre .
dont deux tourelles, du côté de la Sprée, restes précieux du donjon
de Frédéric ÏI, visitées jadis par la dame blanche, relèvent encore
la physionomie originale ;
2° Lq Musée, formant un parallélogramme parfait, orné d'un
vaste pœciléoh l'on arrive par un large escalier de vingt-huit mar-
ches, et d'où l'on pénètre dans une belle rotonde largement éclairée
par un œil de voûte, entourée de galeries en balustrades , et déco-
rée, au milieu, d'un superbe vase de malachite; la quelle sert d'en-
trée a la galerie de tableaux , une des plus pauvres qui existent ,
mais où une chose m'a frappé : c'est l'ordre admirable dans le quel
sont distribués les tableaux , selon l'école à la quelle ils appartien-
nent, dans une longue suite de compartiments carrés où ils se pré-
sentent dans le meilleur jour, ainsi que les étiquettes disposées sur
le mur, à l'entrée de chaque salle ou dans l'embrasure des croisées,
dans le même ordre et les mêmes rapports de dimension que les
tableaux qui s'y trouvent , et servant comme de notes de renvoi ;
5° L'Arsenal, carré parfait, tout chargé sur ses quatre façades
extérieures de casques, d'armures, de trophées, de figures allégori-
ques, telles que l'Arithmétique, la Géométrie, la Mécanique, la
Pyrotechnie, le Repentir ; orné , du côté de la cour , de vingt-deux
mascarons , qui , pour l'édification du soldat, râlent et agonisent
dans toute la perfection désirable; divisé intérieurement en deux
vastes salles ou galeries, l'une inférieure, l'autre supérieure, que
je n'ai point parcourues sans une certaine émotion a l'aspect des
nombreux drapeaux français qui en décorent les murailles et les
piliers: bel édifice, en effet, dont on a dit qu'il ne s'y trouve pas
une seule faute d'architecture ;
40 Le Théâtre Je VOpéra, dont le frontispice est supporté par
six colonnes d'ordre corinthien , et dont l'un des frontons repré-
DÉS SIGNES DE PONCTUATION, 569
sente Orphée entouré de bêtes sauvages qu'au dire des bons habi-
tants de Berlin, il tâche (V attirer à V Opéra; édifice très-remarquable
autant en longueur qu'en largeur (!) ;
50 La Bibliothèque Royale, bâtiment de la forme la plus bizarre
qu'il doit à une étrange fantaisie de Frédérie le Grand qui ordonna
à l'architecte de le faire sur le modèle d'une certaine commode cé-
lèbre, et où se trouvent, par exemple, entre autres choses remar-
quables, la bible hébraïque de Luther avec des notes marginales de
sa propre main , ainsi que le livre de prières que Charles I^r porta
surl'échafaud et qu'il donna avant sa mort a l'évoque Juxon ;
60 Le Palais de V Université, vaste édifice avec deux ailes en re-
tour, admirablement approprié a sa destination, et situé sur la nie
des Tilleuls , ainsi que V Arsenal et VOpéra ;
Du reste pas une église digne de ce nom ;
Deux autres théâtres assez apparents ;
Pour tous monuments que réclame l'art, la statue équestre du
Grand Electeur sur le Grand Pont , à l'extrémité nord-est de la
place Royale ou place du Château, et la statue pédestre du feki-
maréchal Blûcher , en face du nouveau Corps de Garde , entre le
théâtre de l'Opéra et le palais de la princesse de Liénit^ , qui n'est
séparé de la résidence privée du roi défunt , au quel la princesse
était unie par un mariage de la main gauche, que par une petite
galerie couverte jetée en pont sur la rue Oberwall; — monuments
en bronze, tous deux chargés d'inscriptions et d'emblèmes abraca-
dabrants •
Pour tout passage et toute galerie où vous puissiez vous prome-
ner a couvert de la pluie et du brouillard , une courte suite d'ar-
cades basses et larges tout au plus de trois à quatre pieds , aux pi-
liers carrés et trapus, tout peinturlurés de jaune sur un crépi qui
s'écaille el tombe en lambeaux, a la voûte entièrement tapissée do
toiles d'araignées, au pavé inégal et mal affermi, moitié dalles, moi-
tié planches; formant le côté sud-ouest de la place du château;
éclairées dans toute leur longueur par un seul réverbère; et où
vous avez un papetier, un mercier, un libraire, deux orfèvres, une
fruitière, une débitante de tabac ; — arcades ridicules, que cescan-
(1) H a brûlé depuis.
T. II. 47
>7(l GRAMMAIRE FRANÇAISE.
(licles ciladins ;tppMciU une ro/on/iade , un portique à culunnes ;
Pour toulc promenade inlérieure, un Jardin du Roi, sur la
Sprée , entre le Musée et le Château Royal , comme qui dirait six
petits compartiments de gazon, formés par trois allées qui sont
croisées par trois autres , et auprès du quel notre esplanade des In-
valides est certainement la huitième merveille du monde , mais où
l'on admire pourtant, devant l'entrée du Musée, un colossal bassin
de granit poli , de vingt a vingt-deux pieds de diamètre ;
Hors de l'enceinte , par exemple , un certain espace de terrain ,
dit le Parc aux Cerfs , principalement planté de chênes et de sa-
pins qui luttent ensemble de fierté et de bonne grâce , et traversé
par la route de Charlottembourg, que croisent bon nombre d'allées
tout aussi boueuses que jadis l'Allée des Veuves , aux Champs-Ely-
sées, sinon aussi larges ; — assez vaste enclos du reste, que Malte-
brun compare a notre bois de Boulogne avec le quel il n'a pas le
moindre rapport, orné de trois a quatre misérables statues de
femmes qui grelottent au bord d'un bassin étroit et glacé; et auquel
aboutit , par la porte de Brandebourg, espèces de propylées, la
belle rue des Tilleuls a la riche bordure d'hôtels et de palais, pres-
que aussi large que nos boulevards, mais qui leur ressemble comme
la vie resssemble a la mort , l'hiver au printemps ;
Dans cette rue , comme dans aucune des autres rues les moins
délaissées, pas un magasin de quelque apparence devant le quel un
flâneur de mon espèce pût être tenté de s'arrêter un moment à con-
sidérer les divers produits de l'art et de l'industrie; mais des bou-
tiques d'une humilité profonde qui ferment à la nuit tombante.
Dès neuf heures du soir, plus une seule lumière aux fenêtres ,
plus d'autre clarté que celle des pâles réverbères autour des quels
le brouillard épais forme une irradiation merveilleuse ;
Pas un lieu de réunion , pas un café un peu confortable où vous
puissiez aller un moment vous distraire de votre ennui ;
Des appartements d'une simplicité pins que patriarchale , sans
rideaux aux lits, sans autre draperie aux fenêtres qu'un humble
store de serge ou de toile , sans une moulure au plafond, sans une
sculpture ni aux meubles ni aux lambris, et complètement dépour-
vus, sous ce rapport, de ce qui abonde au dehors sur les faça<lcs
des maisons :
PES SIGNES DE rO.VCTLi.VTlON . 371
Des hôlels où l'on vous sert , a table d'hôte, poui la somme mo-
dique de quatre francs, une soupe assez comparable au brouet clair
de compère Renard , accompagnée de trois plats non moins insipi-
des , sans vin , ni bière , ni fruit ;
Une société où prime le militaire , ce qui doit vous donner une
idée des formes qu'on y apporte ; une aristocratie des plus inhos-
pitalières; une cour des plus bourgeoises ;
Bien peu de beaux équipages , quoique Berlin passe pour une
des villes les plus carrossières du monde ; mais en revanche un
assez grand nombre de fiacres ou droschkes , sous le contrôle de la
police, qui, pour vos quarante-cinq sous, vous cahotent une heure
sur cet horrible pavé d'enfer, ce qui est pourtant une moins rude
pénitence que d'y marcher à pied ;
J'oubliais de vous dire, des femmes plutôt grandes que petites,
plutôt laides que jolies, aux cheveux rouges ou couleur de suie,
aux yeux gris ou verts; avec un nez tellement enfoncé vers sa ra-
cine qu'il forme avec le haut du front comme une large ouverture
de compas , et de môme parfaitement triangulaire a l'endroit des
narines ; un menton saillant, des lèvres pincées, un teint rougeâtre
et terreux , des paupières rouges et gonflées, des visages couperosés
ou pointillés, de longues figures anguleuses qui ne le cèdent en
rien sous ce rapport au type anglais , d'ailleurs si gracieux ; le pied
large et la jambe forte , ce qui prouve en faveur d'une nature pré-
voyante , car comment un pied délicat et une jambe mignonne pour-
raient-ils se tenir sur ces cailloux pointus? — au demeurant fort
bonnes personnes, à ce que je crois ; portant sur leur physionomie
une ineffable expression de douceur ; excellentes ménagères, je n'en
puis douter, tout entières a leurs devoirs d'épouses, de mères, de
filles , allant au marché , surveillant leur maison , tenant toutes
choses en bon état , et parmi les quelles ne se trouvent pas de bas
bleus , que je sache ; seulement un peu trop nerveuses , un peu
trop fanatiques de la musique, un peu trop amoureuses de M. Listz,
recueillant avec trop d'avidité dans leurs mouchoirs de batiste les
gouttes d'eau qui restent dans le verre où le dieu a trempé ses lè-
vres, applaudissant avec un peu trop d'enthousiasme k l'épée d'hon-
neur offerte au nouvel Oiphéo par les Scythes de la Hongrie , pous-
(iUAMMAIltE FHANÇAISE.
saut, jusque dans la rue , des ah un peu trop significatils a la vue
d'un simple croquis de la figure divinisée, un peu trop promptes a
concevoir qu'une femme puisse tout quitter , rang dans le monde ,
fortune, enfants, mari, pour un pareil homme; en un mot, non
moins folles de Lîstz que les Viennois ne sont fous de Fanny Elssler;
Ajoutez, des hommes rouges, qui , malgré leur couleur et leur
nom de Prussiens, dont on me faisait si grand' peur dans mon en-
fance , n'ont pourtant rien de trop féroce ;
Bon nombre de chiens hurlant a la lune ;
Un ciel gris de plomb sans la moindre apparence de soleil ;
Pas d'émeutes, il est vrai , pas d'agitations excitées par des jour-
naux incendiaires , mais , au contraire , la tranquillité la plus ab-
solue, le silence le plus profond ; en un mot, le repos et l'obscu-
rité de la tombe , au propre comme au figuré ;
Tout cela s' allongeant, s'alignant, se superposant, déjeunant,
dînant, soupant, digérant, allant, venant, s'agitant, grouillant,
criant , hurlant , etc., sur un espace d'environ quatre lieues de cir-
cuit, au milieu d'une mer de sable terminée , au nord , par la mer
Baltique, et, au sud, par une suite indéfinie de plaines non moins
monotones :
VoiPa en gros Berlin tel que je l'ai vu pour la première fois le
lundH4 février -1842 et jours suivants jusqu'au 24.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Celui qui saurait parfaitement ponctuer cette phrase, si compli-
quée sans cesser d'être claire et précise, j'ose le dire, — serait déjà
très-habile dans la ponctuation ; car cette phrase résume en elle
seule les plus grandes difficultés de l'art dont nous venons d'indi-
quer les principes. C'est pourquoi nous avons cru devoir la citer
tout entière. On pourra la donner pour composition.
AFFENDICX.
Paragraphe, Petitesection d'un
discours , d'un chapitre. Un para-
graphe se compose ordinairement de
plusieurs alinéas, de plusieurs slro-
phes, de plusieurs stances. II est prin-
cipalerucnt d'usage en parlant des
livres de droil. Paragraphe prcnùcr.
Parat^raplic second. Telle loi est au
paragraphe cinq, 11 se dit, en Impri-
merie, d'un signe figuré de cette
manière §, que l'on met quelquefois
en tète ou au commencement d'un
paragraphe.
Article, Une des petites parties
qui Ibrnient les divisions ou subdivi-
sions d'un Irailé , d'un contrat, d'un
DES SIGNES DE FO.NCTUATION.
o/o
compte , d'un Journal , etc. L'article
quatorze de ta Charte. L'article dix du
titre deux de telle loi. Discuter un ar-
ticle de loi. Amender un article. Les
articles d'un traité de paix. Il approuva
tous les articles de la capitulation. Les
articles d'un contrat de vente, de ma-
riage , etc. Dresser des articles de ma-
riage. Signer, proposer des articles.
Les articles d'un compte. Examiner
un compte article par article. Débattre,
allouer, contester, rayer un article.
Un article de dépense, de recette. Met-
ire par articles. Les articles d'un jour-
nal. Avez-vous lu l'article de Londres,
l'article Spectacles? (Acad. } Cet ar-
ticle est de tel rédacteur. Insérer un
article au Moniteur, dans le Moniteur.
Les articles d'un dictionnaire. Cher-
cher un article. Consulter un article.
Un article peut être contenu dans un
seul alinéa. Article a plusieurs autres
significations dont nous n'avons pas
à nous occuper ici.
Titre , inscription qui fait con-
naître la matière d'un livre, et ordi-
nairement le nom de l'auteur qui l'a
composé, etc., qui se dit également
des inscriptions analogues placées au
commencement des divisions d'un
livre, s'applique aussi, par extension,
à certaines subdivisions employées
dans les codes de lois , dans les re-
cueils de Jurisprudence , etc. Livre
douze , titre trois du digeste. Le titre
des Successions, dans te Code civil. Ce
mot répond à peu près à celui de
chapitre. Notre code civil est divisé en
livres, subdivisés eux-mêmes en ti-
tres, chapitres, parties , sections, pa-
ragraphes, articles , alinéas.
Chapitre, Une des parties qui
servent à diviser certains livres. Un
livre divisé par chapitres. Il a divisé
l'ouvrage en livres, et tes livres en
chapitres. On dit, dans nn sens ana-
logue, en termes de Finances: Cha-
pitre de recette ; Cliapitre de dépense;
Un cliapitre du budget ; etc. Trait de
l'Écriture , que l'olTiciant chante ou
récite entre le dernier psaume et
l'hymne. On dit plus communément,
capitule. Ilsignifie figurément la ma-
tière, le sujet dont on parle, le propos
sur le quel on est. Puisque nous som-
mes sur ce chapitre. Nous reviendrons
sur ce chapitre. On dit dans le même
sens, Nous reviendrons sur cet article.
XilVRE, assemblage de feuilles de
papier imprimées ou écrites à la
main, etc., signifie aussi, Une des
principales parties qui forment la di-
vision de certains ouvrages. Le pre-
mier, le second livre des Rois. Les
douze livres de l'Enéide. Le nom de
chant est plus particulièrement af-
fecté aux divisions d'un poème. On
ne donne le nom de livres qu'aux
chants de certains poèmes anciens.
Le premier chant ou premier livre de
l'Iliade, de l'Odyssée, de l'Enéide.
Le premier chant de la Jérusalem dé-
livrée, de ta Henriade , du Lutrin.
L'Art poétique de Boileau, chant qua-
tre. L'argument d\in livre. Le sujet
ou abrégé.
Verset, Petite section composée
ordinairement de deux ou trois li-
gnes , et contenant le plus souvent
un sens complet. Il ne se dit guère
qu'en parlant des livres de l'Ecriture.
Les chapitres de l'Ecriture sont divisés
par versets. Le dixième verset de tel
chapitre, de tel psaume. Il se dit aussi
de quelques paroles tirées ordinaire-
ment de l'Ecriture , et suivies quel-
quefois d'un répons, qu'on dit, qu'on
chante dans l'office de l'Eglise. Chan-
ter un verset et un répons. — Signe
d'Imprimerie qui sert à marquer les
versets, et qui a la forme d'un V barré
{^). Le signe du répons est ime R
barrée ( l}).
Volume , Livre relié ou broché.
Un gros volume. Un petit volume. Un
volume in-ptano , in-folio, in-quarto,
in-octavo, in-douze, in-seize, in-dix-
huit, in-vingt- quatre, in-trente deux.
TOIHE, Volume qui fait partie d'un
ouvrage imprimé ou manuscrit. Une
histoire imprimée en deux tomes. Il a
fait relier les deux tomes en un seul
volume. Il signifie quelquefois seule-
ment , volume. Il a fait imprimer tous
ses ouvragesen un tome. (Acad. ) Dans
ce dernier sens , il n'est guère d'u-
sage que dans le Dictionnaire de l'A-
cadémie,
On appelé acte chacune des partici principales dont une pièce de
•>/ < OKAMM.VIKE 1U.V.\(JA1SE.
lUcàtrc ti>l couipobec, i,l (;nlre ies quelles il y a un intervalle qu'on noiimir
entracte. Les actes se divisent en srénes.
Les poètes modernes, un peu trop enclins parfois à se singulariser, di-
visent souvent leurs ouvrages en époques, en Journées, en visions. Ils ont en
outre , au théâtre , imaginé des tableaux. Drame en cinq actes et en huit
tableaux.
Entracte se dit quelquefois d'un petit spectacle qui ne fait point partie
de la pièce principale et qui se donne entre les actes. // y avait des danses
pour entractes. ( Acad. ) Le premier entracte était une noce de village ( Id. )
Dans ce sens on dit plus ordinairement intermède.
Les principales divisions d'im livre sont quelquefois distinguées par des
filets , des vignettes, des fleurons , des cul-de-lampes.
On nomme filets, en Imprimerie, certains traits plus ou moins longs ,
plus ou moins déliés, et servant à divers usages. Filet double. Filet maigre.
Filet décadré. Filet d'ornement. Filets anglais. Séparer les colonnes d'un
tableau par des filets. Mettre un filet au dessous d'un titre.
On nomme trembléun fllet serpentant et alternativement gras et maigre.
Les lames de métal qui servent à imprimer ces sortes de traits se
nomment également filets. Les filets sont d'aeier , de cuivre, ou de métal à
carac lères.
On appelé vignettes de petites estampes ou dessins dont on orne le
commencement ou la fin des chapitres d'un livre. Leur nom vient de ce
qu'elles ne représentaient autrefois que des pampres et des raisins ; mais
on y grave maintenant toutes sortes de figures, f^ignettes en taille-douce.
Il y a aussi des vignettes qui servent d'encadrement pour les tableaux , les
couvertures de livres, etc. — Papier à vignettes. Papier à lettres dont les
bords sont ornés de petites guirlandes coloriées.
Le fleuron est un ornement qui autrefois représentait ordinairement des
fleurs. Le sujet d'un fleuron doit être approprié à la matière du chapitre qu'il
termine. (Acad. )
Le cul-de- lampe est un ornement, aujourd'hui peu employé, qui se ter-
mine ordinairement en pointe. Édition ornée de vignettes, fleurons, cl
cul-de-lampes ou cudelampes. ( Acad. )
SIGNES AUXILIAIRES.
SIGNES MODIFICATIFS.
Do Signe Interrogatîf,
ou POINT INTERROGANT, POINT D'INTERROGATION.
Dans une taverne de Londres . on avait proposé à Pope d'expli-
<\\\cv un passage d'Honifue , qui l'embarrassait.
DES SIGNES DE PONCTUATION. o7i>
Un officier prétendil avoir découvert le vrai sens du texte , en
faisant observer que pour le rendre clair il ne fallait que placer un
point d'interrogation dans un endroit où il n'y en avait pas.
L'écrivain anglais , piqué qu'un militaire lui donnât une leçon de
grec, lui dit d'un ton dédaigneux: « Monsieur , savez-vous seule-
ment ce que c'est qu'un point d'interrogation? — C'est, répondit
l'officier, une petite figure tout de travers qui fait la question.» Pope,
qui était contrefait , n'eut pas de peine à se reconnaître dans la pe-
tite figure.
Le point interrogant est le signe dont on se sert dans l'é-
criture pour marquer l'interrogation, et que l'on figure
ainsi (?). Il se met à la fin de toute proposition interroga-
tive, soit pleine, soit elliptique, soit que l'interrogation se
trouve dans la forme ou seulement dans le sens. Il y tient la
place ou du point, ou du point-virgule , ou d'une virgule,
mais jamais du deux-points, toujours plus nécessaire.
Exemples :
Victor Hugo peut-il s'étonner des critiques méchantes ou slupi-
des dont il est l'objet? Ne sait-il pas que c'est le sort de tous les écri-
vains originaux de voir nier leur génie? A-t-il oublié ce quatrain
fameux sur La Bruyère, qui, comme lui, ne fut admis au faulouil
académique qu'avec la plus grande difficulté :
Quand La Bruyère se présente.
Pourquoi faut-il crier Haro ?
Pour faire le nombre quarante
Ne fallait-il pas un zéro ?
Et qu'estiines-tu donc, âme ignorante et fière ,
Qui n'a rien d'élevé qu'une ignorance altière ? (Le Iîrun.)
Qu'enviait Alexandre au vainqueur des Troyens ?
hiait-ce des; exploits effacés par les siens ?
Fut ce l'éclat , le sanfj; d'une immortelle mère ?
Non , aux deslins d'Acliille il n'envia qu'Homère. ( hl. )
L'Arabe vagabond foule à ses pieds Athènes ;
A-t-il pu conquérir Sophocle ou Démoslhènes ? ( ïd. )
Rome , que l'a servi tout l'éclat de tes armes ?
Mais le génie encor le défend par ses charmes. ( /</. )
"76 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Quoi de plus misérable que toutes les pauvretés qui se débitent
tous les jours dans des millions de livres et de journaux ? Est-ce
qu'il n'y a pas plus de philosophie, plus de sagesse, plus de science
dans un seul vers de Lamartine ou de Victor Hugo que dans toute la
collection complète du Journal des Débats?
Quel mérite y a-t-il à naître ?
Quelle différence y a-t-il , en dehors du mérite personnel , entre
le fils d'un paysan et le fils d'un prince ?
Quelle différence y a-t-il entre un automate jlûteur ou joueur
(T échecs et la plupart de ces jeunes gens dont l'éducation se borne à
certains exercices du corps; dont tout le talent consiste à monter à
cheval , à courre le lièvre , à faire la roue dans le monde; qui
n ont pas une idée, pas un sentiment ; qui ne savent ni se réjouir du
bien ni s'affliger du mal; que les vices dévorent comme les vers dé-
vorent un cadavre ? Assurément l'avantage reste à l'automate.
( L. N. ie Livre de Tous.)
Veux-tu nous replonger dans la nuit de ces âges
Où l'erreur nous armait pour de saints brigandages?
( Le Brun. )
Veux-tu nous ramener ce jour trop lamenlable ,
De tant d'assassinats complice épouvantable ,
Où le zèle en fureur, levant ses étendards ,
Ordonna le carnage , aiguisa tes poignards ?
Qu'il périsse, ce jour! Que les nuits les plus sombres.
Qu'un silence éternel , (1) le couvrent de leurs ombres 1
Qu'il devienne incroyable à la postérité !
Que dis-je ? s'il se peut , qu'il n'ait jamais été ! ( I^- )
Comment des hommes comme M. Thiers peuvent-ils se laisser sé-
duire aux caresses des cours?
Lorsque vous êtes si grands .
Gomment le souverain qui vous doit sa couronne
Ne serait-il pas sur son trône
Elevé d'une étoile au dessus des tyrans?
( L. N. La Bataille d'Isly. )
Ah ! n'est-ce pas, mon Dieu, qu'il y a une autre vie meilleure que
(1) Le texte ne porte point de virgule après qu'un silence éternel , qui
pourtant ne peut seul servir de sujet au verbe couvrent.
DES SIGNES DE PONCTUATION. 577
celle d'ici-bas , où vous rendrez ma mère bien lieureuse , et d'où
elle pourra me voir , me bénir, et ra'aimer encore? N'est-ce pas,
mon Dieu , que ce n'est pas la une vaine illusion? N'est-ce pas
qu'a celte heure, esprit bienheureux, victorieuse des obstacles qui
nous séparaient, ma mère me voit et m'entend? N'est-ce pas qu'elle
est en effet bien heureuse , ma pauvre mère, etqu'elleprie pour moi
au pied de votre trône, pour que vous daigniez fortiûer la foi de mon
âme et l'espérance de mon cœur? N'est-ce pas qu'elle vous prie, mon
Dieu, pour son pauvre flis désespéré d'avoir perdu sa mère, parce
qu'il doute, parce qu'il ne croit pas assez à cette autre vie de gloire
et de bonheur, où vous aurez, n'est-ce pas?(l) daigné admettre ma
bonne mère? N'est-ce pas qu'elle vous prie d'adoucir l'amertume
de mes regrets en me persuadant qu'elle est heureuse, et d'avoir
pitié de mon désespoir? (L. N. Fleurs du Danube.)
N'est-il pas juste que les secondes listes du jury et les magistrats
fassent partie de la liste électorale ? (Crémieux. )
Y a-t-ildes théologiens de bonnejoi? — Oui , dit l'abbé de Saint-
Pierre , comme il y a des gens qui se croient sorciers.
Quand est-ce qu'on peut manger un vaisseau de ligne aoec tous
ses agrès et apparaux , tous ses canons , tous ses mâts , tout son
équipage F — Quand il échoue (est chou. )
Quand est-ce qu'on peut tenir le ciel dans ses niains F — Quand
il est serein (serin).
Peut-on regarder le ciel et contempler ce qui s'y passe , sans
voir (2) , avec toute l'évidence possible, qu'il est gouverné par une
suprême , par une divine intelligence?
(CicÉRON, cité par Girault Duvioier.)
Dans tout les exemples qui précèdent , le point interrogant rem-
place le point. En voici où il remplace le point-virgule.
(1) Ces mots, n'étant mis là que pour donner plus de force à l'interro-
gation, entraînent naturellement avec eux le signe interrogatif.
(2) Le texte ne porte point de virgule après sans voir, quoiqu'il y en ait
une après possible. 11 est vrai que, si la phrase est de Cicéron et l'expres-
sion de l'abbé d'Olivet , la ponctuation de cette phrase est de l'abbé d'O-
livrt et de GirauU Dnvivier réunis.
r II, 48
>7S GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Qui comprendra jamais ce que j'ai souffert , ce que je souffre ?
ce qu'il m'a fallu de courage pour résister aux tempêtes qui m'ont
assailli ? de force pour souffrir autant sans mourir?
Qui me consolera de n'avoir plus ma bonne mère a aimer , à
soigner, à nourrir? de ne l'avoir plus là pour jouir de la joie qu'elle
aurait de mon amour, de mes soins, de mes attentions? de ne l'a-
voir plus la pour l'entendre dire encore toute radieuse : « On me
l'avait bien prédit , que mon enfant ferait un jour mon bonheur et
ma joie »? (L. N. Fleurs du Danube. )
Ah ! madame, esl-il vrai qu'un roi per et terrible
Aux charmes de vos yeux soit devenu sensible?
Que l'hymen aujourd'hui doive combler vos vœux ? (CHÉBlr.I,u^.)
Comprennent- ils queDieu pour nos cœurs au grand livre
Marqua d'autres besoins que de vivre pour vivre?
Qu'il nous faut la pensée et tes émotions ?
Et que nous donnerions pour un sourire d'ange ,
Pour une amitié pure , et vraie , et sans mélange ,
Tous les trésors des nations ? ( L. N. Amerl. et Consol. )
Ai>ez-i>ous songé , Charistie , que je pourrais vous suivre dans la
route ail vous me menez et qu'il pourrait ne pas me plaire de m^ ar-
rêter précisément à Vendrait oii vous vous êtes arrêtée ? que , puis-
que vous êtes en train de raconter mon passé , il pourrait m'être
permis de raconter le vôtre ? ( Frédéric Sodlié. )
Dans les exemples suivants ils ne remplace que la virgule :
A quel âge avez-vous été fait évêque ? demandait le dernier duc
de Bourgogne à l'évêque d'Amiens , La Mothe d'Orléans. — Mon
prince , a cinquante ans. — C'est bien tard. — C'est que, quand le
roi votre aïeul a une faute a faire, il la fait toujours le plus tard
qu'il peut.
Que m'importe la gloire , Stella? si je ne t'ai pas pour témoin
de ma gloire, (L. N. Fleurs du Danube. )
II y eu a qui transporteraient le signe inlerrogatif à la fin de la
phrase. Auraient-ils raison? De ces deux propositions , mises en
rapport par la conjonction si, Tune étant interrogative, l'autre af-
liiinalivc , le poini inlerroganl ne doit-il pas se ?noHre naturelle-
DES SIG.NES DE POACTUAllO.X. 579
ment après celle qu'il modifie? Mais , dira-l-on , ces deux proposi-
tions ont entre elles une telle dépendance à la fois logique et gram-
maticale, qu'on ne peut faire autrement que de les comprendre
toutes deux dans l'interrogation. Cela ne me semble pas tout à fait
clair, puisqu'on dirait tout aussi bien: Que m'importe la gloire,
Stella ? je ne t'ai pas pour témoin de ma gloire. Il y a successive-
ment interrogation et affirmation. J'interroge d'abord, puis je mo-
tive mon interrogation. Si l'on ne reconnaît pas le principe que
nous émettons, comment fera-l-on pour ponctuer raisonnablement la
phrase suivante :
Peut-on concevoir que la religion du Chiist ail produit tant de
sectes ennemies les unes des autres ? quand on songe que toute la
doctrine évangélique se réduit a ces deux préceptes , qui n'en sont
qu'un dans le fond : « Aimez Dieu de tout votre cœur ; Aimez
VOTRE PROCHAIN COMME VOUS-MÊME. »? (L. N. X^ Lwre de Tous. )
Celte phrase comprend plusieurs propositions dont la première
seule est interrogative, et la seule par conséquent à laquelle puisse
convenir le signe de l'interrogation. Les autres , quoiqu'elles dé -
pendent par le sens et par la construction de cette première, ne
peuvent pas pour cela , d'affirmatives qu'elles sont de leur nature ,
devenir interrogatives ; pas plus qu'elles ne pourraient devenir
négatives, si la premljre était négative.
Puis-je croire que vous m^ aimez F quand je vous vois si indiffé-
rente.
Que d'interrogalive la première de ces deux propositions de-
vienne négative, la seconde en changera-t-elle de nature? Non as-
surément. Je ne puis croire que tu m'aimes, quand je te vois si in-
différente. La dépendance qui existe entre elles n'en est pourtant
pas diminuée.
Qiit clcvlendrai-jc'i hélas! si voub m'abandonnez.
N'est-il pas naturel de placer le signe interrogatif immédiate-
ment après l'interrogation? comme on le lait pour le signe excla-
matif.
Cependant, conmie la clarté est la première loi de la ponctua-
tion, il est peut-être bon d'éviter que le signe interrogatif se
montre au bout d'un vers dont le sens n'est pas complet , à cause
•le la majuscule qui doit le suivre . el qui pourrait faire croire au
'SO GRAJWMAIRK I'AA^(;A1SI!;.
premier abord que la phrase finit au point d'interrogation. Exem-
ple :
Mais que devcniczvous , avec ce grand appui ,
S'ils se fussent encore emparés de la ville ?
Je vais plus loin. Si le signe dont il s'agit a réellement pour but
d'indiquer qu'une proposition est interrogative et qu'il faut la
lire, la prononcer du ton qui convient à l'interrogation, à quoi
pourrait-il servir? transporté à la fin de la phrase , dans l'exemple
suivant :
Est-il digne de P absolution , ce grand du monde , comme on
l'appèle, qui ne vit que pour le faste et l'ostentation ; qui, avec
des richesses si immenses (I ) qu'on ne saurait les compter, ne cher-
che qu'a frapper les yeux des hommes par la magnificence de son
train et de ses équipages, qu'à se distinguer parmi eux, qu'a pro-
voquer leur admiration ou leur respect, qu'a s'élever enfin au
dessus d'eux tous, sans penser jamais à ceux qui gèlent, qui souf-
frent , qui ont faim et soif; qui n'ont ni vêtement, ni abri, ni pain;
sans penser jamais à ces pauvres anges venus du ciel vers une nou-
velle Sodome, qui, faute d'un autre Loth pour les recueillir et les
protéger , demeurent exposés dans la rue a toutes les violences, à
tous les outrages?
Évidemment , dans cette phrase , il n'y a que les mots Est-il di-
gne de l'absolution qui soient interrogatifs. C'est, en effet, comme
s'il y avait : Ce grand du monde qui ne vit que pour le faste et l'os-
tentation, etc., CET HOMME, JE VOUS LE DEMANDE, EST-IL DIGNE DE
l'absolution ? En quoi ce qui précède cette demande finale de-
vrait-il être dit sur le ton de l'interrogation? La phrase, au lieu de
finir par une interrogation , pourrait tout aussi bien finir par une
affirmation ou une négation, sans que le sens de ce qui précède en
l'M le moins du monde altéré ou modifié. Or, dans l'exemple cité,
pour savoir comment je dois prononcer Est-il digne de l'absolution,
faut-il attendre que j'arrive essoufflé au bout de la phrase entière?
Cela serait absurde. Donc la place du signe inlerrogatif est immé-
diatement après absolution.
D'après ce principe, voici comment je ponctue la phrase sui-
vante:
(1) Inutile de coiipei celte incidente par une virgule Hprcs immenses.
DES SIGiNKS DK FOiNCTlJAïK». 581
Peut-il croire à la vertu ? celui qui ne voit paiioul qu'infa-
mie (I).
L'application de ce principe est chose d'autant plus urgente, que
le signe interrogatif se trouve souvent , dans la môme phrase , en
concurrence avec le signe exclamalif , comme dans ces exemples :
Est-il digne de V absolution !' l'homme , même vertueux , qui
n'étouffe pas dans son cœur tout sentiment de complaisance aveugle
pour lui-même ; qui, lorsqu'il jeûne, affecte un air triste , comme
les hypocrites, pour que son jeûne paraisse aux yeux des hommes ;
qui fait sonner la trompette devant lui, lorsqu'il fait l'aumône, pour
être honoré des hommes ; qui, loin de rapporter a Dieu seul , avec
une humble reconnaissance, la gloire de tout ce qu'il a en lui-
même de bon, de tout ce qu'il possède d'utile, de tout ce qu'il fait
de louable , se persuade au contraire qu'il n'a besoin que de lui-
même pour être bon, comme il n'a besoin que de lui-même pour être
méchant; et qui, présumant témérairement de cette vertu dans
laquelle il s'admire, est toujours prêt a jeter la pierre aux autres, a
les charger impitoyablement, a les condamner pour la moindre
faute ; comme s'il était lui-même à l'abri de toute chute , de tout
manquement ! comme si l'exemple déplorable de Salomon ne suffi-
sait pas pour démontrer aux hommes leur corruption^ contre laquelle
il n'est de préservatif assuré que dans la miséricorde du Seigneur!
( L. N. Le Lii>re de Tous.)
Pourquoi tiendrais-je a la vie ? moi qui suis si malheureux ! moi
qui n'ai plus rien a espérer sur la terre ! ( Idem.}
Si une phrase interrogative est composée de plusieurs propositions
toutes également iulerrogatives, le signe de l'interrogation doit se
répéter après chaque proposition. Exemples :
Qui n'eût cru que la perte de Spinosa, qui tramait la même chose
que nous , serait l'occasion de la nôtre ? que le licenciement des
troupes de Lievestein , qui nous étaient toutes dévouées, divulgue-
rait ce que nous tenions caché? que la dispersion de la petite
tiotte romprait toutes nos mesures , et serait une source féconde (h;
(1) Toiitet'oib daus des phrases aussi si simples , aussi courlc* , le point
d'inteiiogalion peut se transporter à la fin sans inconvénient.
">S2 (ilUMMAlKE IIU.XÇAISK.
nouveaux iiicouvénients? que la découverte de Ciême, que celle de
Marau, allircraient uéccssairement après elles la découverte de tout
le parti? (Saim-Réal.)
Cela n'est-il pas plus gracieux ainsi? plus net , plus limpide?
Plusieurs se contenteraient d'une virgule après ainsi. Us auraient tort;
car ils feraient supposer que plus net, plus limpide , sont la suite naturelle
de la même proposition , tandis qu'ils forment à eux seuls une véritable
proposition. C'est, en effet, commes'il y avait : Cela n'est-il pas plus gracieux
ainsi ? Cela n'est-il pas plus net , plus limpide ? Pour que plus net, plus lim-
pide, appartinssent à la même proposition que plus gracieux, il faudrait
que l'adverbe ainsi fût placé immédiatement après le verbe ou transporté
tout à la fin de la phrase, de celte manière : Cela n'est-it pas ainsi plus gra-
cieux , plus net , plus limpide ? Cela n'esl-il pas plus gracieux, plus net, plus
limpide ainsi ? Le lecteur qui ne sentirait pas cette différence ne pourrait
être qu'un partisan de Girault Duvivier.
Comment la voir? comment lui parler? comment la sauver?
Poiut de majuscule, comme on le voit, là où le signe interroga-
lif ne remplace que la virgule ou le point-virgule. Mais , s'il équi-
vaut à un point réel , la propositiou qui le suit doit naturellement
commencer par une majuscule. Exemples :
Qu'est-ce qu'il y a de plus beau ? L'univers. — De plus fort l'
La nécessité. — De plus difficile ? De se connaître. — Déplus fa-
cile l" De donner des avis. — De plus rare F Un véritable ami.
(ThALÈS de MlLET. )
La réponse à ces questions, Girault Duvivier l'écrit sans majuscule. Far
le maître , vous pouvez juger des esclaves.
Cet homme sait mou secret (I). Qui donc le lui a appris 'F C'est
vous, dit-il. Quand? A l'époque où vous cherchiez à m' épouser
pour réparer le désordre de vos affaires et vous assurer une for-
tune. (Frédéric Soulié.)
Quel serait le résultat dune famine dans Paris? De forcer les
pauvres a se ruer sur les riches. ( Allard. )
(1) J'ai cru devoir substituer ce point au point-virgule que porte le texte.
DES SIGNES DE PONCTUATION. ÔS',
Qu'est-ce ifii'un prince qui n'a d'autre mérite que son rang, r7 son
nom}'
De loin c'est quelque chose, et de prés ce n'est rien.
Pourquoi vous disputer la terre ? Il y aura toujours assez de
place pour vos tombeaux.
Dans tout cela les grammairiens n'ont vu que du Peu, et leur ordre n'est
que désordre. Quant au Journal des Débats, l'emploi bizarre qu'il fait du
signe interrogatif ferait croire
Qu'il n'a pas tous les jours la pleine intelligence
De tout ce qu'il débite avec tant d'assurance.
Maintenant se présente une autre difficulté. Jai dit que le point
interrogant n'usurpe jamais la place du deux-poinls, toujours indis-
pensable pour indiquer une citation. Or quel parti faut-il prendre?
quand une interrogation est terminée par une citation affirmative,
comme dans cet exemple :
Quel est celui qui , n'ayant pas les qualités nécessaires pour un
emploi avantageux , veuille bien le reconnaître et se rendre a soi-
même cette justice : Non , je n'ai pas ce qu'il faut pour occuper
celle place.
Il y en a qui voudraient qu'on joignît , entre ces deux proposi-
tions, le point interrogant au deux-points; mais, sans s'arrêter à
l'effet disgracieux d'une telle complication de signes, ne voit-on pas
que , la seconde proposition n'élant que le complément de la pre-
mière , le sens de l'inlerrogalion n'est réellement achevé qu'après
la citation ? C'est donc après la citation que devrait figurer le signe
interrogatif! Mais alors comment distinguer les citations par elles-
mêmes interrogalives de celles qui ne le sont pas?
Quant la citation peut s'enlourer de guillemets, et qu'elle n'est
pas trop longue, la chose est facile. Il ne s'agit que de placer le
point interrogant avant ou après le guillemet final. Avant le guil-
met, si la citation seule est interrogative; après le guillemet, si
c'est la phrase entière qui est interrogative. Exemples -.
Ignorons-nous le préceplc de Dieu : «Vous aimerez le prochain
comme vous-même » ? Ignorons-nous le commandement de Jésus-
Clirisi : « Je vous commande de vous nimer les uns les autres » ';'
( L. N. Li\>re de Tous. )
ÔK-t GIU.MM/URE FRANÇAISE.
Ne l'entendez-vous pas qui pleure et nou» appelé ,
Et nous tend ses deux mains et nous ouvre son aile ,
Et nous dit ; c Ne me quittez pas ;
• Revenez, revenez; à ma tendre prière
• Votre père du ciel calmera sa colère ,
« Et vous pressera dans ses bras ■ i
{Id. Amertumes et Consolations.)
Écoutez ce qu'elle répondit un jour à quelqu'un qui lui repro-
chait sa trop grande libéralité : « Et pourquoi est-on riche , sinon
pour faire part de sou bien aux pauvres ? »
Qui oserait nier l'avantage d'une telle distinction ? Peut-être MM. Fir-
mln Didot , naturellement ennemis de toute réforme typographique qui
n'est pas de leur invention. 11 faut convenir qu'il y a des hommes qui
deviennent riches et illustres à peu de frais. Il y a deux ans qu'un membre
obscur d'une célèbre académie d'Italie est venu à bout d'occuper deux
séances entières du corps savant auquel il appartient et je ne sais combien
de colonnes dans les journaux avec la proposition qu'il fit d'ajouter aux ri-
chesses de la ponctuation un point ironique de sa création. Malheureuse
Italie ! à quelles extrémités une nation peut être réduite par la censure I
Dans le cas où la citation ne saurait être accompagnée de guille-
mets , on obtiendrait le même résultat en faisant précéder d'un ti-
ret le signe inlerrogatif, lorsqu'il n'est pas destiné à modifier la ci-
tation , mais l'ensemble de la phrase , comme dans cet exemple :
N'est-il pas honteux qu'on écrive d'une femme : elle a de la
croupe , on lui trouve une belle encolure, un poitrail superbe , et le
pas fringant — ? ( FRANCIS Wey. )
Parfois rinterrogation n'est que dans le sens, comme lors-
qu'en désignant de la main un objet on demande :
C'est la ce dont vous parlez ?
On sent dans ce cas combien le signe interrogalif devient néces-
saire.
Si je oeuiv cela ? belle demande ! ( Académie. )
(Jn précepte est aride ? il le faut embellir ;
Ennuyeux? l'égayer; ww/g'oJre.' l'ennoblir. (Deulle.)
l.es demandes et les réponses , dans cet exemple , étant combi-
nées de manière qu'elles ne forment ensemble qu'une seule phrase.
DES SION'ES DE PONCTUATION. ÔSri
il s'ensuit qu'il n'y faut point de majuscule après le signe interro-
gatif. Il en est de même à l'égard des exemples suivants :
Êies-vous marchand F ne prenez pas la bonne foi pour enseigne,
mais prenez-la pour règle de conduite. Etes-vous magistrat l' n'o-
béissez qu'a la loi. Ètes-vous inaperçu dans le monde littéraire? ne
faites pas faire votre portrait. Aimez-oous la vérité F ne lisez pas
les journaux fanatiques. Ètes-vous libraire P ne vendez pas du pa-
pier blanc.
Les grammairiens (singulières gens!) nous enseignent de l'air le plus
sérieux qu'il n'y a point là d'interrogation, que c'est une manière de parler
suppositive , que c'est comme s'il y avait: si vous êtes marchand , si vous
êtes magistrat , etc. ; et qu'en conséquence il faut remplacer le signe inter-
rogatif par une virgule dans tous les cas analogues à celui dont nous venons
de citer un exemple.
Honnêtes citoyens , de quoi vous mêlez-vous ?
Ne feriez-vouspas mieux d'aller planter des clioux ?
Puis étonnez-vous que le goût du public , formé par de pareils maîtres ,
en vienne à préférer
T-e moindre grain de mil à la plus Lelle perle !
Étonnez - vous, comme dit Berlioz, de son abrutissement, de son
inintelligence des choses de l'imagination et du cœur, de son amour pour
les platitudes, de la bassesse de tous ses instincts littéraires et mélodiques 1
« La suppression du point interrogatif à la fin des phrases interrogatives
qui contiennent implicitement la conjonction si , est fondée , dit Boinvil-
liers d'après d'autres, sur ce que ces genres d'interrogations ne demandent
pas de réponses. »
Admirable logique !
Et qu'importe la réponse ? si la phrase est réellement interrogative, et si
le ton dont il faut la prononcer est bien celui de l'interrogation. Oseriez-
vous , graves magistrats, oseriez-vous débiter ce passage de VOraison fu
nèbre de Turenne par Fléchier , sans donner aux propositions soulignées le
ton de l'interrogation :
« Qui fit jamais de si grandes choses ? (]) Qui les dit avec plus de
retenue? Remportait-il quelque avantage ? ce n'était pas qu'il fût
(1) Le texte porte une virgule, au lieu d'un point interrogant , après
choses. Mais , comme on le verra plus loin, U: point interroj^jant doit se ré-
pt^ler après chaque proposition interrogative , quand eiJrs ne sont pas
jointes par la coujonclion cl.
T. II. 49
Ô86 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Iiabile, mais l'ennemi s'élait trompé. Rendait-il compte d'une ba-
taille ? il n'oubliait rien, sinon que c'était lui qui l'avait gagnée.
Racontait-il (juelques unes de ces actions qui l'ont rendu si célèbre P
on eût dit qu'il n'en avait été que le spectateur, et l'on doutait si
c'était lui qui se trompait, ou la renommée. Reoenait-il de ces glo-
rieuses campagnes qui rendront son nom immortel ? il fuyait les ac-
clamations populaires, il rougissait de ses victoires , il venait rece-
voir des éloges (1 ) comme on vient faire des apologies, et n'osait pres-
que aborder le roi, parce qu'il était obligé , par respect , de souffrir
patiemment les louanges dont Sa Majesté ne manquait jamais de
l'honorer.» (2)
Comment ne pas reconnaître que ces façons de parler propres à l'orateur
impliquent une interrogation réelle ? que c'est comme s'il y avait : Voulez-
vous te voir, voulez-vous l'entendre lorsqu'il remportait quelque avantage, lors-
qu'il rendait compte d'une bataille, etc.? D'un autre côté , comment pré-
tendre que ces sortes d'interrogations n'admettent aucune réponse? La ré-
ponse, sous-entendue parce qu'elle est inutile , parce qu'elle ralentirait le
mouvement de la période , est naturellement celle-ci : Oui , sans doute,
n'est-ce pas? Après cette réponse exprimée, l'orateur reprendrait : £/i
bien! il disait que ce n'était pas qu'il fût habile, etc. Cette ellipse explique
pourquoi dans ces phrases le signe interrogatif n'est pas suivi d'une majus-
cule. La réponse n'ayant pas lieu , ce qui suit se trouve faire partie de la
même phrase, comme s'il y avait réellement, ainsi que le veulent les
grammairiens : S'il retnportait quelque avantage , ce n'était pas qu'il fut ha-
bile; etc. Remarquez pourtant que d'après cette analyse des grammai-
riens , la phrase signifierait que, bien qu'il remportât quelques avantages,
Turenne n'était pas habile.
Il n'est pas de belle pensée dont un grammairien ne puisse tirer une
grosse bêtise.
Pauvres auteurs I pauvres poètes !
Voici un exemple qui prête à mon raisonnement un appui incontestable :
yotilez-fous du public mériter les amours ?
Sans cesse en écrivant variez vos discours. ( Boileau.)
Supposez que l'auteur eût dit en prose : Vous voulez sans doute mériter
(1) Le texte porte une virgule après c/og-es. Pourquoi cela ? Comme on
vient faire des apologies est absolument nécessaire au sens.
(2) Cette citation est trop longue, se composant de plusieurs phrases
distinctes et indépendantes les unes des autres, pour qu'il soit possible de
placer encore ici un point d'interrogation se rapportant à la phrase inter-
rogative qui amène cette citation,
DES SIGAES DE I»0>CTUAÏ10>. ÔS7
les amours dit pub(ic.?¥onrtiçz-\ou& alors vous passer du point iiilerrogatil'?
l'inleiTOgation n'étant plus que dans le sens , ayant disparu de la forme.
Pourquoi donc le vers de Boileau ne serait-il pas aussi terminé par un
point d'interrogation ?
Nous sommes heureux de nous rencontrer une fois avec le Journal des
Débats dans le sentier si glissant et si peu fréquenté de la raison. Le Jour-
nal des Débats, en effet, se conforme parfaitement au principe que nous
venons d'établir :
Ils ont surtout un art merveilleux pour tirer un parti également
avantageux des faits les plus contraires. La situation coloniale est-
elle prospère ? il serait insensé de tarir la source de cette prospé-
rité. Un fléau a-t-il exercé ses ravages à la Guadeloupe ou à la
Martinique? il serait barbare de ne pas leur laisser le temps de se
remettre de la secousse. Nos rapports avec r Angleterre sont-ils à
la veille de s'altérer? atttendons que la paix soit bien affermie ; il
ne faut pas que nos colonies soient surprises par la guerre au mi-
lieu d'une crise.
Je le répète, la manière dont le Journal des Débats a répondu aux
hommes sans pudeur , qui, tout en se disant les adversaires de l'esclavage,
ont osé , du haut d'une tribune française , plaider la cause de l'esclavage ;
la manière dont il a apprécié les nobles paroles de M. le duc d'Harcourt
en faveur de l'émancipation me ferait presque aimer cet odieux journal ,
si je n'étais par trop convaincu qu'il n'est entre les mains du pouvoir
qu'une manivelle.
Les grammairiens ont confondu les phrases inlerrogalives don!
nous venons de parler avec les phrases conditionnelles de la na-
ture de celle-ci :
Seriez-vous trois mille hommes et trois mille femmes entassés
dans une salle de spectacle, notre humoriste y mettrait le même sans-
gêne. (Jules Janin.)
Évidemment il n'y a pas là d'interrogation , car celte forme n'est qu'une
légère variante de celle-ci : Fous seriez trois mille hommes et trois mille
femmes , que notre humoriste, etc.
Dans le doute abstibns-toi. M. Girault Duvivier a su mettre à profit cette
sage maxime. 11 a prudemment esquivé les difficultés que présentai! la
question que nous venons de traiter.
Encore un mol. Les Allemande mettent lui point interroyalil
388 GUAMMAIRE FRANÇAISE.
après cette phrase : Er (ragte mich, wie viel Ultr es war ? (Il rue
demanda quelle heure il était) quoiqu'il n'y ait pas plus d'inter-
rogation dans celte phrase qu'il n'y en a dans celle-ci : Il m'adressa
la parole pour savoir quelle heure il était. Il est vrai qu'ils met-
tent aussi une virgule après Er fragte mich. Pour des gens qui se
piquent d'être profonds, cela est bien superficiel. Les Français font
preuve de plus de logique eu se contentant d'un point simple au
bout de la phrase.
Bref, dès que la demande n'est pas directe, dès que les mots
qui énoncent cette demande , loin de former une proposition in-
lerrogative, ne sont que le complément d'une proposition exposi-
tive, de toute évidence il ne faut pas de point d'interrogation (I).
Que les Allemands ne l'oublient pas. Exemples :
Mentor demanda ensuite a Idoménée quelle était la conduite de
Protésilas dans le changement des affaires.
(FÉNKLON, cité par Gîrault Dwwier.)
S'il fallait condamner tous les ingrats qui sont au monde , dites-
moi a qui il faudrait pardonner.
(Vers de La Fontaine mis en prose par M. Lemare.)
Est-ce tout? dites-moi. N'y suis-je point encore?
Nenni. — M'y voici donc? — Point du tout. — M'y voilà?
Vous n'en approchez point. (!2)
(1) Voici comment s'exprime M. Girault Diivivier sur le même sujet :
« Si la phrase interrogative n'est pas directe, et que la forme en soit ren-
due dépendante de la construction grammaticale d'une proposition princi-
pale qui précède , on ne doit pas mettre le point interrogatif , et la ponc-
tuation doit se régler sur la proposition principale , dans la quelle celle-ci
n'est qu'incidente.» Et d'abord il n'y a pas de phrase interrogative. S'il y
avait une phrase interrogative, il faudrait un point interrogatif.
II n'y a pas non plus d'incidente , il y a un complément nécessaire de la
proposition principale. Admirez en outre la légèreté de ce style. Il pourrait
servir de correctif aux feuilletons de Jules Janin.
(2) Les Espagnc)ls font le même usage que nous du point interrogatif;
mais ils font précéder les phrases interrogatives du même signe renversé
(p, ). M. Napoléon Landais à qui nous empruntons cette observation trouve
qu'il serait utile d'imiter cette méthode. Avis aux maîtres de langue.
DES SIGNES DE P0iNCTlJAT10.\. 589
DU SIGNE INTERJECTIF,
APPELÉ PAR LES GnAMMAIRlKNS
POINT ADMIRATIF OU d' ADMIRATION , d' EXCLAMATION .
POINT EXCLAMATIF (\].
Le point d'exclamation, signe qu'on figure ainsi (!),
se met après une exclamation, c'est a dire , après toute
phrase, tout assemblage de mots, tout mot qui exprime par
exclamation quelque élan de l'âme, quelque mouvement
subit de douleur, de joie, décolère, d'admiration, etc. (2)
Exemples :
Que je suis malheureux ! que je souffre !
Que rhomme est vil ! que l'homme est auguste ! quel coiilraste
de richesse et de pauvreté, d'abjection et de grandeur!
(Letourneur, cité par Girault Bmmner.)
Qu'il serait a désirer que de nouveaux apôtres vinssent prêcher
la charité !
Combien il en est qui s'arrêtent comme si le temps les atten-
dait!
Que j'éprouve de joie à t'aimer ! — Que je t'aime !
Quel bonlieur , ô mon Dieu , de t'avoir retrouvé !
Et tu semblés pourtant plus heureux que moi-même
D'accepter mon amour et de m'avoir sauvé I
(L. N. Amertumes et Consolations.)
^ •
(d) 11 est à lemarquer que l'Académie ne dit ni point exctamatif ni point
interro^atif, quoique ces dénominations soient tièsusitées, et, qui plus esl,
li<'s-raisi)nnal)Ies. Elle ne dit pas non plus .?(^'7iC interjectif, qui est pourtant
la dénomination la plus convenable, comme étant celle dont la signification
esl la plus étendue.
(2) MM. Noël et Chapsal s'expriment plus biiévement : « Le point ad-
uiiiatif se met à la fin d'une pliiase qui exprime une admiration ou une ex-
clanialion. 1 Une phrase qui exprime une excltimat'on! quel style! J'avais
cru que, ])oui' i)Ouvoir enseif^ner un art, il Callail au moins en posséder
les j)remiers déments. 1 1 parait que je m'abusais. Une grande j)arlie d(;s
maîtres de langue de ^ ienni' .sont bien la j^renve du' contraire. M. "'*'.
|)rofesseur de l'rançais en l'imixersité de celle ville, en «si , dit-on , une
preuve éclat anle.
51>0 (iKAMMAlKE l'IlAiNÇAlSE.
Que n'ai-je, à défaut de couronne ,
O soldats de l'Isly , soldats de Mogador,
Que n'aî-je, à défaut de colonne
Où graver tous vos noms en caractères d'or ,
Que n'ai-je le pouvoir de vous sculpter mon âme,
Ou d'en faire jaillir quelque globe de flamme ,
Quelque monument éclatant ,
Où les nouïs de vous tous , vos noms impérissables
Brillent en traits ineffaçables ,
Soleil de gloire au loin sur le monde flottant !
{Id. La Bataille de l'Isly.)
Heiiroux le peuple dontriiistoire est ennuyeuse! (Montesquieu.)
Malheur à vous qui , fiers de votre rang sublime ,
Fermez l'oreille au cri qui monte de l'abîme !
( L. N. Amertumes et Consolations. )
Honte à ceux qui , poussés par un sombre vertige ,
Dépouillent sans pitié l'homme de tout preslige,
Et, de sa plaie affreuse arrachant l'appareil ,
Ueuiant à grands cris l'intelligence et l'âme ,
Digne fils du néant que le néant réclame ,
L'étaient dans la fange aux yeux de son pareil ! {Id. ibid. )
Mille anathèmes sur les vils instruments de l'oppression , de la
tyrannie ! ( Id. Fleurs du Danube. )
Mille anathèmes sur les flatteurs, sur les intrigants , sur les hy-
pocrites ! ( Id. Ihid. )
Mille anathèmes sur l'égoïsme , sur l'arrogance, sur la sottise ,
sur la vanité, sur la lâcheté, sur la calomnie, sur toute infamie !
(Id. Ihid.)
Mais aussi mille bénédictions , mille actions de grâces sur la
bonté, sur la vertu ! [Id. Ibid.)
Mille bénédictions sur ceux qui sont bons et miséricordieux ,
pleins de douceur et d'indulgence ! {Id. Ihid.)
La plupart des observations que nous avons faites sur le point in-
lerrogafif sont applicables au point exclamalif.
Il se place immédiatement après chaque exclamation, chaque
interjection.
Quel secret doit aooir eu la naturel disait Fontenelle, pour va-
! ii'i on tant de manières une chose aussi simple qu'un visage.
DES SIGNES DE PONCTUATION. "91
Que V homme est aveugle! puisque l'expérience même la plus
souvent répétée parvient si rarement à l'éclairer,
(Cité par Demandre.)
Oh ! malédiction ! quand la toile ou la pierre,
La lyre ou le pinceau célèbrent la matière.
( GusiAVB DE La Node. )
Ah! que de la vertu les charmes sont puissants ! (Cobnkii.i.k. )
Hn ! ha ! (I ) monsieur est Persan ? comment peut-on être Persan?
(Montesquieu.)
Eh ! qui n'a pas pleuré quelque perte cruelle? ( Dei.ili.k.)
Eh quoi ! ton âme sombre et tes yeux éblouis
N'osent-ils contempler le siècle de Louis? ( Lebrun. )
Eh bien I manger moutons , canaille , sotte espèce ,
Est-ce un péché ? Non , non ; vous leur fites , seigneur,
En les croquant beaucoup d'honneur. (La Fontaine. )
He! hé ! d'où vient donc ce plaisant mouvement ?
(Molière.)
Ho ! ho ! vous faites bien l'entendu. ( Académie. )
Hélas! on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises des grands. (La Fostai>k. )
Oh ! oh ! dit-il, le gros message ! ( Victor Hugo.)
Aïe ! aïe ! à l'aide 1 au meurtre! au secours! on m'assomme.
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah I ah ! ô traître ! ô bourreau d'homme 1
(MOLIKBK.)
Noël! Noël! cria la cohue. (Victor Hugo.)
Il ne suffit pas d'entasser les k et les y pour arriver a un style
oriental, et tout homme qui s'écrie: allah! alluh! n'entre pas
au paradis de Mahomet. ( Fr. Wey. )
Oh ! quel égarement d'espérer quelque chose
De leur cœur venimeux , de leur main toujours cluse !
Oh ! quel égarement et quelle lâcheté 1
( L. N. Amerliimes et Consolations. )
(i) M. Girault Duvivier enseigne que lorsque l'exclamation est répétée,
le point exclamatit' ne se met qu'après la dernière exclamation : ah, ahl
C'est prendre un i'urieux plaisir à augmenter sans raison les exceptions et
les dillicultés. L'Académie répète toujours le point exclamatif. Au con-
ir.Tirc ^L Riinit'aresupprimc mèuie la virgule de M. (iirault Duvivier : o/i ah!
-"»î>2 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Toutefois la répélilion du signe interjectif après chaque vers des
slroplips suivantes, où l'cxclamalion est peu sensible, serait d'un
effet choquant. Il suffit de le reproduire après chaque strophe.
Donce religion qui prie et qui console ,
Espoir toujours naissant sous l'espoir qui s'envole ,
Germe réparateur des biens que l'on n'a plus ,
Pont sublime jeté sur l'abîme qui s'ouvre ,
Riche bouquet de fleurs dont la tombe se couvre.
Coupe de miel pour ses élusl
Phare du matelot qui navigue dans l'ombre.
Éclair de sa tempête , aube de sa nuit sombre ,
Voix qui fait expirer le vent des passions ,
Gouvernail du vaisseau qui mugit sous l'orage,
Sérénité des cieux , des flots, et du rivage ,
Port et salut des nations 1
Lumière de l'esprit qui s'égare et qui doute ,
Ombrage toujours frais aux deux bords de la route ,
Simple et riant berceau tout tissu de jasmin ;
Couche de gazon vert et de feuilles de rose ,
Où l'âme haletante un moment se repose
De la fatigue du chemin 1
( L. N. Amertumes et Consolations. )
De deux phrases exclamalives , jointes par la conjonction et , la
dernière seule prend le signe interjectif:
Que les sages sont en petit nombre, et qu'il est rare d'en trouver !
(Cité par Girault Diawier.)
La conjonction et dans les vers suivants ne fait qu'ajouter plus
de force à l'exclamation.
Et tous en ricanant me regardaient. O rage 1
Et ne pas leur jeter de la boue au visage !
Et ne pas les punir de tant de lâcheté 1
(L. N. Amertumes et Consolations. )
Avec les citations , on procède absolument comme pour le point
inlerrogatif.
Il leur disait : « Malheur sur vous et sur vos pères ,
O sépulcres blanfliis. A race de vipères ! »
[î ABTHi^i.EMv. iSéniési.t. )
T)ES SIGNES DE l'OiXCTUATW.N . ~)V)Ô
Plût à Dieu que chacun pensât comme celui qui a dit : « Fais à
autrui ce que tu voudrais qu'on te fit ! »
(Cité par M. Boni face.)
0 ne prend point de signe immédiat :
O temps ! 6 mœurs ! ô douleur ! ô regret !
O rage ! ù désespoir ! ô fortune ennemie!
0 le malheureux d'avoir fait cette méchante action !
Il en est de même de toute interjection , de toute exclamation
qui fait corps avec un autre mot , qui entre dans la construction de
la phrase , comme dans ces exemples :
Eh bien ! Eh bien donc ! Eh quoi ! ylh ciel ! Ah Dieu ! Oh Dieu !
que je souffre !
Fi du plaisir que la crainte peut corrompre!
Foin du loup et de sa race ! ( La Fontaink. )
Au diantre soit le fou ! peste soit des fâcheux ! (1)
O ne prend jamais de signe immédiat , parce qu'il n'a pas par
lui-même une signification bien déterminée , et qu'il n'est guère
que la marque du vocatif (2).
Les mots employés au vocatif (ô), avec ou sans o, ne constituent
pas une exclamation, et ne prennent pas par conséquent le signe
(1) Mais M. l^'rey a grand tort d'écrire, sans point d'exclamation après
oh : Oh que n est-il des nùroirs pour l'esprit! M. Frey , qui a bien les idées
les plus étranges, prétend que — Vinterjeetion oh, dans cet exemple, modifie
l'énonciation finale que, et que dcins ce cas on est conforme à cette autre Mirt-
niére : ÙM01 ÙiKv lu Mk. patrie! — Etonnez vous après cela que M. Frey ait
obtenu les suffrages de MM. Firmin Didot ! -C'est lui, M. Fiey , qui
veut qu'on divise le mot. juste ainsi '. juste.
(2) On trouve pourtant dans Girault Duvivier : — O ! qu'il est difficile de
se modérer dans une grande fortune'. (Acad.) — O ! suprême plaisir de prati—
f/uer la vertu! ( Dumkrgi F.) — O! si la sa^'esse était visible, de quel amour
les hommes s'enflammeraient pour elle! (L'abbé d'Olivet, (rad. de CicÉ-
RON.) Mais cela est intolérable. Le premier exemple a disparu du dic-
tionnaire de l'Académie. Quant aux deux autres , ils sont tout à fait dignes
de leurs auteurs.
(.3) Le vocatif est le cas dont on se sert quand on adresse la parole à quel-
qu'un. Dans nnire langue, oii il n'y a point de cas, (jn y supplée par l'in-
lerjecliiMi ô, que l'un Fous-enti'nd le plus souvent.
T. II. ;>0
■'9 '« GRAMMAIRE FRANÇAISE.
interjeclif (1). O mon Difu , ayez pilié de moi. Qu'il est doux^Moy
Dieu, de t'aimer! 0 toi que j'implore. Toi que J'implore. 0 Franck,
MA CHÈRE PATRIE, qucitid me seru-l-H donné de te revoir? O ma
MÈRE , MA MÈRE CHERIE, jc ne VOUS reverrai doHc plus sur lu terre !
O Stéphanie, vous ne m'aimez donc pas!
O misérable race humaine.
Esclaves idiots , exécrables tyrans ,
De mon mépris et de ma haine,
Océan contenu , que ne pnis-je à torrents
Vous verser le flot salutaire,
Et, comme aux jours lointains oii le ciel éclata.
Voir se renouveler la terre
Sons ce flot de courroux que l'amour enfanta !
( L. N. Fleurs du Danube. )
Mais ces mots peuvent u'èlte qu'un cri spontané de l'âme , une
manifestation rapide de quelque subit sentiment de joie ou de dou-
leur, une exclamation isolée, enfin. Ils deviennent alors de véri-
(1) Ce qui n'empêche pas les Allemands de commencer toutes leurs
lettres par monsieur! madame! mademoiselle! avec un grand point d'excla-
mation. Il est pourtant vrai de dire que ces mois peuvent, dans cerlains
cas, devenir de véritables exclamations. Exemple : Monsieur! vos propos
sont inconvenants. ( Le Ion fait la chanson.)
Victor Hugo lui-même n'y regarde pas de plus près que les Allemands.
Mais , malgré l'admiration sans bornes que m'inspirent les merveilleuses
qualités que Victor Hugo possède comme écrivain , je ne saurais approuver
qu'il confonde en toute occasion le vocatif avec l'exclainalion. Oui certes ,
tout grand qu'il est, tout inviolable qu'il est, j'oserai lui représenter qu'il
a grand tort d'écrire avec le signe interjecfif :
O vierge .' ciois-tu donc que . dans la nuit perfide ,
La voix du silphe errant caclie un anianl trompeur ?
Non certes, O vierge n'est pas une interjection dans ces vers. M. Victor
Hugo semble ne pas se douter que le signe interjeclif employé hors de
propos occasionne un contre-sens dans la prononciation. La môme faute
se reproduit sans cesse dans ses merveilleux écrits. Sibe 1 votre majesté sait
que maître Simon Badin est mort. Sibe ! votre majesté daignera m' entendre! On 1
sire! la clémence est la seule lumière qui puisse éclairer t'inlérieur d'une
grande âme. D'après cette ponctuation , un étranger, peu familier avec la
langue française , pourrait très- bien prendre la qualité de sire pour une in-
terjection. Main basse, Tristan ! main basse sur ces coquins! Qui peut em-
pêcher un maître de langue ignorant de prendre de même Tristan pour un
des jurons favoris de Louis XI ? Ne me mords pas, mo^sibe ! cria- 1 -elle. On
peut crier à quelqu'un de tontes ses foices qu'il est un monstre sans faire
une exclamation. Crier ce n'est pas s'écrier. Il faut aussi qu'il y ait une
différence entre : Viens , ma fille , que je te baise, et. Ma fiile ! ma fille I
disait-elle , j'ai ma fillel Le texte porte un point d'exclamation même
après Que je te baise, ainsi qu'après disait-elle. C'esl en exclamations un
I
DKS SIG.XKS DE I>()\CTUAT1(>\. 595
lablos iulcijectiuus, el preuueut uaUirellemenl le signe oxclaïualif.
Dieu ! que cela est beau'. En ! MON DiEu! laissons cela. (jRAND
Dieu! qu'avez-oous fait?
O ciel', ail Dieu ! — Que vois-je ? — O douleur ! O misère I
( Classitf ae.i. )
A moi tant de bonheur ! à moi 1 mon Dieu ! mon Dieu !
(L. N. amertumes et Confolalion.s.)
0 mon Dieu! 0 mon saui>eur ! — 0 MXLHt^VKEVxl qu'ai-je fait !
— Quai-je fait ! MALHEUREUX! 0 FRANCE ! 0 MA chère PATRIE !
0 MA MÈRE ! MA MÈRE ! MA PAUVRE MÈRE !
O misérable race humaine !
Esclaves idiots' excècrables tyrans'.
Il y a la même distinction à faire à l'égard de certains mots , de
certaines locutions du langage analytique, qu'on assimile parfois aux
interjections par l'usage qu'on en fait pour exprimer quelque mou-
vement de l'âme.
pfu trop dépense!-. Que je te baise', avec un point d'exclamation voudrait
(lire combien je te baise '. si combien pouvait modifier le verbe baiser comnir
il modifie le verbe aimer dans que je t'aime !
D'une phrase purement expositive on impérative M. Victor Hugo n'a
|)as plus de peine à l'aire une phrase exclamative.
Toi ffu'en ces nuirs , pnreille aux icveuses silphides ,
Ce village éclaiié monlie à mes veux avides ,
Jeune fille, oxwre-nioi '.
«Gudule! Gudule ! voici l'Egyptienne! venge-toi I — Tiens bien ! dit le
prêtre, c'est l'Egyptienne échappée! iVe la lâche pas! Tu la verras
pendre ! »
Enfin, il n'est personne qui abuse autant dusigneinteijectif'que M, Victor
Hugo. C'est le couronnement nécessaire de chacune de ses strophes , de
chacune de ses phrases. Apparemment que M. Victor Hugo n'a pas lu ces
lignes de M. Francis Wey : « Il est prudent de se servir avec réserve des
points exclamatifs, qui assimilent la phrase à une interjection, à un cri
spontané de l'âme. Ilien de soudain, rien d'imprévu comme ces mouve-
ments intérieurs qui se trahissent de la sorte. Ils ne peuvent donc, la nature
l'indique, se renouveler sans cesse, et dès qu'ils font visiblement partie
du métier d'un rhéteur, ils donnent au discours un air d'exagération. »
M. Victor Hugo un rhéteur ! le cas serait grave.
Toujours est-il que M. Victor Hugo nous parait être dans l'erreur , de
croire que le point ea;laniat if est destiné à indiquer le sens pathétique. On
l)Ourrait se tromper sur le sens inlerrogalif ou exclamatif , tout â f';iit du
ressort de la grammaire ; mais on ne se trompe pas sur le sens ])athétiqiie;
il est indiqué |)ar la situation. En un mut, un veis pour être louchant
n'est pas exclamatif. Un ordre , un commandement, une prière, ne sont
l)as de leur nature des exclamations. Voilii ce qu'il est nécessaire de dis-
•illLMMM'.
Ô9()
«iKAMMAUlE FnAiNCAlSE.
yotis lui (liiez rouis mu /dire ? c'est
bon, ou siuiplciiient , don. Bon -j'en-
Icnds. Bon, non , cela suffit.
Bien , fobt bikn ,J6 n'y vois aucun
cn>i>cclicuieiit. Bien, bien, J'rnlcncls
ce que I ous voulez dire-.
Enfin je vous trouve.
Voulez-vous savoir comment i( faut
ilonuer.' mctlcz-voiis à la place de celui
ifui reçoit. (11 (M™* DE PuisiEUX.)
Qicii de plus heureux que ce qui
vous arrive? Voilà de quoi je voulais
vous entretenir.
Tenez ferme.
Je vous déclare , foi o'honnète
iiOHMB, que je n'en savais rien.
Patience, i:s moment de patience ,
je vous en prie.
S'il se conduit sagement , tant
MIEUX pour lui. Si cela arrive , tant
PIS.
Lui uvez-vous pai'lc ? — Oui-da.
// est parti ? bon I vous voulez rire.
Bon ! (uii ; il faut appicniire à vivre à la jt'unesse.
(Kkcnard. )
Le serpent de TenTie a sifflé dans son cœur.
Oh ! bien ! bien ! douHc joie en ce caspour le nôtn '
(PmoN. )
Ah! fort bien ! tous nommez les passions des maux?
Sans elles nous serions au rang des animaux.
( Colis n'HARLEviLLB, cité par Alif. Be.vheretU.)
Enfin ! le voilà parti.
Comment! malheureux, avez-vous
bien l'assurance de soutenir cela ?
Qtoi! c'est là le bonheur '.T^h quoi !
vous n'êtes pas encore parti !
Allons ! ferme ! tncs amis.
Ma foi ! (2) sur l'aTenir bien fou qui se fiera '
(B\CIXE. )
Par ma foi \je n'en savais rien.
Poliencc ! (3) avantpeu tout cela Ta cliangcr.
(Colis d'IIarletillb. J
Rien denouveau dans l' État. — TA^T
mieux ! moins de nouvelles , tiwins de
sottises. ( VOLTAIBE. )
J'ai fait Tœu d'ë trc veuve , et je le (4} Teux tenir.
— Oui-dà l (5; rélat de veuve est une douce chose;
On aplusieurs amants sans que personne en glose.
(Recn»iid.)
Oui-da ! dit le roi à voix basse, tout
pâle et tout tremblant décolère.
( Victor IIuoo. )
En général 11 faut bien distinguer ce qui est exclamadf de ce qui
n'est qu'elliptique.
(d) Lps grammairiens sont capables de ne voir lit aucune idée d'interro-
galion , de n'y apercevoir qu'une manière de parler suppositive, et de
trouver qii<' le point inlerrogalif y est une faute.
(2) Ma foi dans ce vers ne signifie pas rigoun-usement , comme le pré-
tendent MM. Bescherelle , j'en jure pur ma foi. C'est une simple interjec-
tion , affirmalive , si l'on veut , mais toujours interjection.
(3) Patience se dit ici par forme de menace. Dans son sens naturel, il
ne forme qu'une proposition elliptique, et ne jnend pas le signe inferjectif.
(Il) Le pronom le ne peut se rapporter qu'à un substantif déterminé.
Pour que la plirase ffit corrfcte , il faudrait. J'ai fait vœu d'être veuve , et
je veux tenir ce vœu , ou , J'ai fait le voeu d'être veuve , et je veux le tenir.
M. Philarète Chasles a beau dire , c'est là un principe inviolable. D'un au-
tre côté , rexj)ression J'ai fuit vœu c/'étre veuve est-elle bien juste ? 11
semblerait que la dame a tiuil bonnement résolu de se débair.isseï- de sou
inari. C'est j'ai fait vœu de rester veuve qu'il faudrait. 11 n'y a que les
classiques pour s'exprimer de la sorte. Ab ! M. Cuvillier Fleury !
(5) Oui-dà a ici un sens l<uil pailituliei. Il siguifii' /c ('()Hi/>rf"</.v . daii-
le :jeiis ironique.
DES SIGNES DE l'O.NGl UATIOV . ô!)7
Moi , lui pardonner! Jamais. C'est à dire, jamais je ne lui par-
donnerai.
Coitinicnl vous portez-vous ?— Très-
bien, DiKu MERCI. Gbace a Dieu, je
me porte bien.
Vous me donnez cela, merci, grand
MERCI.
CÎKACE AU CIEL ! Ic voUà parti. Dieu
SOIT LOUÉ ! nous voilà délivrés de cet
iniporltin.
Vous voudriez encore m'altraper?
merci! — Merci de ma vie.'.s'iV larde
encore à venir , je m'en vais.
Pour la plupart merci est toujours interjection. Il en est de même
des mots grâce, pitié, silence, où la même différence existe pourtant.
Gracb, sire , faites grâce. I'itik de Grâce ! grâce ! s'écria-l-il avec dé-
moi, mon Dieu , je vous en conjure, sespoir.
Crier grâce. Crier pitié. Que je suis malheureux ! pitié ! pi-
tié de moi 1
Silence, du silence , un peu de si- Silence ! silence donc ! silence la !
LENCE. I
Bonjour signifie ye vous souhaite le bonjour. Adieu signifie je
vous recommande à Dieu . Que Dieu vous garde signifie je souhaite
que Dieu vous garde. Il n'y a point là exclamation, il y a ellipse.
Cependant quelques grammairiens écrivent : Bonjour ! Adieu ! Que
Dieu vous garde ! Il n'est pas jusqu'à Victor Hugo lui-même qui
n'écrive Bonjour, Quasimodo !
Encore une fois, demander, prier, supplier^ invoquer, comman-
der, crier même , ce n'est pas s'écrier. L'exclamation ne s'adresse
à personne, elle est toute en soi. C'est un cri spontané de joie , de
douleur, d'effroi, d'étonnement, d'admiration, d'amour, de pitié ,
de haine, d'horreur, de colère, de rage , de désespoir, et ce n'est
pas autre chose.
C'est pourquoi il faut bien se garder de confondre une formule
de serment ou de simple affirmation avec un juron , une irapréca-
cation.
Par saint Janvier, mon patron ,
je jure que j'ai dit la vérité.
( Scribe. )
Pur saint Janvier n'est qu'un com-
plcnumt de je jure. C'est comme s'il
V avait Je jure par saint Janvier, mon
patron. La distinction est claire
comme le jour.
Sl'r mon T)iev , je .•!uis innocent de
ce dont oh m'accuse. Devant DiEu.ye
ne connais point cet homme. Dieu m'en
Jour de Bien ! je saurai
Par le diable el l
ous frotter fes oreilles.
Moi.iiinE,
fer! il faut que je me yenge,
L. N.
Barbe-Mahom ! cria Trouille fou.
("Victor Hugo.) Que BELZÉruTH t'é-
trangle! dit le bourru Clopiii. (Id. )
Croix-Dieu ! grommela Coppcnolc ,
je suis las d'èlre debout. Est-ce qu'il
n'y a pas de chaise ici? ( Id. )
Notre-Dame! Cria le roi, voilà une
cage oulragcusc. (Id.) Ventre saint-
cris ! (i) j'en suis fâché, dit le roi.
(1) Juron f.ivoii de Henri l^
■)!)S
<;u.\M.\i.\iKE i'ua-\(;aisk.
est témoin, je n'iiiais pus l'intention de
de vous offenser.
Par ma foi , je n'en siti ais rien. Je
vous déclare, foi d honwéte humme,
If lie Je n'en savais rien. Sur mon hon-
neur , je vous dis la vérité. M a pabulr
d'uon.\ki'h, Lcla s est passé comme je
vous le dis. Elc. , etc.
I'biîdame I monsieur, est-ce que mada-
me Jourdain est décrépite? (Molièhk.)
Monsieur , votre cpée m'incommode.
— Gadédis! elle en a bien incommode
d'autres. (Un Gascon.)
Part/eu! tu jugeras toi-mimc si )'ai tort. (Moi.ùaE.)
Puisqu^à se ruiner on se fait tant d'honneur,
CorbUu ! j*y vais aussi travailler de bon cœur.
( Destoi;cucs. J
Mon de ma vie ! est-ce un crime d'avoir
Un tendre engagement avec un honnête homme ■'
( Kegnard. ;
Que ta foudre à vos yeux m^écrafe ! si je mens.
( Coi\SEII.I.F.. )
(Combien de propositions purement expositives peuvent de même
devenir des exclamations !
E
LUE M AisiE ,j en SUIS sur.
J Elle m'aime 1 ô 6on/iÊur.'
Dans les exemples suivants , l'exclamation est bien moins dans la
forme que dans le sens :
Tant de bonheur fut donc nne anière ironie!
( L. N. amertumes et Consolations.)
Si vous la connaissiez , la vierge au front candide ,
Celle dont le cœur fut toujours pur et splendide ,
Et plein d'un chaste amour!
Si vous la connaissiez , la simple jeune fille
De qui rien n'a terni l'innocence, et qui brille
Comme un rayon du jour ! ( Id. ibid. )
Sans le point d'exclamation, qui indique la nature de ces deux dernièros
phrases , le lecteur les prendrait pour les premiers membres d'une phrase
conditionnelle. L'exemple suivant présente un cas analogue:
Je l'aime, car ses yeux sont si doux! ^
{ L. N. Amertumes et Consolations.)
Le point d'exclamation seul avertit que le sens de la phrase s'arrête I;i.
Autres exemples :
.... Mon enfant , c'est Dieu qui me l'envoie
Pour être quelque jour mon soutien et ma joie.
( L. N. Amertumes cl Consolations.)
Vous menimez! cria-t-il en promenant ses yeux creux sur le
cahier. Qu'est-ce que tout cela? Qu'avous-nous besoin d'une si
prodigieuse maison ? Deux chapelains à raisun de dix /ivres par
t?iois chacun J et un clerc de chapelle à cent sols! Un valet de
chambre a qualrtvingt-dix livres par an ! Quatre ecuyers de cui-
DES SIGNES DE PO.NCTl'ATIO.X. .><)<♦
.sifir {]] ù i'ingt-sj'x livres par un chacun! Un hasteur (2), un pota-
ger (3), un saussler (4) , un queux (5), un sotnmelier d'armoires (()),
deux valets^ de sommiers (7) , à raison de dix liores par mois CHA-
QUE (8)! Deux galopins de cuisine (d) ù huit livres! Un paîefre-
nier(iO)et ses drux aides à i>ingt-quatre livres par mois .' Un porteur,
un pâtissier j un boulanger , deux charretiers , chacun soixante livres
par an / Et le maréchal des forges six vingts (\ \ ) livres ! Et le maî-
tre de la chambre de nos deniers, douze cents livres ! Et le contrô-
leur, cinq cents! Qliesais-je,inoi? C'est une furie! Les gagesdenos
domestiques mettent la France au pillage! Tous les magots (12) du
Louvre fondront à un tel feu de dépense ! Nous y vendrons nos vais-
selles! Et l'an prochain , si Dieu et Notre-Dame nous prêtent vie ,
nous boirons nos tisanes dans un pot d'étain !
( Victor Hugo, )
Je ne vois autour de moi que des gens qui s'engraissent de ma
(1) On appelé éciiyer de cuisine onde bouche les maîtres cuisiniers d'un
prince.
(2) Ancienne orthographe du mot hâteur. Officier des cuisines royales,
dont l'emploi est d'avoir soin des viandes qui sont à la broche , et de lair(;
qu'elles soient rôties à propos. Hâteur de la bouche du roi. (Acad.)
(3) Cuisinier qui fait le potage. L'jVcadéuiie ne le d(mne pas dans cette
acception.
{!i) On écrit aujourd'hui saucier , de sauce. Cuisinier qui fait les sauces.
Inconnu pour l'Académie.
(5) Cuisinier. Il y avait des niaîlres queux dans la maison du roi. (Acad. )
(6) En latin iw>nm(//ar(HS, desummula, diminutif de si/mma , somme ,
compte. Celui qui, dans une grande maison, a en sa charge le linge , la
vaisselle, le pain, le vin, et les liqueurs. Le texte, édition de Bruxelles , porte
sommelier d'armoieries, mais évidemment c'est une faute d'impression.
(7) Sommier signifie cheval de somme. Les sommiers des pourvoyeurs de
ta maison du prince. ( Acad.)
(8) J'en demande humblement pardon à M. Victor Hugo , mais cAa^f/r
est une faute. Evidemment M. Victor Hugo n'a employé chaque que pour
éviter le retour monotone de chacun, sans songer qu'il vaut encore mieux
pécher contre l'harmonie que contre la langue. J'en suis fAché pour lui, et
pour l'école moderne.
(9) Petits marmitons.
(10") A'alet qui pans(î les chevaux.
(Id) Dans le texte six i:in(,'ts est écrit avec un trait d'unio:i, mais à tort.
(12) Amas d'argent caché. M. Wahlen , de Bruxelles, imprime H^(/i,'0^
C'est sans doute pour de telles merveilles qu'il a été décoré (\o l'oiflre (\v
(iustave Wasa.
'«0(1 CKAMMAIHi: l'IiViNCAISE.
maigrein! Vous me sucez des écus par tous les pores! C'est comme
celte rcqucle en latin de la soigncutie de France, pour que nous
ayons h rétablir ce qu'ils ap[)èlent les grandes charges de la cou-
ronne! Charges en effet ! charges qui écrasent! Ah! messieurs!
vous dites que nous ne sommes pas un roi pour régner daplfero
millo , huticulario niillo ( I ) ! Nous vous le ferons voir , Pasquc-
Dieii (2) ! si nous ne sommes pas un roi ! (Idem.)
O monstre ! que Mégère en ses flancs a porté I
Monstre (S) , que dans nos bras les enfers ont jeté !
Quoi! tu ne mourras pas 1 Quoi! pour punir son crime...
Mais ou. va ma douleur chercher une victime 1
Quoi ! pour noyer les Grecs et leurs mille vaisseaux ,
Mer, tu n'ouvriras pas des abîmes nouveaux! ( Racine.)
Mais qu'il y a loin de ces phrases qui ne procèdent que par se-
cousses, où la voix comme un torrent impétueux bondit , et se pré-
cipite , et se brise en cascades , qu'il y a loin de ces phrases à
celles-ci :
Donc ne me jugez pas séditieux et pillard, a mon habit usé aux
coudes! Si vous me faites grâce, sire! je l'userai aux genoux a
prier Dieu soir et malin pour vous! Faites-moi grâce, sire! Cela
faisant, vous ferez une action galante (4) a Notre-Dame, et je vous
jure que je suis très-effrayé de l'idée d'être pendu !
(Victor Hugo.)
Ne me crains pas , c'est moi qui suis faible et timide ,
Et si j'avais une ombre , hélas ! j'en aurais peur ! ( Id. )
Venez , que je vous parle , ô jeune enchanteresse ! ( ^'^- )
(1) C'est à dire, sans officier de bouche et sans sommelier. Buliculuriiis
vient de buticum , lin d'Egypte.
(2) Juron favori de Louis XI. Notre mission nous fait une loi de signaler
encore une faute dans Victor Hugo. On lit dans l'admirable chapitre d'où
sont tirés ces exemples : « A ce juron , qui était le favori de Louis XI , il
parut que quelqu'un se réveillait dans l'intérieur de la cage.» Que M. ^'ic-
tor Hugo me pardonne mon audace , mais il faudrait , qui était le juron fa-
vori de Louis Kl.
(3) Dans le premier vers, ô monstre ! mot par lequel la colère éclate et
fait explosion, est une vérilable exclamation. Dans le second , on parle à
ce monstre comme s'il était présent. C'est le vocatif.
(fi) Il y en a qui pourront se trouver choqués de celte expression, oii-
hjiant (jiic galant «iignine agiéab/c et qwe (•'«■si à Lonis XI qu'on parle.
I
DES SIGNES DE PONCTUATION. 't()\
Oh ! que l'été brille ou s'éteigne ,
Pauvres , ue désespérez pas !
Le Dieu qui soiifTiit et qui règne
A mis ses pieds où sont vos pas !
Quand sur nous une chaîne tombe ,
II la brise anneau par anneau 1
Pour l'esprit il se fait colombe ,
Pour le cœur il se lait agneau ! ( ^<^- )
Vous ne déroberez jamais le champ d'autrui ,
Car ce que l'homme a fait de sa sueur, c'est lui !
Vous ne porterez pas un désir sur sa femme ,
Car la femme de l'homme est son corps et son âme ;
Dérober ce trésor de son cœur à ses bras,
C'est lui voler sa part de son ciel ici-bas! { Lamartine.)
En quoi, je le demande, ces phrases , si émouvantes qu'elles soient, si
palpitantes qu'elles soient de crainte, d'amour , de pitié , sont-elles excla-
matives? Les phrases exclamatives présentent presque toujours un sens in-
complet ou détourné. Ce ne sont pas même des phrases , ce sont des cris
de l'âme qui n'affirment ni ne nient , et qui le plus souvent échappent à
l'analyse. Les exemples suivants en sont une nouvelle preuve :
Etre heureux désormais sans ma pauvre mère! cela se peut-ili*
Heureux a^ec la pensée que ma paui>re mère a vécu et est morte si
malheureuse ! Rire avec la pensée que ma pampre mère a tant
pleuré! Jouir voluptueusement de la vie , quand ma pauvre mère a
tant soufert ! Goûter la saveur d'un mets succulent ou d'un vin ex-
quis, quand ma pauvre mère n'a guère vécu que de privations ! Dé-
licater mon corps ! me délecter dans la mollesse et la bonne chère
quand le corps de ma pauvre mère est dans la terre , mangé des
vers , quand il pleut et neige sur le corps de ma pauvre mère !
M' épanouir dans la joie, quand ma pauvre mère s'est éteinte dans
la douleur ! Me consoler de ma mère ! — A la bonne heure, si ma
mère eût été quelque riche privilégiée de la terre, pour qui la vie eût
eu plus de sourires et moins de larmes, plus de plaisirs et moins de
douleurs, plus de roses et moins d'épines/ A la bonne heur e , si ma
pauvre mère avait eu aussi sa part de bonheur en ce monde! Peiil-
t'tre qu'alors je parviendrais aussi a me résigner. Je me dirais : elle
a vécu, elle est morte, c'est le cours de la nature. Mais penser
qu'elle n'a vécu toute sa vie . >/ta pauvre mère f que de peines et de
I. Il M
AO'À UKAMMAIRE FHANÇAISE.
privations ! Penser (jiCelle a tant souffert / penser qu'elle est inovle.
sans voir se réaliser aucune des espérances qu^elle avait fondées sur
moi! morte sans pouvoir m^ embrasser , moi , quelle aimait tant et
qui r aimais tant , sans pouvoir m' embrasser à sa dernière heure !
Oh ! cela n'est-il pas affreux? (L. N. Fleurs du Danube.)
Ea voilà assez, je crois, pour déterminer la différence qu'il y a entre les
phrases exclamatives et celles qui ne le sont pas. J'ose espérer que M. Vic-
tor Hugo, plus accessible que le Journal des Débats aux timides repré-
sentations qu'ose lui faire le plus humble à la fois et le plus enthousiaste
de ses admirateurs , écimera quelque peu sa ponctuation. Je m'attends à
la même complaisance de la part de M. de Lamartine, qui écrit aussi
avec points d'exclamation : « La civilisation de l'intelligence et du travail,
voilà ce temps-ci! C'est en leur nom qu'il faut régner! » Pour l'amour
que je porte à ces deux gloires de notre France, je voudrais bien que la ponc-
tuation de leurs ouvrages, au lieu d'être abandonnée à leurs éditeurs,
comme il le paraît en bien des cas, me fût entièrement confiée.
Souvent la phrase , exclamalive par le sens est interrogalive par
la forme. Il n'en faut pas moins employer le signe de l'exclama-
tion.
Que voulez-vous .' chez eux tout n était que matière.
Vivre, c'est leur souci pendant la vie entière.
( [.. N. Amertumes et Consoliilions .)
Suis-je malheureux !
a De toute évidence, dit fort sensément M. Wey, on ne se demande pas,
afin d'obtenir de soi-même une réponse, si l'on trouve qu'on soit suffisam-
ment malheureux. On est au désespoir, on s'écrie pour déplorer des maux
trop bien avérés et des quels on ne doute en aucune façon. »
Est-il rien de plus beau que la vertu !
« Ce n'est pas là non plus une question que l'on fait, ajoute M. Wey,
c'est une exclamation qu'on laisse échapper, et qui provient d'une .ndmi-
ration très-vive. »
De Virgile ou d'Homère, ah ! que n'ai-je la lyre !
Ah ! de votre gloire enivré,
Que ne puis-ie changer chaque élan de mon âmi' ,
Foyer dont vous soufflez la flamme ,
En un coup de canon dans l'avenir tiré !
(L. N. La Bataille (le t'TsIx)
Evidemment le point interrogatif serait de même fort déplacé h la fin
de ces vers.
Pour la niC'nio raison que relie i)hrase : // lUc ilniuinda oirp.j.r.f:
DKS SIGNES DE l'ONCTllAlK» . iOô
HKLRH IL ÉTAIT , ii'est pas inlerrogalivc , la suivante ne saurait èlre
exclamalive :
Songez quel déshonneur va souiller votiv gloire ,
Quand le chantre demain entendra la victoire. ( Boil.EAi,'.)
Le texte porte pourtantun point d'exclamation. Vraiment, l'abus quefont
de ce signe tant les classiques que les romantiques est une chose mon-
strueuse , capable de faire dresser les cbeveux à de moins susceptibles
que M. Francis Wev. C'est bien un peu la faute des grammairiens.
Voyez combien de distinctions ils auraient dû faire , et qu'ils n'oni pas
faites. Demandez-leur pourquoi. C'est qu', incapables de rien décider par
eux-mêmes, ils auraient eu vainement recours au dictionnaire de l'Aca-
démie.
Constatons encore quelques-unes des contradictions qui font tache dans
ce chel-d'œuvre des dictionnaires , et qui, si elles ne détruisent pas l'es-
time profonde que m'inspire l'auguste corps des académiciens , comme dit
Napoléon Landais, ébranlent du moins profondément ma croyance en son
infaillibilité , et m'excitent de plus en plus à ne reconnaître d'autre autorité
que la mienne, c'est à dire, celle de la raison.
Cherchez Gabe , vous trouvez gare ta bombe! avec un point d'exclama-
tion. Cherchez bombb , le même exemple vous apparaît dépouillé de son
attribut distinctif. Au mot allons , on trouve de même /4//ons, courag^c'
orné du signe interjectif ; mais au mot courage le signe a disparu.
L'Académie nous étonne encore plus d'avoir envoyé les phrases sui-
vantes courir le monde ,
Sans leur mettre à la main leur bâton de voyage :
Allons, enfants , courage. — Allez , vous me faites horreur. — Va , mal-
heureux. Va , misérable. — Eh bien, que /a(<es-i'0«5?— Ek bien, continuez.
— Hk, que je suis misérable ! Hé, vous voilà ? Hé, bonjour. Il y a long— temps
qu'on ne vous a vu. — Hé , hé, pourquoi pas? Hé , ai, je ne dis pas non. —
Hein, que dites-vous donc là? — Hem, hem, vêtiez çà. — Haïe, haïe. —
Hola , ne eûtes pas tant de bruit. — HAt.TE la (1) , monsieur; vos propos
sont inconvenants. — Pouah, quelle infection! — Chut, paix. Eh, paix
donc. Patience, j'aurai mon tour. (2). — St, st , venez icide suite. — Sus ,
mes amis, sus donc, levez-vous. — // m'a voulu faire croire cela, mais
tababb. — Tout beau , ne vous emportez pas. — Tenez , tout ce que vous me
dites là ne me touche pas. Etc. , etc. , etc.
Certainement cette économie du signe interjectif est fort déplacée. 11
(1) L'Académie écrit halte-là, avec un trait d'union. II n'y a pas de
raison alors pour ne pas écrire ehbien-donc, avec deux traits d'union.
(2) L'Acadéiiiie dit que patience en ce sens est une espèce d'adverbe.
Voilà qui est digne en lout de Giiaull Duvivier.
5t>i GK,^MMAiU£ FHANÇAlSfi.
n'y a pas un des mots imprimés ici en petites capitales qui ne doive être
accompagné du signe interjectif. Les mots allez, tenez, aux quels l'usage et
l'Académie le'refusent obstinément, en ont tout autant besoin que les au-
tres. Sinon, comment saurai je que, dans cette phrase : Allez, vous me
faites Jiorreiir , allkz ne veut pas àiiG allezvous-en , en latin ((e^ et qu'il
n'est qu'une exclamation d'horreur?
Allez 1 j'ai bien souffert ! contre la destinée
J'ai soutenu long-temps une lutte acliarne'e.
( L. ^.Amertumes et Consolations .)
Allons ! je vois que je ne réussirai jamais, (Marmontel.)
y a ! fa '. dans sa douleur le sexe est raisonnable ,
Et je n'ai jamais vu de femme inconsolable. ( CoLLiN D'HARLEVlLtE.)
Hé là ! hé là ! mon petit ami. (Molière.) — Hein .' rusée signora.
(Beaumarchais.) — Haie! haie! ceci ne vaut pas le diable. (Dan-
coDRT.) — Hola ! ho! descendez. (La Fontaine.)
Halte là! mon b eau- frère ,
Vous ne connaissez pas celui dont vous parlez. (MoLiiiHE.)
Il venait de tremper ses lèvres dans le hanap (1 ), et recrachait le
breuvage en disant : pouah ! la fâcheuse tisane !
(Victor Hugo.)
Chut ! chut ! parlez donc bas. ( Collin d'Harleville.)
Une femme de quatrevingt-dix ans disait a Fontenelle, qui en
avait quatrevingt-quiuze : « La mort nous a sûrement oubliés. —
Chut ! » lui répond Fontenelle, en se mettant le doigt sur la bouche.
. . . 5< .' s< .' un mot. Comme amis l'un de l'autre ,
Buvez à ma santé , je vais boire à la vôtre. ( Boubsault.)
Sus! que de ma maison on sorte de ce pas. (MoLiisaB.)
Peut-être la beauté? — Tarare / la beauté ! la beauté ! C'est bien
la beauté, vraiment! qui prend un homme comme lui. (Brueys.)
— Tout beau ! monsieur le tireur d'armes , ne parlez de la danse
qu'avec respect. (Molière.) — Tout doux! vous dis-je. (Id.) etc.
Il convient que toute interjection , tout mot employé comme in-
lerjeclion soit accompagné du signe interjectif, et se dislingue ainsi
(J) Grand vase à boire.
DES SIGNES DE PO^CTLAIIOA. 405
clairement des autres parties du discours. Contre l'avis de l'Aca-
démie , nous ne serions pas éloigné de mettre au même rang cer-
taines onomatopées ou mimologismes, qui sont, en effet, de véri-
tables exclamations.
Il posa le pied maladroitement, et, PATATRAS ! le voilapar terre.
(Académie.) Le texte porte une virgule au lieu du point exclama-
tif.
Madame se trouve-elle incommodée ? Zest ! en deux pas te voilà
chez elle. Monsieur a-t-il besoin de moi? Crac! en trois sauts je
suis dans sa chambre.
(Beaumarchais, cité par MM. Bescherelle.)
Et chi! Et cha! l'un m'éternue au nez, l'autre m'y bâille.
(Idem.)
Ils passaient au travers de Nanteire, tra! tra! irai Ils rencon-
trent un hormne a cheval , gare! gare! (M."" de Sévigné.)
Mais Lemare a tort d'écrire avec un point d'exclamation : J'ai
entendu pouf ! c'était un male/as , pouf n'étant là que le régime
direct du verbe qui le précède, comme holà, haro, bravo, dans
mettre le holà, crier haro , crier bravo, etc. Le point exclamatif
ne convient après ces mois qu'autant que je les sépare du verbe
par une virgule, qui, avant une citation courte, équivaut, on le sait,
au deux-points ; qu'aulant que je les rapporte comme ayant été
prononcés par quelqu'un dans la bouche de qui ils n'ont pu être
que des exclamations. Exemple:
On fait crier, broi^o ! hraoo ! Des échos disposés avec art le ré-
pètent, et ces voix passent pour l'opinion.
D'un autre côté l'Académie a peut-être raison d'écrire sans point
d'exclamation : Silence, messieurs, Paix là, messieurs, Paix donc.
Paix. Cela veut dire, en effet : Faites silence , Donnez-fiotis la
paix. Il y a ellipse, voilà tout. Du reste la phrase est impérative
et non exclamative.
En résumé, tout ce que nous venons de dire peut se réduire
à ceci : Le signe interjectif se met après toute exclamation,
toute interjection : formule bien simple assurément , à la-
quelle nous aurions pu noii^ borner . si les cjrammairicns
lOO (iKAMMAJUE IHANCAISJ:.
n'avaient fait de cette chose si simple, à force de la tortiller
et retortillcr , un écheveau presque indcbrouillable (1) .
Nous terminerons par celte petite remarque nous moins judi-
cieuse que facétieuse de M. Francis Wey :
a Quelque personnes placent trois points d'exclamation à la file :
— Grand Dieu !!!
«Souhaitons que leur émotion ne soit pas décuplée; nous n'ea
serions pas quittes à moins de trente points exclamatifs. »
Du Sigue ou Point ISuspensir.
Le signe suspensif consiste en trois points mis à la suite
les uns des autres pour marquer suspension ou interrup-
tion du sens.
Quos ego... sed motos prœstat componere fluclus. (V irgilius.)
Par la mort !... il n'acheva pas ,
Car il avait l'àme trop bonne.
Allez , dit-il , je vous pardonne ;
Mais , enfants , n'y revenez pas. ( Scahkon. )
Je devrais sur l'autel où ta main sacrifie
Te, . . Mais du prix qu'on m'offre il faut me contenter. ( Hacinb.)
Mais tout n'est pas détruit , et vous en laissez vivre
Un. . . Votre fils, seigneur, me défend de poursuivre. (I<1. )
C'est que je suis jaloux, au moins ! Garde-toi bien
De me tromper, de me... Fidèle comme un chien ,
Et doux comme un agneau , dans la paix , — dans la guerre ,
Je deviens un lion , un tigre , une panthère.
( L.N. Fleurs du Danube. )
Après le malheur eCTroyable
Qui vient d'arriver à mes yeux ,
Je croirai désormais , grands dieux !
Qu'il n'est rien d'incroyable.
J'ai vu... sans mourir de douleur.
J'ai vu, .. (siècles futurs , vous ne pourrez le croire !
Ah ! j'en irémis encor de dépit et d'horreur! )
J'ai vu... mon verre plein , et je n'ai pu le boiie. ( Scahkon. )
(1) Je vous préviens que ce mot ne se trouve point dans le dictionnaire
de l'Académie , et que lîoisfe h; donne comme l)urlcsque. En quoi serait-i!
plus t)url«sque (\u'ind('chif}'r(ible ? Le bon jjoùl rvclamc incJLifricablc.
DES SIGNES DE PONCTUATION. -iOT
Xénoplion avait un fils qui fut tué à la bataille de Mantinée. Celte
nouvelle lui fut annoncée au moment où il offrait un sacrifice. Au
milieu des cérémonies, un murmure confus et plaintif se fait en-
tendre. Le courrier s'avance. « Les Thébains ont vaincu , dit-il , et
votre fils...» Des larmes abondantes l'interrompent. « Comment
est-il mort? » répond le père.
On en fait usage pour marquer le prolongement d'un bruit quel-
conque, entre autres celui d'une bouche à feu: fourni...
Rien de plus ridicule que l'abus que font de ce signe certains écrivains;
s'imaginant que , pour donner à leur langage le ton de la passion et l'em-
preinte d'une sensibilité profonde, il suffît d'en interrompre fréquemment
le sens par une kyrielle de points.
0 Une femme un ange qui m'aimait et qu'un rival. . . .
se peut-il! Non mais pourtant cette lettre cet
avis mystérieux etc >
« Achève donc , ennuyeux mortel 1 s'écrie à ce sujet M. Francis Wey.
Autant ces petits moyens peuvent être utiles quand on les emploie rare-
ment , autant ils fatiguent dès qu'on les met en œuvre à tout propos. »
«L'abus du point suspensif, ajoute M. Wey , est propre à la niaiserie.
Les lettres des écoliers , les épîtres des grisettes, les mauvais romans de
pacotille , sont les modèles du genre. »
Il est à remarquer que la Notre-Dawe de Paris de Victor Hugo, qui
n'est pas un roman froid, que je sache, n'en offre peut-être pas six exem-
ples. Pour ma part , le point suspensif m'inspire une telle horreur que j'iu-
site même à l'employer lorsqu'il est nécessaire.
Points finpplétifis*
On se sert de plusieurs points successifs , quelquefois
d'une ligne entière de points pour marquer les omissions
forcées on volontaires qu'on fait dans une citation.
Exemples :
Dans quelques jours l'armement des fortifications de Paris sera
une loi Mais soyez tranquilles, alors môme que ces remparts se-
ront armés de leurs trois mille bouches a feu,.... ils ne seront jamais
un danger d'asservissement, tant qu'il y aura en face de ces bas-
tions une presse indépendante , une tribune debout , des voix in-
trépides, et des cœurs comme les vôtres, pour leur répondre du fond
du peuplede Paris etdes dépailemenis, et pour répandre paimi ces
408 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
masses d'où vous sortez, avec le respect de l'ordre, le sentiment de
leur inviolabilité légale , de leurs devoirs (\ ) et de leurs droits.
(Lamartine.)
Faliéro, se proposant défaire couler le sang des tyrans, s'écrie :
0 Dans son sang noyez la tyrannie.» (Francis Wey.)
On remplace aussi par des points successifs les syllabes d'un
nom propre dont on ne met que la lettre initiale. Mais c'est là prin-
cipalement l'objet de l'astérisque, dont nous parlerons plus loin.
Ils s'emploient concurremment avec les autres signes de ponc-
tuation , qu'ils ne sauraient remplacer.
Points Conducteurs ou Points Carrés.
En imprimerie , on nomme points conducteurs ou points
carres , une suite de points servant à prolonger une ligne ,
de manière à mettre en rapport, à faire correspondre des
parties qu'une disposition méthodique ou symétrique oblige
à séparer. Exemple :
L'homme , dont la vie entière
Est de quatrevingt-seize ans, ^
Dort le tiers de sa carrière.
C'est juste trente-deux ans 32
Ajoutons pour maladie ,
Procès, voyages , accidents,
Au moins un quart de la vie.
C'est encor deux fois douze ans 24
Par jour , deux heures d'études ,
Ou de travaux, font huit ans 8
Noirs chagrins , inquiétudes ,
Pour le double , font seize ans 16 ^
Pour affaires qu'on projeté
Demi-heure , encor deux ans 2
Cinq quarts d'heure de toilette ,
Barbe, e< cœ<cra, cinqans 5
Par jour, pour manger et boire,
Deux heures, font bien huit ans 8
Cela porte le mémoire
Jusqu'à quatrevingt-quinze ans 95
(1) Point de virgule après devoirs. Les devoirs et les droits sont insépa-
rables, comme s'ils ne formaient qu'un seul tout.
DES SinNES DE FONCÏCATION . ^09
Reste encore un an pour faire
Ce qu'oiseaux font au printemps.
Par jour rbouime a donc sur terre
Un quart d'heure de bon temps. (Dkspbéaux. )
Il serait bon de détacher le point final des points conducteurs par un
petit espace comme nous l'avons fait ici.
On fait usage des points conducteurs dans les tables, dans les index.
DES SIGNES PUREMENT DISTINCTIFS.
Dn Tiret appelé Moins en algèbre.
Le tiret consiste en un petit trait horizontal plus long
que le trait d'union ( — ).
II sert à rendre plus sensibles la virgule, le point-virgule,
le deux-points, le point; à distinguer certaines parties de
phrases susceptibles de se confondre par leur contact immé-
diat; à séparer des pensées détachées, des maximes, qu'on
juge à propos d'écrire de suite , etc.
Sous le charme irrésistible de ce regard je sentais mon cœur se
fondre de joie. Puis, attaché a vous comme le fera l'aimant, ne
pouvant détourner mes yeux de la vision ineffable qui était devant
moi, je suivais spontanément votre trace lumineuse , heureux
d'un bonheur indicible quand votre doux visage se tournait
vers moi par hasard; et lorsque vous disparaissiez enfin au seuil de
votre maison , comme le soleil derrière les montagnes, — comme
le soleil, votre image répandait encore dans mon âme une réverbé-
ration magnifique, qui ne s'effaçait pas et qui m'éclaire toujours.
{L. N. Fleurs dn Danube.)
La note (1) qui se trouve à la page 108, ainsi que l'exemple intitulé
Coup cl'œil sur Berlin, page .366, en offrent des exemples remarquables.
Le tiret remplace les dit-il . dit-elle, reprit-il, reprit-elle, etc.,
ou même le nom des interlocuteurs , dans le dialogue vif et pressé.
Exemples :
Je vous offre mon crédit, dit un représentant du peuple a Latour
d Auvergne , premier grenadier dcFrance. — Jeracceple. — Ehbien !
voulez-vous un régiment ? — >ion, je veux une paire de souliers.
T. n. r-t>
^\0 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Un jour que, vêtu d'une redingote boutonnée, (^) et accompagné
d'un seul domestique sans livrée, l'empereur Joseph II était allé,
dans une calèche a deux places , qu'il conduisait lui-même , faiie
une promenade du matin aux environs de Vienne, il fut surpris pai
la pluie, comme il reprenait le chemin de la ville.
Il en était encore éloigné, lorsqu'un sergent qui regagnait aussi
la capitale, accourant vers lui, le prie de lui donner une place
dans sa voiture. « Cela ne vous gênerait pas beaucoup, dit-il, puis-
que vous êtes seul, et cela ménagerait mon uniforme que je mets
aujourd'hui pour la première fois. — Ménagez votre uniforme, mon
brave, dit l'empereur, et mettez-vous la. D'où venez-vous comme
cela ? — Ah ! ma foi ! je viens de chez un garde de mes amis où j'ai
fait un fier déjeuner. — Qu'avez-vous donc mangé de si bon ? — De-
vinez. — Que sais-je! moi ! une soupe à la bière? — Âh ! bien ouiJ
une soupe! Mieux que ça. — • De la choucroute? — Mieux que ça.
— Une longe de veau? — Mieux que ça. — Oh! ma foi ! je ne sais
plus que supposer, dit Joseph. — Un faisan , mon digne homme ;
un faisan tué sur les plaisirs de Sa Majesté, reprend le camarade en
frappant sur la cuisse de son interlocuteur. — Ah! tué sur les
plaisirs de Sa Majesté ! Il n'en devait être que meilleur. — Je vous
en réponds. »
Comme on approchait de la ville , et que la pluie tombait de
plus belle, Joseph demanda à son compagnon dans quel quartier
il logeait, afin qu'il le descendît à sa demeure. Le sergent, lui ma-
nifestant rondement sa gratitude, demanda à connaître celui dont
il recevait tant d'honnêtetés. « A votre tour, dit le prince, devinez.
— Monsieur est militaire? — Comme dit monsieur. — Lieutenant?
— Ah bien oui! lieutenant! Mieux que ça. — Colonel peut-être?
— Mieux que ça. — Comment diable! dit le sergent en se renfon-
çant dans un coin de la calèche; seriez-vous feld-maréchal? —
Mieux que ça. — Ah ! mon Dieu! c'est l'empereur ! — Lui-même » .
dit Joseph, se déboutonnant pour montrer ses décorations.
(1) Sans la virgule on s'attendrait à trouver après la conjonction el un
.iiitrf^ qnalifîcalil' rlii mot reHintrole.
DES SIGNES DE POMCTliATION. ■^^^
Il n'y iivail pas luoyen de tombera genoux dans une calèche. Le
sergent se confond en excuses, et supplie l'empereur d'arrêter pour
qu'il puisse descendre. Non pas, non pas, lui dit Joseph. Après
avoir mange mon faisan, vous seriez trop heureux , malgré la pluie,
de vous débarrasser de moi aussi promptement. J'entends que vous
ne me quittiez qu'à votre porte » , et il l'y descendit.
(L. Mémoires.)
Hélas ! hélas ! tout travaille
Sous tes yeux, ô Jéhovah.
De quelque côté qu'on aille,
Partout un flot qui tressaille.
Partout un homme qui va.
Où vas-tu? — Vers la nuit noire.
Où vas-tu ? — Vers le grand jour.
Toi? — Je cherche s'il faut croire.
Et toi ? — Je vais à la gloire.
Et toi ? — Je vais à l'amour.
Vous allez tous à la tombe !
Vous allez où tout retombe ,
Et d'où rien n'est revenu! (Victob Hugo.)
Lorsque chaque reprise du dialogue forme un alinéa, le tiret doit
être au coraniencement de l'alinéa.
LE RICHE ET LE PAUVRE.
Vous êtes malheureux? dit le riche au pauvre.
— Oui , et mon malheur est d'autant plus sensible , qu'autre-
fois...
— J'entends , mon ami ; il faut espérer.
— Sans doute, mais...
— Dieu est notre seule espérance dans l'infortune. Vous avez
des enfants?
— Cinq fils, dont l'un trop faible pour supporter notre misère...
— Cela est triste; mais l'espérance fait vivre l'homme.
— Hélas! peut-être. Mais...
— Mais espérez en la bonté divine ; eii attendant...
— En attendant , faites-moi la charité , je vous en supplie.
— La charité! La charité suit l'espérance. C'est la troisième vertu
théologale. (G.Péruset.)
II se met de même au ooranienceraenl du vers, el non pas à la
fin.
Faisant le catéchisme , hier notre vicair»'
lni«nroo[rait ainsi Guillaume Farinel ;
À\2 OKAMMAIKE FH.UNÇAISE.
• Qu'est-ce que Dieu î — Monsieur, c'est le Père éternel. '
— Et le Fils, ost-il Dieu ? — Lui , c'est une autre att'aire.
— Comment donc ! — Laissez-moi le temps de m'expliquer.
11 ne l'est pas encor, mais à la mort du Père,
Quand le diable y serait, ça ne peut lui manquer. ( Anonyme.)
Ce signe vient au secours des autres signes, mais ne saurait les
remplacer. Il ne fait, je l'ai dit, que les rendre plus sensibles.
M. Alphonse Karr a donc tort d'écrire sans virgule: Aujourd'hui
— grâce au progrès — les pauvres gens sont volés comme les autres .
En général les auteurs modernes abusent ridiculement du tiret. 11
l'aut que leur pensée soit bien obscure, puisqu'ils ne croient pouvoir la
rendre sensible qu'à grand renfort de tirets. Chez M. Alphonse Karr l'a-
mour du tiret est une véritable manie. « La châtelaine de M. Dreux —
présentait sans doute de grandes difficultés que l'auteur s'est imposées lui-
même, — les difficultés ne sont un mérite que lorsqu'elles sont vaincues
complètement, — celles que l'on cherche ne sont jamais un mérite, — la
femme vêtue de blanc sur son cheval blanc est loin de valoir le tableau
que le même peintre a exposé l'année dernière et dont nous avons dit
quelques mots , — le cheval est beaucoup trop long. » { Les Guêpes. )
Tant d'esprit , dira-t-on , peut se passer de points et de virgules. Non ,
morbleu ! pas plus que le plus bel habit brodé d'or ne peut se passer de
boutons et de boutonnières.
Les graves Allemands n'abusent pas moins du tiret, qu'ils n'ac-
compagnent d'aucun autre signe j en sorte que la relation d'un mot
à l'autre, d'une phrase à l'autre, reste une énigme pour le lecteur.
Ils l'emploient aussi en guise de point suspensif et même de pa-
renthèse , ce qui est un tort aussi grave qu'eux.
Du CJutllemet.
Le guillemet est un signe ainsi figuré : («) (»), lequel se
met au commencement et à la fin d'une citation, et souvent
même au commencement de chacune des lignes qui la com-
posent. Il se répète toujours au commencement de chaque
alinéa, s'il y en a dans la citation. Exemples:
M. Delangle s'est révélé dernièrement a la chambre des députés
par un morceau d'une rare éloquence. Ecoutez plutôt :
« Je serais, messieuis, de l'avis de l'auteui de rarlicle, si l;i jeu-
nesse d'aujounlhui, telle qu'on appelé dorée, vivait comme lii
DES SIGNÉS DE POiNCTUAllO.N. VI •>
jeunesse d'aulrelois , si elle passait sa vie dans les mauvais lieux ,
si elle croyait encore qu'on peut battre le guet et opprimer ses
vassaux. (Rires et murmures divers.)
wMais la jeunesse d'aujourd'hui , celle que l'on attaque, est sé-
rieuse et laborieuse. Elle désire être utile a son pays, et elle en étu-
die les lois.
» Et quelle est donc, dans la pensée de l'auteur de l'article, la
jeunesse forte ? Serait-ce par hasard cette nuée de poètes incompris. . .
(bruyante hilarité), d'avocats sans cause et de médecins sans ma-
lades... (nouvelle hilarité), qui ne font tant de bruit que parce qu'on
n'achète pas leur prétendue poésie, qu'on ne paie pas leur préten^
due éloquence et leurs prétendues consultations? » (Bruit.)
( Journal des Débats. )
Ce qui met si fort en colère M. Delangle contre les poètes sans
poésie, les avocats sans cause, et les médecins sans malades, ce sont
ces quelques lignes de M. Ledru Roliin, publiées dans un journal:
« Les portes de la députation ne s'ouvrent pas à cette portion de
la jeunesse éclairée , studieuse et grave , qui s'est plus occupée de
la culture de l'âme que de celle de l'habit , et qui a plus de richesse
dans son cœur que dans sa caisse. La jeune génération de -1 850 n'a
guère dans la Chambre que des représentants dont les vertus bri-
lleraient beaucoup plus parmi de frivoles courtisans que dans une
assemblée de citoyens et de législateurs.
» La jeunesse forte est contrainte , par le cens d'éligibilité , de
céder la place a la jeunesse dorée. Il est de mode dans cette aris-
tocratie qui portait hier le nom d'un paysan ou d'un ouvrier, de
honnir la révolution sans la quelle elle serait encore a la charrue,
d'adorer l'immobilité politique et de placer son bien-être personnel
au dessus de toutes ces misères qu'on appelle emphatiquement
progrès et patrie. »
M. Allard a terminé ainsi son rapport sur l'armement des fortili-
cations de Paris :
«Ne cherchons pas, messieurs, à créer des déflances autour
d'une œuvre qui, pour être grande o( efficace connnc vous l'avcir
voulue , H besoin avant tout «Têlre naliniKtleet populaire INc la dé-
'Il GHAMMAlllE FRANÇAISE.
|)Ouilloiis pas, par des calculs mesquins, du prestige de grandeur que
nous y avons atlaché.
» Que la garde nationale et l'armée, que nous ne séparons jamais
dans nos esprits, sachent bien qu'elle est confiée, comme la Charte
de nos libertés extérieures , a leur patriotisme et à leur courage.
» Que tous les citoyens de Paris, que ces braves ouvriers qui vi-
vent dans son sein , que cette jeunesse de nos écoles , pleine de
sentiments si généreux, s'habituent a cette pensée, que, si des
jours malheureux venaient a peser sur notre patrie , ils auraient la
certitude de trouver autour de la capitale un champ de bataille di-
gne de leur ardeur , et sur le quel il dépendrait d'eux d'assurer le
salut et l'indépendance du pays tout entier. » ( i )
Car, dites, n'est-ce pas un supplice eflProyable
De ne pouvoir pas tendre une main secourable
A ceux qu'on voit pleurer et que l'on sent soufTrir ï
De n'être pas monté sur une haute cime,
Pour dire à ceux d'en lias avec un cri sublime :
« O vous tous que la nuit couvre de son horreur,
» Qui n'avez pour dormir qu'une pierre glacée ,
» Qui de l'aim ou de soif avez l'âme oppressée,
» Et qui rongez en vain la chaîne du malheur ;
» Venez tous, venez tous , venez sur la montagne ,
» Au milieu des parfums qu'exhale la campagne ,
» Respirer un air libre en face du soleil.
» Venez , venez à moi. Je briserai vos chaînes ,
» Je vous consolerai , j'adoucirai vos peines ,
• Sur toutes vos douleurs je mettrai l'appareil.
» Pauvres et souffreteux , que le monde repousse ,
» Pour vos membres meurtris j'aurai des lits de mousse ,
» Au bord de clairs ruisseaux , sous des dômes en fleui-s ;
» — Venez , — et , pour calmer le mal qui vous dévore ,
» Des remèdes puissants que là-bas on ignore ;
» Venez, je tarirai la source de vos pleurs.
'> Vous surtout que dédaigne une foule insensée ,
» Vous les plus malheureux , martyrs de la pensée ,
" Anges tombés du ciel dans ce cloaque impur ,
{i) Il va sans dire que le Jnurnal des Débats n'a ni orthographié ni
P'>nclué comme nous ces divers |iassages.
DES SIGNES DE PONCTUATION. A I ■*
» Où vous avez souillé votre robe immortelle ,
» Où vous allez , saignant du flanc , et traînant l'aile ,
» Refoulés par l'envie au coin le plus obscur ;
» Vous qu'on entend jeter une plainte inconnue,
i> Cri sublime qui semble exhale de la nue ,
» Vous qui buvez l'absinthe et répandez le miel ,
» Vous tous , enfants de l'art, venez , troupe choisie,
» Venez sécher votre aiie au vent de poésie ,
» Et prendre de nouveau votre essor vers le ciel. » (1)
( L. N. Amerlumes et Consolations. )
Faut-il , à Texempie de quelques auteurs , fermer le guillemet
avant les expressions dit-il, dit-elle, eic, insérées dans la citation
même, elles ouvrir immédiatement après? Faut-il en faire de
même à l'égard du tiret, dans un dialogue guillemeté? Après en
avoir délibéré avec moi-même, je trouve que dans l'un et l'autre
cas c'est une minutie digne de MM. Firmin Didot.
On répétait un jour , en présence de l'abbé de Saint-Pierre , cette
phrase si souvent appliquée par la flatterie et la bassesse à des sou-
verains indignes du trône : Les rois sont les dieux de la terre. « Je
ne sais, dit-il, si Néron, Caligula, Domitien , et leur pareils,
étaient des dieux ; mais je sais bien qu'ils n'étaient pas des hom-
mes. »
Comme M. Etienne était près de mourir et qu'il avait a peu près
perdu connaissance, M. Thiers alla pour le voir, et, comme on
refusait de le laisser entrer : « Je n'insisterai pas, dit-il; mais, je
vous en prie, si la connaissance lui revient , dites-lui que je suis
venu pour le voir; dites-lui que c'est moi, Thiers, le pauvre jeune
homme au quel il a mis , dans le temps, le pain a la main. »
( Alphonse Karr. )
Vous croyez que le génie a le succès pour mesure? Ah ! qu'où
descende jusqu'aux plus humbles conditions ; qu'on regarde ce
malheureux aux prises avec la misère ; qu'on calcule l'étendue des
ressources qu'il est obligé de mettre en œuvre pour échapper a la
faim , la force de volonté qu'il emploie contre le désespoir... «Vous
(1) Une telle poésie est bien peu de chose à côté de l'éloquence de
M. Delangle. La Franco a fièrement raison de mc-priser les poètes au prnfif
de M. Delanglo. M. Dcdangle est bien plus iulcrcssanl. — sûremenl.
<H» On.VMWAIRE FRANÇAISE.
VOUS croyez un grand homme , monsieur le comle , parce que vous
^les un grand seigneur, dit Beaumarchais. Kli morbleu! perdu
dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science pour
subsister seulement qu'on n'en amis depuis cent ans a gouverner
toutes les Espagnes. » (Louis Blanc.)
A la malheureuse journée de Chiari, Catinat, tout blesse qu'il
était, cherchait a rallier les troupes. Un officier lui dit: « Où vou-
lez-vous que nous allions? la mort est devant nous. — Et la houle
derrière , » reprend Catinat.
Henri IV apercevant Crillon : «Voila, dit-îl , l'homme le plus
brave de mon royaume. — Vous en avez menti, sire, c'est vous. »
Pour rendre distincte une citation de citation, on se contente d'un
guillemet au commencement et à la fin de la citation principale,
tandis qu'on le répète à chacune des lignes qui composent la citation
subordonnée.
La Biographie nouvelle des Contemporains rapporte le fait sui-
vant :
« A la prise de Figuières, un général espagnol se défendait avec
courage contre plusieurs Français, mais il allait succomber, acca-
blé par le nombre. Apercevant a peu de distance le général Duphot,
il lui cria : « Général, ne souffrez pas que vos soldats souillent
» leur triomphe ; faites cesser le carnage et battons-nous ensem-
» ble. » Duphot accepte le défi... » ^Cité par M. Frey.)
Comme on le voit par les exemples ci-dessus, le guillemet final
semet toujours après le point, ou le point-virgule, ou la virgule qu'il
accompagne. Je ne sais à quoi lient cet usage. A mon avis, suivant
que tel ou tel autre signe de ponctuation appartient à la phrase en-
tière ou seulement à la citation , il doit se mettre avant ou après le
guillemet. De toute évidence, dans les deux exemples suivants, le
guillemet final doit précéder le point.
L'habileté du chirurgien dentiste Lécluse l'avait placé au nombre
des meilleurs praticiens, et il fut nommé chirurgien dentiste du roi
de Pologne Stanislas 11, « le jour même, dit Lécluse, où Sa Majesté
perdit sa dernière dent ».
Les maîtres du siècle passé confessaionl que <( Ifs pensêrs (/ni
DES SIGNES DE rONCTUATIO.V. ÎIT
sont partout un mérite essentiel, le sont dans une ode moins que pur-
tout ailleurs, parce que V harmonie peut aisément en tenir lieu. » (I)
Voyez les articles /^o<n< interrogatlf el point exclamatif.
M. Frey se plaint que, quand on rapporte des articles de codes
ou de lois, l'usage le plus général fait placer le guillemet après le
numéro de l'article. Ne suffit-il pas, ajoule-t-il, de faire remar-
quer que ce numéro fait partie intégrante du texte même de l'article,
pour prouver qu'il faut le placer avant et non après? Exemple :
Telles sont les principales dispositions de la Charte :
« Art. ^er. Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient
d'ailleurs leurs titres et leurs rangs.
» 2, Ils contribuent indistinctement, dans la proportion de leur
fortune , aux charges de l'Etat.
» 5. Us sont tous également admissibles aux emplois civils et mi-
litaires.
» h. Leur liberté individuelle est également garantie, personne no
peut être poursuivi ni arrêté que dans les cas prévus par la loi, et
dans la forme qu'elle prescrit.
» 5. Chacun professe sa religion avec une égale liberté, et oblieiil
pour son culte la même protection.
» 7. Les Français ont le droit de publier el de faire imprimer
leurs opinions, en se conformant aux lois.
» La censure ne pourra jamais être rétablie. »
On procède de même à l'égard des points supplétifs. Exemple :
Racine, pour exprimer ces mots, fart d'écrire , mettra :
« L'arf consolateur
» Qui confie au papier les sentiments du cœur. »
( FRA>ris Wey. )
Le tiret , employé au commencement d'un dialogue guillemeté ,
devrait de même céder le pas à son compagnon :
Le chevalier de Grammont , a l'article de la mort , refusait de se
confesser. Le chevalier d'Angeau entre chez lui et lui dit : m — Tu
ne veux pas te confesser, tu as tort. Dans quatre jours tu pourras
faire ta cour au roi ; mais il te recevra mal ; tu sais qu'il est dévot.
(1) C'est Marniontfl qui a ilil cela. Qticlle folie '.
f. 11. ?i">
'i i s GRAMMAIKÈ FRANÇAISE.
— Ahl cela est vrai. Vile un confesseur.» Le clievalier de firam-
mont se confesse et meurt. Voila la religion du courtisan.
(yinonyme. )
Quand le dialogue est coupe par alinéas, le guillemet devient
inutile; le tiret suffit ordinairement :
Puis, rompant le silence la première, elle lui dit en faisant plus
douce encore sa douce voix :
— Comment vous appelez-vous, monsieur le gendarme?
— Le capitaine Phœbus de Châteaupers, pour vous servir, ma
belle, répondit l'officier en se redressant.
— Merci , dit-elle. (Victor Hugo.)
Quand une citation , dont le premier mot commence par une
voyelle, est amenée dans le discours par un mot dont la dernière
syllabe s'élide par la substitution de l'apostrophe , n'est-il pas plus
exact, demande M. Frey, d'ouvrir le guillemet après l'apostrophe,
comme dans ces cas entre autres , qu'on trouve en foule dans le
volumineux Répertoire universel de Jurisprudence:
La cour a arrêté qu' «attendu... qu' «il serait... qu' «eu
égard... etc.
M. GiraultDuvivier prétend que les guillemets sont superflus,
si la citation est en vers dans un ouvage en prose ; que « la manière
de l'écrire la distingue suffisamment.» Oui, la manière dont on
écrit les vers les dislingue suffisamment de la prose , mais ne fait
pas connaître s'ils appartiennent au texte principal ou s'ils lui sont
étrangers. Voilà pourquoi les guillemets ne sont pas toujours su-
perflus dans le cas même dont il s'agit , surtout si la citation ne
contient que deux ou trois vers. Par exemple, on aurait tort de ré-
péter le guillemet au commencement de chacun des vers contenus
dans la citation. Exemple .
Le poète Théophile dédia un livre au roi d' Angleterre Jacques l"^»*.
Il espérait que le roi témoignerait le désir de le voir , mais il n'en
fut rien. Pour s'en consoler le poète fit ces vers :
« Si Jacques , roî de grand savoir ,
N'a pas trouvé hoti de me voir ,
En voici la cause infaillible :
(l'rsl que, ravi d<' mon rciil.
DES SIGNES DE 1'0M;J IJAT10>. 519
il crut que j'étais loiit esprit ,
Et'par conséquent invisible. »
Je ne conteste pas au sieur Girault Duvivier qu'on ne puisse sup-
primer les guillemets dans l'exemple suivant :
Delilie a tracé ainsi le portrait du magister :
Son port , son air de suffisances
Marquent dans son savoir sa noble confiance.
11 sait , le fait est sur , lire , écrire , et compter ;
Sait instruire à l'école, au lutrin sait chanter ,
Connaît les lunaisons, prophétise l'orage.
Et même du latin eut jadis quelque usage.
Dans les doctes débats, ferme et rempli de cœur,
Même après sa défaite, il tient tète au vainqueur; etc.
On conçoit, en outre, que les exemples d'un livre didactique tel
que celui-ci ne soient point guillemelés; car ils sont censés faire
corps avec le texte même de l'ouvrage.
Voyez ce que j'ai dit , à la fin des articles virgule q\. deux-points,
touchant les citations simples et courtes. J'ai dit que le deux-points
suffit alors ordinairement, et même la virgule , quand on les sou-
ligne dans l'écriture et qu'on les rend dans limpression en lettres
italiques.
De la Parentlièse (1).
Parenthèse se dit à la fois d'une phrase formant un sens
distinct et séparé de celui de la période où elle est insérée ,
et des marques dont on se sert dans l'écriture et dans l'im-
primerie pour enfermer les mots à' nue parenthèse. Ces mar-
ques sont deux arcs disposés verticalement et s'opposant
l'un à l'autre par leur concavité , de cette manière ( ). C'est
d'après ce rapport de position qu'on dit, comme pour le guil-
lemet, ouvrir la parenthèse , fermer la parenthèse.
Je ne sais où M. Napoléon Landais a vu que la parenthèse u^est
(1) En grec parenlhesis, interj)0siti()n; de para, entre, en, dans, et titlièmi,
je place. M. Girault Duvivier range la parenthèse parmi les signes ortho-
graphiques. En quoi la parenthèse est clic autre chose qunn signe de dis
liiiction ?
'-<' MIAMMAIHE l'KAlNÇAISE.
plus usitée dans la haute lilléraliire et dans le beau stjle. Sans
doute il est bon d'en user sobrement, mais il est des cas où elle est
indispensable. Par quel autre signe, en effet, pourrait-on la rempla-
cer pour distinguer ces phrasessubites et imprévues qui sillonnent la
phrase principale comme un éclair, et que M. Napoléon Landais
lui-même compare à des notes de musique? ( Quelles notes de mu-
sique ? Apparemment des dièses et des bémols.) Exemples :
La boue de Paris, songea-t-il (car il croyait être sur que déci-
dément le ruisseau serait son gîte;
Et que faire en un gîte à moins que l'on ne songe?),
la boue de Paris est particulièrement puante; elle doit renfermer
beaucoup de sel volatil et nitreux. (Victor Hugo.)
Vous avez été enfant, lecteur, et vous êtes peut-être assez heu-
reux pour l'être encore. Il n'est pas que vous n'ayez plus d'une
fois ( et pour mon compte j'y ai passé des journées entières , les
mieux employées de ma vie !) suivi de broussailles en broussailles,
au bord d'une eau vive, par un jour de soleil , quelque belle de-
moiselle verte ou bleue , brisant son vol a angles brusques et bai-
sant le bout de toutes les branches. Vous vous rappelez avec quelle
curiosité amoureuse votre pensée et votre regard s'attachaient à ce
petit tourbillon sifflant et bourdonnant d'ailes de pourpre et d'azur,
au milieu duquel flottait une forme insaisissable, voilée par la ra-
pidité même de son mouvement. L'être aérien qui se dessinait con-
fusément à travers ce frémissement d'ailes vous paraissait chimé-
rique , imaginaire, impossible à toucher, impossible à voir. Mais,
lorsqu'enGn la demoiselle se reposait a la pointe d'un roseau, et
que vous pouviez examiner, en retenant votre souffle, les longues
ailes de gaze, la longue robe d'émail, les deux globes de cristal,
quel étonnement n'éprouviez-vous pas, et quelle peur de voir de
uouveau la forme s'en aller en ombre et l'être en chimère! (Idem.)
Peut-être ce style ne s'élève-t-il pas assez haut pour êlre à l'abri de la
(larenthèse.
M. Napoléon Landais indique ks exemples suivants :
Une petite bouche, pourvu qu'elle ne le soit pas excessivement
(car tous les excès sont des défauts) est belle naturellement, parce
qu'elle s'ouvre avec plus de grâce et \\\\ souris plus lin. f tnonyme.)
DES SIGNES DE POi\CÏUATIO;\. i2l
Il (f incrédule) porte dans son cœur le juge qui le condamne.
(YOUNG.)
Conlbndant rapostro[jhe avec la parenthèse, M. Napoléon Landais vous
avertit charitablement que asi le discours insère, qui l'ait parenthèse, est très-
court, on ne se sert pas du signe delà parenthèse, mais qn'on le met seule-
ment entre deux viigules. » (1) A cet avertissement si gracieux il joint cet
exemple non moins gracieux.
Que direz-vous, races futures.
Quand un véritable discours
Vous apprendra les aventures
De nos abominables jours ? ( Akokymr. )
• II est essentiel, ajoute-t-il, que la parenthèse soit très-courte. • Dans
Notre-llanie de Paris , Victor Hugo s'en permet de passablement longues.
Ces deux exemples du Dictionnaire de l'Académie : Longue parenthèse.
Courte parenthèse, prouvent qu'en effet il y en a de longues et de courtes.
Je ne veux pas dire par là que les longues soient préférables aux courtes.
C'est comme si je disais qu'un feuilleton de Jules Janin vaut mieux qu'un
vers de Victor Hugo, ou le Journal des Débats mieux que le Charivari. En
fait de choses longues, je n'aime que les longs jours et les longs amours.
Bref, retenez bien qu'un style embarrassé de parenthèses est aussi agréa-
ble qu'un chemin semé d'ornières et de cailloux.
M. Victor Hugo et les poètes modernes ont trouvé que la pareu-
Ihèse était d^un effet peu gracieux dans les vers , et Tont remplacée
la plupart du temps par le tiret qui ne peut nullement en tenir
lieu. Pour ma part, je reste à cet égard tout à fait classique.
— Waterloo 1 Waterloo 1 — Qu'ils sont fiers de leur gloire !
Et pourtant ont-ils rien, même dans leur victoire
( Que l'art sublime des combats ,
Moins que la trahison , vous savez , leur a faite ) ,
Qui vaille, au front de la défaite,
Ce mot: a La gardr mkurt, elle ke se rkad pas»?
(L. N. La Bataille d'Is/y.)
Les deux vers mis en parenthèse, dans cet exemple, doivent être pro-
noncés plus bas , comme quelque chose qu'on n'ose se dire , tant c'est hon-
teux pour l'humanité; ce qu'indique parfaitement la parenthèse; ce que
n'indiquerait pas la virgule, ni n)êniele tiret.
On met aussi entre deux parenthèses les chiffres qui marquent
l'année d'un événement, — les renvois, soit en nuniéros, soit en
(1) l'iirase liés claiit cl très tléganle '.
•<-- (.Jl.VM.UAJKE IIVAAÇAISK.
aslérisques, qui iiidiquenl une oole au bas de la page ou à la lin
du discours, du chapitre, — ainsi que le nom des auteurs cités.
Exemple :
Cent dix mille Perses , sous les ordres de Mardoniiis, abordèrent
dans les plaines de Marathon , où ils furent défaits par dix mille
Athéniens et mille Platéens, que commandait Miltiade (490).
Une chose des plus importantes à laquelle n'ont pas songé les
grammairiens , c'est la place que doivent occuper les signes de
ponctuation par rapport à la parenthèse.
Au milieu d'une phrase simple , les signes de la parenthèse rem-
placent la virgule , qu'on emploierait pour une proposition moins
indépendante. Exemple :
Le pigeon profita du conflit des voleurs.
S'envola, s'abattit auprès d'une masure ,
Crut pour ce coup que ses malheurs
Finiraient par rette aventure;
Mais un lïipon d'enfant [cet âge est sans pitié)
Prit sa fronde et du coup tua plus d'à moitié
La volatile (d) malheureuse. (La 1''omtaink.)
Je crois aussi (soit dit sans vous déplaire)
Que femme pi-ude , en sa vertu sévère,
Peut en public faire beaucoup de bien,
Mais en secret souvent ne valoir rien. (Voltaire, cité par ^iV. D.)
Si la parenthèse vient à la suite de la proposition qu'elle expli-
que ou raodiûe , le signe de ponctuation qui doit suivre cette pre-
mière proposition se place immédiatement après la parenthèse
fermée. Exemple :
Caton se la donna ( la morl). — Socrate l'attendit. (Lemierbb.)
C'est qu'il ne suffit pas aux nobles ,
Pour être plus que vous, d'avoir un nom pompeux
(Et d'ailleurs vous êtes tous nobles ,
Car n'avez-vous pas tous des héros pour aïeux ? ) ;
C'est qu'un souffle divin frissonne dans vos fibres ;
C'est que vous êtes grands , c'est que vous êtes libres ,
Et que la liberté, doux fruit
De vos efforts marqués par de sanglants vestiges ,
Fait éclore de tels prodiges
Au cœur des nations ou son soleil reluit. (L. N. Fleurs du Danube.)
(I) ro/«<(76 est leguiiéremiut masculin.
DES SIGNES DE PONCTlUTfOX. 425
Je croyais, moi (jugez de ma simplicité), (1)
Que l'on devait rougir de la duplicité ,
Que trahir son ami, c'était faire un grand crime. (Destouchks.)
Quand , au contraire , les mots en parenthèse sont placés en tète
delà proposition qu'ils expliquent ou modifient, la parenthèse fer-
mée n'est suivie d'aucun signe. Exemple :
( 888) La diète germanique, que Charles le Gros avait convoquée,
et par la quelle ce prince fut déposé lui-même, éleva au trône Ar-
nould , bâtard de Carloman de Bavière.
Quand la phrase en parenthèse se rapporte à une suite de propo-
sitions complètes dont elle est entièrement séparée par la ponc-
tuation , elle reçoit elle-même un point avant la parenthèse fer-
mée.
Quatre corps étendus ! que de biens ! Mais pourtant
Il faut les ménager ; ces rencontres sont rares.
(Ainsi s'excusent les avares. ) (La Fontaine. )
C'était un privilège des écoliers d'être pendus chez eux.
(La plupart de ces privilèges, pour le noter en passant, et il y
en avait de meilleurs que celui-ci , avaient été extorqués au roi par
révoltes et mutineries. C'est la marche immémoriale. Le roi ne lâ-
che que quand le peuple arrache. Il y a une vieille charte qui dit la
chose naïvement , a propos de fidélité : — Cnnbusjidelitas in reges,
quœ tamen aliquoties seditionibus interrupta, multa peperit pvnnlc-
gia ) (2). ( Victor Hugo. )
CROC-EN-.TAMBE , S. m. (Le G final de cuoc se prononce forte-
ment. ) (Dictionnaire de V Académie.)
Aucun des signes modificatifs (Je point interrogatif et le point
exclamatif) ne peut être remplacé par les parenthèses : Exemple.
Mais que John Bull a bonne grâce
A vous braver ainsi, caché modestement
(Oh ! le superbe trait d'audace ! )
Derrière le Hongrois, le Russe, et l'Allemand ! [h.^. Fleurs du Dan.)
11 en est de même du guillemet.
(1) Cette virgule est nécessitée par le pronom mol.
(2) La fidélité envers les rois, en tant qu'elle est pourtant quelquel'oi.»
inlerronipue par lies séditions , l'nl'anlf fx'îiiicoup de privilé^rs.
i24 ghammaiuk phancafse.
Des Crocbets.
On appelle crochets, en termes d'imprimerie, certaines
parenthèses moins usitées que les parenthèses ordinaires,
et qui consistent en des lignes verticales dont les extrémités
sont recourbées à angle droit [J. On ne les emploie guère
que lorsque les parenthèses jouent déjà un rôle particu-
lier. Exemple :
Dufort esl mon ami d'enfance. 11 est appelé à une place émi-
nente; il connaît mes besoins , et plus d'un emploi est à sa dispo-
sition ; il est flatté de me voir , mais il n'est pas obligé de deviner
l'objet de ma visite [tous les amis ne ressemblent pas a cenx du
Monomotapa (La Fontaine, fable des Deux Jm>s]\; je le mets sur
la voie , etc. (Cité par M. Frey. )
On met ordinairement entre deux crochets les mots d'un texte
qui sont interpolés (et non pas interposés , comme dit M. Napoléon
Landais) , c'est à dire , insérés par ignorance ou par fraude.
On nomme encore crochets certaines figures recourbées qui ser-
vent à lier ensemble deux ou plusieurs articles.
Crochet se dit encore de ces traits recourbés ou droits qui s'a-
joutent à la queue de certaines notes de musique.
De r.4ccolafle (1).
Uûccolade est, dit l'Académie, une sorte de trait en
forme de crochet brisé à son milieu ( — ■), qui sert dans
récriture et dans l'impression, à embrasser plusieurs objets,
soit pour en former un tout, soit pour montrer ce qu'ils ont
de commun ou d'analogue entre eux.
L'accolade s'emploie souvent dans les comptes, dans la
formation des tableaux, etc., et se place, suivant le besoin,
horizontalement ou perpendiculairement; elle est droite ou
renversée. Exemples :
(1) Du latin <?</, a, et c«//h»i , con : euibrassement , liaison.
T. II.
42(J IIKAIMMAII'.K IKWÇAISK.
Variation et gradation des Caractères.
Il ne suffit pas qu'au moyen des signes de ponctuation le sens
soit rendu parfaitement clair et intelligible, il est en outre de cer-
tains mots, de certaines expressions, de certains passages qui de-
mandent à être distingués du reste du discours. On emploie pour
cela des caractères différents. Exemples :
On avait autrefois tant de confiance dans la vertu de certaines her-
bes , qu'on les croyait capables d'opérer par le seul contact. De
la cette expression (qu'on emploie en parlant a une personne de
mauvaise humeur): Sur quelle herbe aeez-vous marché aujourd'hui'^
Cy***, l'ami de tous les gens de lettres, a la manie de tutoyer
toutes les personnes qu'il a vues deux fois. Rencontrant un jour
M. Alexandre Dumas , il lui prit la main en disant: « Bonjour, mon
ami ; comment te portes-tu ? — Très-bien , mon ami ; comment te
nommes-tu? »
L'énigme a quatre mois : Le peuple vedt manger.
(Babthklbmy. Némésis. )
Les citations latines, les inscriptions doivent toujours être diffé-
renciées par le caractère. Exemples :
On spécule partout sur le sale décime ;
L'rturt sacra fumes (1) est leur seule maxime.
(Barthélémy, Néwésls.)
Le prince Henri de Prusse , visitant a Genève les fabriques d'hor-
logerie, s'arrêta long temps dans l'atelier d'un artiste en rouages.
En sortant il lut sur la porte cette inscription : Le loisir des gens
OISIFS FAIT LE TOURMENT DES PERSOiNNES OCCUPÉES. « Cela pourrait
me regarder? dit le prince. — Oui, monseigneur, répondit l'ar-
tiste , c'est a cause de vous que cette inscription est là depuis vingt-
cinq ans. Je recevais alors d'exactes nouvelles d'Allemagne ; tout le
quartier accourait chez moi pour entendre le récit de vos victoires ,
et je fus obligé d'avoir recours a cet avertissement pour écarter les
importuns. »
On souligne dans l'écriture les mots ou les passages qui doivent
être imprimés en caractère différent. Une ligue pour l'italique, deux
lignes pour les petites capitales ou médiuscules.
(1) La sacrée l'ai m de l'or.
DES SKIÎVES DE PONCTUATION. 427
Des Caractères d'Imprimerie.
On enlend par caractères d'imprimerie de pelils parallélipi-
pèdes métalliques dont chacun porte gravée en relief, à une de
ses extrémités , une lettre ou toute autre figure employée dans
l'impression des livres. La matière des caractères d'imprimerie se
compose ordinairement d'un mélange de plomb et de régule d'anti-
moine. Graver, fondre des caractères. Graveur, fondeur en carac-
tères. Caractères neufs. L'invention des caractères d'imprimerie est
due à Schaeffer et date de 1450. On dit aussi: types.
Caractère se dit souvent de l'ensemble des types de même gros-
seur ou force de corps. Caractère usé. La force de corps d'un ca-
ractère , la dimension de la pièce fondue que supporte l'œil de la
lettre , et qui se mesure par points typographiques du côté du cran.
Ce caractère est fondu sur le corps dix, sur le corps douze, etc.,
c'est à dire, sur un corps de dix points, de douze points typographi-
ques. — Le poitit typographique est une mesure qui vaut deux points
ou un sixième de ligne. — On nomme lettre de deux points une grande
lettre en forme de capitale qu'on place au commencement d'un ou-
vrage ou de chacune de ses principales divisions, et qui a une force
de corps double de celle du caractère qu'elle accompagne. A cette
dénomination amphibologique on a cru devoir substituer le nom
de lettre binaire. Il y en a qui lui préfèrent celui de lettre initiale,
sans songer que chaque mot a aussi sa lettre initiale qui n'est pas
du tout celle dont il s'agit. La lettre binaire a succédé à la lettre
montante , qui avait succédé à l'ancienne lettre dite de deux
points. Il y a une différence sensible entre la lettre binaire ou de
deux points et la lettre majuscule ou capitale. La lettre binaire a
une forme carrée, plus développée; les jambages en sont plus dis-
tants l'un de l'autre. — L'œil d'un caractère, le relief de la lettre, la
partie du caractère qui laisse son empreinte sur le papier, et qui
dans les caractères de même corps varie souvent de dimension.
Gros œil. Petit œil. OEil ordinaire. OEil moyen. OEil se dit aussi de
l'ensemble que présentent à la vue les caractères imprimés. L'œil
de ce caractère ne me plaît point, il est trop gros , il est trop petit.
Les pleins, les déliés d'une lettre. Des pleins maigres. Des pleins
bien nourris. Les jambages d'une lettre. Lettres taillées. Lettres
ornées. Lettres ombrées ou à relief. Lettre grise ou historiée,
grande capitale ornée de certaines figures et ordinairement gra-
vée sur du bois ou sur du cuivre.
i'ii^ (iUAMMAlKE KKA.NÇAISE.
On appelle cran le pelil sillon, la petite cannelure faite sur uu
des côtés du corps de chaque lettre, pour que l'ouvrier puisse pla-
cer les caractères dans le sens convenable , lorsqu'il compose. Le
côté du cran. — Il faut distinguer les côtés du corps des deux côtés
dits d'approche. — Le bas et le dessous de la \lige forment le pied.
L'épaisseur de la tige se mesure entre les deux côtés d'approche.
Approche horizontale , dislance entre les lettres. Approche verti-
cale, distance entre les lignes.
On n'a distingué pendant long-temps que deux sortes de carac-
tères : le romain et Vitalique. Depuis quelques années on a intro-
duit dans l'imprimerie cinq autres espèces d'écriture: la bâtarde,
la coulée, Y anglaise, la ronde , et la gothique.
La bâtarde est une sorte d'écriture penchée , à jambages et à liai-
sons arrondies, qui tient le milieu entre la ronde et la coulée.
La coulée est un caractère d'écriture penché, dont toutes les
lettres se tiennent et dont les jambages sont droits. Ces deux carac-
tères n'existent déjà plus.
V anglaise est une sorte d'écriture également penchée, à pleins
un peu grêles et à déliés très-fins. Exemple :
^Z^&f Âo??vm&J •ne a^ère?^â e^tli'e ecMv aue /uif^ le mérUe.
La ronde est une sorte d'écriture dont les traits son presque per-
pendiculaires. Exemple :
CUeuœ (oi^ aoyiv&tvawï ve monde : ta loi/ du> pM,i4 rotb eh laloi cm piiu) rir;.
La gothique est un caractère d'écriture à traits sinueux et à ex-
trémités angulaires. Il y a la gothique dite allemande et la gothique
moderne. Exemple de l'une et de l'autre :
^Çimes^-vous les uns Ui attires, afin Vlin (jeureujr.
Il existe un nouveau caractère d'écriture nommée américaine,
que quelques uns recommandent comme de beaucoup préférable à
Y anglaise.
Il y a encore X égyptienne , caractère exagéré , à la vue duquel
M. Frev s'écrie :
DES SIGNES DE POi\CTUATIO-\.
Il nous faut du nouveau , n'en fùtU plus au monde 1
120
Exemple :
Les hommes sont égaux.
Le grand nombre de caractères divers que possède aujourd'hui
l'imprimerie française offre deux genres ou types bien marqués parla
nature même de leurs services : 1° le type ordinaire , que son
adaptation variée sur les corps divise en régulier et irrégulier;
2° le TYPE AUXILIAIRE OU de FANTAISIE , que la forme particulière
de ses lettres partage en trois espèces : œil modifié du romain or-
dinaire , œil à extrémités généralement circulaires , et cuil à ex-
trémités angulaires.
Tablean des divers Caractères d'imprimerie.
PoinU
typographiques
crtés
par FoDKNiEn
en 1-37.
NOMS
CONVENTIONNELS
ASCIEXS.
EXEMPLES.
Corps 3. .
II..
leur toniact . el t'est leur privatioDsqui les rend mal-
Perle
5..
Parisienne
heureux L'amour, la charité pourrait faire un
6..
Non-pareille (1)....
paradis de la terre.
!..
Mignonne
Où règne ramour,renvie ne peut se'journer
8..
Petit- texte
Les hommes d'exception ont le
9..
10..
Gaillarde
tort de croire toutes les natures
taillées sur leur patron. Peuples,
Petit-romain
H..
Philosophie .......
n'oubliez pas que c'est la ré-
12..
Cicéro..
volution française qui a pro-
clamé le grand principe
de la liberté dont elle
14..
16..
Saint-Augustin. . . .
Gros-texte
18..
Gros-romain
voudrait répandre les
20..
Petit-parangon ....
bienfaits sur toutes
22..
Gros-parangon
les nations.
24..
Palestine
Je mii pas
changé en
28..
1
Petit-canon
fl) L'Académie écrit en un seul mot nonpareille. Les autres écrivent nompartiUe. La véritable or-
thographe de ce mot est nim-parcilk; uni ne poutiint se rappiochci de panilU . ^ans se changer en
mnn à cause du p. ce qui le défigure passaMrminl.
■ÎÔO GUVMMAmE l'U.V.XÇAISi:.
II y a encore le 36 ou Trismégiste, le 44 ou Gros-canon, le 56
ou Double-Canon, le 72 ou Triple-canon, le 96 ou Grosse Non-
jHireUle , tous caractères trop gros pour pouvoir figurer ici.
De la combinaison bien entendue de ces divers caractères résulte
l'art de parler aux yeux.
Cicéro gros œil. Vicéro petit œil. On dit par ellipse du quatre, du
cinq, du six, etc., pour du caractère dont le corps a quatre, a
cinq, a six points typographiques. On nomme caractère poétique
une espèce de caractère romain qui diffère du type régulier par un
œil maigre , à panses et à jambages plus serrés. Il offre cet avan-
tage , que , par exemple , le onze poétique peut généralement re-
produire sans coupure le vers alexandrin dans un in-octavo moyen,
et le dix poétique dans l'in-douze , tandis qu'il faudrait dans les
deux cas le caractère ordinaire immédiatement au dessous pour
faire entrer le même vers dans une seule ligne.
Lettres supérieures, Lettres plus petites que le caractère qu'elles
accompagnent, et qui figurent en haut dans les abréviations : 1°, 1",
M^e, etc. Lettres microscopiques , Lettres très-petites.
Voilà, je l'espère, un traité complet de ponctuation (1),
lequel, pour parler comme Jules Janin , ne laisse rien à dé-
sirer. Qu'il y ait dans tout cela beaucoup d'esprit et de lo-
gique, qui en doute? Peut-être quelques maîtres de langue,
infatués de Girault Duvivier ou de Napoléon Landais, et in-
corporés de telle sorte avec eux , qu'on ne saurait les en sé-
parer sans les faire crier. Criez , sifflez, soufflez, cela m'est
bien égal. Jetez votre langue aux chiens, je n'irai pas la
ramasser.
(1) Seulement cela nous a mené plus loin que je ne pensais. Je com-
mence à craindre que l'ouvrage ne puisse tenir dans les limites que nous
nous étions imposées. Est-ce que nos souscripteurs oseraient se plaindre
que la mariée est trop belle ? J'ose espérer au contraire qu'ils apprécieront
la peine que je me donne pour leur faire un livre digne d'eux, et que, sen-
tant eux-mêmes, mieux que je ne l'ai l'ait d'abord, combien il est impossi-
ble de prévoir jusqu'où peut aller un ouvrage de la nature de celui-ci , où
tout est à créer, ils ne paralyseront pas par de misérables cbicanesle zèle
qui m'anime pour le bien public.
On ne doit pas oublier que pour les enfants qui apprennent à lire, et pour
tous ceux en général qui lisent sans comprendre , les signes de ponctua-
tion ne sont que des repos.
DES SIGNES DE PONCTUATION. A~)\
Il ne faut tenir qu'an suffrage des cœurs bons et des es-
prits droits.
C'est ce que me répète tous les jours mon compatriote et
ami M. C. Etienne, la seule voix encourageante qu'il me
soit donné d'entendre dans mon exil , au milieu d'un peuple
qui ne donne pas dans l'amour exagéré des lettres ni des
lettrés... Chut !
A chacun donc son élément 1
Ridicules pédants (1), qu'une idée assassine,
Si vous ne roulez pas de ce livre charmant ,
Où partout un palais remplace une ruine.
Dans la bourbe de la routine
Barbottez éternellement.
De quelques antres (Signes nsités dans
l'Imprimerie.
C'eût été ici le lieu de parler des lettres majuscules, qui sont
aussi des auxiliaires de la ponctuation ; mais, puisque nous en som-
mes sur les signes propres, nous terminerons auparavant le chapitre
des signes. 4
XetTRE dominicale, La lettre qui
marque le dimanche dans l'a Imanach per-
pétuel. Il yen a sept, et ce sont les sept pre-
mières, de A à G. A indique le premier
jour du mois, B le second, G le septième.
On met ensuite A pour le huitième, et
ainsi de suite. Si A est la lettre domini-
cale d'une année , tous les jours du mois
où se trouve un A sont des dimanches.
Il en est de même des autres lettres qui
deviennent successivement dominicales.
Dans les années bissextiles, il y a deux
lettres dominicales, dont l'une sert depuis
le 1''' janvier jusqu'au l^' mars, et l'autre
depuis cette époque jusqu'à la fin de l'an-
née. Les lettres deviennent dominicales
d'une année à l'autre, dans un ordre ren-
versé. Si la lettre dominicale d'une année
est A, l'année suivante, c'est G. Pour cal-
culer les lettres dominicales des années,
entre 1800 et 1900, on prend le nombre
de l'année, sans tenir compte des siècles,
Zi5 par exemple, s'il s'agit de l'année 18/15.
On ajoute le quart exact de ce nombre ,
sinon le quart avec l'excès. On divise en-
suite par 7 et on retranche de 6 le reste de
la divison. La différence indique la lettre
dominicale en prenant les lettres dans
l'ordre alphabétique, c'est à dire A pour 1,
B pour 2, etc. Si la différence est O, la
lettre dominicale est G.
Le cycle des lettres dominicales est de
vingt-huit ans.
(En latin dominicalis , de dominus, sei-
gneur.)
liETTRES HIÉROGLYPHIQUES, SC dit
improprement de certaines figures, de cer-
tainscaractères dont se servaient les Egyp-
tiens. (Du grec Itiéros , sacré, et gluphu ,
je grave. )
IiETTRES NUMÉRALES, Les lettres dont
les Grecs et les Romains se servaient pour
(1) Je n'entends ]>arler que de certains Béotiens, comme j'en ai rencontré quel-
ques uns. Quant aux hommes bons et intelligents, ils (mt tous droit à mes hommages.
.1
.',7,1
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
représenter les nombres. Les lettres nu-
mérales des Romains, au nombre de sept ,
sont : C, D, I, L, M, V, X. On les ap-
pelé encore chiffres romains ou chiffres de
compte. (Du latin numerus, nombre.)
liETTHlNE , Petite lettre qui se met en-
tre parenlbèscs, au dessus ou à cùlé d'un
mot , pour renvoyer le lecteur à des notes
placées, soit à la marge, soit au bas des
pages. 11 se dit également des lettres ma-
juscules qui se mettent au haut des colonnes
ou des pages d'un dictionnaire, pour indi-
quer les initiales des mots qui s'y trouvent,
ou danslespagesjdansles colonnes mêmes,
pour indiquerle changement de la syllabe
initiale. Les lettrines ne sont susceptibles
d'aucune ponctuation.
Astérisque ou étoile, Signe en
forme d'étoile ('), qui indique un renvoi,
ou qu'on emploie pour quelque désignation
convenue. Quand il n'y a qu'une ou deux
notes dans la page , l'astérisque entre pa-
renthèses suffit. S'il y en a trois, ou plus,
il faut se servir de chiffres : (1), (2), (3), etc.
L'astérisque sans parenthèses convient
pour les notes de notes. Dans les pièces
de théâtre, on marque souvent d'un asté-
risque les vers qui doivent être suprimés à
la représentation. On remplace ordinaire-
ment par des astérisques les syllabes d'un
nom propre, dont on ne met que la lettre
initiale : M. G^**'. Souvent on met autant
d'astérisques que le nom propre comporte
de lettres. De cette manière l'anonyme
n'existe plus guère que pour les étrangers.
On désigne par l'expression Monsieur trois
étoiles quelqu'un qu'on ne veut pas nom-
mer , ou qui n'est qu'un personnage ima-
ginaire. On écrit et on imprime Monsieur
ou M. "'*.
(En latin asleriscus,à'aster, astre.) M. Na-
poléon Landais raille l'Académie sur ce
qu'elle n'écrit pas à la française astériqtic
au lieu d'astérisque, beaucoup trop grec et
trop latin. Pourquoi ne pas écrire de
mêmeotc/i^ueaulieu d'o6e/(i'7«e.' C'est, dit
M. Napoléon Landais, que l'Académie
veut que nous soyons Grecs et Latins avant
d'être Français. Ah 1 Messieurs les maîtres
de langue! Ah! Monsieur J. B.! Ah!
Monsieur L***! Que vos jugements sont
impénétrables!
Guidon de renvoi, ou simplement
GUIDON, Marque, signe quelconque que
l'on fait en ajoutant quelque chose à un
écrit, pour indiquer l'endroit où l'addition
doit être placée , et que l'on répète au
commencement df cette addition. — En
Musique , Marque que Von fait au bout
d'une ligne, pour indiquer l'endroit où doit
être placée la note qui commence la ligne
suivante.
M. Napoléon Landais prétend que le
guidon est absolument la même chose que
l'astérisque. Aussi n'en parle-t-il que pour
mémoire. 11 aurait mieux fait de n'en pas
parler du tout, à l'exemple de M. Girault
Du vivier, dont la curiosité ne va pas si
loin, fort heureusement.
Croix, Marque formée de deux traits
croisés ("f*). Autrefois on se servait de mi-
nuscules italiques du même corps que le
texte , accompagnées de parenthèses ,
quand les notes étaient fréquentes. Lors-
qu'elles l'étaient moins, la minuscule était
remplacée par Vastèrisqac entre paren-
thèses; on doublait l'astérisque pour une se-
conde note de la même page, mais pour
la troisième on mettait une croix , et pour
la quatrième un pied-dc-ntouche. On met
dans certains livres, dans les dictionnaires
surtout, une croix en tête des articles ou
des mots qu'on veut faire remarquer. C 'est
ainsi que dans le Dictionnaire des Dic-
tionnaires, tous les mots omis par l'Aca-
démie sont précédés d'une croix.
FlED-DE-MOUCHE, Signe qu'on figure
ainsi (^) et dont on se sert quelquefois
pour les renvois.
Main. |^3?* « On ne se sert guère d'une
main dessinée que dans les feuilles pu-
bliques, pour attirer les yeux sur une an-
nonce de quelque utilité ou de quelque im-
portance." M. Napoléon Landais n'en parle
ainsi que pour éviter le reproche d'avoir
fait des omissicms. Nous lui ferons pour-
tant celui d'avoir omis le pied de mouche.
Pourvu qu'on ne me fasse pas , à moi ,
celui de disputer sur un pied-de-mouche!
Aux yeux de M. Napoléon Landais, le
pied-de-mouche, la main, la croix, le gui-
don, etc., sont des signes orthographiques.
RÉCLAME, y. Méthode du Genre,
page 559.
Signature, Lettres ou chiffres que
l'on met au bas des feuilles imprimées,
pour en reconnaître l'ordre quand il s'a-
git de les assembler et d'en former un vo-
lume. Vérifier les signatures.
DE QUELQUES AUTRES SIGNES d' IMPRIMERIE. J?55
Des signes de Correction.
Aujourd'hui que Tari d'écrire est la proie de tous, que chacun
aspire au litre d'auteur, que chacun a ses petites impressions de
voyage , ses petites esquisses de salons , sa petite tragédie classi-
■que ou romantique , son petit roman, sa petite anecdote, sa petite
correspondance, sa petite traduction, son petit pamphlet politique
ou littéraire , sa petite ordonnance municipale ou ecclésiastique , sa
petite harangue, son petit manifeste, sa petite circulaire, son pe-
litprospectus, son petit bouquet à Iris, sa petite charade, son petit
rébus, sa petite prose ou ses petits vers à faire imprimer, la correc-
tion des épreuves est devenue partie intégrante de la grammaire.
^ Z)c/ert<Hr, effacez ou supprimez. , ^ Redressez.
2) Retournez, - Nettoyez.
^/ ALaissez un blanc quelconque.
. Nettoyez et redressez.
I I Remontez.
I . Rentrez pour marquer l'alinéa.
[ Alignez verticalement.
I Alignez liorizontalemrnt,
'^^^^^ Remaniez.
~\
1 |_J Transposez horizontalement.
I ' Transposez verticalement.
XL Ecartez horizontalement.
Ui- Écartez verticalement.
Rapprochez horizontalement,
r ) Rapprochez verticalement.
Observations particulières.
Les substitutions et les additions ne peuvent être marquées
que par des signes de renvoi figurés sur l'impression et reproduits
sur la marge à côté des lettres ou des mots à substituer, à ajouter.
Ces signes sont de simples traits verticaux ( // ) qu'on multiplie ac-
cidentellement en les variant par des traits horizontaux ([[]]).
Lorsqu'il s'agit d'ajouter une lettre dans un mot en même caractère,
et que l'endroit où il faut îa faire entrer n'offre pas assez d'espace
pour qu'on puisse y insérer le trait vertical sans effacer les lettres
voisines, on a recours à un autre signe qui a la forme d'un angle a
et dont on applique la partie aiguë à la base de l'œil, entre les deux
lettres qu'on veut ménager. On peut aussi modifier ce signe , s'il
doit être employé plusieurs fois dans la même ligne.
Si l'ajouté est considérable et qu'on soit obligé de le transcrire
T. II. SS
434 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
sur la marge do lêle ou de pied , on a soin de rendre le signe de
renvoi plus saillant , surtout sur la marge.
La substitution de Vitalique au romain ou du romain à l'itali-
que , pour un mot ou plusieurs mots , dit M. Frey , se marque sur
l'impression par un trait vertical placé à côté de la première lettre,
auquel on joint , en dessous et dans toute la longueur des mots, un
trait horizontal , lequel forme à son point de jonction avec l'autre
un angle droit. Ce trait angulaire est reproduit en raccourci sur la
marge , et en dedans de l'angle on écrit abréviativement rom, ou
it. On en fait autant pour le changement en médiuscules ou en ma-
juscules, en mettant méd. ou maj. au lieu d'if, ou rom.
Si la substitution ne doit avoir lieu que pour une ou deux lettres,
on peut se contenter des simples traits verticaux , en soulignant
les lettres indiquées sur la marge une fois pour l'italique, deux
fois pour les médiuscules , trois fois pour les majuscules, et quatre
fois pour les binaires ou lettres de deux points.
Pour les 2)ages à colonnes, pour les tableaux, si leurs blancs sé-
paratifs sont trop étroits, voici comment on s'en tire : on trace d'a-
bord un signe de renvoi sur l'impression; puis, ce signe, on le
prolonge, au moyen d'un trait fort léger, jusqu'au blanc le plus
voisin , où l'on indique la correction à faire.
Pans les corrections du plain-chant et de la musique on trace
un trait vertical sur la note à changer, on reproduit ce trait sur
la marge , et à côté l'on figure sur quatre ou cinq barres la note à
substituer.
Encore une observation générale et préalable , comme dit
M. Frey.
Les corrections se marquent , dans leur ordre successif, à droite
sur le recto des feuillets , et à gauche sur le verso ; c'est à dire
que sur le recto la première faute doit être indiquée immédiate-
ment au bout de la ligne , la seconde à droite de la première ,
et ainsi de suite; tandis que sur le verso l'indication de la pre-
mière faute se place tout près du début de la ligne , où elle figure
comme chef de file.
Si la marge de droite ou de gauche ne suffit pas , on peut em-
ployer les marges de tète et de pied , en se servant de signes par-
ticuliers plus saillants.
Le tableau suivant en apprendra plus sur ce sujet que toutes les
théories.
DE QLELOUES ALIKES SIGNES DIMPRIMEKllf.
Tableau des Signes de Correction!
555
VALEUR DBS SIGNES.
Supprimez en rapprochant
— en écartant
— des mots ou lignes .
— des blancs
Retournes des lettres
— des mots
Transposez horizontalement
— verticalement
Ecartez horizontalement. .
— verticalement
Rapprochez horizontalemen l
— verticalement
Redressez
— et nettoyez
Substituez
Ajoutez des lettres
— des vwts
Lettres gâtées, hautes ....
— d'un autre corps, ..
Majuscules, médiuscules. .
Italique, romain
Lettres supérieures
Apostrophes
Alinéa à marquer
— rt supprimer
Alignez verticalement. . . .
— horizontalement . . .
Remaniez
Bourdon
Eupacci a baisser =. = :.— •
TEXTE A COaHlGER.
C'est que je crois, lui di^s-je ,
quelle bonheur n'appartient
pas aux JgIqsoos} classes, mais
aux individus. ^^C'^st^^vrai,
repy^it - il , et il est désol^^t
d'être aojoj-a en revenir a cette
vulgaire [te[véri], [ujqje le ma-
SIGNES DE RENVOI.
désirs à la somme des qua^
nouvrier qui sait borner ses
rante^ous qu'il gagne par jour
est plus heureux que l'empe-
reur à qui la^^^puissance et
l'immensité de son empire ne
suffisent pas. Hélasloui^re-
"prït-il, c'est l'éducation mo-
Tâ^eT^èTiion p^s le bien-êt^e
maériel, qui est le princ/pe
réel et solide de J félicité. Je
n'ai pas voi/lu le croi/e, j'ai
été biej,* fou.
(/tfrédéric Soulié. ]
[Amour \tout est dans ce mot.
Mn()/ Desbordes Valmore est
l/un de nos plus grands poètes.
[ÏÏn Français ne se rend pas.
"^Vaincre ou mourir.
3/i57 2341
nS620 1512
La garde meu' '? ne se rend pas.
Vi-
Parmi les grandes dames de
enne, le sort de celles qui [ôïTt du
cœur et de l'intelligence j n'est
^A# /
r/3//
3/
rLJ 0;
#/
-/f
me //
// //
fous les plaisirs du cœur et de
l inlelligeuce'lem soul'intcrdits.
_ vou. cc^ue
x/ x/
556
GIUMMAIUE FUAAÇAISE.
Ajoutons eu passant l'explication de quelques termes particuliers, usités
dans rimprimeric, la librairie, etc.
Ax-PHABÉTIQUË , Qui ost selon l'ordre
de l'alpliabet. Une table alphaùclu/uc. Un
index alpliabéliquc.
Ordre alphabétique , L'ordre snl(in le-
quel les lettres sont rangées dans l'alpha-
bet. L'ordre nlpliabéliqac est employé dans
tous tes vocabulaires.
Écriture alphabétique, L'écriture an
moyen des lellres de l'alphabet, par oppo-
sition à Ecriture hicrof^lyplûque.
Alphabétiquement, Dans l'ordre al-
phabétique.
Bau.es, Instrument avec lequel on
étend l'encre sur les l'ornies. 11 consiste en
un manche de bois, évasé en entonnoir,
dont le creux est rempli de laine que re-
couvre une double peau de mouton ou de
chien fixée avec de petits clous. Toucher
une forme avec les baltes. Les baltes sont
aujourd'hui beaucoup vwijis employées que
les rouleaux.
Démonter les balles , Déclouer un cùté
des peaux , et ûler la laine.
Charger les balles , Prendre de l'encre
et la distribuer sur la peau des deux balles.
Banque , Le payement qui se fait aux
ouvriers , chaque semaine , ou tous les
quinze jours, ordinairement le samedi.
Jour de banque. Livre de banque.
Barre du châssis, Pièce de fer qui
traverse, dans le sens de la hauteur ou de
la largeur, le chûssis dans lequel on assem-
ble ou impose les pages.
BiSSAUX , Morceaux de bois coupés
obliquement.
Blanc , Tout intervalle plus grand que
les espaces ou les interlignes ordinaires.
Une ligne de blanc. On dit qu't/«e lettre
porte du blanc, pour dire que, dans la
composition , elle laisse naturellement de
l'espace entre elle et les autres lettres
qu'elle touche.
Blanchet , Morceau d'étoffe de laine
ou de soie dont on garnit le tympan d'une
presse, pour amorlirle coup de la platine
et rendre ainsi le foulage plus égal.
Blocage, Lettre renversée ou retour-
née que l'on met dans la composition
])Our t('nir provisoirement la place d'une
lettre qui manque.
Bourdon , Faulcd'un compositeurqui
a passé un on plusieurs mots de la copie.
// ,v a plusieurs bourdons dans celle page.
Bout de ligne , La dernière ligne
d'un alinéa , quand elle est terminée par
un blanc plus ou moins considérable.
Brocher, Assembler et plier les feuil-
les d'un livre de manière que les pages se
suivent, puis les coudre ensemble avec de
la ficelle ou du fil passé dans la marge in-
térieure, et les couvrir d'un papier de cou-
leur ou autre. Il n'est pas nécessaire de relier
ces cahiers , il suffît de les brocher. ( Acad. )
Brochure , Action de brocher un li-
vre , des livres ; ou le résultat de cette ac-
tion. Cette femme est occupée à la brochure.
Des livres en feuilles et en brochure. Dans
le premier sens on dit aussi brochage.
Brochure, Ouvrage imprimé qui a peu
d'étendue et qui n'es! que broché. Brochure
politique. Faire relier plusieurs broeliuresen
un seul volume. Les éditeurs donnent par-
fois le nom de demi-volume a une brochure.
Cadrât, Petit morceau de fonte plus
basque les lettres, et de la largeur de trois
ou quatre chiffres au moins , qui main-
tient les caractères et ne marque point
sur le papier.
Cadratin , Petit cadrât de la largeur
de deux chiffres. Dcmieadratin , Petit ca-
drî^tin de la largeur d'un chiffre.
Cahier , Une feuille ou une demi-
feuille d'impression pliée selon son format.
Dans les volumes de notre Grammaire , les
feuilles sont divisées en deux cahiers pour
plus de régularité, bien que cela augmente
te prix de coulure. Mais nous ne sommes pas
des gens si intéressés , mes éditeurs et moi;
bien que, pour ma part , J'aie reçu à cet
égard une bonne leçon de M" Firmin Didot.
Carton, Un ou plusieurs feuillets d'im-
pression détachés d'une feuille entière.
Le litre de notre ouvrage forme un carton de
quatre pages.
Carton, Feuillet qu'on refait, à cause
de quelques fautes qu'on y veut corriger,
ou de quelque changement qu'on y veut
faire. Faire un carton. Mettre un carton d
un livre. En ce sens on dit aussi Onglet.
Casse, Sorte de caisse ou de boîte
plate et découverte , composée de deux
parties qui forment ensemble un carré , et
divisée en petites cases contenant chacune
tous les caractères d'une même lettre.
Casse d'italique. Casse de romain. Haut dç
casse, La partie supérieure de la casse,
DE QUELQUES AUTRES
celle qui contient les capitales et différents
autres caractères. Bas de casse, La partie
inférieure 'de la casse, celle qui contient les
minuscules ou lettres ordinaires, appelées
aussi pour cette raison Lel très du bas de casse.
CasSEAUou Bardeau, Moitié de casse
dont les compartiments sont plus grands
et plus profonds, et qui sert de reserve
pour différents caractères.
Cassetin, ^Chacune des petites casses
ou cellules de différentes grandeurs qui
divisent une casse.
Chaperon , La quantité de feuilles
ajoutées au nombre Gxé , et destinées à
remplacer les feuilles gâtées pendant le
tirage. On dit plus ordinairement Main de
passe.
Châssis, Cadre de fer, ordinairement
traversé d'une barre , dans lequel on place
les caractères assemblés en page, en les ser-
rant de tous côlés avec des coins et des
biseaux. Toyez Rameite.
Chevauchage ou Chevauchement,
Effet de ce qui chevauche.
Chevaucher, se dit des mots qui vont
de travers, et particulièrement des bouts
de lignes qui montent ou descendent. Ces
lignes chevauchent.
Clichage, L'art ou l'action de clicher.
Les procédés de clichage varient.
Clicher , Faiie des planches solides qui
reproduisent en relief l'empreinte d'une
composition en caractères mobiles, et qni
peuvent servir à plusieurs tirages. Clicher
une page. Clicher un dictionnaire. On dit de
même, Clicher un fleuron, une vignette.
Cliché , se dit substantivement d'une
planche, d'un relief obtenu par le clichage.
Le cliché d'une page. Faire des corrections
sur les clichés,
Clicheur, Ouvrier qui cliché. Un ha-
bile clicheur.
Coins, Petits morceaux de bois angu-
laires, que l'on chasse entre le châssis et
les biseaux pour serrer la forme.
Colonne, Chacune di;s parties d'une
page qui est divisée de haut en bas en
plusieurs parties. Livre imprimé par co-
lonnes. Les colonnes d'un Journal. Les co-
lonnes d'un registre , d'un tableau. Les di-
visions , les comparlimenls d'un registre ,
d'un tableau, indiqués par des lignes tracées
de haut en bas. Une colonne de chiffres ,
Plusieurs chid'ies placés les uns au dessus
des autres. La colonne des unités, des dizai-
nes, des centaines , etc.
SIGNES D'OfPRIMERlE. 437
Composer, Assembler les earaclères
pour en former des mots, des lignes, et
des pages. La feuille est composée, maïs
elle n'est pas tirée.
Compositeur , Celui qui compose.
Compositeur aux pièces. Compositeur en
conscience. Compositeurs , c'est de vos rangs
(jue sont sortis le sage Franklin, le maré-
chal Brune , le poète Bcrenger.
Composition , L'art ou l'action de
composer. Jpprendre la composition.
Composteur, Petite règle de métal,
com])osée de deux parties assemblées en
équerre sur laquelle le compositeur ar-
range les lettres , pour former des lignes
toujours égales , d'après la longueur déter-
minée.
Conscience, Travail pour lequel on
s'en rapporte à la conscience de l'ouvrier.
Une journée de conscience. Mettre uncompo-
siteur en conscience.
Conscience, La réuni(m des ouvriers
qui sont habituellement en conscience; le
lieu où ils travaillent. C'est ordinairement
la conscience qui corrige les tierces. Aller à
la conscience.
Copie , L'écrit ou l'imprimé d'après le
quel on compose. Copie manuscrite. Copie
imprimée. Envoyez-nous de la copie.
Coquille, Lettre qui a été employée
pour une autre dans la composition , et
qu'il faut corriger. Faire des coquilles.
Coquille on papier coquille , Sorte de
papier collé dont la marque est une co-
quille.
Cornières , Équerres de fer qui sont
attachées aux angles du marbre d'une
presse d'imprimerie , et qui servent à
maintenir la forme.
Correcteur , Celui qui corrige les
épreuves.
Correction , L'art ou l'action de cor-
riger les épreuves, d'indiquer les fautes
de composition, afin que l'ouvrier les fasse
disparaître.
Correction, L'action du compositeur qui
exécute les changements indiques sur l'é-
preuve par le correcteur ou par l'auteur. La
correction de celte épreuve est terminée.
Corrections, Cihangements écrits à la
marge ou entre les lignes d'une épreuve
(lu d'un manuscrit. Epreuve chargée de
corrections.
Couplets , Charnières qui réunissent
la frisquette au grand tympan au moyen
de brochettes cylindriques en fer.
458 GIIAMMAIRE
COUFOIR, Insirumcnt pour "couper ou
rogner des interlignes, des filets , etc.
COUVERTURE, Le papier, la jjean, etc.,
qui sert à couvrir un livre. Couverture im-
primée. Couverture de vélin, de veau, de
basane, de maroquin, de chaf,'rin. Couver-
ture dorée. Riche couverture. Quand la cou-
verture d'un livre est de peau, on dit plus
ordinairement reliure. L'élégance d'une
couverture imprimic n'est pas sans influence
sur la détermination des acheteurs. L'ima-
gination du compositeur , du prote , du
patron , de l'éditeur , est souveraine ici.
Couverture avec cadre , fleurons, vignettes.
DÉCHARGE ou Papier de décharge,
Feuille de papier non collée , qu'on place
sur le tyn)pan pendant le tirage , pour em-
pêcher la maculation.
DÊCOGNOIR, Outil en bois qui sert à
chasser les coins.
Distribuer , Replacer dans leurs cas-
setins les différentes lettres d'une forme
qu'on vient de tirer.
Distribution, Action de disfribuer;
lettres .i distribuer. La distribution exige
beaucoup d'Iiabileté et de soin. Foici de la
distribution.
Doublage , Défaut qui consiste à faire
paraître doubles les lignes ou les mots.
Doublon , Faute qui consiste à com-
poser deux fois de suite un ou plusieurs
mots.
Encarter, Mettre, insérer un car-
ton à l'endroit d'une feuille où il doit être.
Ces quatre pages doivent être encartées, doi-
vent s'encarter entre ces deux-là.
ÉPILOGUE, La dernière partie ou la
conclusion d'un poème, d'un discours, etc.
(Du grec epi , sur, après, et logos, dis-
cours. )
ÉPISODE , Action incidente liée à l'ac-
tion principale dans un poème, dans un
roman. Un épisode bien amené. (Du grec
epi.^ sur, par dessus, et eisodios, qui arrive.)
ÉPREUVE , Feuille d'impression sur la-
quelle l'auteur ou une autre personne in-
dique les corrections , les changements
que devra faire l'imprimeur. La première
épreuve. La seconde épreuve. Corriger, re-
voir une épreuve. L'épreuve est revue, il n'y
a qu'à tirer. On tire les épreuves parfois au
laquoir , à la brosse, plus souvent a« rou-
leau, maisphisgénéralementiOHS presse. —
Les Allemands , faisant toujours des mots
qu'ils noTis empruntent la plus bizarre ap-
plication, disent correclionau lieu à'épreu-
FllAiSÇAlSE.
v6,commcihàisent preiivepourrépétition,
et rccension pour revue critique. C'est quel-
que chose de curieux.
Épreuve, se dit également des premiè-
res feuilles qu'on tire sur ime planche
gravée pour juger de l'état du travail , et
voir s'il n'y a point de fautes. La première
épreuve de cette estampe n'est pas bien ve-
nue. ( AcAD.) Il se dit, par extension, de
toute estampe, de toute gravure, tirée
après que le travail, est entièrement ter-
miné. Epreuve ou estampe avant la lettre.
Epreuve tirée avant qu'on ait gravé au bas
de la planche l'inscription qui en indique
le sujet.^ Epreuve ou estampe avec la lettre
grise. Epreuve tirée lorsque l'inscription
n'est encore gravée qu'au trait. Epreuve
ou estampe gravée après la lettre. Epreuve
tirée avec l'inscription au bas.
Errata, Liste des fautes survenues
dans l'impression , dit l'Académie , en
ajoutant que, lorsqu'il ne s'agit que d'une
faute à relever , quelques-uns disent erra-
tum. Ilfaut convenir que, si l'Académie a
une manche étroite, elle al'autre fort large.
Le père Le Vasseur , n'ayant trouvé
qu'une faute dans un de ses ouvrages, con-
sulta ses amis pour savoir s'il fallait mettre
errata ou erratum. Le père Simon lui dit :
Donnez-le-moi, j'en trouverai encore une,
et l'on mettra errata.
Cett(! anecdote fait ressortir tout ce que
la double terminaison adoptée pour le
mot dont il s'agit a de ridicule. Errata ne
signifie pas plusieurs fautes, mais une liste
de fautes. Un errata n'est pas une faute à
indiquer, mais l'indication d'une faute ou
de plusieurs fautes. Ecrivez donc au sin-
gulier un errata, et au pluriel des erratas ;
et, si vous voulez être conséquents, si vous
ne voulez pas être obligés de dire un pen-
sum et des pensa, un agcndum et des agenda,
un mémorandum et des mcmorenda , un
dupUcatum et df;s duplicata , de manière à
introduire les déclinaisons latines dans
notre langue, pincez-moi rudement l'erra-
tum et rejetez-le-moi vite dans son néant.
Pourtant nous avons contre nous cette
phrase digne de figurer dans les annîiles de
la langue : Des deux maxi.ma et minima de
la plaine, le uxxiMVii et le Mimnvii noctur-
nes subsistent seuls; te maximum et /c mini-
mum diurnes sont supprimés : l'amplitude
totale de cette excursion est de 2/3 de »u7/i-
ni6/re.s-. (A.BRAVAisetCH.MAHTiris.7o«rn<i/
des Débats. )
DE QUELQUES AUTRES
11 est vrai que MM. Bravais et Martins
sont des savants qui prennent les choses de
haut.
Espaces , Petites pièces de fonte , plus
basses que la lettre , qui ne marquent pas
sur le papier , et qui servent à séparer les
mots l'un de l'autre. Vne espace fine, une
espace forte.
ESPACEMENT, Intervalle qu'on laisse
entre les mots ou entre les lignes. iB.;)oac6-
vient régulier.
Espacer , Laisser un intervalle entre
les mots ou entre les lignes. Ce composi-
teur espace bien Les mots.
Etendage, Assemblage de cordes ten-
dues horizontalement sur les quelles on
étend les feuilles qui sortent de la cuve du
fabricant de papier et celles qui sortent
des presses de l'imprimerie. Faites porter
ce papier à l'étendage.
Étendage, Lieu où est l'étendage. Al-
ler A l'étendage.
Etendoir, Espèce de petite pelle à
long manche, qui sert à placer sur l'éten-
dage les feuilles imprimées.
ETOFFES, Ce que l'imprimeur fait payer
à raison de tant pour cent, au delà des
frais d'impression , afin de se couvrir des
dépenses que nécessitent le matériel, la
correction , l'éclairage , etc. Payer les
étoffes.
lies étoEFes d'une presse , Les acces-
soires indispensables pour la faire rouler ,
tels que blanchets, tympans, etc.
Feinte , Défaut de touche dans une
feuille imprimée, imperfection qui résulte
de ce qu'une partie de la forme n'a pas
reçu assez d'encre. Faire une feinte.
TOLIO, mot emprunté du latin. Feuillet.
Il ne se dit qu'en parlant de registres , de
manuscrits, etc., numérotés par feuillets
et non par pages. Folio recto , ou simple-
ment recto , La première page du feuillet.
Folio verso , ou simplement verso , Le re-
vers. Voyez au folio premier, au folio dix.
1*0110, dans l'Imprimerie, Le cliifTie
numéral qui se met au haut de chaque
page. Le folio de cette page est tombé. Vé-
rifier, changer les folios.
Format, La dimension d'un volume
en hauteur et eu largeur. Elle est détermi-
née par le nombre et la dimension des
feuillets que chaque feuille renferme. Dans
le format in-plano, ou format atlantique, la
feuille ne contient qu'une page de chaque côté.
Dans le format in- folio, la feuiilen'a que deux
SIGNES d'imprimerie.
459
feuillets, n'est ptiée qu'en deux. Le format
in-quarto a quatre feuillets ou huit pages ; le
format in-octavo huit feuilles ou seize pages.
Format in-douze , in-seize, in-dix-huit, in-
trente-deux. Grand format. Petit format.
Le format d'un volume.
Forme, Châssis de fer dans lequel sont
contenues des pages de caractères. Impo-
ser une forme. Serrer les pages d'une forme
avec des coins. Serrer une forme. Chaque
feuille se compose de deux formes. Tirer une
forme. Une forme de quatre pages , de huit
pages , etc. Laver les formes. Le lavage des
formes.
Foulage, Action de la presse sur les
feuilles qui reçoivent l'impression. La ré-
gularité du foulage contribue à la beauté de
l'impression.
Fouler. Cette presse foule bien ; elle
foule également , régulièrement.
Frisquette , Châssis sur lequel on
colle plusieurs feuilles de papier très-fort,
où l'on découpe autant de pages qu'il y en
a à la forme , et qu'on abat sur le tympan,
afin d'empêcher que les marges ettout ce
qui doit rester blanc ne soient maculés.
Découper la frisquette. Abattre la fris-
quette.
Frontispice, Le titre imprimé d'un
livre, placé à la preuiière page, et entouré
ou accompagné d'ornements et de vignet-
tes. On avait mis des attributs, des ara-
besques au frontispice de ce livre. (Acad.)
Frontispice, Gravure que l'on place en
regard du titre d'un livre, et dont le sujet
est analogue au but et à l'esprit de l'ou-
vrage. Le sujet d'un frontispice.
Galée , Espèce de planche carrée avec
un rebord où le compositeur met les lignes
à mesure qu'il les compose.
Garnitures , Les divers morceaux de
bois ou de métal dont on se sert pour sé-
parer les pages et former les marges. Gar-
niture de bois. Garniture de fonte.
Garniture, Tout ce qui est nécessaire
pour imposer, comme châssis , coins, bi-
seaux , etc.
Hausses, Petits morceaux de papier
que l'on colle çà et là sur le tympan, aux
ejulioits où l'impression vient faible.
Imposer, placer sur le marbre une
composition quelconque, la garnir con-
venablement de son châssis, de ses bi-
seaux, et la serrer pour en faire une forme.
Ces pages sont composées, il faut les imposer.
Imposer une feuille.
<'«0 GRAMMAIRE FRANÇAISE
Imposition, Aciion'ou mani» rf il'im-
|)Oser. Faire l'imposition d'une forme. Les
divers i;cnre.'< d'impositions
Imprimerie , L'art d'imprimer des
livres, etc. c IJ invent ion de l'imprimerie
est le plus ffrand événement de l'histoire.
C'est larèvolution mère.
» Sous la forme imprimerie, la pensée est
plus impérissable que jamais ; elle est vo-
latile, insaississable, indestructible. Elle se
mêle à l'uir. Du leuips de l'architecture ,
elle se faisait montagne et s'emparait puis-
samment d'un siècle et d'un lieu. Mainte-
nant elle se fait troupe d'oiseaux, s'épar-
pille aux quatre vents , et occupe à la fois
tous les points de l'air et de l'espace.
• Vienne un déluge, la montagne aura
disparu depuis long-temps sous les Qots
que les oiseaux voleront encore; et qu'une
seule arche Hotte à la siuface du cata-
clysme, ils s'y poseront, surnageront avec
elle, assisteront avec elle à la décrue des
eaux, et le nouveau monde qui sortira de
ce chaos verra, en s'é veillant, planer an
dessus de lui, ailée et vivante , la pensée
du monde englouti, d (V. Hlgo.}
L'imprimerie est la terreur des tyrans et
l'espérance des philanthropes.
Destinée à porter au loin la lumière ,
l'imprimerie, espérons-le, finira par éclai-
rer également tous les points du globe, et
alors, comme dit Victor Hugo, sera ac-
compli le magnifique rêve de l'intelligence,
avoir pour patrie le monde et pour nation
l'humanité. L'invention de l'imprimerie
est due à Laurent Goster, de Harlem , qui
se servit de caiactères d'abord de bois ,
puis de plomb , et ensuite d'etain. Un de
ses ouvriers, Faust , alla habiter successi-
sivement Amsterdam, Cologne, Mayence,
et Paris (1462) , et publia plusieurs ouvra-
ges , avec Pierre Schajffer et Jean Gens-
lleich, surnommé Guttemberg. Ces trois
hommes s'attribuèrent l'invention de l'im-
primerie.— On dit aussi Typographie.
Imprimerie, Les caractères, les presses,
et tout te qui sert à l'impression des ou-
vrages. Acheter une imprimerie. Les usten-
siles, le matériel d'une imprimerie. Une im-
primerie portative.
Imprimerie, Etablissement où l'on im-
prime des livres , etc. Aller à l'imprimerie
royale. Les ouvriers, le prote d'une impri-
merie.
Imprimerie en taille-douce, imprime-
rie lithographique, Etablissement, lieu
où l'on imprime des gravures en taille
douce, des lithographies.
Imprimeur, Celui qui fait imprimer
des livres , etc. , par des ouvriers qu'il
dirige ; ouvrier qui travaille à la presse ;
tout ouvrier qui travaille dans une impri-
merie. Imprimeur du roi. — Il y a vingt
imprimeurs dans cette imprimerie. Compa-
gnon imprimeur.
INTERFOLIER, Brocher ou relier un
livre, manuscrit ou imprimé , en insérant
des feuillets blancs entre les feuillets qui
portent l'écriture ou l'impression. Faire in-
terfolicr un livre où l'on veut écrire des notes.
Interligne , L'espace qui est entre
deux lignes écrites ou imprimées. De
grands interlignes.
Interligne, Lame deniétal,servantprin-
cipalement à séparer les lignes et à les main-
tenir. La longueur d'une interligne.
Interligner , Séparer par des inter-
lignes. Celle composition n'est pas interli-
gnée partout également.
Justification, La longueur des U-
gnes. La Justification est fixée invariable-
ment dans le composteur de l'ouvrier. Justi-
fication ordinaire. Grande Justification. Ce
vers dépasse la Justification.
Justifier , Donner à une ligne la
longueur qu'elle doit avoir. Justifier une
ligne. Absolument, Cet ouvrier Justifie avec
exactitude.
IiABEUR, Ouvrage considérable et tiré
à grand nombre, par opposition aux ou-
vrages de peu d'étendue , que l'on nomme
ouvrages de ville.
IiARRON, Pli qui se trouve dans une feuil-
le de papier mise sousla presse, et qui cause
une défectuosité dans l'impression. — Pe-
tit morceau de papier qui , se trouvant
sur la feuille à imprimer , reçoit l'impres-
sion, et laisse un blanc. — En termes de
Librairie, Lepli d'un feuillet qui n'apas été
rogné , quand on a relié le livre. Le relieur
a laisse plusieurs larrons dans ce volume.
IiIGNE , Les caractères rangés sur une
ligne droite dans une page. Il faut que le
compositeur redresse cette ligne. Ce livre
n'est pas à deux colonnes , il est imprimé à
longues lignes. Ligne de vers. Ligne de
sommaire. Ligne de titre. Ligne de pied ou
de blanc. Bouts de ligne.
Maillet, Espèce de marteau à deux
tètes qui est ordinairement de bois, et qui
sert pour serrer.
Main de passe. Voyez Chaperon.
DE QUELQUES AUTRES SIGNES D IMPRIMERIE.
4 'ri
Majuscule , lettre mAjuscuLE ,
CARACTÈRE MAJUSCULE, Grande lettre,
lettre capitale. (Du latin ntajiis, plus grand.)
Marbre , Piene sur laquelle on pose
les pages, pour les. imposer, et les formes,
pour les corriger. — La plaque de fonte
qui recouvre le coffre de la presse , et sur
laquelle pose la forme.
Marchepied , Planche en talus sur la-
quelle l'imprimeur place un pied , soit en
touchant , soit en tirant le barreau.
Marge , Le blanc qui est autour d'une
page imprimée ou écrite ; et principale-
ment le blanc qui est à droite du recto , à
gauche du verso, et au bas des pages.
Grande , belle , pelile marge. Marge de lete,
de pied.
Marger, Composer les marges d'une
ieuille à imprimer , pour les mettre en
rapport avec la forme.
Marginal, ale. Qui est à la marge ,
en marge. Note marginale. Les notes mar-
ginales des manuscrits ont souvent passé
datis le texte.
Marginer, Ecrire sur la marge d'un
manuscrit , d'un livre imprimé. J'ai mar-
giné quelques pages de votre mémoire.
Marron , Ouvrage imprimé furtive-
ment.
Marteau , Outil de fer qui a un man-
che ordinairement de bois , et qui est
propre à serrer comme le maillet.
MÉDIUSCULE , Petite capitale. ( Du
latin médius, moyen.)
Mettre en pages, ^Rassembler plu-
sieurs paquets de composition , pour en
former des pages d'une longueur déter-
minée.
Metteur en pages, Compositeur
chargé de la mise en pages.
Mise en pages (1), Action de mettre
en pages.
MINUSCULE, Lettre ordinaire, appelée
aussi lettre du bas de casse. (Dulat. minus,
plus petit. )
Mise en train , Action de tout dis-
poser pour le tirage d'une forme.
Moine , Endroit d'une feuille impri-
mée , qui n'ayant pas été touché ou ne
l'ayant été que légèrement, est venu blanc
ou pâle.
Onglet, Carton de deux pages.
Opérations, Compositions en plus
petit caractère que le texte, où des chiffres
simples ou compliqués de fractions ont
une disposition de colonnes conforme au\
opérations arithmétiques , qu'elles soient
séparées ou non par quelques filets per-
pendiculaires;— tout parangonnage un peu
compliqué avec ou sans accolade. Opéra-
tions d deux colonnes. Opérations partielles.
Ouvrages de ville ou éventuels ,
Les affiches, les billets de naissance, de
mariage , de décès , les adresses , les fac-
tures , les circulaires , etc. 11 est opposé à
labeur.
Page ; Un des côtés d'im feuillet. Les
deux pages d'im feuillet. Numéroter et
parapher les pages d'un registre. Page
blanche. — L'écriture ou l'impression con-
tenue dans la page même. Il faut tenir, il
faut faire la page plus longue d'une ligne.
Dans ce volume la page a trente lignes , il
y a trente lignes à la page. Une page à deux,
à trois colonnes. Cette page est trop blanche,
le tirage n'est pas égal. — Contenu de la
page considérée sous le rapport littéraire.
Il y a de belles pages dans cet ouvrage.
Pagination, Série des numéros de
pages d'un livre. La pagination de ce livre
commence au titre. Faute de pagination.
Paginer, Numéroter les pages d'un
livre. La préface est paginée en cltifj'res ro-
mains, et le reste du livre en chiffres arabes.
Papier, Composition faite ordinaire-
ment de vieux linge détrempé dans l'eau,
pilé par des maillets ou broyé par des cy-
lindres armés de lames, et réduit en pâte,
ensuite étendu par feuilles , que l'on fait
sécher. Le papier ainsi préparé ne peut
encore servir qu'à l'impression. Pour le
rendre propre à l'écriture il faut lui faire
subir une opération qu'on appelé le collage,
et qui consiste à plonger les feuilles dans
un mélange d'amidon et d'alun. Bon pa-
pier. Mauvais papier. Papier fm. Papier
qui a du corps, qui n'a pas de corps. Papier
de bonne pâte. Papier de cuve. Papier méca-
nique de toute longueur. Papier fort. De
grand papier , de petit papier. Papier à let-
tres. Papier vélin. Papier bien collé, mal
collé. Ce papier boit , parce qu'on ne l'a pas
(1) M. Frey a cru devoir simplifier ce mot ainsi qu'il suit : misenpage. Il a eu grand
tort, parce que cette locution n'est pas nn nom composé, pas plus que mise en oeui're,
mise en vente, mise en liberté, mise en accusation, mise hors, etc. M. Frey a simplifie
mise en train delà même manière. Cela n'est fias loiérabie.
T, II.
;.G
^42
bien colle. Papier battu , lavé, rii^lc. Pa-
pier dot-é sur tranche. Papier satine. Papier
à vigtieltcs. Rame, main de papier. Il y a
rinfft 7nains de papier à la rantc, et rinf^l-
cinq feuilles d la tnain. Moulin à papier. Pa-
pier blanc , papier écrit. lÀvre imprimé sur
grand papier , sur petit papier. Papier de
soie. On a fabriqué du papier avec de la
paille, de l'ortie, du chardon, etc. Papier de
Chine, Papier fait avec la seconde pellicule
de l'écorce de haaibou, réduite en pâte.
Format et Dimension des diverses
espèces de Papier.
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Roms des Papiers,
Papier pot
— tellière ou ministre
— couronne
— petit à la main.. .
— écu
— carré et coquille..
— cavalier
— grand raisin
— Jésus
— chapelet et soleil.
— colombier
— grand aigle
— grand monde ....
hauteur,
largeur.
32/i,84
32i!i,84
351,91
351,91
385,75
426,36
446,66
460,19
527,86
568,47
588,37
703,82
785,03
mijlimirtres
4 06,05
433,12
460,19
527,86
500,76
541,40
554,94
595,55
703,82
785,03
866,24
1,028,66
1,191,08
Nota. Ces grandeui'S sont prises sur papier d'Au-
vergne. Le papier d'Auvergne est un peu moins
grand que celui d'Angoulêmc, qui luî-niênie est
moins grand que celui d'Annonay. La différence
est peu sensible.
Le papier tellière est employé pour les
impressions de bureau et pour les pétitions.
Le couronne est une sorte de papier dont la
marque est une couronne , et qui sert éf^alc-
ment pour les impressions de bureau. Selon
l'Académie, Couronne serait féminin,
même en ce sens. Mais l'ellipse ! l'ellipse!
Faites attention à l'ellipse, tant recom-
mandée par MM. Bcsclicrelle. Une rame
de carré. Le carré est le papier qu'on emploie
dans l'imprimerie , pour le plus grand nom-
bre des ouvrages. L'ouvrage sera imprimé
sur papier carré fin, sur cavalier vélin, sur
Jésus, sur grand colombier. Le coquille est
une sorte de papier collé dont la marque est
une coquille. Le grand raisiii s'emploie sur-
tout pour les ouvrages qu'on imprime avec
un certain luxe. Le papier nom de Jésus , ou
simplement, papier Jésus, est une sorte d»
papier dont la marque portait autrefois le
nom de Jésus (I. N. S.). Le papier méca-
nique , d'une longueur indéfinie, entière-
ment fabriqué en coton, plus ou moins plu-
clieux , beaucoup moins fort que le papier
fabriqué à la main , et désaventageux encore
eti ce que l'un des côtés, comme le fuit ob-
server M. Frcy , porte l'emprcin te de la
toile sur laquelle il pose lors de la fabrica-
tion, tend néanmoins d tout envahir. Ce pa-
pier n'est pas fait pour résister à l'action des
siècles, et convient parfaitement pour les
ouvrages de Jules Janin et autres. Les an-
ciens ne connaissaient pas le papier. Ils se
servirent , pour le même usage , d'abord
de feuilles ou d'écorce d'arbre, puis de
tablettes enduites de cire, sur les quelles
on écrivait avec une sorte de poinçon ou de
grosse aiguille appelée style, et enfin de
feuilles faites avec des tiges de papyrus
battues. Le papyrus est une plante qui
croît en Egypte le long du Nil , et dont la
tige est triangulaire. De papyrus est venu
le mot papier. Au vu'' siècle , l'usage du
parchemin remplaça celui du papyrus.
L'invention du papier date du xi« siècle,
et son emploi du xiii^ siècle seulement.
Les papeteries ne s'introduisirent même
guère en France que vers 1340. C'est en
1798 qu'on a inventé en Allemagne une
machine qui convertit les chiffons en pâte
et la pâte en papier continu. Deux minu-
tes suffisent pour rendre le papier parfait
lorsqu'il est réduit en pâte , et la fabrica-
tion marche si rapidement qu'elle fournit
par minute environ vingt-trois pieds carrés
de papier. C'est le papier mécanique. Ce
procédé a été introduit en France en 1814.
L'invention du papier n'est pas moins
importante que celle de l'imprimerie.
Papier libre ou mort, Le papier non
timbré.
Papier réglé , Papier où sont tracées
d'avance les lignes sur les quelles on place
les notes de musique.
Papier timbré ou marqué, Papier mar-
qué d'un timbre , dont on est obligé de se
servir pour les écritures judiciaires , et
pour les actes publics ou privés , dans les
cas déterminés par la loi.
Papier de décharge. Toyez Décharge.
PapilloTAGE , Effet de l'impression ,
quand le caractère a marqué double , on
a laisse certaines petites taches noires aux
DE OLELOLES ALTliES
extréniiles des pages et des lignes. On dit
aussi frisoltemenl at doublage.
FAFILI.OTER. Celle feuille papUlole un
peu.
Paquet, Une certaine quantité de li-
gnes de composition , à peu près de l'é-
tendue d'une page ordinaire, mais sans
folio ni titre courant , et liée avec une fi-
celle. Ce cotuposUeui' fait lanl de paquets
par jour.
Paqtjetier , Compositeur qui travaille,
qui compose des paquets, qui fait des pa-
quets. Ce metleur en pages occupe cinq pa-
queliers.
Farangoitnage , Action de paran-
gonner. Faire u7i parangonnage.
Faramgonmer, Faire qu'un caractère
qui n'est pas du même corps que celui
dont on se sert s'aligne bien avec lui.
PÂTÉ , Certaine quantité de caractères
mêlés et confondus sans aucun ordre; ce
qui arrive quand une forme se rompt par
quelque accident.
PEAtr DE VÉUK, Peau de veau préparée
pour la reliure ou pour l'impression. Un
exemplaire imprimé sur peau de vélin.
Pince , Espèce de petites tenailles ,
qui sert à enlever les lettres, quand on
corrige sur le plomb.
Placard , épreuve en placard ,
Epreuve imprimée d'un seul côté de la
feuille, et sans que la composition ait été
divisée en pages.
Pointe. Les imprimeurs ont des pointes
dont ils font le même usage que de la pince.
Pointer , Placer aur le tympan les
feuilles qui sont en retiration , de manière
que les pointures entrent exactement dans
les trous qu'elles y ont faits , lorsqu'on ti-
rait le premier côté.
Pointures , Les deux petites pointes
de fer attachées au tym[)an, qui, perçant
d'abord à deux de ses extrémités la feuille
de papier qu'on veut imprimer d'un côté,
la traversent aux mêmes endroits quand on
veut l'imprimer de l'autre côté, et font
que les pages opposées se correspondent
exactement.
Police, Évaluation de la quantité re-
lative des lettres dont une fonte doit être
composée; ou ces lettres même. Faire ta
police d'un caractère. (A.CAn.) Le poids d'une
police de caractères. ( Id.)
Une police de cent mille lettres pèse
environ :
SIGAES l/lMI'RlMLlVlE. 445
Poids approximatif de Police.
En 6 50 kilog.
En 7 60 —
En 7 et 1/2 75 —
En 8 100 —
En 9 125 —
Eu 10 150 —
En 11 175 —
En 12 on 13 225 —
En 14 ou 16 275 —
En 16 ou 18 325 —
En 18 ou 20 500 —
En 20 ou 22 600 —
Lescadrats et les espaces, ne sont pas com-
pris dans cette évaluation. On ajoute par
chaque centaine de kilogrammes environ
vingt kilogrammes pour les blancs.
Post-Face , Avertissement placé à la
fin d'un livre.
Préface , Avant-propos, discours pré-
liminaire que l'on met ordinairement à la
tête d'un livre. — Cette partie de la messe
qui précède immédiatement le canon. {Le
canon de la messe consiste dans les prières
qui contiennent les paroles sacramentelles,
et d'autres oraisons, jusqu'à lacommunion
exclusivement. )
Presse j La machine au moyen de la
quelle on imprime , soit les feuilles d'un
livre , soit des estampes , etc. Presse d'im-
prlmerie. Faire rouler la presse. Travailler à
trois presses sur un même ouvrage. Presse
de bois. Le chapeau, les jumelles, le sommier
d'une presse de bois. Baisser , relever le
sommier. Le sommier d'en haut. Le sommier
d'en bas. Les nouvelles presses n'ont point
de sommiers mobiles. La platine de la presse,
La partie de la presse qni foule sur le tym-
pan. Les branches de la platine. Les tablet-
tes de la presse. L'arbre de la presse. L'axe.
Le barreau de la presse , Barre de fer ter-
minée par un gros manche de bois, qui
sert à faire mouvoir la vis de la presse. Le
train de la presse , La partie de la presse
sur laquelle on pose la foime , et qui
avance sous la platine et s'en retire par le
moyen de la manivelle. Le berceau de la
presse, La partie antérieure qui soutient
le train. La potence de la presse, La partie
qui soutient le berceau. Les bandes de la
presse , Les lames de fer sous les quelles
glisse le train. L'encrier de la presse, Sorte
de planche ou de table carrée sur laquelle
les imprimeurs prennent , avec les balles
ou avec le rouleau , l'encre dont ils noir-
■ ibscnt la l'orme. On appelé servante un
AAA
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
nioiceau de bois sur lequel repose la fris-
quette , pendanl que l'imprimeurpointe la
feuille. Le chevalet de ta presse. On nomme
tympan ime espèce de châssis compose
de quatre barres de bois ou de fer, sur
les quelles est tendu un morceau d'étoD'e
ou de parchemin. Le grand tym/'an , le
petit tympan. On clend sur le grand tym-
pan tes feuilles à imprimer, et te petit tym-
pan reçoit l'action de la platine. La Fris-
quette. Voyez ce mot à son rang alpha-
bétique. Presse de fonte. La presse dite
CoLOMBiENHB est composée d'un contre-
poids, d'un petit levier , d'un grand levier,
de brides, de tirants, d'une virgule cin-
trée, d'un régulateur , d'un barreau, d'une
noix, A'nnarbre, d'une platine, d'an corps
de presse, d'un marbre, d'un chariot, d'un
rouleau, d'une manivelle , d'une colonne
dite du train, de tympans, d'un patin, etc.
Pbbsse sTAPiHOPK, dite anglaise : Fase, tirant,
virgule cintrée, virgule, vis, ècrou , cpau-
lette , branche du contrepoids , colonne du
barreau , barreau , botte coulante , corps de
presse, pied, crochet du contrepoids , con-
trepoids, platine, marbre, chariot, rou-
leau, oreille du rouleau, manivelle, colonne
du train, patin, cric du chariot, tympan cou-
vert de sa frisquette. Presse Frapik : Cin-
tre en fer forgé, sommier en fonte, platine,
marbre, corps de presse, chariot, colonne,
barreau , tirant en fer forgé , banc en bois ,
treuil pour la corde, cornières, brides en fer,
manivelle. Presse a touchehr mécamque,
de Selligue : Chapiteau, colonnes carrées sur
les quelles sont ajustées les pièces qui portent
les roues; colonnes rondes; base où sont
fixées les colonnes ainsi que les coulisses sur
les quelles le châssis va et vient ; marbre en
fer sur le quel est posée une plaque à surfa-
ces parallèles , qui porte le châssis dan^ le
quel est le caraclère ; platine portant un cadre
qui contient tes étoffes nécessaires à l'impres-
sion, et qu'on nomme lympan dans tes pres-
ses ordinaires ; châssis ùlrois compartiments,
dont celui du milieu contient deux ou trois
cylindres en gélatine, servant à encrer te ca-
raclère avant l'impression ; frisquettes ; le-
viers conjugues qui opèrent ta pression ; pièce
de retivoi du mouvement de ta manivelle aux
leviers conjugués ; roue qui porte la mani-
velle pour opérer la pression par tes leviers
conjugués ; roue avec une manivelleà chaque
bout de son axe, pour opérer la pression
des deux côtés de la presse; support de ta
roue et de l'arbre de la platine ; roues d'en-
grenage; contrepoids de ta platine ; coulisses
sur tes quelles pose et glisse le châssis ; pla-
que à surfaces parallèles de la grandeur du
marbre, la quelle porte la forme ; châssis et
caractères sous presse ; planche pour porter
le papier à imprimer ; cylindres de gélatine
pour encrer les caractères ; cylindres pour la
distribution de l'encre au nombre de cinq ou
six ; supports des cylindres de gélatine ;
pièce qui enlève la plaque et ta fait glisser
sur un galet quand on a besoin d'ôter ou de
mettre une forme sous presse. Etc. Une
presse mécanique fait autant de travail que
huit presses ordinaires. On n'emploie les
presses mécaniques que pour les ouvrages
communs, comme, par exemple , le Journal
des Débals. Presse d'imprimerie en taille-
douce. Presse lithographique.
La liberté desy3rcs.çes doit exister, comme
nous avons toujours eu la liberté des écri-
toires. ( Rababd Sai.m-Etiennb. )
L'ouvrage est sous presse, 11 s'imprime
actuellement, il/e^^re un ouvrage sous presse.
Le livrera l'impression, le faire imprimer.
Fig., Faire gémir la presse. Faire imprimer
un ouvrage. J 1 se dit plus souvent par rail-
lerie. Fig., La liberté de la presse. Liberté
de mettre au jour, par la voie de l'impres-
sion , ses idées, ses opinions sur toutes
sortes de matières , sans être obligé de les
soumettre à une censure. La liberté de ta
presse existe en France et en Angleterre. La
presse est libre en France.
Les Français ont le droit de publier et
de faire imprimer leurs opinions , en se
conformant aux lois. La censure ne pourra
jamais être rétablie. (Art. 7 de la Charte. )
La liberté de ta presse achève la démar-
cation que la parole a commencée entre
l'homme et la brute. ( Lemontey. )
La liberté de la presse est sans cesse ré-
clamée par les opprimés ; son asservisse-
ment par les oppresseurs, ( Gkokcel. )
II n'est point de gouvernement repré-
sentatif qui n'ait pour objet et pour fon-
dement la liberté publique et individuelle;
il n'est point de liberté publique et indi-
viduelle sans la liberté delà presse , et il
n'est point de liberté de la presse sans la li-
berté des journaux. (De Lai.ly-Tolkndal.)
Le gouvernement de Charles X a péri,
parce qu'il a voulu enchaîner la presse.
Périsse de même tout gouvernement en-
nemi des lumières !
Quelle lâcheté aux tyrans d'enchaîner la
presse ' il n'y a que les voleurs cl Icsmcuï-
DE QUELQUES AUTRES
tiiers qui n'osent agir au grand jour, et
qui recherchent les ténèbres.
La liberlé de la pensée et de la parole ,
c'est la libre respiration de l'âme. Honte
et malheur sur lesliomnies au cœur étroit,
aux idées étroites, qui, par l'asservisse-
ment de la presse , cherchent à étouffer
l'âme sous la matière !
Comment des millions d'âmes , ayant à
leurservice des bras de chair, peuvent-elles
se laisser bâillonner ainsi ? Quel homme
en France , doué de quelque noble ins-
tinct, n'aimera mieux se faire écharper que
de souffrir qu'on attente encore à la liberté
de la presse, cette conquête glorieuse de
nos pères, qui leur a coûté tant de sang.
tant de sacrifices?
La presse est le levier du monde. O ty-
rans, vous avez beau vous roidir contre
elle, la presse finiraparrenverser vos trônes
séculaires. |Ne vaudrait-il pas mieux pré-
venir la secousse , et l'avoir dès à présent
pour alliée plutôt que pour ennemie ? O
rois , n'y a-t-il donc en vous aucun noble
instinct qui vous porte à quelque chose de
grand et de courageux ? O rois , vous avez
donc peur ! Vous n'êtes donc pas sûrs de la
validité de vos titres ! vous vous sentez
donc faibles et petits ! De quelle gloire,
de quelle puissance , de quelle grandeur ,
vous vantez-vous donc? Belle gloire que
de commander à des esclaves enchaînés ,
à des forçats, à des brutes ! Belle puissance
que celle d'un geôlier , qui , pour un mot
qu'il ne trouve pas assez humble, c'est à
dire , assez vil, peut, en effet , infliger à
tel de ses prisonniers huit jours de chaîne
et de cachot 1 Belle grandeur que celle
d'un bourreau monté siu' l'échafaud , avec
tous les insignes et tous les instruments de
sa profession, pour y torturer de nobles vic-
times, que lui abandonnent l'ignorance,
la superstition, et le fanatisme 1 Ah 1 que
j'aime bien mieux n'être qu'un simple in-
stituteur , régnant sur mon petit peuple
par la seule autorité de la raison et de l'a-
inourl — O rois, ne vous offensez point de
ces humbles représentations; ne me mor-
dez pas , parce que j'ai voulu vous l'aire du
bien. N'allez pas me prouver par là que ,
loin d'être des dieux , comme vcuis le pré-
tendez , vous n'êtes que des hommes ti-
mides et arrogants. Rois , je ne suis point
votre ennemi , mais j'aimerais à vous voir
régner , non sur des esclaves , mais sur des
hommes libres , non sur des aulomalcs .
SIGNES D IMPRIMEUIE. 445
mais sur des hommes. C'est alors que je
vous regarderais comme les plus nobles
images de la divinité sur la terre. Les rois
ne sont jamais plus grands que lorsqu'ils
soumettent toute leur grandeur à lajustice.
PROTe , Celui qui, sous les ordres de
l'imprimeur , est chargé de diriger et de
conduire tous les travaux , de maintenir
l'ordre dans l'étar^lissement , et de payer
les ouvriers. ( Du grec prôlos, le premier.)
Un proie intelligent , attentif, vigilant. Un
proie négligent.
Il se disait aussi autrefois de ceux quili-
sent et corrigent les épreuves. Un proie ne
saurait être trop instruit. ( Acad.)
Prolégomènes, Longue et ample pré-
face. Les prolégomènes de la Bible. (En
grec protégoména , de prolégô , je dis au-
paravant. )
Prologue, Préface, avant propos. —
Ouvrage qui snrt de prélude à une pièce
dramatique. ( Du grec pro, avant, et logos,
discours. )
Proterie, Emploi de prote ; — Durée
des fonctions du piote ; — Bureau, cabinet
du prote.
Prototype ( Du grec prôtolupos , ori-
nal, modèle, premier type). Instrument
créé par Fournier jeune pour servir à ré-
gulariser la force des corps. Sa longueur,
basée sur le pied de roi, est de deux cent
quarante points typographiques; en sorte
qu'il faut, pour l'égaler, AS lettres du corps
5, 40 du corps 6, etc.
Le Typomètre ( du grec iitpos , type ,
et métron , mesure), dont la longueur
est de cent quatre-huit points typogra-
phiques , a remplacé le prototype. Aux
yeux de M. Frey, auteur d'un Manuel de
Typographie, et qui a peut-être plus de
justesse dans ses vues que dans son style ,
ce n'est pas un progrès.
* En général, le style des manuels, comme
celui des grammaires et des dictionnaires
(si style il y a), est détestable. Cela est
d'une diffusion , d'une lourdeur assom-
mante , d'une incorrection inouïe; cela
fourmille de fautes grossières ; cela ressem-
ble à un traité germanique ou h une com-
position de maître de langue ; cela n'est pas
à lire. Et cela fait pourtant l'affaire du gros
public, beaucoup mieux que le meilleur
poème. Le coq s'arrange mieux d'un grain
de millet que d'une perle , et l'âne à son
tour
Picfcrc un fil chaidon an flus l'il ananas
i5{i
f;UAMMAIUE FUANCAISE.
Queue, Bas d'une page qui n'est point
rempli. La q tic ue d'un g, d'un p, d'un q,ii\.c..
Ce qui exc«';de par en bas le corps de ces
différentes lettres. La queue d'une note, Le
trait qui tient au corps de la noie, et qui
monte ou descend perpendiculairement à
travers la portée.
B.AIHETTE , Châssis de fer qui n'a point
de barre au milieu, et qui sert à imposer
les ouvrages d'une seule page , comme les
placards, les aCBches, les tableaux, etc.
B.EGISTRE, La correspondance que les
lignes des deux pages d'un feuillet ont
l'une avec l'autre. Bon registre. L'exacti-
tude de cette correspondance. Mauvais re-
gistre. Le défaut de celte correspondance.
Faire le registre. Tirer l'une sur l'antre les
deux pages d'im feuillet, de manière que
les lignes se répondent exactement.
BiiGLET, synonyme peu usité de /i/c/.
Règlel simple, double, triple. Séparez ces
deux articles par un réglct. (Acad.)
HÉGLETTE, Petite règle de bois ou de
fonte, qu'on emploie principalement pour
former des garnitures.
B.ELIER, (]oudre ensemble les feuilles
d'un livre et y mettre une couverture.
Relier un livre ; le faire relier en maro-
quin , en veau , en vélin , en basane, en
parchemin , etc. Cet ouvrier relie bien, relie
proprement. Voyez Livbe , page 524 de la
Méthode du Genre.
Reliure , L'ouvrage d'un relieur , et
la manière dont un livre est relié. J'ai payé
tant pour la reliure de ce livre. Reliure de
veau , de maroquin. Demi-reliure. ^
Remaniement ou Remanîment ,
Travail qu'on fait, lorsqu'on change des
pages composées, de petit en grand, de
grand en petit; ou lorsqu'on est obligé,
soit par la faute du compositeur, soit par
les changements indiqués sur l'épreuve ,
de reculer et de reformer plusieurs lignes
de suite, ou de transposer des lignes d'une
page, d'une colonne dans une autre. Faire
le remaniement d'une feuille. Un long rema-
niement. De nombreux remaniements.
Remanier. Voyez ci-dessus Rema-
niement. Remanier une feuille, une page.
Remanier plusieurs ligues. Il y a beaucoup
à remaiiicr. Remanier te papier, Ketourner
en divers sens, et par parties , le papier
qui a été trempé , afin que les feuilles
soient toutes également pénétrées d'humi-
•litc. Il se dit f)gurcn)cnt en parlant des
ouvrages d'esprit qu'on retouche, aux quels
on fait de grands changements.
Rentrée. Voyez Alinéa, page 355.
RÉSERVE , Armoires qui contiennent
le caractère en réserve.
RetiraTION , Action d'imprimer le
second côté d'une feuille de papier, au-
trement dit le verso. Voyez Tirage.
RÉVISION, Action par laquelle on re-
voit, on examine de nouveau. Faire la ré-
vision d'une feuille pour s'assurer qu'il n'y
reste plus de faut es,
Romain. L'imprimerie est redevable
de ce caractère, qui est devenu celui de
l'Europe . à un Français, nommé Nicolas
Janson. ( A. Frey. )
Rouleau, Cylindre de bois sur lequel
on a coulé une composition de colle et de
mélasse , et qui sert à étendre l'encre sur
les formes. On fait plus souvent usage main-
tenant du rouleau que des baltes. Prendre
l'encre avec te rouleau.
Rouler. Fairerouterta presse. Faire im-
primer des ouvrages. On dit qu'une presse
roule, lorsque la mise en train est terminée et
que le tirage se continue sans interruption.
Sabot, La platine en bois des presses
hollandaises.
Satinage, L'action de satiner, ou le Ré-
sultat dece.lteaction. Lesatinagei'end le pa-
pier plus lisse et plus fin. Carton de satinage.
Satiner , Donner au papier l'œil du
satin, au moyen de cartons fort lisses, ap-
pelés cartons de satinage, entre les quels
on presse chaque feuille. Presse à satiner.
Sommaire, Extrait , abrégé. Le som-
maire d'un livre , d'un discours. Mettre des
sommaires en icle des chapitres d'un livre.
Dans les ouvrages imprimes , la première
ligne d'un sommaire doit sortir au lieu de
rentrer. Table des sommaires. — Sous-titre
phrasé dont la disposition linéaire affecte
une forme contraire à celle de l'alinéa , et
différente de celle de la poésie. Forme li-
néaire des sommaires. ( A. Frey.)
Stéréotypage, Action de stéréotyper,
ou L'ouvrage qui en résulte. Procédé de
stéréotypage.
Stéréotype, Imprimé avec des pages
ou planches dont les caractères ne sont pas
mobiles , et que l'on conserve pour de
nouveaux tirages. Edition stéréotype.
Stéréotyper, Imprimer avec des
clichés, avec des pages ou planches soli-
des. Stéréotyper un ouvrage classique.
Stéréotypïe , Art de sléréolyper. —
DE QUELQUES AUTRES SIGNES D IMPRIMERIE.
447
Atelier où l'on stéréotype. ( Du grec sté-
réos , solide , et typos , type. )
Supports du traxn ou Tasseaux ,
Fortes pièces de fer placées en saillie et
loDgitudinalemerrt sous le train en dehors
des bandes.
Tableau, Feuille, planchesur la quelle
des matières didactiques, historiques, et
autres , sont rédigées et rangées méthodi-
quement, pour être vues d'un coup d'œil.
Tableau synoptique. Tableau régulateur du
prix des grains. Tableau sialisli que. Les co-
lonnes d'un tableau. Le cadre d'un tableau.
Toyez en un bel exemple , page à25.
Taquoir, Morceau de bois blanc , de
la grandeur d'une page in-octavo, et dou-
blé en bois de chêne, sur le quel on frappe
avec un maillet pour égaliser dans le châs-
sis tous les caractères dont une forme est
composée.
Texte , Les propres paroles d'un au-
teur, considérées par rapport aux notes ,
aux commentaires, aux gloses qu'on a faites
dessus. Ce texte est corrompu, falsifié, ob-
scur. Le texte n'est pas correct. Texte sup-
posé. Interpoler le glose dans le texte. L'y
insérer par ignorance. Restituer le texte ,
Rétablir l'ordre , les mots , ou la ponctua-
tion dont on suppose que l'auteur s'est
servi. — Passage de TEcriture Sainte qu'un
prédicateur prend pour sujet de son ser-
mon. Le texte d'un sertnon.
Tierce, Dernière épreuve que le prote
confère avec la précédente, pour être sûr
que toutes les corrections sont exécutées.
Donner la tierce. Voir la tierce. Corriger la
tierce. Signer la tierce, Y apposer le bon à
tirer , avec sa signature.
Tirage, Action de mettre la feuille
sous presse et d'y imprimer les caractères.
Ce tirage n'a pas été soigné. On a déjà fait
plusieurs tirages de cet ouvrage, c'est à dire,
plusieurs réimpressions avec les mêmes
formes ou planches. Premier, second, troi-
sième tirage. On le dit aussi en parlant des
estampes et desdessitjs lithographies. Tirage
en blanc. L'action d'imprimer le premier
côté d'une feuille de papier, autrement dit
le recto, par opposition a tirage cnretira-
tion. Aller en blanc. Aller en retiration.
Mettre une feuille en retiration.
TIRER, Imprimer. Tirer des feuille.'^.
Tirer des estampes. Bon à tirer.
Titre, Inscription qui fait connaître
la matière d'un livre, et ordinairement le
nom de l'auteur qui l'a composé, etc. On
le dit également des inscriptions analo-
gues placées au commencement des divi-
sions d'un livre. Le titre d'un livre. Le titre
d'unchapitre, d'un paragraphe. Nos fameux
critiques dujour possèdent l'art de juger un
livre sur le titre. Titre courant, Ligne en
petites capitales qui est mise au haut de
chaque page d'un livre pour indiquer le su-
jet dont il traite. Titre courant changeant.
Sous-titre, Le second titre qu'on donne à
un livre, comme : LE LIVRE DE TOUS
on Foi, espébanck , charité. Voyez Fron-
tispice,
Tremper le papier, ou absolument,
tremper, Imbiber d'eau , humecter le
papier destiné à l'impression , pour lui
donner de la moiteur et de la souplesse.
Tremper à la main. Tremper au balai. Le
papier se trempe ordinairement une fois par
main.
TREMPERIE , L'endroit d'une impri-
merie oii l'on trempe le papier. Aller à la
tremperie.
Tympan. Voyez Presse.
Type , Caractère d'imprimerie. Des
Types mobiles. De beaux types. (Du grec
tupos.)
Typographe, Celui qui sait, qui exerce
l'art de la typographie. Manuel du typo-
graphe.
Typographie, L'art de l'imprimerie;
et, plus spécialement, La réunion de tous
les arts qui concourent à l'imprimerie.—
Grand établissement typographique. (Du
grec tupos, type, modèle, caractère, et
^rn/j/ij, j'écris.)
Typographique, Qui a rapport à la
typographie. Caractères , presses , procédés
typographiques.
VISORIUM, Instrument qui sert à te-
nir la copie sous les yeux du compositeur,
et qui se fixe à la casse par une pointe. Il
est formé d'une petite planchette longue
sur laquelle on applique les feuillets en les
arrêtant au moyen d'une pince mobile de
bois aj)pelée mordant.
Il n'est pas un écrivain, pas un professeur, pas un homme vivant quelque peu avec
les livres , érudit , poète , journaliste , avocat, qui puisse se dispenser d'acquérir la
connaissance exacte de tous les termes indiqués ci-dessus.
La Clef de la Langue sous le bras, un précepteur pourra sortir nn beau matin avec
son élève et lui faire visiter avec quelque fruit une imprimerie.
-Î48
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
fillgnes Divers.
Signes algébriques.
-J- Plus. Signe de r.Tdditioli , formé d'une
ligne hfjiizontale traversée par une ver-
ticale. On écrit 3 ab, pour al/ -{• ab -)-
ab. 3 , comme on le voit , est ici un si-
gne d'abréviation. Il se nomme coc//?-
cient, parce qu'il marque combien de
l'ois le terme ab doit être répété. (En
latin coefjlcu'ns , de citm , avec, et cffi-
cere , faire: qui fait un même terme
avec la quantité algébrique.)
— Moins. Signe de la soustraction, formé
par une seule ligne horizontale.
•4~ Plus ou moins.
= Egale ou est égal à. Signe de l'égalité,
formé de deux traits horizontaux et pa-
rallèles .
X MullipUé par. Signe de la multiplica-
tion, composé de deux lignes obliques
croisées. On exprime encore la multi-
plication en séparant les facteurs par
un point, ou même en les écrivant
l'un À côté de l'autre, sans l'interposi-
tion d'aucun signe. Ainsi les trois for-
mules suivantes, a X b, a.b, ab, signi-
fient toutes également a multiplié par
b. Si l'on avait à multiplier a par a, et
encore par a, puis par b et encore par
b, puis enfin par c, on écrirait aaabbc.
Mais pour abréger on écrit aussi, a-bic.
3 exprime qu'a est trois fois facteur, et
s'appèle exposant. Il en est de même de
2 par rapport à b. L'exposant de c est
censé 1 , chiffre qu'on est libre d'écrire
on de ne point écrire.
; Divisé par ou est à. Signe formé de deux
points placés l'un sur l'autre.
'.] Comme, /j : 7 : : 8 : 11 (4 est à 7 comme
8 est dll).
> Plus grand que. Signe de supériorité.
Espèce d'angle aigu qui se place entre
deux quantités pour exprimer que l'une
est plus grande que l'autre. La quan-
tité vers la quelle est tournée l'ouver-
ture de l'angle est toujours la plus
grande.
< Plus petit que.
—r- Progression par quotient.
-7- Progression par différence.
v'^ Signe radical. 11 se met devant les
quantités dont on vent extraire les ra-
cines.
co Infini.
Termes d'Algèbre et d'Arithmétique.
Algèbre. L'algèbre est l'arithmétique
généralisée; c'est la science du calcul des
grandeurs ou quantités en général , dans
la quelle on emploie , au lieu de chiffres ,
les lettres de l'alphabet, qui, n'ayant au-
cune valeur déterminée, peuvent repré-
senter toutes sortes de grandeurs. Selon la
définition de l'Académie, l'algèbre est
cette partie des mathématiques qui, con-
sidérant les grandeurs d'une même nature
sous la seule acception abstraite de leur
inégalité, les exprime par des caractères
communs À toutes leurs valeurs particu-
lières , et développe ainsi leurs relations
de quantité les plus générales. — Traité
d'algèbre. L'algèbre de Bczout. — Fig. et
fam., C'est de l'algèbre pour lui. Il n'y en-
tend rien. (De l'arabe al, le, et Geier,
nom d'un mathématicien. )
AXGÉBRIQUE, Qui appartient à l'algè-
bre. Calcul algébrique ou d'algèbre. For-
mule algébrique. Ensemble de termes al-
gébriques qui compose l'expression la plus
générale d'un résultat de calcul. Opérations
algébriques.
AlgÉBRISTE, Celui qui sait l'algèbre,
qui fait des opérations d'algèbre.
Antécédent. Voyez Terme.
Arithmétique , Science des nom-
bres , art de calculer. Arithmétique prati-
que. Arithmétique spéculative. Arithmétique
décimale. Les quatre premières règles de
l'arithmétique sont l'addition, la soustrac-
tion, la multiplication , et ta division. (Du
grec arithmos, nombre.)
BINOIHE , Quantité algébrique compo-
sée seulement de deux termes unis entre
eux par les signes plus ou moins, a X b est
un binôme qu'on exprime ainsi , a plus b.
Binôme de Newton, Formule donnée par
Newton pour élever un binôme à des puis-
sances quelconques. ( Du latin bis , deux
fois, et du grec nome, part, division.) L'é-
tymologie grecque nome, par omicron, me
force à demander pourquoi l'on écrit or-
dinairement nôme avec un accent circon-
flexe.
Carré mieux quarbè. Pied carré, mè-
SIGNES DIVERS. ARITHMETIQUE ET ALGEBRE,
449
Irc quarré, etc., surface quarrée dont cha-
que côté a un pied, un mètre, etc.) Voyez
Nom bre .
COEFFICIENT, Le nombre ou la quan-
tité connue, ou censée telle, qui s'écrit au
devant d'une quantité algébrique incon-
nue, et qui la multiplie. Lorsqu'une lettre
n'est précédéed'aucun nombre elle est tou-
jours censée avoir 1 pour coefficient. Dans
5'', vx, etc., 5 est le coefBclent de b, v celui
de X. C'est pour abréger qu'on écrit ainsi
5', au lieu de b~{-b+ b-j- b-{~b.
Conséquent. Voyez Terme.
CuB£. Voyez Nombre.
DÉMONSTRATION, Raisonnement qui
prouve d'une manière évidente et convain-
cante. Z)é»iOns<ra<(on mathématique, f;éo-
tnétrique. Il a trouve la démonstration de ce
problème.
DÉNOIHINATEUR. C'est, des deux nom-
bres qui expriment une fraction, Celui qui
s'écrit au dessous de l'autre, et qui marque
en combien de parties on suppose l'unité
divisée. Dans la fraction ^ (trois quarts j,
k est le dénominateur, 3 est le numérateur.
De mètne, dans la fraction ^ b est le déno-
minateur, A le numérateur. Réduire deux
fractions au même dénominateur ou à une
même dénomination. Le numérateur et le
dénominateur sont appelés les deux termes
de la fraction.
Différentiel, Qui procède par dif-
férence. Calcul différentiel , Sorte de cal-
cul qui considèie les quantités variables
dans leur mode d'accroissement par diffé-
rences infiniment petites, y osez Quantité,
Dividende , Nombre à diviser selon
la règle de la division. Le dividende s'écrit
à lu gauche du diviseur, dont on le sépare
par un trait. (Du latin dividendits nume-
rus.) — En termes de Commerce et de Fi-
nance, La portion d'intérêt ou de bénéfice
qui revient à chaque actionnaire d'une
compagnie de commerce ou de finance,
et qui se paye, soit à la fin de l'année, soit
à d'autres époques convenues. Toucher, re-
cevoir son dividende. Un faible dividende. —
La portion afférente à chaque créancier
sur la somme qui reste à partager après la
liquidation d'une maison en faillite. Celte
faillite ne présente qu'un dividende de cinq
pour cent. (Acad.)
Diviseur, Nombre par lequel on en
divise un plus grand. Quand on divise cent
par dix , dix est le diviseur et cent est le di-
vidende. Le commun diviseur de pluMCurs
quantités est la quantité qui les divise
toutes exactement; ainsi 3 est commun
diviseur de 12 , 15 , 21 , 30 , parce que ces
nombres sont divisibles par S. Le plus
grand commun diviseur. On l'obtient en
divisant le plus grand nombre par le plus
petit , puis le plus petit par le reste de la
première division , puis le reste de la pre-
mière division par celui delà seconde, etc.,
jusqu'à ce que l'on trouve zéro pour reste.
Le dernier diviseur est le plus grand com-
mun diviseur cherché.
Élimination, Opération dont le but
est de faire disparaître toutes les («connues,
moins une, qui se trouvent dans une équa-
tion.
Équation, L'expression de la condition
d'égalité établie entre deux quantités al-
gébriques. Deux quantités égales écrites à
la suite l'une de l'autre, et séj)arées par le
signe égale, forment une équation. Les
quantités séparées par ce signese nomment
les membres de l'équation. Le premier, le
second non\bre d'une équation. Résoudre une
équation. Trouver la valeur de la quantité
inconnue qui s'y trouve liée aux quantités
connues; valeur dont la substitution dans
chaque membre à la place de l'inconnue
doit rendre ces nombres identiques. Ré'
duire une équation. Equation du premier,
du second, du troisième degré, etc.. Equa-
tion dontl'inconnue est à la première puis-
sance , à la seconde puissance, etc. On
désigne cette puissance par l'exposant. Les
quantités inconnues sont désignées parles
lettres £, y, x, v; les quantités connues par
des chiffres ou les piemières lettres de l'al-
phabet a, b, c, d. Dégager l'inconnue, La
faire sortir des relations algébriques oii elle
cstengagée.Uneé^ua^onestnomméeà^ne,
à deux, à trois inconnues, selon le nombre
de quantités inconnues qu'elle renferme.
Equations algébriques , Celles qui ne con-
tiennent que des puissances entières des
inconnnes. Equations transcendantes. Celles
qui ne renferment que des puissances ir-
rationnelles, des quantités infinitésimales.
Équations exponentielles, dans les quelles il
entre des quantités exponentielles. Les
quantités exponentielles aont des puissances
dont l'exposant est indéterminé ou va-
riable , telles qu'a*, x'-. Le calcul exponen-
tiel est l'ensemble des procédés à l'aide
desquels on trouve les différentielles et les
intégrales des quantités exponentielles.
( En latin œquatio, d'œquare, égaler.}
îTiO
GltAMUArRE FRANÇAISE.
Exposant, l.e nombr*! qui exprime le
rapport de deux aulres. Trois est ['expo-
sant du rapport de douze à quatre. — Le
nombre qui exprime le degjré d'une puis-
sance. Deux est l'exposant du r/uarré, trois
est celui du cube, etc. L'expos.int s'écrit à
la droite et un peu an dessus de la quan-
tité exprimée. Dans 6^ le chifl're 4 indique
que la quantité b doit être multipliée qua-
tre fois par elle-même. Ce qu'il faudrait
indiquer autrement par 6 -j- /* — }- 6 — [- 6 .
C'est Descartes qui est l'inventeur de Tex-
pos ant.
Expression, Nom donné à la formule
qui représente la génération d'une quantité.
Facteur, Chacune des quantités qui
servent à former un produit. En divisant
le produit par l'un des facteurs, on a pour
quotient le produit de tous les autres.
Fraction^ Quantité qui contient un
certain nombre de parties de l'unité, et dont
l'expression est généralement formée de
deux termes, l'un appelé numérateur, ex-
primant le nombre des parties d'unité, et
l'autre dénominateur , indiquant combien
il faudrait de ces parties pour former l'u-
nité entière. Un demi ({), deux tiers (|) ,
trois quarts (f ) sont des fractions. Le numé-
rateur et le dénominateur s'appètent tes ter-
mes de la fraction. Une fraction ne change
pas de valeur lorsqu'on multiplie ou qu'on
divise ses deux termes par un même nombre;
ce qui donne le moyen de réduire tes frac-
tions à une plus simple cxprcsssion. Ainsi
i = I = Y^ = -1^. Si le numérateur d'une
Iractionest plus grand que son dénomina-
teur, cette fraction vaut plus de 1,, et con-
tient des unités principales. Pour trouver
ces unités on divise le numérateur par le
dénominateur. A.ins'i ^ égale 17 divisé par
6 ou 2 entiers et ^. Pour réduire des frac-
tions au même dénominateur, c'est à dire,
leur donner un dénominateur commun ,
par exemple les fractions v,|, |, y , on
foit le produit des trois dénominateurs 5,
6, 7; le quel est 210. On multiplie 210
par la première fraction, et l'on obtient
la nouvelle fraction j-^. Pour la deuxième
fraction, on fait le produit des dénomina-
teurs 3, 6, 7 ; lequel est 126. On multi-
plie 126 par la deuxième fraction, et l'on a
la nouvelle fraction |||. Et ainsi des an-
tres. Pour l'addition et la soustraction des
fractions, quand les dénominateurs sont
égaux, on opère sur les numérateurs
comme sur les nombres entiers , et l'on
donne a la somme ou au reste le dénomi-
nateur commun. Exemples: H— 1+ |-{-
1 = ^=2.^ — 1 = 1. Si les dénomina-
teurs sont différents, on réduit d'abord les
fractions au même dénominateur. Pour
multiplier deux fractions l'une par l'autre,
on multiplie les numérateurs l'un par l'au-
tre, ainsi que les dénominateurs. Exem-
ple : 1^ X f = tI- Pour la division , on mul-
tiplie la fraction dividende par la fraction
diviseur renversée. Exemple : | : y= |x
j=|4-. Fractions de fractions. De même
que les fractions ordinaires se forment de
parties de l'unité principale, on peut con-
cevoir les fractions elles-mêmes divisées en
plusieurs parties égales, qu'on appelé frac-
tions de fractions. Si on a la fraction |, et
qu'on en prenne le r, on formera Ia fraction
de fraction i de |, qui s'énonce un demi de
deux tiers. Pour réduire des fractions de
fractions à des fractions simples, on les
multiplie simplement l'une par l'autre.
Exemple :iW6|==|x|=|. Frac-
tions continues. Séries de nombres frac-
tionnaires, numériques ou algébriques (1),
qui se prolongent indéfiniment. Fractions
décimales , Fractions exprimées en parties
décimales de l'unité, comme des dixièmes,
des centièmes, des millièmes, des dix mil-
lièmes , des cent millièmes, des millioniè-
mes, etc., qu'on écrit à la droite des uni-
tés simples selon leur rang de subdivision,
(l) Si [ei trois ai]ecti[s J'raclionnaires , numériffues , algébriques, exprimaient trois qualités
distinctes du même objet, il faudrait une virgule avant la conjonction ou] mais les deux mots
nombres fractionnaires ne forment ensemble qu'une dénomination de la cbose qualifiée par les ad-
jectifs numériques et algébriques. C'est comme pour le titre de notre livre : Nouvelle Grammaire
française, encyclopédique et morale. Nouvelle grammaire française est la de'nomination de
l'ouvrage, encyclopédique et morale eu sont deux qualificatifs. Donc, point de virgule. En re-
vanche, M. notre honorable éditeur aurait bien fait d'en mettre une après de lecture , ainsi que je
vaisle [aire , duas Aféthode de prononciation , de lecture, et d'orthographe. Mais nous ne con-
naissions alors que la ponctuation de MM. Boiste, Giiault Duvivier. Napoléon Landais, etc.; ce qui
vous fera comprendre, ami lecteur, pourquoi la première partie de notre ouvrage s'écarte quelque-
fois des excellents principes que votre saine critique (ceci ne s'adresse pas à toutes sortes de lec-
teurs) n'aura pas manqué d'approuver dans notre nouvelle Grammaire française, vraiment nouv^lU-
et vraiment française , à laquelle vous vous félicitez, je l'espère , d'avoir souscrit.
ïilOES DlVEllS.
tu les séparant de ces unités par une vir-
gule, pour indiquer où les subdivisions
fractionnaires commencent. Les fractions
décimales cinq dixièmes (0,5) et cinquante
centièmes {O^bO) répondent à un demi (!)•
(AcAD.) Comme on le voit par cet exem-
ple, le premier chiffre à droite de la vir-
gule prend le nom de dixième, le deuxième
celui de centième, le troisième celui de
millième, etc. La fraction 27,389 s'énon-
cera 27 entiers 389 millièmes,. L'addition
et la soustraction s'effectuent comme s'il
s'agissait de nombres entiers. 11 faut seu-
lement avoir soin de maintenir la virgule
à sa place. La multiplication s'effectue d'a-
bord comme s'il n'y avait pas de virgule,
et l'on sépare ensuite à la droite du pro-
duit obtenu autant de décimales qu'il y
en a dans les deux facteurs. Exemple; 22,15
X 12,50 = 276,8750 ou 276 entiers 8750
dix-millièmes. La division présente deux
cas. Lorsque les deux facteurs contiennent
le même nombre de décimales, on obtient
le quotient en effectuant la division comme
s'il n'y avait pas de virgule. Lorsque le di-
vidende et le diviseur ne contiennent pas
le même nombre de décimales, on ramène
ce cas au précédent, en plaçant à la droite
du nombre qui en contient le moins au-
tant de zéros qu'il en faut pour égaler l'au-
tre. Exemple: 254,/i81 : 22,4 = 25/i,481:
22,400 = 11 , ,^^, 11 entiers 8081 parties
d'un tout qui en contient 10000. Pourcon-
vertir une fraction ordinaire en fraction
décimale, il faut diviser le numérateur
augmenté d'un certain nombre de zéros
par le dénominateur, et séparer au quo-
tient, par une virgule, autant de décimales
qu'on a ajouté de zéros. Exemples : f ou
0,75. Fractions sexagésimales , Fractions
dont les dénominateurs dérivent du nom-
bre 60. Fractions littérales ou algébriques ,
Fractions désignées par des lettres. ^ est
une fraction littérale qu'on énonce a sur b.
On fait sur elles les mêmes opérations que
sur les fractions algébriques. Fractions ra-
tionnelles , Expressions algébriques com-
posées de fractions, et ne renfermant que
des exposants entiers.
Grandeur , Tout ce qui est suscepti-
ble d'augmentation ou de diminution.
Voyez Quantité.
Incrément, Ce dont croît ou décroît
une quantité variable. (En latin incremcn-
tuvi, de cresccrc, croître.)
Infinitésimal (Calcui, ), Le calcul
des infiniment petits. Le calcul infmitési-
\KlTHMEliyiJE Kl AL(iEBKE. io\
mal a deux branches : le calcul dij forent iet
et le calcul intégral.
Intégrai. ( Calcul ) , l^e calcul par le
quel on remonte des incréments infini-
ment petits aux quantités finies dont ils dé
rivent. — L'intégrale d'une quantité différen-
tielle, La quantité finie dont cette diffé-
rentielle est l'incrément infiniment petit.
Irrationnel. Quantités irratiotmelles.
Qui n'ont aucune commune mesure avec
l'unité , c'est à dire , qui ne peuvent être
représentées ni par des nombres entiers
ni par des fractions. Nombre irrationnel.
IiOGARITHME. (Du grec, logas , raison,
proportion, et «ri//i»io.ç, nombre: nombre
en proportion avec un autre. Voyez Table.
Mathématique , s. f. ( Du grec ma-
thema, au pluriel matliemata, science : la
science par excellence; parce que les mathé-
matiques sont les seules connaissances na-
turelles susceptibles d'une démonstration
rigoureuse.) Science qui a pour objet les
propriétés de la grandeur en tant qu'elle
est calculable ou mesurable. Il s'emploie le plus
ordiiiaiiemeiit au pluriel. On ne remploie jamais au sin
i;ulier avec l'article. Etudier en mathématique.
Principes, propositions , théories, problême
de mathématiques. Instrument de malhéma
tique. Il sait les mathématiques. La géomé-
trie, l'optique, l'aslronomie, sont des parties
des mathématiques. Coursde mathématiques.
Hîui de mathématique , Etui dans le
quel sont renfermés les instruments néces-
saires aux mathématiciens.
Mathématiques pures, Celles qui con
sidèrent les propriétés de la grandeur d'une
manière abstraite. Mathématiques mixtes
ou Mathématiques appliquées. Celles qui
les considèrent dans certains corps ou su-
jets particuliers. Les mathématiques pures,
comprennent la science des nombres ou
algorithmie et la science de l'étendue ou
géométrie. L'algorithmie se divise en deux
branches , comprenant l'une les nombres
considérés en général ou les lois des nom-
bres , l'autre les nombres considérés en
particulier ou les faits des nombres. La
première est Valgcbre on arithnomie, la
seconde est l'arithmétique ou arithmogra-
p/itc. Les mathématiques appliquées le sont
ou aux objets de la nature ou aux objets de
l'ur^ Dans le premier cas elles sont phy-
sico-mathématiques, et dans le second tech-
nico-malhematiques. Les premiers renfer-
ment la mécanique et toutes ses branches :
l'astronomie, l'hydraulique, l'optique, l'a-
coustique, etc. Les secondes renferment
452
l'arpentage, l'arch'Ueclure, la gnomoniqiie,
la géodésie, etc.
MONOME, Grandeur qui est exprimée
sans que celles qui la composent soient
jointes par les signes plus ou moins. (Du
grec nwnos, seul, et iioiinl.)
Moyenne proportionnelle , Quan-
tité moyenne entre deux autres. Moyenne
proportionnelle arilhmèliqite , Moitié de la
somme de deux quanlitésinégales. .Voyenwc
proportionnelle géométrique, La racine qnar-
rée du produit de deux nombres. 4 est
moyenne aritlimélique entre 2>elf>, 6 entre
5 c< 7 , 20 entre 9 et SI. 12 est moyenne
géométrique entre 8 et 18, parce que le quarré
de 12, 144, égale le produit de 8 par 18.
Multiplicande, Nombre à multiplier
par un autre. Dans la multiplication de G
par 7, 6 est le multiplicande. ( Du latin miil-
tiplicandus numerus.)
Multiplicateur, Nombre par lequel
on en multiplie un autre. Dans la multi-
plication de 7 pard, 6est le multiplicateur.
NOKBRE, Unité, collection d'unités,
partie de l'unité. Le nombre se considère de
deux manières , comme nombre abstrait ou
comme nombre concret. Nombre abstrait.
Tout nombre considéré en lui-même, sans
application à rien de déterminé. On dit
aussi, mais rarement, nombre nombrant.
Nombre concret, ou nombre nombre , se dit
de l'application du nombre abstrait à quel-
que sujet que ce soit. Nombre entier. Celui
qui contient l'unité un certain nombre
de fois exactement , comme, un, deux,
trois, etc. ; et Nombre rompu ou fraction-
naire, ou simplement, Fraction, Celui qui
ne contient que des parties de l'unité ,
comme, un demi, deux tiers, trois quarts,
etc. Nombres composes. Nombres composés
de différentes espèces d'unités, tels que
5 livres 10 sous 7 deniers, 5 pieds 6 pouces
2 lignes. Nombre premier. Tout nombre
qui ne peut être divisé exactement et sans
reste par aucun autre nombre que par l'u-
nité, comme. Trois, cinq, sept, onze, etc.
Nombre quarré, ou simplement et plus or-
dinairement,Ç«arré,Leproduit qui résulte
d'un nombre multiplié par lui-même, .Sctre
est le quarré de quatre. Neuf est le quarré de
trois. Le quarré de douze est cent quarante-
quatre. Voyez Racine quarrce. Nombre cube
ou cubique , ou simplement et plus ordi-
nairement. Cube, Le produit d'un nombre
multiplié deux fois par lui-même. Huit est
un nombre cube, dans lequel quatre qui est
le nombre quarré, est multiplie par sa racine,
GIUMMAIKE FRANÇAISE.
qui est deux. Nombre décimal. Nombre dé-
parties de l'unité divisée en dix. (Du latin
numerus.)
Numérateur, Le nombre qui indi-
que, dans une fraction, combien elle con-
tient de parties de l'unité. Dans la frac-
tion — , le chiffie 10 indique que l'unité
a été divisée en dix parties égales , et le
chiffre 6, qu'on a pris seulement six de
ces parties. Ce dernier est le numérateur.
Numération, Art de former les nom-
bres.etparlà d'exprimer une quantitié quel-
conque par des chiffres. Ces chiffres sont
0,1,2,3, 4, 5, 6, 7,8, et y. Le premier,
appelé zéro , n'a par lui-même aucune va-
leur, mais il influe sur celle des autres par
la place qu'on lui fait occuper. Il n'est
pas de quantité, si élevée , si compliquée
qu'elle soit , qu'on ne puisse exprimer à
l'aide de ce petit nombre de chiffres. Ils
suffisent à toutes les combinaisons du cal-
cul, comme les vingt-cinq lettres de l'al-
phabet à toutes celles de la pensée. Cela
tient .i ce qu'un chiffre acquiert une va-
leur de plus en plus grande, à mesure qu'il
s'éloigne d'un rang vers la gauche. Pre-
nons pour exemple le nombre 1325. Le
chiffre 2, qui est au deuxième rang, vaut
dix fois 2 ou 20; le chiffre 3 , qui occupe
le troisième, vaut trois fois cent, ou 300; le
chiffre 1, placé au quatrième , vaut 10 fois
cent, ou 1000 (mille trois cent vingt-cinq).
1 placé à gauche du zéro (10) vaut dix.
Pour faciliter renonciation d'un nombre
élevé , on en sépare les chiffres de trois en
trois par une virgule , en commençant à
droite. Exemple :
^fi^ wfi^^ ^'PiS ^fiS oQΗ '
692,473,527,558,825 hommes.
I huit cent vingt-cinq
I hommes.
nq cent trente-huit mille,
trois cent vingt-sept millions.
quatre cent soixante-treize liillioiis on nul
liards.
ml quatri'vinjt-ilou/.c Irillion».
SIGNES DIVERS. AKITHMÉTIQLE ET ALGÈBRE. ^55
Chiffres.
Chiffres
arabes.
Chiffres romains.
Valeur.
\
I
un.
2
II
deux.
3
III
trois.
4
IV ou IIIl
quatre.
5
V
cinq.
6
VI
six.
7
VII
sept.
8
VIII
huit.
9
IX
neuf.
iO
X
dix.
H
XI
onze.
12
XII
douze.
13
XIII
treize.
14
XIV
quatorze.
15
XV
quinze.
16
XVI
seize.
17
XVII
dix-sept.
18
XVIII
dix-huit.
19
XIX
dix-neuf.
20
XX
vingt.
21
XXI
vingt-un.
22
XXII
vingt-deux.
23
XXIII
vingt-trois.
24
XXIV
vingt-quatre.
25
XXV
vingt-cinq.
26
XXVI
vingt-six.
27
XXVII
vingt-sept.
28
XXVIII
vingt-huit.
29
XXIX
vingt-neuf.
30
XXX
trente.
31
XXXI
trente-un.
40
XL ou XXXX
quarante.
41
XLI
quarante-uD.
SO
L
cinquante.
51
LI
cinquante-un.
60
LX
soixante.
61
LXI
soixante-un.
62
LXII
soixante-deux.
63
LXIIl
soixante-trois.
64
LXIV
soixante-quatre.
65
LXV
soixante-cinq.
66
LXVI
soixante-six.
67
LXVII
soixante-sept.
68
LXVI II
soixante-huit.
69
LXIX
soixante-neuf.
70
LXX
septante ou soixante-dix
tiUAMMAlUE l'KAiNCAISE.
Chiffres arabes. Chiffres romains.
71 LXXI
72 LXXII
73 LXXIIl
74 LXXIV
7o LXXV
76 LXXVI
77 LXXVI l
78 LXXVIIl
79 LXXIX
80 LXXX
81 LXXXI
82 LXXXII
83 LXXXIII
84 LXXXIV
85 LXXXV
86 LXXX VI
87 LXXXVII
88 LXXXVIII
89 LXXXIX
90 XC
91 XCI
92 XCIl
93 XCIII
94 XCIV
95 XCV
96 XCVI
97 XCVII
98 XCVIII
99 XCIX
100 c
101 CI
102 CII
105 cm
104 CIV
105 CV
106 CVI
107 CVII
108 CVIII
109 CIX
110 ex
111 CXI
200 ce
201 CCI
300 CCC
301 ceci
400 cece
101 cccci
Valeur.
soixante-onze ou
septante-un.
soixante-douze,
soixante-treize,
soixante-quatorze,
soixante-quinze,
soixante-seize,
soixante-dix-sept,
soixante-dix-liuit.
soixante-dix-neuf.
octante ou quatrevingls.
quatrevingt-un ou
octante-un .
quatreviugt-deux.
quatreviugt-trois.
quatrevingt-quatre.
quatrevingt-cinq.
quatrevingt-six.
quatrevingt-sept,
quatrevingt-huit.
quatrevingt-neuf.
nouante ou quatrevingl-dix
quatreVingt-onze ou
nonante-un.
quatrevingt-douze.
quatrevingt-treize.
qualreviogt-quatorze.
quatrevingt-quinze.
qualreviugt-seize.
qualreviugt-dix-sept.
quatrevingt-dix-huit.
quatrevingl-dix-ueuf.
cent,
cent un.
cent deux,
cent trois,
cent quatre,
cent cinq,
cent six.
cent sept,
cent liuit.
cent neuf,
cent dix.
cent onze,
deux cents,
deux cent un.
trois cents,
trois cent un.
quatre cents,
quatre cent un.
SIGNES DIVERS. ARITHMÉTIQUE ET ALGÈBRE. ^^.'>
Chiffres arabes.
500
KOI
600
601
700
701
800
801
900
901
1,000
1,001
1,100
2,000
10,000
100,000
900,000
1 ,000,000
10,000,000
100,000,000
200,000,000
1,000,000,000
10,000,000,000
100,000,000,000
1,000,000,000,000
Chiffres romains.
D ou 13
DI
DC
DCI
DCC
DCCÏ
DCCC
DCCCl
DCCCC
DCCCCI
M ou CI3
MI ou CI3Ï
MC
MM ou IlCn
XMouXCID,ou
CCm , ou DMC,
ou X
CM, ou _
CCCI3DD , ou C
DCCCCM
M. ou
CÇÇCIDDDD
XM
CM_
CCM
MM _
XCIDM
CMM, ou_
ÇÇCIDDDM , ou
Ç}i_
MM
Valeur.
cinq cents,
cinq cent un.
six cents,
six cent un.
sept cents,
sept cent un.
huit cents,
huit cent un.
neuf cents,
neuf cent un.
raille,
mille un.
raille cent,
deux mille.
dix mille.
cent mille,
neuf cent mille.
un million,
dix millions,
cent raillions,
deux cent raillions
un billion ou railliard.
dix billions.
cent billions.
un irillion.
Ainsi tout nombre exprimé en chiffres
est partagé en unités de différentes espè-
ces, toujours décuples les unes des autres
en allant de droite à gauche. Lorsqu'il
manque une unité d'un ordre quelconque,
on la remplace par le zéro , qui conserve
de cette manière la valeur des chiffies en
les maintenant chacun à leur rang naturel.
Exemples :
700,000 hommes. Sept cent mille hommes.
80.T,022 — . Huit cent cinq mille
vingt-deux hommes.
Outre les sept lettres C D I L M V X,
on trouve encore chacune des autreslettres
de l'alphabet latin employée comme nu-
mérale.
A valait 500, A surmonté d'un irait valait 500, 000
B. . — . . 300, B.' - 300,000
E (1)—. 250, Ë — 250,000
F..—.. 40, F — A0,000
G..—.. 3, G — 3,000
H..— . . 200, H — 200,000
J est la même lettre que I.
K n'est point une lettre latine, mais grecque
N. , — . . 900, N — 900,000
O..— .. 11,0 — 11,000
P . . 100, P — 400,000
Q.. — . . 500, Q — 500,000
II..-.. 80, R — 80.,00(>
(l) E qiioquF ducentni ft iyriinr/iin!.'inlri tenehil.
M)ù GRAMMAIRE
S..—.. 7,S — 7,000
T. . — . . 160, T — 100,000
U est la incino que V.
Y. . — . . 150, Y. - 150,000
Z. . — 2,000, Z — /i, 000, 000
Exemples de Chiffres Romains.
On vint annoncer à Louis XIV que le
cardinal Mazaiin venait de rendreson âme
à Dieu. «Sire, dit un courtisan, je doute
que Dieu l'ait acceptée.»
CHRONOGRAMMES.
( Du grec cftrontïs, temps, etgrammUt lettre).
On appelé chronogramme une inscription dans la quelle
les letlrts numérales forment la date de PéTénement dont
il s'agit. Pierre le Grand , par exemple, toulant consa-
crer la mémoire de la victoire de Pultava, Ut frapper
une médaille avec ces mots :
PVLtaVa Mira CLaDe Insignis, où se
trouve la date de l'événement (MDCLLYVIIII,
i.'] i.tlj ,T)e même les lettres numérales, dans ce vers la tin:
FranCorVM iVrbls sICVLVs ferl fVnera Vesper,
rangées dans l'ordre su ivant :
MCCLVVVVVYil, donnentia date des Vêpres Si-
ciliennes (1282).
Nl7iaÉRlQ0Q, Qui appartient aux nom-
bres. Opération numérique. Rapport nu-
mérique. L'unité numérique. — Calcul nu-
mérique , Celui qui se fait avec des nom-
bres, et qu'on appelé ,\ritlimétique. Calcul
littéral, Celui qui se l'ait avec des lettres ,
et qu'on nomme Aljj'èbre. Numériquement,
En nombre exact. Trente témoins qui se
répètent n'en font souvent qu'un ou deux
numériquement. (Acad.)
Opérations, Les supputations, les
calculs , qu'un fait par Vaddition , la sous-
traction, la multiplication , et la division.
"L'addition est la règle qui enseigne, qui
sert à trouver la somme totale de plusieurs
nombres ajoutés l'un à l'autre. Faire une
addition. Pratiquer ce qu'enseigne la règle
d'addition. Faire la preuve d'une addition.
Cette addition est bonne, est exacte, addi-
tion de fractions. Voyez Fraction, jid-
dition algébrique. (En latin addilio, à'ad-
dere, ajouter.) La soustraction est une opé-
ration par laquelle on soustrait, on ôte, on
retranche un nombre d'un autre nombre.
Par la soustraction on connaît la différence
de deux nombres. Le résultai de la soustrac-
tion se nomme reste. Soustraction des frac-
tions. (Du latin sublrahere , sous-tirer. ) La
multiplication est une opération par la-
quelle on répèle un autre nombre apj)elc
multiplicande autant de l'ois qu'il y a d'u-
nités dans un autre nombre donné, appelé
FRANÇAISE.
multiplicateur. Soit 17 à multiplier par 7: il
faut répéter 7 fois 17, c'est à dire, l'ajou-
ter t) fois à lui-même. Le produit de la mul-
tiplication de 17 par 7 est 119. La défini-
tion ci-dessus n'est applicable qu'aux nom-
bres entiers. Celle-ci s'applique également
aux nombres entiers et aux fractions : La
multiplication est une opération par la^
quelle, deux nombres étant donnés, on
cherche un troisième nombre qui soit com-
posé avec le premier comme le second
l'est avec l'unité. Faire une multiplication,
la preuve d'une multip licalion. {Enlatin mut-
tiplicatio, de mulliplicare, multiplier, aug-
menter un nombre). La c/ii,'(sion est une opé-
ration par laquelle on divise, c'est à dire,
par la quelle on cherche combien de fois
un nom bre a ppelé</ii'(4e«r est contenu dans
un autre nombre appelé dividende. Pour
diviser un nombre par un autre, on écrit
le diviseur à droite du dividende en les sé-
parant par un trait (1972 1 17). On prend
assez de chiffres sur la gauche du dividende
pour que le nombre qui en résulte con-
tienne le diviseur. On cherche le nombre
qui exprime combien de fois ce dividende
partiel renferme le diviseur (en 19 com-
bien de fois 17 ? 1 fois) : ce nombre sera le
premier chiffre à gauche du quotient. On
multiplie le diviseur parce nombre (1 fois
17). On le retranche du dividende partiel
(17 de 19 laisse 2), et l'on ajoute à ce reste
le premier des chiffres du dividende qui
n'ont pas été employés (27). Onrépète ces
opérations jusqu'à l'entier épuisement des
chiffres du dividende. La preuve de la di-
vision est la multiplication du quotient
par le diviseur. On ajoute au produit le
reste s'il y en a. Le quotient de 1972 divisé
par 17 est 116, sans reste. La division des
nombres entiers. La division des fractions.
Faire une division. (En latin divisio, de di-
videre, diviser. )
Poi.TNOniE, Toute quantité algébrique
distingueepar les signes plus (-f-) ou moins
( — ). On dit aussi mais plus rarement mul-
tinome.
Preuve, La vérification d'une opéra-
tion, qui se fait par l'opération opposée.
La preuve de la multiplication se fait par la
division.
ProbÙME, Question à résoudre sui-
vant les règles de la science. Problème
d'alifébre. Problème de géométrie. Proposer
un problème. Résoudre un problème. La so-
lution d'un problème. Un problème insolu-
SIGNES DIVERS. ARITHMETIQUE ET ALGÈBRE.
457
tk, difficileà résoudre. (En grec, problCma,
ile pro, avant, et ia//y ^ je jète, je mets en
avant. )
Produit, Le nombre qui résulte de
deux nombres multipliés l'un par l'autre,
les quels prennent^ son égard le nom de
facteurs.
Progression, Suite de nombres ou de
quantités qui dérivent successivement les
unes des autres, suivant une môme loi.
Progression par différence ou arilhmétiquc,
Celle où la différence de cbaque terme au
terme précédentest constante. 3, 6, 9, 12,
15 , oit la différence est 3 , que l'on ajoute à
chaque terme pour avoir le ternie suivant ,
sont des grandeurs en progression arithmé-
tique. Progression par quotient ou géomé-
trique. Celle où le rapport de cliaque terme
au terme précédent est constant. 2, G, 18,
54, 162, oii te quotient est 3, nombre par le-
quel on multiplie chacun des termes pour
avoir le terme suivant, forment une progres-
sion géométrique. Progression indéfinie.
Celle qui est indéfiniment continuée. La
progression est ditecroissanteoudécroissante,
selon que les termes vont en augmentant ou
en diminuant.
Proportion , L'égalité de deux ou de
plusieurs rapports par différence ou par
quotient. Proportion par différence ou aritli-
mélique. Proportion par quotient ou géomé-
trique. 2 : 5 : : 6 : 9 (deuxcA'f « cinq comme
six est d neuf) est une proportion par diffé-
rence, dans laquelle la différence est trois. 2 :
à : : G : 12 est une proportion par quotient,
dans la quelle le quotient est 2. On peut
encore donner tant à la différence qu'au
quotient le nom de raison. Proportion har-
monique , Celle dans laquelle le premier
terme est au troisième , ciuiime la diffé-
rence du premier et du second est à la dif-
férence du second et du troisième. Pro-
portion continue. Celle où le conséquent
de la première raison est l'antécédent de
la seconde.
Proportionnalité , Condition des
quantités qui sont proportionnelles entre
elles. Etablir la proporlionnalilè.
Puissance, Chacun des différents de-
grés aux quels on élève une grandeur, une
quantité en la multipliant toujours par
elle-même. Quatre est la seconde puissance
de deux , huit est la troisième, seize est la
quatrième, etc. Elever un nombre à la se-
conde, à la troisième, à la quatrième puis-
sance
g?
g
1
quarrés,
cubes,
puissance,
5n,e
pu'ssance.
1
1
1
1
2
4
8
16
52
3
4
9
27
81
243
16
64
256
1024
5
2.n
125
625
3125
7
36
216
1296
7776
49
343
2401
16807
8
(H
512
4096
32768
9
81
729
6561
59049
QUADRINOME , Expression algébrique
composée de quatre termes.
Quantité, Tout ce qui peut être me-
suré ou nombre , tout ce qui est suscep-
tible d'accroissement ou de diminution.
On dit aussi grandeur. Quantité ou gran-
deur continue. Celle qui n'offre à l'esprit
qu'un tout sans distinction de parties,
comme une surface, une longueur linéai-
re, c'est à dire, l'étendue d'un corps en
longueur, largeur, et profondeur. Quantité
discrète. Celle qui résulte des parties dis-
tinctes et séparées, dont notre esprit fait
un tout artificiel. Exemple : dix hommes,
vingt arbres. L'arithmétique et l'algèbre
ont pour objet la quantité discrète. La quan-
tité continue est du ressort de la géométrie.
Quantité difjcrcnlieUc, ou substantivement.
Différentielle, Accroissement d'une quan-
tité variaide, considéré comme infiniment
petit. Une différentielle. L'intégrale d'une
quantité différentielle , La quantité finie
dont cette différentielle est l'incrément in-
finiment petit. Une quantité finie ou déter-
minée. Quantités variables , Celles qui va-
rient de grandeur; par opposition à Quan-
tités constantes. Celles qui ne varientpoint.
Dans un cercle, le diamètre est une quantité
constante, et l'abscisse une quantité variable,
( Le diamètre est la ligne droite qui \a d'un point de la
circonféi'cncu d'un cercle à un autre point, en passant par
le centre. Du grec rfi'a, à travers, et metron. mesure. LV6.
scisse est une ligne droite qu! sert à dcteiminer la position
d'un point conjointement avec rorrfonntc. L'abscisse et
l'ordonnée se nomment CDorrfonnc'es.) Quantités SOUr-
des , Les quantités incommensurables ,
c'est à dire , celles qui ne peuvent être ex-
primées exactement , ni par des nombres
entiers ni par des fractions. La racine
quarrée de deux est une quantité sourde.
I. II.
58
-iSS r.U.VMMAIllE
( AcAD. ) Différcnlifr une t/iianlltc vuvlahlc.
En prendre raoci'olssciiieut infinimciU pe-
tit.
Quotient, Nomljre qui résulte do la
division d'un nombre par un autre. Le quo-
iicnldu nombre douze divise par Irais est qua-
tre,cl celui du nictnc Jiontljre divise par tj un Ire
est trois. Le dividende, le diviseur, et le quo-
tient. (Du latin quoties, combien de fois.)
Il,ACINE. La racine quarrée d'un nombre
proposé. Le nombre qui, multiplié par lui-
même, produit ce nombre-là. 2 est la ra-
cine quarrée de k.S est laracinequarrcc de 9.
La racine cube ou cubique. Le nombre qui,
multiplié parson quarré, produit le nombre
proposé. 2 est la racine cube de S, puisque
2 multiplié par 4 donne 8. 3 est la racine
cube de 9.1. Tirer, extraire la racine quarrée,
ta racine cubique d'un nombre. On dit de
même, llacine quatrième. Le nombre qui,
multiplié par son cube , donne le nombre
proposé. 2 est la racine quatrième de 16.
Voyez Puissance.
ÀaISON , Le rapport d'une quantité,
soit étendue, soit numérique , à r.ne autre
quantité. Raison arilhmélique. Raison géo-
métrique. Il y n même raison géométrique
entre trois et six qu'entre six cl douze. Rai-
son multiple. Raison double, triple. Raison
composée. La raison directe de deux quan-
tités , Le rapport de la première à la se-
conde, dans l'ordre direct où on les énon-
ce; par opposition à La raison inverse, qui
intervertit Tordre suivi dans l'énoncé. La
raisoyi directe de 6 à 5 est 2 , et la raison in-
verse de CCS mêmes nombres est un demi. En
Algèbre, unrapport itst enruisondirectcd'im
autie lorsque les quantités du premier dé-
pendent de celles du deuxième, et que le
rapport des premières est le même que celui
des secondes. Ainsi le rapport 8 est à 10
est direct ou en raison directe avec le
rapport 12 est à Ih.
Rapport, La relation que deux gran-
deurs ou quantités ont l'une avec l'autre.
Il y a le même rapport géométrique entre six
et douze qu'entre trois et six. Une proportion
est l'assemblage de deux rapports égaux. Le
premier, le second terme d'un rapport.
RÉDUCTION , L'opération par laquelle
on trouve le rapport que les différents nom-
bres, les différents poids , les différentes
mesures, les différentes monnaies, ont les
rUANCAISE.
uns (1) avec les autres. Faire la réduction
des fractions en nombres entiers. Faire la ré-
duction des poids étrangers en poids de
France, et des poids de France en poids
étrangers. La réduction des milles d Italie
en lieues de France, des lieues en degrés, etc.
C« réduction des francs en centimes , et des
centimes en francs. Par la réduction de la
livre tournois au franc , on trouve que qua-
trevin gis francs équivalent à qiiatrevingt-une
livre tournois. Par le .•système métrique , on
a opéré la réduction des mesures à une seule.
Table de réduction. Table indiquant le
rapport que les différents poids, les diffé-
rentes mesures , les différentes monnaies,
ont entre elles. Nous allons en essayer une.
H70UV3:i.I.ES ïaUSURES.
Noms y , Mesures qu'elles
systématiques ^^'^'^- remplacent.
Mesures Itinéraires.
Myriamètre. 10,000 mètres. Lieue.
Kilomètre. . 1000 — . Mille.
Mesures de Longueur.
Décamètre.. 10 mètres. Perche.
MÈTRE. ... Unité fondamentale des AunC.
poids et mesures ; dix
millionnème partie du
quart du méridien ter-
restre.
Décimètre.. 10"' de met. Palme (le)
Centimètre. lOO'^demèt. Doigt.
Millimètre.. 1000' de met. Trait.
Mesures Agraires.
Hectare.... 10,000 met. q. Arpent.
Are lOO — perche q.
Centiare. . . 1 —
Mesures de Capacité pour les liquides.
Décalitre. . . 10 décim. cub. Velte.
Litre 1 — — Pinte.
Décilitre... lO'dedéc. cub. \'erre.
Mesures de Capacité pour les matières sèches.
Kilolitre.. . . 1 mètre cube Muid.
ou 1000 décimè-
tres cubes.
Hectolitre.. 100 déc». cub». Setier.
Décalitre... dO — — Boisseau.
Litre Idée. cube. Pinte.
Mesures de Solidité.
Stère 1 mètre cub. Demi-voie ,
le quart de la
corde.
Décistère... lO'demèt.cub. Solive.
(l) Sans la virgule qui pic'crde o/i/ , il l'a uc) rail 1rs uni'
lerait qu'à monnaies.
paicr qu'alors rc mol ne se lappu
SIG>ES un EUS
POIDS NOUVEAUX.
Noms Y , Poids qu'ils
s]slémaliques. remplacent.
Millier lOOOkilogram'. Millier.
i Poids du tonneau de
mer. )
100 kilogram*'. Quintal.
AUnilMETKJl'E ET ALGÈllliE
KiluK-""
i5»
Quintal.
Hectogiam«
Décagram^
Gramme.
Poids d'un décimi'tie Livi'C.
cube d'eau, à la tem-
pérature de 4° au-
dessus delà j;Iare fon-
dante. 10 onces.
dO^diikilog. Once.
100« — Gros.
1000<= — Denier.
Di;cisramm« 10,000= —
Grain.
Table de Réduction
MESURES DE I.OBJGUEUR.
Réduction des toises, pieds, etc., en mètres
et décimales du mètre.
La Toise , mesure de 12
pieds, égale 1 mètre 9490/iO
Le Pied, mesure de 12
pouces , égale 0
Le PoDCE , mesure de 12
— 32/i840
— 027070
— 002256
lignes , égale 0
La Ligne , mesure de 12
points , égale 0
La Toise QUAHRÉE, égale. 3 lu.qu. 79S700
La Toise CUBE = 7 m.cub.iOSQOO
Le Pied QOARBÉ.. . . = 0 m. qii. 105500
Le Pied CUBE = 0 m. cub.03A280
La Brasse est une ancienne mesure en usage dans ta Cla-
rine. La grande brasse est longue de 6 pieds, iamoyetine
rfe5 1(2 , et la petite de 5.
lièduction des mètres , décimètres , centimè-
tres, millimètres, en toises, pieds, pouces,
lignes, et décimales do la ligne.
Le Mètre = 0 toise 513074
Le MÈTBB = 3 pda 111. 296000
Le Décimètre = 3 p«' 8 1. 296000
Le Centimètre = Il lignes /iSSOOO
35 centimètres = 1 p"'. 11 1.15/iOOO
Le Millimètre = 0 ligne 4/i3000
400 millimètres.
Le Mètre qcabhé.
Le Mètre cube. . .
Le Mètre quarhé.
Le Mètre clbe. . .
= 177 lign. 318000
= 0 t. quar. 263200
= Ot. cub. 135100
= 9 p<i» q. 480000
= 29 p<>» c. 170000
MESURES ITINÉRAIRES.
Mesures de différents pays évaluées en mètres.
Lieue commune de France,
de 25 au degré txkhlx m. 40 c.
Lieue marine, de 20 an de-
gré 5555 — 50
Mille d'Allemagne, de 15 au
dogré 7'i07ni.20
Mille d'Angleterre , d'envi-
ron 69 au degré 1G17 — 70
Mille géographique , de 60
au degré 1851 — 80
Lieue d'Espagne , de 17 1/2
au degré 6349 — 20
Verste de Russie, de 86 au
degré 1292— »
MESURES DES ANCIENS.
Mille romain 1473 m. 444 mill.
( Le mille romain moderne vaut 1480 m. 036 mill.
Mille grec _. . . . 1292 — »
Stade grec, olympique,
de 94 toises 1/2 184 — 955
30 stades olympiques. . 5548 — 650
Stade égyptien 222— 20
Coudée naturelle des
Egyptiens, divisée en
2 empans , 6 palmes,
24 doigts ou dactyles.
Coudée royale, sacrée,
ou seplennaire, de 28
doigts
Les Hébreux conservèrent les
deu.K coudées des Egj"pliens. La
première était dite coudée virile
ou des ouvriers^ et la deuxième
coudée sacrée ou du sanctuaire. La
coudée naturelle des Grecs fut la
même que celle des Egyptiens.
Coudée olympique.. . .
Coudée romaine
Coudée ordinaire pliilé-
térienne , de 28 doigts
olympiques , établie
en Asie par les suc-
cesseurs d'Alexandre.
Coudée royale pliilélé-
rienne, de 38 doigts
olympiques
Elle est devenue l'archiiic de»
Rnssfs.
450
525
462
442
540
720
-460
On^lMMAlRE FRANÇAISE.
Coudée naturelle des
Arabes
Coudée hachémiqiic ou
d'Omar, de 32 doigls.
Coudée noire des Arabes.
Les coudées sont rcstccs fus*
qu'à présent en usn^c chez les
peuples de l'Asie et du nord de
l'Afrique. £n Europe, les seules
mesures de ce nom que l'on ren-
contre encore sont la coudée de
Portugal, qui Tout 657 millimè-
tres, et celle d'Espagne , qui en
Tant 424-
Pied romain (10 pouces
11 lignes 3 vingtièni.)
Pied grec olympi(f lie [ 11
pouces II lignes 65 cen-
tièmes.)
Pied pbileféricn ( 1 pied
1 pouce 1 ligne 38cen-
tièmes.)
Parasange ( «"ivant Hérodote
des ) et Aenoplion...
Perses. ) ^"" '''"* Strabon.
Millimétrés.
llSO
640
540
395,8524
308,2590
354,7004
30 st. gr.
40 —
60 —
Mesures agraires.
Évaluées en
Perche des Eaux
et Forêts
Arpent des Eaux
et P'orèts
Perche de Paris..
Ai'pent de Paris..
Are
Hectare
'?^^ quar.
4S4
48400
32/i
32400
947,7
94768,2
T="quai
13,44
1344,44
9,
900,
26,32
2632,45
M'"'^ qu.
51,07
5107,20
34,19
3418,87
100,
10000,
REDUCTION
des Arpents en Hectares et des Hectares en
arpents.
Arpents de 100 per-
ches quarrées , la
perche de 18 pieds
linéaires.
Arpents. | Hectares.
1 I 0,3419
Des hectares en ar-
pents de 18 pieds la
perche.
Hectares. | Arpents.
1 I 2,9249
Arpents de 100 per-
ches quarrées , la
perche de 22 pieds
linéaires.
Arpents. | Hectares.
1 I 0,51072
Des hectares en ar-
pents de 22 pieds la
perche.
Hectares. | Arpents.
1 I 1,9580
POIDS.
Réduction des anciens poids en nouveaux,
La LirnG vaut fl,'i895 gianiiues ou
millièmes de kilo-
gramme.
Ij'Oncb vaut 30 grammes 59
Le Gros vaut. . . ,
10 Gbaiks valent
3 grammes 824
0,53 centigrammes.
licduction des nouveaux Poids en anciens.
Le Gramme vaut. .. . 19 grains.
Le KiLOGBAMME vaut. 2 livres 5 gros 35
grains et 15 centiè-
mes de grain.
Mesures de Capacité.
L'Hectolitre vaut.. 641 millièmes dese-
tier.
Le Setier vaut 1 hectolitre 560 mil-
lièmes de litre ou
millilitres.
MESURES ANGIiAISES
CO.MPARÉES AUX MESURES FRANÇAISES.
Mesures de Longueur.
Anglaises. Françaises.
Pouce -jI du yard. . . .
Pied i du yard
Yard
Fathom (2 yards). .
Pôle ou Perche (5 | y*'')
Furlong (220 yards)
0, m. 02539954»
0,'— 30479449»
0, —91438348'
1, — 82876696 «
5, —02911000^
201, — 16437000 '
Mille (1760 yards) . . 1609, — 31490000 '
Françaises. Anglaises.
Millimètre..'. 0 p"» 0393700«
Centimètre 0, — 3937080'
Décimètre 3,— 9370790=
/■S9,— 3707900'
Mètre I 3 P*^' 2808992'
1 1 yard 0936330'
Myriamètre 6miIles213S000'
Mesures de Superficie.
Anglaises. Françaises.
Yard quarré 0, ". ,,.'836097'
Rod (perche quarrée). . 25, — 291939'
Rood (1210 yards quart.) 10 ares 116775'
Acre (4840 yards quarr.) 0 hect. 404671'"
Françaises. Anglaises.
Mètre quarré 1 y"" q. 196033'
Are Orood 098845=
SIGNES DIVERS. ARITHMETIQUE ET ALGEBRE,
Hectare 2 acres /i711/i3«
Mesures de Capacité.
Anglaises.' Françaises.
Pinle ( i ) de gallon 0, lit. 56793200^
Quart i de gallon 1, — 13586/i00=
Gallon". U,— 543/15797-
Peck ( 2 gallons) 9, — 08691590=
Bushel ( 8 gallons) 36, — 3Zi766;iO0<'
Sack (2 bushels) 1 hec.090/i3000''
Qiiarter (8 bushels).... 2, — 90781300'
CLaldron (12 sacfcs ).. .. 1.3, — 0851G000'
FaANÇAisES. Anglaises.
Litre ." 1 pinte 7607730»
Décalitre 2gal, 200966S'
Hectolitre 22,— 0096680'
POIDS.
Anglais. (TV-oy.) Fhakçais.
Grain (aA^depennyweight) Ogr. 065000
Pennyweight (20* d'once.) 1,— 555000
Once (12«deliv. troy.) .. 31,— s 091000
Livre troy G kilogr. 373096
Anglais {Avoir-dupoids .) Français.
Dram (16= d'once. ) 1 gr"=. 7710
Once (16« delà livre. )... 28, —s 3380
Livre avoir du poids 0 kilog. 4534
Quintal (112 livres. ) 50, — s 7800
Ton (20 quintaux.) 1015, —s 6500
Français. Anglais.
i 15 grains troy. 438-
Opennyw. . .643-
0oncetr...0322-
,.., ( 2liv. tr... 6803-
Kilogramme f 21. '-^-p. . .2055-
La livre Troy est usitée pour les matières
sèches. La livre Avoir-du- poids sert pour
vendre tous les objets d'une nature gros-
sière , tels que le beurre , le fromage , la
viande, tous les différents articles du com-
merce d'épicerie, le blé, le pain, et les
métaux .autres que l'or et l'argent.
E VAI.UATION ,
En mesures françaises , des principales me-
sures linéaires étrangères , recueillies
par M. DE Prony.
MiUiniclrcs.
Amsterdam , aune ( M) , . , . . 690,3
Anvers
Berlin
i aune pour la soie
( — pour la laine
( aune, ancienne mesure. . .
\ — , nouvelle mesure. . .
Berne , aune
Bologne , brasse
Brunswick , au7ie
Brème , aune
Cagliari , raso
Caune pour les bols
Carrare \ brasse marchande
(^palme pour les marbres..
Cassel , aune
Cologne , aune
„ . . , i grande mesure, .
Constantmople ; ,•,
' ( petite mesure. . .
Copenhague , aune danoise
Cracovie , aune
Crémone , brasse
Dresde , aune,
r brasse pour la soie
Ferrare | — pour le colon et le
\ linge
Florence , brasse
Francfort snr le Mein, aune
Gènes, palme
Genève , autie
,T 1 ( aune de Hambourg. .
Hambourg j _ ^, ^,^^^„,,^, .
Hanovre , aune
TT 1 ( aune ordinaire
Harlem < , ,■
I aune de linge
Leide , aune
Leipsik , aune
Lisbonne , vare
Lubeck , aune
Lucques , brasse
IMadrid , vare
Mantoue , brasse
Milan , brasse
Modène , brasse
Munich , aune
Naples , canne
Neiif-Chàtel , aune
Nuremberg , aune
Ostende , aune
brasse pour le drap
brasse pour la soie
Palerme, canne divisée en 8 palmes.
( brasse pour la laine, le co-
Parme \ ton , et le linge
V brasse pour la soie
Pétersboiirg , archlnc
Haguse , aune
Riga , aune
Fade
464
limctrcs,
694,3
684,4
667,7
666,9
542,5
645,2
570,7
578,4
549,3
624,6
619,7
249,3
569,4
575,2
669,1
647,9
627,7
617.0
594,9
566,5
634,4
673,3
594,2
547,3
248,3
1143,7
573,0
691,4
584,0
683,5
742,6
683,1
565,3
1092,9
577,0
595,1
848,0
643,8
594,9
648,1
833,0
2096.1
1111,1
656,4
699,3
681,0
637,5
1942,3
643,8
594,4
7H,&
513,2
548.2
;(.->
r.lVAMMAIUE l'K.\N(.AISE.
Mlllinicti'cs.
Rouie
.' canne des niar-chands divi-
[ sée en 8 palmes 1992,0
1 brasse des niarcliands divi-
\ sec en h palmes ii8,2
f — des tisserands divisée
\ en 3 palmes G36,l
Rostock , aune 575,2
Stockholm , aune de Suède 593,7
Stuttfrard, aune de fVurlemberg. . 614,3
Turin , raso divisé en lli onces 599, Zi
Varsovie, aune 58/j,6
f^rande brasse 649,0
petite brasse 6/i2,/i
Weiniar , aune 564,0
brasse pour la laine 683,4
brasse pour la soie 638,7
f brasse de drap 690,3
l brasse de soie 637,5
aune de Vienne 779,3
auncde la haute Autriche. 799,7
Zurich , aune 600,1
Véror
Wein
Venise |
Vicence
Vienne \
CIIMGE ET COURS DES MO^MIES.
Monnaies Duodécimales
( Anciennes monnaies dont la base est le
nombre 12).
Les anciennes monnaies étaient la livre
tournois, le denier, le liard , le sou, les
pièces de quinze et de trente sous , Vécu de
six livres et celui de trois livres , le louis et
le double louis. La livre tournois valait
20 sous, le sou 12 deniers ou 4 Hards , et
dans le nouveau système 9876 dix-milliè-
mes de iVanc. La livre parisis était plus
foite d'un quart que la livre tournois. iiSo«,
denier parisis.
Il y avait aussi des pièces de six /inerf*
dont on trouve encore un grand nombre
dans quelques provinces de la France, no-
tamment dans la Marche et dans le Berry.
On nommait blanc, autrefois, une petite
monnaie de la valeur de cinq deniers.
Blanc est encore usité au pluriel , dans
celte expression populaire , six blancs
( deux sous six deniers ).
Le carolus était une petite monnaie de
hillon de la valeur de dix deniers, ainsi
nommée parce qu'elle n'eut cours que
sous Charles VlU.
On entend par Poids des monnaies , la
pesanteur déterminée et fixe des monnaies.
Cette monnaie est de poids. Elle a la pesan-
teur qu'elle doit avoir suivant la loi.'Tï^re
signifie le degré de fin ou métal pur de
l'or ou de l'argent monnayé. Celte tiiotinaie
est, n'est pas au titre lèf^al. En général le
titre des monnaies françaises est de neuf
dixièmes de fin (0,900j et d'un dixième
d'alliage. Le titic de l'or non monnayé
s'évalue par carats. Le carat est une des
parties d'or fin contenue dans une quan-
tité d'or quelconque que l'on suppose par-
tagé en vingt-quatre parties égales. // n'y
a point dans le commerce d'or à vingt-qua-
tre carats. Or à vingt-trois , à vingt, à dix-
huit carats, etc., Or dans lequel vingt-
trois parties, ou vingt , ou dix-huit , etc. ,
sur vingt-quatre, sont sans alliage. On dit
aussi, or au vingtième, au dix-huitième
carat. (1). Or au titre.
/anciennes pièces d'or droites de poids.
Livres.
Grammes.
Titres.
48
15.2970G
901
24
7,64853
901
ciennes pièces d'argent droites de p
6
29,4883
906
3
14,74415
906
30 sous.
10,1366
660
15 sous.
5,0683
660
Monnaies di^cimales.
( Nouvelles monnaies, dont la base est le
nombre 10. )
La nouvelle unité monétaireest le /"ranc.
La pièce d'un franc pèse 5 grammes. Le
dixième d'un l'ranc s'appèle décime, et le
(i) On Jit provcrb. et iig., Cel luiniinc csl un sot, est un impertinent à vingt-quatre earats, il
est impeilineiit au souverain degré'. ( AcAB.)
Carat, signifie anssi, Le poids de quatre fjiains ; et il se dit en parlant des petits diamants, des
perles, etc. Ce diuut/int, celte perle pèse tant de carnls. Par extension, Pelils diamants qui se ven-
dent au poids. Sa girandole parait hcnucoup de loin, cependant elle n'est que de carnls. (AcAP.)
Ce n'est que du Carat . ( Id . )
SIGNES DIVERS. ARITHMETIQUE ET ALGEBRE,
!C'
centième centime. Les nouvelles monnaies
d'argent sont lus pièces d'an franc, à'u7i
demi- franc , à' un quart de franc, de deux
francs , et de cinq francs. Les nouvelles
monnaies d'or sont les pièces de 20 francs
et de iO francs. Les nouvelles monnaies
de cuivre sont les petites pièces d'un cen-
time ou centième de franc ; la pièce de
5 centimes ou le nouveau sou , et la pièce
d'un décime ou le gros sou, qui vaut un
dixième de franc.
Les nouvelles monnaies d'or et d'argent
sont à neuf dixièmes de fin , c'est à dire
qu'elle contiennent les neuf dixièmes de
leur poids en mêlai pur.
On nomme remède de loi, Laquantilé d'al-
liage dont la loi tolère l'emploi dans la fa b ri-
cation, des espèces d'or et d'argent au delà
de ce qu'elle a réglé. Remède de poids , La
quantité de poids dont la loi permet aux
monnaj'eurs de faire les espèces plus lé-
gères qu'elle ne l'a prescrit. Cet édil accor-
dait tant de grains de remède de loi , et tant
de grains de remède de poids , dans la fabri-
cation des nouvelles espèces. (Acad. ) On
dit aujourd'hui tolérance.
La tolérance du litre , soit en dessus,
soit en dessous , est de 2 millièmes sur l'or,
de 3 nàlUèmes sur l'argent.
Poids des nouvelles Pièces de IKEonnaie.
Pièce de 40 francs 12,90/i22
Avec tolérance ' 12,877/iO
iivecioierance ^ 12,92903
Pièce de 20 francs 6,A5161
6,/i3871
6,46451
Pièce de 5 francs 25,00000
Avec tolérance [ 24,92500
* 23,07500
Les pièces de 40 francs ont 26 millimè-
tres de diamètre , celles de 20 francs ont
21 millimètres ; de sorte que 32 pièces de
40 francs et 8 de 20 francs, mises l'une à
côté de l'autre , donnent la longueur du
mètre.
Le kilogramme d'or pur
se paye , sans retenue. . 3444 ^ 44<^ 444
Et aux changes des mon-
naies il est payé 3434,44, klik
Au titre de 0,900 il vaut
sans retenue 3100, 00
Avec tolérance.
Et avec la retenue faite aux
changes 3091, 00
Le kilogram me d'argent pur
se paye , sans retenue... 222, 22, 222
Et aux changes il est payé. 218,88, 889
Au titre de 0,900, il vaut
sans retenue 200,00,
Et avec la retenue faite aux
changes 197, 00,
On nomme argent blanc , toute sorte de
monnaie d'argent , par opposition aux
monnaies de cuivre ou d'or; at Monnaie
blanche, les petites pièces d'argent qui
forment la monnaie d'une plus grande
pièce.
Valeur au Pair des monnaies.
Le pair des Monnaies se dit de l'égalité
de change qui résulte de la comparaison
exacte du titre, du poids légal, et de la
valeur intrinsèque d'une espèce dans un
pays, avec le titre, le poids légal, et la va-
leur intrinsèque de la même espèce dans
un autre pays. On dit , Le change est au
pair, lorsqu'il n'y a rien à gagner ni à per-
dre dans les traites et dans les remises .d'ar-
gent de tel pays à tel autre. (On dit de
même que la rente est au pair , quand elle
ne perd rien sur la place, quand elle se vend
et s'achète au prix de sa création. )
Dès l'instant que le change est au pair ,
il est aisé, par un calcul très-simple , de
convertir en monnaie d'un pays une somme
quelconque exprimée en monnaie étran-
gère , et réciproquement.
Supposons qu'on veuille savoir ce que la
guinée anglaise, d<' 21 schellings, vaut en
nouvelle monnaie d'or de France ? Le titre
légal de la guinée est de 0,917, le poids de
8 grammes 3802.
J'établis cette proportion :
10 : 83802 : : 917 : x , et multipliant les
termes moyens l'un par l'autre, je trouve
que la guinée contient 7 g, 6846434^ de
métal pur.
La pièce de 20 francs de France est au
titre légal de 0,900 ; elle pèse 6 g, 45161 ;
elle contient en matière pure 5 g, 806449,
Je dis donc :
5806/149 : 20 <■.• : 76846434 : x , et , mul-
ti|>liant le troisième terme- jjar le second ,
j'ai pour produit 15,3692868 dont le quo-
tient par le premier ternie est 2650. Donc
5 gr. 806449 : 20 f : : 7 gr. 6846434 : X ==-
26 f. 50 '.
<<»''♦ GUAMMAIRE IHAXÇAISE.
C'onvcr«lon en Argent <le France
Des diverses Monnaies Étrangères , toutes supposées exactes de poids et de titre.
■^
DéneminaliûD
Poidslégal
Tilre
Valeur.
5
Dénomination
Poidslégal
Tilre
^
DES ESPÈCES.
légal,
:S
DES ESPÈCES.
légal:
Gr.
Fr. C.
Gr.
AnGI.8TI!BRE.
Danemarck
O)-.
Guinée de 21 sch.
8,3802
917
26 50,
et IIOLSTEIN.
Deml-^uinéc
4,1901
917
13 25,
Or.
Ducat courant, de-
Quart de gnince. .
2,0950
917
6 62,50
puis 1767
3, 143
875
Tiers de guinée ou
Deniiducat
1,5715
875
7 schellings. . .
2,7934
917
8 83,33
Ducat spécies, 1791
Souverain de 20
à 1802
3, 519
997
schfllinjjs , de-
Cliréticn, 1773...
6, 735
903
puis 1818
7,9808
917
25 20,80
Arg.
Rixdale d'espèce
Arg.
Couronne deb sch.
ou doubleécu de
anciens
30,0740
925
616,
96 schellings da-
Schelling ancien.
6,0150
925
1 23,60
nois, de 1776..
29, 126
875
Couronne , depuis
Rixdale courant ou
1818
28,2514
925
5 80,72
pièce de 6
marcksdan. 1750.
Schelling, depuis
26, 800
833
1818
5,6503
925
1 16,14
Marck ou tnarc da-
Adtbiche et Bo-
nois, de 16 sch.
hême.
1776
D B
688
Or.
Durât de l'emper.
3,4910
986
11 86,
Espagne.
D(/ca< de Hongrie.
3,4910
990
11 90,
Or.
Doublon , depuis
Souverain
5,5670
917
17 58,
1497 jusqu'en
Arg.
Rixdale ( Reiclis-
tlialer) , depuis
1786
Pistole ou doublon
1753.
28,0640
833
5 19,50
de 8 écus d'or ,
Demi - rixdale ou
de 1772 à 1786..
27, 045
901
florinou gulden.
14,0320
833
2 59,75
Pistole de II écus..
13,5225
901
Zwanziger ou 20
— de 2 écus..
6,7413
901
kreutzers
6,6820
583
0 86,50
Demi - pistole ou
Dix Ixreutzers,. . .
Cinq krculzers.. .
3,8980
1,9490
500
500
0 43,25
0 21,62
ccu , ,
3,3806
901
Pistole ou doublon
Trois kreutzers., .
1,1694
500
12,975
deSècus,ov (jua-
FAorin papier ou
dru pie dep.ilSG
27, 045
875
florin sclicin, de
■ — ■ de k écus..
13,5225
875
60kreut.sc/ie/?i.
B »
1 00,
— de 2 écus..
6,7613
875
Bade.
Demi- Pistole, ou
Or.
Pièce t/e 2 florins.
Pièce de i forin.
6, 800
3, 400
901
901
21 04,
10 52,
écu .. ,.,,,,,,,,
3,3806
875
Arg.
Piastre , depuis
Arg.
Pièce de 2 florins.
25, 450
750
4 18,
1772
27, 045
903
Pièce de 1 florin.
12, 725
750
2 09,
Real de 2, ou pié-
Bavière.
cette, cinquième
Or.
Carolin
9, 744
6, 496
771
771
25 66,
17 48,
de la piastre. ..
Rêat de 1 ou demi-
5, 971
813
Maximilien
Arg.
Couronne
29, 343
886
5 66,
piécette
2,9855
813
Rixdale de \^(iQ..
27, 513
833
5 10,
Réallillo, ou réal
Teston ou Kopfs-
de vcillon, 2fi<=
titch
6, 643
583
0 86,
de la piastre. . .
1,4928
813
Belgique.
Les deux ' précédents
se iioninient Réaiix de
Or.
Picccde20/"ranc.'i.
6,45161
900
20 00,
Plate.
Pièce de 40/;a«es.
12,9032
900
40 00,
Etats Ecclésias-
Arg.
Pièce de 5 francs.
25, 000
900
5 00,
tiques.
— de 2 francs.
10, 000
900
2 00,
Or.
Pisioles de Pie VI
— de 1 franc .
5, 000
900
100,
et Fie VU....
5, 471
916
— i 12 franc...
2, 500
900
0 50,
Demi-Pistole
2.7355
— l/ft de franc.
1, 25
900
0 25,
.Vr'7(/(n.l779,Clé-
SIGNES DIVERS. AKITHMETIOLE ET ALGEBRE.
u;."i
Or.
Arg.
Or.
Arg.
Urnorainaiiûn
DES ESPÈCES.
Arg.
ment XlVetses
successeurs. . . .
Denn-sequin
Ecu de 10 pauls
ou 100 bainqncs.
3 iO^' d'ccK, ou lis-
ton rfeSO baïoqiies
Un 3' d'écii, ou pa
peto , de 20 bato-
qiies
Un 10"= d'écit , ou
paiil, de 10 baïo-
qncs
Etats-Unis
d'AmkrtqijK.
Doublcaigle, de iO
dollars. .....
Al^le de 5 dollars..
Doui-aigle
Dollar. ■
Demi-dollar
Un quart de dollar.
Hambol'bg.
Ducat à la loi de
l'empire
Ducat nouveau. . .
Marc banco
Marc de 16 scliel-
lings, d'après la
convention de
Lubeck
îlixdale de consti-
tution ou écu de
banque
Hollande.
Pièce de 10 florins
— de 5 forins.
1 flor.,uu ÏOO cents
1/2 florin
1/4 de florin
Pièce de 10 cents.
— de 5 cents.
Indes.
(Approximativ"^.)
Uoupie du Mogol.
Demi-roupie
Quart de roupie.. .
Pagode au croissant
Pagode à l'étoile,.
Ducat de la Coni-
pafrnie Hollan-
daise
Demi-ducat
Roupie du Mogol..
Roupie de Madras.
Roupie d'Arcate. .
Roupie de Pondi-
cliéry
poids légal
3, ^^26
1, 713
26, A37
7, 932
5, 287
2, 664
Ture
lép,al
9164
1000
1000
916|
916|
9161
Valeur.
17, Zi80 917
», 7Z|0 917
4, 370j917
27, 000
13, 500
6, 750
903
903
903
11 80,
5 90,
5 38,50
1 62,
1 08,
0 54,
|55 21,
j27 60.50
13 80.
I 5 /i2,
I 2 71,
135,50
3, 491 986 'il 86,
488 1 979 |H76,
1 68,
9, 16Zi'750
29, 233 889
I
6, 729 900
3,3645 900
10. 766 993
5, 383 993
4, 2301569
1, 692 669
0, 846 569
153,
5 78,
20 86,15
10 43,09
2 13,02
1 06,81
0 53,
0 21,36
0 10,68
38 72,
19 36,
9 68,
9 46,
9 35,
11 62,
5 81,
2 42,
2 40,
2 36,
2 f,2,
Or.
Arg,
Or.
Arg,
Dénomination
DES ESPÈCE.S.
Roupie du Rcngalc
Double fanon. . . .
Fanon.
Pièce de la Com-
pagnie Hollan-
daise
poids légal
Lombabdo-Vé.m
tien ( Royaume. )
Souverain , depuis
1823
Demi- souverain. .
Ecu de 6 livres
d'Autriche. . . .
Demi-ècu ou flo-
rin
Livre d' Autriche..
Naples.
Ducats, Le titre des
ducats est trop Tarie,
pour qu'on puisse en
donner réTaluation..
Once de 3 ducats ,
depuis 1818...
Onceàe. Sicile, de-
puis 1748
QuiNTDPLB de 15
ducats , depuis
1818
Décuple de 30 du-
cats
12 carlins de 120
grains , depuis
1804
Ducat de 10 car-
lins de 100 gr.
1784
2 carlins, 1804.. .
Carlin, 1804
Ducat de iQ Car-
lins de 1818. . .
Parme.
Sequin
Pislole de 1784. .
Pislole de 1786 à
1791
40 lire de Marie-
Louise , depuis
1815
20 lire
Ducat de 1784 à
1796
Pièce de 3 livres ,
depuis 1790. . .
Pièce d'une livre,
depuis 1790. , .
11, 332
5, 666
25, 986
12, 993
4, 331
996
3, 786 996
Tilie
légal.
Valeur.
900
900
900
900
900
18, 933
37, 865
27, 533
22, 810
4, 589
2,2945
22, 943
3, 468
7, 498
7, 141
12,9032
6,4516
25, 707
3, 672
1. 836
T. II.
996
833Î
839^
839J
8331
833^
833i
1000
891
891
900
900
906
853
833
59
ItiG
(iKAMMAIllK FRANÇAISE.
Or.
Arg.
Or.
Arg.
Arg,
Dénomimaliou
DKS ES PÈCES.
lire do Marie-
Louise , depuis
1815
2 tire
1 lira
1/2 lira
1/4 </c lira
Perse.
{Approximative. )
Roupie
Demi-roupie
Double roupie de
5 abassis
Roupie
Abassi , ou Abaa
Mahmoudi
Larin
Portugal.
Mœda d'ouro , on
Lisbonine de 4800
reis
Meia mœda ou de-
mi-tisbonine. , .
Quarlino , quart
de Lisbonine. .
Meiadubrti, ou por-
tugaise de 6400
reis
Demi- portugaise .
Pièce de 16 les-
tons, de 160 0
reis
— de 12 tcsions,de
1200 reis
— de 8 testons.. . .
Cruzade de 4 80
reis
Cruzade neuve de
480 reis aussi. .
1000 reis
160 reis
Prusse.
Ducat
Frédéric
Demi-Frédéric. . .
Rixdale ou t ha 1er
deSOsilberffros,
de 1823..."....
Pièce de 5 silbcr-
S''0-'<
Silbcrgros
Ragusc.
Talaro , ou Ragu-
sine
Demi-lalaro
Ducat
12 grosscttcs
<i ::ro>i<:rltcs
poids légal
Tilre
tép,al.
25, 000
10, 000
5, 00
2, 50
1, 25
900
900
900
900
900
s D
„
D U
»
> D
»
» D
»
D 0
»
» »
»
« 0
"
10, 752
917
5, 376
917
2, 688
917
14, 334
7, 167
917
947
3, 583
917
2, 538
1, 792
917
917
1, 045
917
14, 633
903
» t)
»
" »
»
3, 491
6, 689
3,3445
979
903
903
22, 292
750
3. 712
2, 192
750
208
29, 400
14, 700
13, 666
4, 140
2, 070
600
fiûO
450
450
4.^)0
Valeur.
5 00,
2 00,
1 00,
50,
25,
36 75,
18 37,50
4 90,
2 45,
0 97,
0 48,50
1 03,
33 96,
16 98,
8 49,
45 27,
22 63,50
11 31,75
8 02,
5 66,
3 30,
2 94,
6 12, 5
1 00,
11 77,
20 80,
10 40,
3 71,11
61,85
12,37
3 90,
1 95,
1 37,
0 41,
0 20.50
Or.
Or.
Arg.
Or.
Arg.
Or.
ArK.
Arg.
Deûominaliûn
DES ESPÈCES.
Russie.
Ducat , de 1755 à
1763
Ducat de 1763...
Impériale de 10
roubles, de 1755
à 1763
Demi- impériale . .
Impériale de 10
roubles , depuis
1763
Detniimpérialc.. .
Rouble de 100 co-
pccks, de 1750 à
1762
Rouble de 100 cop.
depuis 1763. . .
Sardaigne.
Carlin, de p. 1768
Demi-carlin
Pis lolc
Demipistole
Ecu, depuis 1768.
Demi-ccu
Quart d'ccu ou 1
livre
Ecu neuf de 5 li-
vres, 1816
Savoie et Piémont
Sequin
Double pistole , de
24 livres
Demipistole de 12
livres
Carlin, dep.1755
Demi-carlin
Pistole neuve de 20
livres, de 1816.
Ecu de 6 livres ,
depuis 1755. . .
Demi-ccu
Quart d'écu ou
trente sous. . . .
Demi-quart d'écu ,
ou quinze sous.
Ecu neuf de 5 li-
vres
Sequin de Gènes. .
Ecu de Gènes. .. .
Saxe.
Ducat
Double Auguste ,
ou 10 thalers. .
Auguste
Demi- Auguste. . .
Rixdale d'espèce,
owécudeconvcn-
tion, dpp.1763.
poids légal
Titre
légal.
Or,
3, 495
3, 473
979
669
16, 585
8,2925
917
917
13, 073
6, 5365
917
917
25, 870
802
24, 011
750
16, 056
8, 028
9, 118
4, 559
23, 590
11, 795
892
892
906
906
896
896
5,8975
896
25, 000
900
3, 468
1000
9, 620
906
4, 810
48, 100
24, 050
906
906
906
6,4516
900
35, 118
17, 559
906
906
8,7795
906
4,3897
906
25, 000
3, 487
900
1000
3, 491
986
13, 340
6, 670
3, 335
903
903
903
28, 064
833
S1(;-\KS DIVERS. AlilTHMETIOUE El AI.OEIiUE.
'.(i7
Dénominaiion
DES ESPÈCES.
Or.
Dcmi-rixdale , ou
florin de conven-
tion
Thakr de 24 bons
Gros ( monnaie
imaginaire ).. .
Gros, ou 32" de
rixdale , ou 1h'
de ilialcr
SlCILB.
Onck, dep. 1748.
Ecu de 12 larins..
Suède.
Ducat
Demi-ducal
Quart de ducat. .
Rixdale d'espèce,
de48scheliings,
de 1720 à 1802.
2 tiers de rixdale.
1 tiers de rixdale.
Suisse.
Pièce t/c 32 fran-
hen de Suisse. .
Pièce de iQ frank.
Ducal de Zurich..
Ducat de Berne. .
Ducat de Bâte. . .
Ducat de Lucerne.
Pis tôle de Berne..
Ecu de Bâlc, de 30
balz, ou 2 llo
rins
Demi ècu ou florin
de 15 batz.. .
Ecu de Zurich, de-
puis 1781
Demi-écu , ou /?o
rin
Ecu de 40 balz de
Bâieet Soleure,
1798
Pièce de à frankcn
de Berne, 1799.
— de 4 frankcn de
Suissf!, 1803...
— de 2 franhen de
Suisse, 1803...
— d'un fvanhen de
Suisse, 1803...
Franken de Berne,
1803
ToSCAWE.
Rusponc
Poids légal
Tiiie
14, 032
1, 982
A, 399
27, 533
3, 482
1, 741
0,8705
29, 508
19, 672
9, 836
15, 297
7,6485
3, 491
3, 452
7, 648
23, 386
11, 693
25, 057
12,5285
29, 480
29, 370
30, 049
15,0245
7,5123
7,5123
10. 464
Valeur,
833
368
906
833:
976
976
976
878
878
878
904
904
979
979
902
878
878
844
844
901
901
900
900
900
900
1000
c.
2 59,75
3 89,63
0 16,2J
13 73,
5 10,
11 70,
5 85,
2 92,50
5 75,73
3 83,80
1 91,91
47 63,
33 81,50
1177,
1164,
10 85,
11 86,
23 76,
4 56,
2 28,
4 70,
2 35,
5 90,
5 88,
6 0,
3 0,
1 50,
1 50,
30 0/|
Deacmination
DES ESPÈCES.
Are.
Or.
Ai-î
Or.
Ars
Un tiers-ruspone,
on sequin aux
lis
Dcmi-sequin
Scqiiin à l'effigie.
Rosine
Demi-rosinc
Francescone de iO
pauls , livour -
nine, piastre à la
rose, lèopoldinc,
ctècudeiO pauls
Pièce de 5 pauls. .
— de 2 pauls. .
— de 1 pauL. .
ïl'RQl'IE.
Sequin zermahboub
du 'Sultan Ab-
doul - Haniyd ,
1774
Dcmi-zcrmah boud.
Sequin zcrtr.nh -
boud de Sclini
m
Demi-sequin
Quart de sequin . .
Roubblè
Altmichlec, de 60
paras , depuis
1771
Yarcmiec, de 20
paras ou 60 as-
pres , 1757. .
Roubb, de lOparas
ou 60 aspres
1757
Para de 3 aspres ,
1773
Aspre, 1773...
Piastre de 40 pa-
ras , ou 120 as-
pres, 1780
Pièce de 5 pias-
tres , de Mah -
moud, 1811. ..
^EMSE.
Ducal
Sequin
Dcmi-sequin
Ducat effectifd'ar
t;cnl
Ducat courant
d'argent , de
124 sous, mon-
naiedcconiptc-
3, 488
1, 744
3, 488
6, 976
3, 488
27, 607
13,7535
5, 501
2, 751
2, 642
1, 321
2, 642
1, 321
0, 661
0, 881
28, 882
18, 015
1000
1000
1000
896
896
12 01,33
6 00,67
12 01,33
21 5'i,
10 77,
917 5 61,
917 2 80,50
917 1 1 12,20
917 0 56,10
958
958
802
802
802
802
550 3 52,
0 99,
500
8 72,
4 36,
7 30.
3 6-3,
1 82,50
1 43,23
0 49,50
0 04,
0 01,33
2 00,
4 13,67
7 49,
12 0,
6 0,
4 18,
3 23,95
4(iS
(;UA.MMAIKE l'KAiNCAlSE.
Que les iïoiivernt'nienls atteints d'albi-
nisme, et qui par cela même ne peuvent
suppiiiier la luiniére du jour, s'empres-
sent si jxni d'adopter le nouveau syslème
monétaire de la France, d'une simplicité
si remarquable , cela se conçoit; mais que
l'Angleterre, l'Angleterre aux prétentions
si exagérées suive encore la vieille routine,
en sorte qu'on nepuisse effectuer une som-
mé de 50 t'iancs , de 100 Francs, de 1000
francs, sans un ap[)oint en petite monnaie,
Vraiment cela étonne. J'en dis autant pour
les poids et mesures, dont la conversion
au système métrique offrirait de tels avan-
tages, qu'il est incomprébensible comment
tous les esprits n'en sont pas frappés.
Certes la question est opportune aujour-
d'hui que, grâce à la merveilleuse invention
des chemins de fer, les rapports de nation
à nation vont devenir de plus en plus fré-
quents. O rois, il serait temps d'étenrire à
vos peuples les bienfaits de la philosophie. O
rois, il serait temps de les élever tous au mê-
me niveau, afin qu'en se rencontrpnt pour la
première fuis, ils ne soient pas étonnés de
leur disproportion ; afin que de la supério-
rité des uns et de l'infériorité des autres il
ne résulte pas de ces redoutables conflits
d'amours propres qui sont si funestes à
l'humanité. Orois, que j'aime, parce que
je vous regarde comme destinés à repré-
senter Dieu sur la terre; ù rois, c'est au-
tant votre intérêt que celui des peuples
qui me donne le courage de m'exposer à
votre colère. O rois , si vous n'approuvez
pas mes raisons, pourquoi portez-vous des
aigles dans vos armes ? L'aigle , emblème
de force et de puissance, ne tend pas ses
pièges dans les ténèbres. 11 ose regarder
le soleil en face. O rois, soyez donc fidèles
à votre devise : Non soll cedo; ou plutôt, je
me tromj)e , renoncez à cette devise , et
cédez une fois le pas au soleil. Laissez pé-
nétrer la lumière dans vos demeures, afin
qu'unenouvelle vie les anime. Abjurezvotre
antipatbieponr l'esprit et l'intelligence. Ne
vous cffiayez pas à l'aspect d'une idée , et
ne la fuyez pas comme un spectre. Les
idées publiques sont des miroirs pour les
rois. Faites en sorte que vous puissiez vous
y voir en beau, vous n'en aurez plus peur.
Les mots mèlrc, décimètre, centimè-
tre, etc., ne plaisent pas à M. Francis Wey.
11 eût préféré mesure, dixième de mesure ,
centième de mesure , etc. « Ces mots hybri-
des, arlequins lexicograpliii/iies, ont été ad-
mis, dit-il; et, grâce à messieurs les savants,
nous sommes en plein chcvalorama.i
M. Francis Wey est un railleur plein de
grâce et de sel.
«Mille mètres, ajoute-t-il, forment un kl-
» lomélre. C'est hiliosmèlrc qu'il aurait fallu
udire, kilios signifiant mille, tandis que
n /;(7/oi signifie â;(C ou bourrique. La lieue de
» France équivaut à quatre mesures d'âne.o
Le Journal des Débats n'est pas plus spi-
rituel. En tout cas kilos se rapproche bien
plus de kilios que de kiltos , et kilos veut
dire, non pas bourrique , mais nourriture.
Mais l'esprit de INL Wey ne s'accommo-
dait pas de cette nourriture. Il lui fallait
quelque chose comme uneânerie, et ilapar-
l'iiilement rencontre. Comment M. Frnn-
çis Wey, édité par MM. Didot, n'at-il pas
encore été célébré par le Journal des Dé-
bats? C'est que, la main sur la conscience,
l'ouvrage de M. Francis Wey, maigre quel-
ques défauts, est encore trop remarquable,
et surtout d'un trop beau style, pour que
le Journal des Débats daignes'en occuper.
Puis je ne sais pas trop si M. Wey n'est
pas de l'opposition. Et vous savez comme
le Journal des Débats traite cette pauvre
opposition, qui du reste le lui rend bien.
Nul n'aura de IV'sprit hors nous et nos amis.
Vous le voyez. Monsieur Francis Wey,
je suis tout disposé à vous rendie justice.
Mais comment un homme de votre talent
peut-il s'abandonner à de telles bouffonne-
ries? Gomment peut-il s'oublier jusqu'à
appeler les nouvelles mesures des incon-
gruités mathématiques el lesauteurs de cette
nouvelle découverte des novateurs pédan-
Icsques (1)? "Personne, dites vous, n'aie
droit de changer tout un langage, de sup-
primer et de créer de vive force des séries
entières de mots.» Mais de la sorte il n'y
aurait pas de coupables que les auteurs du
système métrique; et les Linné, les.lussieu,
les Cuvier, ainsi que les inventeurs du 6a-
romètre et du thermonièlre, seraient donc
tous aussi de fameux crétins!
Il ne fallait donc pas vous restreindre
aux seuls noms des nouvelles mesures ,
mais biffer d'un seul trait les nomencla-
tures de zoologie, de chimie, de botani-
(i) Pédantcsf/iœ ne i'c»l s,aèvc ^p liire lU s iicrsoniies. On dit un sntair pcdnntcst/ue , un atr
dnnlcsf/ui', une uhscnriliufi prdiiulcs'/uc , mais on ne dil i>as une personne pedanlesr/uc.
SIO'ES DIVEKS. AKllH
ifite, elc. , et envoyer les savants que je
viens de citer faire amende honorable, la
torche au poing et la corde au cou, devant
l'Académie, pour qu'elle ait occasion de 1
leur dire|comnie César : TanqttanscopuUmi,
sic ftigias insolens vtrbinn.
Si c'est pour protester au nom du bon
goût contre l'admission, dans le langage
littéraire et poétique, de ces vocables mé-
tis, ainsi que vous les appelez; si c'est pour
cela que vous avez fait une si grande dé-
pense d'esprit, eh bien ! soit dit sans vous
fâcher, vous avez fait une dépense inutile.
Personne n'ignore que les nomenclatures
scientifiques sont en général peu propres à
la poésie , où oxyclilorate et liytliocyunatc
sonneraient encore plus mal assurément
queinèlrc et kilomètre, qui vous répugnent
si fort. Cerlainemt^nt les anciennes déno-
minations sont préférables, non seulement
dans la poésie, mais encore peut-être dans
le langage ordinaire ; et s'il n'est guère plus
charmant de dire, à la vue d'une jeune
fille qui danse avec légèreté , elle ne pèse
pas une once, elle ne pèse pas une livre, que
de dire , elle ne pèse pas un dccagramme ou
un demi kilogramme , du moins cela est-il
moins insolite, comme dit tel maître de
langue de Vienne.
Il en est de certains mots comme du vin.
Il faut qu'ils st)ient vieux pour être bons.
Mille fois pardon. Monsieur Wey. Mais
vous avez si bien tort de toute i'açon ,
il est si peu vrai qu'on ait voulu con-
traindre le peuple à parler grec malgré lui,
que je puis vous citer un arrêté du 13 bru-
maire an 9 , qui déclare que , dans les ac-
tes publics, comme dans l'usage ordinaire,
on peut écrire et dire lieue pour myria-
inétre, mille pour kilomclrc, livre pour ki-
logramtne, etc. Voir le tableau des nou-
velles mesures, page 458. Seulement la
nouvelle livre est plus forte que l'ancienne,
voili» tout, .îe vous salue (1).
On appelle nwnnaiede bilton, toute mon-
naie de cuivre pur, ou de cuivre mêlé avec
un peu d'argent, comme les sous. Les
blancs, de la valeur de cinq deniers, les
carolus , qui en valaient dix, étaient des
monnaies de hillon. On dit encore dans
quelques provinces six blancs, pour dire,
deux sous et demi.
METiylJE ET ALGÈBRE. Mi*J
Real ou réale de billon , monnaie espa-
gnole. Le maravédis, autre monnaie de bil-
lon espagnole, équivaut environ à un cen-
time et demi de France.
Billon se dit aussi de tonte sorte de mon-
naie décriée ou défectueuse. Jt a trouve
dans un sac de mille francs pour plus de cent
francs de billon. (Acad.) Le poids des piè-
ces de monnaie diminue beaucoup ]iai- le
frai, c'est à dire, par l'usage et le frotte-
ment. M. Thénard rapporte qu'un sac de
220 pièces de 6 livres qui, en 1816, pesait
5 kilogrammes 782 grammes, ne pesait plus
que 5 kilogrammes 754 grammes en 1830,
et 5 kilogrammes 732 grammes en 1834.
Billon se prend aussi pour le lieu oii l'on
porte toutes les monnaies défectueuses.
L'analyse chimique a démontré qu'il
existe 17 francs 50 centimes d'or dans une
valeur de 1000 livres en argent.
Notre monnaie est si bien fiappée et de
si bon aloi , qu'elle a cours presque par-
tout. Aussi, selon le rapport fait par M. Thé-
nard il y a quelques années, la quantité
d'espèces décimales frappée depuis la loi
du 28 mars 1803 jusqu'au premier janvier
1834, est elle en or de 1,056, 151, 660 francs,
et en argent de 2,665,609,482 francs 75
centimes. De l'or, de l'argent de bon aloi.
Qui est au titre des ordonnances. De l'or,
de l'argent de bas aloi , Qui n'est pas à ce
titre. Fig. , Un homme de bas aloi, qui est
de basse condition, d'une profession vile,
ou qui est méprisable par lui-même. Mar-
chandises de mauvais aloi. Fers de mauvais
aloi, de bas aloi.
On nomme coin un morceau d'acier
gravé en creux , dont on se sert pour mar-
quer la monnaie et les médailles. Le coin
du roi, le coin d'Espagne. Les carolus ont eu
ce nom parce que les premiers furent frappés
en France au coin de Charles FJIL
Le papier monnaie est un papier créé
par le gouvernement pour faire office de
monnaie. Monnaie obsidionale , Monnaie
frappée dans une ville assiégée, oii on lui
donne coms pendant le siège, pour une
valeur beaucoup plus forte que sa valeur
intrinsèque.
Monnaies de compte.
On appelle ainsi certaines valeurs qui
lies ai'li- le sujet d'une j^iave discussion à l'Académie Franeaise. Un des membre
(proposé de sub.-litner à celte expression proverbiale : Avoir un pied de iir:, celle
(1) L'emploi d( s mesures nou
de la commission du dictiomialrt
ci: Jnolr Irenlctrois i-enlim'elres rie 'nez. Comme M. Villcmain s'j opposait: n Je sais bien, dit M. de Jouv, «[uc
rtïpri'Mion n'est pas exacte, el qu'il faudrait ajouter une fraction.» f i.Nosiut. ;
'0
GRAMMAIRE
n'ont jamais cxislé, ou qui n'existent plus
en espèces réelles , mais qui ont été inven-
tées ou leleniies pour l'acililer les comptes,
en les établissant toujours sur un pied cer-
tain et non variable. Ou dit aussi îuonnaics
imaginaires ou fictives, par opposition à
monnaies réelles ou effectives. La livre tour-
nois est une monnaie de compte. Le franc
est une monnaie réelle. La livre sterling
d'Angleterre, valant 2/i francs 75 centimes;
les féaux de veillon espagnols ., dont chacun
vaut Si maravédis ou 21 centimes; les rcis
portugais dont 1000 valent 6 francs 20 cen-
times ; la livre de banque , usitée en Prusse
(pi'und), de 2!i grocliens à 12 pfennings,
valant à francs 93 centimes; sont également
des monnaies de compte. La bourse, mon-
naie de compte usitée dans le Levant, est
évaluée à 500 piastres (ilSi francs 28 cen-
times.)
Monnaies des anciens.
MONNAIES ROMAINES.
Elles furent d'abord de cuivre de bois
peint, de terre cuite, etc. Ce fut Servius
ïullius qui le premier fit frapper de la
monnaie d'airain. On ne Gt de la monnaie
d'aigent que l'an de Rome àSb. L'or ne
fut connu des Romains que 62 ans plus
tard. Tantôt ovales, oblongues, circulai-
res, les plus anciennes portaient l'efEgie
d'un animal (pecus) d'où vient le mot pe-
cunia, qui signifie toute espèce de mon-
naie.On nommait nummi dentati celles dont
le contour était dentelé; bigati celles qui
avaient au revers un char à deux chevaux;
quadrigali celles qui en avaient un à quatre
chevaux; victoriali ceux sur les quels était
empreinte une victoire. Les monnaies ro-
maines les plus connues sont Vas ou libra
(1 sou, de œx , aiiain , et librarc, peser),
portant sur la face une tète de Janus et au
revers la proue d'un vaisseau ; le demi-as
(semissis) marqué d'une tête de .lupitercou-
ronnée de laurier, avec un S au bas; le tiers
de l'as(triens), portant une tête de femme,
avec quatrepoints; le quart d'as (quadrans),
avec la tête d'Hercule et trois points; le
sextans ou demi-triens, avec la tète de Mer-
cure et deux points ; le dupundius, ou deux
as; le denier [denarius , de déni , dix à dix,
ou nummus urgenteus, n<onnaie d'argent),
qui valait 16 as; le quinaire [quinarius) ,
qui valait la moitié du denier; le sesterce
[sestertius ou nummus argenti) qui valut
tl'aboid 2 as et demi, ensuite li as; l'au-
FRANÇAISE.
reus ou satidus (monnaie d'or), qui valait
25 deniers d'aigent ou 100 sesterces.
Pour indiquer que le sesterce valait 2
as et demi ou 2 livres et d<!inie, on le mar-
quaitainsi : L. L. S. Les deux L marquaient
deux livres o«i as, et l'.S signifiait semi
(deux livres et demie). — Ensuite on a fait
une H des deux LL , et l'on a euHS;
comme on le trouve dans les auteurs.
On appelle le sesterce petit sesterce, pour
le distinguer du grand sesterce, qui était
une monnaie idéale, comme la livre ster-
ling chez les Anglais, la livre tournois en
France, et qui valait mille petils sesterces.
Jusqu'à mille on comptait les sesterces
en mettant devant ce mot la somme dont
il s'agissait. Dix sesterces, sestertii decem;
vingt, t'iifùi//; cent, centum. Airivéà mille,
le sesterce prenait le nom de sestertiunt
ou grand sesterce. Dix mille sesterces réels
s'exprimait indifféremment par decem
millia scstertiûm (pour scslertiorum) ou par
dena sesterlia {dix grands sesterces). On
écrivait cent mille sesterces, centena milita
sestertii'im , ainsi qu'il suit : CHS. La bai-re
annonce que la somme s'élève à mille, et le
C indique cent.
Depuis un million et au dessus on comp-
tait par les adverbes de nombre , decies,
vicies-, cenlies, etc., dix fois, vingt fois,
cent fois, etc., après les quels on sous-en-
tendait centena millia, cent mille. Exemple:
Un million de sesterces, decies sestertiûm,
c'est à dire, decies centena millia scstertiûm,
dix fois cent mille sesterces. 11 était pauvre
avec un million de sesterces, cui sestertiûm
centies egestas fuit.
ÉVALUATION EN MONNAIE IBANÇAISK.
As, jusqu'en 264 avant J.-C 8 c.
— depuis cetle époque 5
!82
79
78
73
— sous Domitien et Galba 70
21
20
Sesterce . , { i9
18
17
Grand sbstebce, environ 177 f. 90
AuRELs ou SoLiDi's, cnviion... 17 79
Le nom d'as fut donné en outre à toute
espèce d'unité considérée comme divisi-
ble. Ce mot, en usage dans les successions.
SIGNES
désignait l'héritage tout entier. Hœres ex
asse signifiait héritier de tout un bien.
h'as , quelle que fût la nature de l'unité
qu'il représentait, se divisait en douze par-
ties noniiiiées onces [unciœ). Les fraclions
de Vas étaient le deiinx , valant 11 onces,
le dexlans , 10 onces; le dodrans , 9; le
bcs, 8; le septunx, 7; le semis ou semixsis,
6; le quincunx , 5; le qiiadrans ou tcrun-
cius , 3; le triens, h ; le sextiins, 2 ; et enfin
l'once et la demi-once ou scxciinx.
L'as libratis ou livre romaine était l'unité
de poids , et valait de nos poids 10 onces
5gros/i0 grains, ou 3 hectogrammes 27
grammes 1S7 milligrammes.
Monnaies grecques.
Leur usage ne remonte qu'à Phédon
(476 ans avant J.-C). La plus ancienne
monnaie grecque portait l'empreinte d'un
bœuf. Dans la suite chaque province eut
des signes particuliers. Delphes eut un
dauphin , Athènes une chouette, Thèbes
un Bacchus avec une grappe de raisin et
une grande coupe, la Macédoine un bou-
clier, Rhodes la tète radiée du soleil , etc.
Les Lacédémoniens n'eurent que de la
monnaie de fer depuisLycurguu, qui pros-
crivit les autres sous peine de mort, jus-
qu'à Lysandre. L'unité monétaire des
Grecs était la drachme, qui se divisait en
six oboles.
Evaluation en monnaie française.
Drachme, à peu près 92c.
Obolb 15
AuBEus (20 diachmes) 18 f. 33
Mine (100 drachmes)! 92 6850
Talent attique d'argent, jus-
qu'au xi'' siècle avant J.-C. 5560 90
— Depuis cette époque jus-
qu'à la soumission de la
Grèce 5222 ^1
Talent attique d'or, (10 la-
lents d'argent) 55608 99
Le talent n'était qu'un certain poids
d'argent on d'or, différent selon les pays
où l'on s'en servait. Il y avait une foule
de talents. Le talent d'Egine on de Corin-
ihe valait 100 mines ou :] 0,000 drachmes
(92680 francs). Celui dEubée était à peu
le même que le talent attique.
Le talent babylonien valait 6/il6 francs.
Les Hébreux avaient deux tal<;nts , va-
lant chacun 3000 sicles ; ce qui revient,
pour celui d'argent, à /i867 francs, et,
pour celui d'or, à 69531 francs.
DIVERS. 171
Le sicle ( de l'hébreu sekel, peser ) se
divisait en k drachmes. Le siclc d'or valait
2 francs 31 centimes, et le sicle d'argent un
peu plus de 1 franc G2 centimes.
Le dorique, monnaie d'or de Darius,
valait 18 francs 54 centimes.
La drachme, chez les Grecs, servait
aussi d'unité de poids. Elle valait 1 gros 7
grains, ou 4 grammes 196 milligrammes.
hsi mine poids valait 14 onces, 2 gi'os , G
gains, ou 4 hectogiaiiimes 3 décagrammes
6 grammes 3 décigrammes.
L^unîté des mesures de cnpacité, pour les liquides ,
chf7, les Grecs, était le méirctes ( 1958 pouces culies, IIS
millièmes ), et pour les matières sèches la médimne (2610
pouces cubes 905 millièmes). Chez les Romains, l'unité
pour les liquides était Vamplwre (1305 pouces cubes /|52
millièmes) ; et, pour les matières sèches, le modius (435
pouces cubesl50S}.
Nous ne terminerons pas cet article si
important sans y ajouter l'explicatiou
de quelques termes spéciaux , tenant
d'assez près à notre sujet, et dont
l'intelligence parfaite est une des
choses les plus indispensables.
Principaux Termes de [Finance.
ACTION, Document qui établit que telle sonrine a été
mise dans une société commerciale, ayant pour but une
opéiatioii déterminée, et donnant au porteur un droit
proportionnel dans les bénéfices de Pentreprise. Action
de la rompagnie des Indes, de la Banque deFrance. Une ac-
tion de cinq cents francs , de nulle francs. Créer , proposer
des actions. Prendre une action. Action nominative. Action
au porteur, fendre , acheter, négncier des actions. Les ac-
tions ont haussé, ont baissé. Fig. etfam.. Ses actions haus-
sent,ses actions baissent, se dit de quelqu'un doiitla répu-
tation, dont le crédit s'accroît ou diminue.
AGIO, Bénéfice qui résulte de l'échanfre d'une mon.
naie contre une autre, ou de réchar.gc de l'argent contre
les ellèts de commerce. L'agio est indépendant du taux de
l'intéiél ou de l'escompte, en maliérede négociation. (AciD.)
L'agio est nul . si l'argent abonde sur une place ; il s'élève
au contraire en raison de la rareté du numéraire. ( Ac*D. )
l)e l'italien aggio, dériïé à'aggiugnnre, ajouter, selon Na-
poléon Landais.
AGIOTAGE, Trafic que l'on fait des elTets publics, en
spéculant sur la hausse et la baisse. Jl s'est enrichi, il s'est
ruine à l'agiotage. Il se prend en mauvaise part. — Ma-
nœuvres clandestines employées pour faire iiausser ou
baisser les fonds publics, ou pour faire varier le prix de
telle denrée, de telle marchandise sur la quelle on spécule.
AGIOTER, Faire l'agiotage.
AGIOTEUR, Celui qui fait l'agiotage. C'est un agio-
teur bien connu. (Acad. )
AMORTISSEMENT, Le rachat, l'extinction d'une
dette, d'une pension, d'une rente, d'une redevance. L'a-
mortissement de la dette publique. Voyez Rente. Fonds d'a-
mortissement. Somme destinée à l'extinction d'une rente.
Caisse d'amortissement , Caisse établie pour l'amortisse-
ment graduel de la dette publique. L'amortissement d'un
domaine, d'une terre, d'un héritage, La faculté donnée par
le roi pour faire que des gens de mainmorte pussent de-
venir propriétaires, à charge de ne pointvendre le fond.1
amorti. Ces religieux ont payé tant pour l'amortissement de
telle terre. (Acad. ) Droits d'amortissement. Gens de main-
472
GRAMMAIKE FRANÇAISE.
rmiti; se disait des corpj cl dos commiiiinutés qui , no-
iiobstntit les diverses maniiTCS dont les individus s'y suc-
cèdent^ sont considérés comme perpétuels et formant
toujours la même corporation. (Aciu.)
BAISSE , Diminution de prix, de valeur. I! se dit sur-
tout en parlant des fonds publics, des clfets publics com-
uicrrables. Cette nouvelle a rausé une grande baisse dans
les elVets publics. Ces effets-ia sont en baisse. Jouer à la
baisse. Promettre de livrer aux prix du cours actuel rt à
une époque déterminée les etfets ou papier de crédit pu-
blic , danstVspoir de les racbetcr alors ù un prix infé'
rieur. Il s'est ruiné en Jouant à ta baisse, ( Acau. J
BANQUE, (Commerce qui consiste à ouvrir des cré-
dits , a recevoir des fonds à intérêts ; à écbanger des ef-
fets ouà les escompter avec des espèces, moyennant une
prime ou bénéfice que l'on nomme change dans le pre-
mier cas, et agio dans le second. Faire la banque. Maison
rf< Banque, Maison où l'on fait le commerce de banque;
négociants mètnes qui font ce commerce. Banque se dit
aussi d'une caisse commune ou publique, dontle crédit
repose sur des fonds considérables , et où les particuliers
déposent leur arpent pour en tirer un intérêt, avec fa-
culté de le reprendre à leur volonté , en tout ou en par-
lie, soit en nature, soit en efl'ets équivalents. Les ban-
ijues particulières et les banques publiques sont ordinaire-
ment sous ta surveillance de l'autorilc. Les principales ban-
ques d'Europe sont celles de France , de Londres, de Hani-
Iwurg , d'Annterdam , de Copenhague , de f'ienne , de Saint-
Pétersbourg, et de Berlin, La baraque de France a été insti-
tuée le 14 avril 1803. La banque de Bordeaux. Le régent de
la banque. Action de la banque. Billet de banque de mille
francs. Avoir un compte en banque , Y avoir des fonds dé-
posés, et s'y faire créditer ou dubiter. Banque, à certains
) eux où une seule personne joue contre plusieurs , se dit
delà Somme que celui qui tient le jeu a devant soi, pour
payer ceux qui gagnent conlre lui. Faire «;)c bonne , une
mauvaise banque , Gagner ou perdre en tenant le jeu.
Faire sauter la banque. Gagner tout l'argent que le ban-
quier à mis au jeu.
BANQUEROUTE, Cessation de payement et de com-
merce, pour cause d'insolvabilité réelle ou feinte. Ban-
queroute siinple , Celle qui est causée par quelque faute
î;rave. Banqueroute fraudulcus:e , Celle qui est attribuée à
la mauvaise foi. Les cas de banqueroute simple sont jugés
par les tribunaux correctionnels, et ceux de banqueroute
frauduleuse par les cours d'assises* La peine iulligée parle
Code pénal au délit de banqueroute simple est celle de
remprisonnement, dont la durée ne peut être moindre
d'un mois, et ne peut excéder deux ans. Le crime de
banqueroute frauduleuse est puni de cinq ans à vingt ans
de travaux forcés. Banqueroute forcée ou faillite. Banque-
route non frauiluieuse. Sa faillite est déclarée, il a déposé
son bilan au greffe du tribunal de commerce, ou simplement.
Il a déposé son bilan. Le bilan est l'état écrit qui indique
la situation de l'actif et du passif d'un négociant en fail-
lite. Bilan se dit aussi de !a balanre que Ton établit entre
ce qu'on possède et ce qu'on doit, sans pour cela être
en état de faillite, et seulement pour se rendre compte
de sa situation.
BANQUIER, Celui qui fait le commerce de banque.
Celui qui tient le jeu contre tous ceux qui veulent
jouer avec lui , etc.
BILLET , Papier de crédit ayant cours dans le public.
Billet de banque de mille francs. Billet de la caisse rf'es-
compte. Billet de l'épargne, se disait anciennement d'une
inscription payable sur le trésor royal , qu'on appelait
alors l'e/jar^nc. { Acad. | —Écrit portant obligation de
payer une somme à époque iixe. Billet à ordre, Billet
payable à la personne qui y est dénomnïée, ou à telle au-
tre personne qu'il lui plaira de substituer à sa place. La
formule d'un billet à ordre est: Je paierai au vingt du
mois prochain à M, Lecoq ou à son ordre la somme de cinq
eents francs, valeur reçue de lui comptant. Vienne, le \5juil-
iet 18A5. Billet payable au porteur , ou 6*7/6/ au porteur.
Faire un bill«t. Souscrire un billet , Ecrire son nom au bas.
Mégocier, escompter, acquitter, payer, rembourser , un bit'
Iet. Kndosier un billet. Mettre son ordre au dos d'un bil-
let. Billets discrédités. Tombés en discrédit. Les hîlleta
d'un tel sont bien discrédites sur ta place. { Du latin barbare
billetui, diminutif de 6i//us, bille, suivant Ménaf;c.)
BOURSE, EdiUce, lieu public, où s'assemblent, à
de certaines heures, les négociants, les banquiers, les
agents de change , les courtiers des grandes villes de
commerce, pour traiter d'alVaires. — La réunion mêmr
des négociants, banquiers, etc. — Le temps petidant le
quel dure leur assemblée. Le résultat des négociations et
des transactions de la bourse détermine le cours du change^
des marchandises, et des assurances. Aller à la bourse. Fré-
quenter la lu)urse. Affaires de bourse. Bruits, nouvelles de
bourse. A l 'heure de la bourse. A l 'ouverture, ii ta clôture de
la bourse. Pendant ta bourse. Le cours de la bourse. Le cours
des elVets publics. Les bourses d'Europe les plus remarqua*
blés comme monuments sont celles de Paris, de Londres y dû
Saint-Pétersbourg, et d'Amsterdam.
BUDGET, L'état annuel des dépenses qu'on présume
avoir à faire, et des fonds ou revenus aifectés à ces dé-
penses. Le budget de VEtat. Le budget de la guerre, — Le
budget de l'Etat. Dresser le budget. Discuter le budget, La
discussion du budget. Un chapitre, un article du budget. Di-
minuer, augmenter te budget. Faniil., Le budget d'un me-
nage. ( Terme emprunté de l'anglais, j
CHANGE, La profession de celui qui fait tenir, qui
fait remettre de l'argent d'une ville à une autre, de place
en place. Faire le change, opération de change. Change in-
térieur. Change étranger. — Lettre de change. Sorte d'ef-
fet de coninierce , sorte de lettre par laquelle on charge
un correspondant de payer la somme énoncée à celui quî
présentera cette lettre. Tirer une lettre de change. I^^égo»
cier, endosser, accepter, faire protester, acquitter, payer une
lettre de change. Tirer, payer ii lettre vue. Tirer une lettre
de change payable à dix jours de vue , à deux mois de vue ,
payable ii vue. Lettre de change à une usonce, à deux usan-
ces, à trois usonces, payable au bout d'un mois, de deux
mois, de trois mois. Il a une lettre sur un tel ù usance. Ti-
rer par seconde de change, ta premi'cre ne l'étant, Faire la
copie d'une première lettre de change qui a été envoyée
à Tacceptation, et qui reste entre les mains d'un tiers à
la disposition du porteur de la seconde. Le tireur d'une
lettre de change. On a condamné le tireur à payer lu somme
portée par la lettre protestée. I^'accepteur d'une lettre de
change. Celui qui l'accepte. L'accepteur d'une lettre de
change devient personnellement débiteur de la somme. L'en-
dosseur d'une lettre de change, Celui qui a endossé une
lettre de ehange, pour en transférer la propriété à quel-
qu'un. Le tireur et les endosseurs d'une lettre de change
sont gai unis solidaires de l'acceptation et du payementh l'é'
chéance. S'il est dit dans la lettre valeur reçue comptant^ le
délai est de 10 jours après l'échéance, Sil y a valeur re-
çue en marchandises, le délai est de 30 jourà.
Modèle d'une lettre de change.
Vienne, le/» juillet 18/i5,
Monsieur,
A vue , — au dix août prochain; — à trois usances,
II vous plaira payer par cette lettre de change â
M. Leroux, ou à son ordre (c'est à dire, à celui qui en
sera le porteur ) , la somme de cinq cents francs , valeur
reque comptant de mondit sieur, que vous passerez en
compte sans autre avis de
Votre trés-humble et très-obéissant serviteur,
LENOÏR,
A monsieur Leblanc,
Banquier, ù Paris,
Accepter une lettre de change. C'est prendre l'engage-
ment de la payer à son échéance, en mettant son nom au
bas ou en travers du corps de l'écriture, avec le moi Ac-
cepté. L'acceptation , une fois donnée, ne peut plus être ré-
voquée. Une lettre de change, acceptée ^ peut devenir d'es
lors un papier de commerce jusqu'au Jour de son échéance ,
c'est à dire, passer en payement d'une personne h rautre.
Chaque personne qui la reçoit Vendosse , f.n écrivant sur
SIGAES DIVERS. ARITHMETIQUE ET ALGEBRE.
I« il<ys : Payez pottF 7»oi, à l'ordre de M, Lebrun, la soniine
de cinq cents francs, portée en l'autre part.
Paris, le 4 juillet 1845. Lebocce.
Quand un banquier manque ii payer une lettre de change
dans te temps prescrit, il faut la protester, (Acad. ) Le pru-
tt't est' l'acte par le quel , faute d'acceptation de paye-
ment d'une lettre de ch,ange à l'époque déterminée, ou
déclare que celui sur qui elle est tirée et son correspon-
dant seront tenus de tous les préjudices qu'on en rece-
vra. Faire cm protêt par devant notaire. Faire signifier un
protêt. Agent de chnnge. Celui qui est dûment autorisé à
s'entremettre entre les négociants et banquiers, pour
faciliter le commerce de l'argent etdcs lettres de change,
et par l'intermédiaire du quel doit s'opérer la négociation
des ellets publics. Le syndic des agents de change. Le car-
net d'un agent de change. Change signilie encore le prix
que le banquier prend pour l'argent qu'il fait remettre.
te change d'ici l'i Paris , d'ici à. Londres est de tant pour
cent. Ce chang- est gros, est fort. Le change a haussé, a
baissé. Le change est au pair. Le change est haut. Le change
est bas. Le change est désavantageux. Le cours du change,
Le taux au quel est le cliauge. Coter le change, Marquer
le taux du change. Change signifie aussi quelquefois le
profit, l'intérêt de l'argent qu'on prête selon le cours de
la place. Prendre à change. Change signifie aussi le com-
merce du changeur et le prix qu'il prélève sur les valeurs
pour les quelles il donne de l'argent et des billets de ban-
que. Change de inonnaies. Sureau de change. Il m'a pris
tant pourle change. Il désigne parestension le lieu où l'on
\a changer des pièces de monnaie pour d'autres, comme
de l'argent blanc pour des pièces d'or, etc. Aller au change.
Payer comme au change , Payer sur le champ. Il s'est dit
autrefois pour bourse,
CONSOLIDER, Assigner un fonds pour assurer le
payement d'une dette publique. Le gouvernement a con-
solidé ces sortes de renies. Cinq pour cent consolidé. Le tiers
consolidé, Le capital des renies sur l'état réduit au tiers
par la loi de l'an ti ( 1798 ) et consolidé par l'inscription
au grand livre. Les consolidés. Sorte de fonds anglais. Les
consolidés sont en hausse. Les consolidés ont baissé ù ta der-
nière bourse. Voyez Dette publique.
CONTRIBUflOX , Ce que chacun donne pour sa part
d'une dépense, d'une charge commune. Il se dit surtDUt
en matière d'impôts. Contribution fonciére,C<:\le nui csl im-
posée sur les immeubles, sur les biens fonds. Imposition mn-
îiVière, imposée sur les meubles.Cu"/ri6ii(i"tm/jer50/ine//u, Ce
que l'on paye individuellement à raison de sa personne, de
son logement, elc.Contributiuns des portes etfenétres. Bureau
lies contributions. Receveur des contributions. Rôle, registre
dc! contributions . Répartir, percevoir une contribution. Payer
les contributions. Contribution volontaire. Contributions di-
rectes, Les impôts directement établis sur les biens ou sur
les personnes. Contributions indirectes. Les impôts établis
sur les objets de commerce et de consommation, ou sur
certaines choses dont le besoin est éventuel. Tels sont les
droits d'octroi, dédouane, de timbre, d'enregistrement, elc.
Contribution au sou la livre, au marc la livre, au marc le
franc, La répartition de ce qui doit être reçu ou payé
par charun en proportion de sa créance, ou de son in-
térêt dans une alfaire. Absolument, Distribution par con-
tribution, entre créanciers, des sommes provenant d'une sai-
sie faite sur leur débiteur commun. Coniributîon au jet dans
lamer, La répartition despertes et dommages qui se fait
tant sur les clléls que sur le navire et le fret, lorsque la
tempête ou les ennemis ont obligé de jeter dans la mer
une partie du chargement ou des agrès. Contribution se
dit aussi de ce que sont forcés de payer ou de donner
les habitants d'un pays occupé par l'ennemi, pour se ga-
rantir du pillage. Lever des contributions sur les vaincus.
Mettre le pays il contribution. Voyez Impôts.
COLRS, Le prix actuel des marchandises, le taux au-
quel est le change, la renie, elc. Acheter des marchandises,
des effets au cours de ta place, au cours de ta bourse. Le
cours du marché. Le cours du change, He ta rente, des effets
putitics. Fig. etfam., Le cours du marché, le cours dc la
T. 11.
475
place. L'état d'une afl'aire. Ne vous engagez pas si vite
dan s ce marché, dans celte affaire ; voyez auparavant te cours
du marché, de la place. ( Ai.An. )
COURTIER, Olui qui, moyennant une prime ap-
pelée droit de courtage, s'entremet pour la vente ou l'a-
ehat de certaines marchandises, pour faire prêter de l'ar-
gent sur la place , ou pour les alïVélemenls, les assuran-
ces, etc. Les courtiers sont nommés par ordomiance du roi.
Courtier de marchandises. Courtier maritime. Courtier d'as-
surances. Courtier de vin. Le droit de courtage, ou simple-
ment courtage, est fixé à un huitième pour cent payé par
le vendeur et l'acheteur ; mais le plus souvent le premier
ne paye rien au courtier, tandis que le vendeur lui paye
jusqu'à deux et ti-ois pour cent. Deux pour cent de com^
mission, un quart pour cent de courtage. (Ac^u. ) La pro-
fession du courtier s'appelle aussi courtage. Faire te cour-
tage des vins. Se mêler de courtage. Les agents de change
ne sont que des courtiers chargés de négocier les elVets
publics. Courtier marron , Celui qui exerce sans brevet.
Par raillerie , courtier ou courtière de mariage, Olui ou
celle qui se mêle de faire des mariages. M. de Foy s'in'
tititule négociateur en mariages.
CREDIT , Réputation détre solvable etde bien payer,
qui fait que l'on trouve aisément à emprunter. C'est le
crédit qui est l'âme du commerce et qui seul vivifie l'in-
dustrie. Il muintient , il conserve bien son crédit. Cette af-
faire compromet son crédit, a ruiné son crédit. Le crédit pu-
blic. Prêter son crédit , Prêter son nom et fournir son olili-
galion pour un emprunt qui doitprofiter à un autre. Lettre
de crédit , Lettre dont le porteur peut toucher de l'argent
de ceux .î qui elle est adressée. Lettre de crédit limitée.
Lettre de crédit illimitée. Ouvrir un crédit , faire crédit ii
quelqu'un , L'autoriser àprcndre à une caisse jusqu'à con-
currence d'une certaine somme. On lui a ouvert un cré-
dit de cent mille francs sur le trésor public. Avoir un crédit
ouvert chez un banquier, un crédit de tant sur tel banquier.
Faire crédit, donnera crédit, Domier des marchandises,
des denrées, sans en exiger sur l'heure le payement, etc.
Crédit, dans la tenue des livres, signifie par opposition à
débit, la partie d'un compte où l'on écrit ce qui est dû à
quelqu'un ou ce qu'on a reçu de quelqu'un. Tout compte
courant est tenu par débit et par crédit. Porter un article,
une somme au crédit d'un compte. Le crédit est toujours au
recto, et le débit au verso des feuillets du grand livre. I.e
côté du crcJil.
CREDITER, Ecrire sur le journal et sur le grand livre
ce que l'on doit à quelqu'un ou ce que l'on a reçu de
quelqu'un. Je vous ai crédité de 500 francs que vous m'a-
vez prêtés. Etre crédité sur une ville, Avoir des lettres de
crédjt sur cette ville.
DÉBIT , Le compte que l'on tient, sur le grand livre,
des articles payés ou fournis à quelqu'un ou pour quel-
qu'un. J'ai passé telle somme à votre débit.
DEBITER, Inscrire quelqu'un sur le grand livre comme
débiteur dc tel ou tel article. Je vous ai débité de 500
francs.
DETTE, Ce qu'on doit à quelqu'un. De((es or/n es. Les
sommes dont on est créancier. De(/es passives. Celles dont
on est débiteur. Fni're l'état de ses dettes actives et passives,
de l'actif et du passif. Dette hypothécaire , Dette qui donne
hypothèque. Dette privilégiée. Celle pour laquelle le créan-
cier a un privilège .spécial. Dette exigible , Celle qu'on
peut exiger actuellement, etc. Dette publique , L'accumu-
lation des emprunts que les gouvernements contractent
avec les particuliers pour se créer des ressources promp-
tes. On la nomme aussi Dette consolidée, parce qu'on en
paye les intérêts sur des fonds spéciaux votés chaque an-
née par les chambres. Dette flottante. Portion de la dette
publique, qui n'a point été consolidée, et qui est suscep-
tible d'augmentation ou de diminution journalière, parce
qu'elle se compose d'engagements à terme , de créances
qui ne sont pas définitivement réglées, etc. La dette
d'Angleterre s'élève à plus dc 20 milliards; relie delà
France à .'> milliards. Ces deux dettes sont les plus fortes
de l'Europe.
GO
GRVMMAIUE FRANÇAISE.
EMPRUNTS in:BLU;S , I.ei« valeurs iinpruiiléos par
un gouvcrncmnil an nom de la sociclé qu'il rcprcsouU!.
I,o« valeurs ainsi empruntées constituent des capitaux
dont on paye ehaque année les intèi'éts, les revenus, au
moyen des contributions.
EFFET, Billet, lettre de change, papier de crédit.
Un effet de rommerre. Il a beaucoup d'effets en portefeuille.
Houst'rire un effet. l'-fft't pnjtable au porteur» ou sinipletnent,
effet au porteur. Les effets puhlic!:, Les rentes sur l'étal, les
billets ou p.npier d'étal introduits dans la banque et dans
le commerce. Effets mobiliers, ou simplement, effets, Biens,
objets meubles, ou censés tels d'après la loi. Les effets
iVune succession. Il abandonne ses effets à ses créanciers.
D'après le code r/i'i7, tes rentes constituées, les effets publics,
les intérêts dans les entreprises de commerce, etc. sont des
effets mobiliers, des biens mobiliers.
ESCOMPTE, Remise faite au payeur par celui qui re-
çoit un payement avant l'ccbéance, ou avant le terme
fixé par les usages du comnierce. 7/ a pris tant pour l'es-
compte. Caisse d'escompte. On disait mieux autrefois ex-
compte,
ESCOMPTER , Faire l'escompte, le calculer et le ré-
duire. Quand un banquier paje une lettre de change avant
l'échéance, il escompte l'intérêt du temps, {^.c^.v.] Il signifie
aussi , payer le montant d'un elTet avant l'échéante ,
moyennant un escompte. Escompter un billet, une lettre
de change, un effet. On disait mieux autrefois excomp-
ler.
FAILLITE, Banqueroute non frauduleuse. Voyez
Banqueroute.
FI.\ANCE, Argent comptant. JlfurcnnanI /înonre. —
Finatices, au pi.. L'état de fortune, les ressources pé-
cuniaires d'une personne. Ses finances sont basses. Fa-
milier dans ces deux sens. — Finance, La somme d'ar-
gent qui se payait an roi, soit pour lai evéc d'une charge,
soit pour quelque droit imposé. Acheter une charge pour
le prix de la finance. (Acju.) ■ — Finances, au plur. ,
L'argent et les revenus de l'état. L'administration des fi-
nances. La toi des finances ou le budget de l'état. Le minis-
ire des finances. Le ministère des finances. L'hôtel des finan-
ces. Receveur des fnances. Inspecteur des finances. Le fonds
des finances. Autrefois, Surintendant des finances. Contrô-
leur général des finances, Intendant des finances, Le bureau
des finances. Le conseil royal des finances. — L'art d'asseoii-,
de régir, et de percevoir les impositions. Il sait bien les fi-
nances, — Finance se dit par extension de ceux qui ma-
nient les deniers de l'état, ou de ceux qui font des opé-
rations de banque , de grandes allaires d'argent. Entrer
dans ta finance. Un homme de finance. La haute finance. —
Affaires, matières de finances , Allaires, matières, rela-
tives aux finances. Style de finance^ ternies de finance. Le
style, les termes usités dans les matières de finance.
Ecriture de finance , Ecriture en lettres rondes. Chiffre de
finance. Le chiffre romain. ( Du bas latin financia, argent
comptant.)
FINANCIER, Homme de finance. Un gros, un riche
financier. Le financier et le savetier. Il se disait particuliè-
rement, autrefois, de ceux qui avaient la ferme ou la ré-
gie des droits du roi. Les financiers et les traitants étaient
sujets à recherche. { Acad. ) — Celui qui sait les finances,
qui entend bien les allaires de finances. Un habile finan-
cier. Adjectiv., Système financier. Opérations financières ,
Législation financière. Question financière. Ecriture finan-
cière. Écriture en lettres rondes.
FONDS PUBLICS. Voyez Fonps.
FONDS , Somme plus ou moins considérable destinée
à quelque usage. Les fonds du trésor , de la Banque. Fonds
social. Des fonds destinés à l'amortissement de la dette pu-
biique. Bailleur de fonds. Appel de fonds. Trouver un fonds.
Divertir les fonds de l'étal. Les dilapider. Tous les fonds sont
divertis. Assigner sur un mauvais fonds. Dissiper un fonds.
Fonds publics, ou simplement, fonds. Les fonds destinés à
servir le» intérêts des rentes ou des actions créées par
les caisies publiques ; et, plus ordinairement, le prix de
Ces rentes, de cpj actions , sur lequel influent les événe-
ments politiques de chaque iout. Spéculer sur tes fonds pu-
blics. Celte nouvelle a fait monter, a fait huisseries fonds.
Les fonds tendent il la hausse , sont ù la hausse, sont en
hausse .
GRAND LIVRE, La liste générale des créanciers de
l'état. Inscrire une rente au grand livre, sur le grand livre.
Il est inscrit, porté sur le grand livre.
HAUSSE, Augnunlalion de la valeur des ellets pu-
blics. Les fonds sont en hausse. Une hausse de fonds. Un<i
hausse subite. Jouer à ta hausse. Promettre de payer, au
prix du cours actuel, et à une époque déterminée, des
elIcts ou papier de crédit public, dans l'espoir de les re-
vendre alors à un prix supérieur.
HAUSSER, Augmentation de prix, de valeur. Cette
marchandise a haussée. Les actions, les renies haussent. Le»
fonds haussent. Le change hausse,
IMMOBILISATION, Action dimmobiliser, ou Le ré-
sultat de celte action. Immobilisation de rentes sur l'état
IM.MOBILISER , Donner à un efi-et mobilier la qualité
d'immeuble, le convertir fictivement en immeuble. Im-
mobiliser des rentes sur l'état.
IMPOSITION, Action d'imposer quelque chose depé-
nible, d'onéreux, comme une peine, un tribut, un droit,
des contiibutions. L'imposition des droits d'octroi. Faire
l'imposition de la contribution foncière. L'imposition d'un
nouveau droit, d'un nouveau subside. Il signifie dans un
sens absolu, Droit, contribution imposée sur les choses
ou sur les personnes. Imposition mobilière. Lever les im-
positions. Faire payer les impositions, lieceveur des imposi-
tions. ^
IMPOT, Charge publique, droit imposé sur certaines
choses. Impôt territorial. Impôt foncier. Impôt sur les per-
sonnes. Impôt sur les vins. Asseoir les impôts , Les établir.
Lever, percevoir les impôts. Prélever les impôts. Augmenter
les impôts. Diminuer les impôts, —Les impôts en général,
et la manière de les établir. Le vote de l'impôt, L'assietle
de l'impôt, La répartition des impôts, des coutributions.
On disait de même autrefois Vassietle de la taille. Taille
signifiait Une certaine imposition levée sur toutes les per-
sonnes qui n'étaient pas nobles ou ecclésiastiques, ou qui
ne jouissaient pas de quelque exemption. La taille person-
nelle était celle qui s'imposait et se levait sur chaque per-
sonne taillable, et la taille réelle celle qui s'imposait et
se levait sur les possessions. Grâce à Dieu et à la révolu-
tion, les Français ne sont plus taillables et corvéables à
merci. Aujourd'hui tous les Français sont nobles, car
chaque famille a produit des héros.
INSCRIPTION SUR LE GRAND LIVRE DE LA
DETTE PUBLIQUE , Titre d'une rente perpétuelle due
par le Trésor.
INTÉRÊT , Le profit que l'on retire de l'argent prêté
ou dû. Intérêt à cinq pour cent, à six pour cent par an.
Intérêt au denier vingt, au denier vingt-cinq , etc. Intérêt
annuel d'un vingtième, d'un vingt-cinquième, etc., c'est
à dire , à cinq pour cent , à quatre pour cent, etc., seules
locutions employées aujourd'hui. Prêter, mettre, placer de
l'argent ix intérêt. Intérêt légal. Intérêt usuraire. Le capitai
et les intérêts. Intérêt simple. Intérêt composé, ou intérêt
d'intérêt.
OBLIGATION, L'acte, fait par devant notaire ou
sous seing privé , par lequel on s'oblige à payer une cer-
taine somme, etc. Une obligation de cinq mille francs. Il
lui en a passé obligation devant notaire. La minute, la grosse
d'une obligation. Sceller une obligation. Une obligation
n'est pas exécutoire si elle n'est scellée, ( Acad. ) Rendre ,
acquitter une obligation. Faire honneur il ses obligations,
Payer, ses dettes, acquitter ses engagements.
OPÉRATION, Dessein qui est ou qui doit être mis à
exéculiou.L'amoitissemenidela dette publique est une opéra-
tion longue et difficile, f Ai'AD.) Les opérations du commerce.
Méditer, tenter, différer, manquer une opération.
PLACE , absolument. Le lieu du change, de la banque,
le !ieu où s'assemblent, dans une ville, les banquiers, les
négociants, pour y traiter d'aflaires. Avoir crédit sur
la place, l'argent abonde sur ta pince Faire des remises de
(tta
SIGNES UIVKKS. AIUTII
nluce. faire vciluir son argent sur la place. Ces bil-
let! perdent , gagnent sur la place.
PROTÊT. Voyez Leilre de change.
réduction", Action de diminuer, de réduire. Laré-
duction d'une rente, La dimiuulioii d'une rente à un taux
plus bas.
REUBOUKSEMENT , Payement qui 6C fait pour ren-
dre une somme que l'on doit. FaiVe un remboursement .
Recevoir un remboursement. 11 y a trois moyens pour arri-
ver à l'extinction des dettes publiques: Vamortisseynent, la
réduction, etle remboursement. Laquestion du rembourse-
ment des rentes àvivementpréoccupe lus deux chambres
dans ces derniers temps. La ditliculté porte non pas sur
le droit de remboursement, droit imprescriptible, mais
sur la chose précise à rembourser ou à racheter. Le rem-
boursement n'est en général propose que pour amener une au-
tre mesure , la réduction II un moindre intérêt. (Cu.StiXT-
Lacbbnt. )
RENTE, Revenu annuel. Il vit de ses rentes. N'avoir
ni fonds ni rentes. — Ce qui est dû tous les ans pour un
fonds aliéné, cédé, ou alVcrmé. Bcnîe foncière. Jiail à
renie. Rente de bail, d'héritage. Rente en vin, en grelins, en
espèces. Cette maison n'est pas à lui franche et quille, il en
fait la rente. ( Acad. ) — Ce qui est dû annuellement pour
une somme d'argent aliénée par contrat de constitution.
Rente au denier vingt, au denier vingt-cinq , constituée au de-
nier vingt-cinq. Ces locutions ont vieilli. On dit aujour-
d'hui : Renie à cinq pour cent, à quatre pour cent. Rente à
six pour cent. Rente annuelle et perpétuelle. Renie sur l'élut.
Rente sur des particuliers. Rente sur l'hôtel de ville. Rente
rachetable, non rachctable. Rente viagère. Dont on ne doit
iouir que durant sa vie. iie/i(e fonst/lu^e , créée, établie.
Tout son bien est en rentes constituées. Renie à fonds perdu ,
en viager. Constitution de renie. Les rentes mêmes s'appé-
lent des constitutions. Contrat de rente. Contrat de constitu-
tion. Constituer unerente. Racheter une rente. Se libérer, se
décharger d'une rente moyennant vnie certaine somme
une fois payée. Rembourser une renie, En acquitter le prin-
cipal. Amortir une rente , L'éteindre, la faire cesser, en
rembourser le capital. Acheter, vendre, créer, saisir, ar-
rêter une rente. Asseoir une rente sur un bien qui en assure
le paiement. L'assiette d'une renie, Le fonds surlequel une
rente est assise, est assignée. La rente court du jour de ta
signature du contrat. Le sort principal d'une rente, Le fonds,
la somme qui a été placée en rente. 11 a vieilli. On dit le
capital, le principal. One rente capitale, principale. Rente
usuraire. Rente réductible. Réduire une rente qui a un taux,
à un denier trop haut. Caution d'une rente. Garantir une
renie. Arrérages d'une rente. Rente prescrite. Eteinte par
prescription. Créancier d'une rente. Débiteur d'une rente.
Rente payable par quartier, par trimestre , par semestre.
Payeur de rentes. Son père était payeur des rentes ù l'hôtel
de ville. Rente se dit absolument pour signiâer la rente
constituée par l'état. La rente ù trois pour cent, à cinq pour
cent. Elliptiquement, Le trois pour cent, le cinq pour cent .
Le taux de ta renie. Le cours de la rente a haussé, a baissé,
est en hausse, est en baisse. Acheter des rentes. Payer en
rentes. Transférer des rentes. Le transfert des rentes se
fait sur les registres du Trésor. Une inscription de rente. Il
a trente mille francs de rente en inscription sur le grand li-
vre. Des renies immobilisées. Converties fietÎTemen/ en
immeubles.
SPÉCULATION, Entreprise commerciale. Faire des
$péculalions. Spéculation hasardeuse. Fausse spéculi*liun.
Spéculation heureuse, malheureuse. Il a fait là une bonne
spéculation. Les spéculations ont réussi.
TRÉSOR PUBLIC, TRÉSOR DE L'ETAT, Les reve-
nus de l'état, les sonnnes d-;stinées au service public.
('elle guerre a épuisé le trésor public. — Le lieu où les re-
venus de l'état sont déposés et administrés. En le sens il
s'emploie presque toujours absolument. Aller au trésor
royal, au trésor. Kmployé au trésor. Chambre du (rester. Ju-
ridiction qui était établie à Paris pour juger des affaires
du domaine du roi. iocftamtrc du trésor était tenue par les
trésoriers de France. 1 Ai:ai' '
METiyUK El ALGÈBRE. "O
RÈGLE, Opéialion qu'on cxi;cuie sur
des nombres connus pour trouver des
nombres inconnus. Les qualrcs premières
règles sont V addition, la soti.tlraclion, la
mulliplicalion , et la division. Ce sont aussi
les quatre règles fondamentales. lUgte de
trois ou de proportion, Règle par la quelle,
ayant trois termes connus , on parvient à
trouver un quatrième terme inconnu, qui
doit être en proportion géoiiiétrique avec
les trois premiers. Des trois quantités con-
nues, deux sont principales et de même es-
pèce entre elles; l'autre est relative et de
même nature que la quantité cherchée. La
règle de trois peut être directe, inverse , ou
composée, La règle de trois est directe lors-
que ses quantités relatives augmentent dans
la même proportion que les quantités prin-
cipales. Elle s'effectue en multipliant la
quantité relative connue par la quantité
principale de l'inconnue, et divisant le pro-
duit par le troisième nombre donné. Exem-
ple : Un courrier dont la vitesse est tou-
jours égale a parcouru 6 myriamètres en
à heures; combien en parcourra-t-ilen 2/i i"
Dans cet énoncé h et 24 sont les quantité.s
principales et 6 est la quantité relative de
II. Or 6 X 24 = 144 et 144 : 4 = 36. Le
nombre 36 répond à la question. La règle
de trois est inverse quand les quantités re-
latives sont d'autant plus giandes que leui s
quantités principales sont moindres. Elle
s'effectue en multipliant la quantité princi-
pale'^AY sa quantité relative connue, et divi-
sant le produit obten u par la seconde quantité
principale, ce qui donne pour quotient la
seconde relative cherchée. Exemple: 20
maçons ont construit un certain nombre
de toises de muraille en 16 jours .-com-
bien faudra-t-il de maçons pour faire le
même ouvrage en 8 jours ? Les quanti-
tés principales sont 16 jours et 8 jours, la
première quantité relative est 20 maçons.
Or 16 X 20 = 320 et 320 ; 8 = 40. Le
quotient 40est la seconde quantité relative.
Les règles de société et d'intérêt, la j'èglc
d'alliage, se résolvent par la règle de trois.
Reste , Résultat que donne la sous-
traction , et qu'on nomme autrement ex-
cès ou différence.
Somme, La quantité qui résulte de
plusieurs quantités jointes ensemble. La
.loinme des unités , des dixaines , des ccntai
nés, etc. La somme des termes d'une équa-
tion. L'assemblage de tous les termes
d'ime équation.
47()
GllAMMAIRE
Table
Tal)li> qui
niuUiplica
uns par le
pytliai;orique ou rfe Pythagorc ,
contient Ions les produits de la
tion des noinhies simples, les
autres , depuis un jusqu'à neuf.
1
■2
5
4
5
a
1
8
9
4
G
8
10
i2
14
IG
18
3
G
9
\^
'l8
21
57
4
8
12
IG
20
24
28
32
36
10
1¥
20
25
30
35
40
45
G
12
18
24
50
3G
42
48
o4
7
14
21
28
55
42
49
5G
G3
8
IG
24
32
40
48
56
64
72
9
18
27
56
45
54
63
72
FRANÇAISE.
Tables de logarithmes , Tables de nom-
bres en piogressinn arithmétique , corres-
pondant à des nombres d'une progression
géométrique, dont l'emploi, universel dans
les calculs mathématiques, ramène les
multiplications et les divisions numériques
à de simples additions et soustractions. On
à suivi pour la dresser les deux progressions
suivantes :
-^1:10.100:1001
0 1.2
Table des SiOs;arEtIiiues des ïVombreis oaturels
dopiiis 1 justiii'à %00.
Homhres
Logarithmes.
Nombres.] Logarithmes,
Nombres,
Logarithmes.
Nombres
Logarithmes
0
1
2
infini négatif
0,000000
0,301030
27
28
29
1,431364
1,447158
1,462398
54
55
56
1,732394
1,740363
1,748188
81
82
83
1,908485
1,913814
1,919078
3
h
5
0,/i77121
0,G02060
0,698970
30
31
32
1,477121
1,491362
1,505150
57
58
59
1,755875
1,763428
1,770852
84
85
86
1,924279
1,929419
1,934498
6
7
8
0,778151
0,8/i5098
0,903090
33
34
35
1,518514
1,531479
1,544068
60
61
62
1,778151
1,785330
1,792392
87
88
89
1,939519
1,944483
1,949390
9
10
11
0,9ô42'i3
1,000000
1,041393
36
37
38
1,556303
1,568202
1,579784
63
64
65
1,799341
1,806180
1,812913
90
91
92
1,954243
1,959041
1,963788
12
13
1,079181
1,1] 3943
1,146128
39
40
41
1,591065
1,602060
1,612784
66
67
68
69
70
71
1,819544
1,826075
1,832509
93
94
95
1,968483
1,973128
1,977724
15
17
1,176091
1,204120
1,230449
42
43
44
45
46
47
1,623249
1,633468
1,643453
1,838849
1,845098
1,851258
96
97
98
1,982271
1,986772
1,991226
18
19
20
1,255273
1,278754
1,301030
1,653213
1,662758
1,672098
72
73
74
1,857332
1,863323
1,869232
99
100
101
1,995635
2,000000
2,004321
21
22
23
1,322219
1,342423
1,361728
48
49
50
51
52
53
1,681241
1,690196
1,698970
75
76
77
1,875061
1,880814
1,886491
102
103
104
105
106
107
2,008600
2,012837
2,017033
24
25
26
1,380211
1,397940
1,414973
1,707570
1,716003
1,724276
78
79
80
1,892095
1,897627
1,903090
2,021189
2,025306
2,029384
SIGiNES DIVERS. ARITHMETIQUE ET ALGEBRE.
47T
'.Nombres.
Logarithmes.
Nombres.
Logarithmes.
Nombres,
Logarithmes.
Nombres,
Logarithmes-
JOS
109
110
2,033/i24
2,037A26
2,041393
132
133
134
2,120574
2,123852
2,127105
156
157
158
2,193125
2,195900
2,198657
180
181
182
2,255273
2,257679
2,260071
111
112
113
2,045323
2,049218
2,053078
135
136
137
2,130334
2,133539
2,136721
159
160
161
162
163
164
2.201397
2,204120
2,206826
183
184
185
186
187
188
2,262/i51
2,264818
2,267172
114
115
116
2,050905
2,060698
2,064458
138
139
140
2,139879
2,143015
2,146128
2,209515
2,212188
2,214844
2,269513
2,271842
2,274158
117
118
119
2,068186
2,071882
2,075547
141
1^2
143
2,149219
2,152288
2,155336
165
166
167
2,217484
2,220108
2,222716
189
190
191
2,276462
2,278754
2,281033
120
121
122
2,079181
2.082785
2,0863u0
144
145
146
2,158362
2,16J36S
2,164353
168
169
170
2,225309
2,227887
2,2304/1 9
192
193
194
2.283301
2,285557
2,287802
123
12/t
125
2,089905
2,093422
2,096910
147
148
149
2,167317
2,170262
2,173186
171
172
173
2,232996
2,235528
2,238046
195
196
197
2,290035
2,292256
2,294466
126
127
128
2,100371
2,103804
2,107210
150
151
152
2,176091
2,178977
2,181844
174
175
176
2,240549
2,2/i303S
2,245513
198
199
200
2,296665
2,298853
2,301030
129
130
131
2,1 J 0590
2,113943
2,117271
153
154
155
2,18/i69i
2,187521
2,190332
177
178
179
2,247973
2,250/1 20
1,252853
201
202
203
2,303196
2,305351
2,307496
Supposons que j'aie à iiiultipliei'14 par 8.
Je vois dans la table que le logarithme
de 14 est I,l/i6l28,
que celui de 8 est 903090.
J'additionnne ces deux nom-
bres , et j'ai 2,0/19218
Je cherche ce dernier nombre dans la
table, et je trouve qu'il répond à 112.
C'est en efiet le produit de 14 X 8.
Que j'aie de même à diviser 165 par 15,
je cherche le logarithme de 165,
ci 2,217484
Je cherche celui de 15 1,176091
Je soustrais ce nombre du
premier; il reste 1,041393
La table me présente à côté de ce nom-
bre le véritable quotient de 165. C'est 11.
Pour qttarrer un nombre, pour le cuber ^
pour l'élever, en un mot, à quelque puis-
sance que ce soit, il ne s'agira que de mul-
tiplier son logarithme par le chiflVe qui ex-
prime le degré de cette puissance. Voulez-
vous l'élever à la cinquième ])uissance ,
multipliez par cinq le logarithme du nom-
bre proposé, et le logarithme du produit
sera précédé dans la table du nombre ou
de la puissance que vous cherchez.
S'agit-il au contraire de tirer la racine
quarrée, ciibit/iie, qualrictne, cinquième., etc.
d'un nombie quelconque, cherchez seule-
ment le logarithme de ce nombre. Vous
le diviserez par le nombre qui exprime le
degré de la racine demandée, et vous trou-
verez dans la table cette même racine à
côté du logarithme du quotient, etc.
Je parle anglo-français. Je sais l'aiitlimétique ,
Et , si je n'exUals pas la racine cubique ,
Pour le moins jusqu^au Joug tlu la division
Sais-je, plier ma vive imagination.
f L. N. Lord Coxcomb, J
Terme. Terme d'un rapport , d'une
proportion, d'une progression. Chacune des
quantités qui composent le rapport, la
proportion , la progression. Terme d'une
expression alf^àbrique , Chacune des quan-
tités qui coui])osent cette expression, et
qui sont séparées par les signes plus ou
moins. Une expression algébrujiie se com-
pose de quatre termes. Le pr(ui)ier des deux
termes d'une raison ou d'un rapport se
nomme antécédent , le second conséquent.
Dans la raison de (rois « quatre, trois est
Î78
GKAJh^IAlKE F llAiN («VISE .
l'aniécédenl ci quatre le conséquent. Le pre-
mier et le dernier terme d'une expression
algébrique sont appelas cxtrétnes, le se-
cond et le troisième moyens. On sépare ,
dans une proportion aiillimétique, chaque
ternie par un point et les rapports par
deux. Exemple : /i . 7 : 8 . 11 (4 est à 7 conimo
8 est à 11). Dans la proportion géométrique
on double le nombre des points. Exemple:
7 : 21 : : 9 : 27 (7c6tà21 conmie9està 27).
,Transcendant, Élevé, sublime.
Equations transcendantes. \ cyez Équation.
Géométrie tra7iscendunte ,Cc\lti qui emploie
l'infini dans ces calculs. (Du latin trans
ascenderc, monter au delà.)
TRINOME, Quantité composée de trois
termes. (Du grec, ireis , trois, ci nomê ,
division. )
Unité , Principe du nombre; mesure
conventionnelle , variable à l'infini , adop-
tée pour terme de comparaison dans l'é-
valuation des grandeurs. Plusieurs unités
font un nombre. Le nombre est composé
d'unités. Voyez Nombre.
Certes , (l) nos souscripteurs ne m'accuseront pas de leur donner
moins que je ne leur ai promis. Je leur donne au contraire beau-
coup plus qu'il ne leur est dû. J'espère qu'ils ne se montreront pas
ingrats, et ne se plaindront pas, si l'ouvrage dépasse le nombre des
livraisons annoncées. M. Cordier m'a déjà écrit à ce sujet pour me
faire part de ses craintes ; mais j'ose croire que les craintes de
M. Cordier sont mal fondées. Quel que soit, en effet, l'aveugle-
ment du public; quelques preuves qu'il ait dounées , dans bien des
cas , de son mince discernement , il lui reste pourtant assez de bon
sens pour comprendre que c'est moins notre intérêt que le sien qui
nous lient au coeur. Certes, de tels travaux n'ont rien d'assez at-
trayant pour que je m'y attache de préférence. J'aimerais mieux
faire des vers. J'aimerais mieux exhaler de temps en temps , dans
quelque vigoureuse satire, la bile que soulève en moi la prose
impertinente du Journal des Débats. Mais, puisque j'ai tant fait
que de commencer, il faut que j'achève. Il faut surtout que rien ne
manque à l'ouvrage que j'ai entrepris.
Combien de grandes personnes, d'ailleurs instruites, ignorent
la plupart des petites choses que je viens de résumer ci-dessus? Et
pourquoi les ignorent-elles? C'est que pendant tous le cours de
leurs éludes elles n'ont eu entre les mains que des livres insigni-
fiants, qui leur fatiguaient l'esprit sans leur rien apprendre. Ou, si
elles en ont eu de réllement instructifs , ils étaieut si peu amusants,
les matières en étaient si mal distribuées, tellement diffuses, et
presque toujours tellement en dehors de ce qu'il y a de plus indis-
(1) Certes, au commencement d'une phrase , surtout d'une phrase né-
gative, s'isole ordinairement, parce qu'il ne modifie pas proprement le
reste de celle phrase , mais qu'il équivaut le plus souvent à une proposition
de la nature de celle-ci ; J» puis (e dire aiec certitude.
SIGNES DIVERS. ARITHMÉTIQUE ET ALGÈBRE. Î79
pensable à savoir, que l'esprit n'en a presque rien gardé, ou n'en a
gardé que des choses de seconde et de troisième utilité.
J'ai déjà dit que notre grammaire n'est pas faite pour être d'un
bout à l'autre apprise par cœur. C'est un livre à lire, à consulter,
un manuel, un meuble. C'est l'usage saisi au vol et exposé captif à
tous les yeux. La grammaire étant le livre qui reste le plus long-
temps entre les mains de la jeunesse , j'ai voulu que ce livre ren-
fermât autant d'idées, autant de science qu'il était possible, afin
que l'élève, entraîné malgré lui, soit par curiosité, soit par désœu-
vrement, à le parcourir, à le feuilleter, y puise insensiblement
toutes les notions les plus nécessaires, et s'y fortifie surtout dans
l'art de penser et de s'exprimer; afin que de son côté le maître ne
justifie plus le proverbe trop vrai jusqu'à ce jour : Ignorant comme
un maître d'école.
En un mot , j'ai voulu que la grammaire soit ce qu'elle doit être :
La Clef de la Langue et des Sciences.
La grammaire , ainsi conçue , devient le vade-mecum de tous les
âges, de toutes les conditions.
J'ai entendu l'autre jour une dame, une jeune et gracieuse com-
tesse se plaindre qu'on n'eût pas songé à lui donner au moins une
légère teinture de la chimie. « On raconte tant de merveilles de
celte science , disait-elle , qu'il est vraiment douloureux d'y demeu-
rer étrangère.»
Or qu'est-ce que je demande à nos honorables souscripteurs?
Uniquement la permission de faire un ouvrage complet, dont ils
aient lieu d'être pleinement satisfaits. Messieurs, serait-ce bien
beau à vous de m'imputer à crime un excès de zèle pour vos inté-
rêts? Mais réfléchissez donc qu',une fois notre grammaire achevée,
vous pourrez faire des pacotilles de toutes celles qui encombrent vos
bibliothèques, et les expédier, sinon pour lesAntilles, du moins pour
chez l'épicier, qui vous remboursera ce que vous aura coûté l'excé-
dant de nos livraisons. Et, si je vous dis cela , ce n'est pas que mon
orgueil soit monté au niveau de celui du Journal des Débats, ni
que je me croie plus d'esprit qu'un autre. En admettant que vous
ayez tous plus d'esprit que moi (ce n'est toutefois qu'une hypothèse),
je vous défie d'avoir ma patience. C'est que vous ne souffrez pas
comme moi. Or il faut bien que je cherche quelque diversion à ma
douleur. C'est donc le seul sentiment de ma patience et de mon
courage qui me donne l'a.ssurance que vous admirez. Soyez per-
'(80 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
suadés, messieurs mes lecteurs, qu'au fond je ne m'aveugle pas
sur mon niérile , et que je sais très-bien me mettre à ma place.
Bref, je désire faire de mon mieux. Or, quand M. Didier, non
content d'avoir imprimé et réimprimé à vos dépens \e Dictionnaire
des Diclionnaircs , vous impose encore un volume de douze francs
pour y coucher tous les verbes ENTiÈnEMENi conjugués, c'est à dire,
tous les pensnms rapportés à MM. Verlac et Litais de Gaux par
leurs écoliers , vous pouvez bien m'accorder quelques pages de
plus pour un ouvrage aussi colossal, aussi utile que celui au quel
je consume ma jeunesse, c'est à dire , les courts instants de loisir
que me laissent mes fonctions journalières, et que je pourrais si
bien passer, comme le Journal des Débats, au sein des plaisirs
(style classique). Comment fait donc M. Didier pour vous trouver
toujours de si bonne composition avec lui? Ne répondez pas que
c'est le mérite de ses publications qui lui vaut cette bonne fortune.
Non ; car, en général, le mérite n'est pas ce qui prévaut dans le
monde. Bien loin de là.
Voyons, faites une exception. Que le mérite de notre ouvrage
ne soit pas un obstacle à votre faveur. Vous pouvez d'autant mieux
m'octroyer la grâce que je réclame de votre bonté et de votre in-
dulgence, que je ferai en sorte que vous puissiez vous passer aussi
des verbes entièrement conjugués de M. de Gaux et de ses com-
plices.
Je pense encore assez bien de vous , messieurs du public , pour
m'en tenir à ces humbles frais d'éloquence.
Je ne sache que le Journal des Débats qui puisse trouver à re-
dire à l'objet de ma demande. Pour lui notre ouvrage n'est déjà
que trop long. Il le supprimerait gaîment tout entier, et s'en vante-
rait comme d'un exploit. N'a-t-il pas essayé l'autre jour de souf-
fler, par la bouche de M. Cuvillier Fleury , sur la gloire de quel-
ques uns de nos bons poètes? Eh ! mes chers confrères en Apol-
lon, comme dirait M. Cuvillier Fleury lui-même, laissez brailler
le Journal des Débats. Au failedes grandeurs la tête tourne, elle
Journal des Débats a bien le droit d'être un peu fou.
Quand je vois ces hommes , flétris à tout jamais du nom de cri-
tiques , ces hommes bouffis d'orgueil ,
Qui crèvent dans leur peau de colère et de rage
De n'avoir pu jamais accoucher de cent vers ;
quand je les vois, l'oeil hagard, la lèvre écumante, se déchaîner
SIGNES DIVERS. AÏllTHMÉTIOUE ET ALGÈBRE. 481
contre la poésie , il me semble voir un (as de pauvres fous qui . fu-
rieux de ne pas posséder sur noire océan divin la plus humble bar-
que, y poursuivent de leur haine el de leurs analhèmes tout beau
navire pavoisé qui passe à la portée de leur vue, et s'efforcent de
lui susciter une tempête avec le souffle de leurs poumons.
M. Cuvillier Fleury, qui ne vise guère à dire quelque chose de
neuf , reproche aux poètes de notre époque leurs doléances , c'est
à dire, leurs cris de pitié sainte et de généreuse indignation. «Il
semble, dit-il de l'air le plus facétieux qu'il peut se donner, que
la révolution de juillet ait été faite pour donner du génie à tout le
monde. » Ne dirait-on pas que, si M. Cuvillier Fleury est dans celte
position assez confortable , qui l'empêche de voir les choses sous
leur vrai jour, c'est à son génie qu'il le doit? A une hauteur de
quelques pieds à peine au dessus du sol , les hommes sont parfois
pris d'un vertige de vanité , qui les rend parfaitement ridicules.
Le Journal des Débats et M. Cuvillier Fleury ont toujours l'air
d'oublier que le mérite, que le génie, sont souvent plutôt des
obstacles que des moyens pour arriver. Ils devraient , eux , le
savoir mieux que personne. — Qui est-ce qui est riche, en effet?
<3ui est-ce qui est honoré? Qui est-ce qui est heureux? Est-ce
l'homme de génie? Est-ce l'homme de cœur? Est-ce l'homme sen-
sible et généreux, l'homme qui pense et qui sent, l'homme
qui ne peut voir une infortune sans vouloir donner sa vie
pour la soulager? Non , c'est celui qui n'a jamais pensé qu'à lui-
même , aimé que lui-même. C est l'égoïste, c'est linsensible, c'est
l'avare , c'est l'homme matière. Et celui-là, parce qu'il est riche,
est un homme honorable. Chapeau bas devant lui. liangez-vous
quand il passe. Des familles sont honorables parce qu'elles sont
opulentes. El, si parmi leurs bassesses de toutes sortes, si faciles
à cacher sous le luxe, il leur arrive d'en faire une qui déchire tous
les voiles el perce toutes les murailles , il faut avoir de l'indul-
gence, dit le Journal des Débals, el ne pas porter le trouble dans
des familles honorables. Avec nous autres , pauvres parias, on ne
fait pas tant de cérémonies.
Voilà ce que le Journal des Débats veut nous forcer à nier.
Il ne veut pas que les poètes , les seuls hommes restés grands
el purs au milieu de la corruption générale , lui parle de choses si
affligeantes. Les plaintes des malheureux l'agacent , l'irritent , le
transportent, le rendent furieux. Donc respectez sa sensibilité.
T. u. m
•{82 GRAMMAIKE TRA^NÇAISE.
Les poêles seraient en odeur de sainteté auprès du Journal des Dé-
bats , si , à l'exemple du comte d'Essex, ils étendaient leur man-
teau divin sur la boue où marche ce roi des journaux.
Mais les poètes osent dire la vérité môme aux rois.
Oui , le génie pauvre est un aigle enchaîné. En vain s'allume et
brille son regard de feu , en vain se déploient ses vastes ailes , il
reste attaché à la terre. Pour qu'on l'aide à briser sa chaîne , pour
qu'il puisse s'élever jusqu'à la cime
Où d'une façon ridicule
Le Journal des Débats s'agite et gesticule ,
semblable à un télégraphe , ou mieux à un moulin à vent, — il faut
que l'aigle se fasse reptile.
« De grâce , apprenez-moi comment l'on fait fortune ,
Demandait à son père un jeune ambitieux.
Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux,
C'est de se rendre utile à la cause commune ;
De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,
Au service de la patrie.
— Oh! trop pénible est cette vie.
Je veux des moyens moins brillants.
— Il en est de plus sûrs. L'intrigue. — Elle est trop vile.
Sans vice et sans travail je voudrais m'enrichir.
— Eh bien ! sois donc un imbécile ;
On en voit beaucoup réussir.» (Florian.)
Le Journal des Débats n'en conviendra point , et il a peut-être ses
raisons pour cela.
Mais assez de morale. A présent de la science. C'est ainsi que
notre ouvrage doit justiQer d'un bout à l'autre son titre de Gram-
maire encyclopédique et morale.
SIGNES DIVEKS. GEOMETRIE.
Fignres et S»igiies CSt^ométriqnes.
x\OTIONS PRÉLIMINAIRES.
Ttwus (k Géomélne.
Abscisse, s. f. L'une des deux coordon-
nées lectîlignes par les quelles on définit
la position de chaque jtoint d'une combe
plane. L'autre s'appèle ordonnée. L'axe des
abscisses, l'axe des ordonnées. Droites indé-
finies sur les quelles les abscisses et les or-
données se mesurent à partir d'une com-
mune origine, qui est leur point d'intersec-
tion. ( AcAD.) (Du latin aùscindcre, abscis-
sum, couper. )
Adjacent, ente. adj. Qui est situé au-
près. Aniilcs adjacents, Contigusl'un .i l'au-
tre. Voyez Angle. ( En latin adjacens, de
ad , auprès , et jflccre , être couché. )
Aire. s. f. L'espace surperficiel embrassé
par une figure plane rentrante sur elle-
même. L'aire d'un triangle. L'aire d'un
carré. L'aire d'un cercle. Pour mesurer l'aire
d'une figure plane, on cherche combien de.
fois elle contient l'unité de mesure élevée au
fjiiarré. (Du latin arca, surface plane.)
Pour unité démesure dans l'évaluation des aires, on
est convenu de prendre le qiiarré construit sur l'unité dp
longueur , c'est à dire, un quarré dont chaque côté est
égal à celte unilé de longueur. On appelle mi-(re quarré,
toise quarrte, pied quarré, eic, les carrés ayant pour côtés
un mètre, une toise, uu pied, etc. On les désigne par
m, qu. , t. qu. , p. qu.
Arcs. n). Portion quelconque du cercle
lorsqu'elle est moindre que sa moilié. Ârc
de cercle. Corde ou sous-tcndante d'un arc,
La ligne droite qui va de l'une de ses ex-
trémilés à l'autre. Flèche d'un arc, La ver-
ticale menée au milieu de la corde et de
l'arc. j4rcs égaux. Arcs semblables. Arcs
concentriques. Le sinus, le co-sinusd'unarc.
Voyez ces mots. (Eu latin arcus.)
Arête, s. f. Angle saillant que forment
deux faces, droites ou courbes. Celte ta-
blette de marbre a les arêtes écornées. L'arête
d'une voi'ite. L'angle qu'elle foime avec un
mur ou une autre voftte. ( Du latin arista,
pointe de l'épi. )
Arpentage, s. m. Mesurage de terres
par ar|)enls ou parties d'arpent ou autres
mesures. L'arpentage d'une terre. — ■ La
science de mesurer les terres. Il entend
bien l'arpentage. — Voyez à la fin des si-
gnes de géométrie.
A-symptote. s. f. Ligne droite qui ,
indéfiniment prolongée , s'approche con-
tinuellement d'une courbe , sans pouvoir
jamais la couper. Les a-sympiotes de l'hy-
perbole, (Dugr.rt, particule privative, syn ,
avec, et pthotos, dérivé de piptô, je tombe.)
A-symptotique. adj. Qui appartient
ou qui a rapport à l'a symptote. Point
a-symptotique. Courbe a-symptotique. Es-
pace a-symptotique.
Axe. s. m. Toute ligne qu'on suppose
traverser le centre d'un objet , ou le diviser
en deux parties égales et semblables. L'axe
d'une courbe, d'une parabole, etc. Le grand
axe d'une ellipse, La ligne menée d'une ex-
trémité à l'autre d'une ellipse dans le sens
de sa largeur. Le petit axe d'une ellipse, La
perpendiculaire menée sur le grand axe.
L'arc de l'horizon. L'axe d'une lentil'e. de
verre. L'axe du corps humain. L'axe d' une
sphère. L'axe d'une planète, etc. (En latin
axis, du grec axon, essieu , pivot. )
Axiome, s. m. Vérité évidente par elle-
même ; proposition générale, reçue et éta-
blie dans une science. Axiome de philo-
sophie. Axiome de mathématique. Axiome
indubitable. C'est un axiome en physique.
(Engr. axiôma, à'axios, digne, estimable.)
Base. s. f. Toute chose sur la quelle ua
corps est assis, établi, posé. La base d'un
clocher, d'une montagne. Delà base au som-
met, etc. En géométrie, La surface sur la-
quelle on conçoit que certains corps soli-
des sont appuyés. La base d'une pyramide,
d'un cylindre, d'un cône. (En grec basis, de
bailla, je marche, je suis appuyé.)
Carré, ée. adj. Il se dit d'une surface
plane qui a quatre côtés et quatre angles
droits. Figure carrée. Table carrée, etc. (En
latin 7H(jf/r(j/H??).)i;L'étymologieveut qu'on
écrive quarré.
Centre, s. m. Point également éloigné
des extrémités d'uni; ligne, d'une surlace,
ou d'un solide. Le centre d'un cercle est un
point également distant de tous les points
de la circonférence. Le centre d'une section
conique est le point qui divise en deux son
diamètre. Dans une (ellipse ce point est
dans la figure; il est dehors dans l'hypei-
bole, et dans la parabole il est à une dis-
■484 UUAMMAIKE
tance infinie du sommet. Le centre de la
terre. Le rentre d'une planète. Toute droite,
meni'C du centre, rencontre la surface à des
dlitaiices égales dcx Jeux côtés. Par cxlen-
smii , I^e milieu d'un espa<e quelconque.
(En latin ccittrum, en grec kcntrôn.)
Cerole. s. m. A oyez aux figures."
Circonférence, s. f. Contnur d'un cer-
cle, courbe dont (ous les points sont à égale
dislance du point inlérieiu- nommé centre.
Toutes Ici Hgncs droites tirées du centre à la
circonférence sont cigales en longueur. Tirer
des li^'ncs qui /msscnt par le centre, qui abou-
tissent au centre. Les mathématiciens divi-
sent la circonférence d'un cercle en trois cent
.soixante déférés. Tracer une circonférence.
Par extension, Toute sorte d'enceinte,
quoiqu'elle ne soit ])as parfaitement ronde.
En médecine, Surface extérieure dn corps.
( En latin circumfercntia , de circum, autour,
et fcro, je porte. )
Circulairemeut , D'une manière circu-
laire, en rond. Un corps qui se meut circu-
laircmcnt.
Cii-conscrire. v. a. Circonscrire une fi-
f;ure à un cercle. Tracer une figure dont
les côtés touchent le cercle. Polygone cir-
conscrit à un cercle , Dont les cotés sont des
tangentes au cercle. Cercle circonscrit à un
polygone. Dont la circonférence passe par
tous les sommets des angles du jjolygone.
Hyperbole circonscrite , riy|ierbole du troi-
sième ordre qui coupe ses a-symptotes et
dont les branches renferment au dedans
d'elles les parties coupées de ces a-symp-
totes. (En \si\\n circumscribere , de circum,
autour, et scribcre, tracer.)
Circulaire, adj. Qui a la forme, la figure
d'un cercle. Forme circulaire. Ligne circu-
laire.Mourcment circulaire, Qai se fait en dé-
crivant un cercle. (Du lat. circulus, cercle. )
Coïncidence, s. f. Etat de deux choses qui
coïncident. La coïncidence de deux lignes ,
de deux surfaces. Fig., La coïncidence de ces
deux érénementscst très-remarquable. (Ac.)
Coïncident, ente. adj. Qui coïncide.
Lignes, figures, surfaces coïncidentes. En
Médecine, Symptômes coïncidents. Ceux
qui se njontrent simultanément.
Coïncider, v. n. S'ajuster l'un sur l'au-
tre dans toutes les parties. Ces deux lignes,
ces deux surfaces coïncident. 11 se dit fi-
gurément en parlant des choses qui arri-
vent en même temps. Ces deux événements
coïncidèrent. (Acad.) ( Du latin coinciderc,
t\ccutii, avec, cl incidcrc, loniber.)
l'K.4NÇAISE.
Commensurabîlité. s. f. Rapport de
nombre à nondjre entre deux grandeurs
qui ont une mesuie commune.
Commensurable. adj. lise dit de deux
quantités qui (mt un rapport de nf)mbre à
nombre, ou , ce qui revient au même, une
mesme commune. Ainsi deux lignes droi-
tes dont l'une aurait quinze mètres de
long et l'autre dix-huit, sont deux lignes
commensurables, parce qu'elles sont toutes
deux mesurées par une même ligne prise
pour unité, le mètre. Dans le cas contraire,
elles sont incommensurables. La circonfé-
rence et le diamètre d'un cercle sont des
grandeurs incommensurables ( Du latin bar-
bare commensurabiUs , da ciim , avec , et
mensura , mesure.)
Concave, adj. Il se dit, par opposition
<T convexe, d'une surface creusée sphérique-
ment. Surface concave. Ferre concave. Les
objets vus à travers les verres concaves parais-
sent plus prochcset plus petits. Miroir con-
cave. Le ciel nous semble concave. Par ana-
logie , Le côté concave d'une ligne courbe,
d'une parabole, d'une ellipse. ( En latin con-
cavus, de cum, avec, et cavus, creux.)
Concentrique, adj. Il se dit des cercles
tui des courbes qui ont un même centre.
Ces deux courbes sont concentriques. (En la-
tin concentricus, de cum , avec, ensemble,
et centrum, centre. )
Conchoïde. s. f. Espèce particulière
de ligne courbe à a-symptotes, dont Ni-
coméde est l'inventeur. ( Du grec coîic/ios,
coquille, et eidos , fiume; à cause de sa
ressemblance avec certaines coquilles. )
Convergence, s. f. Disposition de deux
ou de plusieurs lignes droites qui se diri-
gent vers un même point, soit qu'elles l'at-
teignent, soit qu'elles ne l'atteignent pas,
La convergence de deux lignes. La conver-
gence des rayons lumineux réfîceltis par un
miroir concave.
Convergent, ente. adj. Qui converge.
Lignes convergentes. Bayons convergents.
Converger, v. n. Se diriger vers un
même point, en parlant de lignes droites.
Deux lignes qui convergent. Le foyer d'une
lentille est le point vers lequel convergent les
rayons lumineux qui la travcr.'ient. [Ac^d.)
(En latin convergere , de vcri;cre , pencher
vers, etc«(«,avec, ensemble.)
Convexe, adj. Bombé sphériquement.
Surface convexe. Un miroir, un verre con-
vexe. Par analogie. Le côté conve.vc d'uttg
l'S^ne courbe. (En latin convcxus, de conr ^
SIGNES DIVEKS. GEOMElRlli.
485
liere, porter, par allusion à l'espèce de
cintre ou éniiuence circulaire des corps
destinés à en porter d'aiilres. )
Coordonnées, s. f. pi. Il se dit des ab-
cisses et des ordonnées d'une courbe ,
considérées ensemble, et relativement les
unes aux autres, f Du latin ctim , avec, et
ordinalœ, ordonnées.)
Corde, s. f. Portion de la ligne droite
traversant un cercle et teriiiinée à sa cir-
conl'érence, comme la corde d'un arc vé-
ritable se termine aux extrémités de sa
courbure { h.c ad.). Tonte corde partage le
cercle en deux parues, égales ou incgulcs en
surface, qui se nomment segments . [Id.) On
l'appelle aussi sons-lendante.
Cotangente. s. f. La tangente du com-
plément d'un angle. La cotangente'^ de 30
grés est la tangente de 60 degrés.
Co-sécante. s. f. La sécante du complé-
ment d'un angle. La co-sécante de 30 de-
grés est la sécante de 60 degrés. (Du latin
cum , avec , et sccare , couper. )
Co-sinus. s. m. Le sinus du complément
d'un angle. Le co-sinus d'un angle de 30
degrés est le sinus de 60 degrés. (Du la lin
cum et sinus.)
Courbe, adj. et s. Qui n'est pas droit ou
qui n'est pas plane . qui approche de la
forme d'un arc. Ligne courbe. Surface
courbe. Décrire itnc ligne courbe, une courbe.
La théorie des courbes. { En latin currus. )
Curviligne, adj. Qui est formé par des
lignes courbes. Figure cunnligne. (Du la-
tin currus, courbe, et tinea, ligne.)
Décrire. V. a. Tracer, marquer, l'ormer.
Il se dit surtout en parlant des lignes cour-
bes, des directions, des trajets en ligne
courbe. Décrire une courbe , un cercle, un
demi-cercle, un arc. L'orbite qu'une planète
décrit autour du soleil, daiis son mouvc-
ment. Les oiseaux de proie qui planent en
rond décrivent des cercles dans les airs. Les
ruisseaux décrivent des sinuosités. On ne
décrit pas des lignes droites, on les trace.
(En latin describerc. Cicéron se servait du
substantif rfexcr//'?(o, pour désigner l'ordon-
nance et les révolutions des é-loiles : o Ita
a demetata signa sunt , ul in tantis descrip-
» tinnibus divina solertia apparent. »
Diagonal, aie. adj. Qui va d'un angle
d'unfi figure recliligne à l'angle o|>j)osé. Vue
ligne diagonale. La diagonale d'un qiiarré.
(Du gri^Cf/ù/, à yra\*irf.,v.\. gonia, angle. )
Uiamétrai , aie. adj. Appartenant au
diamètre. Ligne diamétrale .
Diamétralement, adv. D'un bout du
diamètre à l'autre. Les deux pôles sont dia-
métralement opposés l'un à l'autre. V'i^uré-
ment , Ces deux hommes sont diamétrale-
ment opposés. L'avarirc et la prodigalité sont
diamétralement opposées.
Diamètre, s. m. Ligne droite qni va
d'un point de la circoniérence d'un cercle
à un autre point, en passant par le centre.
Le diamètre divise la circonférence en deux
parties égales. Par extension, La plus grande
largeur ou grosseur d'une chose ronde, arron-
die , elliptique , cylindri'/ue , etc. Le diamè-
tre de la terre. Le diamètre d'une colonne.
(Du grec (/('rt, à travers, et mètron , mesure. )
Directrice, s. f. Ligne droite le long de
la quelle on l'ait couler une autre ligne on
une surface, pour la formation d'une sur-
face ou d'une solide. (Ce mot n'existe
point pour l'Académie.)
Divergence, s. f. Situation de deux li-
gnes, de deux rayons, qui vont en s'écar-
tant. Figurément, Divergence d'opinions.
Divergent, ente. adj. Il se dit des lignes,
des rayons, qui divergent. Lignes divergen-
tes. Hayons divergents. Les verres concaves
ont la propriété de rendre divergents les
rayons lumineux. Figurément, Des opinions
divergentes. Des principes divergents.
Diverger, v. n. Aller en s'écartant.
Deux lignes qui divergent. Une direction
qui diverge d'une autre. Aller en divergeant.
(Du latin dis, particule qui marque diver-
sité, et vergere, se pencher vers, se tour-
ner vers.)
Droit, oite. adj. Qui n'est pas courbe,
qui va d'un point à un antre par le plus
court chemin. Ligne droite. — Perpendi-
culaire à l'horizon, qui ne penche d'aucun
côté. Ce mur n'est pas droit. Angle droit.
Angle formé par deux lignes perpendicu-
laires l'une il l'autre. L'angle droit est de
90 degrés. Deux lignes qui se coupent à an-
gles droits. En Astronomie, Sphère droite,
Celle où l'équateiir et ses parallèles cou-
|ient l'horizon à angles droits. (En latin
elirectus.)
Égal, aie. adj. Pareil, semblable, le
même, soit en natiu-e, soit en quantité, soit
en qualité. Figures égales. Celles qui, su-
])erposèes l'une à l'autre , coïncident dans
tous leurs points. (En latin (rqualis. )
Engendrer, v. a. Produire; son sembla-
ble, lise (lit particulièrement, en géouié-
liie , de ce. qui est censé décrire quelque
figure par son niouvcmcnl. Le roini '/"•
''^^ GKAAIMAIKE
engendre une cycloïdc. Une courbe engendrée
parjc développement d'une uittre.
Equiangle. adj. Dont tous les angles
sont «gaux «; litre eux. Leqiiarrcest une figure
équianglc. 11 se dit aussi d'une figure qui a
ses angles égnux à ceux d'une antre. Deux
figures équiangics entre elles, (Du latin
aiquus, égal, angiilus , angle.)
Équidistant , ante. adj. (Prononcez
écui-). Qui dans toutesses parties est égale-
ment éloigné des parties d'un autre corps.
Deux lignes parallèles sont cquidislantes.
Equilatéral, aie. Adj. (Prononcezccin-).
11 se dit d'un triangle qui a ses trois côtés
égaux entre eux. Triani^le equilatéral. (En
latin œqui/ateralis, d'ccquus, égal, et latus,
laleris , coté. )
Equilatère. adj. Il se dit d'une figure
dont les côtés sont égaux à ceux d'une
autre.
Equivalent, ente. adj. Qui est de même
valeur. Figures cquivalcntcs , Celles dont
les surfaces ou aires sont égales en quan-
tité, sans égard à la dissemhtance des
formes. ( Du latin œquiralcns , l'ormé
d'œquc, également , et valens, qui vaut.)
Espace, s. m. Dans son acception ab-
solue , il signifie , L'étendue indéfinie. Le
temps et l'espace. L'espace et la durée. Dans
un sens plus particulier, Grand espace. En-
pacc vide , rempli. Absolument , Cette
étendue qui embrasse l'univers. Les corps
célestes roulent dans l'espace. Parcourir l'es-
pace , les espaces. — Un grand espace de
temps, etc. ( Du latin spatium. )
Etendue, s. 1'. Dimension en longueur,
largeur, et profondeur. Selon quelques phi-
losophes, l'étendue est l'essence de la matière.
( AcAD. ) L'étendue appartient aux corps , et
la pensée à l'esprit. (Id.) Il se dit aussi
pour indiquer une ou deux des trois di-
mensions. L'étendue d iitie ligne, d'une sur-
face. Dans le langage ordinaire , Superficie.
Pays d'une grande étendue, lise dit aussi
en parlant du temps. La vie de l'homme
est d'une étendue bien bornée. Figurément,
L'étendue du pouvoir j de l'autorité. L'éten-
due d'un discours. Ce mot n'a pas de plu-
riel.
Excentricité, s. f. Distance du centre
d'une ellipse a son foyer. On la nomme
excentricité simple. Excentricité double , La
distance qu'il y a entre les deux foyers de
l'ellipse.
Excentrique, adj. 11 se dit de deux ou
plusieurs cercles, engagés l'un dansl'au-
FRANÇAISE,
Ire , qui ont des cealres différents. Ce cer-
cle est excentrique à l'autre. Deux cercles
excentriques. (Du latin ex, hors , et cen-
trum , centre. )
Figure, s. f. Espace borné par une on
plusieurs lignes. Figure plane. Figure quar-
rée. Figure triangulaire. Figure circulaire.
Tracer, faire une figure, des figures sur un
tableau. On le dit également des lignes qui
n'enferment point un espace. La ligne spi-
rale et la cycloïdc sont des figures de mathé-
matique. (AcAD.) 11 se dit, en termes de
danse, des difTérenles lignes qu'tm décrit
en dansant. Figure de contredanse. Figure
de ballet. Les diverses situations oii plu-
sieurs personnes qui dansent une entrée
de ballet se mettent les imes à l'égard des
autres, dans les difrérent<; mouvements
qu'elles font. (Acad.) (En latin figura.)
Flèche, s. f. La fléi^he d'un arc, La por-
tion de ligne droite qui, menée perpendi-
culairement au milieu de la corde, est ter-
minée il l'arc.
Générateur, trice. adj. Qui engendie
quelque ligne, quelque surface, ou quel-
que solide par son mouvement. Point gé-
nérateur d' une ligne . Ligne génératrice d'une
surface. Surface génératrice d'une solide. ,
Génération, s. f. La formation d'une li-
gne, d'une surface, d'un solide, par le
mouvement d'un point, d'une ligne, ou
d'une surface. La géncralion de la cycloïdc,
de la spirale , du cône, etc.
Géocentrique. adj. Qui appartient à
une planète vue do la teire. Lieu géocen-
trique. Latitude géocentrique. (Du grec gc,
terre, et hentrôn , centre.)
Géodésie, s. f. Partie de la géométrie qui
enseigne à mesurer et à diviser les terres.
Traite de géodésie. (Du gr. geôdès, terrestre. )
Géodésique. adj. Qui a rapport à la
géodésie. Opérations géodèslqucs.
Géométrie, s. f. Science qui a pour ob-
jet l'étendue considérée sous ses trois as-
pects : la ligne (étendue en longueur seu-
lement), la surface (étendue en longueur
et largeur), et le corps ( étendue en lon-
gueur, largeur, et épaisseur. ) La géométrie
est le fondement des autres parties des ma-
thématiques. La géométrie descriptive n'est
qu'une application de la géométrie pure. La
géométrie chmenlaire étudie les propiiétés
des lignes droites, des lignes courbes, des
surfaces , et des solides les plus simples.
La géométrie transcendante résout, au
movcn de l'algèbre , du calcul dilTéren-
SIGNES DIVERS. GEOMETRIE.
487
tiel , etc., des questions d'un ordre plus
ùleTé. La géomclrie contribue à rendre l'es-
prit rnètliodique et conséquent, Axiome de
fi^éoniétrie. Toute la géométrie repose sur
les cinq axiomes sui\^ants, dont l'évidence
est incontestable : 1° Deux quantités égales
à une troisième sont égales entre elles. 2°
Le tout est plus grand que la partie. 3° Le
tout est égal à la somme des parties, k"
D'un point à un autre on ne peut me-
ner qu'une seule ligne droite. 5° Deux
grandeurs, ligne , suri'ace , ou solide , sont
égales lorsque, étant placées l'une sur l'au-
tre , elles coïncident dans toute leur éten-
due. Traite de géométrie. Use dit souvent
d'un traité de géométrie. La g^eowcirf'erfe Lc-
gendre. (Du grec gê, terre, et mélron, me-
sure.)
On représente la Géométrie sous la fi-
gure d'une femme qui tient d'une main
un compas et de l'autre un niveau garni
de son plomb.
Homologue, adj. Il se dit des côtés qui,
dans des figures rectilignes semblables , se
correspondent etsont opposés à des angles
égaux. Dans les triangles semblables , les
côtés homologues sont proportionnels. [ En
latin liomologus, du gvecliomos, semblable,
et logos, rapport. )
Horizontal, aie. adj. Parallèle à l'hori-
zon. Ligne horizontale. Plan horizontal. Ca-
dran horizontal. Celui qui est décrit sur un
plan parallèle à l'horizon. ( Du grec /lortzô,
je borne.)
Horizontalement, adv. Parallèlement
à l'horizon. Un cadre placé horizontalement.
Hypoténuse, s. 1". Le côté qui est op-
posé à l'angle droit dans un triangle rec-
tangle. L'hypoténuse est le plus grand des
irais côtés d'un triangle rectangle. ( Acad, )
Le quarre construit sur l'hypoténuse d'un
triangle rectangle est égal â la somme des
quarrés construits sur les deux autres côtés.
( En latin hypotenusa, du grec hypo, sous,
et téinô, je tends.)
Incidence, s. i'. La rencontre d'une ligne
ou d'une suri'ace avec une autre ligne ou
une autre surface. Point d'incidence, Le
point où la rencontre a lieu. Angle d'inci-
dence. L'angle formé par le rayon incident
avec la surface rencontrée. ( Du latin inci-
dere, tomber sur.)
Incident, adj., sert pour qualifier les
rayons lumineux dans l'acte de leurren-
coHlreavec les surfaces des corps. (Acad.)
Hayon incident.
Inscrire une figure dans une autre , Tra-
cer dans l'intérieur d'une figure une autre
figure qui en touche les contours intérieu-
rement. Inscrire un triangle dans un cercle.
Inscrire un cercle dans un quarre, (En latin
inscribere.)
Intersection, s. f. Point où deux lignes,
deux plans , etc. , se coupent l'un l'autre,
s'entrecoupent. Le centre d'un cercle ext si-
tué à l'intersection de deux diamètres. Point
d'intersection. Ligne d'intersection , Ligne
où deux surfaces se coupent. L'intersection
de deux plans est une ligne droite, et celle de
deux volumes qui se coupent une surface
plane ou courbe. {Un laiin intersectto , de
inter, entre, et secarc, couper.)
Incommensurabilité, s. f. Etat, carac-
tère de ce qui est incommensurable.
Incommensurable, adj. 11 se dit de
deux grandeurs qui n'ont point de com-
mune mesure. Le côté d'un carré et sa dia-
gonale sont incommensurables.
Isocèle, adj. Voyez Triangle.
Xigne. s. f. Trait simple considéré
comme n'ayant ni largeur ni profondeur.
Ligne droite. Celle qui va d'un point à un
autre par le plus court chemin. Ligne
courbe , Celle qui n'est ni droite ni formée
de lignes droites. Ligne brisée. Celle qui se
compose de lignes droites, mais dirigées
dans divers sens. Mener, tirer une ligne pa-
rallèle à une autre. Ligne perpendiculaire,
verticale, horizontale, oblique, circulaire,
elliptique. Une ligne spirale. Tirer une ligne
d'un point à un autre. Tracer des lignes. On
trace des lignes droites , on décrit des lignes
courbes. En termes de Fortification, Ligne
fichante. Ligne de feu dont le projectile,
partant du liane d'un bastion, frappe la face
du bastion voisin. Ligne rasante. Ligne
droite qui, partant du liane d'un bastion,
se trouve être dans la direction de la face
du bastion voisin. La ligne de défense fi-
chante est opposée à la ligne de défense ra-
sante, (En latin linca, de linum , lin: fil
de lin.)
STormale. s. f. Ligne verticale ou per-
pendiculaire. Les corps tombent suivant la
normale. (En latin norrnalis , fait à l'é-
querre , de norma , équerre. )
Oblique, adj. Qui est de biais ou incli-
né. Ligne oblique. Plan oblique. Couper un
cône par une section oblique. Il a le regard
oblique. Sphère oblique. Celle où l'équateur
n'est ni parallèle ni perpendiculaire à l'ho-
i8S ORAMMAIIIE
lizon. Figurûnient , Sa conduite est obli-
que, t;tc. (En latin obliquus.)
Obliquité, s. f. Incliiinison. L'obliquité
d'une ligne. L'obliquité de l'ccliplique. L'an-
5;le que rccliplique l'ait avec l'équateur, t;!
qui est d't'nviron viiii^t-liois liegrcs vingt-
huit minutes. (En lalin ob/iquila.i,')
Oblong, ongue. adj. IJeaucoiip plus long
que large. Un qnarré oblong. Ce jardin est
d'une figure oblongue. 11 se dit, en librai-
rie, des livres qui ont moins de hauteur
que de largeur. Un in folio oblong. Les li-
vres de musique sont souvent obiongs. (En
latin oblongus. )
Ordonnée, s. f. Ligne dioite tirée d'un
point de la circonférence d'une courbe
perpendiculairement à son axe. Voyez
GooRDuNis'KES, et Abscisse.
Ordre, s. m. Classe. On distingue divers
ordres de lignes correspondant aux degrés
des équations gui les représentent. Les lignes
droites composent le premier ordre, dont l'é-
quation ne s'élève qu'au premier degré ; les
sections coniques le deuxième , doal l'équa-
tion ne s'élève qu'au deuxième degré ; et les
autres courbes le troisième , le quatrième, le
cinquième , etc. , suivant que leurs équations
sont du troisième, du quatrième , du cin-
quième degré.
Parallèle, adj. et s. f. Il se dit d'une
ligne ou d'une surl'ace également distante
d'une autre ligne ou d'une autre surface
dans toute sont étendue. Deux lignes droi-
tes, perpendiculaires à une troisième, et deux
obliques dirigées dans le môme sens et éga-
lement inclinées, sont parallèles. Les tro-
piques et l'équateur sont parallèles. Deux
rues parallèles. Tirer une ligne parallèle à
une autre, une parallèle. La théorie des pa-
rallèles. (En ^lec parallclos.)
Parallèlement, adv. D'une manière pa-
rallèle. Ces murs sont construits parallèle-
ment, parallèlement les uns aux autres.
Parallélisme, s. m. Etat de deux lignes,
de deux plans parallèles. Il y a un défaut
de parallélisme entre les deux galeries du
Louvre. ( Acad. )
Paramètre, s. m. Ligne constante et
invariable qui entre dans l'équation ou
dans la construction d'une courbe , et qui
sert de mesure fixe pour la comparaison
des ordonnées et des abscisses. Le para-
mètre d'une parabole est égal à quatre fois
ta distance du foyer de la parabole au som-
met. Le paramètre d'une ellipse est la troi-
néme proportionnel leau grand axe et au pe'it.
«•nANÇAISE.
( Du grec para, à côté, et métron, mesure.)
Périmètre, s. m. Circonférence , con-
tour. Le périmètre d'une figure. Dans tes
figures circulaires le périmètre est appelé pé-
riphérie ou circonférence. ( Du grec péri,
autoin-, et mèlron, mesure.)
Périphérie, s. f. Circonférence, contour
d'une figure curviligne. (Du gvec péri, au-
toiw, et phèrû, je porte. )
Perpendiculaire, adj. Qui se dirige à
angles droits, en formant un angle droit.
Ligne perpendiculaire à une autre ligne, à
une surface. Tirer une ligne perpendiculaire.
il signifie quelquefois. Vertical. Ligne per-
pendiculaire. Direction , position perpen-
diculaire. Substantivement, en géométrie,
Tirer, élever, abaisser une perpendiculaire.
(Du lalin perpendicularis , qui pend, qui
tombe d'aplomb. )
Perpendiculairement, adv. En situa-
tion perpendiculaire. Une ligne qui tombe
perpendiculairement sur une autre.
Perpendicularité. s. f. Etat de ce qui
est perpendiculaire. La perpendicularité
d'une ligne.
Plan, ane. adj. Surface plane, Surface sur
la quelle une ligue droite peut s'appliquer
complètement dans toutes les directions.
Angle plan. Angle tracé sur une surface
plane. Figure plane. Figure plate et unie.
Carte plane ou plate. Carte géographique
dans laquelle une portion plus ou moins
étendue delà terre est figurée comme si la
surface de la terre était plane. Miroir plan,
verre plan, Miroir, verre dont la surface
est plane; par opposition à miroir, verre
convexe ou concare.
Plan. s. m. Surface plane, Superficie
plate. Plan liorizontal. Plan vertical. Plan
incliné. Tracer une ligne sur un plan. Ligne
parallèle à un plan. Une ligne est parallèle
d un plan, lorsque leur distance respective
reste toujours égale, si loin qu'on les pro-
longe. La condition du parallélisme des plans,
comme de celui des lignes, est qu'ils ne
puissent Jamais se rencontrer, à quelque
dislance qu'on les prolonge. Lorsque deux
plans se coupent , leur intersection ou
arèle commune est nécessairement une ligne
droite. L'angle de deux plans est la quantité
plus ou moins grande dont ils s'écartent l'un
de l'autre. Les angles formés par deux plans
peuvent cire aigus, droits, ou obtus. On les
mesure par l'angle rectiligne que font en-
tre elles les deux droites perpendiculaires
menées dans le plan au même point de
SIGNES DIVEUS. GEOMETRIE.
489
l'arête commune. Les plans sont mutuelle-
ment perpendiculaires , lorsque les angles
formés par leur intersection son droits- Les
intersections de deux plans parallèles à un
troisième sont parallèles. La ligne parallèle
à une droite située dans un plan est paral-
lèle à ce plan. Une droite étant perpendicu-
laire à un plan, tout plan conduit par cette
droite sera perpendiculaire au premier. Si
deux plans sont perpendiculaires entre eux et
que dans l'un d'eux on mène une droite per-
pendiculaire à l'intersection commune, cette
ligne sera perpendiculaire d l'autre plan , et
réciproquement. Si deux plans se rencontrent
de telle manière qu'une droite menée dans
l'un d'eux perpendiculairement à l'intersec-
tion, soit en même temps perpendiculaire à
l'autre plan, ces deux plans seront mutuelle-
ment perpendiculaires. (Du latin planas,
plat, uni.)
Point, s. m. La plus petite portion d'é-
tendue qu'il soit possible de concevoir,
ou plutôt, Ce que l'on conçoit comme
n'ayant aucune étendue. Les mathémati-
ciens disent que ta ligne n'est considérée que
comme la trace d'un point en mouvement.
(AcAD.) Le point mathématique est l'extré-
mité de la ligne, (Id.) (En latin punctum.)
Polyèdre, s. m. Corps solide à plusieurs
faces; corps solide terminé par des plans
ou surfaces planes dont les intersections
sont des lignes droites. Ces intersections
s'appèlent côtés ou arêtes des polyèdres.
Lorsque trois plans se réunissent en un
seul point et sont adjacents, l'espace angu-
laire qai'ils comprennent prend le nom
d'angle solide. En fermant par un qua-
trième plan la base de l'angle solide, on
forme un tétraèdre ou solide qui a quatre
faces. Polyèdre semblables , Dont les faces
homologues sont semblables, et les angles
solides correspondants tous égaux. Polyè-
dre régulier. Polyèdre irrégutier. Les polyè
dres réguliers sont des solides terminés de
tous côtés par des polygones réguliers égaux,
et dont tous les angles solides sont égaux en-
tre eux. Il n'en existe que cinq : le tétraè-
dre, Vexaèdre ou cube, l'octaèdre , le dodé-
caèdre, etVicosaèdre, qui ont respective-
ment quatre, six, huit , douze ou vingt fa-
ces. (Du grec /5o/ys, plusieurs , et tiédra,
siège , base.)
Polygone, adj. Qui a plusieurs angles
et plusieurs côtés. Une forteresse de figure
polygone. (Acad.) U est aussi substantif
masculin. Un polygone ou figure recliligne
T. II.
est un espace compris entre plusieurs li-
gnes droites. Son contour prend le nom de
périmètre. Toute ligne menée du sommet
d'un de ses angles à un autre s'appèle dia-
gonale. La somme de tous les angles d'un
polygone est égale à autant de fois deux an-
gles droits qu'il y a de côtés , moitis deux,
1 — ~\^Polygone régulier. Celui dont tous
I ' Jx^les angles et les côtés sont égaux.
Tout polygone régulier peut être inscrit dans
le cercle et peut lui être circonscrit. Tous les
côtés du polygone sont, par rapport à la cir-
conférence, des cordes égales et par là même
également éloignées du centre. L'aire d'un
polygone régulier a pour mesure le produit
de son périmètre par la moitié du rayon du
cercle inscrit. Polygone irrégutier. Cette fi-
gure est un polygone irrégulier. Les côtés, les
angles d'un polygone. ( Du grec polus, plu-
sieurs, el gonia, angle.)
Polygone, En terme de foi'tiCcotion , Figure qui déter-
mine la forme générale du tracé d'une place d« guerre.
Polygone extérieuFt Celui qui est formé de lignes unissant
deux à deux les angles saillants des haslions. Polygone In-
téHeiir, Celui qui est formé par les courtines de l'enceinte
prolongées jusqu'à ce qu'elles se rencontrent dans l'inté-
rieur des bastions.
Polygone, L'endroit où l'on exerce les artilleurs aux
manœuvres du canon et des autres armes à feu de grande
portée. C'est proprement une butte de terre, à plusieurs
cotés et à plusieurs angles, qui sert de point de mire.
Proportionnel, elle. adj. Qui est en
proportion avec des quantités du mèuie
genre. Parties proportionnelles. Lignes pro-
portionnelles. Les parties de deux cordes qui
se coupent dans un cercle sont réciproque-
ment proportionnelles. Echelle proportion'
nelle. Substantivement, Les deux propor-
tionnelles. Une troisième, une quatrième
proportionnelle. Moyenne proportionnelle,
La racine carrée du produit de deux nom-
bres.
Proportionnellement, adv. Avec pro-
portion. Réduire proportionnellement un
grand plan, un grand dessin, à un petit.
Quadrangulaire. adj. Qui a quatre an-
gles. Figure quadrangulaire. (En latin qua-
drangularis. )
Quadratrice. s. f. Courbe inventée par
les anciens pour parvenir à la quadratiu-e
approchée du cercle. La quadratrice de Di-
nostrate. C'est une courbe mécanique qui
se forme par l'intersection des rayons d'un
quart de cercle avec ime règle qui se meut
imiformément et parallèlement à l'un des
rayons extrêmes de ce quart de cercle.
Quadrature, s. f. ( Prononcez coua- ).
Réduction de quelque figure curviligne à
C2
•iîlO
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
nu qiiarri' éqnivalenl (jn siiilacc. Lu (/iiadra-
luro dit cercle est regardée connue un pro-
hlcme insoluble. Il consiste il évaluer la siir-
i'ace du cercle , ce qu'on nr. peut l'aire qu'en
réduisant le cercle en quarré, le quarré
étant la uiesuie commune de toute surface.
Mais pour ci^la il faudrait connaître le rap-
port exact du diamètre à la circonférence;
rapport qu'on n'a pu déterminer qu'appro-
ximativement. Archiuiède a trouvé qu'il
était comme 7 à 22. Les modernes en ont
approché de plus près. (Du latin f/uadra-
lurn. )
Quadrilatère, s. m. Figure qui a qua-
tre cùtés , et conséquemment quatre an-
gles. Les côtés , les angles d' un (juadrilalcre.
Le parallélogramme, le losange, le quarré,
sont des quadrilatères. Quadrilatère quian-
gle. (En latin quadrilaterus , de quadrinus ,
quatre, et latus, lateris , côté.)
Quart de cercle, s. m. Instrument qui
est la quatrième partie d'un cercle divisé
par degrés, minutes, et secondes. On se
sert du quart de cercle pour prendre les hau-
teurs , les distances , et pour faire plusieurs
autres opérations.
Rayon, s. m. Le deini-dia mètre d'un
cercle , ou la ligne droite tirée du centre à
la circonférence. Ce cercle a tant de pieds
de rayon. Tous les rayons d'un cercle sont
égaux entre eux. (En latin radius.)
Rectangle, adj. Triangle rectangle,
qui a un angle droit. Parallélogramme rec-
tangle, qui a ses quatre angles droits. Il
s'emploie aussi substantivement , et signi-
fie, Un parallélogramme qui a ses quatre
angles droits. Tracer un rectangle. On l'ap-
pelé aussi quarré long ou oblong. (Du latin
reclus, Avo'it. ,&t angulus, angle.)
Rectangulaire, adj. Figure rectangu-
laire, qui a quatre angles droits. Triangle
rectangulaire , qui a un angle droit.
Rectili^ne. adj. Terminé par des lignes
droites. Triangles rectilignes , par opposi-
tion à triangles curvilignes ou sphériques.
( Du latin rectus, droit, et linea, ligne.)
Scalène. adj. Voyez Triangle.
Sécante, s. f. Droite menée du centre
d'un cercle à l'extrémité d'un arc , et ter-
minée à la tangente de cet arc. Sécante
d'un angle. Table des sécantes. ( Du latin
secare , couper. )
Section, s. f. Partie de l'espace où des
lignes , des plans , des surfaces courbes se
coupent mutuellement. Deux surfaces qui
se rencontrent ont pour section une ligne
droite, ou une ligne courbe, ou un point.
Une surface et un solide peuvent avoir pour
section une surface. Section conique. Section
d'un cùne par un plan. (En latin seclio,
(je secare , couper. )
Segment, s. m. Partie d'un cercle com-
prise entre un arc quelconque et sa corde.
Segment de cercle. Segment splièrique, Le
solide entendre par un segment de cercle
tournant autour de la partie du rayon qui
passe par le milieu de l'arc. (En latin seg-
ment um , Ae secare , couper.)
Semblable, adj. Pareil , qui ressemble ,
qui est de même nature, de même qualité.
Figures semblables , Celles dont tous les
angles sont respectivement égaux, et dont
les côtés homologues, c'est à dire, adja-
cents à des angles égaux et semblablement
disposés dans les deux figures, sont pro-
portionnels. Deux f gares égales sont tou-
jours semblables , mais deux figures sem-
blables peuvent être souvent fort inégales.
Sinus, s. m. La ligne droite menée per-
pendiculairement d'une des extrémités
d'un arc sur le rayon qui passe par l'autre
extrémité. On le désigne par l'abréviation
sin. Table des sinus, des tangentes , et des
sécantes. Sinus verse, La partie du rayon
comprise entre le sinus et l'extrémité de
l'arc. Sinus total , Le sinus d'un arc ou
d'un angle de 90 degrés , lequel est égal au
rayon. ( Mot latin.)
Solide, adj. et s. m. L'étendue considé-
rée comme ayant les trois dimensions ,
longueur, largeur, et profondeur ou épais-
seur. 11 est opposé à ligne et à superficie
ou surface, La géométrie mesure les corps
solides, les solides. Angle solide. Angle com-
posé de trois angles plans ou davantage ,
qui se rencontrent dans un point. (Du latin
solidus.)
Solidité, s.f. Qualité de ce qniestsolide.
La solidité des corps. A tort ou à raison les
géomètres en font encore le synonyme de
volume. La mesure de l'espace déterminé
par la forme d'un solide , disent-ils , est
ce qu'on appelé sa solidité. L'Académie ne
l'admet en ce sens que dans l'expression
mesure de solidité, qu'elle définit. Mesure
servant à mesurer les solides. Mais l'Aca-
démie n'est pas la première académie dn
monde pour rien. Je ne sais où elle a
trouvé que solidité et solidarité sont syno-
nymes.
Solidité convient paifailcment pour ex-
SIGNES DIVERS
primer le volume apparent des corps. ( Du
latin soUditas, )
* Pour unité de mesure dans l'éTaluatiou des eolldités
ou volumes, on est convenu de prendre le cu6e construit
sur Tunité de la longiieui*, c'est à dire, un cube dont
chaque arête est égale à cette unité, un cube dont les six
carrés de la surface ontpour côté cette unité de longueur.
On appelé mètre fu6e, toise cube, pied cube, etc., les cubes
ayant pour faces des mètres carrés, des toises carrées,
des pieds carrés. On les désigne par m. c, t, r. , p. c, etc.
Sommet, s. m. En général. Le haut,
la partie la plus élevée d'une chose quel-
conque. En Géomélrie , Le point le plus
élevé d'une figure ou d'un corps, l.e sorn-
met d'un angle. Le point où viennent se
réunir les deux lignes qui forment cet an-
gle. Angles opposés au sotnmet , Angles
dont les pointes ou sommets sont opposés,
dont l'un est (brnié par le prolongement
des côtés de l'autre. Le sommet d'unecourbc.
Le point de la courbe où sa courbure s'ar-
rondit symétriquement, de manière à y
borner son extension ; l'extrémité de l'axe
d'une courbe qui a deux parties égales et
semblables, également et sembiablement
situées par rapport à son axe. Dans son
acception la plus étendue. Le point où uue
courbe est coupée par son axe ou son dia-
mètre. Le sommet d'une parabole est ait
point où elle coupe son axe. L'ellipse a qtta-
tre sommets. ( Du latin summitas.)
Sous-normale, s. f. La partie de l'axe
d'une courbe qui est comprise entre les
deux points où l'ordonnée et la perpendi-
culaire à la courbe menée du point tou-
chant viennent rencontrercet axe ; en d'au-
tres termes , Portion de l'axe d'une courbe
intercepléeentrel'exlrémité de l'ordonnée
et le point où la perpendiculaire à la tan-
gente tirée de l'autre extrémité de l'ordon-
née coupe l'axe de la courbe. La sous-nor-
maie de la parabole est constante et égale à
la moiliè du paramètre.
Sous-perpendiculaire, s. f. Synonyme
de sous normale.
Sous-tangente, s. f. La partie de l'axe
d'une courbe qui est comprise entre l'or-
donnée et la tangente correspondante.
Sous-tendante. s. 1'. La ligne droite qui,
menée d'un point d'une courbe à un au-
tre , forme la corde de l'arc compris entre
eux.
Spiral, aie. adj. Qui a la figure d'une
spirale. Forme spirale. Ligne spirale. Le
ressort spiral , ou substantivement, le spi-
ral d'une montre. Des ressorts spirattx.
Spirale, s. f. Courbe qui fait une ou
plusieurs révolutions autour d'un point ou
. GÉOMÉTIUE. '(Oî
elle commence , et dont elle s'ecarle tou-
jours de plus en plus. Il y a une infinité de
sortes de spirales, parmi les quelles celle
d' Archimède est la plus célèbre. ( Acad. ) En
spirale. En l'orme de spiiale. La cliainc d'une
montre se roule en spirale autour do la fusée.
( Du latin spira, tour.)
Spire, s. f. Un des tours de la ligne spi-
rale.
Superficie, s. f. La surface ou l'étendue
d'un corps solide , considéré quant à sa
longueur et à sa largeur, sans égard à sa
profondeur , à son épaisseur. La superficie
des corps. Dans le langage ordinaire , La
simple surface , l'étendue d'une surface.
La superficie d'un champ. Mesurés de super-
ficie. Il se dit aussi de la surface des corps,
considérée comme ayant quelque épais-
seur. Enlever la superficie d'un corps. Fig.,
son esprit manque de profondeur, il n'a que
de la superficie.
Surface, s. f. Superficie. Surface plate ,
unie, raboteuse. Une stirface plane. Une
surface concave. Une surface convexe. Fig. ,
Extérieur , dehors , apparence. Il s'arrête
(i la surface des choses.
Tangence. s. f. Synonyme de contact.
Point de tangence. Point où deux lignes,
deux surfaces se touchent sans se couper.
Tangente, s. f. Ligne droite qui touche
uue courbe sans la couper, dans quelqu'un
de ses points. Tirer une tangente, mener
une tangent^ à une courbe. La tangente du
cercle est perpendiculaire à l' extrémité du
rayon. La tangente d'un angle est, dans le
cercle, une tangente menée a l'une des
extrémités de l'arc que l'angle embrasse ,
et terminée au prolongement du rayon
qui passe par l'autre extrémité. Prov. et
ûg., S 'échapper par la tangente. S'esquiver,
se tirer d'affaire adroitement. ( Du latin
langens, qui touche.)
Théorème, s. m. Proposition d'une vé-
rité spéculative qui se peut démontrer.
Cette proposition. Dans tout triangle, la
somme de trois angles est égale à deux an-
gles droits , est tm théorème. Un problème
est une question à résoudre, suivant les
règles de la science. (En grec théorema,
de théoreô , je contemple. )
Tracer, v. a. Tirer , disposer les lignes
d'un dessin, d'un plan, sur le papier, sur
la toile, sur le terrain , sur un mur, etc.
Tracer des lignes. Tracer un plan. Tracer
une épure, (Du latin tractare.)
^^'^ GIUMRIAIIIE
Triangulaire, adj. Qui a trois eûtes et
trois angles. Figure triangulaire.
Trigonométrie, s. f. La partie de la
gcomi'lric! q\ii enseigne à calculer tons les
éléments d'un triangle , quand un certain
nombre de ces éléments sont donnés.
( AcAD. ) Les triangles étant curvilignes ou
rcctillgncs , c'est à dire, formés par des
lignes courbes ou par des lignes droites ,
on distingue la trigonométrie rectiligne et
la trigonométrie sphèrique. La connaissance
de la trigonométrie sphèrique est absolument
nécessaire aux astronomes. ( Du grec Irigô-
non, triangle , et wc/roji, mesure.)
Trigonométrique. adj. Qui appartient
à la trigonométrie. Calcul trigonométrique.
Opérations trigonométriques.
Trigonométrîquement. adv. Suivant
les règles de la trigonométrie. Cette carte
a été levée trigonométrîquement.
Vertical, aie. adj. Perpendiculaire au
plan de l'horizon. Ligne verticale. Cadran
vertical. Plan vertical. Les cercles verticaux .
( Du latin vertex , verticis , sommet de la
tête, faîte. )
Verticalement, adv. Perpendiculaire-
ment au plan de l'horizon. Plan posé verti-
calement.
Volume, s. m. L'étendue d'un corps
considéré relativement à la grandeur de ses
dimensions. Un mètre cube de bois et un
mètre cube de fer sont égaux en volume,
mais 7ion en pesanteur ni en densité. 11 y a
le volume apparent, et le volf^me réel. Le
volume apparent est le seul que nous puis-
sio7is connaître. Pour avoir le volume réel
d'un corps , il faudrait pouvoir se mettre en
contact avec les particules inatérielles qui
constituent ce corps. Pour distinguer entre
ces deux volumes, les géomètres se ser-
vent du mot solidité, qui exprime le vo-
lume apparent. (Du latin volumen.)
Zone. s. f. Il se dit , en géométrie , des
divisions d'une sphère , d'un corps, faites
par desseclions parallèles. ( Du grec zone,
ceinture. )
Z.IGB7i:S ET SURFACES.
IiIGNE DROITE. Au figuré
comme au propre, la ligne droite est la plus
courte. Pour diviser une droite en parties
égales, il faut, par l'une de ses extrémités,
mener une oblique indéfinie, prendre sur
cette oblique autant de fois une certaine
longueur qu'il y '"* de jjarlies cherchées, et
joindre le dernier point de division à l'autre
FKANÇAISE.
extrémité de la droite ; menant alors, par
les points traversés, autant de parallèles à
la base du triangle , la droite donnée est
partagée en parties égales.
ZiIGNE COURBE.
XiGNE BRISÉE.
XiGNES PARALLÈLES.
Xiigne perpendiculaire. Pour
élever , par un point donné , une
perpendiculaire sur une droite,
prenez sur cet te droite deux points
également distants du premier. De ces
points comme centres et avec un rayon
plus grand que leur distance du point
donné, décrivez deux arcs de cercle. En
joignant ce point avec l'intersection des
arcs, vous aurez la perpendiculaire de-
mandée.
Iiîgne verticale.
Iiigne horizontale.
Xigne oblique.
A j Xiigne circulaire.
_) Iiigne elliptique.
Signe d'égalité.
Angle. Ouverture de deux li-
. gnes qui se rencontrent en un
point, degré d'inclinaison qu'elles
- ont l'une à l'égard de l'autre.
( AcAD. ) Toute ligne droite qui en rencontre
une autre fait avec celle-ci deux angles ad-
jacents , dont la somme est égale à deux an-
gles droits. Le sommet d'un angle, La
pointe d'un angle, le point d'intersection
des deux lignes qui le forment. Les côtés
d'un angle. Les deux lignes qui forment
cet angle. La grandeur d'un angle ne dé-
pend que de l'écartement de ses côtés. Angle
de quarante-cinq degrés, de cent degrés.
On désigne un angle par trois lettres.
B A C , en ayant soin de placer au milieu
celle du sommet , ou bien par celle du
sommet seulement , lorsqu'il n'appartient
pas à plusieurs angles à la fois. ( En latin
angulus , du grec ankiilos, crochu.)
Angles droits , l'ormés par une
ligne qui tombe verticalement
sur une autre ligne horizontale.
-angles adjacents, immédiatement
SIGNES DIVERS. GÉOMÉTRIE. 495
chacun. Deux triangles sont égaux lorsqu'ils
ont les trois côtés égaux chacun à chacun.
Deux triangles semblables sont entre eux
comme les quarrés de leurs arcs numériques.
h:
contigus l'un à l'autre, de manière à avoir
un côté commun.
Angle obtus , Celui dont l'ou-
Zverture est plus grande que celle
de l'angle droit. (Du lat. obtusus,
émoussé. )
\ Angle aigu, Celui dont l'ou-
\ verture est plus petite que celle
"■ de l'angle droit. (Du lat. acutus.)
Angles égaux. Deux angles
qui ont les côtés parallèles chacun
à chacun, et dirigés dans le même
sens , sont égaux.
Triangi,:: , Figure qui a trois
côtés et trois angles, Espace com-
pris entre trois lignes droites se
coupant mutuellement.
Triangle rectangle , Celui qui
a un angle droit. On nomme hy-
poténuse , dans un triangle rec-
tangle , le côté qui est opposé à
l'angle droit et qui est le plus grand.
Triangle amblygone , Celui
qui a un angle obtus. ( Du grec
amblus, obtus, émoussé, et gonia,
angle. ) On l'appelé plus ordinai-
rement ol^tusartgle.
Triangle oxygone , Celui qui a
trois angles aigus, (Du grec oxiis,
aigu , et gonia, angle.) On l'ap-
pelé plus ordinaire mentac«<an.!^/e
Triangle équilatéral , Celui
A qui a ses trois côtés égaux entre
eux. (Du latin œquus, œqui, égal,
et lalus, lateris , côté.)
Triangle isocèle, Celui qui a
A deux côtés égaux entre eux. ( En
grec isoskelês, de isos , égal, et
skélos , jambe.) Mieux isoscéle.
Triangle scalène , Celui dont
les trois côtés sont inégaux. ( Du
grec skalénos , oblique, inf:gal. )
Triangles égaux ou sembla-
bles. Deux triangles sont égaux
^lorsqu'ils ont un côté é^^at adjacent
(i deux angles égaux chacun à
Triangle curviligne, Celui qui
est formé par des lignes courbes.
Le Triangle rectiligne est celui qui est
formé par des lignes droites. Tr/rtn^/e-ç/^Aé-
rique. Celui dont les côtés sont des arcs de
grands cercles de la sphère.
Tout triangle étant la moitié d'an paral-
lélogramme de même base et de même hau-
teur, l'aire d'un triangle est égale au pro-
duit de sa base par la moitié de sa hauteur.
On détermine la hauteur d'un triangle en
abaissant une perpendiculaire du sommet à
la base. Voyez Parai.lkiogramme.
Les anciens comparaient Dieu au trian-
gle équilatéral , les génies au triangle isos-
céle, et l'homme au triangle scalène.
□ QUARRÉ, Surface plane, figure
qui a quatre côtés et quatre an-
gles égaux. C'estle9//«rré/)ac/flt7,
dans lequel les côtés sont égaux
entre eux. Le quarrc a pour mesure le
produit de sa base par sa hauteur. Pour ins-
crire un quarré dans un cercle , il faut tirer
deux diamètres à angles droits et joindre les
arcs interceptés par deux cordes.
Quarré long, Quadrilatère dont
les côtés opposés sont égaux ainsi
que les angles opposés. On l'ap-
pelé aussi rectangle.
Parallélogramme, Quarré long
£
"~7qui a deux angles obtus et deux
/ angle
gles aigus. L'aire du parallélo-
gramme a pour mesure le produit
de sa base par sa hauteur. On détermine la
hauteur du parallélogramme en élevant une
perpendiculaire sur sa base. ( Du grec pa-
rallélos , parallèle, et gramma, ligne.)
Iiosange ou Rhombe , Paral-
lélogramme dont les quatre côtés
sont égaux, sans que les angles
soient droits. Dans le quarré, ou-
tre l'égalité des côtés, les angles sont
droits. Chaque diagonale du losange et du
quarré partage la figure en deux triangles iso •
cèles dont ers mêmes diagonales sont les
bases. Les diagon a les du losange , com me ce lies
du quarré, secoupent àangles droits. {lihombe
vient dn grec Hhombos, qui signilie lo-
sange. )
GKAMMAIUE FllA^ÇAlSE.
Z^
Trapèze, Quadrilatère plan ,
dont deux côtes seulement sont
parallèles. L'aire du trapèze a
pour mesure la sontme des bases
parla moitié de ta hauteur. Trapèze régulier.
Trapèze irrégulier , Quadrila-
tère dont aucun côté n'est paral-
lèle à son opposé. ( En latin tra-
^ pezum, du grec tetra, quatre, et
peza , pied.
Pentagone , Figure qui a cinq
angles et cinq côtés, lin penta-
gone régulier. Un pentagone irré-
gulier. Adjectivement , Figure
pentagone. (Du grec pente, cinq, et gonia,
angle. )
Hexagone , Figure qui a six
angles et six côtés. ( Du grec hex,
six , et gonia , angle. ) Un hepta-
gone. Un octogone. Un décagone.
Vn undécagone. Un dodécagone. Pour ins-
crire un hexagone régulier dans un cercle ,
il suffit de porter le rayon six fois sur la cir-
conférence , et de Joindre doux à deux les
points de division.
Cercle, Surface planetermi-
née par une ligne courbe que l'on
nomme circonférence, et dont tous
les points sont également distants
d'un autre point qu'on appelé centre.
La circonférence d'un cercle peut être con-
sidérée comme le périmètre d'un polygone ré-
gulier de côtés infiniment petits.
..-'TX
Diamètre d'un cercle. Le dia-
mètre divise la circonférence en
deux parties égales.
Demi-diamètre, rayon ou si-
nus total. 70/(5 les rayons sont
égaux.
Demi-cercle. Quart de cercle.
I 7 Arc de cercle. Corde ou sous-tcn-
I ^ dante de l'arc. Segineyit de cercle.
Deux cordes égales dans un même
cercle sont également éloignées du
centre; et de deux cordes inégales
la plus petite est la plus éloignée du
centre. Sécante d'un cercle. Tan-
gente au cercle. Deux parallèles tan-
gentes. Deux parallèles dont l'une
-y est sécante, l'autre'jangente.
Cercles concentriques, qui ont
un luèuic centre.
Cercles excentriques, Qui ont
des centres différents.
Cercles extérieurs l'un à l'au-
/<~N r~\ *J"e. Deux cercles sont extérieurs
v^ \_J l'un à l'autre quand la distance
des centres est plus grande que
la somme des rayons.
Cercles se touchant extérieu-
œ rement. Deux cercles se louchent
extérieurement quand [la dislance
des centres est égale à la somme
des rayons.
Cercles se touchant intérieurement. Deux
cercles se touchent intérieurement quand
la distance des centres est égale à la diffé-
rence des rayons.
Cercles qni se coupent. Deux cercles se
coupent quand la distance des centres est
plus courte que la somme des rayons.
Cercles intérieurs l'un à l'autre. Deux
cercles sont intérieurs l'un à l'autre quand
la distance des centres est plus petite que
la différence des rayons.
La circonféience d'un cercle se divise
en 360 parties égales qu'on nomme degrés.
Chaque degré comprend 60 minutes , cha-
que minute 60 secondes , chaque seconde
60 tierces , etc. On divise aussi le quart du
cercle en lOO degrés ; chaque degré en 100
minutes, chaque minute en 100 secondes,
et ainsi de suite. C'est la division moderne
adoptée par les astronomes français.
" Degré.
' Minute.
" Seconde.
Les arcs de cercle servent à la mesure des
angles. Tout angle peut être mesuré par un
certain arc.
Angle au centre. Tout angle
qui a pour sommet le centre d'un
cercle se notnme Ahgle au centre.
Tout angle au centre a pour me-
sure l'arc total compris entre ses côtés. Si
chacun des arcs partiels est un degré, de
même évidemment chacun des angles par-
tiels correspondants sera la 90' partie d'un
angle droit.
Angle inscrit. Tout angle dont
le sommet est placé sur la circon-
férence d'un cercle se nomme angle
inscrit. Tout angle insciit a pour
SIGNES DIVERS. GEOMETRIE.
495
mesure la moitié de l'arc compris entre ses
côtés.
Tout angle dont le sommet est
dans l'intérieur du cercle, c'est
à dire , en^re le centre et la cir-
conférence , a pour mesure la
moitié des arcs compris entre ces deux
côtés et les côtés de l'angle opposé au
sommet.
Tout angle dont le sommet est
au dehors du cercle a pour me-
sure la demi-diiférence des arcs
compris entre ses côtés.
Tout angle formé par une tan-
gente et une corde a pour mesure
la moitié de l'arc compris entre
ses côtés.
Le cercle pouvant être regardé comme
un polygone régulier d'une infinité de
côtés, son aire est égale àsonpéiimètreou à
sa circonférence multipliée par la moitié
du rayon. [Cercle vient du mot latin cir-
eu lus , dérivé du mot grec kirkos.)
Ovale ou Ellipse , vulgaire-
Oment, Figure ronde et oblongue ;
en géométrie, courbe que l'on
forme en coupant obliquement
un cône droit par un plan qui le
traverse.
lie grand axe d'une ellipse,
La ligne menée d'une extrémité
à l'autre d'une ellipse dans le sens
de sa largeur. Le petit axe d'une
ellipse, La perpendiculaire menée sur le
grand axe. Le centre d'une ellipse. Le point
où ces deux lignes se coupent. On nomme
foyers certains points pris dans l'aire de
certaines courbes (ellipses, paraboles, etc.),
où la concentration des rayons lumineux
peut s'opérer d'une manière absolument
rigoureuse. L'ellipse a deux foyers. L'orbite
de la terre est une ellipse dont le soleil oc-
cupe un foyer. On distingue encore dans
l'ellipse l'excentricité et les rayons vecteurs.
On entend par excentricité la distance du
centre d'une ellipse à son foyer, et par
rayon vecteur le rayon tiré d'une planète
qui se meut autour d'un centre ou du foyer
d'une ellipse à ce centre ou h ce foyer,
L'elUpsea plusieurs propriétés remarquables.
Si l'on place im flambeau à l'un des foyers
d'un miroir dont le profil est une ellipse ,
les rayons réfléchis par cette surface vont
se réunir à l'autre foyer. Deux personnes
placées aux foyers d'une voûte elliptique
s'entendent en parlant tout bas. Les pri-
sons de Venise étaient construites d'après
ce principe. ( Du grec elleipsis , défaut ,
manque , parce que dans cette courbe le
quarré de l'ordonnée est moindre que le
rectangle du paramètre par l'abscisse.
Voyez ces mots. )
Parabole, Ligne courbe qui
résulte de la section d'un cône
quand il est coupé par un plan pa-
rallèle à un de ses côtés. La para-
bole est la ligne courbe que décrivent les projec-
tiles lancés par les bouches à feu. La parabole
est une ellipse à un seul foyer et à unseul axe.
Les propriétés de la parabole sont fondées sur
le principe que tous ses points sont également
distants du foyer et d'une ligne appelée di-
rectrice , dont la direction est perpendicu-
laire â celle du diamètre de la courbe, et
qui est aussi éloignée de son sommet que ce-
lui-ci l'est du foyer. Miroir parabolique ,
Courbé en parabole. Ligne parabolique,
( Du grec paraballô , j'égale , parce que ,
dans cette courbe , le quarré de l'or-
donnée est égal au rectangle du paramè-
tre, au lieu qu'il est plus petit dans l'el-
lipse et plus grand dans l'hyperbole. )
Hyperbole , Courbe qui ré-
sulte de la section d'un cône
quand il est coupé par un plan
qui, prolongé , rencontre le cône
opposé. Les propriétés de l'hyper-
bole. Les asymptotes de l'hyper-
bole. Surface hyperbolique. Figure
hyperbolique. Verre hyperbolique.
Miroir hyperbolique, ( Du grec huper, au
delà , et ballô , je jète.)
Iiigne spirale , Courbe qui fait
une ou plusieurs révolutions au-
tour d'un point où elle com-
mence, et dont elle s'écarte tou-
jours de plus en plus. Il y a une infinité de
sortes de spirales, parmi les quelles celle
d' Archiméde est la plus célèbre. En spirale ,
En forme de spirale, La chaîne d'une mon-
tre se roule en spirale autour de la fusée,
( Du grec speira , tour. )
SOIiIDUS.
Cube ou Hexaèdre , Corps so-
lide régulier qui a six faces quar-
rées égales. Les dés dont on se sert
au Jeu de trictrac ont la forme de
( Du grec hubos , dé. )
i'JO
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
A Tétraèdre, Corps réf^iilier
É\ dont la surface est fbrince de
U y qiiatr»; triangles égaux et éqiiila-
V^ téraux. ( Du grec ietra, quatre ,
et Itcdra, siège , base.)
i\. Octaèdre, Corps régulier dont
m \ la surface est formée de huit
my triangles équilatéraux. (Du grec
y/ oklô, luiit , (illiédra, siège.)
Dodécaèdre , Corps régulier
dont la surface est composée de
douze pentagones réguliers. (Du
gr.dodelia, doute,el liédra, siège.)
Icosaèdre, Corps régulier dont
les faces font vingt triangles équi-
latéraux. (Du grec cikosi, vingt,
et hédra , siège , base. )
1 Prisme, polyèdre dont toutes
les faces latérales sont des paral-
lélogrammes adjacents , et les
bases des polygones égaux paral-
C~\ lèles. La bailleur du prisme se me-
l\\ sure par ta distance des bases.
\\ Prisme droit. Prisme incliné. Pris-
\^ me triangulaire. Prisme quadran-
giilaire. Prisme pentagone [\). La solidité d' un
prisme quelconque est égale au produit de sa
base par sa hauteur. Va prisme quelconque
peut être décomposé en autant de prismes
triangulaires que te périmètre de sa base a de
côtés, moins deux; ce qui simplifie infiniment
(a mes ure de leur volume . — Instrument d'op-
tique qui sert à décomposer la lumière et
qui est un prisme de verre blanc ou de
cristal. Avec un prisme de verre on voit
toutes les couleurs qui passent dans l'arc-
en-clel. Absolument, Les effets d'un prisme.
Faire passer un faisceau de lumière à tra-
vers un prisme. La matière dont on forme
ces prismes est le flint-glass , espèce de
verre. Figurément , Voir dans un prisme,
regarder à travers un prisme , Voir les cho-
ses, les considérer suivant ses préjugés,
ses passions, qui les colorent à leur gré.
( En grec , prisma , de prizein , scier ,
couper.)
Parallélipipède , Prisme ter-
miné par six parallélogrammes
dont les opposés sont parallèles
entre eux. Le parallélipipède est
un prisme à sijc faces (hexaèdre) , qui peut
ïtre considéré comme engendré par le mou-
vement de rotation d'un parallélogramme
autour d'une ligne droite à la quelle il ne
cesse jamais d'être perpendiculaire. Quand
toutes les faces du parallélipipède sont des
quarrés, il prend le nom de cube. Le volume
ou solidité d'un parallélipipède s'obtient en
multipliant la surface de la base par ta hau-
teur, m la base d'un parallélipipède rectangle
a 26 mètres carrés et sa hauteur l\ mètres, la
solidité du parallélipipède sera donnée par le
produit 2Q X à = lOli. La moitié d'un pa-
rallélipipède est un prisme triangulaire. (Du
grec parallclos, parallèle, épi, sur, et
pédion , plaine , surface plane. )
Pyramide, Solide composé de
triangles , ayant un même plan
pour base , et dont les sommets
se réunissent au même point. La
base, le sommet, tes côtés d'une
pyramide. Les pyramides d'Egypte.
Dresser, élever une pyramide. L'o-
bélisqueest une pyramide très-allon-
gée. Pyramide triangulaire ,quadrangulaire.
Pyramide tronquée. Dont l'extrémité ou
la partie supérieure manque. Tou: prisme
triangulaire peut être décomposé en trois py-
ramides triangulaires de même base et de
même hauteur, et par conséquent équiva-
lentes. Une pyramide triangulaire est donc
le tiers d'un prisme triangulaire de même
base el de même hauteur. La solidité de tout
corps polyèdre peut s'évaluer par sa décom-
position en pyramides. On décompose un po-
lyèdre en pyramides en faisant passer des
plans de division par te sommet d'un même
angle solide. (En grec pyramis , de pyr ,
feu , parce que les pyramides se terminent
en pointe comme la (lamme. )
Cylindre, Prisme rond, corps
de figure longue et ronde, et d'é-
gale grosseur par tout ; solide
terminé par trois surfaces , dont
deux sont planes et parallèles entre elles,
et dont la troisième est convexe et circu-
laire. 11 est engendré par un rectangle tour-
nant autour d'une ligne droite qu'on ap-
pelé axe, et décrivant deux cercles paral-
lèles. Ces cercles senties basesdu cylindre.
La hauteur du cylindre, comme celle du pris-
me, est la perpendiculaire abaissée d'un des
points d'une base sur le point correspondant
de l'autre base. Cylindre droit , Celui dansje
quel la droite génératrice qui joint les cen-
tres des deux cercles estperpendiculaireau
plan de cescercles. Cylindre incliné ou obli-
que. Cylindres semblables , Ceux dans les
(l) Les gc'omèties disent à tort pentagnnal.
SIGNES DIVERS. GÉOMÉTRIE.
A9',
quels les axes sonl égaux ainsi que les dia-
mètres des bases. Cylindre tronqué, dont les
bases ne sont pas parallèles. Toute section
du cylindre perpendiculaire à l'axe est un cer-
cle égal à ceux des bases. Toute sectiondu cy-
lindre oblique à l'axe est une ellipse. Toute
sect ion du cylindre dans le sens de l'axe est un
rectangle double du rectangle primitif. La
solidité du cylindre est égale au produit de la
base par sa hauteur. La surface convexe du
cylindre est égale à la circonférence de sa
base multipliée par sa hauteur. Cylindre de
verre , de marbre, de bois. Miroir en cylin-
dre ou cylindrique. Cadran sur un cylindre.
Les cylindres d'un laminoir. Dans le langage
ordinaire, on le nomme rouleau.
Cylindre^ si£;iiitic particulièrement, Un gi'os rouleau
de pierre, de bois, ou de fonte, dont on se sert pour
écraser les mottes d'une terre laboui'ée , pour aplanir les
allées des l'ardins ou les aires des granges. ïl faut faire
passer te cylindre sur ces aHées. ( Acad. ]■ — Vaisseau de
enivre ou de tôle, en forme de grand marabout, qu'on
remplit de braise et qu'on tieut plongé dans l'eau d'un
bain pour le cbaulTer.
Cylindre, en Ulstoire naturelle, est le nom de certains
coquillages appelés aussi rouleaux^ et plus ordinairement
volutes.— (En latin cylindrus, en grec kylin-
dros , dérivé de kyliû, ou kylindô, je roule.)
A Cône (d) , Solide engendré
J|\ par la révolution d'une ligne
Ê \ droite assujétie à passer toujours
^ — par un même point fixe , appelé
sommet , et obligée en outre de toucher
toujours dans son mouvement une certaine
courbe donnée, que l'on nomme directrice,
et qui est le périmètre de la base. Quand
cette courbe est une circonférence de cer-
cle, on dit que le cône est ctrCM/aire. C'est
sa forme la plus commune dans les usages
pratiques. Cône droit. Cône circulaire dont
l'axe est perpendiculaire à la base. Cône
oblique. Celui dont l'axe est oblique, sur
la base. On définit encore le cône droit, le
corps engendré par la révolution d'un trian-
gle rectangle tournant autour de l'un des
côtés de l'angle droit. Les pains de sucre ont
la forme d'un cône droit. Le sommet, la base
d'un cône. La surface convexe d'un cône Le
côté d'un cône , L'hypoténuse du triangle
générateur. Toute droite menée du som-
met à la circonférence de la base. Toute
section du cône par an plan pcri^endiculaire
à t'axe est un cercle; toute section oblique
par rapport à l'axe est une ellipse ; toute
section parallèle au côté est une parabole ;
toute section parallèle à l'axe est une hyper-
bole. Toute section dans le sens de l'axe est
un triangle isoscéle double du triangle primi-
tif. Le volume du cône, comme celui de la
pyramide , est égal au produit de sa base par
le tiers de sa hauteur. La surface convexe
latérale d'un cône droit s'obtient en 7nulti-
p liant le produit de la circonférence de sa
base par la moitié de son côté. Cône tron-
qué ou tronc de cône , Celui dont la partie
supérieure a été coupée par un plan.
La surface convexe d'un cône
tronque est égale au produit de son
côté multiplié par la demi-somme
des circonférences desesdeux bases.
En Optique , Cane de lumière, Faisceau de rayons lu-
niineus qui partent d'un poiutquelconque en divergeant,
el tombent sur une surface.
En Astronomie, Cône d'ombre, li'omhrc en (orme de
cône que projeté une planète du côté où elle n'est pas
éclairée par le soleil. Il y a éclipse de soleil quand la tirre
passe dans le cône d'ombre formé par 4a lune. [AcAD. }
Cône, Moule de fer fondu, de forme conique, dans
le quel on verse les métaux en fusion, pour séparer la
partie métallique des scories.
Cône, en Botanique, se dit du £i-uit des pins, des sa-
pins, etc., le quel consiste en un assemblage ovoide
d'écaillés ligneuses , imbriquées, c'est à dire, appliquées
les uues sur les autres, et fixées par leur base autour d'un
axe commun. Il a pour synonjme strobite. On appelé co-
nifères les arbres dont le fruit est un eône. — En Coucliy-
liologie, Genre de coquilles unlvalves, qui renferme un
Irès-grand nombre d'espèces, remarquables par leur
élégance et par l'éclatde leurs couleurs.
[Cône, en latin conum ou conus, du grec
kônos, qui a la même signification. )
Sphère, Globe, corps solide
Wt \ dans le quel toutes les lignes ti-
* / rées du cercle à la surface sont
égales. Elle est supposée produite
par la révolution d'un demi-cercle autour
de son diamètre immobile. Une boule est
une sphère. Les propriétés de la sphère. Le
centre, le diamètre , la circonférence d'une
sphère. Le rayon de la sphère est une droite
menée du centre à la surface ; son diamètre
une droite joignant deux points de lasurface
et passant par le centre. Toute section de la
sphère, dans quelque sens qu'elle soit faite,
est nécessaireinent un cercle. On appelé
grands cercles, ceux qui passent par le
centre , et petits cercles , ceux qui n'y pas-
sent pas- La solidité d'une sphère est égale
au tiers du produit de sa surface par son
rayon. En effet, la sphère pouvant être con-
sidérée comme un polyèdre régulier d'un
nombre infini de faces infiniment petites,
cl chacune de ces faces comme la base d'une
pyramide dont le sommet est au centre de la
(l) L'accent circonfle^tc est-il bien ne'ccssaiic sut ce mol ? Pas plus que sur conique, conijcre.
T. II. G.^
498
GRAMMAIRE FRANÇAISE.
sphère, la sphùvc n'est donc cvldemmcnt que
'.Il réunion d'une infinité de pyramides dont
(es bases composent sa circonférence , et
dont la hauteur est égale à son rayon.
Comme la pyramide , la sphère a donc pour
mesure le tiers du produit de sa base par son
rayon. La surface de la sphère est éf;atc à
son diamètre multiplié par la circonférence
d'un ^rand cercle. La surface de ta sphère
est quadruple de celle d'un ^rand cercle, qui
se mesure en multipliant sa circonférence par
la moitié du rayon ou le quart du diamètre.
Lorsque la sphère est coupée par deux plans
parallèles et perpendiculaires à un même
diamètre, la partie interceptée sur sa surface
prend le nom de zone. Les plans parallèles
sont les bases de la zone, et la partie du
diamètre qu'ils comprennent sa hauteur.
11 peut arriver que l'un des plans soit tan-
gent à la sphère ; alors la zone n'a qu'une
seule base , et reçoit le nom de calotte
sphérique. La surface d'une zone sphéri-
que est égale à sa hauteur, multipliée par
la circonférence d'un grand cercle. Les
surfaces des sphères sont entre elles comme
les quarrés de leurs rayons, et celles des zones
d'une même sphère ou de sphères égales sont
entre elles comme leur hauteur. Une zone
quelconque est à la surface delà sphère comme
sa hauteur est au diamètre.
Sphère, en astronomie, L'assemblage
des cercles célestes ou leur imitation. Cette
dernière se nomme sphère armillairc ou
artificielle. C'est une espèce de machine
ronde et mobile autour d'un axe fixe, com-
posée de divers cercles qui représentent le
cours des astres dans le ciel. La sphère cé-
leste est représentée par la sphère artificielle,
acheter une sphèreet un g lobe. La construc-
tion des sphères artificielles était connue des
anciens. Les Égyptiens et les Arabes ont eu
des sphères, qui, malgré leurs défauts, sont
très-recherchées des savants. Les différentes
positions de la sphère céleste. Sphère droite.
Celle où l'équateur et ses parallèles cou-
pent l'horizon à angles droits. Sphère obli-
que. Celle qui n'est ni parallèle ni perpendi-
culaire à l'horizon. Sphère parallèle , Celle
où l'horizon est parallèle à l'équateur.
Sphère, signifie également, La connais-
sance des principes d'astronomie qu'on
apprend par le moyen d'une sphère. //
étudie la sphère. Traité dcsphère. — L'espace
dans le quel les astronomes conçoivent
qu'une planète accomplit son cours. La
sphère de Jupiter. Saturne parcourt sa sphère
en trente années. En physique . Sphère
d'activité , L'espace dans le quel la vertu ,
l'influence d'un agent naturel |)eut s'éten-
dre , et hors du quel elle n'a point d'action
appréciable. Fig. , Sphère d'activité , L'é-
tendue d'affaires , de travaux , d'intérêts ,
dans la quelle un homme communique
son mouvement à ceux qui l'entourent.
Sa sphère d'activité s'étend à toutes sortes
d'objets. ( AcAD. ) Malheur à ceux qui se
trouvent placés dans sa sphère d'activité (1),
ils n'ont aucun repos. ( Id. )
Sphère, figurément, Etendue de pou-
voir, d'autorité, de connaissances , déta-
lent , de génie. Cela est hors de sa sphère.
Sortir de sa sphère. Sortir de sa sphère , se
dit aussi pour, Sortir des bornes de son
état , de sa condition.
Fig., Etendre , agrandir, élargir la sphère
des connaissances humaines. Ajouter aux
connaissances que les hommes possèdent.
( Sphère vient du grec sphaira , corps
rond.)
SOIiIDES IRRÉGUIiIERS.
Sphéroïde , Solide dont la
figure approche de celle de la
sphère. Sphéroïde allongé. Sphé-
roïde aplati. ( Du grec sphaira ,
sphère, et cirfos , forme. ) Un el-
lipsoïde. Un trapézoïde. Un rhom-
boïde. Un cylindroïde. Un eonoïde , etc.
I>E I.' ARPENTAGE.
Nous ne finirons pas sans dire encore
un mot de l'arpentage.
L'arpentage , avons-nous dit , est la
science de mesurer les terres. II se divise
en trois parties : L'arpentage proprement
dit, la levée des plans, et le toisé. La levée
des plans a pour objet de représenter en
petit , sur le papier , la figure et les pro-
portions d'un terrain.
Par toisé on entend la science ou l'art
de mesurer , soit les surfaces , soit les so-
lides, et d'exprimer leur étendue ou leur
volume en parties de certaines unités con-
venues , par exemple , en toises ou en mè-
tres quarrés, s'il s'agit de surfaces; cubes,
s'il s'agit de volumes. Mais il ne s'agit ici
que des surfaces de terrain. Pour faire
(t) Remarque?, qu'il n'y a point là d'exclamation, que c'est luuement une phrase elliptique équi-
valante à celle-ci : Ceux r/ui «t Iroui'cnt places dans sa sphère d'actn-ité sont malheureux, etc.
SlGiNES DIVEUS. GKOMETRIE.
590
i'aipcntagc d'un espace quelconque, on
commence par le civconscrirede tous côtés ;
puis on le coupe en tout sens par des
triangle, des quarré^ , ou des trapèzes. Le
produit de toutes ces flgures calculées
donne la superficie générale.
A cet effet l'arpenteur doit se munir de
grands et de petits piquets , d'une chaîne
de fer particulière, dite chaîne d'arpen-
tenr , et de deux autres instruments appe-
lés éguerre et planchette.
Petits piquets, Perclies, Ijàtons de deux
ou trois pieds de haut, qu'on plante en
terre d'espace en espace , pour prendre
un alignement.
Grands piquets ou jalons , Perches ou
grands bâtons de cin^à six pieds de haut,
qu'on emploie au inême usage, et dont on
fend un peu le bout supérieur, pour y faire
tenir une carte à jouer ou im petit morceau
de papier blanc, qui puisse se voir de loin.
Chaîne d'arpenteur , Chaîne formée de
tiges en gros fil de fer, dont les bouts sont
recourbés en boucles pour recevoir un an-
neau. Ces tiges, ou chaînons, sont toutes de
même longueur, et se joignent bout à
bout par l'anneau qui passe ainsi dans deux
boucles. Cette chaîne , d'une longueur
connue, et dont les dimensions varient au
gré des ingénieurs , sert à mesurer le ter-
rain , dans les opérations de l'arpentage.
Équerre d'arpenteur , Cercle épais de
cuivre , divisé en quatre parties égales par
deux droites qui se coupent au centre à
angles droits, et dont les extrémités sont
garnies de pinnules ou petites plaques de
cuivre percées d'un trou pour laisser passer
les rayons visuels. L'équerre d'arpenteur
a souvent changé de forme. C'est aujour-
d'hui une espèce de prisme octogone, qui,
au lieu de pinnules, a quatre fentes per-
pendiculaires qui servent au même usage
et qu'on nomme aussi , par extension ,
pinnules. On lui donne le nom d'équerre
octogone. On visse ces équerres à l'extré-
mité arrondie d'un bâton , dont l'autre
bout , garni d'un fer pointu , s'enfonce
dans la terre. Après avoir tracé une droite
sur le terrain et avoir planté le bâton
d'arpenteur au point où l'on veut élever
la perpendiculaire , on visse l'équerre et
on la tourne de manière que l'ceil , placé
successivement sur deux pinnules oppo-
sées, aperçoive les jalons plantés sur la
ligne déjà tracée. Ensuite on regarde par
les autres pinnules, cl cin place sur le rayon
visuel un jalon. On uhliLiU la perpendi-
culaire cherchée en tirant une ligne de
ce jalon au pied de l'équerre.
Planchette d'arpenteur , Instrument
qui consiste en une planche unie et carrée
sur laquelle on pose une règle que l'on di-
rige successivement vers les objets que
l'on veut relever.
A l'aide du compas , de la règle , et du
rapporteur (demi-cercle gradué J , on rap-
porte sur le papier les lignes et les angles
mesurés sur le terrain. Puis on coupe la
surface ainsi délimitée par des quarrès, des
triangles, ou des trapèzes, que l'on me-
sure chacun à part.
L'aire d'un quarré est égale au produit
d'un de ses côtés multiplié par un autre côté.
L'aire d'un triangle est égale au produit
d'un de ses côtés multiplié par la moitié
d'un autre.
Si un triangle n'a que des angles obtus et
aigus, on multiplie le plus grand côté par la
moitié d'une ligne perpendiculaire qui d'un
bout touche ce côté et se joint de l'autre au
sommet de l'angle supézieur. Exemple
Suit une échelle de six mètres.
6 m.
Soit le contour arpente qui suit
J'ai tracé sur sa surface, pour on con-
naître le contenu ,
Le trapèze a , Le quarré d ,
Le triangle b , Le triangle e ,
Le quarré longe. Le triangle f.
J'additionne le grand et le petit côlé
du trapèze a; 2 et 1 font 3. Je prends la
moitié de 3 qui est d ■- , et la multipliant
par 2, valeur de la base, j'ai la mesure
de la superficie enfermée dans mon tra-
pèze , c'est a dire 3 ni. q.
Passant au triangle/', je mul-
tiplie le grand côté, 5m.| par
ORAMMAlllE
3 u). q.
3, 296
250
Report. • .
la moitié de la perpendiculai-
re, 1 m. \, c'est à dire, par
3 r)u |, etjai pour produit,.
Je vais au quarré long c ,
dont l'un des grands côtes
nndliplié par l'un des petits
me donne 10,
Le carré régulier d m'en
donne 4 , ci h,
Je passe au triangle e, sur
le quel je n'élève point de
perpendiculaire , parce qu'il
a un angle droit. Je multi-
plie un des côtés par la moi-
tié de l'autre, c'est à dire,
5 \ par 1 , et j'ai 5,
Il est évident qu'un triangle rectan-
gle égale la moitié d'un quadrilatère de
même base et de même hauteur.
Le triangle /"a besoin d'une
perpendiculaire à sa base ,
parce que, semblable au trian-
gle b, il n'a aucun angle droit.
Je multiplie le grand côté
5 m. I pas la moitié de cette
perpendiculaire, c'est à dire,
par |, et je trouve S,
Superficie totale 29^ 277
Lorsqu'il s'agit d'arpenter un terrain où
l'on ne saurait entrer, comme un marais ,
par exemple , il faut commencer par en
changer , au moyeu de lignes prolongées ,
la circonscription naturelle, quelle qu'elle
soit , en un quarré (1) exact. Exemple.
12Î
606
C 4.2 ,
FRANÇAISE.
Parlant du point a où vous aurez planté
un jalon , allez par quatre lignes droites,
prolongées autant qui; besoin sera, planter
d'autres jalons aux points b, c, d, e, f, g,
h. La figure irrégulière du marais se trouve
convertie , par ce moyen , en un quarré
régulier. Si de la somme du quarré ,
ci 14/i m. q. 00
vous retranchez la somme
des triangles et du trapèze,
ci 73 25
le reste , ci 71 m. q. 75
exprime la superficie du marais.
Que de fois, se répandant dans la
campagne comme des oiseaux échap-
pés , de jeunes écoliers se soûl arrêtés
à considérer les opérations d'un ar-
penteur sans y rien comprendre ! Dé-
sormais de telles rencontres pourront
devenir pour eux desleçons pratiques;
à moins que les maîtres ne soient in-
téressés à maintenir leurs élèves dans
l'ignorance , soit par amour pour Gi-
rault Duvivier , soit pour toute autre
cause , que je ne cherche pas à péné-
trer. La routine et l'entêtement sont
la qualité des ânes , dit Oxenstiern.
De plus , ils préfèrent les chardons
aux mets les plus succulents. Ils sont
à l'aise dans le champ de Girault Du-
vivier. Que Dieu les maiulieuue en
joie. Ainsi soit-il.
OU NIVÈLEMENT.
SÏIVBI.ER, c'est mesurer avec le niveau,
pour connaître si un plan , un terrain est
uni et horizontal ; pour déterminer de
combien un point de la surface de la terre
est plus haut ou plus bas qu'un autre. Ni-
veler une avenue , une allée. Niveler uno
rivière, pour savoir combien elle a de pente.
Niveler les eaux.
Cette science est nécessaire pour l'éléva-
tion des bâtimentsjl'assiette des jardins afin
que l'eau n'y séjourne pas, pour la conduite
des eaux, etc. Il faut à peu près 5/i millimè-
tres de pente pour faire couler les petites
(1) Si l'on n'i'crit pas quarré par qu ., couroinicuicut à l'ctymologic , cominciil distingueia-t-ou
le mètre quarré Ju mitre cube dans les abréviations. K'est-il pas ne'rcssalie que ces abicviations
soit m. q., m. c. ? cl ne serail-il pas alisiivde d'écrire aUrévialivcinent m. q., tandis qu'on e'crirail
en toutes U'ItrC) mètre carré?
SIGNES DIVERS. GEOMETRIE.
taux. 27 millimètres suffisent pour les eaux
considérables. En général, il faut beaucoup
plus de pente pour faire venir l'eau par des
tuyaux qu'à canal découvert , parce que
le frottement des tuyaux la retarde. On
appelé ligne de niveau ou vrai niveau une
ligne dont tous les points sont également
distants d'une autre ligne parallèle qu'on
suppose passer par le centre de la terre.
Un plan est de niveau lorsqu'il est con-
duit par cette ligne. Prendre te niieàu d'un
terrain.
On appelé également niveau l'instrument
dont on se sert pour niveler. 11 y a plu-
sieurs espèces de niveaux.
STiveau d'équerre , Bout de planche
coupé en triangle équilatéral. Du milieu
de celui des trois côtés qu'on a choisi pour
base, on élève une ligne perpendiculaire
à la pointe opposée du triangle. On arrête
dans un trou fait à cette pointe un fil, au
bout du quel on met un plomb qui a son
jeu vis-à-vis d'une entaille faite dans la
base à l'extrémité même de la ligne , et
le niveau est construit. On l'appelé aussi
501
niveau à plomb ou à pendule, ou môme
simplement plomb. Il y a le niveau du
charpentier, celui du maçon, celui du pa-
veur, etc. ; ils sont tous construits d'après
le même principe.
Niveau d'eau, Tuyau cylindrique de
ferblanc dont les extrémités se recourbent
à angles droils et sont surmontés d'un gros
tube de verre de trois pouces de haut.
L'eau qu'on y introduit , en s'élevant dans
ces deux tubes verticaux à la même hau-
teur , donne une surface horizontale.
Niveau à bulle d'air (1) , Tube de
verre hermétiquement fermé des deux
bonis et rempli d'alcool de manière qu'il
n'y reste qu'une bulle d'air. La présence
de cette bulle aux divers points de l'ins-
trument indique de combien il s'éloigne
ou se ra|)proche du niveau. Quand elle se
trouve également distante de chaque bout,
le tube est de niveau.
La science du nivèlement est, comme on
le voit, tout entière fondée sur la pe-
santeur, ou tendance des corps vers le
centre de la terre.
L'étude de la langue embrasse celle de toutes les sciences et de tous les
arts. On ne possède une science qu'autant que l'on connaît la valeur pré-
cise des mots qu'elle emploie. Or cette connaissance, nous l'avons dit, ne
peut s'acquérir que par l'étude des étymologies. La mémoire ne retient
bien que ce qui lui est confié par l'intelligence. Etudiez les mots dans leurs
éléments, dans leurs racines; analysez-les, décomposez-les; remontez le
fleuve jusqu'à la source, selon l'expression de M. Wey; et vous verrez les
mots s'inculquer d'eux-mêmes dans votre méiuoire, s'y classer dans le
meilleur ordre , et obéir à votre pensée avec la promptitude et la précision
d'une armée bien disciplinée.
C'est surtout dans les sciences abstraites que la parfaite intelligence des
mots est nécessaire. Ce qui rend une démonstration de mathématique par-
fois si impénétrable à quelques jeunes esprits , c'est la difficulté qu'ils
éprouvent à retenir la valeur exacte des termes spéciaux dont elle est hé-
rissée, et dont ils redemandent souvent en vain l'explication aux Diction-
naires de l'Académie et de Noël et (]hapsal.
Un exem|)le : a Les inlerseclions de deux plans parallèles à un troisième
» sont parallèles. Car si ces intersections ne sont pas parallèles, elles se rencon-
» treront dans leur prolongement. Mais alors les plans dont elles font partie
o se rencontreraient aussi et ne seraient pas parallèles, t
(i) L'Académie c'crit A^(VenH à /iiillrs d'air. Il n'y a pourtant qu'une I)ulle. II est
vrai (ju'cUc ne tloune aucune définiliou de ce mot.
•)02 GilAMMAlUE l'UANÇ.VlSE.
Voila un élève qui, ne comprenant pas parfaitement , je suppose, le
mot intersection , ouvre le Dictionnaire de l'Acadt-niie à ce mot , et y trouve
cette définition: Point oh deuoc lignes se coupent l'une l'autre. Relisant la
proposition et la démonstration ci-dessus, notre él«';ve, qui n'a pas inventé
la poudre , se demande comment ce qui n'est qu'un point peut être paral-
lèle à un autre point et avoir un prolongement où il rencontre cet autre point.
Le voilà bien embarrassé, et ce n'est pas Boiste qui le tirera d'embarras.
Les détails dans les quels nous sommes entrés avaient donc leur place
marquée dans la Clef de la Langue et des Sciences , titre que nous tenons à
justifier. Je n'ai pas prétendu l'aire un traité d'algèbre ou de géométrie; je
n'ai envisagé ces sciences que par leur côté philologique, et j'ai fait ce qu'on
pourrait appeler à la fois une préparation à l'étude des mathématiques et
un résumé substantiel de ce qu'il n'est plus guère permis à personne d'i-
gnorer sans honte aujourd'hui. L'ignorance n'est plus un privilège pour
personne, si ce n'est peut-être pour J. J. et beaucoup de maîtres de lan-
gue. Ceux-ci, au lieu des insipides dictées qu'ils font subir à leurs élèves,
devraient bien s'attacher enfin à leur inculquer de bonne heure quelques
notions utiles. Il est vrai qu'ils ont souvent affaire à forte partie, et, en di-
sant cela, je m'entends bien. Il est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui
croient savoir la langue française, quand ils peuvent dire ? Pan chour , mo-
chié , comment fous portez- fous? — Je mé porte pien, Dié soit loué, et fous? —
Clié me porte aussi forte pien. — Avez-ious vous pcaucoup amusé sur le pal ?
— Oh! oui, pcaucoup. C'était fort intéressante. Je suis resté jusqu'à deux
heures au matin, et ch'élais pas tu tout fatigué. Il était là peaucoup de monde,
et aussi peaucoup à manger. Sur ce pal je m'ai peaucoup diverti.
Et je ne parle par seulement des étrangers de toutes les nations. Les trois
quarts des Français, nous l'avons dit, ne comprennent pas la langue de
Victor Hugo , cette langue si pure, si claire , si correcte, si saisissante.
Elle n'est inintelligible que pour les ignorants.
La science, désormais moins morose, se mêle avec grâce aux jeux delà
poésie, à qui elle prête souvent de nouveaux charmes. Voici plus bas des
phrases qui, pour devoir leur principale parure à la géométrie, n'en sont
ni moins belles ni moins élégantes. Comment ceux qui seraient tout à fait
étrangers à cette science pourraient-ils les comprendre ?
Maintenant, (1) que ceux de nos lecteurs qui ent la puissance de généraliser une image et une
idée, nous permettent de leur demander s'ils se figurent bien nettement le spectacle qu'offrait, au mo-
ment où nous arrêtons leur attention , le vaste paraHélogramme de la grande salle du Palais (2).
( Vir.IOB HlGO).
Nulnt bougeait du cardinal , de l'ambassade , et de l'estrade , unique rentre de ce vaste cercle de
rayons visuels. fl<t-j
(1) Sans cette virgule, maintenant que figurerait au premier abord une locution con)onclivc
'2) Le texte porte un point d'intcrrogativn. Eu quoi cette plirast est-elle inlerropativi' '
SIGNES DIVERS. GÉOMÉTRIE. 303
Qu'on se figure une série de visages présentant successivement toutes les formes géométrii[ues , de-
puis le triangle jusqu'au trapèie , depuis le rùne jusqu'au poly'cdre; toutes les expressions humaines,
depuis Ift coli-re jusqu'à la luxure ; tous les âges , depuis les rides du nouveau-né jusqu'aux rides de la
vieille moribonde; toutes les fantasmagories religieuses , depuis Faune jusqu'à Belzcbutli ; tous les
profits animaux , depuis la gueule jusqu'au bec , depuis la hure jusqu'au museau. ( Id. )
Après toutes les figures /7cnïa^ones, hexagones , et hétéroclites qui s'étaient succédées à cette lucarne
sans réaliser cet idéal du grotesque qui s'était construit dans les imaginations exaltées par l'orgie,
il ne fallait rien moins , pour enlever les suffrages , que la grimace sublime qui venait d'éblouir l'as-
semblée. Nous n'essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre , de cette bouche
en fer à cheval, de ce petit œil gauche obstrué d'un sourcil roux en broussailles, tandis que l'œil droit
disparaissait entièrement sous une énorme verrue; de ces dents désordonnées , ébréchées rà et là,
comme les créneaux d'une forteresse ; de cette lèvre calleuse , sur la quelle une de ses dents empié-
tait comme la défense d'un éléphant; de ce menton fourchu , et surtout de la physionomie répandue
sur tout cela, de ce mélange de malice, d'ctonnement et de tristesse. Qu'on rêve si l'on peut cet en-
semble. [Ict. )
Quand cette espèce de cyclope parut sur le seuil de la chapelle, immobile, trapu, et presque aussi
large ([ue haut, quarré par la base, comme dît un grand homme ; à son surtout mi-parti rouge et vio-
let, semé de campanilles d'argent, et surtout à la perfection de sa laideur, la populace le reconnut
sur le champ, et s'écria d'une voix : C'est Quasimodo , le sonneur de cloches, Quasimodo , le bossu
de Notre-Dame, Quasimodo le borgne, Quasimodo le bancal. Noël! Noël! [Id. ;
Alors il se fit autour de l'étrange personnage un cercle de terreur et de respect, qui avait au moins
quinze pas géométriques de rayon, ( Jrf. )
C'était, comme aujourd'hui, un trapèze irrégulier (la place de Grève ) bordé d'un côté par le quai,
et des trois autres par une série de maisons hautes , étroites , et sombres. ( Id, ]
Quanta lui, il eût parfaitement ignoré où il était, s'il n'eût aperçu en passant, au détour d'une
rue, la masse octogone du pilori des halles, dont le sommetà jour détachait vivement sa découpure
noire sur une fenêtre encore éclairée de la rue Verdelet. ( Id. )
Autour d'un grand feu qui brûlait sur une large dalle ronde , et qui pénétrait de ses flammes les
tiges rougies d'un trépied vide pour \c moment, quelques tables vermoulues étaient dressées çà et
là, au hasard , sans que le moindre laquais géomètre eût daigné ajuster leur paratlèlisme , ou veillé à
ce qu'au moins elles ne se coupassent pas à des angles trop inusités. (f^.)
Trouillefou fit un signe, et le duc, et l'empereur, et les archi-suppots, elles cagoux , vinrent se
ranger autour de lui en un fer à cheval, dont Gringoire, toujours rudement appréhende au coi-ps, oc-
cupait le centre. C'était un demi-cercle de haillons, de guenilles, de clinquant, de fourches, de Iiaches,
de jambes avinées , de gros bras nus , de figures sordides, éteintes et hébétées (1). ( Id, }
Ses lèvres roses et pures souriaient à demi ; son front candide et serein devenait trouble par mo-
ments sous sa pensée , comme un miroir sous une haleine ; et de ses long? cils noirs baissés s'échap-
pait une sorte de lumière ineffable, qui donnnait à son profil cette suavité idéale que Bapbacl retrouva
depuis au point d'intersection mystique de la virginité , de la maternité , de la <livinité. (W. )
Et, si nous montons sur la cathédrale, sans nous arrêter à mille barbaries de tout genre, qu'a-
t*on fait de ce charmant petit clocher qui s'appuyait sur le point d'intersection de la croisée , et qui,
non moins frêle et non moins hardi que sa voisine la flèche ( détruite aussi ] de la Sainte-Chapelle ,
s'enfonçait dans le ciel plus avant que les tours , élancé , aigu , sonore, découpé à jour? ( Id^ )
Ci^pcndant le mouvement du bourdon s'accélérait, et à mesure i|u'il parcourait un angle plus ou-
vert , l'œil de Quasimodo s'ouvrait aussi de plus en plus phosphorique et flamboyant. ( Id. }
Elle leva ses yeux rouges et secs vers le ciel, vers le soleil , vers les nuages d'argent coupés çà et là
de trapèzes et de triangles bl(ms, puis elle les abaissa autour d'elle, sur la terre, sur la foule, sur le»
maisons... Tout à coup, tandis que l'homme jaune lui Hait les coudes, elle poussa un cri terrible,
nn cri de joie (2). A ce balcon, là-bas, à Vangte de la place, elle venait de l'apercevoir, lui, son ami,
son seigneur, Phœbusf, l'autre apparition de sa vie. [Id, ]
(1) Point de virgule entre éteintes et hébétées. Ces deux mots font corps ensemble.
'Ti Encore un point d"exclamallnn , dans le texte, au lieu d'un point.
504 GRAMMAIRE FRANÇAISE.
Il promena un Coil bagnrJ sur lu double vuic- tortueuse que la fatalité avait fait suivre à leurs deux
destinées, jusqu'au poinJ (/'infarseclion où elle les avait impitoyablement brisées l'une contre l'autre.
L'air était froid; le ciel charriait des nuages, dont les larges lames blaiicbcs débordaient les unes
sur les autres en s'écrasant parles onj-Ze», et figuraient une débâcle de (Icuve en biver. {Id.)
Quand elle fut passée, il se mit à redescendre l'escalier, avec la lanterne qu'il avait vue au spectre,
se croyant spectre lui-même , bagard > les cheveux tout droits, sa lampe éteinte toujours à la main,
et tout en descendant les degrés en êpirate , il entendait distinctement dans son oreille une voix
qui riait et qui répétait : Un esprit passa devant ma face, et j'entendis un petit souille , et
» le poil de ma chair se hérissa. » ) ( Id. )
Le baron , suivi du comte , traversa une longue file d'appartements remarquables par leur lou rde
somptuosité et leur fastueux mauvais goût , et arriva "isqu'au boudoir de H"" Dauglars , petite pièce
octogone tendue de satin rose recouvert de mousseline des Indes. ( Alexandre Duuas. )
Surtout, comment goûteront-ils le sel de cette anecdote, ceux qui n'ont
aucune idée de la géométrie et de la quadrature du cercle ? Ecoutez.
A l'arrivée de l'évêque de Retondis de Biscaras dans son diocèse , un capucin qui prêchait devant
ce prélat l'apostropha de cette manière : « Monseigneur , quand j'envisage votre illustre personne , je
omanqne de paroles pour en exprimer les rares et sublimes qualités. Oui, monseigneur, si les ma-
il thématiciens qui ont jusqu'ici consumé tant de veilles inutilement, et épuisé sans fruit toute la force
sde leur génie pour cherclier la quadrature du cercle, avaient jeté la vue sur votre illustre nom de
iRotondis de Biscaras, ils auraient trouvé ce qu'ils cherchent depuis si long-temps, car nul mortel
■ ne peut disputer à Votre Grandeur qu'elle ne soit cette quadrature tant désirée ; <juadrature que je
une cesserai de publier, quadrature qui mettra dans la honte les plus fameux professeurs de mathéma-
• tiques. Car, je le répète , qui osera disputer à Votre Grandeur que le nom de Retondis ne soit la
tifigure ronde, figure lapins utile qui existe? Aussi de quelle utilité n'ctes-vouspas dansce diocèse,
»et qu'elle perfection ne remarque-t-on pas dans Votre Grandeur! Biscaras, c'est la figure quarrée,
ujointe à la figure ronde. Oui, mathématiciens, c'est ce que vous cherchez depuis tant de siècles. Bis-
vcaras, deux fdis quarré. Quarré devant , quarré derrière. Botondis de Biscaras, ^ond et qaarré tout en-
n semble. C'est là, monseigneur, la véritable ^uarfralure du cercle; et c'est ce qui se rencontre parfai-
i temcnt dans votre illustre personne .» ( Anonyme. )
Nous ne saurions mieux terminer ce chapitre que par le poème suivant,
de Saint-Sorlin , cet auteur tant décrié par Boileau , doi.t on sera peut-être
bien aise de trouver ici un échantillon.
Xies Amours du Compas , fils de Talus , et de ]la Biègle'i
fille du Soleil et de l'Ombre.
Talus (1) un jour, épris do l'amour de l'étude.
Cherchant pour en jouir l'heur de la solitude ,
Après mille détours , coucha ses membres las
Sur le seuil consacré du temple de Pallas
Soudain, qui le croira l comme de sa cervelle
Jupiter fit sortir la savante pucelle.
Naquirent du cerveau de l'enfant studieux
La Scie et le Compas, deux jumeaux monstrueux ;
Mais dont l'utilité , dans les arts secourable ,
Rend du père à jamais la mémoire adorable.
Du couple nouvcau-né, l'un en peu de moments
Enrichit les beaux arts d'infinis ornements ;
Et l'autre, aux dents d'acier , long supplice des arbres,
Fut capable d'ouvrir le cœur même des marbres.
Son fiere le Compas fut pourvu seulement
De jambes et de tête , et marcha justement ;
Tournant de tous côtés par ordre et par mcaure ,
Et de cercles divers traeant mainte figure.
Dédale (9), qui cherchait l'apprentif égai-é ,
Enfin l'apercevant surle seuil consacré.
(1) Neveu et disciple de Dédale. ,
(2) Athénien célèbre, petit fils d'Erechthéc, roi d'Athènes, se distingua dans l'architecture, la sculpture, elles
8rtB mécaniques. Ayant tué par jalousie son neveu Talus, qui à douze ans avait inventé la scie, le compas, le tour,
et la roue de potier , il fut condamné à mort par l'Aréopage, et se réfugia à la cour de Minos, roi de Crète. Il
construisit pour ce prince le célèbre labyrinthe , où il fut enfermé plus tard pour avoir favorisé les amours infâmes
de Pasiphaé. Il s'enfuit de Crète par le moyen d'ailes adaptées à ses épaules avec de la cire , et aborda à Cumes. Il
pa.ssa ensuite en Sicile et oITril ses services au roi Cocalus. On ignore le lieu où il mourut. Dédale est l'inventeur de
fa hache, du niveau , du vilebrequin , et des voiles de navire, ce qui donna lieu à la fable qu'il s'était fabriqué des
ailes.
SIGNES DIVERS. GEOMEIRIE.
505
aluit d'étomicmeiit, contempla la mciTcUlc
Qui s'ollVait à ses yeux sublime et sans pareille.
Aussitôt sur son front la rougeur s'épandit.
Jaloux que son neveu par là Tînt en crédit,
Il sentit tout son coeur se soulever de rage.
Entin, de la raison ayant perdu l'usnge,
Et d'un reste d'amour brisant le vain effort,
Du disciple innocent il médita la mort.
D'une âpre jalousie abominable exemple! ,
Il le précipita de la voûte du temple. *
Mais Pallas , qui prend soin des esprits vertueux , '
Retient le corps tombant, le suspend dans Icscicux,
Et transforme en oiseau l'artisan admirable
Qu'un excès de génie avait rendu coupable.
La Scie et le Compas, témoins de ce malheur.
Se sentirent saisis d'une vive douleur;
Et, redoutant les traits de l'envieuse rage ,
liien qu'ils ne fussent pas dépourvus de courage,
Craignant un sort pareil , songent à se sauver.
La Scie , étant sans pieds, ne put se soulever.
Et, perdant tout respect, (|uoique tille bien née,
Détesta (1) du vieillard la fureur obstinée.
Dédale , qui la vit dans ses transports ardents ,
Pour adoucir ses cris, usa toutes ses dents;
Puis d'un fer retailla leurs brèches abattues.
Le Compas se sauva sur ses jambes pointues;
D'un pas leste et craintif il se mit à courir ,
Sans marquer un seul trait qui le pût découvrir.
Dédale , trop subtil , eût reconnu ses traces.
Biais, comme un giboyeur monté sur des échasses ,
Qui, sans mouiller ses'pieds, traverse les marais,
De mêiue le Compas arpenta les guérets.
Enfin, se trouvant las, dans un bois il s'arrête.
Contre le tronc d'un cliéne , il appuyait sa tête ,
Pleurant son père mort, et le sort de sa sœur.
Quand d'un sommeil paisible il sentit la douceur.
Le Soleil, connaissant sa gentille nature ,
Et prévoyant l'éclat de sa race future ,
Lui dit en ce moment ; Lève-ïoi de ce lieu ;
ïu deviendras l'époux de la fille d'un Dieu.
Souvent à notre sort les déliés propices
Font naître le bonheur du sein de nos supplices.
Le Compas glorieux se réveille en sursaut,
Emu de cette vue et d'un honneur si haut;
Kegarde fixement le soleil comme un aigle.
Lui rend grâces, s'en va; puis rencontre la Règle,
Droite, d'un grave port, pleine de majesté,
Inflexible, et surtout observant l'équité ,
Lui jette un doux regard , la contemple , et s'étonne.
Aussitôt à l'aimer son âme s'abandonne.
Et, sans se souvenir des propos du Soleil,
Adore le miracle , et le croit sans pareil.
Il l'aborde, et, rempli d'une honnête assurance.
Tournant la jambe en arc , lui fait la révérence.
Pour rendre son salut à ce grotesque amant,
La Règle ne daigna se courber seulement.
Lors , sans se rebuter, (1 lui tint ce langage :
O vous , dont la beauté dans s«s chaînes m'engage ,
Soulagez par pitié mes désirs véhéments.
Et miUe bien» naîtront de nos embrassements.
Talus, ce rare esprit, me donna la naissauce;
N'ayez pas à mépris mon utile alliance.
La Règle, pour borner (2) ses voeux ambitieux,
Lui dit: (Lève la tête et regarde les cieux.
B Celui dont je tiens l'être entre les dieux se nombre;
>i Je naquis des baisers du soleil et de l'ombre.
»Dn jour, parmi les dieux, mon père se vantait
bQuc rien dans l'univers à son œil n'échappait.
» Celui des immortels (|ui préside aux messages
«Lui dit : — As-tu vu l'Ombre en tous tes longs voyage»?
nOtte brune agréable, et de qui les douceurs
» Sont les plus chers plaisirs des doctes , des chasseurs ,
• Et de tant de mortels qui la trouvent plus belle
«Que tes plus beaux rayons que l'on quitte pour elle.
» Le Soleil fut surpris, cl le père du jour
» Sentit naître en son cœur et la bonté et l'amour.
n Du désir de la voir son âme est embrasée.
s II la cherche partout , croit sa conquête aisée;
• Mais l'Ombre habilement évitait ses regards;
«Cette froide beauté fuyait de toutes parts;
i»Sa course témoignait d'une incroyable adresse.
»I1 la suit, elle fuit d'une égale vitesse.
nll reclouble d'efforts, mais inutilement;
u'I'ousles corps s'opposaient à son contentement.
wll pense la tenir; sans la voir, il la touche;
I) De ses rayons aigus il joint cette farouche.
» Enfin , ne pouvant mieux soulager sa langueur ,
jiEn courant il la baise en tonte sa longueur;
nEt, parmi les baisers d'une si douce guerre,
«De leur droite union je naquis sur la terre.»
La connaissant alors pour fille du Soleil,
Le Compas ressentit un amour sans pareil,
Et ne désespéra plus d'acquérir sa maîtresse.
N'ayant pas oublié la divine promesse.
Plein d'une belle audace , il lui tint ce discours:
nLe même Dieu du jour m'a promis vos amours.
n — Quoi , dit-elle en riant, je serais la conquête
«D'un amant qui n'aurait que les pieds et la tête ?
«Mon père vondrait-il m'iinposer cette loi?
» Aurais-je pour époux un monstre tel que toi ?
«Va , va porter ailleurs les impuissantes flammes,
«Trop difl'orme galant pour pouvoir plaire aux dames.
»■ — Toutefois nos amours, répliqua le Compas,
«Produiront des enfants qui vaincront le trépas.
» De nous deux sortiront la belle Architecture ,
n Et mille nobles arts pour polir la nature.
« — Ne pense pas, dit-elle , ébranler mon repos ;
» On , pour justifier tes fabuleux propos ,
«Tâche de me charmer par quelques gentillesses,
«Et montre des elïèts pareils à tes promesses, n
Le Compas aussitôt sur un pied se dressa ,
Et de l'autre en tournant un grand cercle traita.
La Règle en fut ravie , et soudain se vint mettre
Dans le milieu du cercle , et fit le diamètre.
Son amant l'embrassa , l'ayant à sa merci ,
Tantôt tout grand ouvert et tantôt raccourci:
Et l'on vit naître alors de leurs caresses pures
Triangles et quarrés et mille autres figures.
(DesMabets de Saint-So»i.i.v, tant
soit peu revu , émondé , corrigé,
accentué, et reponctué. )
(1) Détester se disait alors et se dit encore quelquefois pour maudire,
(2) Borner est un terme impropre. Il faudrait («ire luire.
r, II.
G4
506 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
SIGNES ASTRONOMIQUES.
signes du Zodiaque.
Le zodiaque est une bande ou zone circulaire , idéale , parallèle à l'écJip-
tique, et comprenant les douze constellations principales qui se partagent
la route annuelle apparente du soleil. Elle a 16 à 18 degrés de largeur,
c'est à dire , 8 ou 9 de chaque côté de l'écliptique, qui la coupe dans toute
son étendue en deux parties égales. Le soleil parcourt tous tes ans les douze
signes du zodiaque, dont chacun occupe un espace debO'.Les orbites de toutes
les planètes connues des anciens se trouvent comprises dans cette zone.
Par analogie, on appelle aussi sof/Zaz/HC l'ensemble de ces constellations,
on des signes mobiles qui y correspondent. Zodiaque fixe. Zodiaque mobile.
Le zodiaque fixe et le zodiaque tnobite s'écartent continuellement l'un de l'au-
tre par l'effet de la précession. Il se dit aussi de la représentation du zodia-
que. On trouve des zodiaques sculptés dans les anciens temples de l'Egypte. Le
zodiaque de Dendérah est le plus célèbre. (En grec zodlakos, de zodiôn, signe
du zodiaque, dérivé de 2Ôon, animal, parce que presque tous ces signes
sont représentés sous des noms et des figures d'animaux; ou, selon d'au-
tres , de zoê, vie, parce que l'on a cru long-temps que les planètes influaient
sur la vie.)
Signes du Septentrion.
,' Mars V Le Bélier.
PniNTEMPS. \ Avril V Le Taureau.
\ Mai n Les Gémeaux.
r Juin €) L'Écrevisse.
Éxi. < Juillet SI Le Lion.
\ Août r\ La Vierge.
Signes du Midi.
! Septembre i La Balance.
Octobre ap Le Scorpion.
Novembre >+ Le Sagitaire.
/ Décembre AS Le Capricorne.
Hiver. - Janvier ss: Le Verseau.
^ Février )C Les Poissons.
Toutes ces corrstellations ou signes du zodiaque sont réunies dans les
deux vers suivants :
Sunt Arles, Taurus, Gemini, Cancer, Léo, Virgo,
Libraque, Scorpilo, Arcllenens , Caper, Amphora, Plsces.
Ces signes sont marqués sur les globes à côté des degrés de l'écliptique
aux quels ils correspondent. Le soleil entre dans un nouveau signe vers le
21 de chaque mois , et parcourt en apparence à peu près un degré par jour.
On peut voir, dans la figure suivante, les diverses positions du soleil et
de la terre relativement à chaque signe , aux diverses saisons de l'année.
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
507
EXFI.IC A TIONS.
Le BÉLIER. Vers k temps d'Hippar-
que, il coïncidait avec l'équinoxe du prin-
temps. Ce nom est demeuré attaché au si-
gne dont le commencement répond à ce
même équinoxe, dans le zodiaque mobile
déplacé par la précession. Le soleil était
dans le signe du Délier. (Acad.) Le Bélier a
trois étoiles remarquables, [unede la deuxième
grandeur, une de la troisième, une de la qua-
trième.
Lie TAUREAU. Il a cinq étoiles brillan-
tes qui représentent un Y. La plus grande
qui est de la première grandeur, se nomme
Âldébaranoa l'OEil du Taureau. Sur soncou
sont placées les Pléiades, et sur son front
les Hyades. L'ccUptiquc passe entre les cornes
du Taureau. Le soleil entre dans le signe du
Taureau vers le 20 avril, et en sort le 19 mai.
La constellation du Taureau.
Les GÉMEAUX. Ce signe a deux étoiles
brillantes appelées Castor et Pollux. 11 en a
de plus trois de la seconde grandeur, dont
une est à un pied de Pollux, une au genou,
l'autre à la cuisse.
L'ÉCREViSSEou le CANCER. Son étoile
la plus remarquable , quoique nébuleuse ,
se nomme Prcsépc ou la Crèche. Le soleil
entre dans le signe de l'Ecrevisse vers la fin
de juin. L'été commence pour les habitants de
l'hémisphère boréal , lorsque le soleil entre
dans l'Ecrevisse.
Depuis que le soleil» daus l'horizon immense,
A franchi le Cancer sur son aie enflammé ,
Le honheur m^a quittée , et j'attends en silence
L^heure où m'appèlera mon ami hien-aimé,
( Alfred de Mdssbt. )
Le LION, dans le quel le soleil entre le
23 juillet, est ainsi nommé parce que,
semblable à un lion furieux, le soleil est
alors parvenu au plus haut point de sa
course apparente et darde ses plus brûlants
rayons. 11 a une étoile de la première gran-
deur, très-éclatante , noinmée Régulas ou
le Cœur du Lion. De plus, cinq étoiles,
dont une de la première grandeur, nommée
la Queue du Lion; deux de la seconde gran-
deur, l'une au cou, l'autre au dos; et deux
aux pieds de la troisième grandeur.
Le pcuplr peut dormir onze mois de Pannéc;
Mais , quand de chauds rayons sa tête est couronnée,
Quand les feux du soleil entrent dans ce lion ,
Sublime de vengeance et de réhelliun ,
Il agite ses rrins ondoyants de colère.
Ecarte sur le sol sa griffe musculaire ,
Roidit son cou ncr\cux , fait palpiter les monif
Sous U tonnerre sourd de srt rauijucs poumons.
308 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Et, pris de so jeter dans l'orageuse licc,
Il cherclia et trouve au ciel son lumineux complice.
( BAiiTUiii.EMT, Némésis,)
La VIERGE. Cosigne, très-étcndii, com-
prend une étoile de la première giatidcnr,
appelée VEpi de la Ficrp;6. La Vierge, appe-
lée aussi Cércs , TIténiis , etc., préside aux
moissons ; ce que les anciens ont voulu ex-
primer en lui mettant nn épi dans la main.
Le soleil entre ilayis le signe de la Vierge
vers le 23 août. Être né sous le signe de la
Vierge.
La BALANCE, vers le temps d'Hip-
parque, coïncidait avec l'équinoxe d'au-
tomne. Ce nom est demeuré attaché au
signe dont le commencement répond à ce
même équinoxe dans le zodiaque mobile.
La Balance a deux étoiles remarquables, une
très-brillante , l'autre de troisième gran-
deur.
Le SCORPIOIV. Chez les Romains ce
signe était consacré à Mars, et l'on croyait
qu'il était funeste d'être né sous son in-
fluence. La constellation du Scorpion se
compose de cinq étoiles, dont la plus re-
maïqnable se nomme Anlharès ou le Cœur
du Scorpion,
Le SAGITTAIRE. (En latin sagittarius,
archer, de sagitla, flèche.) Il forme un
groupe de trente et une étoiles, dont les
deux plus brillantes sont de la seconde
grandeur. On représente ordinairement le
Sagittaire sous la figure d'un centaure te-
nant un arc prêt à tirer. Quelques auteurs
j)rétendent que cette constellation fut con-
sacrée à Hercule ; d'antres disent à Chiron;
d'autres enfin à Procus, fils de la nourrice
des Muses.
Le CAPRICORIVE. (En latin frty^rtVorniu,
âmcaper, capri, bouc, et cornu, corne.) Au
21 décembre, quand le soleil entre dans te
signe du Capricorne, l'hiver commence pour
les peuples sepientrionaux.Cest aussi le nom
d'une constellation du zodiaque fixe, qui
est entre le Sagittaire et le Verseau, et qu'on
a coutume de représenter par la figui e d'un
bouc. La constellation du Capricorne ren-
ferme vingt-huit étoiles remarquables. Vers
le teinps d'Hipparque , le signe et la cons-
tellation coïncidaient.
Le VERSEAU, onzième signe du zodia-
que mobile , tire son nom de la saison des
pluies, qui ont lieu lorsque le soleil l'atteint,
au mois de janvier. Il a quarante-deux
étoiles.
Les POISSONS , Douzième signe du zo-
diaque mobile, dans lequel le soleil entre
à la fin de février. Les Poissons sont au
nombre de deux ; l'un est placé le long du
côté méridional du quarré de Pégase; l'au-
tre entre la tète d'Andromède et celle du
Bélier. Les mythologues prétendent que ce
sont les dauphins qui menèrent Amphi-
trite à Neptune. Poisson Austral. Poisson
Boréal. C'est aussi le nom d'une constella-
tion du zodiaque fixe.
NOM DES AUTRES CONSTELLATIONS.
Le Nom des autres Constellations trouve naturellement sa place ici.
Hémisphère SoréaL
La GRANDE OURSE est remarquable
par sept étoiles très-brillantes, dont quatre
forment un quarré et les autres une espèce
de queue. On l'appelle vulgairement le
Grand Chariot ou le Chariot de David. On
dit aussi absolument le Chariot.
La PETITE OURSE, près du pùle, est
tout à fait semblable à la Grande Ourse,
mais plus petite et dans une situation ren-
versée. On l'appelle aussi le petit Chariot
et le Septentrion.
L'étoile polaire forme le bout de la queue
de la petite Ourse.
ANDROMÈDE. Une étoile très-brillante
à la tète. Sur le corps trois de troisième
grandeur, brillantes, disposées en arc, et à
distances égales, que le vulgaire nomme
tes trois Bois. Elle est située près de Cassio-
pée et de Persée.
' Andromède était fille de Cépliée, roi d'Elhiopie. Cas'
sîopée, sa mère, avant eu la vanité de se croire plus
belle que^ Junon, Neptune , d'après Toidre de Junon ,
inonda l'Ethiopie et la fit ravager par un monstre marin.
L'oracle ordonna d'exposer Andromède à la fureur du
monstre; mais Persée délivra celte princesse.
Le TRIANGLE a trois étoiles remarqua-
bles. Il y a aussi le Triangle Austral, cons-
telialion qui n'est point visible dans nos
climats.
La FLEUR DE LIS (1). Elle a quatre
(i) Rien n'autorise à écrire /js, à jiioins r\u<
ne songe à revenir au temi's oi'i l'on ëciivail
SIGNES DIVERS. ASTROiNOMIE.
509
étoiles de la quatrième et de la cinquième
grandeur.
La TÈTE DE MEDUSE n'a qu'une seule
étoile remarquable nommée Algol.
Les PLÉIADES, Groupe de six étoiles
très-brillantes qui occupent le cou du Tau-
reau , et qu'on disait autrefois être au nom-
bre de sept. Le coucher, le lever des Pléiades.
Les Pléiades ou Fergilies , filles d'Atlas et de Plcioiie
ou d'Ethra, et sœurs des Ilyades , étaient au nombre de
sept : Maia. Eleclte, Tajfgete, Jstérope , Méropa, Alcyone^
et Célt'uo. Elles furent niétanioi-pliosées en étoiles parre
que leur père avait voulu lire dans les secrets des cieux.
Si elles ne sont plus qu'au nombre de six, c'est qu',au
dire des mythologues, Mérope , l'une d'elles, se cacha
de honte d'avoir épousé un mortel, Sisj-phe, roi de Co-
rinthe, tandis que ses sœurs avaient été mariées à des
dieux. D'autres disent que ce fut Electre, femme de
Cardanus, qui disparut au temps de la guerre de Troie.
On dit aussi quelquefois collectivement au singulier, la
Pléiade céleste. ( Du grec pUiat , multitude ; ou ploi, je
navigue, parce que les pléiades sont visibles au mois de
mai , temps pi-opice à la navigation, (iomment d'après
cette étymologie peut-on encore écrire pleyades et même
playades? ) Le nom vulgaire de cette constellation est
poussinière.
* Pléiade poétique, s'est dit de sept illus-
tres poètes grecs qui florissaient sous le rè-
gnedePtolémée Philadelphe; et, par imita-
tion, de sept poètes français qui vivaient
sous les derniers rois de France de la bran-
che des Valois. Les septpoètes de la pléiade
grecque, dite pléiade alexandrine ou d'A-
lexandrie, était composée de Lycophron,
de Théocrite, d'Aratus, de Nicanclre, d'A-
pollonius de Rhodes, de Philicus, et d'Ho-
mère le jeune. D'autres listes remplacent
Nicaadre et Philicus par Callimaque et So-
sithée.
Les poètes qui composaient la pléiade
poétique imaginée par Ronsard , étaient
Daurat, du Bellay, Baïf, Belleau, Thyard,
Jodelle, et Ronsard lui-même.
M. Wey cite avec amour ces vers de
Belleau :
« Ha que je hay ces mangereaux ,
» Ces chiquaneurs proctiraceaux. a
" Sur les tresses blondelettes
» De ma dame et de son sein
» Tousiours plein
> De mille et mille fleurette!. »
« Le gentil rosaignolet
• Dourelel
• Découpe dessous l'ombrage
n Mille fredons babillara
1» FrétUlars.
u Au doux chant de son ramage. »
» Pendant que les aroitdeletics (1)
■ De leurs gorgi.-s mignardetetlei
» Rappilent le plus beau de l'an. . . •
1) Et que les brebis eamuscites
. Tondent b;3 herbes rioiuir/cK.-,!. .
0 J'apprendrai sur ce ruisselet
» Qui, doucement ar^enle/ct,
it Coule, etc. ■
» Douce et belle bouehelette
' Plus fraische et plus vermelUette
' Que le bouton aiglaiitin
» Au matin, n
« Dans tous ces vocables mignons de
Rémi Belleau, continue M. Wey, l'on re-
trouve les parfums exquis de la tradition
grecque , qui s'adapte si naturellement à
l'humeur française et au goût de la variété
si bien approprié à notre esprit.
«Personne, à moins d'être grammairien,
professeur, ou maître d'écriture (M. Wey,
on le voit, n'a pas meilleure opinion que
moi de ces messieurs), n'oserait blâmer
le poète qui placerait aussi agréablement
que l'a fait Belleau , de jolies expressions ,
telles que vermeilletie, ruisselet, nouveletle,
camusette ( que l'on croirait dérobé à Théo-
crite), doucelet, rossignolet , blondeletle,
etc.. »
Admirez l'effet des trois points, placés
après l'e^ccB^cra de M. Wey, par lesquels se
prolonge ce grand coup de foudre éclaté
sur les grammairiens.
Le tonnerre en grondant roule dans l'étendue.
Si je n'avais le malheur d'être un gram-
mairien, et, qui plus est, un maître de
langue , un des nombreux maîtres de lan-
gue qui fourmillent à tienne, j'oserais dire
mon avis surces expressions jni^'Karrfe/e<<es;
mais, sous les conclusions de M. Wey, je
suis comme un homme frappé de la foudre
qui ne peut ni parler ni se mouvoir.
Mais nous voilà bien loin des étoiles.
Nous y revenons.
Les poètes, par exemple, qui sont les
étoiles de l'âme, vont se multipliant de
jour en jour comme les astres du firmament.
Dans la nécessité de les distinguer et de
les reconnaître, il serait bientôt temps de
les distribuer par groupes ou constellations
composées d'étoiles de toutes grandeurs ,
d'après les quelles puissent se guider sûre-
ment ceux qui font voile vers le Seigneur.
Je confie ce soin à M. Ga^rni, en le
priant de ne pas m'oublier siu- sa planis-
phère céleste, dùt-il me représenter sous
la forme d'un ours, et d'un ours mal léché.
Ah! monsieurCuvillier Fleury, qui, cou-
ché sur le dos, dans votre terrier, narguez
les poètes au ciel , le Franc de Pompignan
vtnis répond une fois pour nous tous :
1 Jeunes hiioiidcllrs.
510
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Le NU a «Il sur ics livagcs
Les iinirs habitants (1rs di'ScrU
Insulter , par leurs cris sauvages,
L'aslrc éclalaiitde l'univers.
Crime impuissant! fureurs bizarres!
Tandis que ces monstres barbares
Poussaient d'insolentes clameurs,
Le Dieu , poui-suivant sa carrière,
Versait des torrents de lumière
Sur ces obscurs blaspliémateurs.
PEIXSÉE. II a sept étoiles remarqua-
bles, entre autres une au bras boréal et
une au genou austral. La plus petite, mais
la plus brillante , occupe à peu près le mi-
lieu. Cette coustellation est en partie dans
la voie lactée.
' Pei-sée, l'un des héros de la Mythologie grecque, était
fils de Danaé et de Jupiter, qui se changea en pluie d'or
pour tromper la vigilance des gardiens de la fille d'Acri-
sius. Ce dernier, instruit de la naissance de Persée,
l'enferma dans un colfre avec sa mère et les fit jeter dans
la mer. Portés dans l'île de Sériphe , ils y furent re-
cueifiis par le roi Polydecte. Devenu grand , Persée s'il-
lustra par ses exploits. Muni des ailes de Mercure et du
bouclier de Minerve, il coupa la tête à Méduse, l'une
des trois Gorgones, du sang delà quelle naquirent le
cheval Pégase et Chrysaor, La tête de Méduse avait le
pouvoir de changer en pierres tous ceux qui la regar-
daient. Elle devint une arme puissante entre les mains
de Persée , qui se servit aussi de Pégase pour combattre
le monstre qui allait dévorer Andromède. De cette der-
nière qu'il épousa, , après l'avoir sauvée, il eut Alcée,
Sthénélus, Mestor , Électryon , Perses, et Gorgophonc.
Il vint ensuite à Larisse , où se célébraient des jeux fu-
nèbres, dans les quels il tua involontairement son grand-
pèro Acrisius : accomplissant ainsi l'oracle , qui avait
prédit, en ell'et, qu' Acrisius serait tué par l'enfant qui
naîtrait de Danaé. Il céda ses droits au trône d'Argos à
Mégapenthe, fils de Prœtus, en retour du territoire de
Tirynthe, où il fixa sa résidence et où il bâtit la ville de
Mycénes. On lui attribue un règne de trente-deux ans
( 1313-1281 ). On lui rendit les honneurs divins et on le
pla(;a dans le ciel à côté des constellations d'Andromède,
de Cassiopée, et de Cépbée. Quelques auteurs préten-
dent que c'est Prœtus, père d' Acrisius, qui corrompit à
force d'or les gardes de la tour d'airain , et fut le père
de Persée ( 1350 ans avant J.-C. i.
Le CHARRETIER (autrefois Chartier),
ou ÉRICUTON, a au dos une étoile de la
première grandeur, appelée la C/tévrv. Son
fouet est composé de petites étoiles. Il a
au pied une étoile de la troisième grandeur,
et à l'épaule une de la deuxième. On dit
mieux Cocher. (En lalin Auriga.)
La CHEVELURE DE BÉRÉNICE, Amas
d'étoiles brillantes, voisin de la Oueue du
ion.
Chez les anciens, la coutume était de consacrer sa
chevelure à une divinité. Bérénice, reine d'Kgypte, oll'rit
dans le temple de Vénus sa chevelure pour le retour de
eon mari, la quelle, selon les anciens , fut transformée
en étoiles. Cette Bérénice n'est pas celle quifut aimée de
Titus et qui a fourni à Rarine le sujet d'une tragédie.
Le BOUVIER ou BOOTÈS, Constellation
située entre la ^ranc/c Ourse, \a Chevelure
dcBcrénice, la Ficrge, cl la Couronne, dunl
l'étoile principale, l'une des plus brillantes
du ciel, se nomme Arclurus. Les étoiles de
sa tète et de son bras scmt aussi très-remar-
quables.
La COLROIVIVE SEPTENTRIONALE,
Constellation située au dessus du Bouvier,
laquelle a une étoile de seconde gran-
deur.
Le SERPENT, Constellation située entre
la Couronne et la Balance, dont l'étoile la
plus brillante est à son cou.
Le SERPENTAIRE ou Ophtnctus, Cons-
tellation située au dessus du Serpent, en
partie dans la voie lactée. L'étoile la plus
brillante du Serpentaire est à sa tête, du
côté de l'ouest. On figure cette constella-
tion par Esculape tenant un serpent.
L'aigle , Constellation située sur la
voie lactée, entre Ganimède et la Flèche.
Elle a plusieurs petites étoiles de qua-
trième et de cinquième grandeur, et une
plus belle de deuxième grandeur.
GANIMÈDE ou Antinous , Constella-
tion située au dessus de l'Aigle, n'a que des
étoiles de la quatrième et de la cinquième
grandeur.
■ Antinoiis , jeune bithynien , était le favori de l'em-
pereur Adrien , qui l'aima si tendrement qu'après sa
mort il lui fit élever un temple.
Le DAUPHIN , situé près de l'équateiu-
céleste, un peu à droite et au dessus de
l'aigle, se distingue par quatre étoiles de la
quatrième grandeur, formant à sa tête une
losange.
Le PETIT CHEVAL, à droite et au
dessous du Dauphin, n'a aucune étoile re-
marquable.
PÉGASE, ou la GRANDE CROIX, a deux
étoiles remarquables, l'une à la tête, l'autre
à la btuiche. On en remarque encore trois
autres qu'on nomme Scheal, Marhab, eiAl-
l^'cnib. Il est situé entre le Verseau, les Pois-
sons, Andromède, le Cygne, le Dauphin, et
le petit Cheval.
CASSIOPÉE, constellation située entre
le pôle et Ganimède, presque entièrement
MU- la voie lactée, renferme cinquante-
cinq étoiles principales, dont les cinq les
plus brillantes formeraient, si l'on tirait
une ligne de l'une à l'autre , trois trian-
gles. On l'appelle aussi le Trône ou la
Chaise.
' Cassiopée était la femme de Céphée. Elle fut mi^c
par Jupiter au rang des constellations.
CÉPHÉE, entre le Dra,son et Cassiopée,
icnferme trente cinq étoiles, dont trois
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
511
de la quatrième et de la cinquième gran-
deur forment un triangle. Il eu a une au
genou qui est trés-briliante.
' Cépliée, roi tl^Ethiopie, était le mari de Cassiopée.
Il accompagna les Argouautes et fut mis après sa mort au
rang des constellations.
Le DRAGON , à gauche de Céphèe , au
dessus de la grande Ourse, se compose de
quarante-neuf étoiles. Sa tête en a deux
de la troisième grandeur , un peu rouges
et peu éclatantes. Dans un pli ou coude
sont encore deux étoiles de la troisième
grandeur. Celles de la queue sont très-
petites.
La GIRAFE, ou Camcléoparil, est formée
de trente-sept étoiles dont les plus belles
sont de quatrième grandeur. Elle est si-
tuée entre l'Etoile polaire, Persée, et le
Cocher.
HERCULE est rempli d'étoiles brillan-
tes. Il en a quatre de très-remarquables,
toutes de la troisième grandeur, savoir:
une à la tête , qui est moins brillante que
les autres , une à chaque épaule et une au
milieu du corps. Il est situé entre le Dra-
gon et le Serpentaire au dessus de la Cou-
ronne.
' Hercule, héros célèbre, fils de Jupiter et d'Alcniène,
naquit à Thèbes. La jalouse Junon lui suscita de grands
périls, mais il les surmonta tous. Euryslhéc, à qui Hercule
avait été soumis d'après la Tolonté de Jupiter , lui or-
donna les douze travaux qui rendirent son nom si fa-
meux en Europe, eu Asie, et en Afrique. Ajanttué le
centaure Nessus avec des flèches empoisonnées, celui-ci
eu mourant persuada à Déjanire , femme d'Hercule, que
son mari lui serait toujours lidèlc, s'il revêlait la tunique
teinte de son sang. Peu de temps après , Déjanire , de-
Tenue jalouse d'Iole , qu'aimait le héros , lui envoya la
tunique empoisonnée. Mais à peine s'ei» fut-il revêtu que
le venin dont elle était infectée le pénétra jusqu^à lu
moelle des os. Pour mettre un terme à ses douleura ,
Hercule se brûla sur un bûcher.
La LYRE renferme vingt-une étoiles ,
dont une de première grandeur nommée
Véra ( à côté de laquelle il y en a trois de
la cinquième grandeur). C'est avec Sirius
la plus rapprochée de nous. Cette constel-
lation tire son nom de ce qu'elle a la forme
d'un vautour regardant vers le midi et por-
tant dans son bec une lyre à dix cordes.
Elle est située entre Hercule et le Cygne,
un peu au dessous de la voie lactée.
La FLÈCHE , située entre l'Aigle et le
Cygne, au milieu de la voie lactée, est
composée de dix-huit étoiles. Les trois
principales sont de quatrième grandeur.
Selon quelques uns, c'est la flèche de l'A-
mour; selon d'autres, c'est celle qui servit
à tuer le vautour déchirant les entrailles!
de Prométhée. Elle est représentée par la
figure d'un flèche dans les cartes astrono-
miques.
* Cette constellation est diOej
nous, qui , avec VArc , forme un
Le CYGNE , groupe de quatrevingt-
une étoiles, est dans la voie lactée, entre
la Lyre, le Dragon, Céphèe, Pégase, le
Dauphin, et la Flèche. Il a plusieurs étoi-
les brillantes, une à l'aile du nord de troi-
sième grandeur , une au bec de quatrième
grandeur , une très-claire à la queue.
Parmi celles du corps et de l'aile du midi,
il y en a une de deuxième grandeur, trois
de troisième grandeur , et plusieurs de
quatrième grandeur. On l'appelé aussi la
Croix.
ite de la Flèche d'Anti-
ODStellation.
Hémisphère Austral
LaBALEINEabonde en petitcsétoiles de
quatrième, cinquième, et sixième grandeur.
Elle en a une très-brillante vers sa queue.
Le Flkdve ÉaiD an. groupe de quatrevingt-
quatre étoiles , entre la Baleine et Orion. Il
a une étoile de première grandeur, nom-
mée Acamar.
ORION est un groupe de soixante-dix-
huit étoiles dont trois très-éclatantes ont
reçu le nom de Baudrier A' Orion. 11 a la
forme d'un quadrilatère et la figure d'un
homme armé d'un glaive. L'étoile rouge
et brillante qu'on remarque sur son épaule
droite se nomme Uellalrix. 11 en a une de
première grandeur , appelée Rigel. Le
LiivBB est au pied d'Orto/i , avec lequel il
est confondu.
' Orion cUit un fameux géant , né , selon Ovide, de
l'urine de Jupiter, de Neptune, et de Mercure. Les trois
divins et gais compagnons , pour récompenser la pieuse
hospitalité d'un paysan nommé Hyriée lui promirent un
fds; et, ce ûls , ils le firent naître de la peau d'un tau-
reau arrosée de leur urine. Si Jules Janin eût existé dan»
ce temps-là, quelle superbe matière à un feuilleton I
Bref, Orion apporta de Lybie en (J-rcce la connaissance
des astres et du mouvement des cieux; ce qui l'a fait
assimiler à l'Horus égyptien. W fut tué par Diane selon
les uns, ou par la morsure d'un scoi-pion selon les au-
tres , et placé après sa mort au rang des astres. C'est ce
que je souhaite à tous les Orions du Journal des Débats.
Ainsi soit-il.
La COLOMBE , entre le fleuve Eridan,
Orion, le grand Chien, et le Navire, est re-
marquable par une étoile brillante de la
deuxième grandeur.
Le GRAND CHIEN, Groupe de trente-
une étoiles, au nombre des quelles on re-
marque Sirius ou la Canicule. Sirius est la
512
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
plus brillante de foules les étoiles de première
grandeur.
Le PETIT CHIEIV , près de la voie lac-
tée entre le Navire et les Gémeaux , se
compose de quatorze étoiles , dont une
claire de la première grandeur, nommée
Proc^on.
Le NAVIRE ArGO est une grande con-
stellation, sur la voie lactée. Son étoile la
plus remarquable se nomme Canope; elle
est de la première grandeur.
L'hydre, constellation très-étendue
en longueur, entre le iVantre et la Vierge.
Sa tète a plusieurs étoiles remarquables.
Son corps en a une de la première gran-
deur, et sa queue une de la deuxième. La
CocpB , qui est unie à l'hydre vers le mi-
lieu de la longueur de celle-ci, a plusieurs
étoiles formant un quarré.
Le CORBEAU, entre YHydreet la Vierge,
a aux ailes deux étoiles de la deuxième
grandeur.
Le SOLITAIRE , entre la Balance, le
Scorpion, et l'Hydre, a vingt-denx étoiles.
Le CENTAURE , constellation placée
sous la queue de l'Hydre , près de la voie
lactée , a un grand nombre d'étoiles dont
une delà première grandeur.
Le CRUSERO , sur la voix lactée, à côté
du Centaure , a quatre étoiles.
Le LOUP, entre le Centaure et le Scor-
pion, n'a rien de remarquable.
La MOUCHE, sur la voie lactée, entre le
Crusero et le Caméléon, a quatre étoiles.
Le TRIANGLE méridional, au bord de
la voix lactée, près de V Oiseau de paradis,
n'a rien de remarquable.
L'autel est de même situé sur le bord
de la voie lactée.
Le PAON, invisible dans nos climats ,
est situé entre V Autel, l'Oiseau de paradis,
l'Hydre mâle , le Toucan, et l'Indien,
L'indien est invisible.
Le TOUCAN , invisible.
La GRUE, invisible.
Le PHÉNIX , invisible.
Constellations situées autour du pôle antarctique.
La DoBADE ou XiPHiAS.
Le Poisson volanx.
Le Caméléon.
L'OlSEAD DE PABADIS.
L'Hydrb mIle.
La voix lactée, que le vulgaire appelé le chemin de Saint-Jacques , et les
astronomes galaxie, est une grande trace de lumière blanche et diffuse,
qui, à peu près du nord au sud, entoure le ciel en forme de ceinture, et
qui, vue au télescope, se résout en une multitude innombrable d'étoiles
distinctes. Les anciens l'attribuaient à quelques gouttes de lait qui tom-
bèrent de la bouche d'Hercule, lorsqu'il était suspendu aux mamelles de
Junon.
Une goutte de lait dans la plaine éthérée
Tomba, dit-on, jadis du haut du firmament.
La Nuit , qui sur son char passait en ce moment,
Vit ce pâle sillon sur sa mer azurée ,
Et, secouant les plis de sa robe nacrée,
Fit au ruisseau céleste un lit de diamant.
Les Grecs , enfants gâtés des filles de Mémoire ,
De miel et d'ambroisie ont doré cette histoire ;
Mais j'en veux dire un point qui fut ignoré d'eux.
C'est que , lorsque Junon vit son beau sein d'ivoire
En un fleuve de lait changer ainsi les cieux,
Elle eut peur tout à coup du souverain des dieu».
Elle voulut poser ses mains sur sa poitrine ,
Et, sentant ruisseler sa mamelle divine,
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE. 3^5
Poui' épargner l'Oljmpo , elle su détourna;
Le soleil était loin , la terre était voisine;
Sur notre pauvre argile une goutte en tomba.
Tout ce que nous aimons nous est venu <lc là. ( Althcd ue Musset. )
Qui ne préférerait ces dix-huit vers à tous les feuilletons de Jules Janin?
Ce ne pourrait être que Midas on M. Cuvillier Fleury.
Planètes et Satellites.
Un mot d'abord sur le système planétaire. Parmi les astres sus-
pendus dans l'espace , les uns brillent de leur propre lumière , et
paraissent garder la même situation les uns par rapport aux au-
tres. On les nommes étoiles fixes. Le nombre en est incalculable.
Pour s'en rendre compte , on les a divisés par groupes , appelés
constellations. Nous venons d'en faire plus haut le résumé succinct.
D'autres astres , qui changent de situation les uns à l'égard des
autres, et par rapport aux étoiles fixes, sont nommés plmiètes (du
grec planètes , errant). Ces derniers astres sont opaques et ne pa-
raissent lumineux que parce qu'ils réfléchissent la lumière du soleil.
Le soleil, qui est le centre de notre système planétaire, est un
corps sphérique et lumineux, dont la nature est encore un pro-
blème pour nous. L'opinion la plus répandue lui donne un noyau
solide et obscur, entouré d'une atmosphère lumineuse. Le dia-
mètre du soleil n'a pas moins de 320 mille lieues, et son volume est
plus d'un million 300 mille fois celui de la terre. Sa densité est à
celle de la terre comme est 1 à 2343. On a reconnu, par le dépla-
cement et le retour périodique des taches que présente sa surface,
qu'il exécute sur lui-même, d'occident en orient, un mouvement
de rotation en 25 jours et 12 heures. Sa lumière , qui nous arrive
en 8 minutes et 13 secondes, parcourt en une seconde 6896S lieues.
Voici comme on le représente dans les livres
Les planètes exécutent deux mouvements , l'un de rotation sur
«lles-mèmes, l'autre de révolution autour du soleil, d'occident en
orient. Les anciens ne connaissaient que six planètes, savoir:
Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter , Saturne. Les modernes
en ont découvert cinq autres , Testa, Junon, Cérès, Pallas, et Ura-
nus , toutes trop petites ou trop éloignées pour qu'on en puisse
apprécier la rotation. Quatre d'entre elles, Vesla, Junon, Cérès, et
Pallas, sont trop petites pour pouvoir être aperçues sans le secours
d'une lunette; ce qui les a fait appeler télcscopiqnes.
T. H. «5
•"j 1 î <:i.EF I)E LA LANGUE ET DES SCIENCES.
L'ensemble des planèlcs qui se meuvent autour du soleil, comme
autour d'un centre commun , est ce qu'on appelé système plané-
taire.
TABLEAU DES
PLANETES.
NOM
«los
PLANÈTES.
u
S
5
w S £
p.- —
o 5^
DISTANCE
niojeirne
(les plaiièles
au soleil.
DUBÉE
de leur
ROTATIOS
DURÉE
<le leur
RÉVOLUTION.
ÉPOQUE
de leur
DÉCOUVEBTE.
t
ç
Mercure.
Vénus.
La Tebre.
Mars.
Vesta.
Junon.
Cèrès.
Pallas.
Jupiter.
Saturne.
Uranus.
ikats.
1,180
2,785
2,665
1,921
inconnu
1
.1
10
1
G
13,450,000
25,000,000
34,500,000
53,000,000
82,000,000
92,000,000
95,000,000
96,000,000
180,000,000
329,000,000
662,000,000
24 h. 5'
23 —21'
23 —56'
24 -31'
9—56'
10—16'
88 jours.
224 j. 17 h.
365 j. 5 h. 49'
1 an 322 j.
3 — 240 j.
4 — 130 j.
4 — 220 j.
4 — 221 j.
11 — 315j.
29 — 166 j.
84- 7j.
Olbcrs, 1807.
Harding, 1804
Piazzi, 1801.
Olbcrs, 1802.
Herschel, 1781
32,6M
28,601
1,470
887
77
Les planètes ne se meuvent pas toutes dans un même plan; leurs
orbites sont inclinées les unes par rapport aux autres. Celles qui
étaient connues des anciens ne sortent jamais dans leur révolution
de la zone du zodiaque; mais les orbites de Junon, de Cérès, et de
Pallas ont plus d'inclinaison.
Deux forces règlent tous les mouvements des planètes : la force
centripète on force d'attraction, de gravitation , et \a force centri-
ftige ou force de projection. La force centripète est celle en vertu
de laquelle tous les corps célestes s'attirent en raison directe des
(1) C'est à dire que l'attraction est deux fois plus forte dans un corps
deux fois plus grand , et quatre fois plus faible dans un corps plus éloigné.
Le soleil étant le plus grand corps du système solaire attire sans cesse tous
les autres.
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE. •^4^>
masses el en raison inverse du quarrc des distances. La force cctilri
fuge est celle qui tend à faire mouvoir les planètes enligne droite,
mais qui , combinée avec la force centripète , les force à décrire des
ellipses dont le soleil occupe un des foyers. Cette force est d'autant
plus grande que l'astre est plus rapproché du soleil. Aussi remar-
que-t-on que les astres les plus éloignés du soleil s'avancent plus
lentement dans leur orbite. De ce que l'orbite des planètes n'esf
pas un cercle parfait, mais une ellipse, il résulte que leur éloigne
ment du soleil n'est pas toujours le môme. Le point de leur orbil
où elles sont le plus près du soleil s'appèle périhélie (du grec péri,
autour, ethélios, soleil) j celui où elles s'en trouvent le plus éloignées,
aphélie (du grec apo, loin , el hélios, soleil).
Autour de quelques planètes tournent de petits corps opaques
qu'on nomme satellites. Jupiter eu a quatre, Saturne sept, Uranus
six , et la Terre un qui est la lune.
Voici l'article lune de notre grand dictionnaire.
Lune. s. f. ( Du latin liina. ) La lune
est une planète quarante-neuf fois plus
petite que la terre , dont elje est satellite,
et autour de la quelle elle tourne, d'occi-
dent en orient , à peu prrs en vingt-sept
jours , l'éclairant , la nuit , suivant ses
phases , de la lumière qu'elle réfléchit du
soleil. Le corps, l'orbilc, le cercle, le globe,
le disque de la lune. Le limbe de la lune.
L'atmosphère de la lune. Il n'est pas sûr que
la lune ait une atmosphère. Les phases , les
quartiers de la lune. Les quatre phases de
la lune sont la nouvelle lune, le premier
quartier , la pleine lune , et le dernier quar-
tier. Les nœuds de la lune. Les taches de la
lune. Endroits moins propres que les au-
tres à réfléchir vers nous la lumière du
soleil. (Je suppose que ce sont les terres,
tandis que les parties plus brillantes et plus
unies constituent l'océan de la lune. )
L'ombre de la lune. L'orbite de la lune est
une ellipse dont la terre occupe un des
foyers. La distance de la lune à la terre est,
terme moyen , de près de 86000 lieues, sa
plus grande distance étant de91/i.'50lieues,
et sa plus petite de 80105. La lune est pé-
rigée OH dans son périgée. Elle est au point
de son orbite le plus voisin de la terre.
La lune est apogée ou dans son apogée. Elle
est au point de son orbite le plus éloigné de
la terre. La lune pèse vers notre globe, et sa
pesanteur est en raison inverse du quarrèdc
sa distance au centre de la terre. Le volume
de la lune est moindre que celui de la terre ,
mais sa densité est à peu près quatre fois-
plus grande. Outre son mouvcmcnl de révo-
lution autour de la terre, la lune a un mou-
vement de rotation sur elle-même , qu'elle
exécute dans le mime temps. Le mouvement
diurne de la lune d'orient en occident n'est
qu'un mouvement apparent qui a pour cause
le nwuvcment diurne de la terre sur son
axe d'occident en orient. La lune n'étant
pas lumineuse par elle-même , nous n'en
apercevons que la partie éclairée par le
soleil ; c'est pour cela que dans sa révo-
lution nous la voyons sous diOerenls as-
pects ou phases. Conjonction de la lune ,
Rencontrede la lune avec le soleil dans un
même point du zodiaque; point de son
orbite dans lequel elle se trouve entre le
soleil et la terre. Quand la lune est en
conjonction, elle n'est pas visible ; parce
que l'hémisphère qu'elle tourne vers la
terre est tout à lait dans l'ombre ; et c'est
alors le temps de la nouvelle lune. La lune
en s'avançant dans son orbite moutre pru
gressivement sa partie éclairée , et parar
d'abord sous la forme d'un croissant lumi-
neux, dont les extrémités ou cornes sont
tournées vers l'est. Le croissant de la lune,
ou simplement , le croissant. La lune est
<>lfi CLEF DE LA LANQUE ET DES SCIENCES
dans son croissant. Le premier quartier de ta
lune, La lune est dans son premier quartier,
quand , le huitième jour de sa révolution ,
elle paraît sous la forme d'un dcuii-cercle,
la moitié de sa partie éclairée étant alors
tournée vers la terre. Pleine lune. Espace
qui est depuis le quatorzième jour jusqu'au
vingt-unième de la lune. Kous sommes
dans la pleine lune. La lune est dans son
plein, lorsqu'ayant accompli, le quinzième
jour, la moitié de sa révolution, elle tourne
vers la terre toute sa partie éclairée, et
paraît tonte ronde. La lune dans son plein
est en opposition avec le soleil. La lune était
avant-hier dans son plein , elle est mainte-
nant en dccours , dans son décours. Le dé-
cours de la lune. Le dernier quartier de la
lune. Nous sommes au dernier quartier de la
lune. Sur la fin de la lune. Au dcctin de la
lune. Quand la lune est sur son déclin, on
la voit de nouveau Sduslaforme d'un crois-
sant dont les cornes sont tournées vers
l'ouest. L'âge de la lune. Le temps qui s'est
écoulé depuis que la lune est renouvelée.
Par l'épacte on connaît l'âge de la lune. La
lune a tant de jours. Nouvelle lune. C'est au-
jourd'hui nouvelle /«ne, C'est aujourd'hui que
la lune commence. Nous aurons pleine lune,
nouvelle lune tel jour. La luneestdans ses sy-
zygies. Elle est en conjonction ou en oppo-
sition avec le soleil. Ln lune est en quadra-
ture. Elle est éloignée du soleil juste d'un
quart de cercle. Au premier et au dernier
quartier, ta lune est en quadrature avec te
soleil. Les quadratures de la lune. La lune ,
quoiqu'elle parcoure son orbite en vingt-
sept jours et moins de huit heures , ne
se renouvelle qu'au bout de vingt-neuf
jours et douze heures , parce que , pen-
dant ce temps la terre s'étant avancée dans
l'écliptique , il J'aut deux jours et quatre
heures de plus pour que la lune puisse se re-
trouver en conjonctiou avec la terre et le
soleil. Voyez plus loin , Lunaire. La lune
en parcourant son orbite d'occident en
orient semble retarder tous les jours d'en
viron cinquante-une minutes sur le soleil.
Au moment de la conjonction, la lune passe
au méridien à midi en même temps que le
soleil ; dans le premier quartier , elle n'y
arrive qu'à six heures du soir; à minuit
seulement dans la pleine lune , et à six
heures du matin le jour du dernier quar-
tier; de sorte que pendant une lunaison
on ne compterait que vingt-huit jours et
demi d'après la lune , tandis qu'on en
compte un de plus d'après le soleil, La
tune a des éclipses, souffre des éclipses. Une
éclipse de lune. Les éclipses de lune 07it lieu
par l'interposition de la terre entre la lune et
le soleil, au moment de l'opposition ; et les
éclipses de soleil par l'interposition de la lune
entre ta terre et le soleil, au moment de la con-
jonction. S'il n'y a point chaque mois une
éclipse de lune et une éclipse de soleil, c'est
que l'orbite de la lune n'est point comprise
dans celle de la terre. L'orbite de la lune ,
inclinée de cinq degrés sur l'écliptique , le
coupe en deux points que l'on appelé ,
l'un , le nœud ascendant ou la tète du dra-
gon , et l'autre , le nœud descendant ou la
queue du dragon ; de sorte que dans les sy-
zygies la lune est tantôt au dessus, tantôt
au dessous de la ligne qui joint le soleil a
la terre , et qu'alors les rayons du soleil ne
sont point interceptés. Les éclipses n'ont
lieu que lorsque la lune se trouve ii l'un
des nœuds, ou très-près de l'un des nœuds
au moment de la conjonction ou de l'op-
sition. Les éclipses de lune sont totales,
ou partielles ; totales, lorsque la lune
pénètre tout entière dans l'ombre de la
terre ; partielles , quand la lune n'y péné-
tre quen partie. Les éclipses de lune sont
visibles de la même manière pour tous les
hubitants de l'hémisphère qui aperçoivent
cet astre au moment où il va s'éclipser. La
lune est trop petite pour cacher le soleil ci toute
la terre. Aussi les éclipses de soleil ne sont-
elles visibles que dans quelques pays , et
on ne les aperçoit pas partout de la même
manière. Le soleil et la lune ne sont pas scu 's
sujets aux éclipses. La lune passe dans l'hé-
misphère boréal par le nœud ascendant , et
dans l'hémisphère austral par le nœud des-
cendant. Les 7iœuds de la lune ne sont pas
fixes et immobiles , ils parcourent les douze
signes du zodiaque d'orient en occident dans
t'espace de dix-neuf^ ans. C'est cet espace
de temps qu'on nomme cycle lunaire; et le
nombre dont on se sert pour marquer cha-
que année du cycle lunaire, s'appèle le
nombre d'or. L'apogée de la lune, encore
moins immobile que les nœuds de son or-
bite , parcourt tous les jours d'occident en
orient six minutes quarante-une secondes,
une tierce, et achève par conséquent son
mouvement périodique dans l'espace de
neuf années. Lumière cendrée de la lune.
Lumière faible qu'on aperçoit au dedans
du croissant, et qui lait entrevoir le disque
entier de la lune, quoique le soleil n'en
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
517
éclaire qu'une petite partie. Description de
la lune ou sélénoi^rapliie. Cartes de la lune
ou cartes sélénograplnques. Clair de lune. Il
fait un beau clair de lune. Danser , lire au
clair de la lune. La Uimicre argentée de la
lune. Quelques chiensaboicnt la lune, aboient
à la lune. L'amour ressemble à la lune:
quand il ne croit pas , il faut qu'il diminue.
Lune, en termes de Mythologie, divi-
nité : Isis , chez les Egyptiens ; Séléné ,
chez les Grecs ; Diane , chez les Romains.
En Syrie et en Mésopotamie on en faisait un
Dieu et non une déesse; on l'appelait Lunus.
Fig. et fam., Aboyer à la lune. Crier
contre une personne à qui l'on ne peut
faire de mal. Prov. et fig, , Fouloir pren-
dre la lune avec les dents , Vouloir faire
une chose impossible. Faire un trou à
la lune. S'en aller furtivement et sans
payer ses créanciers. Fig., Ce cheval est
sujet â la lune , Il est lunatique, il a la vue
grasse , sa vue se charge et s'obscurcit de
temps en temps.
C'est une lune, une pleine lune, un visage
de pleine lune. Se dit familièrement d'une
personne qui a le visage fort plein et fort
large. On dit de même , Avoir un visage
de pleine lune.
Lune, Lunaison , temps d'une lune à
l'autre. La lune de mars , d'avril , etc., La
lune qui commence en mars en avril. Nous
sommes encore dans la lune d'avril, A quel
quantième de la lune sommes-nous? Lune
rousse, hune d'avril. On craint la lune rousse
à cause des vents froids et secs dont elle
est ordinairement accompagnée , et qui
font tort aux fruits.
Lune se dit poétiquement pour mois.
Depuis quatre tunes.
Lune de miel. Premier mois du mariage.
Lune, signifie encore, figurément et fa-
milièrement , Caprice , fantaisie. Avoir
des lunes. Il est dans sa bonne, dans sa
mauvaise lune. Il est de bonne, de mau-
vaise humeur. Prendre quelqu'un dans sa
bonne lune , Avoir affaire à lui quand il est
de bonne humeur.
. Lune, en termes d'Alchimie , Argent.
Lune cornée, en termes de Chimie an-
cienne , Muriate d'argent.
Lune, en termes de Blason , Argent.
Les Anglais nomment lune l'argent des
écus des princes, /)cr/e celui des armoi-
ries des pairs, et argent le blanc des ar-
moiries des membres de la chambre basse.
Pierre de lune, en Histoire naturelle.
Espèce d'agate nébuleuse ou d'opale d'un
blanc de lait , qui réfléchit la lumière
comme le fait la lune.
Lune de mer ou mole (en lat. mola), poisson
argenté qui brille la nuit. Les lunes forment
un genre établi aux dépens des tétraodons.
C'est ainsi qu'est traité chaque article de notre grand dictionnaire.
Ou est prié de comparer.
Phases de la Iiune.
^) Pleine Lune.
^ Dernier Quartier
^) Nouvelle Lune.
Premier Quartier.
518
r.I.EF nE LA LAiNOUE ET DES SCIE.\CES.
Aspects dos Planètes.
pcf Opposition.
çf' Conjonclion,
^ Sexlil aspect.
I 1 Quadrat aspect ou quadrature
A ïrin aspect.
)
Nœuds.
Ces signes sont surlout en usage dans le calendrier. Or , en fait
d'astronomie , le calendrier est ce qu'il eslle moins permis d'igno-
rer. Nous allons en dire un mol en passant.
Ca/enrfr/c»' dérive Aft calendes , qui était
le premier jour du mois chez les Romains.
On entend par ce mot un livre ou tableau
qui contient l'ordre et la suite de tous les
jours de l'année. Romulus avait compose
l'année de trois cent quatre jours divisés
en dix mois, dont mars était le premier.
Knma Pompilius fixa la durée de Vannée so-
lairpii trois cent soixante-cinq jours, et celle
de Vannée lunaire à trois cent cinquante-
quatre. 11 voulut en conséquence que l'an-
née fût composée de douze mois, alterna-
tivement de vingt-neuf et de trente jours,
et que de deux en deux ans on ajoutât un
mois intercalaire, alternativement de vingt-
deux et de vingt-trois jours.
Le soin, confié aux pontifes, d'accorder
les années avec les mouvements célestes,
ayant été négligé, le calendrier romain
était tombé du temps de Jules César dans
une telle confusion , que l'équinoxe civil
s écartait de l'équinoxe astronomique de
près de trois mois, et que l'ordre des sai-
sons se trouvait interverti. César, d'après les
conseils de l'astronome Sosigène, adopta
l'année astronomique de trois cent soixante
cinq jours, et ordonna que, tous les quatre
ans, on ajouterait au dernier mois un jour,
pour former une année de trois cent
soixante-six jours, qui fut appelée bissex-
tile.
CALENDRIER ROMAIN.
Le calendrier romain, établi par Jules
César, ne diflFère du nôtre que par la di-
vision des mois.
Le premier jour de chaque mois, chez
les Romains, s'appelait calcndcf ( katendœ,
de calare, en grec kalein , appeler, procla-
mer) , parce que ce jour-là un des petits
pontifes appelait le peuple au Gapitole, lui
annonçait les fêtes qu'il avait à célébrer
pendant le mois, et lui apprenait combien
de jours devaient s'écouler jusqu'aux noncs.
qui arrivaient le 7 dans les mois de mars,
mai, juillet, octobre, et le 5 dans les autres,
et qui désignaient le 9* jour avant les ides,
( Le mot ides vient du verbe étrusque
iduâre, diviser, parce que ce jour divisait
le mois en deux portions presque égales.)
Mars, Ma
Juilli-t, Octo-
bre.
.1/aiHs, Jultui
nu Quirtiili!
Ociohcr.
31 jours.
I.BNOES.
des
noues.
(autc
nonQs.j
•itletles no7ics
VIII
vu
VI
V
IV
lU .
ïeïUu de£l(]es
des
ides.
(anlc
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KVIII
XVI
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XIV
XIII
XII
XI
X
IX
VIII
vu
VI
V
IV
III
Tf'ille des
calendes du
mois suivant.
Janvier,
Août,
Décembre.
Sextilis, Vc-
rcinber,
31 jours.
< JI.EXDES.
IV ( des
m ( nones
veUlcdcs nones
des
ides.
VIII
VII
YI
V
IV
III
veille des ides
IDES.
XIX
XVIII 1
XVII
xvr
XV
XIV
XIII
XII
XI
X
IX
VIII
VII
VI
V
IV
III
veille des
calendes du
mois suivant-
Avril, Juin,
Septembre ,
Aovembre.
Apy'dis,
Juiiius,
Septeinbt-r,
Novemhcr.
30 jours.
CALEXniS.
IV \ des
Ilï J nones.
veille tics nones
XOXES.
VIII \
VII j
VI [ des
V f ides.
IV \
III /
veille des ides
IDES,
XVIII
XVII
XVI
XV
XIV
XIll
XII
XI
\
IX
VIII
VII
VI
V
IV
III
veille
des calendes
du mois
suivant.
Febt'uartus
28 jouis,
et tous le
4 ans,
29 jours.
CAI.EMIKS.
IV \ des
III ) nones.
veille des nutic
NOStS.
V1II\
VII
VI l des
V f ides.
IV \
III /
Veille des ide
an bis-
XV11\ c
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VIII 7-
VII H
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m -^
eille
des
calendes
de
mars.
IDES
XVI
XV
XIV
XIII
XII
XI
X
IX
VIII
VII
VI
V
IV
III
(1; BisscjTli/ vient de bissextus (deux fois sixième) enfran-
(^ais/'i'sscx/e, addition qui se fait d'un jour tous les (juatre ans
au mois de février. Ce jour était, chez lesPiomains, non le
29, mais le 25. C'est pour le distinpuer du 2'( , qui , dans les
années ordinaires, était aussi le sixième jour avant les calen-
des de mars, qu'on l'appelait bifsexius.
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
Hi9
Comme on le voit par ce taUeau, les Romains comp-
taient les jours en les rapportant aux cateiidesy aux ttoncs,
ri aux ides. Ainsi ils disaient te guatrii-me , ic troisième
des calendes , des nones , des ides ; la veille des calendes .
des nanes, des ides. Le jour d'où l'on comptait était
considéré comme le premier dans la série de jours qui
le précédaient, et l'on disait- 'c tioisicme des calendes ,
des nones , des ides, là où il semble qu'on eOt dû dire te
deuxième des calendes , etc. C'est que les jours qui précé-
daient les calendes , les nones , les ides , étaient aussi
comptés comme calendes^ nones, ides. Les calendes étaient
des jours de fêtes , dont le lendemain était réputé néfaste
(regardé comme funeste'. Le payement des dettes était fixé
aux calendes de chaque mois. Aux calendes de mars coni'
mençait Pannée romaine , à celles de janvier tes cotisais en-
traient en charges. Les calendes étaient consacrées « Jtinon.
Prov. et lig. , lienvttyer aux calendes grecques^ Renvoyer
indéfiniment. Cela se dit parce que les Grecs n'avaient
point de calendes, mais des néoménies. Les ides de mars
furent fatales à Jules César. Le matin des ides de septembre
{ le 13 septembre ^ , Crassus se rendit au sénat sur tUnvita-
iion de Drusus.
On a faitlcsdeux vers latins qui suivent pour indiquer
combien de jours on doit compter avant les nones et les
tdcs de chaque mois.
Sex niaius uoiiâs; oct )ber, julius, etuiars,
Quatuor at reliqui ; dabit idus quilibet octo.
Mai, octobre, juillet, et mars donnent six jours de no-
ues; les autres quatre. Chaque mois donne huit ides.
Les Romains ne connaissaient pas la division du mois
en semaines de sept jours jhebdomadesj. Cependant ils
paraissent avoir eu des semaines de huit jours (ogdtiadesj,
après les quelles se tenaient les marchés, appelés nundincs,
parce qu'il venaient tous les neuf jours.
Les semaines de sept jours furent introduites par les
chrétiens, qui les prirent des Juifs.
Le jour se composait de douze heures.
La première commençait à six heures du matin.
Les douze heures de la nuit se divisaient en quatre
veilles, et chaque veille se composait de trois heures. La
première commençait a six heures du soir .
Jours de la semaine. '
Dimanche,
Solis
V Jour du Soleil.
Lundi,
Lunœ
\ Jour de la Lune
Mardi,
Martis
r Jour de Mars.
Mercredi,
Mercurii
> dies. Jour de Mercurj
Jeudi,
Jocis
1 Jour de Jupiter.
Vendredi,
Venerii
J Jour de Vénus.
Samedi,
Saturni
' Jour de Saturne
Solis dies et saturni dies sont remplacées en latin par do-
minica d'es et subbali dies.
Le pape Grégoire XIII réforma le calen-
drier julien.
L'année julienne étant trop longue de
11 minutes 15 secondes, il devait en résul-
ter à la longue une anticipation sensible
de l'année solaire sur l'année civile. Les 11
minutes après 131 ans taisaient un jour en-
tier, et il se trouva qu'en 1581 l'équinoxe
du printemps, qui tombait au 21 mars en
325 , avait rétrogradé de dix jours pendant
l'espace de 1256 ans, et arrivait le 11 de
ce mois. Pour remédier à cet inconvénient,
Grégoire Xlll retrancha 10 jours de l'an*
née 1582 , et le lendemain du 4 octobre on
compta le 15 au lieu de compter le 5.
Pour empêcher le même désordre à l'ave-
nir, il prescrivit l'addition d'un jour, tous
les quatre ans , au mois de février , le quel
est alors de 29 jours. Ce jour supplémen-
taire se nomme bissextc, et l'année où il se
rencontre bissextile. On le supprime de la
dernière de chaque siècle pendant trois
siècles consécutifs, pour le rétablir au qua-
trième. Ainsi l'an 1600 ayant été bissextil,
1700, 1800, 1900, ne peuvent l'être. 200O
le sera. Les 97 jours qu'on répart ainsi sur
une durée de liOO ans ne laissent plus sub-
sister qu'une différence insensible entre
l'année civile et l'année solaire. On dit de-
puis, Vannée grégorienne, comme on disait
auparavant , l'année julienne. \i^i calendrier
julien ou vieux calendrier, encore en usage
chez les Russes et chez les Grecs, retarde
maintenant de douze jours.
A son tour la convention Nationale, se
croyant appelée à tout reformer, substitua
par un décret du 24 novembre 1793, au
calendrier grégorien, un calendrier entiè-
rement basé sur le système décimal. L'crc
des Français data de la première année de
la République , c'est à dire , du 11 septem-
bre 1792 , à minuit. L'année se divisa en
douze mois de trente jours chacun, suivis
de cinq jours complémentaires , appelés
sans-culottides. De quatre en quatre ans, à
ces cinq jours on eu ajouta un sixième , et
cette période de quatre ans reçut le nom
de Franciade , en mémoire de la Révolu-
tion, qui après quatre ans avait conduit la
France au gouvernement républicain. Les
noms des mois fin-ent, pour l'automne,
l'endémiaire, brumaire, frimaire; pour l'hi-
ver, nivôse, pluviôse, venlosc (1) ; pour le
printemps, germinal, floréal, prairial; pour
l'été , mess jVoc , thermidor, fructidor (2),
Voir la Métltode du Genre, page 310. Cha-
(i) Rieu n'autoiise la présence de l'accent circonflexe sur To de ninose, pluviôse, venlosc,
(2) Ces mots sont parfaitement compose's. « Grâce à quelques têtes étroites, dit M. Tenint,
notre langue s'est faite pauvre volontairement et de gaieté de cœur, et quant aux mots qu'il a Lien
fallu créer pour le besoin des idées et des choses nouvelles, sous prétexte d'étymologie , on les a
faits les plus longs possibles. INous ne savons guère que la République qui ait osé créer des mots
nouveaux aussi harmonieux que s'ils étaient ptiniilifs ; et certes fe'tymologic s'y rclrouvc tout aussi
Lien que dans les autres qui s allonjjcul ii l'iiifiui, Aussi est-ce uu poète , Fabrc dEglantinc, qui les
a inventes, »
«20
ClyEF DE LA ;>/VX4GUB ET DES SCIENCES.
que mois fut divisé en trois parties égales
de dix jours chacune, appelées décades. Les
noms des jours de la décade furent priinidi,
dttodi, Iridi , quartidi, quinttdi, sextidi, oc-
iidi, nonidi, décadi. On substitua au nom
des saints des noms de végétaux, d'ani-
maux, d'instruments aratoires, etc.
Le calendrier républicain fut aboli par
un décret du 21 fructidor an xiii (1805).
TABXE DE CONCORDANCE
ENTRE LE CALENDRIER FRANÇAIS ET LE CALENDRIER
GRÉGORIEN.
An II.
1793 — 1794.
An III.
1794 — 1795.
An n .
1795—1796.
1 Vendémiaire.
15
22septem.l793
6 octobre. —
22 — —
5 novemb. —
21 — —
5 décemb. —
21 — -
5 janvier 1794
20 — —
4 février. —
19 — —
5 mars. —
21 — —
4 avril. —
20 — —
3 mai. —
20 — —
3juin. —
19 - -
3juillel. —
19 — —
3 août. —
18 - -
Sseptera. —
21 — —
22septem.l794
5 octobre. —
22 — —
5 novemb. —
21 — —
5 décemb. —
21 — —
4 janvier 1795
20 — —
3 février. —
19 — —
5 mars. —
21 — —
4 avril. —
20 — —
4 mai. —
20 — —
3 juin. —
19 — —
3 juillet. —
19 — —
2 août. —
18 — —
1 septeni. —
22 — —
23septem.l795
7 octobre. —
23 — —
6 novemb. —
22 — —
6 décemb. —
22 - -
5 janvier 1796
21 — —
4 février. —
20 — —
5 mars —
21 — —
4 avril. —
20 — —
4 mai. —
20 — —
3 juin. —
19 — —
3 juillet. —
19 — —
2 août. —
18 — —
1 septcm. —
21 — —
1 Brumaire ....
15
1 Frimaire
15
1 Nivôse
15
1 Pluviôse
15
1 Ventôse
15
1 Germinal. . . .
15
1 Floréal
15
1 Prairial
15
1 Messidor
15
1 Thermidor. . .
15
1 Fructidor.. . .
15
5«jourcomplém.
I
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
S2Î
1 Vendémiaire.
15
1 Brumaire. , . .
15
1 Frimaire
15
1 Nivôse.. .... .
15
1 Pluviôse
15
1 Ventôse . . . . .
15
1 Germinal . . . .
15
1 Floréal
15
1 Prairial
15
1 Messidor
15
1 Thermidor. . .
15
1 Fructidor. . . .
15
5« jonrcomplém,
1 Vendémiaire.
15
1 Brumaire . . . .
15
1 Frimaire
15
1 Nivôse
15
1 Pluviôse
15
1 Ventôse
15
1 Germinal . . . .
15
1 Floréal
15
1 Prairial
15
1 Messidor
15
1 Thermidor. . .
15
1 Fructidor. . . .
15
Séjour complém.
T. II.
An V.
1796 — 1797.
22septem.l796
6 octobre. —
22 — —
5 novemb. — ■
21 — —
5 décemb. —
21 — —
4 janvier 1797
20 — —
3 février. —
19 — —
5 mars. —
21 — —
A avril. —
20 — —
U mai. —
20 — —
Sjuin. —
19 - —
3 juillet. —
19 — —
2 août. —
18 — —
1 septem. —
21 — —
An VI.
1797 — 1798.
22 septem. 1797
6 octobre. —
22 — —
5 novemb. ^-
21 — —
5 décemb, —
21 — —
/i janvier 1798
20 — —
3 février. —
19 — —
5 mars. —
21 — —
4 avril. —
20 — —
i mai. —
20 — —
3 juin —
19 — —
5 juillet. —
19 — —
2 août. —
18 — —
1 septem. —
21 — —
An Vil.
1798 — 1799.
22 septem. 1798
6 octobre. —
22 — —
5 novemb. —
21 — —
5 décemb. —
21 — _
A janvier 1799
20 — —
3 février. —
19 — —
5 mars. —
21 — _
4 avril. —
20 — —
/imai. —
20 — —
3 juin. —
19 - -
3 juillet. —
19 — —
2 août. —
18 — —
1 septem. —
22 — —
An VIII.
1799 — 1800.
23 septem. 1799
7 octobre. —
23 — —
6 novemb. —
22 — —
(j décemb. —
22 — —
5 janvier 1800
21 — —
4 février. —
20 — —
6 mars. —
22 — —
5 avril. T —
21 - —
5 mai. —
21 — —
ijuin. —
20 — —
h juillet. —
20 — —
f 3 août. —
19 — —
2 septem. —
22 — —
An IX.
ISOO — 1801.
An X.
1801 — 1802.
23 septem. 1800
7 octobre. —
23 ~ —
6 novemi). —
22 — —
6 décemb. —
22 — —
5 janvier 1801
21 — —
h février. —
20 — —
6 mars. —
20 — —
5 avril. —
21 — —
5 mai. —
21 — —
à juin. —
20 — —
/(.juillet. —
20 — —
3 août. —
19 — —
2seplrm. —
22 — —
23 septem. 1801
7 octobre. —
23 — —
G novemb. —
22 — —
6 décemb. —
22 — —
5 janvier 1802
21 — —
h février. —
20 ~ —
6 mars. —
22 — —
5 avril. —
21 — —
5 mai. —
21 — —
4 juin. —
20 — _
4 juillet. —
20 — —
3 août. —
19 — ~
2 septem. —
22 — —
6fi
322
CLEF DE L.V LANGUE ET DES SCIENCES.
An XI.
1802 — 1803.
An XII.
1803 — 1804.
24 septem. 1803
8 octobre. —
24 — —
7 novemb. —
23 — —
7 décemb. —
23 — —
Gjanvier 1804
22 — —
5 février. —
21 — —
6 mars. —
22 — —
5 avril. —
21 — —
5 mai. —
21 — —
4juin. —
20 — —
4 juillet. —
20 — —
3 août. —
19 — -
2 septem. —
22 — —
An XIII.
180/1 — 1805.
1 Vendémiaire .
15
23 septem. 1802
7 octobre. —
23 — —
6 novemb. —
22 — —
6 décemb. —
22 — —
5 janvier 1803
21 _ _
4 février. —
20 — —
6 mars. —
22 — —
5 avril. —
21 — —
5 mai. —
21 — —
4juin. —
20 — —
4 juillet. —
20 — —
3 août. —
19 — —
2 septem. —
23 — —
23 septem. 1804
7 octobre. —
23 — —
6 novemb. —
22 — —
6 décemb. —
22 — —
5 janvier. 1805
21 — —
4 février. —
20 — —
6 mars. —
22 — —
5 avril. —
21 — —
5 mai. —
21 — —
4juin. —
20 — —
4 juillet. —
20 — —
3 août. -—
19 — —
2 septem. —
22 — —
1 Brumaire. . . .
15
1 Frimaire
15
1 Nivôse
15
1 Pluviôse
15
1 Ventôse
15
1 Germinal. . . .
15
1 Floréal
15
1 Prairial
15
1 Messidor
15
1 Thermidor. . .
15
1 Fructidor. . . .
15
5^ jourcomplém.
An XIV.
1805.
1 Vendémiaire .
15
23 septem. 1805
7 octobre. —
23 — -
6 novemb. —
22 — —
6 décemb. —
22 — —
1 Brumaire.. . .
15
1 Frimaire
15
1 Nivôse
Le siècle est de cent ans. L'année est de douze mois.
NOM (1) DES MOIS AVEC LE NOMBRE DES JOURS CONTENUS
DANS CHACUN d'eUX.
Hiver.
Janvier, 31.
Février, 28 on 29
Mars, 31.
Printemps.
Avril , 30.
Mai , 31.
Juin , 30.
Été.
Juillet, 31.
Août , 31.
Septembre ,
Automne.
Octobre, 31.
Novembre , 30.
Décembre , 31.
(1) La |)lupart écriraient noms au pluriel. Nous mettons le singulier parce
qu'il ne s'agit que d'un nom pour chaque mois. La marque du pluriel ta-
rait entendre le contraire.
SlCiNES DIVERS. ASTllO^OJllE. o'io
Les mois se divisent en semaines. Cliaquc semaine esl composée
de sept jours, dont les noms sont tirés des planètes, Linidi, ']our
de la Lune; mardi, jour de Mars ; wicrcredi , jour de Mercure ;
jeudi, jour de Jupiter ; vendredi , jour de Vénus ; samedi, jour de
Saturne ; dimanche, jour du Seigneur. Dimanche était pour les an-
ciens le jour du soleil, le soleil étant, ainsi que la lune, considéré
par eux comme une planète.
Dans les calendriers on indique' quelquefois les jours de la se-
maine par les sept lettres A, B, C, D, E, F, G (1). Si l'année com-
mence par un mercredi , durant toute l'année ce jour est désigné
par la lettre A , le jeudi par B, le vendredi par C , le samedi par D,
le dimanche par E. La lettre qui indique le dimanche s'appelle
lettre dominicale.
Elle rétrograde d'un rang dans les années communes , parce
que l'année a un jour de plus que S2 semaines, et de deux rangs dans
les années bissextiles. Les années bissextiles ont deux lettres do-
minicales : l'une qui sert jusqu'au 1" mars, et l'autre depuis celte
époque jusqu'à la fin de l'année. Cela vient de ce que le mois de
février a alors 29 jours, et que l'on marque par la même lettre le
28 et le 29. E est la lettre dominicale de cette année. L'année pro-
chaine, ce sera G; en 1847 C. En 1848, année bissextile, B ser-
vira de lettre dominicale pendant les mois de janvier et de février,
et A pendant les mois suivants.
Voulez-vous savoir quelle sera la lettre dominicale de 1879 , par
exemple? Ajoutez au nombre 79, sans égard aux siècles, le quart
de ce même nombre , c'est à dire , 20, avec l'excès. Total 99. Di-
visez cette somme par 7.En99 combien de fois 7? 14 fois. Le reste
de la division est 1 . Retranchez ce reste de 6 , et la différence vous
indiquera la lettre dominicale cherchée, c'est à dire, E, en pre-
nant A pour 1 , B pour 2 , etc. Quand la différence est 0 , la lettre
dominicale est G.
Si l'on sait quel jour de la semaine est le \" d'un mois , on peut
aisément savoir à quel jour répondra chaque quantième du mois. 11
suffit pour cela de faire attention que le l*"^ , le 8, le 15, le 22 et le
29 correspondent au même jour. Que le l^^^ soit un lundi, le 22
sera aussi un lundi, et le 25 , qui arrive trois jours après , sera un
jeudi.
Il est de môme un moyen bien simple de distinguer les mois de
trente jours de ceux de trente et un. On n'a qu'à compter les mois sur
les quatre doigts de la main opposés au pouce. On dit janvier , sur
Vindex, février dans l'intervalle de ce doigt à l'autre , mars sur le
médium , et ainsi de suite en revenant à Xindex aussitôt après avoir
<\ii juillet sur le petit doigt. Chaque doigt indique un mois de trente
et un jours et chaque intervalle d'un doigt à l'autre un mois de
trente jours.
(1) Nous avons déjà traité cet article page /i3l, mais nous y revenons de
crainte de n'avoir pas été assez clair, ou de n'avoir pas tout dit.
524
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES,
l'êtes mobiles.
On cnlcnd par fiUcs les jonrs consacrés
parliciilièrenienl h drs actes de religion,
ainsi que les cérémonies religieuses par les
quelles on célèbre ces jours. Tous les peu-
ples ont eu leur culte public, et par consé-
quent leurs leles. Fc te solennelle. Célébrer,
solenniscr une fêle. Les fi tes des Egyptiens,
lies Romains , etc. Les pies de Jupiter, de
Jiinon, etc. Les païens célébraient la plupart
de leurs fctes par des sacrifiées et des jeux.
(AcAD.) Cbez les chrétiens, les fêtes sont
des jours où l'on célèbre le service divin,
en commémoration de quelque mystère,
on en l'honneur de quelque saint. Les quatre
grandes fêtes de l'année sont Pâques, la Pen-
tecôte, la Toussaint, et Noël. Fête double.
Fête plus solennelle qu'une autre, et où
dans quelques pays on double les antien-
nes. Fête semi-double. Fête simple.
On nomme fêtes mobiles celles qui ne
tombent pas au même jour de chaque an-
née. Elles sont presque toutes réglées sur
celle de Pâques.
La fête de Pâques a été fixée au premier
dimanche après la pleine lune qui suit l'é-
quinoxe du printemps ou qui arrive ce
jour-là. L'équinoxe du printemps ayant
lieu le 21 mars, et le mois lunaire étant de
29 jours, il suit de là que Pâques ne peut
jamais arriver plus tût que le 22 mars , ni
plus tard que le 25 avril.
Les autres fêtes mobiles sont :
La Sepluagésime, qui est le 9'' dimanche
avant Pâques (du latin septuagesima, sous-
entendu dies, soixante-dixième jour avant
Pâques) ;
LsiSexagésime, le 8"^;
La Quinquagcsimc , ou dimanche gras ,
le7«;
lie jour des Cendres . qui est le mercredi
suivant;
La Quadragésimc , G'^ dimanche avant
Pâques ;
lieminisccrc, le 5* ;
Ocull, le 4";
Lœtare, le 5";
La Passion , le 2« ;
Les Rameaux , le 1" ;
Le vendredi saint;
La Quasimodo, le l""» dimanche après
Pâques [quasimodo est h; premier mot de
l'introït de la messe de ce jour) ;
Les Rogations , prières publiques accom-
pagnées de jMocessions, que l'Eglise fait
pour les biens de la U-nv. pendant les trois
jours qui précèdent l'yJsccnsion (en lalin
rogalioncs, de rogarc, prier. ) ;
L'Ascension , le jeudi, quarantième jour
après Pâques (en latin ascensio, d'ascendere,
monter) ;
La Pentecôte ou fêle du Saint-Esprit , le
cinquantième jour après Pâques (en grec
pentccosié, de pentêkoslos , cinquantième);
La Trinité, fête en l'honneur de la Tri-
nité , le dimanche après la Pentecôte ;
La Fête-Dieu ou du Saint-Sacrement , le
jeudi qni suit le dimanche de la Trinité.
Cette fête fut établie en 426/i par le pape
Urbain IV , en mémoire de l'institution
du sacrement de l'Eucharistie. Elle ne fut
définitivement confirmée qu'en 1316 sous
Jean XXII. On ne commença à l'observer
en France qu'en 1318. Cette fêle est par-
ticulièrement distinguée par les proces-
sions solennelles où l'on porte avec éclat
par les rues le corps de Jésus-Curist. Elle
se célèbre à Vienne avec une pompe ex-
traordinaire , à la quelle contribue surtout
la présence de l'empereur et de l'impéra-
trice , ainsi que de tous les grands digni-
taires de l'empire , précédés de tous les
corps rouge et or de la garde impériale.
Têtes immobiles.
Les quatre dimanches de l' Aient. ( Du
lalin adventus, arrivée: temps qui annonce
l'arrivée de Jksus -Christ. ) On jeûnait
autrefois pendant l'avent trois fois la se-
maine. En 581 , on jeûna tous les jours à
partir de la fêle de Saint-Martin , d'oii il
fut appelé jeiine de Suint-Martin. L'avent
commence au dimanche le plus proche de
la fêle de Saint-André , du 27 novembre
au 3 décembre. Celte année l'Avent com-
mence le jour même de la fêle de Saint-
André, leSO novembre. Il commence le 14
novembre dans l'église grecque.
Noël, fête de la nativité de Notre Sei-
gneur. On en attribue l'institution au pape
Télespbore , mort en 138. Mais à cette
époque elle ne se célébrait point partout
le même jour, et on la confondait même
avec rÉpij)hanie. Ce ne fut que sous le
pontificat de Jules I" (337 à 352) que
l'époque de la fête de Noël fut invariable-
ment fixée par la toute chrétienté au 25 dé-
cembre. ( De natalis dies , jour nalal. )
L'Epiphanie, Fête de la manifestation
de jÉsus-CnHisT aux gentils, et particuliè-
rement de l'adoration des rois, appelée
aussi Le jour des Rois. Elle tombe le 6 jan-
vier. Autrefois on donnait ce noui . ainsi
que celui de Thcophanic, à la fêle de
Noël. (En grec cpiphania, de épi, sur, c'.
pliainù, je parais , je biillc. )
SIGNES DIVERS. ASTROQMIE.
La Purification on la Chandeleur , Fête
en l'honneur de la sainte Vierge , et en
mémoire de ce qu'elle se soumit comme
les autres remnics à la cérémonie légale de
la purifleation. Elle se célèbre le 2 février.
On la nomme aussi Chandeleur parce que,
ce jour-là, il se fait une procession où tous
les assistants portent des chandelles de cire
ou cierges,
1j' Annonciation , Fête en mémoire du
message de l'ange Gabriel à la Tierge pour
lui annoncer le mystère de l'incarnation.
On la célèbre le 25 mars.
L'Assomption , Fête en mémoire de
l'enlèvement miraculeux de la Vierge au
ciel par les anges, le 15 août. (En latin
assumptio, d'assumerc, prendre pour soi.)
A MARIB.
C'est aujourd'liui le jour auguste et solennel
Où la belle vierge ilarîe
Sur un cbar lumineux s'éJeva dans le ciel ,
Où vous irez , ma sœur cliérie.
Les anges empressés sur voUe front de lis
Poseront la sainte couronne,
El vous occuperez un Irûne de rubis
A côté de votre patronne.
Moi, plus heureux que vous, quoique moins méritant,
Quand Je vous vois, belle Marie,
Je possède déjà tout ce qui vous attend ,
Doux ange, dans votre patrie. (L.N,F/.c(u Dan.)
La Nativité de ta Vierge, le 5 septembre.
La Toussaint , La fête de tous les saints,
le l"'' novembre.
La Conception de la sainte Vierge, ou
simplement, la Conception, le 8 décembre.
Le Carême est un espace de temps qui
comprend quarante-six jours entre le mardi
gras et le jour de Pâques, et pendant le
quel les catholiques jeûnent tous les jours,
liors les dimanches, ce qui fait quarante
jeûnes. ( En latin quadragesima. )
On entend par Quatre-Temps les trois
jours où l'Eglise ordonne de jeûner au
de saint Léon, ce jeûne fut ordonné en
France par Charlemagne , en 7G9.
On apjièle Vigile, la veille de certaines
fêtes de l'Eglise calholique. La vigile do
Noi'l. La vigile de la Toussaint. L'église a
ordonne déjeuner certaines vigiles. Il est au-
jourd'hui vigile. La vigile est remise. La vi-
gile est avancée à cause du dimanche. Vigile
et jeûne. — Vigile des nwrts. Les matines et
les laudes de l'office que l'on dit ordinaire-
ment la veille d'un service pour un mort,
pour les morts. ( Du latin vigiliœ, parce
qu'autrefois les chrétiens passaient une
partie de la nuit en prières dans l'église, la
veille des grandes fêtes ; ce qui se pratique
encore parmi les Grecs. )
Oc^aie signifie huitaine. C'est l'espace de
huit joui s consacré, dans l'Eglise romaine
à solenniser quelque grande fête. Noël, Pâ-
ques, la Fête-Dieu, la Pentecôte, sont ac-
compagnées d'une octave. Octave de Pâ-
ques. Le premier, le dernier jour de l'octave.
Prêcher une octave, l'octave. 11 se dit parti-
culièrement du dernier jour de l'octave, qui
répond au jour de la fête qu'on célèbre.
C'est aujourd'hui l'octave du Saint-Sacre-
ment. Le jour de l'octave , l'office est plus
solennel que lesjours précédents. On nomme
octavaire le livre qui contient ce qu'on doit
réciter à l'église pendant les octaves. (En
latin octava , à'oclo , huit. )
Le Carnaval est le ten)ps qui s'écoule
depuis le 6 janvier, jour des Rois , jusqu'au
mercredi des Cendres. ( Selon Polili, des
mois latins carovale , adieu la chair , parce
qu'on mange alors beaucoup de chair pour
se dédommager de l'abstinence qui doit
suivre. ) Les divertissements du carnaval.
Le carnaval est uneinstiiution païenne qu'on
retrouve presque tout entière dans tes satur-
nales. Le plus célèbre carnaval était celui de
Venise , où l'on venait autrefois de toutes les
parties de l'Europe. Un des jours les plus
fjais du carnaval est te fnardi gras.
commencement de chaque saison de l'an-
née , et où les évêques ont coutume de
faire les ordinations. Déjà établi du temps
COMÈTES.
Oiilre les plauèles et leurs satellites , il y a dans le système pla-
nétaire une troisième espèce d'astres nommés comètes (en grec
kométes, Ae komc, chevelure), les quels décrivent des ellipses
tellement allongées, qu'ils ne nous deviennent visibles que dans la
partie de leur cours la plus voisine du soleil ; ce qui fait qu'ils
semblent paraître dans le ciel accidentellement. La tête de la co-
mète, La nébulosité plus ou moins lumineuse, et généralement de
ligure ovoide , qui semble former le corps de ces astres ; par oppo-
sition à la queue de la comète , La traînée de lumière vague qui les
accompagne ordinairement du rôle opposé au soleil. Quclqucfoi!>
^20 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
celle lueur paraît s'élendrc au delà de la têle vers le soleil 5 el alors
elle prend le nom de barhe de la comcle. D'autres fois aussi elle
enveloppe loute la tète , et on l'appelé la chevelure de la comète.
La tète des comètes, vue au télescope , présente souvent dans son
intérieur une petite masse de lumière plus condensée ; c'est ce
que l'on nomme le noyau de la comète. Comète chevelue. Comète
barbue. Comète à queue. Il parut une comète. L'apparition d'une
comète. Le mouvement d'une comète. Le cours d'une comète. Ob-
server une comète. Le peuple croit que les comètes sont des présa-
ges d'un événement funeste, f Acad.) Les comètes se meuvent dans
lotîtes les directions, à l'est, à V ouest, au nord, au sud. Les
comètes sont très-différentes de grandeur et d'éclat ; quelques unes
sont à peine visibles avec le télescope , tandis que d'autres occupent
le tiers et même la moitié du ciel par la longueur de leur queue. La
comète de 1811 , d'abord à peine visible , parut après son périhélie
avec îine queue immense et très-brillante. La proximité du soleil
en avait même vaporisé le noyau, de sorte que quelques astrono-
mes ont prétendu avoir aperçu les étoiles au travers. De quelle
nature sont donc les êtres qui habitent les comètes, pour pouvoir
vivre ainsi successivement dans la glace et dans le ïqwI Comète de
Hal/ey, comète dontHalIey a calculé la révolution, qui dure "Sans
et demi. On appelé comète à courte période une comète qui par-
court son orbite dans un peu moins de trois ans et demi; elle a re-
paru en 1832. Il est des comètes dont la révolution, à ce qu'on croit,
dure plusieurs siècles. Il eu est d'autres qui vont se perdre auprès
des étoiles fixes, et ne reparaissent jamais dans le système solaire.
Raisonnant par analogie, on a été conduit à croire que chaque
étoile fixe est un soleil, centre d'un monde comme le nôtre; que
par conséquent ce soleil est entouré de planètes ou terres , autour
des quelles tourbillonnent des satellites; que selon toute apparence
sont habités satellites et planètes , et qu'ainsi des millions de mil-
lions de mondes roulent sans fin dans l'espace , entraînant avec
eux un nombre inimaginables d'êlres créés. Hypothèse sublime qui
élève l'âme autant qu'elle écrase la raison.
Ces hommes orgueilleux qui se disent grands parce qu'ils sont
riches, ou qu'ils ont quelques syllabes de plus à leur nom , ont-ils
jamais songé à cela?
L'homme n'est grand que par la pensée.
O poète, esprit pur qui planes dans les cieux,
Brillantf^soleil parmi les soleils radieux,
Distingues-tu ce pâle atome
Perdu dans cet amas datomes qui, sans fin,
Tourbillonnent là-bas.dans le rayon divin?
Eh bien ! c'est le séjour de l'homme.
Là , sur ce mince grain qu'à peine l'œil peut voir ,
Sont des êtres ,'cela peut-il se concevoir?
Qui;s'intilulent ducs ou princes ,
Très-nobles et très-hauts el très-puissants seigneurs ,
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE. 527
Monarques, potentats, vois, sultans, empereurs,
Souverains de mille provinces.
Là ces vers orgueilleux, s'entourant de valets,
Décorant leurs vils nids du titre de palais.
Et de Dieu se faisant l'image ,
Nomment vilains les vers qui grouillent autour d'eux ,
Et veulent que d'un air humble et respectueux
Chacun vienne leur rendre hommage.
Monseigneur don Lopez Alphonse Raphaël
Kodriguez Alonzo Gonzalve Gabriel ,
Comte d'Illescas et Tormagne ,
Peut-être que parmi ces insectes charmants
Qui vous causent parfois de certains mouvements
Il est aussi des grands d'Espagne.
Eh quoi ! vous les (uez , ô profanation !
Pêle-mêle, au hasard , et sans distinction
De nom , de titre , ni de race !
Cependant, Monseigneur, il serait bien vraiment
D'élever pour le moins quelque humble monument
A tous ceux de première classe.
Apprenez-le de moi : Ce n'est pas un vain rang
Qui parmi ses pareils fait un homme plus grand.
Celui-là seul dont la pensée
A des ailes et peut planer sur l'univers ,
Celui-là seul est grand parmi vous autres, vers
De la fange , race insensée.
Complément de ce qui précède , sur rAstronomie.
AérOgrapIlîe. s. f. ( Du grec aer, air, et ' meut dans leur gloire et dans leur bien-être. Et moi aussi,
graphe, description.) Descriplion, théorie î to"'P<^",1"'=>'^ f"''')%"''"'"'^P'''5 «'« condamné par la
^ f, . ' l^ / 1 ' j pauvreté a me séparer de vous, mon bon père et ma bonne
de 1 air. ^ ^ l mère, pour aller bien loin gagner votre vie et la mienne
Aérolithe. s. m. ( Du grec aer, et ti- j «t apprendre coup sur coup, dans mon triste exil, que je
thos, pierre.) Pierre tombée du ciel. On a \ "" ^°\P^"^ m'altendre à retrouver au retour, au lieu
. \ J ' , ■ r.i ■ • I de vos bras pour me recevoir , au heu d'un baiserpour
trouve dans ce champ un aerOllthe qui pesé ; me consoler de voire longue absence, que la froide pierre
au moins vin^^t livres. (Acad.) La chute , de votre tombeau. 0 mon pauvre père et ma pauvre
des aérolUhcs est presque toujours accompa- i ^'^''^'.'i,'.''' ''°'»n>« n'étaient pas si méchants, quand j'ai
„ ., • 1 • ,,!/•', daigne tane lionimage de quelques-unes de mes produc»
gnee d un mcleore lumineux ou ^'lobe de feu tions à Son Altesse •*•, elle aurait au moins daigné
qui disparaît après une violente explosion. "^e répondre. Quand il s'est agi de me faire obtenir
I un modeste encouragement, la chose n'aurait pas élu
Les savants, malgré leur sagacité, n'ont pas encore ] remise indéfiniment, et vous eussiez eu (|uelque joie de
découvert la cause de ce phénomène. Les idées qu'ils ont cette marque de distinction accordée à votre fils , et à la
élaborées sur ce sujet, les opinions qu'ils ont mises en j quelle je n'ai pensé un moment que pour vous, ô mon
avant, les montagnes de dissertations qu'ils ont entassées j cher père et ma chère mère. Maintenant je n'ai que
sur ce point de la science, c'est ce qu'il j a au monde de faire de leurs faveurs. Ils pourront continuer à eu faire le
plus édifiant. Des travaux si miraculeux et si féconds en digne usage qu'ils en ont tait jusqu'à présent,
résultats méritent bien la préférence qu'on leur accorde H,-g SAVANTS
»ur ceux des poètes. Pauvres poètes, .'i élevés par le cœur „ _ 'Ppnp? ' i' f-^Il<:P U hic nnlifirinn
et si dédaignésl tandis que vos antagonistes sont com- « — 1 enez . U tausC la-DaS pOlltiquC
■" " dans ce petit groupe de grandes célébrités.
» — En vérité, dit Monte-Christo , ces
messieurs que je vois là-bas sont des célé^
brilésî Je ne m'en serais jamais douté. Et
de quel genre? II y a des célébrités de
toute espèce, comme vous savez.
» — Il y a d'abord un savant, ce grand
blés d'honueurs et de distinctions! Pauvres poètes, dont
la parole sainte pourrait faire plus de bien au monde que
tous les discours de la politique et tous les mémoires de
l'Institut, et qui êtes si peu écoutés! tandis que nos or-
gueilleux rivaux remplissent le monde de leur vain bruit.
Abl si la société était mieux organisée, si elle distribuait
avec plus d'équité les honneurs et les récompenses, toi,
Gilbert, toi , Morcau , vous ne seriez pas morts dans un
hôpital, tandis que tant d'imbéciles se pavanent tlhonté-
528
ClEF PE L.V LANGUE ET DES SCIENCES.
iiioiisicurscc.il a découvnrl dans la cim pa-
gne (le Home une espèce de Kzard qui a une
vertèbre de plus que les autres, et il est re-
venu l'aire part ;\ l'Institut de celte impor-
tante découverte. La chose a été long-temps
contestée; mais enfin l'orce est restée au
grand monsieur sec. La vertèbre avait fait
beaucoup de bruit dans le monde savant.
Le grand monsieur sec n'était que cheva-
lier de la Légion d'honneur, on l'a nommé
officier.
» — A la bonne heure ! dit Monte-Christo,
voilà une croix qui me paraît sagement
donnée. Alors, s'il trouve une seconde ver-
tèbre, on le fera commandeur?
» — C'est probable, dit Morcerf.
n — Et cet autre à l'habit bleu brodé de
vert, quel peut-il être?
» — C'est un académicien.
1) — Ah I vraiment 1 dit Montc-Christo.
Et quel est son mérite, sa spécialité ?
» — Sa spécialité? Je crois qu'il enfonce
des épingles dans la tête des lapins , qu'il
fait manger de la garance aux poules , et
qu'il repousse avec des baleines la moelle
épinière des chiens.
I) — Et il est de l'Académie pour cela?
Cela doit flatter énormément l'amour pro-
pre des lapins à qui il enfonce des épingles
dans la tête, des poules dont il teint les os
en rouge , et des chiens dont il repousse la
moelle épinière?
» Albert se mit à rire.
» — Et cet autre? demanda le comte.
» — Cet autre ?
» — Oui , le troisième.
» — Ah 1 l'habit bleu barbeau ?
»— Oui.
» — C'est un collègue du comte Dan-
glars, celui qui vient de s'opposer le plus
chaudement à ce que la chambre des pairs
ait un uniforme. Il a eu un grand succès de
tribune à ce propos-là. 11 était mal avec
les gazettes libérales, mais sa noble oppo-
sition au désir de la cour vient de le rac-
commoder avec elles. On parle de le nom-
mer ambassadeur.
B — Et quels sont ses titres à la pairj.e ?
I) — Il a fait deux ou trois opéras comi-
ques, pris quatre ou cinq actions au Siècle,
et voté cinq ou six ans pour le ministère.
( Alexandre Dumas.)
Il s'agissait <lc piciros toniliies du ciel. Je tous prie de
noire -que je ne me suis pas icarlù de mon sujet. Des
nombreux aérolitlics tombés sur mou cœur, c'est bien le
iHoins que j'en envoie i(ucl(|ues-uns aux savants, afin
qu'ils les analjscnt cl les étudient.
Au fait, qu'est-ce que les aéroUtliesî el d'oiS vlenncnt-
ilt>? Les savunls n'en savent absolument rien; mais plu-
tôt (|ue d'avoucrleur ignorance, ils soutiendront que ce
sont des pierres lancées par les volcans de la lune , ou
bien de petites planètes que la terre a entraînées bors de
leur orbite. Il y en a même qui ne craindront pas de voir
dans les aérolitbes des matières que nos volcans lancent
à une grande bautcur, et qui retombent après avoir dé-
crit plusieurs révolutions sur notre plobe.
N'est-ce pas là une bien belle découverte? une décou-
verte surtout bien utile au bonheur des hommes?
Les acru/ilAcs se nomment aussi bolides, dans la lan-
gue des savants, mais l'Académie n'admet pas celte der-
nière dénomination.
Aiguille aimantée, Lame d'acier aiman-
tée, longue, mince, bien trempée, dont on
se sert pour les boussoles. Elle est mobile
sur un pivot fixe , et a , comme tous les ai-
mants, la propriété de diriger l'une de ses
extrémités vers le nord et l'autre vers le sud.
On remarque deux irrégularités dans
cette direction de l'aiguille, la déclinaison
et Vinclinalson, La déclinaison de l'aiguilla
aimantée est l'angle qui mesure son écart
du vrai nord, soit vers l'est, soit vers
l'ouest. Cette déclinaison varie d'un lieu
de la terre à l'autre , et n'est pas même
constante dans un même lieu. A Paris, en
1580 , la déclinaison était de 11° 30' vers
l'est. Depuis lors, l'aiguille s'est avancée
vers l'ouest. En 1678 la déclinaison occi-
dentale était de 1» 30'; en 1700 de S" 10';
en 1805 de 22° 5' ; en 1819 de 22° 29'. De-
puis 1819 la déclinaison occidentale a di-
minué et n'est plus guère que de 22°.
L'inclinaison de l'aiguille aimantée est
l'angle qu'elle fait avec l'horizon , lors-
que le plan vertical où elle se meut coïn-
cide avec le méridien magnétique. L'ai-
guille reste horizontale dans le voisinage
de l'équateur; mais à mesure qu'on s'ap-
proche du nord elle incline vers la
terre sa pointe septentrionale. C'est la
pointe mèiidionale qui s'incline dans l'hé-
misphère du sud. Cette inclinaison varie
d'année en année. A Paris, en 1797, elle
était de 68° 81' ; en 1810 de 60° 50'; à la
fin de 182G elle n'était plus que de 67° 56'.
Voyez Boussole.
Aimant, s. m. ( Fer oxydutè on oxyde
magnétique.) Espèce de minerai de fer, à
l'aspect métallique , d'un noir brillant , le
quel a la propriété d'attirer le fer , l'acier,
le cobalt, le nickel, et dont chaque masse ou
chaque fragment, étant suspendu à un fil
sans torsion , possède la propriété de se
tourner toujours suivant une même direc-
tion , dans le heu où on l'observe. Pierre
d'aimant, /limant naturel. Aimant artifi^
ciel. Les aimants artificiels sont les métaux
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
b'29
aux quels on a communiqué les veiliis ma
gaéliques, en les frottant à plusieurs re-
prises avec l'un des pùles de l'aimant. On
nomme pôles de l'ainiant les deux portions
opposées delà surlace d'un aimant oii ses
facultés attractives se manifestent avec le
plus d'intensité. Aiguille fioUée d'aimant.
Armer un aimant. L'envelopper d'une
plaque de fer doux qui dirige les résultan-
tes de ses forces attractives de manière à
en rendre plus énergique l'effort simul-
tané. Les anciens connaissaient les pro-
priétés de l'aimant, qu'ils appelaient ma-
f;nes, pierre herculienne, sidériiis ou pierre
de Lydie. Mais ce ne l\it que dans le xiii<'
siècle que l'on découvrit la faculté qu'a ce
minerai de se diriger constamment vers le
pôle nord , découverle qui a anicnée celle
de la boussole. Dans le moyen âge on ap-
pela l'aimant calanùle ou marinetlc. Voyez
Aiguille aimantée et Bodssoi.e.
Aimant dcCeyIan, nom donné à la tour-
maline, qui acquiert la propriété attrac-
tive par la chaleur.
Aimant, figur., Ce qui attire et attache.
La douceur est un aimant qui attire les
cœurs.
Aimanter, v. a. Communiquer la pro-
priété de l'aimant à un autre corps, ce qui
s'opère en général par frottement. Aiman-
ter l'aiguille d'une boussole, en la frottant
sur un aimant naturel ou artificiel. ( Acad.)
Aimanté, ée. Participe. Qui possède les ver-
tus attractives et répulsives de l'aimant.
Aiguille aimantée. Barre aimantée.
Aimantin , ine. adj. Qui appartient à
l'aimant, qui est propre à l'aimant, f^ertu
aimantine. On dit aujourd'hui magnétique.
Air. s, m. ( Du latin aer.) Substance
fluide, invisible lorsqu'elle est en petites
masses, insipide, pesante, compressible,
d'une grande élasticité, dont la masse to-
tale forme l'atmosphère qui enveloppe la
terre de toutes parts. Air atmosphérique.
L'air est formé de lingt et un centièmes de
gaz oxygène , d'environ soixante -dix -neuf
centièmes de gaz azote, et d'un ndlUème à
peu prés de gaz carbonique. C'est Lavoisier
qui a découvert la composition de l'air, en
1782. La basse, la haute, la moyenne région
de l'air. La pesanteur de l'air. L'air est un
corps pesant, et nous en supportons chacun un
poids égal à celui que produiraient dix métrés
d'eau accumulés sur notre tète. Torricelli et
Pascal sont les premiers qui aient pesé l'air.
Vers 1661, la Société royale de Londres se
détermina, à la sollicilatiou de Boyle , à
envoyer quelqu'un de ses memlres sur le
pic de Ténériffe, pour y faire les expérien-
ces de Torricelli et de Pascal.
On sait que Téiiéiiffe est une des îles
Canaries. Comme les îles appartiennent au
roi d'Espagne , la Snciété royah; députa
deux personnes afin de demander à l'am-
bassadeur d'Espagne des lettres de recom-
mandation pour les îles. L'ambassadeur
témoigna beaucoup de bonne volonté aux
députés; et, les prenant pour une société
de marchands quis'était formée depuis peu
à Londres pour le négoce des vins de C'a-
narie, il leur demanda la quantité qu'ils
prétendaient en enlever. Les députés de la
Société royale lui répondirent que ce n'é-
tait pas pour négocier qu'ils allaient aux
îles Canaries , mais pour y l'aire des expé-
riences sur la pesanteur de l'air, o — Quoi ?
vous voulez peser l'air? — C'est notre in-
tention.— Sortez de chez moi, vous êtes
des insensés. — Mais , Excellence !... —
Sortez, vous dis-je.» Les députés sont obli-
gés de sortir, et l'Excellence va raconter
dans tous les salons qu'il est venu chez lui
des fous qui veulent peseï l'air. 11 est viai
que M. l'ambassadeur eut le chagrin d'ap-
prendre qne le roi et le duc d'York étalent
à la tête de ceux à qui il donnait le titre
de fous.
{Journal encyclopédique, 1768.)
La pesanteur de l'air et les pressions at-
mosphériques sont pour nous clwse démon-
trée. L'instrument qui sert à mesurer la
pression de l'atmosphère se nomme baro-
mètre (du grec baros, poids, et mc/ry?i, me-
sure). On fait le vide, c'est à dire, on prive
complètement d'air un certain espace, au
moyen de la machine pneumatique (du grec
pncuma, air). La machine à compression est
une espèce de machine pneumatique. L'air
est plus léger que l'eau. Une colonne d\iir.
La circulation de l'air. L'air se dilate, se ra~
réfîe. L'air se condense, se comprime. Le res-
sort de l'air. L'air fait ressort. Toute l'éten-
due de l'air. Nous respirons l'air. L'air est
indispensable à la vie des animaux, et favo-
rise l'accroissement des végétaux.
Ses usagts clans les arisct l'ccoiioraie domestique sont
sans nombre et sous des formes très-multipliées. U rem-
placera bientôt la vapeur sur les chemins de fer. Cbez les
classiques, tes plaines de l'air. Le vague des airs, tes airs
relentissent de mille chants. Planer au plus liaut des airs.
Les anciens avaient fait de l'air un éléinent qu'il était
impossible d'après eux de décomposer. Ils l'adoraient
comme une émanation vivante de la divinité, cl le di^tin-
guaitiit eu air mâle ou actif, et air femelle <n\ paaif. I.e
T. II.
U7
550
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
picmiei-, qu'il» adoinlenl SOUS le iioin dcJupiler. ùlail l'aii-
11' plus pur, celui (les hautes ri'j;ions , Vclher. Le second,
adoré sous le nom de Jutwii , était l'air le plus grossier,
celui qui nous euTiroiine. Voyez, pour les autres accep-
tions de ce ti:ot, la Mctkode du Genre, page 554.
En t'air, Loc. adTcrhiale qui s'emploie dans plusieurs
sens. Tirer en l'air, tirer un coup en l'air. Tirer un coup de
fusil, de pistolet «ans le diriger vers aueun but: et, fig. et
faui., Faire une démarche inutile, qui ne conduit à au-
cun but.
Aïoir toujours le /licd en l'air, un pied en l'air. Être ton-
jours prCl à partir, à courir, à sauter, à danser. Dans le
même sens, Cet homme, cet enfant est toujours en l'air.
Fig., et fam. Tout le monde estcn l'air, toute la ville est en
l'air. Tout le monde, toute la ville s'agite, est en mouve-
ment. Vn catinet en l'air, un escalier qui est tout en l'uir,
un bâtiment qui parait tout en l'air, qui ne paraît presque
soutenu par rien.
Fig. et fani., Toute sa fortune est en l'air. Sa fortune ne
porte sur rien de solide.
t'n l'air, fig. et au sens moral, Sans réalité, sans vérité,
sans fondement. Des contes en l'uir. Des paroles en l'air.
D«« projets en l'air. Fies raisonnements en l'uir. C'est pour
une iris en l'air qu'il fait des élégies. On dit de même,
Parler, raisonner en l'air, fous dites cela en l'air.
Alidade, s. ï. (De l'arabe a//iflrfû, règle,
bande.) Règle mobile qui tourne sur le
centre d'un inslrunient avec le quel on
prend la mesure des angles. Dlri^'er l'ali-
dade rers un objet. ( Acad.)
Almageste. s. m. ( De l'article arabe al,
le, et du grec mégistos, le plus grand , su-
perlatif de mcgas, grand : le plus grand ou-
vrage, l'ouvrage par excellence.) Nom du
plus ancien livre d'astronomie qui nous
soit resté, et qui fut cotuposé par Ptolémt;e,
vers l'an lAO. L'almagcste de Pioléinée, En
général, Collection d'observations astro-
nomiques.
Almanach. s. m. (De l'article arabe al,
le, et du verbe manah, supputer, compter.
Alors pourquoi n'écrit-on pas almanah,
comme on prononce î) Calendrier qui con-
tient tous les jouis de l'année, les fêtes, les
lunaisons, les éclipses, les signes dans les
quels le soleil entre, et quelquefois de pré-
tendus pronostics du beau et du mauvais
temps (Acad.) Almanach nouveau. Alma-
nach pour 18/j6. Almanach perpétuel. Alma-
nach de poche. Almanach de cabinet. Faire
des almanachs. Composer des almanachs. Il
se dit parliculièrement de certains livres
qui sont publiés annuellement, et qui con-
tiennent, outre l'almanach, une foule
d'autres indications d'un intérêt général,
telles que le tableau des diverses adminis-
trations et la liste des personnes qui y sont
allachécs, des documents statistiques, des
notions sur les monnaies, sur les poids et
mesures, etc. (Acad.) Les almanachs mo
dernes réj)ondent aux Fastes des Romains,
Ll datent du xin'" siècle. Les plus impor-
tants de Fiance sont V Almanach royal, qui
date de 4679, et quise contiuue ciiaque an-
née; la Connaissance des temps ou Alma-
nach nautique, qui date de la même année,
et V Annuaire du Bureau des longitudes.
Voyez Annuaire. Almanach des villes et des
campagnes. Almanach de Gotha.
Fig., Paire des almanachs, composer des almanachs, 8'a-
oiuser à faire des pronostics en l'air, se remplir l'esprit
d'idées qui peuvent ne se réaliser jamais. Un faiseur d'al-
manachs. Un homme qui se mêle de faire de pareils pro-
nostics.
Prov. el fig. , Une autrefois je prendrai de ses almanarhs,
se dit d'un homme qui avait prédit ce qui devait arriver
dans une affaire. Dans le sens contraire , Je >ie prendrai
plus de ses almanachs.
ProT. et Cg. , C'est un almanach de l'an passé, se dit
d'une chose qui n'a plus d'utilité, plus d'intérèl.
Almicantarats. s. m. pi. Terme em-
prunté de l'arabe. Cercles parallèles à l'ho-
rizon , que l'on conçoit passer par tous les
degrés du méridien , et dont les centres
sont situés sur la verticale qui joint le zé-
nith au nadir. On les appelé aussi cercles
ou parallèles de hauteur, parce qu'ils ser-
vent à marquer la hauteur d'un astre au
dessus de l'horizon.
Amphisciens. s. m. pi. Voyez Zone.
Amplitude, s. f. L'arc compris, sur la
sphère céleste, entre le point est ou lo
point ouest de l'horizon, et le point du
même cercle dans lequel un astre se lève
ou se cache à jour donné. (Acad.) Ampli-
tude orientale ou ortive du soleil. Amplitude
occidentale ou occase.
Analemme. s. m. (Du grec analemma,
dérivé à'analambanô, je prends d'en haut.
D'après celte étymologie, l'Académie a
tort d'écrire analème.) Planisphère, ou pro-
jection orthographique de tous les cercles
de la sphère sur les colures des sjlstices. II
sert, entre autres usages, à prendre la hau-
teur du soleil. — Instrument nommé en-
core trigone des signes.
Analemmatique. adj. Sinonyme d'azi-
niulhal.
Anneau de Saturne. Corps lumineux
en forme de cercle, qui environne la pla-
nète de Saturne, et qui en est à une cer-
taine distance. Il se compose de deux ban-
des larges, plates, très-minces, et change
souvent de position. Il disparaît entière-
ment à des intervalles de quinze ans. Il fut
découvert par Galilée en 1612.
Elle a comme Saturne un anneau d'alliance. (Bistuél. )
Voyez Satcbnb.
Anncauaslronomique, Instrument propre
à nu'surer la hauteur des astres dont la
SIG.NES DIVERS. ASlROiS'OMlE.
riôi
terre. (Acad.) Anneau solaire on horaire.
Espèce de petit cadran portatif.
Année, s. f. (En latin anntis , du grec
annos , qui signifie la mOme chose, et qni
veut dire aussi, tiieux, ancien; parce que
l'année vieillit toujours en s'avançant.) Le
temps que la terre met à Faire une révolu-
tion entière dans son orbite , et pendant
le quel le soleil nous semijle parcourir les
douze signes du zodiaque. Cet espace de
temps comprend 365 jours 5 heures 49 mi-
nutes. L'année passée. L'année précédente.
L'année qui vient. L'année prochaine. Cette
année. La présente année. Le budget de
Cannée. Le cours des années. En cette année-
là. D'année en année. D'une année à l'autre.
Les années passent vite. La suite des années.
Le commencement, le milieu, la fin de l'an-
née. Le bout de l'année. Les quatre saisons
de l'année. Notre année commence au pre-
mier janvier et finit au trente et un décem-
bre. Le commencement de l'année a souvent
varié en France. Sous la première race,
l'année commençait le 1"^ mai, jour où l'on
passait les troupes en revue ; sous la deu-
xième race, au solstice d'hiver ; sous la troi-
sième , le jour de Pâques. Un édit de Char-
les IX ^ de 1563, ordonna que l'année com-
mencerait le i" janvier. Chez les Egyptiens,
chez les Chaldéens, les Perses , les Syriens
tes Phéniciens, les Carthaginois, l'année com-
mençait à l'équinoxe d'automne. C'était
aussi à cette époque que les Juifs faisaient
commencer leur année civile, bien que
l'année ecclésiastique commençât à l'équi-
noxe du printemps. La première datait
du 1" tizri (22 septembre), la deuxième
du 1"' nizan (22 mars). Le commencement
de l'année des Grecs se trouvait , après la
première reforme, au solstice d'hiver (22 dé-
cembre) ; et, après la deuxième, au solstice
d'été (S juillet). Celle des Romains com-
mençait à l'équinoxe du printemps sous
Bomuhis, au soltice d'hiver depuis Numa.
Les astronomes joignent souvent au mot
année l'epithéte de solaire, pour distinguer
la révolution de la terre des révolutions pé-
riodiques des autres planètes, les quelles
s'expriment aussi quelquefois par le même
substantif. Année solaire. L'année de Sa-
turne est de trente années solaires.
Il se dit aussi d'une durée de douze mois,
sans égard à l'époque où elle commence
ni à l'époque où elle finit.
Après utiecruellc séparation de plus de douze
années, séparation involontaire et forcée, j'ai
pu, avant mon départ pour l'ylutriche , en
janvier 1842, aller passer six jours au près
de mon père cl de ma mère. Hclas! c'était la
dernière entrevue que le ciel nous accordait
en ce monde. O mon bon père, ô ma bonne
mère, après tant d'années de souffrance , je
n'ai pas pu avoir la consolation de vous pres-
ser une dernière fois dans mes bras, de rece-
voir votre dernier baiser, votre dernière bé-
nédiction. O malheureux que je suis !
Année lunaire. Espace de douze et quel-
quefois de treize mois lunaires, c'est à dire,
de douze ou treize révolutions de la lune
autour de la terre. L'année lunaire est celle
des Arabes et des Turcs. Elle se compose de
12 mois q<ii sont alternativement de 30 et
de 29 jours. On ajoute un jour intercalaire
à chaque 2«, 5% T, 10% 13», 15«, 18°, 21%
24' , 26° , 29° année d'un cycle de trente
ans. Les années embolismiques ou hyper-
hémères sont de 355 jours, les autres de
354. L'année des Juifs modernes est aussi
une année lunaire, de 12 mois dans les
années communes, et de 13 dans les années
embolismiques. Les années embolismiques
de l'année lunaire dus Juifs sont la 3% la 6°.
la 8% la 11°, la 14°, la 17°, et la 19° d'un
cycle de 19 ans.
Année sidérale. Le temps de la révolu-
tion de la terre, d'une étoile à la même
étoile par son mouvement annuel.
Année astrale. Voyez Asthal.
Année tropique. L'espace de temps qui
s'écoule entre le moment d'un équinoxe et
celui où le soleil revient au même équi-
noxe.
Année astronomique, La durée exacte de
la révolution de la terre autour du soleil ,
telle qu'on l'obtient par les oi)servatiuns
astronomiques. Année civile, La durée de
cette même révolution bornée à un nom-
bre entier de jours, pour en faciliter l'ap-
plication aux usages civils, sans s'écarter
jamais sensiblement du cours du soleil.
L'année civile est de 5G5 jours, et l'année as-
tronomique de 365 jours, 5 heures, 49 mi-
nutes.
Année bissextile. Celle qui, dans notre
calendrier, contient trois cent soixante-six
jours; tandis que les années communes n'ont
que trois cent soixante-cinq jours. Dans
les années bissextiles temois de février a vingt-
neuf jours.
Année cmbolismique. Voyez Embolismi-
QUE.
Annie républicaine, Celle qui avait clé
552
adoptée sous la république IVançaise et qui
couiDienç<Til à l'équinoxe d'automne.
Année sabbati(jiie , Chaque septième an-
née, chez les Juifs. Pendant celte année on
laissait reposer la terre sans la labourer ni
la moissonner, et tout ce qu'elle produisait
d'elle-niêuie a|)partenail aux pauvres.
Année jubilaire ou du jubilé. Voyez Jo-
Année de confusion. Nom donné à l'an-
née/|7 avant .l.C. (708de Rome. ) César
ordonna qu'elle fiit composée de /i/i5 jours,
ajoutant à l'année lunaire de 355 jours,
«sitée à Riuiie, trois mois, l'un de 25
jours, les deux autres ensemble de 67, ce
qui fit ime année de quinze mois.
Année émergente (en latin emcrgens, d'e-
mergere , sortir d'où l'on était plongé).
L'année de la quelleon commence à comp-
ter ; comme de la création ou de la nais-
sance de Jésus-Christ, chez les chrétiens ;
du déluge ou de la sortie d'Egypte chez les
Juifs. Années de grâce. Celles que l'un
compte depuis JéscsChbist. Années du
inonde. Celles que l'on compte depuis la
création. Année de Méliion , Le nombre
d'or. Année sainte. L'année du grand ju-
bilé à Home. Voyez Jubilé,
Année scolaire ou srolasïlqiie, Le temps qui s^écoulc de-
puis ]a rentrée des classes jusqu'aux vacances.
Année théâlrate , Le temps qui s'écoule depuis la ren-
trée de Pâques l'usqu'à la clôture de la semaine sainte.
Année d'exercice. Celle où l'on exerce actucUenieut
une charge, que plusieurs officiers ont droit d'exercer
l'un après l'autre. C'est son année d'exercice , ou alisolu-
nient, C'estson année, it est enannée, ilest d'année, (Acad.)
Année de probation. Celle pendant la q uelle un religieux
ou une religieuse fait son année de noTiciat.
Année de deuil. Durée d'une année pendant la quelle
on est obligé de porter un deuil.
Souhaiter la bonne année à quelqu'un. Lui témoigner, au
commencement de l'année , qu'on souhaite qu'il la passe
heui'eusement. Souhaits de bonne année. Compliment de
Année climatéritjue. Voyez CLisUTÉniQUE.
Année, se dit souvent par rapporta la température.
Année pluvieuse. Année sèche. Année froide. Année chaude.
Année orageuse. — Par rapport aux produits de la terre,
à la récolte en blés, en Tins, etc. Année fertile, abon-
dante. Année d'abondance. Année stérile. L'année a été
bonne, a été mauvaise, a été médiocre, (Acad.)
Celte terre vaut tant, année commune, année moyenne, Kn
faisant conipensatiou des mauvaises années avec les
bonnes.
T)emi-année , Celle où la lécolte n'est que la moitié de
ce qu'elle doit être année commune.
Année, Ce qu'on doit recevoir ou payer par année.
Son fermier lui doit deux années.
Années , au pi., L'âge, les dilférents âges de la vie. Mon
pauvre père ! obligé de vivre seul dans ses dernières années l
An et année ne s'emploient pas indilléremment l'un
pour l'autre. L'an, disent les aulem'S de synonymes, sem-
ble être un élément déleiminédu temp.<; ilest dans ta
durée ce que le point est dans l'étendue. On dit an pour
nisiqucr une époque, ainsi que pour déterminer l'élen-
CLEi" DE LA L.ANGUE ET DES SCIENCES.
due d'une durée. Comme on considère le point «ans éten-
due, on envisage l'an sans attention à sa durée.
Mais l'année est envisagée comme étant clle-mPme une
durée détimiince et divisible en parties: L'année adouie
mji'.s. //h n'exprime simplement que la durée, et se place
ordiiiaircmenl dans les dates devant le nom de nombre,
sansprendrede qualificatif: l'an 1811. Amiée3\i contraire
peut être qualifie : 1840, t8/i2, 18^5, fatales années, oH
j'ai perdu loul ce que j'avais de plus cher en ce monde, uns
amie, ma ni'cre, mon père ! On dira trente ans de guerre,
pour indiquer seulement la durée de la guerre; et trente
années de guerre , si l'on veut faire sentir les clfets d'une
guerre si longue, foilii trois ans bientôt que ma pauvre mère
est morte. Mon père lui a survécu bien peu d'années, yoilU
onze ans bientôt que je traîne l'existence la plus douloureuse.
L'an du monde, l'an de grâce , l'an du salut, l'an de
KotreSeigneur, l'an de l'Incarnation, Formules dont on
se sert suivant qu'on suppute les temps par rapport à la
création du monde, ou à la naissance de Jéscs-Christ. Xe
jour de l'an. Le premier jour de l'an. Bon jour et bon an.
Façon de parler proverbiale et populaire, «employée pour
saluer les personnes la première fois qu'on les voit dans
les premiers jours de chaque année.
Bon an, mal an. Compensation faite des mauvaises
années avec les bonnes.
Par an. Chaque année.
En termes de Jurispr. , L'an et jour, L'année révolue et
un jour par delà.
Antan. s. m., L'année qui précède celle
qui court. Il n'est usité que dans cette
phrase proverbiale : Je ne m'en soucie non
plus que des neiges d'antan.
Antarctique, adj. (Du grec anti, contre,
et arctos , ourse.) Méridional, opposé au
septentrion. Pôle antarctique. Les terres
antarctiques. Cercle polaire antarctique.
Antipodes, s. m. p. ( Du grec anti, con-
tre , et pous, podos, pied.) Habitants du
globe diamétralement opposés les uns
aux autres. Ces peuples sont 7ws antipodes.
11 se dit des lieux par extension, tant au
singulier qu'au pluriel. Tel pays est l'anti-
pode, est antipode de tel autre. Les antipodes
de Paris. Aller aux antipodes.
Fam. , Je voudrais que cet homme fut aux antipodes, ie
voudrais qu'il fût bien loin.
Fig. et fani., Ce sont les antipodes, se dit de deux cho-
ses, de deux hommes, de deux caractères diamétrale-
ment opposés.
Fig. et fam. , Cet homjne est l'antipode du bon sens, Il
déraisonne en tout ce qu'il dit.
Aphélie, s. m. (Napoléon Landais le
fait féminin. Du grec apo, loin, et lielios,
soleil.) Le point del'oibite d'une planète,
où elle se trouve à sa plus grande distance
du soleil. L'aphélie de la terre. Il est aussi
adjectif. Quand la terre est aphélie.
Apogée, s. m. (Du grec apo, loin, et ^e,
terre.) Le point de l'orbite d'une planète,
où elle se trouve à sa plus grande distance
de la terre. L'apogée de la lune. La lune
est à S071 apogée. Il est aussi adjectif. La
lune est apogée.
Fig., Saforluiic, sa gloire, sa puissance est (ip"ece, E\h
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
estau point le plus élevé où lillc puisse aiiiïcr. On dit de
même , Etre àl'apjgée de sa glekc, de ta gloire, etc. Cette
deinièie façon de parler n'est pas du goût de M. Wcy.
Apsides, s. m. pi, (Du grec apsides,
pliir. d'apsis, arc, voûte , courbure ; parce
que dans ces points l'orbite se courbe , se
replie, et change de direction.) Les deux
points de l'orbite d'une planète dans les
quels elle se trouve, soit à la plus grande,
soit à la plus petite distance du soleil ou delà
terre. Les apsides de la lune. Les apsides sont
en général les deux sommets d'une courue.
Arc-en-ciel. s. m. Météore en foiuie
d'arc, offrant les sejit couleurs priniilives,
qui paraît dans l'atmosphère, et qui est
causé par les réfractions et réilexions suc-
cessives des rayons du soleil dans les gouttes
de pluie. On voyait plusieurs arc-en-ciels en
viénie temps. ( Acad.)
Arctique, adj . (Du grec arclos , ourse. )
Septentrional. Pôle arctique. Terres arcti-
ques. Cercle polaire arctit/ue.
Ascendant, ante. adj. (Du latin ascen-
dere, monter.) Qui monte sur l'horizon. Si-
gne ascendant. Les signes ascendants sont
ceux que parcourt le soleil à mesure qu'il
s'élève sur l'horizon. Ce sont les trois pre-
miers et les trois derniers du zodiaque: le
Bélier, le Taureau, les Gémeaux ; le Capri-
corne, le Verseau, les Poissons. Les autres
signes sont descendants. Les astrologues pré-
tendaient que le point ascendant avait beau-
coup d'influence sur la naissaticc des hommes
et sur les ércnemenis de leur vie. (Acad.)
Latitude ascendante. Nœud ascendant.
Ascendant, s. m. Le point de l'éclipti-
que situé dans l'horizon oriental, c'est à
dire, le point qui se lève. Tel signe était à
l'ascendant quand la tempête s'éleva. (Acad.)
En astrologie. Le point qui se lève, considé-
ré par rapport ii la nativité des personnes. Il
faut savoir votre ascendant. Il avait Blars à
l'ascendant. Mercure à l'ascendant.
— Par extension et ligurénient, Penchant Lonnête ou
vicieux qu'on supposait produitpar rintlncnce d'un astre.
// a un heureux ascendant. Ascendant înrincibte. Etc.
Ascension, s. f. Action de monter, de
s'élever. Ascension droite d'un astre. Le
point de l'équateur qui se lève en même
temps que cet astre dans la sphère droite.
Ascension oblique d^un astre. Le point d<'
l'équateur qui se lève en même temps que
cet astre dans la sphère oblique.
Ascensionnel, elle. adj. Di /férence ascen-
sionnelle d'un astre , La différence entre
l'ascension droite et l'ascension oblique.
Asciens. s. lu. pi. ( Du grec a, parlicidc
555
privative, et skia, ombre : sans ombre.)
Il se dit des habitants de la zone torride,
qui n'ont point d'ombre le jour de l'année
où le soleil est perpendiciilairesurleur tête.
Aspect, s. m. La situation respective
des asires où des planètes, par rapport à
l'influence que les astrologues lui attri-
buaient sur les destinées humaines. L'as-
pect prend le nom de conjonction quand
l'angle de deux planètes est de 0 degré, et
celui d'opposition quand cet angle est de
180 degiés. Dans Vaspect .sfa?^7 l'angle est
de 60 degrés ; dans le qiiartil aspect de 90,
et dans le triîi aspect de 120 degrés. As-
pect bénin. Aspect favorable. Mauvais as-
pect. Aspect infortuné. Malin aspect. Sui-
vant les différents aspects.
Fig. , Ce projet, celte entreprise se présente sous un triste,
sous un fâcheux aspect. Voyez page 518.
Astrée. s. f. Fille de Jupiter et "de Thé-
mis. Elle habita la terre pendant l'âge d'or,
et remonta au ciel pc^ndant l'âge d'airain.
Elle brille au zodiaque sous le nom de la
Fierge.
Astral, aie. adj. Qui appartient aux as-
tres, ou qui offre quelque rapport avec les
astres. Année astrale. Le teiups que le so-
leil emploie à revenir au point du ciel d'où
il était parti.
Lampe astrale , Lainpe construite de manière que sa
flamme éclaire les objets de liaut en bas, sans porter
d'ombre par ses appuis. ( âcad. )
Astre, s. m. ( En latin astrum , du
grec aster. ) Il s'applique il tous les corps
célestes, étoiles fixes, planètes, ou co-
mètes. Le mouvement , le cours , l'aspect
des asires. Poetiq. , L'astre du Jour, Le so-
leil. L'astre de la nuit , des nuits , La lune.
Au dire des astrologues , Les astres influent
sur les corps terrestres ou sublunaires. De là
les expressions , astre bénin, astre favora-
ble , astre malin , astre malheureux, etc.
Sous quel astre, bon Dieu ! faut-il que je sois ué
Pour être de fâcbeux sans cesse environné !
(Moi.ii;nE. )
Astrolabe, s. m. ( Du grec astron,
astre, et lambanô, je prends.) Instrument
astronomique qui servait aulreibis pour
mesurer la hauteur des astres au dessus de
l'horizon. Le premier astrolabe fut construit
par l'astrologue Ilipparque. Traité de l'usage
de l'astrolabe. Il se dit aussi de certaines
projections de la s[)hère.
Astrologie, s. f. (Du grec astron, astre,
et logos, discours, traité.) Art chiméri-
que, nommé aussi astrologie Judiciaire ,
suivant les règles du quel on prétendait
55 i
connaître l'avenir p
astres.
Cette science passa des Chaldéens en
Egypte et en Grèce , d'où clic se i (-pandit
dans le reste du monde. Elle J'iit Ibrt en
vogue au moyen âge, et même jusqu'au
XVII" siècle. Saturne, selon cette préten-
due science , rendait lris(e , bran, avare ;
le soleil fort de corps et d'esprit , mais
roux, cruel , perfide ; T^cnus rendait beau ,
poli, f^aliml ; la lune, inconstant, men-
teur, flatteur; Mercure, délateur, glouton,
borné , etc.
Astrologique, adj. Qui appartient à
l'astrologie. Prédiction astrologique, — Fi-
gure astrologique, La description du thème
céleste. Voyez Thème.
Astrologue, s. m. Celui qui s'adonne à
l'astrologie judiciaire. Piov. et fig. , Ce
n'est pas un grand astrologue , Ce n'est pas
un homme tort habile.
Astronome, s. m. Celui qui connaît et
pratique l'astronomie. Grand astronome.
Astronomie, s. f. ( Du grec fls<ron, astre,
et nomos, loi, règle. ) Science qui apprend
à déterminer les positions respectives des
astres, à constater les lois de leurs mouve-
ments, et les détails physiques de leur
configuration. (Acad. ) Les principes de
l'astronomie sont certains. Traité, cours,
leçons d'astronomie. Astronomie physique.
Partie de l'astronomie qui s'élève des phé-
nomènes observés à la détermination de
leurs causes physiques, et qui , de ces cau-
ses prises pour 'principes, déduit les lois
observables comme autant de conséquen-
ces du calcul. ( AcAD. ) Astronomie nauti-
que, La partie de l'astronomie dont la
connaissance est nécessaire aux naviga-
teurs , ponr se diriger en pleine mer.
Comme l'astrologie, l'astronomie nous
vient des Chaldéens. Thaïes de Milet, qui
vivait 580 ans avant J.-G, , fut le premier
qui enseigna l'astronomie en Europe. Ses
connaissances allaient jusqu'à calculer les
éclipses de soleil et de lune. Pythagore,
qui vinl cinquante ans après lui, annonça
le premier que la terre tournait et que le
soleil était immobile; mais ce système,
que les apparences contredisaient , n'eut
point de partisans; tans les hommes sont
lents à saisir une idée. Ilélas! deux mille
ans plus tard, Galilée, coupable du même
crime , se voyait plongé dans les cachots
de l'inquisition , condamné à dire jicndant
trois ans une lois par semaine les sept
CI.EK DE l.A LA.VGLE ET DES SCIENCES
ar l'inspection des
psaumes de la pénitence , et à déclarer, à
genoux et li's mains kur l'Evangile, qu'il
n'était pas vrai que la terre tourne, que
cette croyance était une hérésie. C'est le cas
de se rappeler ces paroles de Jiisus-CiiKisx,
que o l'esprit vivifie et la lettre tue ». En
quoi, en elîet, les doctrines de Pythagore,
de Copernic, de Galilée, sur le système du
monde , sont-elles contraires aux paroles
de rÉcritm-e ? Est-ce parce qu'il est écrit
que Josué commanda au soleil de s'arrêter ,
et que le soleil s'arrêta? Mais n'est-il pas
clair que l'écrivain sacré ne pouvait pas se
servir d'une autre expression , lurs même
qu'il eût été Copernic ou Arago î Les as-
tronomes n'ont-iispas continué à se servir
du langage propreaux apparences î Avons-
nous cessé de dire , le cours du soleil , le
Ici er , le coucher du soleil, bien que nous
sachions le soleil immobile au centre du
monde? Non, car c'est surtout les effets
qu'il s'agit de peindre, dans les récits et
les descriptions, par des paroles qui l'ont
image , qui rendent la chose sensible. Et
ne sait-on pas que le style orienta! est co-
loré comme le ciel , comme les contrées
qui l'inspirent, qu'il est essentiellement
hyperbolique et métaphorique ? Si l'on
prend toutes choses au pied de la lettre ,
Moïse aurait donc mérité le feu pour avoir
dit qae Dieu se repentit d'avoir fait l'homme !
car Dieu peut-il se repentir ? On parle
pour se faire entendre; et l'homme, ne
pouvant s'élever à la parfaite intelligence
de Dieu, est bien obligé, chaque fois qu'il
le nomme, de lui prêter ses passions et
même son visage. C'est ainsi qu'on l'appelé
le Dieu vengeur, le Dieu des vengeances, te
Dieu jaloux. Hélas 1 il semblerait , à voir
comme les choses se passent , que ces dé-
nominations sont les seules orthodoxes, et
que celles de Dieu de clémence , Dieu de
bonté , Dieu de charité , Dieu de miséri-
cordes, sont passées à l'état d'hérésie. Ne
ni'a-t-on pas fait un crime d'avoir dit, en
parlant d'une personne incomparable: —
« Un jour qu'on voyait couler le long de
ses joues divines deux grosses larmes sem-
blables à celles que doivent verser quelque-
fois les anges , parce qu'il n'avait pas été
en son pouvoir d'accorder certaine de-
mande que lui avait faite une pauvre
femme , son noble père s'écria dans l'ad-
miration de son ftme : o Celte chère en-
B faut , lien de ce qu'elle aura .i elle ne lui
• appartiendra !» (Le Livbe de Tous,) Oui,
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
555
himière est capable de faire ombre sur la
aux yeux des théologiens de Bruxelles ses
joites divines est une hérésie et un blas-
phème , et les larmes que doivent verser
quelquefois tes anges, à la vue de nos dou-
leurs, une autre hérésie, un autie blas-
phème ; car, disent-ils, o l'épithéte de divin
ne convient qu'à Dieu ou à ce qui lui est
relatif, et les anges, esprits glorieux, rem-
plis d'une joie éternelle , ne peuvent pas
verser des larmes.» ( Historique). O sub-
tilités vraiment merveilleuses ! Et dire
que tant de livres de controverse qui en-
combrent les bibliothèques n'ont pas un
objet plus élevé ! En vérité, c'est à douter
de la raison humaine. Or, permettez moi
de vous répondre que divin , divine, em-
ployé au figuré, signifie, d'après l'Académie
elle-même , excellent , parfait dans son
genre, et que vous commettez bien une
antre hérésie, quand vous prêtez aux es-
prits célestes la mine grosse et rebondie
d'un moutard, et à la Vierge pure et sa-
crée les traits d'une Fornarine. Comment
de telles contradictions dans le dogme
n'auraient-elles pas donné lieu à mille dis-
sidences, à mille disputes? Voici un trait
qui prouve le cas qu'il en faut faire. Le
fameux père Simon , jésuite , confesseur
du roi , étant à Lyon , ses confrères cru-
rent lui montrer une grande curiosité que
de lui faire voir leur vaste bibliothèque,
qui consistait toute en livres de sco-
lastique. Comme il ne disait mot à la vue
de ce fatras de livres , ils lui en témoi-
gnèrent leur surprise , en lui demandant
s'il ne trouvait là rien de bon. « Pardonnez-
moi, leur dit-il, tout cela me semble très-
bon à donner aux pauvres , pour leur
tenir lieu de fagots pendant l'hiver. »
Pour en revenir à notre sujet, — de tous
les systèmes astronomiques, celui de Co-
pernic est le plus parfait, comme répon-
dant le mieux à toutes les exigences de la
raison. Aussi est-il universellement adopté
aujourd'hui. Selon ce système , que Co-
pernic composa sur les idées de Pythagore,
d'Aristarque de Samos , et du cardinal
de Cuza , le soleil est situé au centre du
monde , où il n'est soumis qu'à un mou-
vement de rotation sur lui-même, tandis
que les planètes décrivent autour de cet
astre , en tournant en môme temps sur
elles-mêmes comme une roue . des orbites
plus ou moins étendues, suivant qu'elles
en sont plus ou moins éloignées. Les étoiles
sont placées à une distance infinie dusoleil.
Copernic, né à Thorn en li73 , mourut
en 15/lS. On représente l'Astronomie vêtue
d'une robe bleue, couronnée d'étoiles, te-
nant d'une main nn globe céleste et de
l'autre un compas.
Atmosphère, s. f. (Du grec aimos, va-
peur, et sphaira, sphère: sphère de va-
peurs. ) La masse d'air qui environne la
terre. La hauteur moyenne de l'atmosphère
est de vingt lieues. Poids, pression de l'at-
mosphère. Atmosphère chargée de vapeurs.
Cette petite pluie à rafraîchi l'atmosphère.
La chaleur de l'atmosphère diminue consi-
dérablement à mesure qu'on s'élève. C'est
pour cela que les hautes montagnes sont
couvertes de neiges perpétuelles. On a me-
suré l'élévation à la quelle ces neiges com-
mencent aux différentes latitudes. Elle est
environ de 4900 mètres sous l'équateur ,
de 2800 mètres à 45 degrés de latitude , et
de 1100 vers le 60» parallèle.
Il s'emploie comme mesure de force
dans les machines. Cette machine à vapeur
résiste à une pression de vitigt atmosphères.
( AcAD.) — En physique, Tout fluide sub-
til et élastique qui enveloppe un corps, et
en suit les mouvements. L'atmosphère des
planètes. L'atmosphère du soleil. On doute
que la lune ait une atmosphère. Quelquefois,
dans sa course , la lune passe devant une
étoile , et la cache quelque temps. Si la
lune avait une atmosphère, la lumière de
l'étoile éprouverait une réfraction; en sorte
que nous verrions encore l'étoile après
l'immersion réelle et nous la verrions de
même avant l'émersion réelle. Le temps
de l'occultation apparente serait pour ces
deux raisons plus petit que le temps réel,
(îependant on ne trouve aucune diffé-
rence. Le temps donné par l'observation
et le temps donné par le calcul sont par-
laitcment égaux. Donc la lune n'a point
d'atmosphère. Cela connu, si l'on vient
vousdire encore qu'il y a des hommes dans
la lune, vous ne serez plus, je l'espère ,
aussi crédules. Mais les meilleures leçons
ne vous corrigent pas. Ne mordez-vous pas
encore tous les jours à l'hameçon des jour-
nalistes et des libraires?
Pourtant comment croire que la lune est
inhabitée? qu'un globe aussi énorme, quoi-
que plus petit que la terre , n'ait été sus-
pendu au ciel que pour y servir de lampe
de nuit? Au reste, que la lune soit privée
d'atmosphère, ceci n'est, malgré les calculs
550
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
des astronomes, qu'une probahilité. Or la
proliahilité t'st on aslniiioiiiie ce qu'est en
tliédiogie la vénialilé. Un million de pé-
cliés véniels ne |)cuveiit faire vin péehé
mortel; un niillion de i)r()tial)ilités ne sau-
raient engendrer une eerlitiide.
Et puis , C(mime dit plaisamment Fon-
tenelle , d'ici à la lune les clioses doivent
être bien différentes. Vcms croyez que les
gens de la lune doivent habiter sur la sur-
face de leur planète, parce que nous ha-
bitons sur la surface de la nôtre. C'est tout
le contraire, et, puisque nous habitons sur
la surface de notre planète, j'en conclus
qu'ils pourraient bien ne pas habiter sur la
surface de la leur.
D'ailleurs les moyens de Dieu sont infi-
nis; et il est bien ridicule qu'un être aussi
borné que l'homme veuille en savoir plus
que le Créateur.
A'e, sator , ultra crepidom.
Almosphcre électrique. Fig. Dans cette
almosplicne de corruption ci d'intrif^ue, il est
difficile que la vertu ne s'altère point.
Attraction, s. f. (En latin, attraclio,
d'attralicre , attractum , attirer.) Action
d'attirer, force qui attire , force qui solli-
cite toutes les parties de la matière à se
porter les unes vers les autres. On la nomme
attraction moléculaire, mi cohésion , quand
elle s'exerce entre dts molécules homogè-
nes , c'est à dire , de même nature ; affi-
nité, quand elle s'exerce entre des molé-
cules hétéiogènes; pesanteur , quand elle
se produit entre la terre et les corps placés
à la surface ; gravitation ou attraction pla-
nétaire, quand on la considèie dans les
corps célestes. L'explication des phéno-
mènes célestes par l'attraction est due
à Newton ( xvii' siècle). C'est elle qui
maintient la lune et les planètes dans leur
orbite. Les marées semblent dues principa-
lement à l'attraction de la lune. On a re-
connu qu'elles suivent le passage de cet
astre au méridien. Mais le soleil exerce
aussi une grande influence sur ce phéno-
mène. Aussi est-ce aux époques des syzy-
gies qu'ont lieu les plus fortes marées ,
parce que l'attraction du soleil se combine
alors avec celle de la lune. Il y a cepen-
dant un jour et demi d'intervalle entre
l'instant des syzygies et celui des hautes
marées , à cause de la grande distance qui
sépare ces deux astres. Les marées devien-
nent insensibles vers les cercles polaires.
La force de cohésion s'appèle encore affi-
nitéd'afigrégalion, par opposition ;i affinité
de composition , qui répond au mot simple
d'offinilé.
Au dessus de celte attraction malériellc
par laquelle s'explique si naturellement
1 harmonie des corps, il faut nécessaire-
ment qu'il y en ait une autre, que les so-
phistes ont méconnue, et dont l'étude nous
mènerait peut-être à la découverte des
moyens piopres à rétablir l'harmonie des
âmes, troublée momentanément par quel-
que secousse extraordinaire et inexplica-
ble. Voyez, en effet, les astres; voyez les
animaux , les abeilles , les fourmis : L'unité
la plus absolue, l'ordre, l'harmonie, le bon-
heur, voilà leur partage. Et sur quoi repose
cette unité , cette harmonie ? Evidemment
sur la loi divine, si bien nommée attrac-
tion. Pourquoi , — quand les astres , et jus-
qu'aux insectes, tout dans la nature obéit
à cette loi divine, à cette loi d'amour,^
pourquoi l'homme seul ne peut-il être gou-
verné que par la violence? Quoi! Dieu, si
souverainement bon et juste, aurait exclu
Tbomnie seul du magnifique concert uni-
versel, pour l'abandonner à ses propres
forces, c'est a dire, le rendre malheureux
éternellement, tandis que des créatures
bien inférieures à l'homme participeraient,
elles, à cette bienfaisante unité 1 Celui qui
dit cela est un blasphémateur. O philoso-
phes, jetez donc là tous vos sophismes dé-
sespérants , abjurez votre vaine raison ,
dont l'impuissance est rendue évidente par
une expérience de soixante siècles , et hâ-
tez-vous de rentrer dans les voies de Dieu.
Hâtez-vous, hâtez-vous vers lui, pour lui
demander pardon de votre longue et cri-
minelle révolte, cause unique de tous les
maux qui accablent l'humanité. Recon-
naissez enfin, â la vue de tant de misères ,
de tant de douleurs, de tant de sang versé,
de tant d'oppressions, de tant d'injustices,
de tant de crimes, qu'il n'est pas possible
que Dieu ait voulu ce que nous voyons.
Reconnaissez qu'il doit y avoir pour
l'homme un état meilleur que cette im-
mense prison sociale où l'ont jeté vos codes
de l'enfer, violation manifeste des codes
de Dieu, et travaillez, travaillez sansrelàche
à l'en retirer , pour le conduire vers ce but
céleste, que vous indiquent les abeilles
et les fourmis , pour le diriger désormais
selon sa destination, pour n'en faire qu'un
avec lui-même, avec Dieu, avec l'univers.
Aurore, s. f. (En latin attrora.) La luenr
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
brillante et rosée qui paraît dans le ciel ,
avant que le soleil soit sur l'horizon. Le le-
ver de l'aurore. Avant l'aurore. Les anciens
avaient fait de l'aurore une divinité. Chez
les poètes classiques , L'Aurore aux doigts
de rose. Les pleurs de l'Aurore, La rosée du
matin, etc.
.(^Hrorcioréa/^", Phénomène lumineux qui
paraît quelquefois la nuit du côté du nord.
Il y a aussi des aurores australes. — Voilà
encore une de ces merveilles qui confon-
dent la science. D'où peut provenir cette
lumière éclatante, cet incomparable arc-
en-ciel coupé de gerbes de feu?
Quelques savants ont prétendu que ce
phénomène était dû à l'électricité, opi-
nion entièrement abandonnée aujourd'hui.
Ce donton nepeutguère douter, c'est qu'il
y ait une liaison intime entre ce phéno-
mène et le magnétisme terrestre.
Axe. s. m. (En latin axis, du grec axôn,
essieu, pivot.) Ligne droite qu'on suppose
passer par le centre de la terre et par les
deux pôles. L'axe du monde. L'axe de la
terre. On dit dans le même sens , L'axe
d'une planète. L'axe de Vénus, de Saturne,
etc. L'axe du soleil.
Azimut, s. m. (De l'arabe as-semt,
chemin.) On appelé ainsi, tantôt l'angle
compris entre le méridien d'un lieu et un
cercle vertical quelconque, tantôt ce cer-
cle vertical même. L'azimut sert à faire
trouver la position d'un astre.
Azimut magnétique , L'aie de l'horizon
compris entre le méridien d'un lieu et le
méridien magnétique. Cet arc détermine
la déclinaison de l'aiguille aimantée.
Azimutal , aie. adj. Qui représente ou
qui mesure les azimuts. Instrument azimu-
tal. Compas azimutal. On dit quelquefois
substantivement. Un azimutal.
Bolide, s. m. Voyez Aébolithe.
Boussole, s. m. (Du bas \aX\n boussola
ou buxola, boîte, fait de buxus, dérivé du
grec pu xo s, h uh.) Sorte de cadran au cen-
tre du quel est fixée une aiguille qui tourne
librement sur son pivot, et dont la pointe
aimantée se dirige toujours vers le nord.
La boussole n'était pas cojinuedcs anciens.
La découverte , l'invention de la boussole.
L'invention de la boussole a été attribuée par
les uns aux Chinois, par tes autres à Flavio
Gioja, Napolitain du xiii' siècle, par d'au-
tres enfin aux Provençaux, chez qui elle
était connue sous te nom de marinctte. Le
principal usage de la boussole est sur mer.
On se sert aussi de la boussole pour les opé-
rations de l'arpentage. Se conduire par la
boussole. Se servir de boussole. Consulter la
boussole. A oyez Aiguille aisiantée.
— Ftp., Guide, conducteur. Savez jna biutssole.
— Constellation de l'hémisphère boréal.
Bureau des longitudes , Etablissement
institué à Paris par une loi du 25 juin 1795.
Il est chargé de rédiger la Connnaissance des
temps, ouvrage contenant les levers et
couchers du soleil, de la lune, des planètes,
leurs longitudes, latitudes, déclinaisons,
ascensions, l'annonce de leurs éclipses, les
occultations des principales étoiles , etc.,
pour chaque jour de l'année. Ce bureau
publie en outre tous les ans l'Annuaire du
Bureau des longitudes. Voyez Anndairk. Le
Bureau des longitudes se compose de deux
géomètres, de quatre astronomes, de deux
anciens navigateurs, d'un géographe, d'un
artiste opticien , d'un opticien adjoint, et
de quatre astronomes adjoints.
Cadran, s. m. Superficie sur la quelle
sont tracés les chiiFres des heures, et oii la
marche du temps est indiquée, soit par un
style , soit par une aiguille que meuvent
des ressorts intérieurs. (Acad.) Cadran
solaire. Cadran équinoxial. Cadran polaire.
Cadran horizontal.
T, H.
Pour tracer nn cadran horizontal, ayez
68
538
une platine l)ion dressée de pierre ou d'ar-
doise, d'étain ou de cuivre, et tirez par le
milieu la ligne G H qui deviendra la ligne
de midi. Coupez-la à angles droits, environ
aux deux tiers de sa longueur, par la ligne
ce, qui deviendra la ligne de six heures
tant du matin que du soir.
Puis de la jonction des deux lignes, la
perpendiculaire GH et l'horizontale CC ,
élevez avec un rapporteur un angle qui soit,
pour Paris, de l\'J degrés, et pour tout autre
endroit de la hauteur du pôle que le dic-
tionnaire géographique indiquera.
Marquez sur cet angle un point B, qui
déterminera la longueur que vous voulez
donner au style ; tirez ensuite une ligue
horizontah; qui du point A de la méri-
dienne GH aille joindre le point B, et vous
aurez la hauteur de ce même style.
Du point B de la ligne FBO tirez une li-
gne qui se joigne en E à la méridienne , et
portez-la avec; le compas sur cette méri-
dienne de E en I. Tirez ensuite une ligne
horizontale r/Ec/, et du point I, corume cen-
tre, tracez un demi-cercle qui touche le
point E , et que vous diviserez en douze
parties égales.
Du centre I, tirez dix lignes qui, passant
par dix points de division du demi-cercle,
aillent s'arrêter à la ligne dEd.
Du centre F , et par l'extrémité des
lignes qui aboutissent à la ligne dEd, tirez
huit lignes horaires. Prolongez au delà de F
les seules lignes iv, v, vu , viii ; puis mar-
quez les heures ainsi qu'elles le sont ici, et
le cadran sera tracé.
11 faut que le cadran soit bien de niveau,
bien orienté. Pour le bien orienter on se
sert de la boussole.
Un laquais eut ordre de son maître d'al-
ler voir l'heure à un cadran solaire, posé
sur un piédestal dans son jardin. Après
avoir tourné vingt fois autour, le domesti-
que fort embarrassé, apporte le cadran so-
laire à son maître , en lui disant : «Tenez,
monsieur, cherchez l'heure vous-même, car
je ne m'y connais pas. »
Un monsieur, non moins spirituel, disait
à son domestique d'aller voir l'heure au ca-
dran solaire. «Mais, monsieur, il fait nuit,
répond le domestique. — Qu'est-ce que
cela fait ? Prends une chandelle , o répliqua
le maître.
Cadran lunaire. Le cadran d'une horlof;c,
d'une pendule, d'une montre. Cadran d'or,
d'argent, d'émail. Le cadran de l'église.
CLEF DE L.V LANGDE ET DES SCIENCES.
Cadran, absoliiincnt. Cadran siihùre. Avez-
vous vu te cadran qu'il a dans son jardin ?
Cave, adj. Lune cave, Mois lunaire de
vingt-neuf jours.
Centrifuge, adj. ( Dn grec kentron , en
latin centrum , centre , et plieugô , en latin
fugio, je fuis.) Qui tend à éloigner d'un
centre. Tout corps qui se meut circulaire-
ment à une force centrifuge. Si l'on fait
tourner un corps attaché à un Cl, ce fil éprou-
vera pendant le mouvement une tension,
qui sera précisément la force centrifuge ;
ou plutôt, si , après avoir fait tournoyer un
corps , on le laisse s'échapper , il prendra
la direction de la tangente au point où il
se sera échappé. C'est cette direction que
suit la force centrifuge , et c'est sa combi-
naison avec la force centripète qui pro-
duit le mouvement circulaire du corps.
Tous les corps tournant sur eux-mêmes
éprouvent dans la direction perpendicu-
laire à leur axe une tension qui pour la
terre a produit l'aplatissement qu'on ob-
serve aux pôles et le renflement de la partie
située sous l'équateur.
Centripète, adj. (Du latin centrum,
centre, et petere, aller vers. ) Qui tend à
approcher d'un centre. Un corps qui se
meut circulairement est retenu dans son or-
bite par une force centripète. Quand on fait
tourner un corps attaché au bout d'un fil ,
la main qui tient le fil représente la force
centripcle. La force centripète est toujours
égale à la force centrifuge.
Cercle, s. m. ( Du latin circulus. ) Il se
dit des pièces de forme circulaire qui en-
trent dans la composition de la sphère ar-
millaire. Voyez ce mot. Il se dit aussi des
Lignes circulaires fictives qui servent à re-
présenter le mouvement des astres. On
distingue Les grands cercles et les petits cer-
cles. Les grands cercles sont ceux qui ont
pour centre le centre même de la terre, et
la divisent en deux parties égales appelées
hémisphères. Les grands cercles de la sphère
sont l'équateur , le méridien , l'horizon, Vé-
cUplique, et les deux colnres. Les petits cer-
cles comprennent les tropiques et les cercles
polaires, qui divisent la terre en cinq zones.
Cercles polaires. Les cercles polaires sont
des cercles parallèles à l'équateur et dis-
tants du pôle de 23" 1/2. On nomme celui
du nord cercle polaire arctique, ou simple-
ment , cercle arctique, et celui du sud cercle
polaire antarctique , ou simplement, cercle
antarctique.
>
SlGiNES DIVERS,
Cercle d'apparition perpétuelle. Petit cer-
cle, parallèle à l'équateur, et décrit du
point le plus septentrional de l'horizon.
Toutes les étoiles renfermées dans ce cer-
cle ne se couchent jamais et sont toujours
présentes sur l'horizon.
Cercle d'occultation perpétuelle. Cercle
parallèle à l'équateur, et décrit du point le
plus méridional de l'IiorizoD.
Cercle équatorial. Voyez Eqdatorial.
Cercle répétiteur , Instrument dont voici
la figure et la description , empruntées à
l'Encyclopédie de la jeunesse.
«AR est un axe vertical, mobile, qui
en tournant sur lui-même entraîne une
petite barre AL , nommée alidade, sur le
cercle fixe gradué, qui est horizontal; AR
supporte un cercle vertical EDF gradué,
dans le plan du quel est l'alidade, et l'en-
traîne dans son mouvement. Autour de ce
cercle et fixée au centre tourne une lunette
CN, comme un diamètre mobile. L'autre
lunette BM sert à viser un objet terrestre
comme point de repère (1), afin de s'assurer
que l'instrument n'a pas changé de place.
(On place ordinairement au foyer d^une lunette deux
Ùls en croix excessiTement minces qui serrent à fixer un
objet avec plus de précision.)
«Les lunettes du cercle répétiteur por-
tent à leurs foyers respectifs deux fils à an-
gle droit, dont l'un est et demeure toujours
horizontal. Prenons une étoile au moment
de son lever, metlons-la dans le champ de
la lunette, sous la croisée des fils. En fai-
sant mouvoir convenablement l'axe AR
ASTKOJSOMIE. o5î)
et la lunette CN, nous pourrons suivre l'é"
toile pendant tout le temps qu'elle sera
au dessus de l'horizon. -Il ariiveraun mo-
ment où elle cessera de monter; elle paraî-
tra stationnaire. A ce moment lisons avec
soin la division marquée par l'alidade sur
le petit cercle ; supposons par exemple que
ce soit 45°, puis recommençons celte opé-
ration sur des étoiles plus hautes et plus
basses, et chaque fois nous trouverons que
l'alidade marquera sur le petit cercle 45°,
lorsque les étoiles paraîtront stationnaires ,
ou , ce qui revient au même , lorsqu'elles
seront au point culminant de leur course. Il
résulte de là que les points culminants des
courbes décrites par les étoiles sont conte-
nus dans un même plan, le quel est vertical
puisqu'il passe par l'axe ÀR de l'instru-
ment, qui, par sa construction, est vertical.
Ce plan, appelé plan méridien, ou simple-
ment méridien, passe donc par le zénith et
le nadir. Il est d'une importance extrême,
et le cercle répétiteur va encore nous don-
ner un moyen de déterminer sa position par
la méthode dite des hauteurs correspondan-
tes. Le méridien coupant en deux parties
égales la courbe décrite par chaque étoile,
il s'ensuit que tout se passe de la même ma-
nière à droite et à gauche de ce plan. Pre-
nons une étoile déjà à une certaine hauteur
au dessus de l'horizon , dirigeons sur elle la
lunette CN, et plaçons-la (l'étoile) sur le fil
horizontal. Lisons alors la division indiquée
par le cercle EDF , supposons que ce soit
15°; lisons aussi la division marquée par
l'alidade A'L, nous trouvons 25°. L'étoile,
après avoir passé le méridien, s'abaissera
de plus en plus vers l'horizon ; il y aura un
moment où elle sera à la même hauteur
que dans la première observation. Faisons
tourner l'instrument autour de l'axe AR ;
attendons que l'étoile se trouve dans le
champ de la lunette au dessous du fil ho-
rizontal. A ce moment lisons la division à
laquelle s'est arrêtée l'alidade A'L, suppo-
sons que ce soit 65° ; ajoutons 25 et 65, nous
aurons 90; la moitié est 45, donc 45» sera
la division indiquée par l'alidade A'L, lors-
que le cercle EDF sera dans le plan du
méridien. On voit que par la méthode des
hauteurs correspondantes nous avons faci-
lement déterminé le méridien. ISIais, dira-
t-on, pourquoi ne pas observer l'étoile au
(i) Marque que l'on lait sur un mur , sur un jalon, sur un terrain , etc. , pour iadiquer ou re-
liouvei un alii;nemcnl, un niveau , uuc liautcuT, une Jislance.
340
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
iiioiiicnt oiielîc cessera de s'élever? on au-
rait tout de suite la direclion du méridien.
La raison en est que très-peu avant et très-
peu après son passage, à cause de la len-
teur du mouvement, l'étoile paraît un cer-
tain temps slalionnaire, et qu'alors la di-
rection du méridien ne serait pas obtenue
avec précision. »
Oh ! que la science est une belle chose!
Et pourtant, je ne cesserai de le répéter,
la poésie TeiMporle encore sur la science,
n'en drplaise aux Journal des Débats et
autres positivistes.
«Que gagnerai je, disait Voltaire , à
connaître le chemin de la lumière, et la
gravitation de Saturne? Ce sont des véri-
tés stériles; un sentiment est mille fois au
dessus.»
Cercle mural. Instrument propre à l'ob-
servation des déclinaisons. oUn cercle mu-
ral est un cercle en cuivre divisé avec un
soin extrême ; ce cercle est fixé contre un
mur dune grande solidité, d'où lui est venu
le nom de mural. Ce mur est vertical, et
l'on s'arrange de manière que le plan du
cercle coïncide exactement avec le méri-
dien. On a placé au centre du cercle une
lunette qui fait corps avec lui. Cette lu-
nette à un réticule portant un fil horizon-
tal. Lorsque l'on vise un astre avec la lu-
nette , un index placé convenablement in-
dique la division marquée par le cercle
dans la position de la lunette que l'on con-
sidère. Pour déterminer les déclinaisons
des étoiles, il faut d'abord connaître la di-
vision marquée par l'index, lorsque la lu-
nette est dirigée vers le pùle (soit là" cette
division). Le pôle étant distant de l'équa-
teur de 90°, on connaîtra donc aussi la di-
vision marquée par l'index lorsque la lu-
nette sera dirigée sur l'équateur ; ce sera
94° 0' 0". (On suppose que lesdivisious sont comptées
du nord au midi; le contraire pourrait avoir lieu, mais ce
serait toujours le même raisonnement et l'objet d'une
convention spéciale.) SuppOSOHS qu'on observe
ime étoile i» son passage au méridien, et
qu'on trouve que l'index marque 99° 0' 0".
— La différence 5 indique sa déclinaison ;
et, comme les divisions vont du nord au
midi , il s'ensuit que cette déclinaison est
boréale. Pour déterminer la division mar-
quée par l'index, lorsque la lunette sera
dirigée vers le pô'e, il suffira de faire l'ob-
servation des deux passages au méridien
d'une étoile cireompolaire , parce que le
pùle étant évidemment au milieu de l'arc
du méridien déterminé par les deux pas-
sages, il sufffira de prendre la moyenne des
deux lectures, c'est à dire , d'ajouter deux
et de diviser par le même nombre. Dans un
observatoire la lunette méridienne et le
cercle mural sont appelés les instruments
méridiens.» (Encyclopédie de ta jeunesse.)
Cérès. s. f. Planète située entre Mars et
Jupiter. Vo}'ezle Tableau desplanclcs, page
bih.
Chronologie, s. f. ( Du grec ehronos ,
temps, et /oi;os, discours, traité, science.)
Science des temps, connaissance des épo-
ques. Les modifications du terrain, la géo-
graphie, l'histoire, sont les fondements de
la chronologie. Les principales époques d'où
parlent tes chronologistes pour arriver à la
connaissance précise des temps sont les ères.
Voyez ÈBE, ÉPOQUE, vÉRiovE. Il y a plusieurs
systèmes de chronologie. Chronologie sacrée,
par Usserius ou Usher , l'un des plus grands
hommes du xvn^ siècle, né à Dulilin. Ejc-
acle chronologie. Chronologie obscure. Cela
ne s'accorde pas avec la bonne chronologie.
Chronologie des rois d'Egypte. Il sait bien
la chronologie.
Ciel. s. m. Au pi. Ciecx. ( Du latin cœ-
lum.) L'espace indéfini dans lequel se
meuvent tous les astres; La partie de cet
espace que nous voyons au dessus de nos
têtes. Les étoiles du ciel. L' immensité des
deux. On ne voit ni ciel ni terre. Les an-
ciens croyaient à l'existence de plusieurs
cieux de matière solide et transparente;
c'est par allusion à cette idée qu'on dit :
Saint Paul fut enlevé au troisième ciel, Les
deux des planètes , Le ciel empyrée. Le ciel
de la lune. Le ciel de Mars, etc. (Acad.)
Fip. et fam. , Eire ravi au troistime clei , au sci)tlême
fù/, Épi'ouver une satisfaction très-vive, une grande
joie. Fig. et fam., Elever quelqu'un jusqu'au ciel , jusqu'au
troisième citl , Le louer extraordinaircnicnt. l-'ig. , La
voùle du ciel, des cieux, Le ciel, le firmament. Ces clioses
sunt éloignées comme le ciel et la terre. Il y a entre elles
une trcs-graiide diirérence. Prov., Si le ciellombait, il j
aurait bien des aioueUes de prises. Se dit pour se moquer
d'une supposition absurde. Fig. et fam.. Remuer ciel et
terre, Faire tous ses eiforts pour réussir.
Ciel , Les astres. J.es influences du ciel, Les prétendues
influences des asli-es.
— L'air, l'atmosphère. Ciel serein. Ciel clair. Ciel ob-
scur. Un ciel chargé de nuages. Un ciel sans nuages. La ro-
sée du ciel. Les oiseaux du ciel. L'état du ciel. Le feu du
riel. La foudre. L'azur du ciel. Couleur bleu de ciel. Cou-
leur d'un bleu tendre. Fig. , dans l'Ecriture, Un ciel, des
cieux d'airain, Un temps sec et aride , pendant le quel il
ne tombe ni pluie ni rosée.
î'.iiinat, pavs. Uti ciel tempéré. Vn beau ciel. Chan-
ger de cid. Ceux qui royagent changent de ciel, mais non
de nature. l'Ivre sous un ciel étranger, sous un ciel Inconnu
Le ciei de l'Italie est un des plus beaux ciels de l'Europe.
f
SIGNES DIVERS. ASTKNNOMIE.
341
L'Académie ne d'il cUb au pluriel , au lieu de deux ,
qu'en parlant d'une décoration qui imite le ciel ou de la
paitied'un tableau qui représente l'air. 0 ciel de mon pays,
que iu élah beau, quand tu éclairais mo»i père et ma lucre !
— Le séjour des bienheureux, le paradis. Gabier le
ciel. Le royaume des deux. La praûque de l'Evangile est le
chemin du ciel. La lihertéest comme le royaume des deux,
les l'îulents remportent. Fig., Foir les deux ouverts ^ Avoir
une grande joie.
— • La Divinité, la Providence. Grâces ou grâce au ciel.
Offenser le ciel. Imoguer le ciel.Etc, etc.
Les Grecs avaient divinisé le ciel sous le nom de Cœ-
tus ou d'Uranus. C'était, selon eus, le plus ancien des
dieux et le lils de la Terre. 11 eut un grand nombre d'en-
fants. Saturne , l'un d'eux , surprit son père pendant la
nuit, et le mutila avec une faux. Du sang qui coula sur
la tt-rre naquirent les géants, les furies, et les nymphes
Mélies. Le reste fut jeté dans la nier, et de l'écume qui
s'en éleva, fut formée Vénus, que les flots portèrent dans
l'île de Chjpre.
Circompolaire. adj. (Du latin clrciim,
autour, et palus, pôle.) Qui environne les
pôles terrestres. Les régions , les mers cir-
compolaires. Il s'emploie plus particulière-
ment en astronomie, et se dit, dans cha-
que lieu, des étoiles et des constellations
assez voisines du pôle pour que leur cercle
diurne se trouve tout entier au dessus de
l'horizon; ce qui les rend constamment
visibles , soit à l'œil nu , soit avec des in-
struments. (kcAD.) La petite Ourse est une
constellation circompolaire pour l'Europe.
{Idem.)
Climat, s. m. (Du grec klima.) Partie
du globe terrestre comprise entre deux cer-
cles parallèles à l'éqnateur, et telle que le
jour du solstice d'été est plu.s long d'une
demi-heure, par exemple, sous le second
de ces cercles que sous le premier. Les an-
ciens ne connaissaient que sept climats. Cli-
mat méridional. Climat septentrional. Lu
terre se divise en climats d'heure et en climats
de mois. Les géographes modernes ne comp-
tent plus par climats, Tnais par degrés de la-
titude.
— Chacune des lignes qui marquent sur
le globe la division des climats. Le premier,
te second climat passe par tel lieu.
— Région, pays, par rapport à la tem-
pérature. Climats chauds. Climats tempères.
Climats froids, a Les premiers sont compris
entre les deux tropiques jusqu'au 30' degré
de latitude boréale et australe ; les seconds
commencenl vers le 3 1'' degré, et s'éten-
tendent jusqu'au 55" ou GO''; les derniers
sont situés entre les cercles polaires. Voyez
ZoKE. Dans les climats chauds la tempéra-
ture moyenne est de 22 à 25 degrés; la
vie y est rapide ; les habitants en sont mous,
nerveux, exaltés, vindicatifs, lascifs, en-
clins au fanatisme. Les peuples des climats
extrêmement froids sont en générai trapus,
rabougris, de petite taille, de caractère ti-
mide, etc. Ceux des climats tempérés par-
ticipent à la fois des qualités des climats
chauds et des climats froids, et présentent
l'organisation la plus heureuse.» [Diction-
naire encyclopédique de Charles Saint-Lau-
rent. ) Climat doux. Climat agréable. L'in-
fluence, les effets du climat. Heureux climat.
Changer de climat. Passer dans un autre
climat.
CLUIATÉRIQUE. adj. An dimatérique , année dima-
térique , Chaque septième année de la vie liumaine, et
particulièrement la soixante-troisième , qu'on appelé
aussi la grande dimatcrique^ et absolument la climatérique.
llesl mort dans son année dimaténque, dans sa dimatérique.
Les anciens croyaient àl'infuence des années cUmatériques
sur la santé, la vie, ou la fortune. ( Aeiii.) Le> états ont
leurs années cllmatériques aussi bien que les hommes.
En médecine, il se dit de certaines époques de la vie
où il survient de grands changements, indépendamment
de l'ordre numérique des années. L'époque de la puberté
est une époque dimatérique. (Acad.)
Colure. s. m. (Du grec kolouros, mntilé,
écourté , de holouô , je coupe, et aura,
queue ; parce que, dit-on, ne se montrant
jamais entiers sur l'horizon , les colures
semblent avoir en quelque sorte la queue
coupée. ) Chacun des deux grands cercles
de la sphère qui coupent l'éqnateur et le
zodiaque en quatre parties égales , et qui
servent à marquer les quatre saisons de
l'année. Colure des èquinoxes , Cel'.ii qui
passe par les points équinoxiaux. Colure
des solstices. Celui qui passe par les points
solsliciaux.
Comète, s. f. Voyez page 526.
Comput. s. m. ( Du latin computum,
compte, calcul.) Il ne s'emploie qu'en par-
lant des supputations de temps qui servent
à régler le calendrier ecclésiaslique, telles
que le cyclesolaire, le nombre d'or, Vépactc,
Vindiction romaine, et la lettre dominicale.
Le comput ecclésiastique.
Computiste. s. m. Celui qui travaille
au comput et à la composition du calen-
drier ecclésiaslique.
Conjonction, s. f. Rencontre apparente
de deux planètes dans un même point de
quelque signe. Saturne et Vénus étaient en
conjonction. La conjonction du soleil et do
Mercure. La conjonction est le premier as-
pect, comme l'opposition est te dernier. La
lune se trouve tous les moiscnconjonction avec
le soleil ; c'est ce qu'on nomme nouvelle
lune. Conjonction héliocentrique. Celle qu'on
observerait, si l'on était dans le soleil. Con-
jonction géocentrique. ou vue de la terre. Les
conjonctions géoccnlriques des planètes sont
inférieures ou supérieures , selon que les pla-
nètes sont entre la terre çt le soleil, ou selon
i>A2 CLEF DE LA LA.NGL
que to soleil cxl entre la terre et la planète.
Conjonction vraie, Ccllu oi'i les deux astres
ont une même latitude et une même lon-
gitude. Conjonction apparente. Celle où les
deux astres, ayant la même longitude, n'ont
pas la même latitude. Absol., La conjonc-
tion de la lune, La rencontre de la lune
avec le soleil dans un même point du zo-
diaque. (Jiiand ta Unie est en conjonction elle
n'est pas visible.
Cosmogonie, s. f. (Du grec hosmos, uni-
vers, et gonos, génération : science ou sys-
tème de la formation de l'univers. ) La
cosmogonie d'Hésiode. La cosmogonie de
Buffon. La cosmogonie de Moïse ou la Ge-
nèse. Les cosniogonies de l'Orient et de
l'Inde , qui paraissent être les plus anti-
ques de toutes , admettent un déluge à
l'origine des choses. Une des plus curieuses
cosmogonies est la cosmogonie Scandinave ,
développée dans les premiers livres de
l'Edda. Suivant cet écrit, deux mondes
existaient en même temps avant le monde
d'aujourd'hui : au sud Muspellzhcimer (1)
ou le pays du feu et de la lumière, au nord
Niflheimer (2) , et pays du brouillard et du
froid. Ces deux mondes étaient séparés par
V ahima Ginungagap (S). De laglace formée
par l'eau des fleuves qui sortaient des puits
Yvergelmir , et congelée dans le Ginimga-
gap , naquit le géant Himcr ou Ymir , qui
fut tué parles trois dieux Othin , fVilli ,
et J^Fé , fils du géant Borr. Les trois frères
traînèrent le corps d'Ymir dans l'abîme ,
et en formèrent le monde que nous habi-
tons. Son sang devint la mer et les eaux ;
sa chair le continent ; ses cheveux produi-
sirent les arbres et les plantes , ses os les
montagnes. Son crâne forma le ciel. Selon
la même croyance , la terre est ronde
comme un anneau , la mer l'entoure , et
les géants habitent ses bords. De plus ,
l'univers et les dieux eux-mêmes doivent
être détruits au dernier jour.
Cosmogonique. adj. Qui appartient ,
qui a rapport à la cosmogonie. Système
cosmogonique.
Cosmographe, s. m. Celui qui sait la
cosmographie. Savant cosmographe.
Cosmographie, s. f. ( Du grec hosmos,
monde, univers, et graphe, je décris.)
Science qui s'occupe de la description de
l'univers , et qui comprend la géographie ,
ou description générale de la terre , et
Vuranographie, ou description des astres ,
E ET DES SCIENCES.
l'une des divisions de l'astronomie. // sait
bien la cosmographie.
Cosmographique, adj. Qui appartient ,
qui a rapport à la cosmographie. Descrip-
tion cosnwgruphique. Table cosmographique.
Cosmologie, s. f. ( Du grec txosmos ,
monde, et logos, discours, traité.) Science
des lois générales par les quelles le monde
physique est gouverné. Traitéde cosmologie.
Cosmologique, adj. Qui appartient, qui
a rapport à la cosmologie.
Cosmopolite, s. m. ( Du grec hosmos,
monde , et polites , citoyen : citoyen du
monde,) Il se dit de Celui qui a pour tous
les pays la même afiPection que pour sa pa-
trie , qui s'intéresse à tous les hommes
également. Un ancien philosophe à qui l'on
demandait de quel pays il était répondit : Je
suis cosmopolite.
Le Cosmopolite.
« — Vous vous occupez de géographie ,
Monsieur ?C'estune richeétude, pourvous
surtout , qui , à ce qu'on assure , avez vu
autant de pays qu'il y en a de gravés sur
cet atlas.
« — Oui, Monsieur, répondit le comte ,
j'ai voulu faire sur l'espèce humaine prise
en masse ce que vous pratiquez chaque
jour sur des exceptions , c'est à dire , une
étude physiologique. J'ai pensé qu'il me
serait plus facile de descendre ensuite du
tout à la partie que de monter de la partie
au tout. C'est un axiome algébrique qui
veut que l'on procède du connu à l'in-
connu , et non pas de l'inconnu au connu.
o — Ah ! vous philosophez , reprit Ville-
fort après un instant de silence, pendant
le quel, comme un athlète qui rencontre
un rude adversaire , il avait fait provision
de forces. Eh bien ! Monsieur, parole
d'honneur, si comme vous je n'avais rien
à faire , je chercherais une moins triste
occupation.
0 — Il est vrai, Monsieur, reprit Monte-
Cristo , que l'homme est une laidechenille
pour celui qui l'étudié au microscope so-
laire. Mais vous venez dédire, je crois, que
je n'avais rien à faire. Voyons , par hasard
croyez-vous avoir ^quelque chose à faire ,
vous , Monsieur ? ou , pour parler plus clai-
rement, croyez-vous que ce que vous faites
vaille la peine de s'appeler quelque chose?
o L'étonnenient de Villefort redoubla à
ce second coup si brutalement porté par
son étrange adversaire. Il y avait long-
Ci) l'ionoiitcï inouspchhaim'r. (^2) Ptontiiicci nij'/fiiiim'r. (i) Piouoacez i;iiiiwungagiip.
SIGNES DIVERS, ASTRONOMIE.
343
temps que le magistrat ne s'était entendu
diie un paradoxe de celte force, ou, plu-
tôt , pour parler plus exactement , c'était
la première fois qu'il l'entendait.
« Le procureur du roi se mit à l'œuvre
pour répondre.
a — Monsieur, dit-il, vous êtes étranger,
et , — vous le dites vous même , je crois ,
— une portion de votre vie s'est écoulée
dans les pays orientaux. "Vous ne savez
donc pas combien la justice humaine , si
expéditive en ces contrées barbares, a chez
nous des allures prudentes et compassées?
B — Si fait, Monsieur, si fait. C'est
le pede claudo antique. Je sais tout cela,
car c'est surtout de la justice de tous les
pays que je me suis occupé ; c'est la pro-
cédure criminelle de toutes les nations que
j'ai comparée à la justice naturelle ; et , je
dois le dire , Monsieur , c'est encore cette
loi des peuples primitifs , c'est à dire , la
loi du talion que j'ai le plus trouvée selon
le cœur de Dieu.
o — Si celte loi était adoptée. Monsieur,
elle simplifierait fort nos codes , et c'est
pour le coup que les magistrats n'auraient,
comme vous le disiez tout à l'heure , plus
grand' chose à faire.
B — Cela viendra peut-être. Vous savez
que les inventions humaines marchent du
composé au simple , et que le simple est
toujours la perfection.
<i — En attendant , Monsieur , dit le
magistrat, nos codes existent avec leurs
articles contradictoires , tirés des coutu-
mes gauloises, des lois romaines, des usages
francs. Or la connaissance de tontes ces
lois-là, vous en conviendrez, ne s'acquiert
pas sans de longs travaux , et il faut une
longue étude pour acquérir cette connais-
sance etune grande puissance detête, cette
connaissance une fois acquise, pour ne pas
l'oublier.
0 — Je suis de cet avis-là , Monsieur ;
mais tout ce que vous savez, vous, à l'égard
de ce code français, je lésais moi non seu-
lement à l'égard de ce code , mais à l'é-
gard du code de tontes les nations. Les
lois anglaises , les lois turques , les lois ja-
ponnaises , les lois indoucs, me sont aussi
familières que les lois françaises. J'avais
donc raison de dire que , relativement
( vous savez que tout est relatif, Monsieur),
que, relativement à tout ce que j'ai fait,
vous avez bien des choses à faire , et que,
relativement à ce que j'ai appris, vous
avez encore bien des choses à apprendre.
o — Mais dans quel but avez-vous ap-
pris tout cela ? reprit Villefort étonné.
Monte-Cristo sourit.
0 — Bien , Monsieur, dit-il ; je vois que,
malgré la réputation qu'on vous a faite
d'homme supérieur , vous voyez toutes
choses au point de vue matériel et vulgaire
de la société , commençant à l'homme et
finissant à l'homme , c'est à dire, au point
de vue le plus restreint et le plus étroit
qu'il a été permis à l'intelligence humaine
d'embrasser.
f — Expliquez-vous, Monsieur, dit Vil-
lefort de plus en plus étonné; je ne vous
comprends pas... très-bien.
a — Je dis, Monsieur, que, les yeux fixés
sur l'organisation sociale des nations, vous
ne voyez que les ressorts de la machine ,
et non l'ouvrier sublime qui la fait agir.
Je dis que vous ne reconnaissez devant
vous et autour de vous que les titulaires des
places dont les brevets ont été signés par des
ministres ou par un roi, et que les hommes
que Dieu a mis au dessus des titulaires des
ministres et des rois en leur donnant une
mission à poursuivre au lieu d'une place à
remplir. Je dis que ceux-là échappent à votre
courte vue.
C'est le propre de la faiblesse humaine
aux organes débiles et incomplets. Tobie
prenait l'ange qui devait lui rendre la vue
pour un jeune homme ordinaire. Les na-
tions prenaient Attila, qui devait les anéan-
tir , pour un conquérant comme tous les
conquérants , et il a fallu que tous deux
révélassent leurs missions célestes pour
qu'on les reconnût ; il a fallu que l'un dît :
— Je suis l'ange du Seigneur, — et l'autre:
— a Je suis le marteau de Dieu , pour que
l'essence divine de tous deux fût révélée.
« — Alors , dit Villefort, de plus en plus
étonné, et croyant parler à un illuminé ou à
un fou, vous vousregardezcommeun de ces
êtres extraordinaires que vous venez de citer
« — Pourquoi pas ? dit froidement Monte-
Cristo.
a— Pardon, Monsieur, dit Villefort
abasourdi, mais vous m'excuserez, si en
me présentant chez votisj'ignorais me pré-
senter chez un homme dont les connaissan-
ces et dont l'esprit dépassent de si loin
les connaissances ordinaires et l'esprit ha-
bituel des hommes. Ce n'est point l'usage
chez nous, malheureux corrompus de la
civilisation, que les gentils hommes, posses-
3U
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
seiirs comme vous d'une fortune immense,
du moins à ce qu'on assure, remarquez que
je n'interroge pas, que seulement je repète,
ce n'est pas l'usage , dis-je , que ces privi-
légiés des richesses perdent leur temps à des
spéculutionssocinles,à des rêves philosophi-
ques faits tout au plus pour consoler ceux
que le sort a déshérites des biens de la terre.
a — Eh! Monsieur, reprit le comte,
êtes-vous donc arrivé (1) à la situation
éminente que vous occupez sans avoir ad-
mis et même sans avoir rencontré des ex-
ceptions ? Et n'exercez-vous jamais votre
regard , qui aurait cependant tant besoin
de finesse et de sûreté, à deviner d'un
seul coup sur quel homme est tombé votre
regard î Un magistrat ne devrait-il pas être,
non pas le meilleur applicaleur de la loi, non
pas le plus rusé interprète des obscurités de
la chicane , mais une sonde d'acier pour
éprouver (es cœurs, mais une pierre de tou-
che pour essayer l'or dont chaque âme est
toujours faite avec plus ou moins d'alliage?
« — Monsieur, dit ^ illefort, vous me con-
fondez, sur ma parole, et je n'ai jamais en-
tendu parler personne comme vous faites.
« — C'est que vous êtes constamment
resté enfermé dans le cercle des conditions
générales , et que vous n'avez jamais osé
vous élever d'un coup d'aile dans les sphè-
res supérieures que Dieu a peuplées d'êtres
invisibles ou exceptionnels.
« — Et vous admettez , Monsieur , que
ces sphères existent, que les êtres excep-
tionnels et invisibles se mêlent à nous?
« — Pourquoi pas ? Est-ce que vous
voyez l'air que vous respirez, et sans le
quel vous ne pourriez pas vivre ?
« — Alors nous ne voyons pas les êtres
dont vous parlez ?
« — Si fait, vous les voyez quand Dieu
permet qu'ils se matérialisent ; vous les
touchez , vous les coudoyez , vous leur
parlez , et ils vous répondent.
« — Ah 1 dit \illefort en souriant, j'a-
voue que je voudrais bien être prévenu
quand un de ces êtres se trouvera en con-
tact avec moi.
• — Vous avez été servi à votre guise.
Monsieur , car vous avez été prévenu tout
à l'heure, et maintenant encore je vous
préviens.
« — Ainsi vous-même...
o — Je suis un de ces êtres exception-
nels, oui, Monsieur; et, je le crois, jusqu'à
ce jour aucun homme ne s'est trouvé dans
une position semblable à la mienne. Les
royaumes des rois sont limités , soit par
des montagnes , soit par des rivières ,
soit par un changement de mœurs, soit
par une mutation de langage. Mon royaume
à moi est grand comme le monde , car je
ne suis ni Italien, ni Français, ni Indou, ni
Américain, ni Espagnol : je suis cosmopo-
lite. » ( Alkxamdre Ddmas, )
J'ai dit que tout grand écrivain porte la
grammaire inhérente en lui comme le soleil
la lumière. M. Alexandre Dumas vient
puissamment en aide à cette assertion, car
je ne sache pas que ce fougueux écrivain
ait perdu beaucoup de temps à étudier
Restant et Lhomond. Cependant son style
est non seulement chaud et coloré , plein
de saveur et d'éclat, mais encore parfai-
tement clair et correct, parfaitement clas-
sique, dans la véritable acception de ce
mot. Y a-t-il dans tout ce long morceau ,
non moins précieux pour le fond que pour
la forme , une seule de ces fautes grossières
que consacre la Grammaire Nationale, sous
prétexte qu'elles émanent des vrais mo-
dèles en l'art d'écrire ? Eh ! je ne sache pas
que l'art d'écrire correctement ait jamais
été porté plus haut que de nos jours! Je
ne sache pas que la langue ait jamais été
maniée plus habilement ! car ce n'est pas
précisément la langue qui fait grands Cor-
neille et Molière , auteurs nécessairement
très-incorrects. Ce qui les met si haut au
dessus de tous, c'est la pensée, sublime
foyer de lumière dont les rayons sont des
éclairs. Mais peut-on nier que, si la langue
que nous possédons eût été leur bien ,
Corneille et Molière ne fussentencore plus
beaux , sinon plus grands ? D'ailleurs il
faut bien distinguer entre la langue et le
style. De ce que le style de Marot et de
Rabelais est admirable , ce n'est pas une
raison pour écrire ou pour parler comme
Rabelais ou Marot. Libre à vous de penser
comme eux , d'avoir leur esprit , leur ori-
ginalité , leur piquant , mais non de vous
exprimer absolument de même. La langue
transformée par Corneille et Molière, et
dès lors assujétie à une syntaxe désormais
invariable, résiste encore quelquefois à la
volonté de ses maîtres ; mais , remarquez-le
bien, ce n'est guère que lorsque la pensée
(i) Le texte porte en cles-i>ous donc arrive. Évidemment , c'est une faule cl'imi>inssioii.
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
sommeille , et n'a plus assez d'énergie pour
donipterla langue, que celle-ci par instants
se dérobe au joug. Par exemple, partout où
Corneille est lui-mèuie , c'est â dire, par-
tout où il est grand, son style est correct et
d'une pureté irréprochable. Certes, il n'y
a pas de fautes dans les vers suivants :
De quelque rude coup qu'il m'ose ayoïr frappée ,
Souviens-toi que je suis veuve du grand Pompée ,
Fille de Scipion, et, pour dire encor plus ,
Romaine... Mon courai^e est encore au dessus
On en trouve à peine une ou deu.x dans
la fameuse scène entre Auguste et Cinna.
C'est que la correction , je l'ai déjà dit , est
inséparable de tout bon style , car la cor-
rection dénote que l'on sait jyenser. Si la
pensée de Lamartine n'était parfois si vague
qu'il est difficile à l'œil le pluse.^ercé de la
bien saisir , ses vers ne présenteraient pas
de ces négligences déplorables qui dépa-
rent les lignes d'ailleurs si suaves , si ra-
vissantes , de ses tableaux. Ou plutôt, si
Lamartine, le grand poète , ne jugeait pas
indigne de lui de discipliner un peu son
imagination , en la soumettant aux règles
de i'art , son style , parfois un peu diffus ,
y gagnerait beaucoup en force et en pré-
cision.
LES RÈGLES DE l'aRT.
L'onde qui coule libre et sans frein dans la plaine,
Si pure qu'elle fût à sa source, en chemin
Se ternit, devient trouble, et i)ientôt, toute pleine
De sable etdelînion, se perd dans un ravin,
liais que l'art, dans son cours, lui fasse violence ,
r.ondensée , elle gagne un élan sans pareil ;
Et bientôt , libre et liére , au ciel elle s "élance
En jets de diamant, qui brillent au soleil.
Or vous me coni_prenez : cette onde est le génie,
Qui , s'il n'est comprimé , perd sa force infinie ,
Et s'use sur la terre en ellbr's impuissants.
Mais que l'art, enchaînant sa course vagabonde ,
Le contraigne à jaillir , il s'élève , et le monde ,
Pour mieux voir et sentir , demande d'autres sens.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Que Lamartine , le divin poêle, ne se
fasse pas illusion ; bien sur ces négligences,
qu'il traite comme peu de chose , lui nui-
ront dans l'avenir. Qu'on me qualifie de
puriste tant qu'on voudra , mais dans le
plus beau vers une faute de grammaire
me fait l'effet d'une chenille sur une fleur.
Tant que j'aurai pour moi des hommes
comme Victor Hugo, Alfred de Vigny,
Georges Sand , dont le style est aussi pur
que la pensée est claire , })cu m'importe
ce que penseront de moi les grammairiens,
les maîtres de langue , et autres collets
montés de la même espèce. Rien ne m'em-
pêchera de leur crier sur les toits :
Sans la langue, en un mot, l'autetn' le plus divin
Est toujours, quoi qu'il lasse, un méchant écrivain.
Ce qui me révolte , ce qui m'aigrit , ce
qui me met hors de moi , c'est de voir, au
nom même de cette pureté de langage que
je défends , les vivants sans cesse immolés
sur le tombeau des morts. Les grands poè-
tes , les grands écrivains, les bons écrivains
abondent de nos jours; on les voit . on les
louche , on les coudoie , on leiu- parle , on
les lit , et on ne les connaît pciint. Le cata-
logue de MM, Noël et Chapsal, ce catalo-
gue volumineux, publié sous le titre de
Leçons françaises de littérature et de morale,
est toujours à l'ordre du jour. Marmontel,
Delille , Saint-Lambert , Piron , Voltaire,
Berchonx, Parny , J.-B. Rousseau, Rul-
hière , Gresset , Colardeau , Thomas , sont
toujours les écrivains classiques par excel-
lence , les parfaits modèles qu'on nous
propose.
Cependant nulle part les fautes de toute
espèce n'abondent autant que dans les
œuvres de ces écrivains. Certes, si les let-
tres ont dégénéré sous quelques rapports,
sous bien d'autres elles se sont perfection-
nées. C'est ce que nous aurons peut-être
plus d'une fois l'occasion de démontrer
dans le cours de cet ouvrage.
En attendant le préjugé tient bon. C'est
une mauvaise herbe qu'il n'est pas aisé
d'extirper.
C'est une chose déploiable de voir avec
quel empressement on fait revivre les
morts et mourir les vivants.
Cosmopolite, se dit aussi familièrement
de celui qui parcourt tous les pays sans ja -
mais avoir de demeure fixe, ou qui se
prèle aisément aux usages , aux mœurs des
pays où il se trouve. C'est un cosmopolite ,
un vrai cosmopolite.
Adjectivement , Un philosophe cosmopo-
lite , utie existence cosmopolite.
Couchant, s. m. La partie occidentale
de la terre. Cette région est au couchant,
vers le couchant. Du levant au couchant. En-
tre le midi et le couchant. Du côté du cou-
chant. — L'endroit de l'horizon où le soleil
se couche. Le couchant d'hiver, le couchant
d'été. Maison exposée au couchant, l'ig. et
poét. , chez les classiques, Etre, toucher à
son couchant. Vieillir, baisser, s'éteindre.
Ce beau génie était à son couchant.
Couronne, s. f. Météore qui paraît en
forme de cercle lumineux autour du soleil
et de la lune.
Cycle, s. m. (Du grec Ay/i/os.) Cercle, pé-
riode ou révolution toujours égale d'un
T. II.
G9
546
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
certain noml)rcd'annécs,pondantla quelle
les uit'mt's plicnoiiiones se reproduisent
constamment et dans le môme ordre. La
plupart des cycles servent à établir une con-
cordance entre les années lunaires et les an-
nées solaires. Les cycles principaux des
Grecs tHaient la dictéride on période de
deux ans, qui coniprenait 730 jours; l'oc-
taétéride ou période de huit ans, qui com-
prenait 2922 jours ; le cycle de Calippe, de
76 ans, comprenant 27,759 jours ; elle cy-
cle d Hipparque, de 304 ans , formé de
111,035 jours.
Cycle solaire. Période de vingt-huit an-
nées, au bout des quelles l'année recom-
mence parles mômes jours. Après le cycle
solaire, les lettres dominicales reviennent à
leur première place, et procèdent dans le
même ordre qu'auparavant.
Cycle lunaire , ou ennéadécaètéride , Pé-
riode de dix neuf ans, au bout de la quelle
le soleil et la lune se rencontrent à peu près
dans le môme lieu du ciel où ils étaient au
commencement. On compte cette période
par dix-neuf nombres quise succèdent dans
leur ordre naturel, depuis 1 jusqu'à 19. Puis
on recommence. Il fut invente par l'Athé-
nien Méthon , d'où on le nomme aussi Pé-
riode méllionique. Le nombre qui désigne
l'année du cycle lunaire s'appèle le nombre
d'or, llservaità marquerles nouvelleslunes
et la fête de Pâques ; aujourd'hui il sert à
trouver les épactes. L'année qui précéda la
première de notre ère fut la première du
cycle, la suivante fut la 2' , ainsi de suite.
On voit que, pour trouver l'année du cycle
lunaire ou le nombre d'or, comme on l'a-
pèle ordinairement, il faut ajouter 1 au mil-
lésime et diviser par 19, le reste sera le
nombre d'or de l'année proposée. Ainsi
comme lSi6 divisé par 19 donne le reste 3,
3 est le nombre d'or de l'année 1845. Les
nouvelles lunes arrivent cette année aux
mêmes jours que dans toutes les 3«' années
du cycle lunaire.
Cycle de l'indiction , Période de quinze
ans, nommée ainsi d'un tribut que les Ro-
mains levaient tous les ans dans les pro-
vinces pour fournir à la paye des soldats
qui avaient quinze ans de service. Elle
commença, selon les uns en 312, et selon
les autres en 313. Les papes, qui s'en ser-
vent encore, la comptent à partir du 1"'
anvier. Pour trouv(;r l'année d'indiction,
on ajoute 3 au millésime, et on divise par
15 ; le reste indique l'indiction. Si ce reste
est 0, l'indiction est 15. On dit plutôt sim-
plement indiction que cycle de l'ijidiction.
L'indiction est un des trois cycles qui entrent
dans la période julienne. Indiction première,
indiction seconde, etc., La première année,
la seconde année de chaque indiction.
Cycle des générations. Méthode de comp-
ter le temps par générations , ayant pour
principe que trois générations forment un
siècle. Cette méthode a été employée par
Phérécyde , Cadmus de Milet, Hérodo-
te, etc. Denys d'Halicarnasse fait ce cycle
de 27 ans.
Cycle chinois. Période de soixante an-
nées. Le premier de ces cycles commence
à l'année 2697 avant J.-G. La première
année de notre ère correspond à l'aa 5S
du quaraDte-cinquième cycle chinois.
Cycle pascal. Voyez Cïcle DyoNisiEN.
Cycle dyonisien ou victorien. Période de
532 années, produit des 19 ans du cycle lu-
naire par les 28 ans du cycle solaire. 11 fut
attribué à Denys le Petit et à Viclorianus
(/i27). On le nomme aussi Cyc/e luni-solaire.
Voyez Période,
Déclinaison, s. f. L'arc de la sphère cé-
leste qui mesure la distance angulaire dont
un astre est éloigné de l'équateur, soit au
nord, soit au sud. La déclinaison d'un astre
se mesure sur son cercle horaire. Déclinaison
boréale. Déclinaison australe. Déclinaison de
l'aiguille aimantée. L'angle qui mesure son
écart du vrai nord, soit vers l'est, soit vers
l'ouest.
Déclinant, adj. m. Qui décline. Cadran
déclinant. Cadran qui ne regarde pas di-
rectement quelqu'un des points cardinaux.
Dcclinateur ou déclinatoire. s. m. Instru-
ment qui sert à déterminer l'inclinaison ou
la déclinaison des plans sur les quels on
veut tracer des cadrans solaires.
Déférent, s. m. Cercle par le quel on ex-
pliquait, dans l'ancienne astronomie, l'ex-
centricité, le périgée , et l'apogée des pla-
nâtes. Comme on avait observé que les
planètes sont diversement éloignées de la
terre en divers temps, on supposait que
leur mouvement propre se faisait dans un
cercle qui n'était pas concentrique à la
terre. 11 était nommé déférent, parce que,
passant par le centre de la planète, il sem-
blait la porter et la sou tenir dans son orbite.
Degré, s. m. (En latin degressus, de
degredi, descendre.) Chacune des trois
cent soixante ou des quatre cents partie»
SIGNES niVEIlS. ASTRONOMIE.
ugales de la circonférence (1). Le Degré
sexagésimal est la trois cent soixantième
partie de la circonférence ; le degré déci-
mal en est la quatre centième. Les astro-
nomes divisent en degrés , ordinairement
sexagésimaux , les cercles fictifs de la sphère
céleste. Le degré se divise en miimtes, la mi-
nute en secondes, la seconde en tierces^ la
tierce en quartes, etc. Degrés de latitude,
Ceux du méridien. Degrés de longitude ,
Ceux de l'èquateur. Les degrés servent à
désigner la grandeur d'un angle par la me-
sure de l'arc qui le sous-tend. Lieue de vingl-
cinq au degré. Les degrés de l'écliptique.
Chaque signe du zodiaque fixe ou mobile oc-
cupe trente degrés. A la suite d'un nombre
exprimé en chifiTre , on représente le mot
degré par ce signe (°). Latitude, 30°, 50', i 5"
Descendant, adj. Signes descendants.
Les signes du zodiaque par lesquels le soleil
paraît descendre, depuis le solstice d'été
jusqu'au solstice d'hiver.
Descension. s. f. Desccnsion d'un astre,
Distance entre le point équinoxial et le
point de l'èquateur, qui descend sous l'ho-
rizon en même temps que l'astre. La des-
ccnsion est droite ou oblique, selon qu'on la
rapporte à la sphère droite ou à la sphère
oblique.
Diamètre, s. m. Les diamètres des pla-
nètes sont réels ou apparetits. Diamètre appa-
rent. L'angle sous le quel on voit une plané te,
en prenant pour rayon la distance de la pla-
nète à la terre; c'est à dire, en menant de
l'œil des rayons visuels à deux points opposes
du disque d'une planète. L'angleformé par
ces rayons , et dont le diamètre de la pla-
nète est la corde, forme ce qu'on appelé le
diamètre apparent. Celui du soleil est de 31
minutes 2 secondes , celui de la lune de
31 minutes. Diamètre réel, La grandeur
réelle d'une planète, mesurée à l'aide
d'une grandeur connue, telle que le mètre,
ou comparée avec le diamètre de la terre.
Diétéride. s. m. Nom que les Athéniens
donnaient à la Réunion de deux années
lunaires , à la seconde des quelles ils ajou-
taient un mois de vingt-deux jours, pour
faire concorder l'année lunaire avec l'an-
née solaire.
Direct, ecte. adj. Mouvements directs ,
Ceux qui sont dirigés de l'occident vers
l'orient, comme le sont les mouvements
de toutes les planètes et «le leur satellites
dans le système solaire.
Disque, s. m. (Du laiin discus.) La sur-
face visible des grands astres, qui, à nos
yeux, paraissent ronds et plats. Le disque
du soleil. Le disque de la lune.
Éclipse, s. f. (Du grec ecleipsis, défaut,
privation, de leipô , je manque.) Dispa-
rition apparente d'un astre, causée par
l'interposition d'un autre corps céleste en-
tre cet astre et l'observateur. Eclipse de
soleil. Eclipse de tune. Eclipse partielle.
Eclipse totale, centrale. La terre étant un
corps opaque éclaire par le soleil, projeté
au loin derrière elle une ombie dans l'es-
pace. Quand la lune traverse cette ombre,
elle ne reçoit plus la lumière du soleil , et
diparaît aux yeux pendant tout le temps
qu'elle y demeure. Il y a alors éclipse de
lune. Selon qu'elle plonge dans l'ombre
entièrement ou en partie , l'cclipse est to-
tale ou partielle. L'cclipse centrale est celle
oii le centre de la lune coïncide avec l'axe
même du cùne de l'ombre. Pour qu'il y
ait éclipse de lune , il faut qu'au moment
de l'opposition ou pleine lune cet astre se
trouve dans le plan ou près du plan de l'é-
cliptique. Siellese trouvesurun desnœuds,
il y a éclipse totale.
Les éclipses de soleil sont causées par
l'interposition de la lune entre la terre et
le soleil. Eclipse annulaire , Celle où la
lune paraît tout entière sur le soleil , en
laissant autour un anneau ou couronne lu-
mineuse. Vt)yez Lune , page 515, où nous
avons déjà parlé des éclipses, sur les quelles
je ne reviens qu'afin de lever autant que
possible tout es les difQcultés. La durée d'une
éclipse. Prédire les éclipses. Rectifier la chro-
nologie par les éclipses. L'éclipsé d'un satel-
lite de Jupiter.
Les éclipses furent autrefois un objet de
terreur pour les peuples. Cependant Anaxa-
gore , chez les Grecs , et Sulpitius , chez
les Romains, expliquèrent et prédirent
même des éclipses.
On appelé occu//a<ton, La disparition mo-
mentanée d'une étoile ou d'une planète
cachée par la lune. Occultation des étoiles ,
des fixes par la lune. ( En latin, occuliatio,
d'occultare, cacher. )
Écliptique. s. m. L'orbite que le soleil
paraît parct)urir autour de la terre , et que
(l) Selon Napoléon Landais, Portion de terre entre deux méridiens ou deux parallèles. Son ar-
ticle 5ur les degrés ç^c'ogvapliiqucs et aslrouoniiqucs se borne à rc peu de mots.
.';îs
CLEF PE f,\ rWCLE ET DES SCIENCES.
la terre jiarcotirl léellement en une année.
On la nomme ainsi parce que les éclipses,
soit de soleil , soit de lune, ne peuv(;nt ar-
river qu'aux époques où la lune se projeté
sur cette orhite du côté du soleil , ou an
point diaruélrali'iuent opp(jsé. C'est sur ce
cercle que sont marqués les douze signes
du zodiaque. L'cclipli'/nc est une courbe-
presque plane. Le plan de l'ccliptique se dé-
place lentement dans le ciel de siècle en siècle.
L'obliquité de t'écliplique- est l'angle formé
par le plan de l'ccliptique avec le plan de
l'équateur terrestre. Cet angle est d'environ
23 degrés 28 minutes.
Il est aussi adjectif des deux genres , et
signifie , Qui a rapport aux éclipses. Ter-
mes écliptiqiies , Les deux points extrêmes
entre les quels peuvent seulement avoir
ieu les éclipses. On détermine au moyen
des cpactcs les époques des conjonctions ,
et l'on connaît de même celles des oppo-
sitions, en retranchant des premières une
demi-révolution synodique , ou 14 jours
18 heures 22 minutes. On cherche ensuite
la distance du soleil au nœud de la lune.
Si cette distance est moindre que 13 de-
grés 33 minutes, l'éclipsé de soleil est sûre ;
si elle est plus grande que 19 degrés àà mi-
nutes , l'éclipsé est impossible. Il en est de
même pour les éclipses de lune. Si la dis-
tance du soleil au nœud de la lune est
plus petite que 7 degrés 47 minutes, l'é-
clipse est sûre ; si elle est plus grande que
13 degrés 21 minutes l'éclipsé est impossi-
ble. Conjonction cdiptique. Opposition ou
pleine lune écliptique. Si les pleines lunes
étaient toutes écliptiqucs , il y aurait éclipse
de lune , chaque fois que la lune est dans son
plein.
Electricité, s. f. (Dn grec elektron, ambre
jaune ou succin, substance dans la quelle
on a reconnu d'abord l'électricité.^ Pro-
priété qu'ont certains corps, lorsqu'ils sont
frottés, chauffés, ou seulement mis en con-
tact entre eux , d'attirer d'abord et de re-
pousser ensuite les corps légers, de lancer
des étincelles et des aigrettes lumineuses,
de faire éprouver des commotions plus ou
moins fortes au système nerveux, de dé-
composer une foule de substances. On le
dit également des fluides invisibles et im-
pondérables, que l'on suppose exister com-
l)inés dans tous les corps, et y devenir la
cause ou plulùl les causes de ces effets,
quand on parvient à les désunir. Théorie
de i' électricité. Les phénomènes les plus sim-
ples de l'électricité sont l'attraction et ta ré-
pulsion. Electricité vitrée , développée par
le frottement sur le verre. Électricité rési-
neuse, développée sur la résine. On a sub-
stitué A ces noms ceux d'électricité positive
et d'éleclricilé négative. Deux corps chargés
il' électricités semblables se repoussent, tandis
qu'ils s'attirent lorsqu'ils sont chargés d'élec-
tricités opposées. L'accumulation de l'électri-
cité dans un corps. La combinaison de deux
électricités produit une explosion. L'électri-
cité qui se développe par le simple contact
prend le nom de galvanisme. Electricité gal-
vanique. L'électricité atmosphérique. L'éclair
et l'explosion de la foudre sont des phénomè-
nes de l'électricité. La rapidité de l'électri-
cité est étonnante ; elle parcourt dans moins
d'une seconde prés de deux lieues. On croit
la théorie de l'électricité liée à celte du ma-
gnétisme.
Sllectrique. adj. Qui a rapport à l'élec-
tricité , qui la produit ou qui en provient.
Phénomènes électriques. Fluide électrique ou
Electricité. Vertu, propriété électrique. Plu-
sieurs animaux, la torpille, le gymnote, etc.,
jouissent de propriétés électriques. Etincelle
électrique. Courant électrique. Commotion
électrique. Frictions électriques.
Il se dit également de ce qui sert à élec-
Iriser ou à faire des expériences sur l'élec-
tricité. Machine électrique. Batterie électri-
que. Carreau électrique. Pistolet électrique.
Corps électriques , Corps dans les quels
les propriétés électriques peuvent être dé-
veloppées par le frottement. On dit qu'un
cor|)s est rendu électrique , lorsqu'il attire,
retient un instant, et repousse ensuite les
corps légers qu'on lui présente, tels que
des parcelles de barbes do plume, des frag-
ments de paille, etc. On produit cet effet
en frottant uu bâton de cire à cacheter sur
la manche de son habit.
Embolisme. s. m. (Du grec emballa,
j'insère.) Intercalation.
Embolismique. adj. Intercalaire. Il se
dit des mois surajoutés dans certaines an-
nées par les chronologistes, pour former le
cycle lunaire de 19 ans. Mois embolismique.
Année embolismique , Celle à laquelle on
ajoutait un mois embolismique. Le cycle
lunaire se composait de 19 années lunaires
dont 12 étaient communes ou de 12 lunai-
sons, et 7 de 13 lunaisons ou embolismî-
qiies. Les années embolismiqiies étaient la
3s la 6% la 8", la 11% la 1/|«. la 17% et la 19-.
lEmersior. s. f. (En latin emersio , d'e-
SIGXES DIVERS. ASTRONOMIE.
549
merf^cre, sortir d'où l'on était plongé.) 11 se
dit en parlant des planètes, lorsque . après
avoir été cachées par l'ombre ou par l'inter-
position d'une autre planète, elles com-
mencent à reparaître. L'émersion des satel-
lites de Jupiter.
Empyrée. s. m. (Du grec en dans etpyr,
l'eu. ) La partie du ciel la plus élevée, que
les anciens regardaient connue le si-jour
des divinités célestes, et oii les théologiens
placent celui des bienheureux. Le* c/iei/o; de
l'Enipyrie. Jusquedans t'Einpyrce. Adjec-
tiv.. Le ciel Empyrée.
Épacte. s. i'. (Du grec épactos, étranger,
surajouté, intercalé, d'épagô , j'ajoute,
j'introduis. ) Le nombre qui , pour chaque
année , exprime l'âge de la lune , au mo-
ment où l'année commence (1). Puisque
l'année solaire dépasse de 11 joujs la durée
de 12 lunaisons , si l'épacte est 0 la pre-
mière année du cycle lunaire, elle sera
11 la seconde année, 22 la troisième, 33 la
quatrième, ou plutôt trois, en retranchant
30, durée complète d'une lunaison, et
ainsi de suite. Pour déterminer l'épacte de
chaque année , il ne s'agit donc que d'a-
jouter 11 à l'épacte de l'année précédente,
en retranchant 30 de la somme obtenue,
chaque fois que cette somme est plus
grande que 30.
TABLEAU DES EPACTES.
qcle lunaire de 19 ans.
3
4
5
6
7
8
9
10
41
12
13
14
15
16
17
18
J9
épactes.
30 ou
0
11
22
3
U
25
6
17
28
9
20
1
12
23
4
15
26
7
18
27 a été l'épacte de iSttO ; en conséquence
l'épacte de 18Z|6 sera 3 , comme on le voit,
par ce tableau :
ISiiO— 27
18il— 8
1842—19
1843— 0
1844—11
1845—22
1846— 3
1847—14
18/18—25
L'épacte de chaque année se trouve tou-
jours indiquée au commencement des al-
manachs , le plus souvent en chiffres ro-
mains , que l'on place à côté des jours du
mois dans un ordre rétrograde, de sorte
que l'épacte XXX est à coté du 1"^ jan-
vier , XXIX à compter du 2, et ainsi de
suite jusqu'à 1 , après lequel on recom-
mence. Les trente éitactes ainsi disposées
repondent à 30 jours. Mais , comme il y a
six mois de l'année lunaire qui n'ont que
29 jours au lieu de 30 , on met ensemble
lesépactesXXV etXXIV, ensorte qu'elles
ne répondent qu'au mèmejovir, pendant
six mois alternatils. C'est à dire que , si
l'épacte est XXX le l"^' janvier , et XXX
encore par conséquent le dernier de ce
mois , on met les deux épactes XXV et
XXIV à côté du 5 février, du 5 avril ,
du 3 juin , du 1'"^ août , du 29 septembre,
et du 27 novembre. Par ce moyen les
trente épactes ne répondent qu'à vingt-
neuf jours dans ces six mois. De cette ma-
nière l'épacte est de nouveau XXX le 21
décembre , et par conséquent XXXI on
1 le premier janvier suivant , comme l'in-
dique ce tableau :
ipactes.
Jours.
XXX
21 Décembre
XXIX
22
XXVIII
23
XXVII
24
XXVI
25
XXV
26
XXIV
27
XXIII
28
XXII
29
XXI
30
XX
31
En ajoutant 11 à l'épacte du 31 décem-
bre , on a colle du 1"=' janvier. L'épacte
XXX se marque ordinairement par un as-
térisque. La nouvelle lune de janvier, pour
une année quelconque, ariive le jour de-
vant lequel celte épacte est planée. Les
I épactes servent ainsi à déterminer les
(l) M. iNiipoU'On Landais dotiiiil I'i/vhVc le noinhic de joius fm'oii ajiuUi- à I aiinëo lunaire, (loiu
550
CLEl' DE LA LAi\(;iiE ET DES SCIENCES.
épuqucs des nouvelles lunes de chaque
année.
* Je doute que dans aucun dictionnaire le mot èpacle
soit piéscntc d'une manière aussi cljiio qu'il Test ici. En
général, dans les dictioniiai ris, de tels arliclessontrédipés
de façon qu'à moins d'en savnirsur le même sujet quatre
fois plus que l'auteur il est impossblc d'y rien compren-
dre. C'est que les faiseurs de dictionnaires ne travaillent
qu'avec des pièces de rapport, qu'ils assemblent à l'aveu-
gle et sans rien comprendre eux-mêmes à ce qu'ils font.
Quand je songe au succès prodigieni de l'un entre
autres de ces dictionnaires fabriqués ainsi à coups de ci-
seaux, je me sens rougir de bonté de travailler pour un
public si Ignare , et je briserais de rage ma plume , si elle
n'appartenait à mon éditeur.
Dire qu'il y a des maîtres de langue, des professeurs,
qui ne peuvent se désentêter de ce dictionnaire!
C'est que ee n'est pas pour rien que, dans le Diction-
naire de l'Académie, pédant est quelquefois synonyme de
mulet.
Epagnmènes. s. m. plur. ( Du grec
c/7fl^(5, j'ajoute, et mené., lune.J Cinq jours
ajoutés à l'année de Nabonnassar, en Egyp-
te, pour la porter à 365 jours.
Ce mol n'existe pas pour l'Académie.
Epicycle. s. m. (Du grec epi, sur, et
kuklos, cercle.) Petit cercle imaginé par
les anciens astronomes, et dtint le centre
est dans un point de la circonférence d'un
plus grand cercle. Épicycle de Mars. Les
épicycles servaient à expliquer les mouve-
ments directs, rétrogrades, stalionnaires des
planètes.
Epoque, s. f. (Dulatine/joc/iè. jPoint dé-
terminé dans l'histoire, qui ordinairement
est marqué par quelque événement con-
sidérable. Les principales époques de l'his-
toire ancienne sont la création (avant J.-C. 4004j,
le déluge (^25li8) , la vocation d'Abraham
(1921), /a loi de Moïse (1491J, la dédicace
du temple de Salomon (1005J, la fin de la
captivité de Babylone ( 536), l'arrivée d'A-
lexandre le Grand à Jérusalem ("332), et la
persécution d'Anliochus (170). Les princi-
pales époques de l'histoire moderne sont la
naissance de Jésus-Christ (après la création
ZiOO/i), la conversion de Constantin ('312 après
J.-C), le baptême de Clovis (496), la fuite
de Mahomet (<)12), le couronnement de Char-
lemagne (800), la première croisade (1099),
la mort de saint Louis (1270), la fin du grand
chisme d'Occident (lài7) , l'abjuration de
Henri 7F (4593), la révolution française
(1789). La fuite de Mahomet ou Hégire, qui
pour nous n'est qu'une époque, est l'ère des
Mahomélans. L'époque du déluge. La nais-
sance de Jésus-Chbist est l'époque où corn-
7nencc l'ère Chrétienne.
— Toute part du temps considérée par
rapport à ce qui s'y passe, à ce qu'on y
fait. L'époque de son avèneinent au trône.
1840,1842, 1845, fatales époques de ma
vie.
Faire époque, se dit d'un fait, d'un évé-
nement remarquable qui ne peut de long-
temps s'oublier,
Equateur, s. m. (En latin œqualor,
A'œquare, égaler, rendre égal. } Un des
plus grands cercles de la sphère , qui est
également distant des deux pôles, et qu'on
appelé ainsi parce que les jours et les nuits
sont égaux pour toutes les régions de la
terre , lorsque le soleil occupe un de ses
points, ce qui arrive deux fois dans l'année,
au temps des équinoxes, c'est à dire, vers le
21 mars et le 23 septembre. On le nomme
aussi /tg'ne équinoxiale, ou simpl., ligne.
Equateur terrestre. Equateur céleste. C'est
le plan de l'équateur terrestre, prolonge
indéfiniment dans l'espace , qui constitue
l'équateur céleste, celui que traverse le so-
leil ; et c'est en parlant du cercle idéal
tracé par ce plan sur la sphère céleste que
l'on peut dire : Les régions situées sous l'é-
quateur. Les peuples qui habitent l'équa-
teur ; etc. L'équateur est coupé perpendi-
culairement par tous les méridiens , puis-
que tous les méridiens passent par ses
pôles. De l'équateur aux pôles , le globe
est divisé en 90 degrés de latitude septen-
trionale et 90 degrés de latitude méridio-
nale.
Dans un sens analogue, L'équateur de
Jupiter , de Saturne, etc.
Equatorial. s. m. Instrument qui sert à
mesurer l'ascension droite et la déclinai-
son , au moyen de deux cercles qui repré-
sentent l'un l'équateur et l'autre le cercle
de déclinaison. En voici la figure et la
description empruntées à V Encyclopédie de
la jeunesse.
l'éijalci- à ranne'e solaire. Or te nomlne est 1 1. Le nombre II exprimerait donc en tout temps 1 âge
delà lune. Il n'est pas une définition du diciionnaire des dictionnaires qui ne donn.it lieu a
pareille observation. Mais dès lors les notes tiendraient bientôt plus de place dans notre livin que
le Icxtc même. Quelle rude besogne d'ailleurs ! j'aurais tout aussitôt fait de compter les grains de
11 _ ■ r_ „.-. !.. l;. .1' ..;...';
sable qui forment le lit d'une livi
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
551
a AB est un axe fixe , placé dans la di-
rection de l'axe du monde. Un cercle CD
gradué , au centre du quel on a placé une
lunette IF. tourne au tour de cet axe. Un se-
cond cercle Hl est situé dansun plan per-
pendiculaire à AB. Par conséquent HI est
dans le plaa de l'équateur;» ce qui a fait
donner à l'instrument le nom d'équaloriat.
A l'aide de cet instrument , on peut sui-
vre une étoile dans toutes les circonstan-
ces de son mouvement diurne. Remarquons
que les étoiles situées près du pùle céleste
ne se couchent jamais et qu'on peut les ob-
server pendant toute la nuil. Si une étoile
était placée juste an pôle elle ne bougerait
pas du tout.
Régions équatoriales ou équinoxlfiles.
Régions situées sous l'équateur. Les régions
équatoriales n'existent point pour l'Aca-
démie.
Équation des temps , La différence en-
tre le temps vrai et inégal , indiqué par le
soleil , et le temps moyen , marqué par
une horloge bien réglée , c'est à dire , le
nombre variable de minutes et de secondes
qu'il faut .ijouter chaque jour à l'époque
du midi moyen pour avoir le midi vrai. La
plupart des jours de l'année ont une durée
inégale. Cette inégalité des jours solaires
est due aux différents degrés de vitesse
dont la terre est animée dans sa course
autour du soleil, et qui correspondent aux
différentes distances où elle se trouve de
cet astre. Une autre cause de cette inéga-
lité est l'obliquité de l'écliptiquc. Pendule
à équation , Pendule qui marque le temps
vrai et le temps moyen.
Équinoxe. s. m. (Enlaiin œquinoclium,
A'œquus, égal, et nor, nuit.) Moment où
le soleil, passant par l'nn des points équi-
noxiaux , se trouve sur l'équateur , et rend
les jours égaux aux nuits pour toute la
terre. Equinoxe du printemps. Equinnxc
d'automne. L'équinoxe du printemps a lieu
le 22 ou le 21 mars ; celui d'automne , le
22 ou le 23 septembre. C'est pourquoi
l'on dit aussi equinoxe de mars , équinoxc
de septembre. Au temps des équinoxes. De
l'équinoxe de mars .i celui de septembre
il y a environ huit jours de plus que de
celui de septembre à celui de mars, parce
que le soleil, pour parler comme Josué ,
se meut avec plus de vitesse dans la partie
septentrionale de l'écliptique que dans la
partie méridionale. Les pluies de l'équinoxe
du printemps sont excellentes pour les biens
de la terre. ( Acad.)
Èquinoxial, aie. adj. Qui appartient à
l'équinoxe.
Points équinoxiaux , Les deux points oii
le grand cercle de l'écliptique coupe le
grand cercle de l'équateur. Les points
équinoxiaux ne sont pas fixes ; ils ont un
mouvement rétrograde ou en sens inverse
de l'ordre des signes , qui fait que le soleil
ne passe pas deux années de suite sur le
même point de l'équateur. Voyez Pbéces-
siON. La rétrogradation des points équi-
noxiaux trouble la position relative des
étoiles, et oblige à faire de nouveaux ca-
talogues. La ligne droite qui joint les deux
points équinoxiaux se nomme ligne des
équinoxes.
Cercle èquinoxial. Ligne cquinoxiale , ou
Equateur.
Cadran èquinoxial , Cadran dont le plan
est parallèle à l'équateur.
En Botanique, Fleurs cquinoxiales, Fleurs qui s'ou-
vrent et se ferment chaque jour à des heures détermi-
nées.
Ère. s. f. ( Suivant Savary , de l'arabe
arkha, époque; selon d'autres , de l'arabe
urach ou erach , on a fixé le temps ; selon
d'autres enfin des lettres A, E, R, A, qui
sont les initiales de l'ère des Espagnols, Ab
exordio Regni Augusti. Quelques uns pen-
sent que le mot ère vient du mot latin œs,
œris , parce que les Romains marquaient
les années avec des clous d'airain ; mais
cette étymologie est très-incertaine.) Point
fixe d'où l'on commence à compter les
années chez les différents peuples. Voyez
ÉPOQUE et PÉRIODE.
Les ères historiques on astronomiques sont
antérieures ou postérieures à Vcre chrétienne
ou ère vulgaire, qui sert à la fois entre elles
de terme moyen et de terme de comparai-
son. On désigne plus spécialement les ères
antérieures , sous le nom à.'crcs anciennes ,
52
CI.Er DE LA LV.NOl E ET DES SCIENCES.
et IpSfTCS postérieures sous celui d'crcs ma-
dénies. L'ère des Sèlettcidcs. L'ère des chré-
tiens. L'ère des inahonu'tdns. Fixer l'ère. Il
se dit aussi d(; la suite des années que l'on
compte depuis un point fixe. L'ère des Es-
pagnols commence environ trente-huit ans
avant l'ère des chrétiens , et finit vers 1351
( AcAD. ) Il se dit quelquefois dans le style
élevé d'une époque très-reaiaiquabie où un
nouvel ordre de choses s'établit, coiii-
uience. L'ère de la liberlc. — Ere césarienne
d' Antioche, Èie historique de la ville d'An-
tioche, déterminée par la victoire que
Jules César remporta à Pharsale sur Pom-
pée, l'an /iS avant J. -C. Elle fut momen-
tanément adoptée en Grèce.
hrc chrétienne , )j'ère déterminée par la
naissance de JiSsus-Christ, le 25 décembre
an du monde liOOl\. On dit aussi ère des
chrétiens , ère de Jésus Christ , ère de l'in-
carnation, ère vulgaire.
Ere d' Abrubam, Ere qui commence à la
vocation d'Abraham l'an 1921 avant J.-C.
Ere d'Alexandre le Grand , Ere histori-
que qui commence avec la 425' année de
l'ère de Nabonassar, SCSI ans après la
création du monde, le 12 novembre 324
avant J.-CI., époque de la mort d'A-
lexandre. On la nomme aussi èredes Grecs.
Ere de Constaniinople , Ere qui com-
mence à la création du monde, et dans la
quelle on compte 5508 ans avant la pre-
mière année de l'ère chrétienne. Elle a
commeocé le 1""' septembre selon les Grecs;
le l'^' janvier selon les Romains. Les con-
ciles s'en servirent dans le vii'= siècle, et
les Russes la conservèrent jusque sous
Pierre l'' , qu'ils prirent l'ère chrétienne.
Ere de Dcnys , Eie astronomique com-
posée d'années solaires fixes, de douze
mois, dont chacun avait le nom d'un !-igne
du zodiaque. L'époque qui la constitue est
l'avénemenl de Ptoîémée Philadelphe , le
24 juin , 283 ans avant J.-C. On la nomme
aussi ère de Plolénice Philadelphe.
Ère de Dioclclicn,'hiv/insliluée enÈgypte
dans le but de célèi)rer l'avènement de
Dioclélien à l'empire. Elle commence le
29 août de l'an 284. On la nomme aussi ère
des martyrs , à cause des persécutions que
les chrétiens eurent à souffrir sous Dioclé-
tien.
Ère de la république française, Ère qui
commença le 22 septembre 1792 et dura
44 ans. ^
Ère de Rome, Lre qui commence à l'é-
poque de la fondation de Rome l'an 75S
ans avant J.-C. Voyez page 518.
Ere de l'hégire. Ere en usage chez les
mahométans. Elle commence le vendredi
IG juillet de l'an G22 de J.-C. , jour de la
fuite de Mahomet , qui, condamné à mort
par les Arabes de la Mecque, se réfugia à
Yatreb ( Médine ) avec son cousin AU et
ses disciples. Les années de l'hégire sont
lunaires et distribuées en cycles de 30 ans.
Ces années commencent avec le coucher
du soleil.
Ere de Nabonassar , Ere fameuse dans
la chronologie orientale , fondée par Na-
bonassar , roi de Babylone , qui lui donna
son nom. Elle commence le 26 février de
l'an du monde 3257, avant J.-C. 747. Son
élément astronomique est l'année de 365
jours.
lléductlon en années avant J.-C. des années de l'ère de
Nahonaasar. Si l'année nabonassarleiine doniiée n'est
pas plus grande qne 277, on la soustrait de 7^8; si elle
est entre 278 et 7A8, on la soustrait de 7Zi9. Le reste est
l'année avant J.-C. Soit l'année de Nabonassar 198, on la
retranrhi' de 748: le reste 650 est l'année avant J.-C. qui
lui correspond. Soit l'année nabonassarienne 537, on la
retranche de 7/|9, et le reste 212 indique l'année avant J.-C.
con-vs-poudixule. lîcductwn en années après J.-C. des années
de Cére de Nabonassar. Si l'année nabonassarienne donnée
est entre 749 et 1688, on en soustrait 748 ; si elle est plus
forte que 16S7, on en soustrait 749. Le reste est l'année
après J.-C. Soit l'année de Nabonassar 919, on retranche
de ce nombre 748 ; le reste 171 indique l'année de J.-C.
cherchée. Soit l'année 1865, on en retranche 749, et le
reste 1116 est l'année de J.-C. correspondante. liéductton
en années de Nabonassar en années avant J .-C. Si l'année
avant J.-C. donnée est plus grande que 520 on la sous-
trait de 748; si elle est plus petite, on la soustrait de 749.
Soit l'année 579 avant J.-C, on la reli'anche de 748, et le
reste 169 est l'année nabonassarienne correspondante.
Soit l'année 496, on retranche ce nombre de 749 el le
reste 2.53 est l'année cherchée. Réduction en ajinées de
Nabonassar des années après J.-C. Si l'année après J.-C,
donnée n'esl pas plus grande que 939 , on y ajoute 748;
si elle est plus gi-aade, ou y ajoute 749. La somme est
l'année de Nabonassar. Soit l'année après J. -C. 426, on y
ajoute 748, et la somme 1174 est l'année nabonassarienne
correspondante. Soit l'année après J.-C. 184.Î. on y ajoute
749, et la somme 2594 indique l'année nabonassarienne
qui lui correspond.
Ere des Aciiaqucs, Ère instituée en Egypte,
à l'occasion de la bataille d'Actium, la
quelle commence an l"thot ou 30 août de
l'an 30 avant J.-C, le 719» de Nabonassar.
Ere des Arméniens, Ere à la quelle donna
lieu la séparation de l'église arménienne
de l'église latine , en suite de la condam-
nation prononcée contre elle par le concile
de Clialcédoine, et pour la quelle on
adopta le comput de l'année julienne.
Elle répond au 9 juillet 532 de J.-C.
Ère des Olympiades, Ère historique qui
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
535
date de l'Olympiade (1) de corabus , la
première dont l'histoire fasse inenlioD ,
l'an du monde 3229, avant J.-C. 776.
Cette olympiade comprend ainsi les années
776, 775, 774, et773 avant l'ère vulgaire.
La première année de la 195'" répond à la
première année de l'ère vulgaire. Alexan-
dre commença à régner la première année de In
cent onzième olympiade , 337 ans avant
J.-C. On désigne les olympiades par des
chifTres romains, et les années des olym-
piades par des chiffres arabes. Olymp.
L XXXXIII', 3, indique la S"-' année de
la 93« olympiade. On cessa de se servir
des olympiades vers la fin du IV= siècle.
Réduction en années arnnt J.-C. des olympiades qui ne
passent pas la 194°. Ou diniiiiue d'une unité la quantité
d'olympiades donnée; on multiplie le reste par 4; au
produit on ajoute les années de l'olympiade donnée,
moins une ; on soustrait cette somme de 776 , et le reste
est l'année avant J.-C correspondante. Soil la ii« année
de la LXXXXm" olympiade. On diminue d'Hine unité le
nombre 93, quantité d'olympiades donnée ; on multiplie
le reste 92 par 4; ce qui donne 368, A ce nombre on
ajoute les années de l'olympiade donnée, moins une, par
conséquent 2. On déduit la somme 370 de 776 , et le
l'cste 406 est l'année cherchée.
Rédurtiou en années après J.-C, des Olympiades qui pas-
sent la 194'. On diminue d'une unité la quantité d'olym-
piades donnée; on multiplie le reste par quatre ; au pro-
duit on ajoute l'année précise de Tolympiade tinnnée; ")n
retranche de la somme obtenue le nombre 776 , et le
reste est l'année après J.-C. Soit la 4° année de la
CCLXXXXHI» olympiade. On diminue d'une unité le
nombre 293 ; on multiplie le reste 292 pa- 4 ; au produit
1168 on ajoute 4, année de l'olympiade; de la somme 117'2
on soustrait 776, et le reste 396 indique l'année après
J.-C. qui correspond à celle de l'olympiade donnée.
Réduftion en olympiades des années axuint J.'C. Ou dimi-
nue l'aimée donnée d'une unité : on soustrait le reste de
776; on divise la dill'érence par 4. Le quotient donne les
olympiades écoulées, et le reste, s'il y en a, l'année de
l'olympiade. Soit l'année 570 avant J.-C. On retranche
de ce nombre une unité ; on sousti-ait le reste 569 de 776,
ce qui donne 207, qu'on divise par 4. Le quotient 51 ex-
prime la quantité d'olj-mpiades trow/ces; et le reste 3
l'année précise de l'olympiade courante, qui correspond
à l'année 570 avant J.-C.
Réduction en olympiades des années après J.-C. On ajoute
ù 775 le nombre qui marque l'année donnée, et Pou di-
vise la somme par 4. Le quotient donne les olympiades
écoulées, et le reste , s'il y en a , augmenté de 1 , l'année
précise de l'olympiade courante qui correspond à l'aimée
donnée. Soit l'année 350 après J.-C. On ajoute ce nom-
bre à 775; on divise par 4 la somme 1125 , et le quotient
281, avec le reste 1 augmenté de 1 , contient la solution
du problème.
Ere d'Espagne, Ere instituée en mé-
moire de la conquête de l'Espagne par Au-
guste , l'an de Rome 715 , avant J.-C 39.
Les chronologues la rapportent à l'an 38, maisévidem-
mcnt c'est une erreur ; car ce n'est pas de 753 (époque de
la fondation de Rome 1 qu'il faut soustraire 715, mai.s
bien de 754. On peut s'en convaincre facilement :
ANNÉES
Avant J.-C. r»e Rome
753 1
752 2
751 3
750 4
749, etc. 5, etc.
Comme on îe voit parce tableau, l'an 5 de Rome
correspond à l'an 749 avant J.-C. Cependant si vous re-
tranchez 5 de 753, vous n'avez que 748 au li«u de 749;
comme , si vous retranchez 1 , vous avez 752 au lieu de
753. C'est donc du nombre 754 qu'il faut déduire l'année
de Ronie, pour avoir Tannée avant J,-(^ correspondante.
Oi'715, ôté de 754, laisse bien véritablement subsister
39. L'erreur signalée ici semble consacrée dans les col-
lèges autant par les professeurs que par les élèves.
L'ère d'Espagne , réglée sur l'année Ju-
lienne, fut long temps en usage non seu-
lement dans la péninsule ibérique , mais
encore dans la Narhonnaise et l'Aquita-
nique, et même dans une grande partie
de l'Afrique septentrionale. L'adoption de
l'ère chrétienne la fit abolir dans la Cata-
logne, en 1180 ; dans l'Aragon , en 1350;
dans le royaume de Valence, en 1358;
dans la Castille, en 1393; dans le Portu-
gal , en l/il5 ou 1^22 ; puis elle tomba suc-
cessivement en désuétude dans toutes les
parties de la Péninsule.
Ere Persane ou des Persans, Ere qui
date de l'avènement d'Hiesdedger au
trône de Perse, le 16 juin 632 de J.-C.
L'année de l'ère persane , réformée en
li7i de l'hégire, 1079 de .J.-C. , par Melik-
Schah-Dgelaleddin , sultan du Khorassan,
est de 365 jours à heiues/i9 minutés 15 se-
condes 4S quartes. On la nomme aussi ère
mèlihècnne ou dgctaléenne, du nom du ré-
formateur.
Ere des Séleucides , ère des Grecs , ère
des Syro-Macédoniens, Ère à la quelle donna
lieu l'avènement de Séleucus Nicanor au
trùne de Babyîone, la l'^ année de la '117«
olympiade, l'an 312 avant J.-(]. , et 442
de Rome. Les Chaldéens rapportent cette
ère à l'an 311 avant J.-C. , parce qu'ils re-
gardent l'époque où Gussandre fit tuer le
jeune Alexandre, comme celle où Sé-
leucus devint roi de Syrie. Cette ère , em-
ployée dans la Bible, le^ pères de l'É-
glise grecque, les écrivains orientaux , et
qui encore aujourd'hui est en usag0 chez
les Nesloriens et les Jacohites, est d'tme
grande importance pour l'histoire de l'Asie
depuis la mort d'Alexandre et pendant
tout le moyen-âge. Les Juifs l'appelaient
(l) On entend par olympiade l'espace de (|ualrr .ii:s qui s écoulait d'une celchialion des jeux
olympiques à une autre.
70
55'» cu:r' pe la i.\n(u
crc fies Conlials , p.iicc qu'on leur imposa
la néccssilé de s'en servir dans toutes les
transactions de la vie sociale. On la con-
fond quelquefois avec l'ère d'Alexandre le
Grand.
Ère de Tyr, ï-lre fondée par les Tyriens.
le 19 octobre de l'an 125 avant J.-C. , en
reconnaissance du droit A'nutonomic (1) qui
leur fut accordé par Bala, roi de Syrie.
Ère Julienne, tire qui date de la reforme
du calendrier romain par Jules César, l'an
/l5 avant J.-C. Les chronologistes l'apijè-
ient ère julienne proleptiqnc (2) lorsqu'ils
l'emploient potn- calculer les années anté-
rieures à son institution.
Ère mondaine des Juifs ou de la création
du monde , Ère que les rabbins rapportent
h l'an 3761 avant J.-C. , et les Pères du
Concile œcuménique, tenu à Constanti-
noplc en 680, à l'an 5508. Les chronolo-
gistes la font commencer l'an liOOli avant
J.-C. , et ce dernier nombre a été univer-
sellement adopté. Elle est réglée par le
cycle lunaire de dix-neuf ans composé de
douze années communes et de sept années
emboUsmiques (bissextiles. )
Pour tioiiTcr l'année de J.-C. coriespoiidante à telle
année donnée de la création du monde , on déduU le
nombre de ceUe année, non de A004, mais de 4005. Le
reste indique Tannée cherclicc. Ainsi Pan 2250 de la créa-
tion répond à Tan 1755 avant J.-C. ; et vice rersâ.
Est. S. m. La partie du monde qui est
an soleil levant ; l'un des quatre points car
dinaux de l'horizon, opposé à l'ouest ou
occident; la partie du levant ou le point
du cercle de l'horizon qui est à 90 degrés
du nord et du sud. Pour trouver le côté est
du ciel, on se tourne vers l'étoile polaire,
et on a l'est à droite et l'ouest à gauche.
Les pays qui sont d l'est. Cette province a
tant de lieues de t'est à l'ouest. Le vent souf-
fle, vient de l'est. Un vent d'est. Le point
sud-est est compris entre les points sud et
est, Vest-sud-cst entre l'est et le sud-est, le
sud-sud-est entre le sud-est et le sud.
— Le vent qui vient de l'est. //y a qua-
tre vents principaux : l'est, l'ouest, le nord,
et le sud. On dit dans le même sens, Le
vent est à l'est.
Éther. s. m. (En latin œtlier, du grec
aillicr, formé de aithô, je brûle, j'enflam-
me.) Nom que les anciens donnaient à l'air
pur et légei des hautes régions de l'atmos-
phère.
E ET DES SCIENCES.
— La matière fluide et subtile qu'on sup-
posait remplir l'espace dans le quel se
mcuviMit les corps célestes. Voici encore
qui a long-temps exercé la perspicacité des
savants. Euler attribue à cette substance
les phénomènes de la lumière, du calori-
que, et de l'électricité. Descartes a rêvé im
join- qu'au commencement tout n'était
qu'éther , qu'il se sentait emporté dans
l'espace à travers ce fluide, et qu'il voyait
le soleil et les étoiles se former j)(îu à peu
de cette substance. Huygbens nomme étlicr
la lumière. Le plus grand nombre admet
le vide absolu au delà des atmosphères
planétaires. Choisissez cuire toutes ces ima-
ginations.
Éthcré, ée. adj. Qui est de la nature de
l'éther. Substance èlliérée. Corps étliérà.
Région élliérce. Poétiq. , La voûte éthéràe.
Le ciel. Matière êlhérée, La matière fluide
et subtile qu'on a long tempssupposé rem-
plir l'espace où se meuvent les corps cé-
lestes. Espace étliérc. L'espace que l'on
supj)osait rempli delà matière élhérée.
Etoile, s. f. (En latin Stella.) Astre qui
brille de sa lumière propre , et qui paraît
toujours Cxe au même point du ciel. Au-
trefois le nom à'étoile se donnait égale-
ment aux planètes , qu'on appelait étoiles
errantes pour les distinguer des étoiles pro-
prement dites ou étoiles fixes. Les autres
corjis célestes se nomment comètes , satel-
lites , etc. Les étoiles sont divisées en
gioupes qu'on appelé Constellations. Les
astronomes les classent, en outre, ])arordre
de grandeur d'après leur éclat apparent.
Etoile de la première, de la deuxième, de la
troisième grandeur. Celte classification ne
comprend pas plus de sept ordres de gran-
deur pour les étoiles vues à l'œil nu. Riais
avec le secours du télescope elle s'étend à
la seizième grandeur. Sur les cartes astro-
nomiques on marque les étoiles de pre-
mière grandeur parun a, celles de seconde
par un 6, et ainsi de suite.
Le nombre des étoiles est infini comme
l'espace. Quand mêmeil vous seraitdonné
d'aller, plus prompt que l'éclair , avec les
ailes mêmes des anges , pendant d( s mil-
liards de siècles à travers des milliards d'é-
toiles , vous n'auriez pas avancé d'un pas.
O puissance ! ô grandeur incompréhensible
de celui qui d'un mot a créé tous ces
(t) Droit (le se gouverner par sps propre? lois Du grec autos, soi-même, cl nomns, loi.
(î) Du <^rçr prolcplihos, riui anticipe.
SIGNES niVEUS
imnidcsl Quels signes, quels mots, quelles
expressions employer pour donner une
idée de cette grandeur, de cette puissance,
de cette immensité sans bornes ! On ne
peut que répéter ce mot sublime : « L'uni-
vers est une sphère infinie dont le centre
est partout et lacirconTérence nulle part. »
O homme sois donc bien fier ! prévaux-
loi bien de ton importance , de tes titres,
de ta fortune, de ta grandeur 1 Regarde-
toi bien Comme l'image de Dieu. Fais son-
ner bien haut les vaincs sj^llabes dont tu
te nommes 1 Pauvre insensé ! Qui sait si
les fourmis qui rampent à tes pieds n'ont
pas entre elles de semblables prétentions î
Le couronnement d'une reine des fourmis,
ce dt)it être un curieux et brillant spec-
tacle. Au moins parmi les fourmis il n'y a
pas de pauvres.
On suppose , je l'ai déjà dit , que les
étoiles que nous voyons sur la voûte des
cieux sont autant de soleils enflammés,
autant de centres de mondes planétaires. I
En observant à l'aide du télescftpe les pe-
tites taches blanchâtres que l'on aperçoit
dans le ciel, et qu'on nomme nébuleuses ,
on y decouvie une multitude d'étoiles
Irès-rapprochées et confondues ensemble.
Aucune expérience n'a pu df)nner la pa-
rallaxe des étoiles; mais comme elle est
moindre qu'une seconde pour les étoiles
les plus proches de nous , nous savons que
nous en sommes séparés par une dislance
plus grande que 7 trillions 720 billions de
lieues. La lumière met un certain nom-
bre d'années à nous venir des étoiles ; en
sorte qu'il y a des étoiles que nous aperce-
vrions encore un siècle après leur entière
destruction. Les étoiles ont un mouvement
général identique à celui du soleil; elles se ^
lèvent a l'orient et se couchent à l'occi- i
dent. La nuit s'efface , le soleil reparait ,
et les mêmes phénomènes ne cessent de
se reproduire dans le même ordre. Ce
mouvement général des astres accompli
dans l'intervalle d'un jour est appelé mou-
vement diurne. \ oyez mouvemeint. Le lever,
le coucher des étoiles. Ln scintillation des
étoiles, Tif mouvement d'agilatiou qu'on
observe dans la lumière des étoiles , sur-
tout lorsque l'atmosphère n'est pas tran-
quille , et dont la rapidité produit l'illu-
sion de véritables étincelles. Les étoiles
scintillent. La nuit est belle, on voit briller
tes étoiles. Il parut cette année-là une nou-
velle étoile. En 389 , il parut une étoile dans
. ASTRONOMIE. OÙO
ta constellation de C Aigle, t/ui , pendant
trois semaines, brilla d'un éclat pareil à
celui de ta planète Vénus , et disparut pour
toujours. L'éclipsé fut si grande qu'on vit
les étoiles en plein Jour, L'étoile polaire.
Etoiles doubles, multiples. Etoiles placées
dans des directions visuelles si voisines ,
qu'elles ne paraissent foimer qu'un seul
astre, quand on les observe avec de faibles
instruments ; tandis qu'elles se résolvent
en un groupe de deux ou plusieurs astres,
quand on les observe avec de bons téles-
copes (AcAD.) Les étoiles multiples d'un
même groupe manifestent ordinairement des
mouvements de circulation continus autour
d'une d'entre elles ( Acad.) Les étoiles dou-
bles offrent souvent des différences de couleur
très-marquées {Id.) Elles sont cramoisies,
vertes, bleues, jaunes, blanches, bleuâ-
tres, etc. ,
Étoiles changeantes , Etoiles dont la lu-
mière augmente et diminue alternative-
ment. On les nomme plus particulière-
ment étoiles périodiques. On connaît treize
étoiles chan géantes. L'une des plus remar-
quables est Mira dans la Baleine , qui cou-
serve son plus grand éclat pendant quinze
jours. Elle est alors de la deuxième gran-
deur. Elle décline ensuite pendant trois
mois , jusqu'à devenir invisible , ce qui
dure à peu près cinq mois. Ensuite elle
reparaît , et va en croissant pendant les
trois premiers mois de sa période , dont
la durée est de trois cent trente-quatre
jours vingt-une heures. Etoile du berger, La
planète de Vénus. On l'appelé aussi Etoile
du matin, lorsqu'elle précède le lever du
soleil , et Etoile du soir, lorsqu'elle paraît
après le coucher de cet astre.
Prov. , Loger, coucher à la belle étoile ,
(toucher dehors, en plein air. Fig. et fam..
Faire voir à quelqu'un des étoiles en plein
midi. Lui donner sur la tète ou dans le vi-
sage un coup qui lui cause un grand
éblouissement ; ou , en imposer, en faire
aisément accroire à quelqu'un.
Étoile , se dit encore abusivement de,
ces météores, ajipelés An^s'i étoiles lomban-
tes , que l'on voit courir dans l'air la nuit,
et s'éteindie incontinent. J'ai vu tomber
une étoile. Des étoiles qui fiLnt. Quelle est
la cause de ce phénomène? On ne peut ré-
pondre que par des conjectures. Celles
qu'on a laites jusqu'à présent me parais-
sent bien hasardées. Ce sont peut-être des
aérolilhes , des f'ragmcnis de planètes ;
Sj& CLVA' DE LA L.ViNGLI
peufètre de pelils satellites , peut - être
des l'eiix volants dus au fluide 6lectriqii<!.
Hclas ! voilà bien des peiil-dlre. O science
Iiiuiiaine !
Tirtnament. s. m. (En latin firmantcn-
titm, de flniiarc, sontenir.) INoni que l'on
donnait autrelïiis au liuitième ciel,quc l'on
croyait èUv. de cristal, et qu'on supposait
entraîner tous les cieux inférieurs dans
son njouveuient.
— Le ciel en général.
— La moyenne région de l'air, regardée
comme fluide,
— Le ciel étoile, immédiatement situé
au dessous du ciel empyrée.
O sottise humaine! pendant que nous
nous perdons dans ces suppositions absur-
des , nous négligeons les choses du cœur,
choses si nécessaires et si douces à cultiver.
Hélas! il est donc vrai l'homme s'est perdu
pour vouloir trop savoir.
Aujourd'hui on ne nomme plus ainsi que
celte apparence de voûte circulaire qui en-
vironne la terre et à la quelle les astres
semblent attachés. Les éloilcf, les a.sires du
firmament. Sous le firmament. Les astres
qui brillent au firmament . En poésie , Les
feux du firmament , Les étoiles.
Géographie, s. f. (Du grec gc, terre , et
graphe, description.) Science qui enseigne
la position de toutes les régions de la terre,
les unes à l'égard des autres, et par rap-
port au ciel, avec la description de ce
qu'elles contiennent de remarquable. La
géographie et la chronologie sont les yeux de
l'histoire. Traité, cours de géographie. On
dit de même, La géographie d' un pays, d'une
province, etc.
Selon le point de vue particulier sons le
quel on considère cette science, on dit :
Géographie ancienne, Géographie du moyen
âge. Géographie physique, Géographie as-
tronomique. Géographie civile , historique,
politique, etc.
— Traité de géographie. Acheter une
géographie.
Géologie ou Géognosie. s. 1'. (Du grec
gè, terre, et logos, tiaité, gnùsis, connais-
sance.) Science qui a pour objet la con-
naissance de la forme extérieure de notre
globe, de la nature des uiatéiianx qui le
composent, de la nianièie dont ces maté-
riaux ont été formés et placés dans leur
situation actuelle. Voyez Terre.
Gnomon, s. m. Tout instrument qui mar-
que les heures par la direction de l'ombre
E ET r)ES SCIE.NCES.
qu'un corps solide porte sur un plan, oa
même sur une surface courbe. Les cadrans
solaires sont des gnomons où le corps qui pro-
jeté son ombre est une verge de métal appelée
style. (/VcAD.) Le style des gnomons moder-
nes est ordinairement terminé par une plaque
circulaire de métal percé à son rentre d'im
petit trou de même figure, pour laisser passer
l'image bien définie du disque solaire. (Id.)
Gnomonique. s. f. En latin gnomonicc,
dn gitc gnûiiion^ indice.) L'art de tracer des
cadrans au soleil, à la lune, aux étoiles;
mais surtout des cadrans solaires sur un
plan, et même sur la surface d'un corps
donné quelconque. (Acad.) La gnomoni-
que est une partie des mathématiques. ( Id. )
Gravitation, s. f. Action de graviter ,
ou Tendance que les corps ont naturelle-
ment les uns vers les autres. La gravitation
d'une planète vers un centre. Les lois de la
gravitation. Le système de la gravitation est
dû (( Newton.
Gravité, s. f. ( En latin gravitas.) Pe-
santeur, force |)ar la quelle tous les eor|>s
tendent les uns vers les autres. La gravité
fait descendre les corps vers la terre. Deux
balles de poids égal, dont l'une a conservé
sa forme rcmde et dont l'autre a été aplatie,
ne tombent pas avec la même vitesse, la
résistance de l'air étant plus grande pour
cette dernière. Dans le vide , une plume,
une feuille tombe aussi vite qu'une balle.
Les corjjs abandonnés à eux-mêmes tom-
bent toujours suivant une ligne qui coupe
à angle droit une autre ligne représentée
par la surface du globe.
Centre de gravité. C'est, dans chaque
corps solide, un point tel que, s'il est
soutenu contre l'effet de la giavité , le
corps l'est aussi, de même que si toute sa
masse était concentrée en ce point-là. On
dit alors que ce corps est en équilibre.
Graviter, v. a. (Eu latin gravilare.)
Tendre et peser vers un point. Les planètes
gravitent vers le soleil.
Hauteur, s. f. ( Du latin altus, haut,
selon cette loi générale , par la quelle la
syllabe al se change en au , en passant du
latin dans notre langue.) La hauteur d'un
astre est l'angle compris entre le plan de
l'horizon et le rayon visuel mené au point
du ciel que l'on veut désigner. La hauteur
du pôle. C'est le synonyme de latitude.
Hauteur apparente. Celle qui est fournie
par les instruments, et qui est soumise à
plusieurs influences. Hauteur vraie , Celle
SIGiNES DIVERS. ASÏKOINOMIE.
que l'un obtient par lu calcul , en tenant
ccmipte de ces influences. Hauteur méri-
dienne, La hauteur d'un astre au dessus de
l'horizon , au moment où il est dans le
méridien du lieu où on l'observe. La Itau-
leiir méridienne du soleil. La hauteur mé-
ridienne d'un astre est le point culminant
de sa course. On appelé hauteurs correspon-
dantes deux hauteurs égales du même astre
obtenues, l'une avant le passage de l'astre
au méridien , et l'.TUIre après ce passage.
Ces deux hauteurs servent à déterminer
l'instant précis d'un astre au méridien.
Voyez Cercle bépétiteur.
Prendre lu hauteur du soleil , ou simple-
ment , prendre hauteur , Obsciver avec un
instrument la hauteur angulaire du soleil
sur l'horizon. Etre à la hauteur d'une île ,
d'une ville, etc. , Etre dans le même paral-
lèle , dans le même degré de latitude. On
l'emploie surtout en termes de Marine.
Nous étions à la hauteur de Malte , de Lis-
bonne.
Hauteur , signifie aussi profondeur. Ils Jetèrent ta sonde
pour prendre la hauteur de la mer en cet endroit-là.
Hauteur a une foule d'autres significations dont nous
n'avons pas à noLS occuper ici.
Hélioscope. s. m. (Du grec hêlios , so-
leil, et Sf0/j/:ô, je regarde. ) Lunette desti-
née à regarder le soleil, et garnie à cet effet
d'un verre coloré d'une teinte sombre, pour
aflaiblir la trop grande vivacité de la lu-
mière transmise.
Hémisphère, s. m. (En latin hemisphœ-
riuni , du grec hêmisus, moitié, et sphaira,
sphère (Ij), La moitié d'une sphère. Il se
dit principalement de la moitié du globe
terrestre. L'équateur partage la terre en
deux hémispiières, l'un septentrional ou
boréal, l'autre méridional ou austral; le
méridien la partage en hémisphère oriental
et hémisphère occidental ; l'horizon en hé-
misphère supérieur et hémisphère inférieur.
Notre hémisphère. L'autre hémisphère. L'un
et l'autre hémisphère. Dans les deux hémis-
phères. Quand le soleil paraît sur notre hé-
misphère. Le plan de l'orbite terrestre par-
tage l'espace en deux hémisphères , l'un
arctique, l'autre antarctique.
Ucmîsnht-res de Magdelwurg , lléniispbèrcs concaves en
cuivre /inventes par_()ltoilc (îueiicke , bourgmestre de
557
Magdeljourg, vers 1650, et pouvant s'emboîter l'un dans
l'autre. L'Iiémispbèrc supérieur est terminé par un an-
neau, et l'intérieur par un tube à robinet que l'on visse
sur la niacbine pneuniaticjue. Des qu'on a fait le vide on
ne peut pai'venir à soulever i'hémispbère supérieur. En
laissant rentrer l'air, on le soulève lacilement. Ces ins-
truments servent àdémontrer combien est grande lapres-
sion de l'atoiosplière.
Horaire, adj. (Du latin hora, heure.)
Qui a rapport aux heures. Cercles horaires
ou Cercles de déclinaison , Cercles qui pas-
sent par les pôles du monde , et qui, par
leurs distances du méridien , marquent
les heures. Ils sont au nombre de douzi! ,
et divisent l'équateur en vingt-quatre par-
ties égales , pour les vingt-quatre heures
du jour naturel. y//ig/e horaire. L'angle abou-
tissant au pôle et formé par le cercle ho-
raire avec le méridien du lieu. Cet angle
est de 15 degrés à une heure, de 30 à deux
heures , de 45 à trois heures. Mouvement
horaire, La quantité dont un astre varie en
une heure, ou l'arc que décrit un point de
la circonférence de la terre dans l'espace
d'une heure. Lignes horaires. Les lignes
qui marquent les heures sur un cadran so-
laire.
Horizon, s. m. Le plan tangent an
point de la surface terrestre où l'on se trouve,
et perpendiculaire à la veiticale. On le
nomme horizon vrai ou astronomique. Le
plan de l'horizon rapporté au centre de la
terre et prolongé indéfiniment dans l'es-
pace , s'appèle horizon ratiotmel ou f^éocen-
trique. 11 partage en même temps la terre
et la sphère céleste en 'deux hémisphères,
dont l'im s'étendant au dessus de la surface
terrestre est appelé supérieur , et l'autre
l'enveloppant j)ar dessous est appelé infé-
rieur. Dans cette acception , l'on dit :
Prendre la hauteur d'un astre sur l'horizon ;
Le soleil est à l'horizon , etc.
Horizon, dans son acce|)tion usuelle,
Les pai lies de la surface terrestre oii se ter-
mine notre vue , où le ciel et la terre sem-
blent se joindre; et souvent, La partie du
ciel qui en est voisine. C'est ce qu'où
nomme autrement horizon sensible.
Il est à remarquer que l'Académie n'admet pas la dé-
nomination d'/ior/:()/i visuel , dont les faiseurs de géogra-
pbics font un usage immodéré. L'adjectif masculin visuel
ne s'allie qu'aux substantifs rayon et point. Rayon visuel
(l) Remarquez ici la puissance de létymologie immcdiale , nieu par MM. Besclierelle. //e/n/i-
phire , atmosphère , voilà deux noms si parfaitement analogues de forme , qu'on s'élonne d'abord
qu'ils ne soient pas tous doux du même genre. C'est que l'un est neutre en latin^ Iiémispheriuni,
ot que l'autre y e^t féminin, hcmispherei. Lamartine a donc torl de faire atiiiosphcrc du masculin.
Tout s'y oppose, la forme et l'étymoloyie.
Point visuel, ne eellt colline on lit-couirc tout l'Iwriion
horizon borné, élondu.
Vhoriion, quf la Icric attache, humble et joycujt,
Comme une lè\re au bus ùe la robe des cieux.
( Vii-Ton lIlGO. )
Les poêles modcincs lui doimcnt un pluriel, ce qui
doit singulièrement chmiuer la judiciaire des maîtres de
lanpnc.
l'iongcant mes yeux ravis dans les bleus horizons (1).
( L. N. Fleurs du Vunube. 1
Ces arbres e( ces nuits, jouets de l'aquilon ;
Et là-bas , par delà les collines lointaines ,
Ces horizons remplis de formes incertaines.
( Victor Hugo. )
Horloge, s. f. selon l'usage ; m. selon
l'élyniologit; liorologiiim. Machine placée
dans un endroit aj)[)aient de quelque édi-
fice, et destinée à marquer et à sonner les
heures. Urie bonne, une grosso horloge.
L'horloge d'une église , cl' ini palais. L'hor-
loge va bien, va mal. L'horloge avance , re-
tarde. L'horloge a sonné midi. Quelle heure
est -il à l'horloge ? Horloge détraquée. Les
roues d'une horloge. Le poids d'une horloge.
Le balancier d'une horloge. Pièce qui a un
mouvenienl d'oscillation , et qui sert à ré-
gler le mouvement de l'horloge. Le timbre
d'une horloge. La sonnerie de l'horloge.
L'aiguille de l'horloge. Le cadran de l'hor-
loge. Les heures, les minutes de l'horloge.
Monter, remonter une horloge , En bander
les ressorls ou en hausser les poids. Dé-
Titontcr une harloge , En désassenibler les
pièces. On nomme pendule une horloge à
poids ou à ressort , a la quelle on joint un
pendule, dont les oscillations servent à ré-
gler le mouveuient , et à la rendre plus
juste. Une montre est une petite horloge
portative , qui varie de forme et de gran-
deur. De ce que les Allemands n'ont qu'un
mot pour ces trois choses , ils disent de
même t.'n Crançais, Lamontre d'une église,
la montre de madame, unemontredemarbre,
d'acajou, de bronze doré. Je les prie de
croire que cela n'est pas indifférent. Un
avantage incontestable que la langue fran-
çaise a sur la langue allemande , d'ailleurs
si riche , c'est d'avoir des mots poiu- toutes
les nuances d'idées. C'est ainsi qu'une
montre vieille ou de peu de valeur n'est
qu'une patraque.
Horloge solaire. Cadran solaire. Voyez
Cadran. On dit aussi horloge au soleil.
Uoringe de sahie , ou 5fl/i/('er, Instrument composé de
deux ampoules de verre ajustées de manière que du sable
CLEr DE l-.V LANdllE El DES SCIENCES.
Un
lin qui est dans l'une s'écoulc dans l'autre par une petite
ouverture, et sert à mesurer un certain espace île temps.
Horloge d'eau, ou clepsydre. Horloge qui indique la
marche du tiiniis par réconlement d'une certaine (juan-
titè d'eau ou même de mercure. Les anciens se servaient
ordinairement d'horloges d'eau pour mesurer le temps. Les
clepsydres les plus simples consistaient i-n un large tube de
verre portant une échelle, au moyen de la quelle l'eau , s'é-
coulant par un petit orifice situé il la partie inférieure du
vase, marquait par l'abaissement progressif de son niveau
les heures et les minutes.
En liotanique, on appelé Jlorloge de Flore, une espèce
de table ou Catalogue indiquant les heuies du jour et de
la nuit aux quelles s'épanouissent certaines fleurs.
Petite Horioge de Elore.
IIEUHES DU
NOMS
nECBES
LEVER
des
du
QUcj}anouiS'
COUCHER.
sèment.
Matin.
Mati.-».
SOIB.
De 3 à 5. .
Lu salsifls des prés. . . .
De 9 à 10.
De S À 5. .
Le liseron de Portugal.
De4à5 .
Leliondenttubéreui..
3.
De 4 à 5. .
La chicorée sauvage. . .
10.
De 4 à 5..
La orépide des toits. . .
De 10 à 12
5
Le ialturnn des jardins.
De 11 à 12
5
Le pavot à tige nue.. .
7.
5
L'hémérocalle jaune.. .
de7à8
De 5 à 6. .
De 5 à 6. .
De 8 à9. .
11.
La crépide des Alpes. .
6
L'épcrvière en ombelle.
5.
De 6 à 7. .
L eperviire des murail-
De 6 à 7. .
les
2.
delà2
La crépide roupt
De 6 à 7. .
Le laiteron des champs.
De 10 à 12
7
Le souci des jardins. . .
7
Le nénuphar blanc... .
5.
7
Du 7 à 8..
10
Plusieurs ficoïdes
8
Le mouron des champs.
9
Le souci des champs. .
De 12 à . .
3.
Du 9 à 10.
La glaciale
Du 10 à 11
Leslabiuus
11
L'ornithogale
11
Midi....
3.
Toutes les plantes qui
demandent la lumière
la plus éclatante du
jour pour s'épanouir.
Soin.
'l
La belle de nuit dicho-
5..
tome
Plusieurs belles de nuit.
6
Le géranium triste. . . .
7
Le galant de nuit
7
Le nyctérion
8
La licoïde à fleurs noc-
9
Le iijctanthès
Du 9 à 10.
Le cactus à grandes
llcurs
12. 1
Explications,
Salsifis (En latin tragopogon]. Plante de la famille des
(l) C'est à dire, plongeant mes veux ravis dans 1rs divers aspects , les divers tableaux i[i
prcscnlail l'horizon à mrsnri- '|iic je m'avançais.
SIGNES DIVEUS. ASTRONOMIE.
559
I
syn.intliéiées, de la section des cliicoracécs. Salsifis blanc,
DU salsifis commun. Sa lacine, qui poilu lu inûme nom, est
lionne à manger. On lui préfère le salsifis noir , ou saisi-
fis d'Espagne, ou scorzonere. De beaux salsifis. Des salsifis
it l'huile, à la sauce blanche.
Liseron ou Lisei, Plante à fleurs en entonnoir, dont on
connaît plusieurs espèces, ies Userons appartiennent ii la
famille des convolvulacées.
Pissenlit. Plante à Heurs composées, qui croît dans les
lieux herbeux et incultes, et dont les feuilles à peu près
semblables à celles de la chicorée, se mangent en salade,
quand elles sont jeunes et tendres. Une salade de pissenlits.
Le pissenlit est une chicorée.Oii i'appèle aussi Dent-de-lion ou
Liondent. ( Eu latin leontodon.)
Chicorée, Plante potagère. Chicorée sauvage ou Petite
chicorée. Une salade de chicorée. Café de chicorée. Sirop de
chicorée. Eau de chicorée. Chicorée blanche, Celle qu'on a
fait étioler dans des caves de température moyenne et
privée de toute lumière. On la vend sous le nom de barbe-
de-capucin.
Crépide , P\ante cliicoracée. Outre la crc'/jiVe des toits ,
Iz c ré pide rouge , et la crcpide des Alpes, on connaît en-
core la crcpide puante , la crépide bisannuelle , la crépide
fluette. "Ln crépide rouge, froissée ou simplement remuée,
répand une odeur peu agréable. Sa fleur est très-belle,
large d'environ quatre centimètres. Ses feuilles sont Ion-
gués, fortement écbancrées et armées de pointes. La cré-
pide des Alpes, haute de trente-deux centimètres, porte,
au mois de juillet, des fleurs d'un jaune pâle. (En latin
crépis,]
Laiteron , Plante bulbeuse de la famille dessynanthé-
rées, qui sert à la nourriture des lapins domestiques. Des
lapins nourris de laiterons. On dit aussi vulgairement lace-
ron. [ Et latin sonchus}.
Pavot , Plante qui porte de grandes fleurs à quatre pé-
tales, et qui est le type de la famille des papavéracèes. Pa-
vot sauvage. Pavot des jardins. Pavot noir , blanc , rouge.
Puvot double. Pavot panaché. Tête, graine , jus de pavot.
Pavot somniffre. C'est avec le suc du pavot somnifère qu'on
fait l'opium. Le coquelicot est une espèce de pavot. Chez les
poètes classiques. Les pavots du sommeil, les pavots de
Morphée, Le sommeil. Les pavots du sommeil avaient appe-
santi sesyeux. Usdiseittde même, Morphee avait versé sur
lui tous ses pavots, Il était profondément endormi. [En
latin papaver.
Sextus Xaïquinius, fils de Tarquin le superbe, ayant
acquis auprès des Gabiens, chez qui il s'était retiré, une
autorité presque sans bornes , envoya demander à son
père quels étaient les moyens les plus propres à la conser-
ver. Tarquin était clans son jardin, quand le député ar-
riva. Pour toute réponse, il abattit toutes les tètes de pa-
vots qui s'élevaient au dessus des autres.
llémcrocalle ( Du grec héméra , jour , et kallos, beauté :
beauté d'un jour}. Plante liliacée, dont le nom vient de ce
que la plupart des espèces , et uolan\niGiiit'bémérocalle
jaune, portent des fleurs remarquables par leur élégance,
mais de très-peu de durée. L'hémérocalle jaune se
nomme vulgairement lis jaune, lis asphodèle, lis jonquille.
On distingue encore Vhémérocalle duJ apon, i-xVhcmérocalle
bleue, originaire aussi du Japon et de la Chine. (Eu latin
hemerocallis.)
Epervière , Plante cbicoracéc dont il existe un très-
grand nombre d'espèces. On recherchait autrefois contre
les maladies du poumon Vépervière des murailles, que l'on
trouve dans les décombres. On la donne comme plante
alimentaire aux bestiaux, surtout aux chevaux. (En latin
bieracium. )
Souci, Plante synanthérée. Souci des champs. Souci
de» jardins. Avec les fleurs du souci on colore te beurre, et
on sophistique le safran. Im fleur du souci est jaune, radiée,
d'une odeur forte ; la semence est brune, l'am. , Etre jaune
comme un souci, comme souci, Avoir le visage extrêmement
jaune. (En latin Calcndula.)
ri énuphar , Vlante aquatit|ue, type de la famille des
nymphèacèes, la quelle a de larges feuilles rondes, et de
grandes fleurs en forme de roses. Les fleuri du nénuphar
passent pour réfrigérantes. Sirop de nénuphar. Pain de né-
nuphar à l'usage des Kalmouks. ( En latin nymphœa.]
Laitue, Plante chicoracèe laiteuse. Petite laitue. Laitue
pommée, sauvage, romaine. Salade de laitue. La laitue sau-
vage renferme un principe narcotique propre ii rempla-
cer l'opium. Suc, sirop de laitue. La laitue est rafraîchis*
santé. (En latin lactuca.)
Ficolde, Genre de plantes à feuilles charnues et à
fleurs rayonnées, qui comprend un grand nombre d'es-
pèces, originaires du cap de Bonne-Espérance.
Mouron, Petite plante à fleurs bleues ou rouges, de la
famille desprimulacées, que l'on nomme autrement anu'
gallis ou anagallide. Mouron bleu. Mouron rouge. On nomme
mouron des oiseaux une petite plante à fleurs blanches d-j
genre morgeline.
Glaciale ou Ficolde cristalline. Espèce de ficoïde dont
les feuilles sont parsemées de vésicules transparentes. On
la nomme aussi plante glacée, ou simplement, j/oce'e.
Labiées , Famille de plantes dont la fleur est découpée
en forme de lèvres. (Du latin labia, lèvres.)
Ornilhogale { En latin ornithogate , es, du grec oniilhos,
d'oiseau, et gala, lait : lait d'oiseau). Plante bulbeuse, de
la famille des liliacées , dont les Heurs sont d'un beau
blanr. On en compte plus de quatrevingts espèces, dont
six environ croissent naturellement en France. Les plus
communes sont Vorniihogale en ombelle , vulgairement
appelée dame d'onze heures, et Vorniihogale jaune , com-
mune dans les jardins et les lieux cultivés.
Mauve , Plante qui a doimé son nom à la famille des
Jlalvaeées, et qui est fréquemment employée en méde-
cine, comme émolliente, relâchante, et adoucissante.
( AcAD. ) Une infusion de fleurs de mauves. Un cataplasme
de feuilles de mauves.
Belle de nuit , Placite exotique, dont les fleurs ressem-
blent à relies du liseron, et qu'on nomme aussi Jataa.
{ En lafn.jalap.)
Géranium {Du grec géranos , grue ) , Plante herbacée
qu'on nomme aussi bec-de-grue, et qui est le type de la
famille des gèraniées. Ily a plus de deux cents espèces de
géraniums, cultivées la plupart dans les jardins d'agré-
ment, et remarquables par la forme de leur capsule,"qui
ligure un bec de grue. Géranium sanguin. Géranium rober-
tin ou Ilerhe à Robert. Géranium musqué. Cultiver des géra-
niums.
Galant de nuit , Espèce de cestreau.
Njctérioii[du grec njctéros, nocturne), Genre déplan-
tes établi pour placer quelques espèces de morelles dont
la corolle est un peu îrrégulière, dont une des ètamines
est trois fois plus grande que les autres, et dont le style
est décliné. I^yctériun frutescent. Nyctérion cornu.
^yrtanthés (Du grec nyctos, de nuit , et anthos , fleur ) ,
Plante de la famille des liliaeèes, arbre de moyenne gran-
deur , à rameaux qnadrangulaires, à feuilles opposées,
ovales, pointues, épaisses, rudes, veines en dessous , à
fleurs portées sur des pédoniules axilliaires, etmunicsdu
bractées. Le nyctanthe triste, ou arbre triste, croit au Mala-
bar dans les lieux sablonneux et stériles.
Cactus ou cactier. Genre de plantes grasses dont nous
avons déjà parlé, page 215 et 282 de la Méthode du Genre.
Les fleurs sont les étoiles de la terre ; nous ne sommes
donc pas sorti de notre sujet.
Horographie , s. f. Synonyme de ^no-
moniqiie, Voyez ci; uiot.
Horoscope , s. m. ( En latin horoscopus,
du grec Itûra, heure, et .shoficô, j'observe.)
Observation qu'on (ait de l'état du ciel au
moment de la naissance de quelqu'un ,
pouf y lire ce qai doit arriver au nouveau-
ne pendant le cours de sa vie. Tirer, faire
riioroscopc (le fjtielqti'iin ; dresser son lioros
500
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
copc. Nnpolcon fil souvent tirer son horoscope. I leil répand lorsqu'il est siu l'horizon , ou
On ne croit plus aux horoscopes. Bon, nuiu- qu'il en est proche. Le Jour et la nuit. Le
vais horoscope. Fâcheux horoscope. Fig. et \jour va bientôt paraître. Le jour commence
faïu., Ce qu'on prédit par simple conjec-
ture. Je vais dresser voire horoscope.
Immersion, s. f. (En latin itnmersio ,
d'immcrgcre , immcrsum , plonger dans.)
L'entrée d'une planète dans l'onihre d'une
autre planète. Limmcrsion de la lune dans
l'ombre de la terre. L'immersion des satel-
lites de Jupiter dans l'ombre de Jupiter.
Indiction, s. ï. Voyez Cycle.
Instrument des passages ou Iiunette
méridienne, Inslrument propre à l'obser-
vation des ascensions droites.
AB , CD sont deux piliers parfaitement
solides : ab est un axe horizontal. Cet axe est
terminé par deux petits cylindres appelés
tourillons, qui peuvent librement tourner
dans deux chapes. La lunette OL fait corps
avec l'axe ab , et lui est exactement per-
pendiculaire.
L'axe ab étant horizontal, il s'en suit que
la lunette eu tournant décrit im cercle ver-
tical.
Jogue. s. m. L'un des quatre Ages in-
diens, dont le premier aurait duré trois
millions deux cent mille ans, le second
un million d'années, le troisième seize cent
mille ans, et dont le quatrième est l'Age
actuel, devant durer quatre cent mille ans.
Yoilà qui favorise singulièrement le sys-
tème de ceux qui refusent de croire ii l'ori-
gine moderne que la Bible donne au mon-
de. Hélas! tout n'est que ténèbres et con-
fusion dans les calculs du temps. Moi aussi
j'ai voidu plonger dans cette mer, et j'en
suis revenu tremblant d'épouvante, m'ai-
dant pour en sortir du fil de la Bible, le
seul qui |)uisse nous guider, en eflfet, dans
cet effroyable chaos.
Jour. s. m. Clarté , lumière que le so-
rt poindre. Il commence à faire jour. A l'aube
du jour. Au point du jour. A la pointe du
jour. Il faisait à peine petit jour. Il est , il
fait jour. Il fait déjà grand jour. Le jour
brille. Il fait encore jour . Le jour baisse ,
tombe. La naissance du jour. A la chute du
jour. Sur le déclin du jour.
Tu m; m'as donc pas vu, sur l'heure où le jour tombe,
Eu me tordant les bras, demander à la touibc,
A la mort un peu dt repos !
( L. N. Fleurs du Danube. )
Jour pur , serein, brillant. Jour sombre.
Jour faible. Jour bas. Beau jour. Grand
jour. De jour. En plein jour. Au grand jour.
Il avait le jour dans les yeux , etc.
Jour, Certain espace de temps par le
quel on divise les mois et les années. Jour
naturel , selon l'Académie ; Jour artificiel,
selon les astronomes (1), L'espace de temps
compris entre le lever et le coucher du so-
leil. La durée de ce jour varie selon la la-
titude. A l'équateur le jour et la nuit sont
égaux pendant toute l'année, mais à me-
sure qu'on s'écarte vers le nord ou vers le
sud, les jours d'été et les nuits d'hiver
augmentent sans cesse , comme on le voit
par cette figure.
DECF.lMBr.E.
Aux cercles polaires , le plus grand jour
est de vingt-quatre heures ; et au delà jus-
qu'aux pôles , il dure depuis un mois jus-
qu'à six mois. D'après cette inégale durée
du plus grand jour sous les divers parallèles,
quelques géographes ont divisé la terre en
trente climats. Les vingt-quatre premiers,
entre l'équateur et les cercles polaires, dif-
fèrent entre eux d'une demi-heure dans
la durée du plus grand jour ; les six autres,
entre le cercle polaire et le pôle , diffè-
rent d'un mois. Eu voici le tableau, avec
la latitude à la quelle finit chaque climat.
(l) La dr'nominalion de l'Acadctnic nous parait préférable.
SIGNES niVEUS. ASTRONOMIE.
ofi!
CLIMATS
Où les plus grands jours diffèrent entre
eux d'une demi-heure.
DUUÉE
LATITUDE
CLIMATS.
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23
0
66
21
23e
23
30
66
29
24"
24
0
66
32
Où tes plus grands Jours diffèrent
d'un mois.
1 mois.
67"
23
69
50
73
39
78
31
84
5
90
0
Jour solaire , Le temps que le soleil em-
ploie , par le mouvement diurne de la
terre , pour revenir au même méridien.
La longueur de ce jour varie. La terre
avançant plus rapidement dans l'éclipli-
que , vers son périhélie, le soleil parait
alors un peu plus tard au méridien , et le
jour dure plus de vingt-quatre heures. Vers
l'aphélie, au contraire, la maiche de la
terre dans l'écliptique étant plus lente, le
jour dure un pen moins de 24 heures.
Jour sidéral. Le temps de la révolution
de la terre , d'une étoile à l'autre , pai- son
mouvement diurne. Le jour sidéral ne dure
que vingt-trois heures cinquante-six minu-
tes; et cette durée ne varie point. La même
cause qui fait r(;tarder chaque jour de 51
minutes le passage de la lune au méridien
retarde celui du soleil de 4 minutes en-
viron. C'est pour cela que nous comptons
dans l'année 365 jours j d'ajjrès le soleil ,
et 366 ^ d'après les étoiles.
Jour astronomique , L'espace de tiiigt-quatre heures
solaires iiiojennes, compté d'un midi à l'autre.
Jour civil, L'espace de vinpt-quatre heures. Il se
prend chez nous d'un minuit à l'autre. Chez les Juifs le
jour civil commence le soir, heu Italiens modernes suivent
la même coutume que les Juifs. LesChaldécns le com-
mençaient au lever du soleil.
Jours complémentaires , s'est dit dans le
calendrier répuhlicain decinqousi.v jours
que l'on comptait à la fin de l'année, pour
compléter le nombre de 365 ou 366 jours,
les mois de ce calendrier n'étant chacun
que de 30 jours.
Jour a plusieurs autres significations.
JUBILÉ, s. m. ( En latin jubilœum, de l'héhreu fôliel,
son de la trompette; parce que c'était au son de la trom-
pette que s'annonçait chez les Juifs l'ouverture du jubilé. )
Solennité publique qui se célébrait de cinquante ans en
cinquante ans, et lors de la quelle toutes sortes de dettes
étaient remises, tous les héritages restitués aux anciens
propriétaires, et tous les esclaves rendus à la liberté.
L'année du jubilé, les Juifs ne vendaient pus leurs biens et
leurs terres à perpétuité, mais seulement jusqu'il l'année du
jubilé. On d it aussi année jubilaire.
— Indulgence plénicie, solennelle, et générale, accordée
par le pape en certains temps et en certaines occasions.
le grand jubilé. Jubilé universel, la bulle du jubilé. Rece-
voir, pullifr, ouvrir le jubilé. Les stations, les prières du ju-
bilé. Gagner le jubilé, le grand jubilé n 'était autrefois que de
cent ans en cent ans; il fut em-uite de cinquante ans en cin-
quante ans ; il est maintenant de vingt-cinq ans en vingt-cinq
ans. les papes donnaient communément un jubilé extraordi-
naire ù leur avènement. ( Acad. )
Faire son jubilé. Faire toutes les pratiques de dévotion
ordoiméus par la bulle du jubilé.
Fani. , Faire jubilé. Brouiller le jeu de manière qu'il
n'y ait ni perdants ni gagnants.
Adjectiv., Chanoine, docteur jubilé ou jubilaire. Qui a
cinquante ans de profession, de service, de doctorat.
Junon. s. f. Planète qui est entre Testa
et Cérès. Voyez le Tableau des pi.anètfs.
Jupiter, s. m. Planète qui est entre
Pallas et Saliirne. Quand Jupiter est en
conjonlion avec Saturne. Jupiter est la plus
grosse des planètes. Voyez le Tableau. Les
satellites de Jupiter. Les bandes do Jupiter.
Les taches de Jupiter. Jupiter est fort bril-
lant à l'œil nu et offre un beau spectacle dans
une lunette. La planète de Jupiter.
ï. li.
71
502 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES
Planète de Jupiter.
Iiatitude. s. f. ( En lalin laliludo , de
latns, large. ) Hauteur du pôle sur l'hoii-
zon, ou dislauce d'un lieu à l'équateur ,
mesurée en degrés sur le méridien. Lali-
tiidc nord. LalUnde sud. Lalitudc boréale on
scplcnlrionalc. Latitude australe ou méridio-
nale. Paris est à l\S°, 50', ià", de latitude
nord. On peut aisément reconnaître la la-
titude nord d'un lieu par l'inspection de
l'étoile polaire, située au zcnilL du pôle
nord, et à peu près immobile dans le ciel.
Quand on est à l'équateur . on la voit à
riiorizon. Elle s'élève à mesure qu'on s'a-
vance vers le nord, de sorte qu'on la volt
à dix , à vingt , à trente degrés de hauteur
lorsqu'on est a dix , à vingt , à trente de-
grés de latitude, et ainsi de suite.
Latitude , en général , L'angle qui fait ,
avec un plan parallèle à l'écliptique , la
ligne droite qui passe par un astre et par
un centre donné sur ce plan. Latitude f^éo-
centriqucj Distance d'un astre, ou de la
terre , au plan de l'écliplique. Latitude lié-
tiocentriquc , Distance d'un astre telle
qu'elle serait, si l'observateur était placé
au centre du soleil. Latitude de Sirius.
Latitude se dit , par extension , des dif-
férents climats, considérés par rapport à
leur température. A la différence des ani-
maux, l'homme peut vivre sous les latitudes
les plus opposées. ^"V oyez Longitude.
Figurément , Etendue , extension. Don-
ner trop de latitude.
Sievant. s. m. L'orient , relativement au
lieu où l'on est; la partie de l'horizon où le so-
leil se lève. Du levant au couchant. Entre le
levant et le midi. L'Autriche est au levant de
laFrance. Le Levant d'été, Le jxùntoùle so-
leil se lève sur notre horizon au solstice d'été.
Le levant d'hiver. Celui où il se lève au
solstice d'hivei'. — Les régions qui sont , à
notre égard, du côté où le soleil se lève ,
comme la Tuiquie , la Perse , l'Asie Mi
neure , la Syrie , etc. Les peuples , les mar-
chandises du Levant. Le rnnnnercc du Le-
vant. iMuroi/uin, cafetière , bouilloire du Le-
vant. Coque du Levant, Fruit d'un arbre
des Indes, d'un brun noiiâtre et de la
grosseur d'tni pois, qui a la propriété d'eni-
vrer les poissons, de manière qu'on peut
les pêcher à la main. Les échelles du Le-
vant , Les places de commerce dans les
mers du Levant. Trafiquer dans les échelles
du Levant. La mer du Levant. La mer Mùdi terrante
au dtlii des iles Ioniennes. L'escadre duLcuanl , La flotte
qui stationne en (Jréce.
LEVANTIN, INE. adj. Natif des pays du Levant. Le$
peuples levantins, tes nations levantines. Substantir., les
Levantins , C'est un Levantin.
Liibration. s. f. (En latin libralio , de
librare , balancer. ) Balancement , oscilla-
tion apparente de la lune autour de son
axe , mouvement par le quel elle nous ca-
che et nous découvre alternativement une
partie de sa surface. C'est la Ubration diurne.
Libration en latitude. Celle qui a pour
effet de nous rendre visibles alternative-
ment les parties de la surface lunaire voi-
sines des pôles. Elle est occasionnée par
l'Inclinaison de l'axe de la lune sur l'éclip-
tique. La libration en longitude , la plus
grande de tontes, resuite de ce que le
mouvement de rotation de la lune sur son
axe est uniforme, tandis que celui de sa
révolutitm autour de la terre ne l'est pas.
Ces deux deiniéres libiatitms ont été dé-
couvertes l'une par Galilée, l'autre par
llévélius et Kiccioli.
Siigne équinoxiale , ou simplement ,
£>igne , équateur. T^cs peuples qui vivent
sous la ligne. Au delà de la ligne. Les lati-
tudes commencent à se compter de la ligne.
Passer , couper lu ligne. Traverser l'équa-
teur et passer d'im hémisphère à l'autre,
d'une latitude nord à tme latitude sud , et
réciproquement.
Ligne méridienne. Voyez Méridien, enke.
Xiigne des apsides , Le giand axe de
l'orbite d'une planète , la quelle passe par
les points apogée et périgée ou apiiélie et
périhélie de cette orbite. Ligne des sygy-
gies , Celle qui passe par les centres du so-
leil , de la terre, et de la lime, lorsque
celle-ci est en conjonction ou en opposi-
tion. Ligne des nœuds. Celle par la quelle
le plan de l'orbite d'une planète coupe
celui de l'écliptique.
Ligne de foi , Celle qui passe parle cen-
tre d'un instrument circulaire et par le
point extrême de l'alidade qui répond à
SIGNES DIVEUS. ASTllONOMIE.
565
une division du limbe. La ligne de fvi re-
présente le rayon mobile et mall\cmatl<]ue
(U l'instrument.
Iiongïtude. s. f. (En lalin longitiulo , de
longiis, long.) Distance d'un lien quelcon-
que à un preniierniéiidien , c'est à dire ,
à un méridien convenu. Cette distance se
mesure par l'arc de l'éqnateur compris en-
tre le méiidien du lieu et le méridien
convenu. La longitude est orientale ou
occidentale , suivant que le lieu dont on
cherche la longitude est à l'orient ou à
l'occident du méridien convenu. Voyez
RlÉaiDiEN. La longitude se compte depuis
0 jusqu'à 180 degrés , à la diU'érence de la
latitude , qui ne se compte que jusqu'à 90
degrés. Prendre des longitudes. La ville de
Lucerne est à peu prés à A7 degrés de
latitude nord, et à GÔ de longitude orien-
tale: c'est à dire qu'elle est sur le parallèle
qui passe à kl degrés au nord de l'équateur,
et à l'endroit où ce parallèle coupe le méri-
dien qui est à 60 degrés à l'orient du mé-
ridien de Paris. Voyez Parallèle.
Voici comment on détermine la longi-
tude d'un lieu. Puisque le sohîil parcourt
S60 degrés en 24 heures , conséquemment
il en parcourt 15 en une heure et un en
4 minutes. De celte manière, lorsqu'il est
midi à Paris , il n'est que onze heures dans
un endroit plus occidental de 15 degrés,
tandis qu'il est déjà 1 heure sur un méri-
dien de 15 degrés plus à l'est. C'est ce qui
détermine la longitude. Eu effet, si l'on voit
par une éclipse , ou par une montre marine
qui ne varie pas , qu'il est 8 heures du
malin à Paris , tandis qu'il est midi et 18
minutes dans le lieu où l'on est , c'est à
dire II heures et 18 minutes de plus, en
multipliant le nombre des heures par 15
( 4 fois 15 = 60), et en divisant par 4 celui
des minutes (en 18 combien de l'ois 4 ?
4 1/2) on verra que ce lieu est à 64 degrés
et demi de longitude orientale. La longi-
tude serait occidentale , si l'heure y était
moins avancée qu'à Paris.
Lorsqu'il est midi à Paris , il est 1 heure
à Vienne, plus de 3 heuies à Ispahan .
7 heures du soir à Pékin , minuit dauj la
Nouvelle-Zélande. Cela doit être ainsi,
puisque ^ icnne est à 1 5 degrés plus à l'est
que Paris , Ispahan à 50 , Pékin à HO , et
la Nouvelle-Zélande à 180.
Longitude, La distance, en degrés, qui
existe entre un astre ra[)poilé a l'éclipti-
que, et le point équinoxial du printemps;
l'arc de l'écliptique compris entre le point
équinoxial du printemps et l'endroit de
l'écliptique au quel un astre répond per-
pendiculairement. Longitude gèocentrique.
Le point de l'écliptique au quel répond
perpendiculairement le centre d'une pla-
nète vue de la terre. Longitude héliocen-
tri<iuc , Celui au quel répondrait le centre
d'une planète , si elle était vue du soleil.
£iutnière. s. f. (En latin lumen.) Ce
qui éclaire , et qui rend les objets visibles.
Qu'est-ce que la lumière ? Newton répond
que la lumière est un fluide infiniment
subtil qui émane des corps lumineux. C'est
ce qu'on appelé système de l'émission. A
leur tour Uuyghens et Descartes disent
que la lumière est un étiier subtil répandu
dans l'espace et ne manifestant sa présence
que lorsqu'il entre en vibration. Selon ces
grands philosophes, ce mouvement de vi-
bration serait donné à l'éther subtil par
les corps lumineux , et se transmettrait de
proche en proche, en donnant lien à une
série d'ondulations ou ondes lumineuses
semblables aux ondes sonores. C'est le
système des ondulations. Celui de rémission
est presque abandonné aujourd'hui. En
attendant mieux , on est aujourd'hui pour
Descartes contre Newton. O science hu-
maine , que tu es bornée I Ce que c'est
que la lumière , ce que c'est que le monde,
ce que c'est que Dieu, û philosophes, ce
n'est pas votre science qui vous l'appren-
dra. De la science ! allez ! il y eu a plus
dans ce seul mot : — amour, — qu'au fond
de tous vos systèmes. La poésie est fille de
l'amour, et les étoiles révèlent plus de cho-
ses aux yeux du poète qu'à toutes vos ma-
chines de verre. Les étoiles se rient de vos
lunettes, mais elles ont pour le poète un
langage mystérieux et sublime que lui seul
comprend, et qu'il peut seul vous traduire.
Malheur à vous qui, tout entiers à la pour-
suite de vos chimères , n'avez point d'o-
reilles pour entendre sa voix divine!
Revenons à ce qu'il y a de positif dans
la science des astronomes. Ils ne s'enten-
dent pas sur la nature de la lumière ; mais
ils savent que deux et deux font quatre.
C'est pourquoi ils ont pu calculer que le
soleil est à 34 millions de lieues de la terre;
que la lumière nous arrive en ligne droite
du soleil , qui est le corps lumineux par
excellence , en 8 minutes 13 secondes ; et
qu'elle parcourt en une seconde 68,965
lieues. Du moins est-ce là ce qu'on m'a
oCï
Cl.EF I»E LA LA.NCiUE ET DES SCIENCES.
appris au cullcgc. Mais voilà que depuis
lois j'ai lu dans uu certain RI. Rœmer que
la distance moyenne de la terre au soleil
est de 38 millions de lieues, et que la lu-
mière ne parcourt que 57,000 lieues ou
310,200 kilomètres par seconde. Évidem-
ment 57.000 est une faute d'impression.
C'est 75,000 qu'il faut lire. Encore le cal-
cul n'cst-il qu'approximatif; car 38.000,000
divisé par 8 minutes 13 secondes, c'est à
dire, par 493 secondes, donne au quotient
77.079, nombre qui, multiplié par4W4 m,
l^^ c, valeur de la lieue française , forme
un produit de 342,572,990 m., lequel , di-
visé à son four parlOOO m., valeur du kil.,
fait bien 3/i2,572 kilom. 75,000 lieues
en feraient toujours 333,333. En venant
frapper les différents corps delà nature,
la lumière produits des eflets différents qui
ont fait donner à ces corps des noms par-
ticuliers. Ainsi on appelé cor/)* dlaplianes ou
transparents, ceux qui transmettent abon-
damment la lumière, translucides , ceux
qui ne laissent passer que quelques rayons
(1), cX opaques, ceux qui n'en laissjnt point
passer du tout. La lumière se meut en li-
gne droite , dans les milieux homogènes ,
mais si elle passe d'un milieu dans un au-
tre de densité différente, elle éprouve une
déviation qu'on appelé réfraction. Le cré-
puscule est dû à la réfraction. La brisure
apparente que présente un bâton plongé
dans l'eau est encore x;n effet de la réfrac-
tion.Ce qu'on nomme reflexion de la lumière
est le rejaillissement des rayons lumineux
opérée parla rencontre d'une surface polie.
11 est bon d'observer en passant , 1" que le
rayon incident et le rayon réfléchi sont
toujours dans un même plan perpendicu-
laire .T la surface réfléchissante; — 2° que
l'angle de réflexion est toujours égal à l'an-
gle d'incidence. Lalumiére qui, lorsqu'elle
éclaire les divers objetsplacés devant nous,
semble se présenter comme composée de
faisceaux simples et identiques n'est pour-
tant pas homogène. Le prisme la décom-
pose en une infinité de nuances , parmi
les quelles on distingue sept couleurs prin-
cipales qui se succèdent par des transitions
insensibles et dans l'ordre qui suit , en al-
lant de haut en bas : violet , indigo , bleu ,
vert, jaune, orange, rouge. Cet effet s'ap-
pèle dispersion. Le phénomène curieux au
quel on donne le nom d'arc-cn-clel est abso-
lumenlidenlique a(is|)eclre solaire produit
par le prisme, et occasionné de la même
manière par les réfractions et réflexions
successives des rayons du soleil dans les
globules d'eau qui constituent le nuage. La
lune peut aussi , par les mêmes causes ,
produire des arc-en-ciels. Le soleil envoyant
partout la même lumière, pourquoi les co-
lorations sont-elles variées ? Cela vient de
ce que lescorpsdécomposentla lumière, en
absorbent une partie, réfléchissent l'autre,
et que nous attribuons à chacun la couleur
des rayons simples qu'il renvoie à nos
yeux. Ainsi un corps rouge est un corps
qui a la propriété d'absorber tous les rayons
colorés qui composent la lumière , excepté
le rouge , qu'il réflècliit. Les corps noirs
sont ceux qui absorbent tous les rayons
lumineux , et les corps blancs , ceux qui
les réfléchissent tous. Il faut bien que cela
soit ainsi , puisqu'on ne voit pas comment
cela pourrait être autrement. Privés de lu-
mière , les végétaux s'étiolent , et les ani-
maux éprouvent des phénomènes analo-
gues. C'est elle qui entretient la pureté de
l'air en absorbant la plus grande partie
du gaz acide carbonique que rejètent les
animaux. L'influence de la lumière est
grande aussi sur l'espèce humaine. Les in-
dividus qui en sont privés deviennent chlo-
rotiques , et s'étiolent, pour ainsi dire,
comme les plantes. Dieu dit : « Que la lu-
mière soit , a et la lumière fut. Grande lu-
mière. Lumièreèclatante, vive, pure, éblouis-
sante. Lumière douce, faible, pâle, blafarde.
L'éclat de la lumière. La refraction de la
lumière. La réflexion, la réverbération de ta
lumière. Lumière directe, réfléchie, La lu-
mière du soleil, du jour , des deux. Le so-
leil donne la lumière au monde. La lumière
zodiacale. La lumière d'un flambeau, d'une
lampe.
Lumière^ se dit absoluniciU pour lîoupie , Cbandelle ,
Lampe allumée. Apportei-nous de la lumière. La salle était
éclairée d'un grand nombre de lumières.
Dans le slyîe de l'Ecriture, Anges de tumïèrc, enfanisde
lumière, se dit par opposition à Anges de ténèbres, enfants
de ténèbres.
Stvle classique, Comîuenrcr ii voir la lumière, la lumière
du your,Naître. Jouir de la /umtère, Vivre. Perdre la lumière,
être jirivé de la lumière , Mourir, être mort. — Il a perdu
la lumière , // est privé de ta lumière , de la Uninère du jour.
Il est devenu aveugle. — ■'Mettre un iivre , un ouvrage en
lumière , Le publier , Mettre une vérité en lumière, La dé-
montrer et la répandre.
Lumière, en Peinture, EiTtts de la lumière imités dans
un tableau. Belle disirihution de lumière. Belle économie,
belle intelligenre de lumière. XJn bel effet de lumière. Le
(i) L'AcaJcinie n'admet point de corps traiislucic
SIGNES DIVERS. ASTROJiOMlE.
Î)C5
clair-eb.irur est la jtult dhliibulit/ii des omtires et lU la lu-
miàie. Entendre bien les lumières. Les luruicres sont bien en-
tendues, bien ménagées dans ee tableau.
— L'ouTerture, le petit liou par où l'on met le feu à
un canon, à un fusil. Dans les instruments de matliénia-
tiques àpinnules, Le petit trou à traTcrs le quel on aper-
çoit l'objet observé. — En ternies de facteur d'orgues. L'ou-
verture parla quelle le "?ent entre dans un tuyau.
En termes de Marine, Lumière de la powpe, Ouveiturc
pratiquée au corps de pompe, et parla quelle l'eau sort
pour entrer dans la manclie où le tuyau la conduit.
Lumière, figurément, et par allusion au premier sens.
Publicité ou examen. Les fripions, tes fourbes, tes tjrnns,
craignent la lumière,
— Litelligence, clarté d'esprit, on savoir, connaissance,
et en généi al tout ce qui éclaire et guide l'esprit. Lumière
naturelle. Lumière acquise. Défaut de lumières. Cet homme a
peu de lumières, manque de lumières. Il a de graîidcs lumiè-
res en politique. La lumière de la foi , de lu raison, de l'ex-
périence. Le progrès des lumières. L^étut des lumières.
— Eclaircissement, indice. Je n'ai aucune lumière sur
cette uffaire. La géograpliie el l'histoire se prêtent mutuelle-
ment des lumières. ( Acip.)
— Homme d'un rare savoir, d'un mérite transcendant
Saint Augustin est une des lumières de l'Egli->e.
(Extrait de notre Grand Uictionnaire. ]
Ziuminaire. s. m. (Du lalin lumen, lu-
mière. ) Corps naturel qui éclaire. Il n'est
empioj'é , en ce sens , que dans cette phrase
de l'Écriture: Dieu fit deux grands lumi-
naires, l'un pour présider au jour , el l au-
tre pour présidera la nuit.
Xiunaire. adj. Qui appartient à la lune.
Un mois , une année lunaire. L'année lunaire
est de trois cent cinquante-quatre Jours en-
viron. Cycle lunaire. Influences lunaires. Al-
vwspitére lunaire. Cadran /i/nnù'O, Cadran qui
marque les heures par le moyen de la lune.
Izunaison. s. f. Le temps qui s'écoule
depuis le commencement de la nouvelle
Itme jusqu'à la fin du dernier quartier.
Observer les lunaisons. Toute cette lunaison
a été pluvieuse. (Acad.)
Iiune. s. f. ^ oyez page 515.
Ziunette. s. f. ( De leur resscmhlance ,
])ar leur figiire ronde , à une petite lune.
Ménage.) Instrument composé d'un ou de
plusieurs verres, taillés de manière à faire
voir les objets plus grands qu'à l'œil nu,
ou à rendre la vue plus nette et plus dis-
tincte. Son invention est due à Jacques
Mélius, d'Alcmaër, en Hollande (IGOS).
Ltineltc convexe , Limette qui grossit les
obji:ts. Lunette concave. Lunette qui dimi-
nue les objets. Lunette d'approche , lunette
de longue vue ou d longue vue , ou absolu-
ment Lunette, Lunette qui grossit ou qui
rapproche les objets. Monter une lunette.
Allonger , raccourcir une lunette. Le tube
d'une lunette. Le verre oculaire , l'oculaire
d'une lunette. Le verre qui est placé du
côté de l'œil. Le verre objectif, l'objeclif
d'une lunette , Le verre qui est tourné vers
les objets. L'oculaire de cette liinellc est dé-
fectueux. L'objeclif est excellent. Une lunette
de poche. Une lunette de cinq, de qitinse,
de vingt métrés. Une lunette d'un fort
grossissemeyil. Celte lunette produitun gros-
sissement prodigieux. Elle rap])roche beau-
coup. On nomme champ l'esi^acc que l'on
peut embrasser en regardant à travers ime
lunette, et foyer l'endroit où viennent se
rencontrer les rayons lumineux qui traver-
sent l'objectif. Par ellipse on njipèle aussi
cette espèce de htnv.tln Longue-vtie.Lunelte
achromatique. Lunette qui laisse voir les
objets sans couleur étrangère, sansiris.L«-
nelte d'opéra ou lorgnclle. On aiipéle lor-
gnettenne petite lunette d'approche , dont
on se sert pour voir les objets peu éloignés,
et lorgnonune petite lunette à un seul verre,
qu'on porte ordinairement sus[)endiie à un
cordon. Cette dernière se nomme encore
monocle. Une bonne lorgnette de spectacle.
Lorgnette achromatique. Les binocles sont
des lorgnettes à double tube , appelées aussi
jumelles. Binocle se dit aussi d'une sorte de
longue-vue ou detélescope double, au moyen
du quel on peut observer un objet éloignti
avec les deux yeux en même temps, et qui
est aujourd'hui peu employé. Voyez Té-
lescope et Microscope.
Lunettes, au pluriel, se dit de deux
verres de lunette assembles dans une même
enchàssure , de manière à pouvoir être
placés au devant des deux yeux. Une paire
de lunettes. Il y a de bonnes , de mauvaises
lunettes. Des lunettes bien nettes, bien
claires. Lunettes vertes, bleues. Lunettes à
branches. Étui d lunettes. Les verres qu'on
adapte aux lunettes se nomment lentilles,
parce qu'ils sont taillés eu forme de len-
tille, ce qui les rend propres à augmenter
ou à diminuer la convergence naturelle
des rayons lumineux. Il y a six principales
sortes de lentilles : 1° la lentille biconvexe
^'r-^''''^->x, loimée de deux surfaces sphé-
é ■. 1 iipies convexes; 2° \a lentille
"^~_.^.,.^--' plunconvexe w|fcy formée
par une surface plane et ^•^s**^ nnecon-
vexe;3" lu lentille biconcave Sts.^^^ foriuée
de deux surfaces concaves; ^MS^H li°]dilcn-
J formée d'une sur-
tille planconcavc Pn,.^^
face plane et ^ ^"^^^J'une concave;
o^le ménisque (1) '•'"'H'i,;-j,'t?i/W^^__^^ ver-
re convexe d'un cùté et con ^'^^^^ cave
de l'autre, ainsi nomiué par opposition
'() Du grc iiienisfx'S , oinciiifiil
.scinl , lie nie ne , lui
51)0
CLEl' I>E r.V LV>Gl'K ET DES SCIENCES.
au ménisque (/ircrgcnt as. /ê On a- ''
daple aux lunelli;s tel H^ju^?' ou tel
verre selon la vue h la quclli; elles sont
destinées. Les do^rés de force des lunettes
se marquent par des 7uniicros. Les lu-
nettes concaiesoit àvcrrcs convcr/^'ents serrent
aux. myopes, et les lunettes contexes ou à
verres dircr^cnis aux presbytes. Des lunet-
tes de différents âges. Prendre, 'porter des
lunettes. Se servir de lunettes. Mettre des
lunettes. En ce sens on dit encore, fainiliè-
renienl , besicles. Avoir toujours des besicles
iur le nez. On nomme conserves une sorte
de lunettes propres à conserver la vue.
Prov. utiig., Chacun voit arec ses lunettes, h traders ses
lunettes. Chacun a sa niaiiicre de voir, de penser; cha-
cun jupe des choses suivant ses goûts, scsintérêls, ses pré-
jugés. Il n'a pas de bonnes hnteltes , il omisses lunettes de
travers, ses lunettes sont troubles, se (litfig. et l'am. , Dans
le style classique, de quelques maîtres de langue qui
n'admirent pas Victor Ilngo ; de quelques critiques qui
nient la lumière de la poésie, comme les aveugles nient le
soleil; de quelques journaux qui traitent d'insensés et de
mauvais citoyens tous les hommes d'un cœur trop géné-
reux. On dit dans le même sens, Prenez vos besicles, vous
n'avez pas bien mis vos besicles, Vous ne voyez pas clair
dans ce que vous dites; la passion, l'intérêt, le préjugé
Tous aveugle.
Lunettes, par extension. Les petits ronds de feutre
qu'on met dans les manèges, à côté des yeux des chevaux
ombrageux, pour les monter plus facilement. Mais ce
n'est pas ici le lieu de suivre les mots dans toutes leurs
acceptions. (Extrait de notre Grand Dictionnaire,}
Magnétisme, s. m. (Du grec magnes, ai-
mant.) Nom gé-nérique, qui se dit des pro-
priétés de l'aimant. Les effets du magné-
tisme.
Magnétisme animal . ou simplement magnétisine , Prin-
cipe spécial qu'on indique comme la source des actions
organiques, le quel siège particulièrement dans le sys-
tème nerveux et se transmet d'un corps vivant à un autre
parle contact, le simple approchement, ou l'elfct d'une
forte volonté. Les phénomènes du magnétisme sont en-
core contestés par le plus grand nombre. Les découvertes
dans la lune n'ont pas rencontré tant d'incrédules,
— L'application des propriétés de ce fluide à l'art de
guérir. L'Académie royale de Médecine a refusé de l'a-
dopter comme moyen de guérison. Elle a bien refusé d'a-
dopter l'homœopathie, cl cependant l'homœopathie fait
des merveilles en Allemagne.
L'Académie définit assez niaisement le magnétisme ,
a Une doctrine dont les partisans croient qu'on peut pro-
duire sur le corps humain, par des attouchements ou par
certains mouvements, des impressions propres à guérir
les maladies, n
SXaison. s. f. T. d'Astrologie. Les douze
maisojis du soleil , Les douze signes du zo-
diaque.
Mappemonde, s. f. (Du latin mappa,
nappe, linge, par extension, carte, et
munài , du monde.) Carte à la fois hj'dro-
graphique el géographique représentant
toutes les parties du globe terrestre divisé
en deux hémisphères par un grand cercle.
Grande map pemonde. Mappemonde enlumi-
née. Pour concevoir une mappemonde , il
laut se représenter qu'on a scié un globe
terrestre en diuix suivant le plan d'iui mé-
ridien, et qu'ensuite on a placé les deux
demi-boules l'une à côté de l'autre , et
présentant toutes deux la partie convexe.
Marbres d' Arundel ou d'Oxford, Tables
de inarbre, trouvées à Paros, sur les quelles
sont gravées les époques des événements
les plus célèbres de l'histoire grecque de-
puis Cécrops , fondateur du royaume d'A-
thènes (1582 avant J.-C), jusqu'à l'ar-
chonte Diogénète (2G4 ans avant J.-C).
Ces marbres, au nombre de soixante dix-
neuf, tombèrent d'abord entre les luains
d'un savant français nommé Peiresc , de
qui les acheta l'Anglais Thomas Howard,
duc de INorfolk, comte d'Arundel et de
Surrey, qui lui donna son nom et les mit
sous la tutelle de l'université d'Oxford. En
1677 , Humfride-Prideaux en a donné
un recueil.
Mars. s. m. Une des planètes de notre
système, la quatrième dans l'ordre de leurs
distances au soleil. Sa lumière rougeâtrc et
toujours trouble indique la présence d'une
atmosphère. La planète de Mars. Mars en
conjonction avec la lune. Voyez le Tableau
des Planètes , page 51i.
Mercure, s. m. Très-petite planète , la
plus voisine du soleil. D'après les calculs
des astronomes , la température de cette
planète serait égale à celle de l'eau en
ébullition ; température diminuée sans
doute par la densité de l'atmosphère qui
l'entoure. Voyez le Tableau des Planètes.
Méridien, s. m. (En latin ntcridianus ,
sous-entendu circulas, deniéridies, midi.)
Grand ceicle de la sphère , qui passe par
le zénith et le nadir et par les pôles du
monde; et qui divise le globe terrestre en
deux hémisphères, l'un oriental, l'autre
occidental. Chaque lieu a so7i méridien. Le
méridien de Paris, de Vienne. Le passage du
soleil au méridien d' un lieu marque le midi de
ce lieu. C'est sur le méridien que se compte la
latitude à partir de l'cquateur. C'est à partir
d'un méridien convenu, appelé premier mé-
ridien, que l'on compte la longitude sur l'é-
quateur. Autrefois on prenait pour premier
méridien celui qui passe par l'île de Fer,
une des Canaries, éloigné de vingt degrés,
à^l'ouest, de celui de Paris.
Méridien terrestre, La section du j)lan
du méridien sur le plan de l'horizon. C'est
ce qti'on appelé aussi méridienne.
Méridien magnétique. Grand cercle
qui passe par les pôles de l'aimant et dans
le plan duquel se dirige l'aiguille aimantée.
Méridienne, adj. f. <^)tii a rapport au-
SlGiNES DIVERS. ASTRONOMIE.
méridien. Ombre méridienne. Celle que
pidjétent les objets saillants au moment
de midi. Hauteur miriilicnne d'un uslre ,
Sa hauteur au dessus de 1 horizon , au mo-
ment où il est daas le méridien du lieu
où on l'observe. Ligne méridienne, ou
simplement i1/énV/(C)i7ic, Ligne droite tirée
du nord au sud dans le plan du méri-
dien. 11 se dit aussi dune ligne tirée depuis
lŒétéorique
météore.
Météorologie
Î>(i7
adj. Qui appartient au
, s. f. Partie d(! la physi-
que qui traite des météores , et des varia-
tions de l'atmosphère.
Météorologique, adj. Qui concerne les
météores et les variations de l'atmosphère.
Observations météorologique!:, Observations
que t'ont les physiciens sur tous les ciian-
l'extréniité la plus méridionale d'un i)ays gemenls qui s'opèrent dans l'atmosphère
iusqu'à son extrémité la plus septenlrio- pendant un temps déterminé. Tables mé-
téorologiques , Tables où ces observations
jusqu'à son extrémité la plus sep
nale. La ligne méridienne , la méridienne de
la France.
Méridienne , Substantivement , Ligne
qui est la section du plan du méridien sur
un autre plan quelconque, horizontal, ver-
tical, ou incliné. Quand on en a tracé une
porticm sur le terrain (ui sur un plan fixe ,
le point de lumière ou laligne d'ombre qui
passe dessus marque l'heure de midi. On
voit de semblables méridiennes, à Paris,
à l'Observatoire et à l'église Saint-Suipice.
MERIDIENNE , s. f. Le som:neil au quel les Laljitaiils
des pays cliauds se livrent oïdinairement vers l'heure de
midi. La méridienne est d'un usage général en Espagne et en
Italie, ( AuAD.} Faire ta méridienne* « Ce sont les médecins
qui ont reconimaudé expressément la mériilienne. Ce sont
eux qui disent encore expressément aux Espagnols: Dor-
mez souvent , dormez long-temps. Ce sont eux qui assurent
que Galien, qu'IIippocrate, se coucliaient après dîner, et
qu'alors Esculapc lui-même dormait une heure ou deux.
On sait qu'Auguste faisait la méridienne ; mais on sait
aussi qu'Auguste dînait fort tard, qu'il tenait table fort
lon^-temps, et qu'au dessert, absolument ivre et inca-
pable d'articuler un sou, incapable de distinguer ses
plats, son assiette, son couteau, son verre, ses convives,
Auguste avaitraison d'aller se coucher. M. Tissotvcutque
ceux qui dînent à midi, qui raanpentvite, qui ne mâchent
point, qui ne boivent guère, se promènent ou dansent en
sortant de table. «Dormons, dormons très-peu , vivons
«toute notre vie, et, sur li-ois semaines que nous avons à
1) \ivre, ne soyons pas morts pendant quinze jours.»
_ ( Marciuis Dh Langle. Poyage en Espagne. )
Méridional, aie. adj. Qui est du côté
du midi. Le pôle méridional. L'Amérique
méridionale. Distance méridionale , La dif-
férence de longitudeenlre le méridien sous
lequel un vaisseau se trouve et celui d'où il
est parti. Cadran méridional, Voy. Cadran.
Météore, s. m. (Du grec meteoros ,
haut, élevé , fait de meta, au dessus, et
aeirô, j'élève.) Phénomène atmosphérique.
Mé'cores aqueux. Les brouillards , les nua-
ges , la pluie , la neige, la rosée, le givre,
la grêle, les tempêtt:s, l(;s trombes. Mé-
téores ignés ou aériens , La foudre, le feu
Saint-Elme, les aurores boréales , les étoi-
les tombantes, etc. Météores lumineux,
L'arc-en-ciel, les parhélies, etc. La science
qui s'occupe des météores a reçu le nom
de météorologie. Voyez ce mot.
Fig., Ce conquérant fut un météore ijui rpowarta Ir
monde. ; A' AU. i
sont inscrites. Lislrumenls météorologiques,
Instruments destinés à ces observations ,
tels que les thermomètres , les hygromè-
tres , les baromètres , etc.
Micromètre, s. m. ( Du grec mikros ,
petit, et mélron, mesure.). Appareil qu'on
adapte aux limettes, jjour mesurer , dans
les cieux, avec une très-grande précision ,
de petites distances et de petites gran-
deurs. Il est composé de deux fils paral-
lèles mobiles et d'un fil perpendiculaire.
Microscope, s. m. (Du grec mikros, et
skopéû , j'observe). Instrument d'optique
dont on se sert pour grossir à la vue les pe-
tits objets. Microscope simple. Celui qui
n'a qu'une lentille , sans autre verre. Mi-
croscope composé. Celui qui est garni d'un
corps de métal renfermant trois verres
convexes placés à diverses dislances les uns
des autres : l'oculaire en haut , Vabjcctifun
milieu, et le verre lenticulaire au fond du
tube de métal.
Microscope solaire , Sorte de microscope
qui fait voir, en grand , dans une chambre
obscure, les images de très-petits objets,
vivement éclairés par le soleil.
Mobile ( premier ) , Le ciel que les an-
ciens astronomes supposaient envelopper
et faire mouvoirtous les autres cieux. Voyez
Système de Ptolémée.
Kigurément , Premier mobile , Personne
qui donne le mouvement à une affaire , à
une association. Il était le premier mobile
de celte conjuration.
Mois. s. m. ( Du latin mcnsis.) Une des
douze parties de l'année dont chacune
contient trente ou trente et un jtuirs , ex-
cepté la seconde (féviier), qui est de
vingt-huit jours seulement dans les années
ordinaires, et de vingt-neuf dans les an-
nées bissextiles. Le mois de janvier, de fé-
vrier, etc. Le premier , le second , le troi-
sième jour du mois , ou absolument , Le
premier , le second du mois, le deux, le trois
du mois, Quel quanlicmcdu mois avons-nous?
rjfis
CLEF DE I.V LA.NGIE ET DES SCIENCES.
— L'espace de 30 jours consécnlifs. Foilà
annwlsei demi </ttc mon pauvre parc csl mort.
Mois solaire , L'espace de leiiips que le
soleil met à parcourir un des signes du zo-
diaqtie. Mois lunaire, L'espace de lemps
qui s'écoule d'une nouvelle lune à l'autre.
Figurénienl, iUo/i' ronuKns, L'imposition
qu'on levait sur les états de l'empire dans
les besoins extraordinaires.
Prov. , Un a tous les ans douze mois , On
vieillit malgré qu'on en ait, ou On vieillit
sans s'en apercevoir.
Mouvement, s, m. ( Du latin movcre ,
mouvoir.) La révolution, la marche, réelle
ou apparente, des corps célestes. Mouve-
ment des astres. Mouvement d'un globe au-
tour de son centre. Mouvement d'occident en
orient , d'orient en occident. Mouvement
diurne ou commun de la terre , Celui qu'elle
exécute autour de son axe en vingt-quatre
lieures. Comment l'idée du mouvement
diurne de la terre n'a-t-clle pas d'abord
frappé tous les esprits ? Comment a-t-on
pu s'obstiner si long-temps à croire la terre
immobile au centre de l'univers? En vérité,
c'est à douter de la raison humaine. Quoi !
vous voulez que le soleil , qui est a 38 mil-
lions de lieues de la lei re , 38 millions de
lieues , entendez-vous bien ? — que les
étoiles, ces autres snleils, qui en sont cent
mille l'ois plus éloignés; que l'espace im-
mense, infini, sans bornes , soit assujéti
à ce grain de sable imperceptible où vous
vous taillez , pauvres vermisseaux , des
royaumes et des empires ! Vous voulez que
le soleil , que les étoiles , que le ciel, que
l'univeis entier , vous rende un hommage
qui n'est dû qu'à l'astre souverain qui en-
gendre la lumière et la vie ! Vous voulez
que des millions de milliards de monde se
meuvent pour votre utilité et pour votre plai
sir avec une telle rapidité qu'ils parcourent
jusqu'à des milliards de lieues par secon-
de 1 En vérité, mes l'réres, vous êtes bien
orgueilleux et bien exigeants. Est-ce là ce
qui a suggéré à quelques-uns d'entre vous
l'usage barbare d'avoir des coureurs , c'est
à dire , des hommes qui devancent à pied
leur rapide équipage et le disputent ainsi
en vitesse aux chevaux les plus exercés ?
C'est tout aussi insensé que défaire tourner
le soleil autour de la terre. Mais à propos de
vos équipages, illustrissimes seigneurs, ne
vous est-il jamais arrivé de croire, — lors-
qu'assis bien à l'aise sur de moelleux cous-
sins de soie vous étiez emportés par vos cour-
siers superbes, — que c'étaient les arbres,
les murs, les haies, les clochers, les tours,
les montagnes , le ciel , qui fuyaient der-
rière vous , et non pas vous devant ces
objets? N'avez-vous jamais songé que l'il-
lusion eût été bien plus complète encore ,
si vous n'eussiez éprouvé aucune secousse,
et que vous n'eussiez pas été convaincus
d'avance que le mouvement appartenait à
votie voiture? Le mouvement de la terre
est insensible pour vous, paice qu'il est
uniforme, et que tous les objets qui sont
sur le globe tournent avec lui ; de sorte que
vous les voyez toujours dans la même po-
sition respective. Û'ailleiirs ce mouvement
qui ne suppose à la terre qu'une vitesse de
9000 lieues parjour est certainement plus
aisé à concevoir que celui du ciel. Il n'a
pas fallu moins que toutes ces raisons pour
vous convaincre d'une vérité si simple et
si sensible , et eri attendant vous avez fait
expier au génie parla prison et par la tor-
ture l'imijiété de sa découverte. Soyez
donc bien fiers après cela de votre infailli-
bilité et de votre raison ! Persuadez-vous
bien que la sagesse vous a été dévolue en
partage , qu'il n'y a que vous au monde
pour parler et raisonner juste, que trnit ce
qui n'est pas conforme à votre ojjinion est
absurde ! Dignes abonnés du Journal des
Débats- qui, pour son compte, croit que le
livre des destins lui a été ouvert 1
Le sot croit tout savoir et ne sait pas
douter. Bref, ce n'est pas le soleil , vous
le savez maintenant , qui , un(! lanterne a
la main , fait sa ronde autour de la terre ;
mais bien la terre, qui, avide de sa chaleur et
de sa lumière, lui présente successivement
chacune de ses faces pour qu'il l'éclairé et
la vivifie; cause des jours et des nuits.
Mouvement annuel. Le mouvement an-
nuel de la leire autour du soleil produit la
diversité des saisons. "^ oyez Saisons.
Mouvement propre. Mourcmcnl apparent.
Mouvement f^éocenlriquc. Mouvement hélio-
centrique. Mouvement circulaire. Mouvement
angulaire.
Dans un sens plus général, Le cliangcniont par le quel
un corps est successivement présent en ditléientes parties
delVspace; la translation continue et successive d^un
corps dans Tespace. On distingue le mouvcmeiil absolu et U
moui'emeni relatif. Mouvemsni local. Moucenient propre, im-
propre ou externe. Mouvement simple, (Àlui qui a lieu sous
l'action d'une seule force. Mouvement composé, Celui qui
a lieu sous l'action de plusieurs forces. Mouvement uni.
forme. Celui qui conserve la même vitesse pendant toute
sa durée. Mouvement varié, uniformément varié, non unifor-
mément varié. Mouvement accéléré, relardé , réfléchi , ré-
fracté. Mouvement rectiHgi>e , curviligne , circulaire, droit ,
oblique, perpendiculairt. Mouvement d'oscillation, d'ondula-
tion, rie vifiration , de lihralion . île trépidation , de rotation,
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
569
de révoluihn. Motivemgtti intestin. Les loh dit mouvement.
C'est Galilée qui a trouvé le premier les lois du mouve-
ment. Les principales sont: 1° Onne gagne jamah en puÏA-
tanct sans perdre en temps une valeur égale (ce qui démontre
rinipossilïilité de réaliser le mouvement perpétnel] ,• 2*> te
produit d^une force par sa litesse est loujoura i-gal à celui de
ta résistance par la vitesse' qu'elle reçoit de la machine. — On
change facilement tout mouvement rectiligne en mouvement
circulaire.
Mouvement perpétuel, se dit fig. et fani., d'une per-
sonne qui a une excessive activité de corps. Il ne saurait
rester en place, c'est le mouvement perpétuel. F'i^. y Chercher
le mouvement perpétuel, Clicrclierla solution d'une ques-
tion insoluble. Mouvement des eaux de la mer. Les eaux de
ta mer sont soumises à trois sortes de nwuve/nents : les nwu'
vements atmosphériques , produits par l'impulsion des venis ,
— les courants, et tes marées. Mouvement a une foule d'ac-
ceptions éloignées de notre .'ujet,
Nadir, s. m. (De l'arabe Jj«rf/iara> re-
garder, considérer, être situé vis-à-vîs. )
Le point du ciel qui est directement sous
nos pieds , et auquel aboutirait une ligne
verticale tirée du point que nous habitons,
par le centre de la terre. Le nadir est dia-
métralement opposé ati zénith.
Néoménie. s. f. ( En grec ncomcnis ,
de ncos , nouveau , et ménô , lune. ) Nou-
velle lune.
Nœud. s. m. Chacun des deux points
opposés où l'écliptique est coupé par l'or-
bite d'un corps céleste. Les nœtids de la
lune. Les nœtids de Jupiter.
M'ombre d'or. s. ni. Le nombre dont
on se sert pour marquer chaque année du
cycle lunaire ; ainsi appelé par les Grecs ,
parce qu'ils le firent graver en lettres d'or
dans la place publique. Voyez Cycle lu-
naire.
Nord. s. m. (Du saxon nort/i.^ Septen-
trion , la partie du monde qui est opposée
au midi. Les pays du nord. Du nord au
midi. Le vent est au nord , souffle du nord,
vient du nord.
— Celui des pôles du monde qui répond
à l'étoile polaire arctique, et qui est opposé
au sud. L'étoileilu nord . L'aiguille aimanlèc
se tourac vers le nord. Adjectiv., Le pôle
nord. Degrés de latitude nord , Ceux qui
vont de l'équateur au pûle septentrional.
— Le vent du nord. Le nord est le plus
froid de tous les vents. Adjectiv., Le vent
est nord.
— Pays septentrionaux , considérés ai)-
solunient ou relativement. Cet homme est
du Nord , est du nord de la France. Les plus
belles fourrures viennent du Nord. Nord-est,
Lepointsituéentre le nord et l'est. Le nord-
nord-est est le point situé entre le nord et
le nord-est. Le nord-est-quart-est est situé
entre lo nord est et l'cst-nordest. Le nord-
est-quart-nord est situé entre le nord-est et
le nord-nord-est. Le nord-quart-nordest est
situé entre le nord et le nord-nord-est.
Vent qui souille entre le nord et l'est , etc.
Nord-ouest , Le point situé entre le nord
et l'ouest. Le nord-nordouest est situé entre
le nord et le nord-ouest. Le nord-ouest-
quart-nord est situé entre le nord et le nord-
nord-oucst. Le nord-oucst-quarl-oucst est
situé entre le nord-ouest et l'ouest-nord-
ouest. Le nord-quart-nord-ouest est situé en-
tre le nord et le nord-nord-ouest. — Vent
qui souille entre le nord et l'ouest , etc.
Oblique, adj. Incliné. Tous les peuples
qui vivent entre les pôles et l'équateur ont
la sphère oblique, parce que leur horizon
ne coupe pas l'équateur ^ angle droit.
Obliquité de l'écliptique , L'angle que
l'écliptique fait avec l'équateur et qui est
d'environ vingt-trois degrés vingt-huit mi-
nutes. Cette obliquité n'est pas immuable;
car on a trouvé que les deux cercles se
rapprochaient de 92 secondes par siècle.
C'est à l'obliquité de l'écliptique que les
habitants des zones tempérées doivent la
douceur de leur climat.
Occase. adj. (Du latin occasus, coucher.)
Voyez AMPLITDDE.
Occident. S. m. ( Dn latin occidens ,
A'occidcre , se coucher, qui dérive de <?a-
dcre, tomber.) Celui des quatre points car-
dinaux qui est du côté où le soleil se couche,
et qu'on nomme aussi couchant , ouest , et
ponant. L'occident est opposé à l'orient. Se
tourner à l'occident , vers l'occident. Tirant
à l'occident. Côté d' occident. —CttteYtstTt'ie. de
notre hémisphère qui est au couchant par
rapport aux Orientaux. Les régions, l'em-
pire, l'Eglise d'Occident. L'empire d'Oc-
cident était divisé en deux grands gouver-
nements : les Gaules, et lesltalies. Ces gou-
vernements étaient subdivisés en diocèses,
savoir ; dans les Gaules, 1» la Gaule pro-
prement dite, 2" la Grande-Bretagne ,
3° l'Espagne ; dans les Italies , 1° \ Italie
proprement dite, 2» VIllyric, 3° l'Afrique.
L'empire d'Occident ne dura guère qu'un
siècle, et finit en /176 dans la personne de
Romulus Augustule. Chose remarquable:
le dernier empereur de Rome s'appelait
Romulus, comme le fondateur de la ville,
et Auguste , comme le fondateur de l'em-
pire.
Occidental , aie. adj. Qui est à l'occi-
dent. Pays occidental. licgions , 7iations oc-
cidentales. Peuples occidentaux. Les Indes
T. II.
72
S70 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES
occidentales. Siibstantivement,|Z.e< Occiden-
taux, Les Européens.
Octaétéride. s. f. Espace, durée de huit
ans.
Occultation, s. f. (En latin ocettllatio.)
Disparition passagère d'une étoile ou d'une
planète cachée par la lune.
Occulter. V. a. ( Du latin occuUare , ca-
cher.) Quelquefois, dans sa course, la
hine passe devant une étoile ; on dit qu'elle
Vocciille. C'est l'immersion de l'étoile ,
qui, après être restée quelque temps der-
rière la lune, reparaît au côté opposé , ce
qu'on noinnie émersion.
Opposition, s. f. L'aspect d'un corps
céleste qui est à cent quatrevingt degrés
d'un autre. Les éclipses de tune ont lieu
quand la lune est en opposition avec le soleil.
Orbite, s. f. (Quelques uns le font mas-
culin, dit l'Académie ; j'ajoute que c'est à
tort, puisqueson étymologieininiédiateest
orbita, mot latin féminin. ) La route, le che-
min que décrit une planète par son mouve-
ment propre. Kepler a découvert que les or-
bites sont des ellipses qui ont un foyer com-
mun occupé par le soleil. C'est ta combinai-
son de la force centripète avec la force cen-
trifuge, qui, tendant, la première à rap-
procher les planètes du centre du soleil , la
seconde à les en éloigner , les force à décrire
une courbe intermédiaire qui est précisément
leur orbite. L'orbite des comètes est une el-
lipse très-allongée. En anafomie, L'orbite de
rœil, La cavité dans la quelle l'œil est placé.
Orient, s. m. ( En latin oriens, de oriri,
naître, se lever.) La partie, le point du
ciel où le soleil se lève sur l'horizon. L'orient
d'été. L'orient d'hiver.
— Celui des quatre points cardinaux où
le soleil se lève à l'équinoxe. L'orient , le
midi , l'occident , le septentrion. De l'orient
à l'occident.
— Les états et les provinces de l'Asie
orientale , comme l'Inde, la Chine , etc. ;
à la différence des états et des provinces
de l'Asie occidentale. Les régions de l'O-
rient. Voyage enOrient. Des perles d' Orient.
Commerce d'Orient^ Le comiiiorce qui se fait dans l'A-
sie orientale par rOcéan ; à la dillerence du commerce
rfu Levant , Celui (jui se fait dans l'Asie occidentale par la
Méditerranée.
Voyez Est et Levant.
Ortive. acjj. f. (Du [atin orlivus, qui se
lève , dérivé ii'oriri, orior, ortum.) Ampli-
tude ortive ou orientale, L'arc de l'horizon
qui est entre le point ou se lève un astre
<;t l'orient vrai où se fait l'inlersection de
l'horizon et de l'équateur. Voyei occasb.
Ouest, s. m. (De l'allemand, ou du
flamand, ou de l'anglais west.) L'un des
quatre points cardinaux , celui qu'on a à
gauche , quand on est tourné vers le nord.
Cette provinceatant de lieues de l'est à l'ouest.
Un vent d'ouest. Ouest-nord-ouest, Le point
compris entre le nord-ouest et l'ouest.
Ouest-quart-nordouest, Le point qui occupe
le milieu de l'espace qui sépare l'ouest de
l'ouest-nord-ouest. Ouest - sud-ouest , Le
point situé entre l'ouest et le sud-ouest.
L'ouesl-quarl-sud-ouest , Le point placé au
milieu de l'espace qui sépare l'ouest de
l'ouest-sud-ouest. — La partie d'un pays
située du côté de l'ouest. L'ouest de la
France. Les provinces de l'Ouest. Le vent est
à l'ouest, i/cs? 01/647, Il vient du couchant.
Pallas. s. f. Nom emprunté à la mytho-
logie et donné à une planète.
Parallèle, s. m. ( Du grec parallélos.)
Les parallèles ou cercles parallèles simt des
cercles perpendiculaires aux méridiens et
parallèles entre eux, ayant tous leur centre
sur l'axe de la terre. Le plus grand des pa-
rallèlesest l'équateur. Tous les lieux quisont
sur le môme parallèle ont la même latitude,
ont les jours et les nuits de la même longueur.
Le nombre de ces cercles est infini , comme
celui des méridiens , puisqu'on peut faire
passer un méridien par chaque point de
l'équateur et un parallèle par chaque point
du méridien. Mais on ne les trace ordinai-
rement sur les globes que de dix en dix
degrés, et sur les cartes à dix , à cinq , à
deux , ou même à un degré d'intervalle.
Parallactique. adj. Angle paratlactique,
La parallaxe. Triangle parallactique. Le
triangle formé par le rayon de la terre et
par deux lignes qui partent des deux ex-
trémités de ce rayon pour aller se réunir
au centre d'un astre. Machine ou lunette
parallactique, INIachine composée d'un axe
dirigé vers le pôle du monde, et d'une lu-
nette qui peut s'incliner sur cet axe et sui-
vre le mouvement diurne des astres, sur le
parallèle qu'ils décrivent.
Parallaxe, s. f. ('En ^rec parallaxis , de
parallattô , je transpose. ) L'angle formé
au centre d'un astre par deux ligues droites
menées de ce point, l'une au centre de la
terre, l'autre au point de la surface terres-
tre où se fait une observation. La parallaxe
d'un astre donne facilement la distance de cet
astre au centre de la terre. Les étoiles fixes
n'ont point de parallaxe sensible à cause de
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE,
571
tctir élolsnement. Observer ta parallaxe du
soleil, de la lune. La parallaxe de Jupiter.
Parallaxe annuelle. L'angle formé par
deux lignes droites qui seraient ainsi me-
nées aux extrémités d'un même diamètre
de l'orbe de la terre. ( Acad, )
Para-sélène. s. f. ( Du grec para , con-
tre , et sélcné, lune, contre-lune. ) Image
de la lune réfléchie dans un nuage.
Parhélie. s. m. ( Du grec para , contre,
cl hèlios , soleil.) Les parhélies consistent
dans l'apparition simultanée de plusieurs
soleils. Ces images , toujours unies entre
elles par un grand cercle blanc et horizon-
tal , sont toujours situées à la même hau-
teur, sur l'horizon, que le soleil lui-même;
de sorte qu'à mesure que le soleil s'élève
ou s'abaisse , ce cercle s'élève ou s'abaisse.
Ce phénomène , fort rare , est attribué à la
réfraction. — Qu'est-ce qu'un parhélie î
C'est un effet de in réfraction. — Réponse
aussi commode que la réponse ordinaire
des maîtres de langue à toutes les questions
qu'on leur adresse sur quelque difficulté
grammaticale : c'est l'usage.
Férisciens. s. m. p. Voyez Zome.
Périgée, s. m. (Du grec /seri, autour,
et ^6, terre.) Point de l'orbite d'une pla-
nète où elle est le plus près de la terre. La
lune est dans son périgée. Adjectiv. , La
lune est périgée.
Périhélie, s. m. (Du grec péri , autour,
et liêlios , soleil.) Point de l'orbite d'une
planète où elle est le plus proche du soleil.
Une planète dans son périliélie. Adjectiv. ,
La terre est périhélie.
Période, s. f. (En grec periodos, circuit,
de péri , autour, et odos , chemin.) Temps
qu'une planète met à faire sa révolution ;
durée de son cours depuis l'instant où elle
part d'un certain point du ciel, jusqu'à
l'instant où elle yrevient. La période solaire.
La période lunaire. La période de Mars. La
lune fait sapériodecn vingt neufjourseldemi.
— Révolution, circuit d'un certain nom-
bre d'années déterminé. La période atliqiie.
La période Callip pique ou de Callippe. La
période Victorienne ou de Victorius. La pé-
riode Métlwniquc ou de Mcthon. La période
Clialdaïque. La période Sothiaque , chez les
Égyptiens, Espace de l/jGO années solaires
après les quelles l'année naturelle se trou-
vait commencer à peu près le même jour
que l'année civile. Voyez Cyclh.
Période Julienne, Espace de temps qui
renferme sept raille neufcentquatrevingts
ans, par la multiplication du cycle solaire,
qui est de vingt-huit ans, du cycle lunaire,
qui est de dix-neuf , et de l'indiction, qui
est de quinze. Scaliger est l'inventeur de la
période Julienne.
Périodicité, s. f. Qualité de ce qui est
périodique. On n'a encore découvert et
calculé la périodicité que d'un petit nom-
bre de comètes.
Périodique, adj. Qui a ses périodes, qui
revient à des temps marqués. Le mouve-
ment des planètes est périodique. Révolution
périodique.
Périodiquement, adv. D'une manière
périodique. Les planètes se meuvent pério-
diquement.
Périœciens. s. m. pi. ( Du grec péri, au-
tour , et oikein , habiter. ) Nom qu'on
donne aux peuples qui habitent sous le
même parallèle.
Périsciens. s. m. pi. Voyez Zone.
Planétaire, adj. Qui appartient aux pla-
nètes, qui concerne les planètes. Région
planétaire. Système planétaire. Année pla-
nétaire , Le temps qu'une planète emploie
à faire sa révolution autour du soleil.
Planétaire, s. m. Machine à rouages qui
offre la représentation du système des pla-
nètes.
Planète, s. f. Voyez page 54/i.
Planisphère, s. m. (Du latin planus,
plan, et sphœra , sphère.) Carte où les
deux moitiés du globe céleste sont repré-
sentées sur une surface plane, et où les
constellations sont marquées.
— Carte qui représente de même les
deux moitiés du globe terrestre. L'astro-
labe est un planisphère céleste, et la mappe-
monde un planisphère terrestre.
Points cardinaux. Pour déterminer la
position des différentes parties de la terre,
on a imaginé quatre points qu'on appelé
points cardinaux. Ce sont le levant, le
couchant , le septentrion , et le midi. Voyez
ces mots. On suppose quatre points colla-
téraux , qui sont : le nord-est, entre le nord
et l'est; le nord-ouest , entre le nord et
l'ouest ; le sud-est , entre le sud et l'est ;
le sud-ouest , entre le sud et l'ouest. Dans
la mythologie du nord , Odin, ayant tué le
géant Ymer , fit de son crâne le globe du
ciel, et plaça aux quatre extrémités quatre
nains en sentinelle.
Points verticaux. Le point du ciel appelé
zénith, qui est directement au dessus de
372
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIEJNCES.
notre tète ; et le point appelé nadir, qui
est directement au dessous de nos pieds.
Points ct/uinn.viaitx , Les dnux points où
le {jrand cercle de lï-cliptique coupe le
grand cercle de l'équateur.
l^cmts sotsticlaiix , Les deux points de
l'écliptiquc les plus distants du plan de
l'équateur.
Point de la plus /.^rande et de a plus pe-
tite dislance , Les apsides.
_ Point culminant, Lepoint derécliptique
situé dans le méridien.— La partie la plus
élevée de certaines choses.
En Optique, Point île rmrotirs, Celui où les rajoi.s coii-
Tcrpenls se lencontionl. Paint d'inciilence , La point oit
tombe un rayon sur la surface d'un miroir ou d'un autre
coi-ps. Paint de diipersian , Le point où les rajons commen-
cent a Être divergents. Point de réfraction, Le point où un
rayon se rompt sur la surface d'un verre ou sur toute au-
tre surface rélrnijtente. Point de réflexion. Le point d'où
un rayon est rélléclii par la surface d'un miroir et de
tout autre corps. Point radieux, Le point d'où partent
les rayons. '^
Polaire, adj. Qui est auprès des pùles,
qui apj)artient aux pôles du monde. Cer-
cles polaires. Cercles parallèles à l'équa-
teur et distants des pùles de 23 degrés et
demi. Cercle polaire arctique. Celui du
nord. Cercle polaire antarctique , Celui du
sud. Eiuile polaire, La dernière étoile de la
queue de la petite Ourse. Les glaces po-
laires.
Pôle. s. m. (En latin potus , en grec
polos, de polein, tourner.) Chacune des
deux extrémités de l'axe immobile autour
duquel la sphère céleste semble tourner en
vingt-quatre heures. Ceux qui habitent sous
les pôles ont alternativement six mois de jour
de suite , et six mois de nuit. Les pôles du
monde. — Chacune des extrémités de l'axe
immobile du globe terrestre , correspon-
dantes aux pùles célestes. La terre tourne
sur ses deux pôles. Pôle arctique ou boréal,
Celui du nord. Pôle antarctique ou austral.
Celui qui lui est directement opposé.
oJe fis à l'âge de dix-huit ans (c'est
Voltaire qui parle) une ode pour le prix de
l'Académie Française. Il est vrai que ce
lut l'abbé du Jarri qui remporta le prix.
Le public ne souscrivit pas au jugement
des Quaiante. Il me souvient qu', entre
autres fautes assez singulières dont le petit
poème couronné était plein, il y avait ce
vers :
Kt des p.-.les l,rùlant.s jus.|u'aux piles glacés.
La Molhe , très-aimahie homme et de
beaucoup d'cspjit, mais qui ne se piquait
pas de science, avait par son crédit fait 1
donner ce prix à l'abbé du Jarri. Quand
, on lui reprot:hait ce jugement , et surtout
les vers des pôles brûlants et des pôles
f^lacés : a C'est, répondait-il, une aflaire de
» physique qui est du ressort de l'Académie
«des Sciences, et non de l'Académie
B Française. D'ailleurs je ne suis pas bien
»sCir qu'il n'y ait pas de pôles bn'llaDts.
» Enfin, l'abbé du Jarri es/ mon ami. »
M. Sainte-Beuve est beaucoup l'ami de
Victor Hugo.
Pôle , absolument, Le pôle septentrional.
Vers le pôle. L'aiguille aimantée regarde le
pôle.
Hauteur ou élévation du pôle. L'arc du
méridien compris entre le pôle et l'hori-
zon du lieu où l'on est. Dans les vers clas-
siques , De l'un à l'autre pôle. Par toute la
terre.
Sa gloire s'étendit de l'un à l'autre pôle.
(CLiSSI'JtES. )
Pôle , Chacune des deux extrémités de
l'axe immobile sur le quel tourne quelque
corps sphérique ou quelque cercle que ce
soit. Les pôles de l'équateur. Les pôles du
méridien. Les pôles du zodiaque. Une ma-
chine qui tourne sur ses pôles. Pôles de l'ai-
mant, Les points par les quels l'aimant
attire ou repousse le plus énergiquement
le fer et l'acier. Les pôles de l'aintaal se di-
rigent vers ceux du monde. Fig.
0 vainqueurs de l'Isly, i>ûles de ma pensée. (L. N. )
Ponant, s. m. Occident. Depuis le le-
vant jusqu'au ponant , Un vent du ponant.
— L'Océan , par opposition à la Méditer-
ranée. L'armée du Ponant. Vice-amiral du
Ponant. L'escadre du Ponant. Commercer
dans le Ponant. On dit aussi la mer du Po-
nant, La mer Océane. Mot rajeuni par
Victor Hugo.
Précession, s. f. (En latin precessio , de
precedere , precessum , précéder.) Il n'est
usité que dans celte phrase, La précession
des équino,ves. Le mouvement rétrograde
des points équinoxiaux. « Les équinoxes
arrivent tous les ans 20minutès25 secondes
avant que la terre soit en conjonction avec
le soleil et avec la même étoile qu'au même
équinoxe de l'année précédente. Cette
différence fait que le soleil paraît rétro-
grader dans les signes du zodiaque d'un
degré en 72 ans et d'un signe entier ou de
30 degrés en 2156 ans ; de sorte qu'il par-
coiut ainsi tout le cercle de l'écliptique en
26000 ans environ. Depuis qu'on a donné
des noms aux con.stellations du zodiaque, le
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
Soleil a rélrogradé d'un signe entier. » Ce
n'est déjà plus dans le signe du Bélier qu'il
entre au mois de mars , c'est dans le signe
des Poissons. Mais on s'accouimode du
statu quo.
Quadrature, s. f. (En latin quadratura.)
Aspect de deux astres, lorsqu'ils sont éloi-
gnés l'un de l'autre d'un quart de cercle.
Au premier et au troisième quartier la lune
est en quadrature avec le soleil.
Région, s. f. ( En latin regio. ) Grande
étendue de pays. Toutes les régions de la
terre.
— Les augures romains divisaient le ciel
en quatre régions, lorsqu'ils voulaient tirer
des présages.
— En ternies de Physique ancienne, On
le dit de trois différentes hauteurs de l'at-
mosphère. La basse région. Celle qui tou-
che la terre et qui l'environne immédiate-
ment. La moyenne région. Celle qu'on
suppose commencer au dessus des plus
hautes montagnes. La haute région, ou la
région supérieure. Celle qui s'étend par
delà. Les hautes régions de l'atmosphère.
La région du feu, la région éthérée, La
partie de l'air la plus élevée.
Rétrogradation, s. m. (En latin retro-
gradalio , de rétrograde , reculer.) Mouve-
ment par le quel les corps célestes vont ou
paraissent aller contre l'ordre des signes.
La rétrogradât io7i de Mars , de Jupiter, etc.
Rétrograde. adj.(Enlatin rétrogradas.)
Qui se fait en arrière. Marche rétrograde.
Mouvernent, ordre rétrograde. 11 se dit par-
ticulièrement des corps célestes, lorsqu'ils
vont ou paraissent aller contre l'ordre des
signes. Vénus rétrograde. La lune n'est ja-
mais rétrograde.
Eu Littérature, Fera rétrograde. Où Ion trouve les
uiémes mots en le lisant à rebours, con>nic:
Homa tibi subito motibus ibit amor.
Rétrograder, v. n. ( Du latin rétro , en
arrière , et gradi , aller.) Retourner en ar-
rière.) L'armée a été obligée de rétrograder.
— Mercure cotnmençail à rétrograder. Kig.,
Dans les arts, quand on n'avance pas , on
rétrograde.
Révolu, ue. adj. {Du \aûn revolutus ,
roulé.) Il se dit du cours des planètes et
des astres, lorsque, par leur mouvement pé-
riodique, ils sont revenus au même point
d'où ils étaient partis. Avant que le cours
de Jupiter soit révolu.
— En parlant des périodes de temps.
Achevé, complet. Le mois, l'an, le siècle.
n'était pas encore révolu. Après l'année ré-
volue. Cinquante ans révolus.
Révolution, s. f. (En latin revolulio, de
revolvere, revolutum, rouler, revenir.) Le
retour d'une planète, d'un astre au même
point d'où il était parti. La révolution
des planètes. Les révolutions célestes. La ré-
volution de la terre autour du soleil, de la
lune autour de la terre. Révolution périodique.
Dansunsens analogue, Larévotutiondes siè-
cles , des temps, des années, des saisons, etc.
— Cbangement. Prompte, lubite révolution. Révolution
politique,
les révolutions de la terre , du globe. Les événements na-
turels par les quels la face de la terre a été changée.
Saison, s. f. ( Suivant Le Duchat , du
latin sectio , section , division. ) L'une des
quatre parties de l'année, qui contiennent
chacune trois mois, et dont deux commen-
cent aux solstices et deux aux équinoxes-
Les quatre saisons de l'année sont le prin-
temps, l'été, l'automne, et l'hiver. L'ordre,
la marche, le retour des saiso7is. L'intem-
périe des saisons, ha saison est fort avancée.
Fig. , Les saisons tournent les feuillets du li-
vre de la vie. ( Sentence arabe , citée par
Boiste. ) La saison nouvelle , Le printemps.
On dit aussi le renouveau. Tout pousse au
renouveau. L'arrière- saison , L'automne, le
commencement de l'hiver. La belle saison,
La partie de l'année où le temps est beau,
c'est à dire , la fin du printemps, l'été, et
le commencement de l'automne. La mau-
vaise saison, La fin de l'automne, l'hiver,
et le commencement du printemps. C'est
l'inclinaison de l'axe de la terre sur le plan
de l'écliptique qui produit la périodicité
des saisons. Sans cette inclinaison, qui est
de 23 degrés 27 minutes A6 secondes, les
pôles seraient constamment enveloppés
d'un crépuscule à peine sensible et de
glaces qu'aucun été ne viendrait détruire.
La zone torride serait embrasée de feux
continuels. Les climats tempérés joui-
raient d'un printemps perpétuel , mais
n'auraient ni chaleur d'été pour mftrii- les
fruits , ni hiver pour reposer la végétation.
Mais , grâce à la parfaite ordonnance dn
Créateur, la terre, à cause de l'inclinaison
de son axe , présente alternativement ses
deux pôles au soleil, qui leur fait ainsi une
part égale de ses bienfaits , en s'élevant
au tropique du Cancer dans notre été et
s'ahaissant jusqu'à celui duCapricorncdans
l'hiver. Voir la figure que nous avons tracée
à la page 560,
57 4
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Les saisons n'ont pas une c^alc durée.
L<; printcmiis duic. . 92 j. 21 h. 7/j'
L'ctc 93 * 13 58
L'automne 89 16 ùl
L'hiver 89 2 2
Celle difTt'runcr dans la diirre des sai-
sons vient de ce que la partie de l'ellipse
que la terre parcourt du printemps à l'au-
tomne est plus grande que celle qu'elle
j)arc(iurt depuis l'équinoxe d'automne jus-
qu'à celui du ])rinteuips ; et que le mou-
vement de la terre est un peu plus rapide
dans l'hiver que dans l'été , parce qu'elle
se trouve alors plus rapprochée du soleil.
De là vient que les saisons ne commen-
cent pas chaque année exactement au
même jour ; mais la différence ne peut
être que d'un ou deux jours. Voy. p. 507.
Sous l'equateuril n'y a que deuxsaisons,
l'hiver et l'été , la saison des pluies et la
saison sèche , se produisant chacune deux
lois par an. Les deux saisons sèches sont
celles pendant les quelles le soleil monte
vers l'im ou l'autre tropique. L? ciel est
alors serein et sans tempêtes. Les pluies ré-
gnent an contraire aux deux époques des
equinoxes. Les peuples qui habitent sous
les tropiques n'ont en réalité que deux
saisons, l'été et l'hiver. L'hiver y est chaud
et sec , mais moins que l'été. L'hiver de
l'un des tropiques est l'été de l'autre , et
réciproquement. Les saisons varient pour
les divers points delà terre, suivant leur
position sur la sphère.
Saison, Le temps nù dominent, où se font le plus re-
marquer certains étals, certains changements de ralmos-
plière. Jm saison des frimas, des pluies, des orages.
— Le temps où paraissent certaines productions delà
terre , où l'on a coutume soit de semer, soit de recueillir
certains grains, certains fruits. La saison des fleurs. La
laiton des fruits. Saison des mars, des semailles, des foins.
Les fruits de la saison. Des trguTUes de la saison.
La saison est avancée. Les fruits de la saison sont plus
BTancés, plus mûrs qu'ils ne le sont ordinairement à
pareille époque.
La saisons des perdreaux , des railles , des bécasses, etc.,
Le temps où il y a une plus grande quantité de ces oiseaux,
et où ils sont meilleurs à manger.
Saison, Le temps propre pour faire quelque chose. £n
Km/),'! «( saison. Ces fruits ne sont plus de saison. lise dit
dans un sens analogue en parlant des choses morales. Ce
i]ae vous dites est kors de saison.
Saison , se dit par extension des âges de la TÎe. ta pre-
mière saison de la vie , La jeunesse. La dernière saison de la
l'ie , La vieillesse. Les classir|ues disent dans le même
eens, La belle saison^ la saison des plaisirs, des atnours ;
l'arrière saison , etc.
L amitié est un plaisir de toutes tes saisons de la vie.
( .M™*^ dePompadouh. )
Satellite, s. m. (Du lai'm satellex , sa-
tellitis, garde.) Tout homme armé qui est
aux gages et à la suite d'un autre. Par ex-
tension, petit astre qui tourne autour d'une
planète. La lune est le satellite , est satel-
lite de la terre. Jupiter a quatre satellites,
Saturne sept, Vranus six.
Saturne, s. m. Nom d'une planète. La
planète de Saturne, Le ciel de Saturne. L'an-
neau de Saturne, Le corps opaque , en
l'orme d'anneau elliptique qui l'environne,
et qui n'a aucun point de contact avec le
globe ; phénomène vraiment remarquable,
que nous ne pouvons nous empêcher de
mettre sous les yeux du lecteur.
Quel curieux spectacle doivent présenter
aux habitants de Saturne cet immense an-
neau, et ce globe énorme, et les sept lunes
qui l'environnent ! O grandeur infinie de
Dieu ! ô néant de l'homme ! Chose plus
merveilleuse encore , c'est qu'on prétend
que cet anneau est double, et qu'au moyen
de bonnes lunettes , on peut très-bien
apercevoir la ligne de séparation. Fa de
notre planète, à l'œil nu, Saturne a une
lumière moins intense que Jupiter.
Sélénographie. s. f. (Du grec sèlénê ,
lune , et f;rapltô,ie décris.) Description de
la lune. Sélènof^raphie d'HèvcUus. — Science
qui s'occupe de recherches particulières à
la lime.
Sélénographique. adj. Qui se rapporte
à la lune. Cartes sèléno graphiques. Recher-
ches sèlénographiques. Par suite de telles,
recherches, on a remarqué dans la lumière
cendrée delà lune des points lumineux ,
qu'on attribue à des sommets de monta-
gnes , qui, étant très élevés, se trouvent
éclairés par le soleil. On a pu calculer la
hauteur de ces montagnes. On a trouvé
qu'elles étaient en général beaucoup plus
hautes que celles du globe terrestre.
Septentrion. s. m. (En latin septentrio,
de septem, sept , et triones, bœufs de la-
bour , nom donné par les Romains aux
étoiles qui composent tant la grande que
la petite Ourse. ) Le nord , celui des deux
pôles du monde qui dans nos climats est
élevé sur l'horizon. L'aiguille aimantée se
SIGNES DIVEUS. ASTRONOMIE.
S75
(oitrne du côté du seplcnlrion , vers le pôle
du septentrion. ( Acad.) Ce pays est au sep-
tentrion de tel autre. Il est plus prociie du
septentrion que cet autre pays. La Belgi-
que est au septentrion de la France. On dit
plus ordinairement, Ce pays est au nord
de tel autre.
Septentrion , Nom de la petite Ourse.
Septentrional , aie. adj. Qui est du côté
du septentrion. Le pôle septentrional. L'o-
céan septentrional. Les pays septentrionaux.
On dit aussi boréal.
Les peuples septentrionaux, ou substan-
tivement , Les Septentrionaux.
Sidéral, aie. adj. (Du ialin sirfcrn/i'*,
sidcreiis , l\ùt de sidus , sideris , autre.) Ré-
volution sidérale. Retour à la même étoile.
Jour sidéral. Le temps de la révolution de
la terre, d'une étoile à la même étoile,
par son nioiivemenl diurne. Année sidérale.
Le temps de la révolution de la terre,
d'une étoile à la même étoile, par son
mouvement annuel. Elle est plus longue
de vingt minutes que l'a/inee tropique, à
cause de la précession.
Soleil, s. m. (Du latin sol, solis.) L'as-
tre qui produit la lumière du jour. Le so-
leil est im corps sphérique et lumineux ,
dont la nature est et sera long-temps en-
core un problème pour nous. Quelques
f'aiseuis d'bypotbèses luidonnentun noyau
solide et obscur entouré d'une atmosphère
lumineuse. En attendant, libre à chacun
de supposer toute autre chose , il appro-
chera tout autant de la vérité. Les poètes
feront toujours bien de l'appeler un globe
de feu. Hélas ! il ett des choses qu'il faut
savoir renoncer tout d'abord à pénétrer ,
si l'on tient à faire preuve de raison el
d'intelligence. Philosophes , vous aurez
beau faire, vous ne saurez jamais ce que c'est
que le soleil, la lumière, les étoiles. Dieu ;
vous ne saurez jamais comment pousse
l'herbe dans les champs, ni comment la
rose se vêt d'écarlate, ni comment le fruit
mûrit sur les arbres , ni comment vous
naissez , ni comment vous vivez. Et les
poètes, que vous dédaignez quelquefois,
vous en apprendront plus là-dessus que
toutes vos observations et tous vos calculs.
L'aïuour, cette lumière intérieure, cettt;
intuition divine , révèle aux poètes des
mystères que vous ne soupçonnez môme
pas , vous , les philosophes. Savezvous , ô
philosophes , qu'il y a plus de philosophie
dans ce vers de Voltaire :
Dieu t'a fait pour l'ainicr et non pour Itt comprendre.
qu'au fond de tous vos systèmes les mieux
étayés ?
Ce qui fait qu'on donne au soleil un
corps de charbon noir entouré de vapeurs
lumineuses , ce sont les taches noires que
présente le disque S(>laire , et qui revien-
nent sans régularité. On les explique par
le déchirement de son atmosphère. Va
pour cette explication. Une chose un peu
plus certaine, c'est que le soleil a un mou-
vement de rotation sur lui-même , qu'i(
exécute, d'occident en orient, en vingt-
cinq jours el demi ; qu'il est situé à une
distance de plus de trente millions de
lieues, et qu'il est environ treize cent mille
fois plus gros que la terre. Néanmoins ,
malgré l'exactitude probable de tous ces
calculs , je ne serais pas étonné que quel-
que novateur vînt nous prouver demain que
le soleil est plus petit que la terre ; tant
l'absurdité est chose inhérente au savoir
humain. Ce qu'il y a par exemple d'in-
contestable , c'est la chaleur, c'est la lu-
mière dont il anime et vivifie tous les
corps , et sans la quelle la terre serait
inhabitable pour tous les être organisés.
O mon Dieu , qui as imi la terre au so-
leil , afin de la rendre féconde, et qui de
l'amour, ta propre nature, fais émaner
éternellement tous les biens ; ô mon Dieu,
qui as fait ces jours si brillants et ces nuits
si sereines, qui as répandu à Ilots sur tes
créatures les sources de toutes joies, qui
as fait l'amour pour nos âmes comme la
lumière pour nos yeux ; ô mon Dieu ,
quand ta bonté prévoyante n'a rien omis
de ce qui pouvait rendre heureux tous les
êtres sortis de tes mains paternelles ; quand
tu as donné pour sa part à l'homme la
beauté du ciel, la beauté des fleurs, la
beauté de la femme ; quand, pour prix de
tes dons, tu ne lui as imposé d'autre loi
que d'aimer et d'être heureux ; quand tu
as été pour l'homme et si bon et si bien-
faisant , O mon Dieu , pourquoi l'homme
est-il si méchant et si malheureux î Pour-
quoi, quand lesoleil,lesétoiles, les mondes,
marchent invariablement dans tes voies di-
vines , en célébrant la gloire de ton nom,
pourquoi l'homme seul a-t-il trahi sa su-
blime destination? Pourquoi, quand les
insectes mêmes lui donnent l'exemple de
celte douce fraternité que tu lui as pres-
crite pour son seul bonheur , l'homme
est-il si avilie du bien de son Crère , qu'il
57 G
CLEF DE L,V LANGUE ET DES SCIENCES.
lui (l('îrohe jusqu'au moindre rayon de
ton soleil , jusqu'au nioiudre souiïln d(^ ton
air pur, jusqu'au moindre brin d'herbe de
tes prt'-s verts, dont tu avais pourtant fait
à tous une part égale ? O mon Dieu , je te
bénis, je t'adore; , je me prosterne devant
ta grandeur , devant ta puissance, devant
ta bonté, devant la sagesse, qui a fait
l'homme libre afin de lui laisser le mérite
de la vertu; mais, mon Dieu, si tu ne
jètes mi regard de pitié sur ta créature;
si tu ne répands sur elle un rayon d'amour
qui la lave et la purifie , — hélas I c'en est
fait , l'homme ne se relèvera jamais de sa
corruption , et il sera éternellement mal-
heureux. Prends pitié de lui , mon Dieu.
En voyant que toute vie émane du so-
leil , comme lui-même émane de Dieu ,
faut-il s'étonner si cet astre a été l'objet
des adorations de la plupart des peuples
primitifs ? C'était le Bel ou Daal des Ghal-
déens, le Molocli dcsChananéens, V Adonis
des Phéniciens et des Arabes , le Saturne
des Carthaginois , VOsirIs des Egyptiens ,
le Mithras des Pei'ses, le Dionius des In-
diens, le Phébus m\V Apollon des Grecs et
des Romains, et le Delphégor des Moabites.
Ohl ne méprisons pas le vieux culte des mages ;
Sans doute le soleil mérita leurs hommages.
En voyant aujourd'hui ce qu'il a fait pour nouS|
On devient idolâtre et l'on tombe à genoux.
Non, tout n'est pas visible à l'œil de l'astronome;
Une chaîne de flamme unit le ciel et l'homme.
Nou , le soleil n'est point , tel que nous le voyons ,
Un aveugle cadran hérissé de rayons,
Une meule de feu dans les aiis balancée;
C'est l'astre intelligent, à l'ardente pensée,
C'est le foyer qui verse aux peuples abattus
Le germe chaleureux des sublimes vertus.
La terre est son épouse , elle en reçoit la vie.
Six uiiUe ans de baisers ne l'ont point assouvie.
Oh ] si nous avons vu naître de leur hymen ;
Les perles du Bengale et l'encens d'Iémen.
Si lei rayons du ciel condensés en filières,
Sèment d'argent et d'or le flâne desCordilières,
Il est un fruit plus beau que l'épouse a porté ,
Un fruit que le soleil mûrit: la lireutéI
Non , ne méprisons pas le vieux culte des mages;
Sans doute le soleil mérita leurs hommages.
Oh I si ma voix parlait au suprême conseil,
Je fonderais demain la fête du soleil.
Le peuple, pour bénir sa rayonnante idole,
Irait au Panthéon , moderne Capitole.
Pans verrait alors, à des temps révolus.
Ces tableaux des Incas que notre enfance a lus.
Aspect miiaculmix) quand la lumière éclosc
Argentait les vallons où eoulc lePotose,
Sous les palmiers sacrés tout un peuple béant
Attendait à genoux le céleste géant.
Qui, près de s'élancer dans les brûlantes lones,
Brisait ses lames d'or dans l'eau des Amazones.
(EAnnéLEMT. Némhis.)
Solstice, s. m. (En latin solstiliun et non
pas solsticiitm, de sol, soleil, et slarc ,
s'arrêter: solis , statio arrôt du soleil. )
Tentps auquel le soleil est arrivé .'i son plus
grand éloignement de l'équateur, et pa-
raît, pendant quelques jours , y être sta-
tionnaire. Solstice d'hiver. Solstice d'été.
Entre les deux solstices.
A ce point du solstice où le bleu firmamenl
Donne des jours si longs et des nuits d'un moment.
( BATlIIltLEMÏ. Ndmdsît.)
Le solstice d'été a lieu quand le soleil
est dans le tropique du Capricorne ; celui
d'hiver lorsqu'il entre dans le Cancer.
Au jour où l'astre saint, fuyant le Capricorne ,
Toucherait du Cancer l'étincelante borne!....
(Bjutuélemy. NémésU.)
Solsticial, aie. Adj. Qui a rapport aux
solstices. Hauteur solsticiale. Points solsti-
ciaux.
S|*hère. Voyez aux figures de Géomé-
trie , page l^97.
Style, s. m. Vieux style, La manière
dont on comptait dans le calendrier, avant
sa réformation par Grégoire XIII , et qui
est encore suivie en Grèce et en Russie.
Nouveau style, La manière dont c)n compte
depuis cette rélbrmation. C'est aujourd'hui
le quinze de janvier selon le vieux style, ou
simplement , vieux style ; et le vingt-six,
nouveau style. (Acad.)
Vieux style, s'est dit aussi de l'ère chré-
tienne, par opposition à l'ère républicaine
des Français.
Style , en Gnomonique, L'aiguille d'un
cadran solaire.
Sud. s. m. (Mot d'origine teutonique. )
Le midi, la partie du monde opposée au
nord , au septentrion. Du côté du sud.
Vers le sud. Le vent est au sud, vient du sud.
Le vent du sud , de sud. La mer du sud,
L'Amérique du sud.
Adjectiv., Le pôle sud , Le pùle antarc-
tique ou austral. Degrés de latitude sud ,
Ceux qui vont de l'équateur à ce pôle. En
termes de Marine , Faire le sud , Faire
route vers le sud. Sud, absolument. Le
vent du sud. Le sud souffle depuis long-temps.
On dit adjectiv. , Le vent est-sud. Sud-est,
La partie du monde qui est entre le sud et
l'est. Le vent vient du sud-est. — Le vent
qui tient le milieu entre le sud et l'est.
Adjectiv. , Le vent est sud-est.
Sud-sud-est , Le point situé entre le sud
et le sudest, Le vent qui tient le milieu
entre le sud et le sud-est. Est-sud-est , Le
point compris entre l'est et le sud - est.
Sud-sud-est, Le point compris entre le
SIGNES DIVERS; ASTRONOMIE.
577
sud-est et le sud. Sudcstquarl-est, Le point
entre le sud est et l'est-sud-est. Sud-cst-
quart-sud. Le point entre le sud-est et le
sud-sud-est.
Sud-ouest , La partie du monde qui est
entre le sud et l'ouest. Au sud-ouest de
Paris. Le vent du sud-ouest, de sud-ouest. —
Le vent qui tient le milieu entre le sud
et l'ouest. Le sud-ouest est ordinairement
chaud et pluvieux. Adjecliv., Le vent est
sud-ouest.
Sud-sud-ouest , Le point compris entre
le sud et le sud-ouest , le vent qui tient le
milieu entre le sud et le sud ouest. Ouest-
sud-ouest , Le point compris entre l'ouest
et le sud-ouest. Sud-sud-ouest , Le point
compris entre le sud et le sud-ouest. Sud-
ouest-quartouest , Le point entre le sud-
ouest et l'ouest-sud-ouest. Sudouest-quarl-
sud. Le point entre le sud-ouest et le
sud sud-ouest. S ud-quart-sudest , Le point
entre le sud et le sud-sud-est. Sud-quart-
sud-ouest , Le point entre le sud et le âud-
sud-ouest.
Système. S. m. ( Du grec systêma, as-
semblage, formé, de syn, avec, et histèrni,
je place. ) Assemblage de propositions, de
principes vrais ou faux mis dans un certain
ordre et liés ensemble, de manière qu'il en
résulte des conséquences propres à établir
une opinion , ime doctrine. Système as-
tronomique de Ptolèmcc. Il admet deux ré-
gions : la région étliéréc et la région élé-
mentaire. 1° La région élliéréese compose
du premier mobile ou ciel entourant tous les
autres cieux, de deux autres cieux trans-
parents et concentriques qu'il nomme cris-
tallins, du firmament où sont attachées les
étoiles fixes , et du ciel de chacune des
sept planètes, Saturne, Jupiter, Mars,
le Soleil, Mercure, Vénus, et la Lune.
Le premier mobile tourne d'orient en oc-
cident , et communique son mouvement
aux dix autres cieux.
2° La région élémentaire a pour centre
la terre. Elle commence sous la cavité du
ciel de la lune , et renferme les quatre
éléments, qui sont le feu, l'air. Veau, (1)
et la terre, dont le globe est immobile au
centre de l'univers. La terre est composée
de terre et d'eau, et environnée de l'air et
des eaux célestes , qui sont eux-mêmes en-
tourés par le feu. Voyez, les mots Déférent,
Epicycle , Ether, Firmament, Premier mo-
bile , Région , etc.
L'hypothèse de Ptolémée , fort compli-
quée , et d'ailleurs ne satisfaisant pas éga-
lement bien à toutes les difficultés , a été
abandonnée pour celle de Copernic , qui,
comme on sait, fait tourner les planètes
autour du soleil. Ptolémée, natif de Pto-
lémaïs (Thébaïde), vécut à Alexandrie
sous les empereurs Adrien et Antonin.
Système de Tysclio-Bralic. L'auteur sup-
pose , comme Ptolémée, la terre immo-
bile au centre de l'univers. Autour d'elle se
meuvent le soleil, la lune, et les étoiles
fixes , tandis que Mercure , Vénus , Mars,
Jupiter , et Saturne, tournent autour du
Soleil. Tyscho-Brahé, Suédois, à qui, pour
prix de sa science , le roi Frédéric H
donna Une île de deux lieues de circonfé-
rence , située près de Copenhague , le cé-
lèbre Tyscho-Brahé ne mutila ainsi le sys-
tème de Copernic que parce qu'il le croyait
incompatible avec les saintes Ecritures;
comme si l'Esprit saint, en les dictant, eût
voulu faire de nous des physiciens. Cette
idée , non moins puérile que les réponses
du Journal des Débats aux journaux del'op-
position, est digue en tout de celui qui,
tout en se moquant de ceux qui avaient
peur des éclipses, s'il rencontrait le matin
une vieille femme ou un convoi funèbre ,
n'osait passer outre et s'en retournait chez
lui. Si tous les titres de Tyscho-Brahé se
bornaient à cette fameuse invention, la
postérité serait bientôt quitte envers lui ;
mais c'est lui, dit-on, quia découvert rc7«rt-
tion annuelle de la lune. Tischo-Brahé mou-
rut en 1601 à Prague , où l'empereur Ro-
dolpe II l'avait appelé. Finis coronat opus.
Etant un jour dans le carrosse de l'empe-
reur , et se trouvant pressé d'un besoin
qu'il n'osait déclarer, on l'en retira pres-
que mourant , et il mourut en effet , quel-
ques heures après , d'une rétention d'urine
à l'âge de cinquante-cinq ans. On lui fit
cette épitaphe , relative à la circonstance
de sa mort :
Ci-pît qui , possédant les plus hautes sciences ,
Fut victime des bienséances,
El dont le vrai portrait se fait en un seul mot :
« 11 vécut comme un sage, et mourut comme un sot.»
Syzygie. s. f. ( Du grec syzygia , con-
jonction, formé de syn , avec, ensemble.
(l) Remarquez que sanS cette virgule rincidenlc qui suit, dont le globe est imiHobdc , serait
aussi bien relative à Veau qu'à lu lirrc
T. Il
73
Ô78
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES,
«;t do 2cygnyô , je joins.) Les points Av.
l'orl)il(> de la lune dans les quels celte pla-
nète est en conjonction ou en opposition
avec le soleil. Dans le premier point, la
lune est nouvelle ; et dans le second, elle
est pleine. La lune est dans les syzygies. On
le dit également en parlant des autres pla-
nètes.
Télescope, s. m. (Du grec télc, loin, et
skopcô, je regarde.) Nom générique de
tous les instruments d'astronomie , soit à
rcllexion , soil à réfraction , qui servent à
observer les objets éloignés , tant sur la
t( ire que dans le ciel. L'invention du té-
lescope remonte au XVl* siècle. On ignore
le nom de l'inventeur , et on en attribue la
découverte au hasard, chez un lunettier de
Middelbourg. La planète de Saturne est si
loin de nous , qu'on ne saurait apercevoir
tous ses satellites sans l'aide d'un télescope.
Il ne se dit plus guère que des télescopes
à réflexion. Un bon télescope netvtonien. Le
télescope netvtonien ou de Newton se com-
pose d'un réflecteur concave, placé au
fond d'une caisse, et d'un petit miroir
plan, disposé entre le miroir concave et
son foyer principal. Le miroir plan est in-
cliné de 45 degrés sur l'axe de la caisse.
Limage s'y produit sans couleurs et sous
un fort grossissement. On la regarde au
moyen d'une loupe placée dans un tube
latéral. Télescope grégorien. Le télescope
grégorien se compose d'un miroir concave,
percé au milieu d'une ouverture, et d'un
autre petit miroir concave , placé au de-
là du foyer principal et vis-à-vis du pre-
mier , sur le quel l'image d'abord renver-
sée , se réfléchit et se peint droite et sans
couleurs. On la regarde au moyen d'un
verre doué d'un fort grossissement. Ré-
duits à de petites dimensions, les télesco-
pes constituent les lunettes d'approche et
les lorgnettes.
Telescopique. adj. Qui se fait avec le
télescope, ou qu'on ne peut voir qu'à l'aide
du télescope. Observations télescopiques.
Etoiles télescopiques. Festa , Junon, Cérès,
Pallas, sont les planètes télescopiques. Dans
une lunette elles ressemblent à des étoiles
de même grandeur.
Température, s. f. (En latin tcmpcra-
tura, ou tcmpcries, de tetnpus, temps.)
L'état sensible de l'air qui alTecte nos or-
ganes, selon qu'il est froid ou chaud, sec
ou humide. Température douce, agréable,
tilde, fâcheuse, inégale, humide, saine. La
température de ce climat, de ce pays est très-
humide. La température de Vierine est ex-
traordinairemcnt variable et tuai saine.
— Le degré de clialcur qui se manifeste dans un lieu
ou dans un corps. La lempérature de rctte étuve est trop
liaulc. Température élevée. La température de ('cou. La
température du corps humain. La lempérature du globe.
Temps, s. m. (Du latin tempus, tcmp's,
puis , tem, en supprimant le p et Vs.) La
durée des choses , marquée par certaines
périodes ou mesures , et principalement
par le mouvement et la révolution appa-
rente du soleil. Compter, mesurer le temps.
Le temps dévore tout , A la longue tout se
détruit. Cela n'a qu'un temps. Cela ne
dure pas toujours. Laps de temps. Temps
vrai ou apparent. Le temps mesuré par le
mouvement réel et inégal de la terre au-
tour du soleil. Temps égal ou moyen , Le
temps mesuré par un mouvement imi-
forme , réglé sur la vitesse moyenne de la
terre. Le jour solaire n'ayant pas toujours
la même durée , l'heure du temps vrai et
l'heure du temps moyen ne sont pas con-
stamment les mêmes. C'est en hiver que
l'heure du temps moyen avance le plus
sur celle du temps vrai ; c'est le contraire
en automne.
Terre, s. f. (Du latin terra.) Le globe
de terre et d'eau que nous habitons. La
terre a la forme d'un globe ou d'une boule
immense. Celte proposition a élé vérifiée
depuis long-temps par un grand nombre
d'observations. Si la surface de la terre
était plane , les t)bjets qui se rapprochent
ou qui s'éloignent de nous dans une vaste
plaine ou sur la haute mer sembleraient
seulement augmenter ou diminuer de vo-
lume ; mais on les verrait toujours en en-
tier , tant qu'ils ne seraient pas hors de la
portée de la vue. Tandis qu'au contraire,
lorsqu'on approche d'une montagne, on
n'en aperçoit d'abord que le sommet, puis
[e milieu , puis la base.
On fait la même observation à l'égard
d'un vaisseau qui s'éloigne du port. Les
parties inférieures du bâtiment semblent
s'enfoncer dans la mer, et l'on voit encore
le haut des mâts long-temps après que le
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
579
corps du vaisseau a disparu. Le contraire
aurait lieu , si la surface de la mer était
plane ; car le bas du vaisseau , étant beau-
coup plus gros que les mâts, serait vu de
plus loin. 11 ne peut donc être caclié que
par la convexité du globe. Ces effets se
reproduisent d'une manière uniforme sur
toute la terre, soit que l'on se dirige à l'est
ou à l'ouest, au nord ou au sud. Jl s'en-
suit donc que la terre est également cour-
bée de tous côtés, c'est à dire, ronde.
De plus, les voyages qui ont été faits
autour du monde ont montré qu'en allant
toujours dans la même direction on re-
vient au point de départ. Une preuve en-
core, c'est que l'ombre de la terre sur la
lune au moment des éclipses est toujours
celle d'une sphère.
Une foule d'autres expériences ont dé-
montré d'une manière irrécusable que la
terre est ronde. On a déjà de même été con-
vaincu que c'est la terre qui tourne autour
du soleil et non pas le soleil autour de la
terre. V. Astkonomib. La terre se compose
d'un noyau solide, appelé proprement la
terre, sur le quel s'étend unecoucheliquide
que l'on désigne parle nom d'eau. Les eaux
couvrent les trois quarts de la surface du
globe.La terre est enveloppée d'une couche
gazeuse ou atmosphère de quinze à vingt
lieues d'épaisseur. Elle est aplatie vers ses
pôles ; en sorte que son rayon , qui , à
l'équateur, est de 6,376,851 mètres, n'est,
au pôle, que de 6,$55,9/i3 mètres. Sa surface
est de 5,098,857 myriamètres quarrés, et
son volume de 1,082, 65a, 000 myriamètres
cubes. Elle a , me disait-on au collège ,
9000 lieues de circonférence, ce qui équi-
vaudrait à 3999 myriamètres 99 kilomè-
tres , et 2865 lieues de diamètre , ce qui
représente 1273 myriamètres. Son dia-
mètre est porté dans un dictionnaire à
12,754,863 mètres. D'autres l'élèvent à
5200 lieues. En sorte que , parmi les livres
élémentaires, je n'en sache pas un où ces
calculs soient indiqués avec précision.
Mais , l'immense clavier aux notes per-
çantes que forme le corps des savants et des
philosophes , ce n'est pas moi qui entre-
prendrai de le mettre d'accord.
L'aplatissement des pôles et la hauteur
des montagnes n'empêchent pas que la
terre ne soit parfaitement ronde ; attendu
que l'aplatissement des pôles ne serait pas
d'un demi-millimètre sur un globe d'un
pied de diamètre ; et que la hauteur des
montagnes est moindre, relativement à la
terre , que les plus petites aspérités que
l'on remarque sur la peau d'une orann-e.
Tout cela est très-bien. Mais , la ciiuse de
l'aplatissement des pôles, qui l'expliquera ?
Les uns disent ceci , les autres cela. La
plupart prétendent qu'il est dû au mouve-
ment de rotation de la terre, qu'on suppose
avoir été primitivement une masse molle
ou liquide , apte à se déplacer. Ils disent
que , « soumis à la vitesse de rotation de
»la terre, un globe de /erre glaise de la
» densité moyenne de la terre s'aplatit pré-
ocisément dans le même rapport que notre
B terre. »
Peu satisfait de cette explication, qui
ne satisfait guère en effet, voici M. Sfref-
fleur , un savant Allemand , qui nous en
donne une à sa manière. Selon lui il n'est
pas besoin que la terre ait été une masse
de glaise , pour comprendre l'aplatisse-
ment des pôles ; attendu qu'un noyau so-
lide aurait pu prendre le même aplatisse-
ment.
« Que l'on s'imagine , dit-il , un noyau
«solide, par exemple, le globe OZ (figuré
» ci-dessous) enveloppéjadis dans une haute
«masse d'eau AB , on concevra que la ro-
«tation ait fait prendre à cette enveloppe
«aqueuse , apte à se déplacer , une forme
«sphéroïdale , sans que la forme du noyau
«solide en ait été altérée.
« Or , si le volume d'eau a diminué in-
« sensiblement , il a dû nécessairement y
» avoir une époque où le petit sphéroïde c d
«toucha la terre au pôle o. Dés lois la mer
«rongea sans cesse les pôles, et natmelie-
580
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
»ment les parties dcsagréf,'ces du globe sur
• ce point lurent entraînées par les cou-
«rants vers les latitudes inféiienres. » (1)
Hypothèse pour hypothèse , autant celle-là
qu'une autre. On voit que M. Streffleur
est de la secte des hydrogéens (2), qui,
dans la formation do la terre, font jouer le
plus grand rôle à l'eau. Suivant eux, la
terre était primitivement une boule de sra-
nit, nageant dans les eaux comme un moyeu
d'œuf dans sa glaire. Couvé long-temps
par le soleil , l'œuf immense éclot à la fin,
et les hommes , les animaux , les plantes ,
tous les êtres organisés , sortent de leurs
germes. Cette idée ne vous semble-t-elle
pas merveilleuse ? Préférez-vous le système
des pyrogéens (3) ? Ceux-ci supposent que
la terre a été originairement en combus-
tion et semblable au soleil ; que cette com-
bustion ayant cessé , le globe s'est peu à
peu refroidi , et est devenu ce que vous le
voyez. Grand Dieu ! le soleil n'a qu'à faire
de même, à se refroidir un beau matin, et
nous voilà frais. Mais ce que je ne m'ima-
gine pas très-bien, c'est comment l'homme
aurait pu sortir, sain et sauf, de cette
combustion générale. Apparemment, c'est
pour en être sortis à moitié brûlés , que
les habitants du Congo ressemblent à des
charbons ambulants, — Ah bah! l'homme
n'existait pas dans le feu. Il n'a pu être
formé qu'après. — Mais comment a-til
été formé? Les savants, les philosophes,
plutôt que de répondre ces simples mots :
Je n'en sais rien, n'auront pas honte de
débiter des milliards de sottises et d'extra-
vagances. O hommes présomptueux, le
Turc barbare vous répond : Dieu est tout-
puissant ; et il prouve par là qu'il en sait
mille fois plus que vous. Parmi les pyro-
géens il y a dissidence. Quelques uns pré-
tendent que le globe terrestre , que les
planètes, sont des fragments du soleil, dé-
tachés de cet astre par le choc de quelque
grande planète , et lancés aux distances
respectives où nous les voyons. Voilà ce
qu'ont cru Zoroastre, Descartes , Buffon,
Lcibnitz , etc. Moins scrupuleux que Tys-
cholîrahé, tous ces gens là ont traité de
fictions tous les livres saints. Leur oppo-
sait-on le témoignage de Moïse ? Bah !
Moïse n'est qu'un poète , répondaient-iis.
Et vous savez le cas que les savants et les
philosophes font des poètes. Connaissez-
vous ces deux vers de Malcbranche :
Il fait en co beau jour le plus beau jour du monde
Pour aller à cheval sur la terre et Eur l'onde — ?
11 les fit pour prouver qu'il n'eût dé-
pendu que de lui d'être un grand poète
comme Corneille ou Racine , s'il l'avait
voulu.
L'échantillon qu'on vient de voir n'an-
nonce-t-il pas en effet de grandes dispo-
sitions ? Malebranche aima mieux s'atta-
cher à démontrer Vinsensibilitc des bêtes et
autres vérités non moins importantes. Sa
conduite coïncidait avec ses idées. M. de
Fontenelle raconte qu'un jour qu'il était
allé voir Malebranche aux Pères de 1*0-
ratoire delà rue Saint-Honoré, une grosse
chienne de la maison, et qui était pleine,
entra dans la salle où ils se promenaient ,
et vint caresser le père Malebranche ; ca-
resses que le disciple de Descartes n'ac«
cueillit pas autrement que par un grand
coup de pied qui fit jeter à la pauvre
bête un cri de douleur et à M. de Fonte-
nelle un cri de compassion. «Eh! quoi 1
lui dit froidement le père Malebranche ,
ne savez-vous pas bien que les bêtes ne
sentent pas ? » Cette singulière idée ,
c'est dans Descartes même qu'il l'avait
trouvée , et il la soutenait avec un zèle
digne d'un philosophe. Et quand on songe
que tous les systèmes philosophiques ne
sont composés que de pareilles extrava-
gances, n'est-il pas permi de croire que
les poètes , traités de fous par les philoso-
phes , sont les seuls êtres doués de la fa-
culté de penser et de raisonner ? Leurs
œuvres restées debout sur les ruines philo-
sophiques de tous les siècles le prouvent
assez, ce me semble. C'est dans les poètes
qu'on trouve les vérités les plus immua-
bles, les plus éternelles. Ce seul motamour,
je l'ai déjà dit , je ne cesserai de le répé-
ter , ce seul mul amour , source de toute
poésie, en dit plus à lui seul que toutes les
philosophies qui se sont succédées depuis
Zoioastre jusqu'à M. Cousin. Dix vers de
Molière ou de Corneille renferment plus
(l) Mémoire sur les sciences physi(/ues , par M. Stret'lcur , traduit de rallcmand par M. C,
Etienne, qui m'en a coniniunicjué le nianuscrit.
(a) Du gicc liydûr. eau, et .<^c, tcrie.
'i) Du grcc;yr. feu, cl gê , lenc.
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
581
de vérités que tous les volumes que ne
cessent d'entasser les savants et les philo-
sophes. Pauvres philosoi)hes ! Qu'un poète
les a bien dépeints ! \ oici ce portrait :
Qu'est-ce qu'un philosophe ? Un sot dont le lanpago
N'est qu'un tissu confus de faux raisonnements;
Un esprit de travers qui , par ses arguments,
Prétend en plein midi faire voir des étoiles;
Toujours après l'erreur courant à pleines voiles ,
Quand il croit follement suivre la vérité;
Un bavard inutile à la société;
Coiffé d'opinions et ponflé d'hj'perboleB ,
Et qui, vide de sens, n'abonde qu'en paroles.
,'DFSroKHfS. )
De Malebranche , — pour ne parler que
de lui, — de ce philosophe qui eut une
telle réputation qu'on venait le voir de
toutes les parties du monde, qu'est-il restf.^
Ce qu'il a avancé de plus important le
voici : « Dieu est l'infini de l'espace et de la
t pensée ; le monde intelligible est le lieu des
V esprits, comme l'espace est le lieu des corps.
• Ainsi nous voyons tout en Dieu. Dieu est un
* miroir qui représente tous les objets.» Après
avoir lu cela, n'est-on pas bien avancé?
Cela ne laisse-t-il pas dans l'àme un grand
charme ? Eh ! pauvre fou , les poètes que
tu mépiisais , t'en auraient dit plus en un
seul mot que tu n'en as pu comprendre
dans toute ta vie. Si tu leur avais demandé
ce que c'est que Dieu , ils t'auraient ré-
pondu :
Si je concevais Dieu , je serais Dieu moi-même.
Et voilà certes une vérité qu'aucun homme
de bon sens ne contestera , et qui survivra
à tous les systèmes.
M. Cousin s'efforce aujourd'hui de res-
susciter le vieux Malebranche. 11 pourra
bien développer un moment sur ce cada-
vre les phénomènes du galvanisme , mais
le faire revivre d'une véritable vie, jamais.
Il pourra bien remettre à la mode un in-
stant telle ou telle métaphysique plus ou
moins romanesque , mais lui imprimer le
cachet indélébile de la vérité, impossible.
M. Cousin ferait , ce me semble, une
chose plus digne de notre reconnaissance ,
s'il employait les merveilleuses facultés
dont Dieu l'a doué au développement des
vérités contenues dans l'Évangile , ce livre
divin, fondement de toute philosophie,
qui a changé la face du monde et lui a
donné toute la somme de bonheur dont il
jouit aujourd'hui. Tous les grands prin-
cipes que vous avez proclamés, et dont
vous vous attribuez la gloire exclusive-
ment , vous les retrouverez, orgueilleux
plagiaires, vous les retrouverez écrits en
toutes lettres dans l'Évangile: Liberté'
fraternité , Cf;alité , ordre public, l'union
fait la force. Quel livre, quelle philosophie
a fait plus de bien au monde ! Est- il rien
de plus délicieux pour l'a me que ces sources
d'amour infini où nonsabreuve saint Paul,
et , plus près de nous, Fénélon ? Fénélon,
l'idole de J. J. Rousseau ! Ce qui nous
touche et nous ravit le plus dans ce der-
nier, n'est-ce pas ce sentiment profond de
la doctrine évangélique qu'il portait écrite
en son cœur en lettres de feu , et qui lui
faisait dire : Si la mort deSocrate est d'un
sage , la vie et la mort de Jésus sont d'un
Dieu. Voltaire, Voltaire lui-mèmeamarché
dans la voie du Christ , sans le savoir ,
aveuglé qu'il était par son orgueil; et c'est
par là , par là seulement qu'il a fait à son
tour quelque bien aux hommes. O terribles
faiseurs de théories nouvelles , im Dieu
lui-même est venu sur la terre pour vous
enseigner la vérité ; il est venu vous révéler
le mot de l'énigme que vous cherchez; il
vous a dit : Voilà la vraie route , entrez-y ,
suivez-la . elle vous conduira tous au bon-
heur. Et vous, dans votre orgueil , vous
avez répondu : Je n'ai besoin pour me
guider que de ma raison. Et dés lors, aban-
donnant la voie divine , vous avez pris
chacun de votre côté , par mille sentiers
qui ne conduisent qu'à des abîmes. Cu-
rieux spectacle que celui de tant d'erreurs
et d'extravagances accumulées , s'affuis-
sant sous leur propre poids à mesure qu'on
les entasse, et ne formant jamais qu'une
immense ruine. Philosophes , c'est un
humble poète qui vous le dit , la vérité est
un centre au quel aboutissent tous les
rayons. Tant que les lignes suivies par vous
ne seront pas parfaitement parallèles à ces
rayons , tant que ces lignes ne feront que
se couper en tous sens les unes les autres ,
vous serez bien loin de la vérité. O rêveuse
Allemagne, si fière de tes rêveurs, toi,
qui possèdes autant de systèmes philoso-
phiques que tu as d'universités, c'est sur-
tout à toi que cela s'adresse. A l'entendre,
toi seuleau mondesais penseretraisonner ;
et, quant à la France, elle n'est pas capable
d'une idée. Hélas! ma chère amie, tu
rêves , mais tu ne penses pas. L'action suit
de prés la pensée ; le rêve seul est irréa-
lisable. Voilà pourquoi la France pense
cl agit , tandis que , toi , tu te berces mol-
lenientdans tes rêves et dans la musique.
S'il est au monde une i)hilosnphie de quel-
582
que valeur, assuronieiit c'est celle qu(! la
Francesuit aujourd'hui, et qui a, je l'ai dit ,
sa source première dans l'Evangile. Je ne
crois pas pouvoir l'oruicr de meilleur vœu
]>our l'humanité que de voir cette philoso-
phie adoptée par toute la terre. Mais je
n'ai pas raconté toutes les folies des sa-
vants et des philosophes, à propos de la
Ibrination de la terre.
Jl y a encore Ifs utmogcens (1) , à la tète
des quels sont Laplace et Ilerschel. Ces
deux grands homuies ont eu le rare mérite
de rêver les premiers qu'en vertu d'une
chaleur excessive l'atmosphère du soleil
s'est étendue au delà des orbes de toutes
les planètes, et qu'elle s'est resserrée suc-
cessivement jusqu'à ses limites actuelles.
Les planètes auraient été formées aux li-
mites successives de cette atmosphère, par
lacondensalitin des gaz qu'elle aurait aban-
donnés dans le plan de son équateur en se
retirant. Ces gaz refroidis auraient formé
de petits globes qui se seraient attirés et
unis les uns aux autres. Les satellites au-
raient été formés de la même manière par
l'atmosphère planétaire. Tel est le système
adopté aujourd'hui par tous les savants.
Ainsi les planètes sont filles du soleil,
rien n'est plus certain. Mais le soleil, de
qui est-il fils? Mais les éloiles, qui les a
répandues si abondamment dans l'espace?
Mais l'homme, qui l'a formé? Tous verrez
que l'homme et la femme seront sortis ju-
meaux de quelque œuf d'autruche en putré-
faction. Comment cetœufsesera-t il trouvé
là ? je n'en sais rien. Mais n'importe. Les
savants ne s'embarrassent pas de si peu de
chose. Si le monde n'existait pas, ils l'in-
venteraient. Aussi se mettent-ils volontiers
à la place de Dieu, au quel, dans leurs sys-
tèmes, ils n'assignent jamais que le second
rôle.
Pauvres insensés! ils passent les nuits à
lire dans les astres, ils assistent tous les
jours au magnifique spectacle de l'univers,
ils écoutent l'harmonie parfaite que les
cieux font entendre dans leurs mouve-
ments, ils voient quels liens admirables
coordonnent toutes les parties de ce vaste
ensemble, et, tout en admirant l'œuvre,
ils ne soupçonnent pas même l'ouvrier.
"Quoi! s'écrie un poète, Chateaubriand,
quoi! dans des figures si variées, dans une
si grande diversité de caractères, on ne
CI.El' DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
peut trouver les lettres qui sutïisent à sou
nom ! Le problème de la Divinité n'est-il
point résolu dans le calcul mystérieux de
tant de soleils? Une algèbre aussi brillante
ne peut-elle servir à dégager la grande in-
connue ?»
Tout s'explique parla Toute-Puissance
de Dieu. Mais une explication si simple ne
suflSt pas aux philosophes. Le témoignage
de l'Ecriture n'est pour eux d'aucune va-
leur. La géologie leur apprend que l'âge de
la terre est immense et incalculable, si l'on
considère le temps qui a dû s'écouler entre
l'instant de son origine et celui où sa sur-
face est arrivée à l'état actuel qu'elle pré-
sente; et ils rejètent la chronologie de
Moïse ; comme si Dieu n'avait pas pu
créer le monde avec toutes les marques de
vétusté et tous les compléments que nous
lui voyons.
Qui sait? la terre ne fut peut-être d'a-
bord qu'un noyau de pèche lancé dans
l'espace, et doué de la faculté extraordi-
naire de grandir et de se développer indé-
finiment, de manière à former le globe qui
nous porte et qui nous nourrit. Est-il une
absurdité qui ne puisse passer par la tête
d'un philosophe ?
Ah! combien le système de Moïse est
plus raisonnable, et plus en harmonie avec
mon cœur ! Allez ! vous avezbeau dire, l'au-
teur de la nature ne fut pas un si méchant
ouvrier que vous le prétendez. Il est de
toute vrai-semblance que le monde naquit
à la fois jeune et vieux, afin que l'œuvre de
Dieu ne manquât ni de pompe ni de ma-
jesté ; qu'Adam sortit des mains du Créa-
teur homme fait, «pour s'accorder par sa
majesté, dit Chateaubriand, avec les an-
tiques grandeurs de son nouvel empire , et
que sans doute sa compagne compta de
même à sa naissance seize printemps pour
se trouver en harmonie avec les fleurs
et les oiseaux et toute la partie jeune de
l'univers. ■>
O folie ! oies savanls ont cru tenir Dieu
dans leurs creusets et leurs télescopes ,
parce qu'ils y ont vu quelques-uns des élé-
ments sur les quels l'intelligence suprême
a fondé les mondes. »
Etudiez-les, ces éléments dans leurs ef-
fets, dans leurs propriétés; faites de leurs
forces une application utile ; inventez l'ar-
(i) Du gi'cc iilmoi , vajicui
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
585
chitecture, la mécanique, les bateaux à
vapeur, les chemins de fer, etc. ; mais ne
descendez pas dans un abîme d'où vous ne
pouvez remonter que fous.
Insecte de la terre , invisible fourmi ,
Ne va pas te mêler de toiser l'infini.
Tous les objets qui se trouvent à la sur-
face de la terre y sont retenus par une force
nommée attraction , qui les attire sans
cesse vers le centre du globe, et dont l'ef-
fet est la pesanteur ou gravité. Cette force
peut être comparée à celle de l'aimant qui
attire le fer. Cette force est la main de
Dieu. Que cette main se retire, et les mon-
des ne seront plus qu'une impalpable pous-
sière perdue dans l'espace !
Triétéride, s. f. (Du grec frets , trois, et
étos, année.) Espace de trois ans.
Trigone. (Du grec trigûnon , triangle,
fait de tréis, trois, et de gônia, angle.) Ins-
trument de gnomonique.
— En Astrol. , L'aspect de trois planè-
tes lorsqu'elles sont éloignées les imes des
autres de cent vingt degrés, ce qui forme
un triangle.
Tropique, s. m. (Du grec Irépô , je
tourne, parce que le soleil, après avoir at-
teint le tropique, semble retourner sur ses
pas.) Chacun des deux petits cercles de la
sphère parallèles à l'équateur, qui passent
par les points solsticiaux, c'est-à-dire, par
des points éloignés de l'équateur de 23 de-
grés 28 minutes 30 secondes, et entre les
quels s'opère le mouvement annuel du so-
leil. Tropique du Cancer, Celui qui passe
par le premier point de la constellation
du Cancer, dans l'hémisphère boréal. Tro-
pique du Capricorne , Celui qui passe par
le premier point de la constellation du Ca-
pricorne, dans l'hémisphère austral. Lesrc-
gions situées entre les deux tropiques. On les
nomme aussi régions tropicales ou intcrtro-
picales, mais cette dénomination n'est pas
du goût de l'Académie. Passer le tropique.
Passer sous le tropique. On connaît les cé-
rémonies du baptême grotesque que les
marins font subir à ceux qui passent pour
la première fois sous le bonhomme Tropique.
Tropique, est quelquefois adjectif. An-
née tropique. L'espace de temps qui s'é-
coule entre le moment d'un équiuoxe et
celui oit le soleil revient au même équi-
noxe.
L'année tropique est celle dont on fait
usage dans la vie civile.
En Botanique, Plantes tropiques , Celles
dont les fleurs s'ouvrent le matin et se fer-
ment le soir. Locution peu usitée.
Univers, s. m. (En latin universus, sous-
entendu viundus. ) Le monde entier. Dieu
a créé, conserve, et gouverne l'univers. Plu-
tôt que d'admettre cette vérité si simple ,
les savants forgeront mille systèmes con-
tradictoires , qui n'aboutissent qu'à l'ab-
surde.
0 II est un Dieu ; les herbes de la vallée
et les cèdres de la montagne le bénissent ,
l'insecte bourdonne ses louanges , l'élé-
phant le salue au lever du jour, l'oiseau le
chante dans le feuillage, la foudre fait écla-
ter sa puissance , et l'Océan déclare son
immensité. L'homme seul a dit : Il n'y a
point de Dieu.
» Il n'a donc jamais, celui-là, dans ses
infortunes , levé les yeux vers le ciel, ou ,
dans son bonheur, abaissé ses regards vers
la terre ? La nature est-elle si loin de lui
qu'il ne l'ait pu contempler, ou la croit-il
le simple résultat du hasard ? Mais quel ha-
sard a pu contraindre une matière désor-
donnée et rebelle à s'arranger dans un or-
dre aussi parfait ?
» On pourrait dire que l'homme est la
pensée manifestée de Dieu , et que l'univers
est son imagination rendue sensible."
(Chateaubriand.)
Comparez un peu les idées des savants
aux idées des poètes.
Univers, se dit dans un sen» particulicrde La
ferre, et quelquefois même d'Une grande partie
de la terre. Au bout de l'univers.
— Les habitants de la terre. Tout l'uni-
vers était à ses genoux. Les apôtres ont an-
noncé l'Evangile à tout l'univers.
Uranographie. s. f. (Du grec ouranos,
ciel, et graphe, description.) Science qui
a pour objet l'étude, la description des
phénomènes célestes,
Uranographique. adj. Qui appartient
à l'Uranographie.
Uranus. s. m. Planète découverte en
1781, par William Herschel , dont elle a
porté le nom pendant quelque temps. Son
éloignement étant très-grand , elle n'offre
rien de remarquable. Dans une lunette elle
ressemble beaucoup à une étoile de pre-
mière grandeur, sauf son éclat. Uranus a
six satellites d'après Herschel ; mais on n'a
pu , dit-on , constater l'existence que de
deux de ces satellites.
Variation, s. f. (Du latin variatio.)
Changement. I.a variation du temps. Lava-
584 CLEF DE LA LANGUE
riation du baromètre. La variation des vents.
Les variatiotis de l'attuosplière.
La variation de l'ais;iùUe ainianicc, (a va-
riation de la lioiissolc. ta variation diiconxpas,
La dérivation de l'aiguille de la boussole,
qui , au lieu de regarder droit vers le nord,
décline plus ou moins vers l'est ou vers
l'ouest. C'est ce qu'on nomme autrement
déclinaison. Voyez ce mot.
Varier. V. n. Changer, en parlant du
temps. A Vienne, le temps varie continuel-
lement.
Vent. s. m. (En latin vent us , de venire,
venir. ) Mouvement plus ou moins rapide
de l'air, suivant une direction déterminée.
Les quatre vents principaux ou cardinaux
sont : le vent du nord, le vetit du sud, le vent
d'est, le vent d'ouest. La direction du vent
se détermine au moyen de la girouette, que
tout le monde connaît, et de la rose des
vents, morceau de carton ou de corne
coupé en rond, du diamètre de quinze à
seize centimètres, sur le quel sont tracées
les trente-deux aires de vent de k boussole
par des lignes qui partent du centre.
N
KO,
<
/ V
NE
A
^
/
\^
c
so'
it
\
^ SE
A terre la rose des vents n'a besoin ordi-
nairement que de huit rayons, car il suffit
de connaître les vents du nord , du sud ,
d'est, d'ouest, de nord-est, nord ouest ,
sud-est, et sud-ouest. Mais les navigateurs
ont une rose plus compliquée, marquant
trente-deux espèces de vents, qui alois
prennent les noms de sud-sud-est , nord-
nord-ouest, sud quart-sud-est, nord-quart-
nord-est, etc., etc. Voyez ces mots à leur
rang alphabétique.
La girouette est une pièce de ferblanc
ET DES SCIENCES.
OH d'autre matière fort mince, découpée
en l'orme de banderole, de flèche empen-
née, de chasseur, de cheval, de sanglier,
de coq (1), etc., mise sur un pivot en un
lieu élevé, de manière qu'elle tourne au
moindre vent.
Lorsque la plaque est dans la direction
du sud on dit qu'il l'ait le vent du nord ;
lorsqu'elle est à l'est on dit qu'il fait le vent
d'ouest. On place quelquefois au dessous
de la girouette quatre tiges en fer, portant
les lettres N, S, E, O, initiales de nord,
sud, est, ouest. Girouette de ferblanc, de
tôle, etc. Les girouettes armoriées se nom-
ment pannonceaux. Elles étaient autrefois
une marque de noblesse.
0 La vitesse et la force du vent varient à
l'infini. Elles offrent tous les degrés inter-
médiaires depuis le zéphir jusqu'à l'oura-
gan, et se mesurent au moyen de l'anémo-
mètre, qui n'est autre chose qu'une large
plaque de bois portant à son centre une
tige à crémaillère appuyée sur un ressort.
En venant frapper la plaque, le vent en-
fonce phis ou moins la tige, suivant que sa
force est plus ou moins grande. » {Encycl,
de la Jeunesse.) On peut voir dans le ta-
bleau suivant le nom qu'ils reçoivent sui-
vant leur rapidité.
NOMBBE DE
Qm
2
10
20
22
27
S6
45
1,800
7,200
30,000
72,000
81,000
97.200
129,600
162,000
NOMS DES VENTS.
Vent à peine sensible.
Vent modéré.
Vent fort.
A'ent très-forl.
Tempête.
Grande tempête.
Ouragan.
Oura'^an qui renverse les édi
Cces et déracine les arbres.
Les navigateurs les désignent sous les
noms de petite brise, jolie brise, brise fraî-
che, grand frais, coup de vent, tempête, ou-
ragan. Ils disent aussi brise carabinée, en
parlant d'un vent qui souffle avec une vio-
lence extraordinaire. Vent ou brise de terre.
Vent qui souffle du côté de la terre. Brise
(l) - Il y a long-lemps que je cherchais à me rendre compte pourquoi l'on met plutôt un
poq qu'une poule au haut d'un clocher , et je crois l'avoir trouvé , disait le bedeau d'une paroisse :
c'est que, si l'on y mettait une poule et qu'elle vînt à pondre , les œufs se casseraient peut-être. ••
SIGNES DHEUS. ASTRONOMIE.
du large, ou brise de rr.er , Celle qui vient
du côté de la mer,
F'etits rc^'uliers. Vents irrégiilicrs. On di-
vise les premiers en vcnl s généraux ou con-
stants et en vents périodiques ou réglés. Les
vents généraux sont ceux qui souillent tou-
jours dans la même direction. Tels sont
les vents alizés, que l'on trouve constam-
ment en certains parages entre les deux
tropiques, et qui sont d'un grand secours
pour les voyages de l'Amérique ou des In-
des orientales. Ils soufflent du sud-est
dans I hémisphère boréal , et du nord-est
dans l'hémisphère austral. A mesure qu'on
s'approche de la ligne , leur force dimi-
nue. Nous jugeâmes a propos de changer no-
ire rouie pour aller chercher les vents alizés.
On attribue les vents alizés au niuuvenient
lie rotation delà terre, que l'air ne suit
pas avec assez de rapidité, de sorte qu'il
paraît se porter sans cesse vers le couchant.
Les vents périodiques sont subdivisés en
vents des saisons, vents anniversaires, et
vents journaliers. Les venls des saisons ou
moussons, qui dominent dans la mer des
Indes, soufflent du sud-est depuis le mois
d'octobre jusqu'au mois de mai, et du
nord-ouest depuis le mois de mai jusqu'au
mois d'octobre. La mousson du sud-est. La
mousson du nord-ouest. Les variatiotis de la
mousson. Les vents anniversaires ou élésiens
soufllent chaque année pendant un certain
nombre de jours dans les mers du Levant,
dans la Méditerranée. Ils se font sentir
jusqu'en Espagne. Ces vents raTraîchissent
et purifient l'atmosphère descieux où ils ré-
gnent. Les vents irréguliers, ou variables, ou
accidentels, soufflent tantôt d'un côté, tan-
tôt de l'autre, et ne sont soumis à aucune
loi.
Les zones tempérées ne connaissent que
les vents variables , et paraissent exemptes
des ouragans qui dévastent les contrées si-
tuées dans la zone torride.
Lorsque deux vents opposés se rencon-
trent, dit-on, ils produisent un tourbillon
rapide, connu sous le nom Ae. trombe on
siphon.
Aucune partie du globe n'est à l'abri
de ce redoutable phénomène. 11 se mon-
tre indifféremment sur terre et sur mer.
Amas de vapeurs semblables à un nuage
fort épais, et s'allongeant en Forme de cy-
lindre ou de cône renversé, il se roule im-
pétueusement sur lui-même el entraine
avec lui tout ce qu'il rencontre sur son
1. II.
585
passage, en produisant un bruit plus ou
moins violent, et lançant de distance en
distance des globes de feu qui s'échappent
avec de fortes détonations.
En 1839 une trombe ravagea le village
de Chatenay, près Paris. Elle renversa des
murs , emporta des toitures, brisa et déra-
cina des arbres, tua les poissons d'une ri-
vière, etc. , etc.
A Saint-Jean d'Antigoa, je ne sais plus
à quelle époque, une trombe enleva une
petite maison et la transporta à treize mè-
tres de distance.
Une trombe épouvantable vient d'écla-
ter sur la vallée de Monville , près Rouen,
où elle a fait de nombreuses victimes.
On attribue ce phénomène à la lutte de
deux vents opposés ; mais les vents ne pro-
duisent pas ces masses de flamme et de fu-
mée que la trombe vomit à chaque in-
stant. L'électricité y est bien pour quelque
chose.
En marine, on désigne les vents par
leur direction et par les parties du vaisseau
qu'ils frappent directement. Vent d'arrière.
Vent en poupe. Vent d'amont. Celui qui
vient de terre.
0 Malgré les désastres qu'il produit quel-
quefois par son impétuosité , le vent est un
des plus grands bienfaits de la nature. C'est
lui, en effet, qui entretient la pureté de
l'atmosphère, qui nous apporte les nuages
et la pluie dont l'action est indispensable
à la vt'gétation. C'est le vent qui est chargé
de porter à plusieurs (leurs la poussière fé-
condante qui doit donner lieu au fruit;
c'est lui qui répand au loin les graines d'un
grand nombre de végétaux, etc. » {Encycl.
de la Jeun.) Il n'en faut donc pas mal par-
ler.
Voici comme il coiiTient d'en parler, d'aprùsle Diction-
naire de l'Académie. Grand vent. Fent impétueux , froid,
chaud ^ humide y mou, pluvieux^ doux, agréahlc^ frois. Vent
haut. Vent bas. Il fait grand vent. Le vent souffle. Le vent se
thve. Le vent change. Le vent tourne. Le vent cesse, est
apaisé, est tombé, s'est abattu tout d'un coup. Etre exposé
au vent, à tous les vents, à tout vent. Etre « l'abri du vent.
La force, ta vitesse, ta violence, l'impétuosité du vent. Il
vient bien du vent par cette porte, parcette fenêtre. Cet arbre
a été abattu d'un coup de vent.
Venls souterraine , Vents qui se forment dans la conca-
vité de la terre.
Vent coulis. Veut qui passe par de petites ouvertures.
Fani., Etre logé aux quatre vents , Etre logé dans une
maison exposée aux vents cl ouverte de tous eûtes.
Par exagér., /( va comme le vent , il va plus vite que te
vent , Il court très-vite. Il fend le vent, se dit d'un oiseau
qui vole avec une (-raude r.ipidité.
Ce vaisseau flotte au gré du vent, à ta merci rfa vent , Il
n'est point gouverne. Ses cheveux flottent au gré du vent ,
lU IloUont en lair, agités par le souffle du venl
74
586
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
PiOV. Pt fig. , Regarder rfc quel calé rient h vent , S'aiiiu-
9or à rogarilor dehors sans aucun dessein et comme un
lionniic oisif. — Obseiveilc cours des affaires et les diver-
ses conjectures, pour régler sa conduite suiinnt ce que
l'on dtxouvre.
Prov. cl lig. , Jeter ta plume au vent , Prendre sa réso-
lution au hasard.
Fam. , et par plaisanterie, Mettre flamberge au vent.
Tirer répée.
Prov. , PelUe pluie abat grand vent , Uuc petite pluie
fait ordinairement cesser un grand vent; et figur. , Un
peu de douceur apaise souvent un grand emportement,
ou Une cause légère . un petit incident fait cesser quel-
quefois de grands troubles, de grandes querelles.
Prov. , Autant en emporte le rent.
Fig. et fam., C'est une girouette qui tourne ù totit vent,
au moindre vent ; il tourne l'i tout vent.
Prov. et fig., A brebis tondue Dieu mesure lèvent, La
Providence proportioiuie nos maux à nos forces.
Moulin à vent. Moulin que le vent fait mouvoir.
En termes de llarinc , Avoir vent arrière, avoir bon
rent. Avoir vent de bout, vent contraire. — Etre vent devant,
se dit d'un navire qui reçoit le Tent sur ses toiles, en le
prenant de devant.
Fig., ^roi'r le vent en poupe. Etre secondé, favorisé par
les circonstances. Fig., Le vent des prospérités, de l'adver-
sité , La fortune favorable ou défavorable. I,e vent de la
faveur. L'avantage du crédit, la faveur du prince. Le vent
tourne , Le cours des choses change, devient favorable, ou
Cesse de l'être.
En ternies de Marine, Pincer le vent, serrer le vent , ral-
lier le renjou au reni, tenir le vent ; et , Aller au plus près
du vent , ou elliptiq. , aller au plus pris , Disposer ses voi-
les de telle sorte , que le navire aille le plus près qu'il est
possible de la ligne sur la quelle le vent souffle, eu re-
montant vers le coté d'où il souffle.
Avoir le vent sur un navire , être au vent d'un navire ,
avoir le dessus du vent , gagner le vent, le dessus du vent l'i un
navire. Se trouver où se mettre entre le lieu d'où le Tcnl
souffle et le navire dontil s'agit; ce qui se dit aussi en
parlant d'une île. Celle Ue était au vent à nous. Elle était
entre nous et l'endroit d'où souffle le vent. Celte Ue nous
Testait sous le vent , Nous étions entre cette île et l'endroit
d'où le veut soufflait.
Fig. et fam. , Avotr le dessus du vent. Avoir l'avan-
lagi-. Être au dessus du vent (inusité au propre dans la
Marine) , Être en état de ne rien rraindre.
fent fait , Vent qui ne varie plus et qui paraît devoir
durer.
Avoir vent et marée , Avoir le vent et la marée favora-
bles. Dans le sïns Contraire, Aller contre vent et marée. Un
bâtiment qui va contre vent et marée.
Fig. et fam., Cet homme a vent et marée. Tout favorise
ses desseins. // va rentre vent et marée. Il poursuit obsti-
nément ses projets, malgré toutes les dillicultésqui s'y op-
posent. Prov., Selon le vent , la voile.
Aller selon te vent. Régler sa navigation sur lèvent.
Aller tout d'un vent, d'un même vent. Faire sa route avec un
seul vent; ce qui a lieu lorsque le trajet est direct, et
qu'on n'a besoin que d'un seul vent pour le faire. Prov. ,
On va d'un même vent l'i deux endroits opposés. On va de
tout veni à un même endroit. Fig. et fam. , Aller selon le
vent , S'accommoder au temps.
En termes do Cba.sse , Chasser au rcnl , aller dans le
vent. Aller contre le vent.
Parler au vent, parler le nez au vent. Se dit des ani-
maux, surtout des chevaux, lorsqu'ils portent la tête
haute. Fig. et fam. , Cet homme porte le nez au vent , 11
porte la tête haute , il a l'air lier, dédaigneux. Fig. et
fani.. Quel bon vent vous am'cnc.
Vent , L'air agité par quelque moyen particulier. Faire
du vent avec un éventail
— Respiration, souffle, haleine. Prendre son vent.
Méprendre son vent, flclenir son vent, Retirer son vent.
^- L'odeur qu'une bête laisse dans les lieux où elle a
été, où elle a passé. Le cerf est de plus grand vent que le
lièvre,
— L'odeur qui vient des émanations d'un corps. Le
sanglier prend vent de tous entés avant que de sortir de sa
bauge , Il llaire de tous cotés. Le sanglier a eu le vent du
gland, les corbeaux ont eu le vent d'une béte mort». L'o-
deur en est parvenue jusqu'à eux. Fig. et fam. , Avoir vent
de quelque chose , Avoir vent que quelque chose se passe. En
recevoir quelque avis. Prov. , N'avoir ni vent ni nouvelle ,
ni vent ni voie de quelque chose ou de quelqu'un. Fig. et fam. ,
Le vent du bureau , Ce qu'on connaît ou ce qu'on présume
des dispositions où sont ceux de qui dépend la décision
d'une affaire, lia le vent du bureau pour lui , contre lui.
Prendre le vent du bureau,
— Fig., Vanité. Lln'jr a que du vent dans cette tête.
VE.NTS , Divinités poétiques, enfants du Ciel et de la
Terre , ou selon d'antres , d'Astrée et d'Héribée. Les
quatre principaux étaient Borée ( vent du nord), Eurua
(de l'est), Kotus (du midi, Auster, chez les Romains),
et Zéphyras ou Favonius ( de l'ouest). Eole était leur roi,
et les tenait enchaînés dans des cavernes,
I,e nom^d'a(/ui7t)n se donnait aussi, chez les anciens,
au vent du nord, à cause de sa rapidité, comparable à
celle du vol d'un aigle, Poéliq. , Les aquilons, se dit
de Tous les vents froids et orageux. La violence des aqui-
lons.
Sur la Méditerranée on nomme siroco (du grecseiroâ,
je dessèche) lèvent qui se nomme sud-est sur l'Océan,
et tramontane, celui qui sur l'Océan se nomme nord,
Bi"se est également un synonyme de vent du nord.
On donne le nom de simoon ou simoun, à un vent em-
poisonné et brûlant des déserts de l'Afrique,
Par-dessus les sommets que le simoun dévore ,
Le Caire et Ftoudiat, du couchant à l'aurore.
Se répondront dans le désert,
( L. N. La Bataille d'isly, )
Et quelle est la cause des vents? La raréfaction de l'air
par la chaleur, en certains endroits , et la promptitude
avec laquelle les couches contlguës d'air froid se précipi-
tent dans l'espace resté vide , etc. Les notions de la my-
thologie sont tout aussi précises. (Extrait de uotre grand
Dictionnaire )
Vénus, s. f. Une des trois planètes in-
férieures , la plus proche du soleil après
Mercure. Vénus fait sa révolution autour dti
soleil en 22!i jours 701 millièmes de Jour.
Venus a ses phases, a son croissant et son
décours comme la lune, et brille d'une grande
clarté. Vénus directe. Vénus rétrograde.
Lorsqu'elle apparaît avant le lever du so-
leil, on la nomme Lucifer; lorsqu'elle pa-
raît le soir au coucher du soleil, on l'appelé
Vcspcr, et, vulgairement, Etoile du ber-
ger.
L'étoile de Vénus dispute seule encore
L'empire du malin àla brillante aurore.
( Classiques, )
Vesta. s. f. Planète découverte par 01-
bers, de Brème, en 1807, l'une des télés -
copiques.
Zénith, s. m. (De l'arabe zemtras, point
d'en haut.) Si vous vous placez sur un lieu
élevé, le cercle qui borne votre vue s'ap-
pèlc horizon sensible. A cet endroit suspen-
dez un fil à plomb, que vous supposerez
prolongé indéfiniment ; il rencontrera le
SIGNES DIVERS. ASTRONOMIE.
587
ciel en deux points, dont l'un placé au
dessus de votre tête est le scnilli., et l'autre
caché au dessous de l'horizon le nadir. On
appelé aussi ces deux points pôles île l'ho-
rizon , parce qu'ils sont éloignés de l'hori-
zon de quatre vingt-dix degrés.
Oli ! oui , la terre est belle , et le ciel est siipcrbe.
Mais quand ton sein palpite et quand ton œil reluit,
Quand ton pas gracieux court si léger sur riierbc ,
Que le bruit d'une Ijrc est moins doux que son bruit;
Lorsque ton frais sourire , aurore de ton âme,
SeR'Te rayonnant sur moi qu'il rajeunit,
Et de sa bouche rose , où naît sa douce flamme ,
Jtonte jusqu'à ton front, comme l'aube au zénith;
Lorsque je te rontcmple , ô mon cliarme suprême.
Quand ta noble nature épanouie aux jeux,
Comme l'ardent buisson qui contenait Dieu même,
Ouvre toutes ses fleurs et jette tous ses feux;
('e qui sort à la fois de tant de douces choses ,
(Je qui de ta beauté s'exhale nuit el jour ,
Comme un souffle formé du souflle de cent roses,
C'est bien plus que la terre et le ciel , ■ — C'est l'amoar.
( VlCTOE HCGO. 1
o A chaque moment de la journée le so-
leil se lève, brille à son zénith,, et se couche
sur le inonde, ou plutôt nos sens nous abu-
sent, et il n'y a ni orient, ni midi, ni occi-
dent vrai. Tout se réduit à un point fixe
d'où le flambeau du jour fait éclater à la
ibis trois lumières en une seule substance.
Cette triple splendeur est peut-être ce que
la natin-e a de plus beau ; car en nous don-
nant l'idée de la perpétuelle magnificence
et de la tonte-puissance de Dieu, elle nous
montre aussi une image éclatante de sa
glorieuse Trinité.» (Chateaubriand.)
Zodiaque, s. m. Voyez page 506.
Zone. s. f. (Du grec zôné, ceinture.)
Chacune des cinq grandes divisions du
globe terrestre, que l'on conçoit séparées
par les tropiques et les cercles polaires.
Zone (orride. Celle du milieu comprise en-
tre les deux tropiques (Du latin torridus ,
brûlant.) Les habitants de la zone torride ont
le soleil à plomb sur leur létcdeux fois l'année.
On les nommeajvphisciens (du grec amphi,
autour, et skia, ombre), parce qu'ils ont
leur ombre dirigée tantôt vers le midi, tan-
tôt vers le nord, suivant que le soleil est
au nord on au midi de l'équateur. Zones
tempérées. Les deux zones tempérées s'é-
tendent entre les deux tropiques et les deux
cercles polaires ; elles sont à vingt-trois de-
grés et demi de l'équateur et du pôle, et
ont chacune quarante-trois degrés de lar-
geur. La chaleur y est modérée. Zone tem-
pérée du nord ou boréale. Zone tempérée
du sud ou australe. Les habitants des zones
tempérées sont dits hélérosclens (du grec
hétéros, antre, différent, et skia, ombre),
parce qu'à midi ils ont leur ombre de côté
différent; savoir: les habitants de la zone
tempérée septentrionale, du côté du nord,
et ceux de îa zone tempérée méridionale, du
côté du sud. Zones glaciales. Celles qui s'é-
tendent depuis les cercles polaires jusqu'au
pôle. Le froid y est excessif. On nomme
périsciens (du ^rec péri , autour, et skia,
ombre) les habitants des zones glaciales ,
pour qui l'ombre fait le tour de l'horizon
en certain temps de l'année où le soleil ne
se couche point pour eux et tourne autour
de leur tête.
Il se dit aussi des parties du ciel qui ré-
pondent aux divisions du globe terrestre
appelées zones.
i'rov. et fig. , Passer la zone torride. Tra-
verser un endroit où le soleil est brûlant ,
où il n'y a aucune ombre.
Zo7>e, dans les Sciences naturelles, Bande, marque cir-
culaire. Il désigne plus spécialement La partie \isible des
couclies superposées dont certains terrains, certaines
pierres sont formées. Dans Conyxon voit plusieurs zones.
Des loues concentriques. En Conchyliologie ce mot est syno-
nyme débande ou fascic. — Zone lumineuse^ Phénomène qui
accompagne les aurores boréales, et qui n'est autre chose
qu'une sorte d'arc-en-ciel étroit et souvent irrégulicr.
J'ose croire qu'on rae pardonnera de m'être étendu , peut-êlre
plus que ne le comporte la nature de notre ouvrage , sur des ma-
tières aussi importantes et d'une utilité si générale. Qu'il me soit
permis de terminer celte petite étude sur la nature par la citation
suivante empruntée au Manuel des sorciers.
5S8 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Stlgnes» avant-coiirenrs «lit lieau temps
on <lc la pliiie.
» La lime influe différemment sur la température de notre atmosphère,
suivant la différence de sa position relativement à la terre. Aussi est-il à
peu près certain qu'avant on après la nouvelle ou la pleine lune il survien-
dra un changement de temps. La pleine lune amène ordinairement un-
temps calme et serein, et les nouvelles lunes nous procurent presque tou-
jours un temps sombre et pluvieux.
» Les plus anciens astrologues étaient d'accord pour regarder le troisième
et le quatrième jour de la nouvelle lune comme très-critiques. Ils avaient
remarqué que , si ces jours-là le croissant de la lune est net et clair, le temps
se met au beau et s'y maintient ordinairement jusqu'à la pleine lune. Le
contraire est à craindre, si le croissant est pâle et terne.
» Les indices d'une pluie certaine sont assez généralement la couleur
très-rouge du ciel, le matin. Quand le disque du soleil, à son lever, n'est
pas exactement circulaire, mais un peu allongé, échancré, et entouré de
rayons qui se croisent d'une manière inégale et irrégulière; lorsque le soleil
levant est pâle ou qu'il est entouré d'un cercle ridé ou blanchâtre; lorsque
l'air paraît épais ou chaigé à l'orient, ou lorsque des nuages bruns ou d'un
rouge foncé s'y amoncèlent lentement; ou bien encore quand le soleil
couchant est pâle et caché par des nuages épais et sombres , — il est , dans
tous ces cas , à présumer qu'on aura du vent ou de la pluie.
a Si, en été, après le coucher du soleil, les nuages présentent des formes-
diverses, telles qu« des rochers entassés, des montagnes, ce sont des avant-
coureurs de l'orage, surtout s'il a fait très-chaud dans la journée. Il en est
de même, si, dans les soirées d'été, il fait des éclairs pendant un temps
serein , ou si le ciel, jusqu'alors très-clair, montre tout à coup une petite
nue d'un gris foncé.
»0n doLt s'attendre à avoir de la pluie ou du vent, quand le soleil, long-
temps après son lever, se montre derrière des nuages pommelés; lorsqu'il
est entouré d'un large cercle blanchâtre , et qu'en même temps le vent
souffle du sud ou du sud-ouest, ou lorsque le soleil se baigne, c'est à dire
qu'il luit à travers un nuage sombre.
» Si les montagnes, au lieu de se dessiner nettement dans le lointain,
paraissent sombres et chargées débrouillards; si, au commencement de
la nuit, les étoiles sont d'un teint pâle; si le croissant de la lune est ob-
scur et émoussé: si le vent est à l'ouest ou au sud, — ce sont autant d'in-
dices de pluie prochaine. On a à craindre une tempête, si la lune est en-
tourée de plusieurs anneaux interrompus et diversement colorés, ou si le
ciel se couvre d'une infinité de petites nues noires.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE . 589
» On peut au contraire se promeltre un temps sec et constamment beau,
lorsque le soleil, à son lever, est très-clairet très-brillant, ou qu'on voit à
l'orient une légère nue s'enfuir et se perdre vers l'occident au moment où le
soleil se lève ; — lorsque le soleil coucbant se montre, sous un ciel pur, d'une
couleur dorée ou rougeàfre , ou que les nuages, s'il y en a , se colorent d'un
beau rouge clair ou de quelque autre teinte vive; surtout si le ciel est à
l'est et à l'orient parfaitement serein ; — lorsque les brouillards tombent le
matin sur la terre, au lieu de s'élever en l'air; — lorsque les nuages, pen-
dant le jour, ressemblent à des flocons de laine d'une; blancbeur éclatante,
ou que du moins leurs bords sont d'un blanc éblouissant, et que le ciel,
dans les intervalles des nuages, est d'un beau bleu très-vif ; — lorsque le
ciel commence à s'éclaircir d'un autre côté que celui d'où vient le vent ;
— lorsque le croissant de la nouvelle lune a ses contours bien nets et bien
dessinés; — lorsque le sommet des montagnes éloignées se montre bien dis-
tinctement ; — lorsqu'on voit flotter le matin sur les eaux de légers brou-
illards qui se dissipent au lever du soleil; — lorsque les chauve-souris (1)
volent en foule de côté et d'autre aux approches de la nuit. Tous ces signes
sont autant d'indices certains du beau temps.»
Le fameux physicien Newton , se promenant à la campagne , un livre à
la main, passa devant un pâtre à qui il entendit dire : « Ce gentilhomme
ne lira pas à la promenade , ou bien son livre sera mouillé. » En effet, New-
ton ne tarda pas à voir tomber la pluie, 11 repasse et demande au pâtre :
«A quoi, mon ami, as-tu jugé qu'il allait pleuvoir? — C'est, répondit-il,
que mes vaches fourraient leur museau dans les haies, n
C'est ainsi que de simples paysans en savent souvent plus que les plus
grands philosophes.
Orig^ine des Sciences.
« Le grand loisir des anciens bergers de la Chaldée , dit Foute-
nelle , les porta à considérer les cieux pendant les belles nuits d'été.
Il en résulta des observations d'où naquit l'astronomie. — Des inon-
dations du Nil, qui confondaient les bornes des cbamps, résultè-
rent des mesures exactes pour distinguer son champ de celui de son
voisin. De ces mesures résulta la géométrie.
» Ainsi l'astronomie est fille de l'oisiveté, comme la géométrie
est fille de l'intérêt. «
La poésie a une bien plus haute origine ; elle est fille de l'amour.
(l) Nous n'avons pas touclié à l'oilliograplie du mot chaiwe-soiiris. 11 est éciit dans
lï lexlc, sans 5 au mot chauve. C'est un principe admis dans toutes les langues, cjue
de doux mois concourant à la formation d'un seul, le premier reste invariable. Exem-
ple latin : Altct -filer, niter-ii/iti, altci-itlrum, nlter-iilriiis, etc.
Dix rcblc il va sans dire que tout ce passage a ete' corrigé et enliciemcnl rcponctuc.
590 <:l.EK DE LA LANGUE ET DES SCIENCES,
l'ourtaul les savanls dédaignent la poésie. On faisait à un savant
le plus grand éloge d'Lphigcnie. Cet éloge piqua sa curiosité. 11
demanda à la lire. On la lui procura. Il en lut quelques scènes, et la
rendit en disant : « Je ne sais ce que l'on trouve de beau dans cet
ouvrage ; il ne prouve rien.»
Meilleur juge que ce savant , au quel ressemblent beaucoup la
plupart des hommes de notre temps, un roi, poète lui-même, écri-
vait au poète Ronsard :
L'art de faire des vers , dftt-on s'en indigner.
Doit être à plus haut prix que celui de régner.
Tous deux également nous portons des couronnes :
Moi , roi, je les reçois ; poète , tu les donnes.
fiignes et abréviations deis termes
de botanique.
(0 Plante monocarpienne, en
général.
(D Plante monocarpienne an-
nuelle.
^/ Plante monocarpienne bis-
annuelle.
® Plante monocarpienne vi-
vace.
% Plante rhizocarpienne.
i) Plante caulocarpienne en
général.
"^ Sous-arbrisseau ou arbuste.
^ Arbrisseau ou petit arbre.
j5" Arbre de dix mètres au
moins.
'^m^ Plante grimpante , en gé-
néral.
( Plante grimpante à droite.
1 Plante grimpante à gauche.
/^ Plante toujours verte.
0^ Plante ou fleur mâle.
Ç Plante ou fleur femelle.
^ Plante ou peur hermaphro-
dite.
Les chiffres romains (I, II, III, IV^ elc.) servent à désigner le
mois delà floraison des plantes. Ainsi IV-VI signifie qui fleurit de-
puis le mois d'avril jusqu'au mois de juin.
Les mots composés du nom d'un organe et d'un nombre absolu
s'écrivent souvent avec le chiffre de ce nombre : "ct-fidus, ô-partitus,
pour trifidus (fendu en trois) , tripartitus (tripartit).
Le signe oo désigne un nombre indéfini. Ainsi l'on ècrii pétata
oo, stamina oo, pour pclata pluri ma (plusieurs pétales), slamina
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 591
plurima (plusieurs élamines), et x-fidi(s , x-phyllus, pour multi-
fidus, polyphyllus.
Le point inlerrogalif (?) exprime que l'on n'est pas sûr de la vé-
rité du mot ou de la phrase qui le précède.
Le point interjeclif ( ! ), au contraire, indique la certitude. Placé
après un nom ou une phrase, x signifie que l'objet n'est pas bien
connu.
L'astérisque (*) après un synonyme indique qu'on trouve dans
l'auteur cité une description faite d'après la nature.
Les noms des auteurs ou des organes sont désignés en abrégé
par la première syllabe du mot et la première lettre de la seconde
syllabe. Voyez Abréviations , à la fin du volume.
QUELQUES EXPLICATIONS.
Je regrette vivement de ne pouvoir donner ici, comme je l'ai fait pour
les sciences mathématiques , la liste développée de tous les termes de bota-
nique, avec leur étymologie et leur synonymie. Ce serait, je crois, un beau
travail, dont nos souscripteurs ne pourraient que me savoir gré. Mais cela
m'entraînerait trop loin. Ce sera , si l'on veut , la matière d'un supplément,
destiné à compléter, sinon la grammaire proprement dite, au moins la
Clef de la Langue et des Sciences. Nous y joindrions les vocabulaires succes-
sifs d'^«a/oniie, de Médecine, de Chirurgie, de Physique, de Philosophie,
d'Arls^l Métiers.) etc., etc., etc. Il nous semble inutile de faire ressortir
les avantages d'une telle méthode. Est-il un moyen plus simple de vulga-
riser les sciences et les lettres, et d'en faire pénétrer la lumière dans les
recoins du monde les plus obscurs ? Apprendre en même temps à parler et
à connaître , s'incorporer à la fois les mots et les choses , se servir de la
grammaire comme d'un flambeau pour se guider dans le labyrinthe obscur
des connaissances humaines, ne pas faire un pas dans l'étude delà langue
qui ne soit un pas de fait dans les sciences, tels sont les avantages que pré-
sente notre méthode.
Mais hâtons-nous de donner les petites explications promises.
La Botanique (du grec botanè, herbe, plante) est la partie de l'Histoire
naturelle qui a pour objet la connaissance, la description, et la classifica-
tion des végétaux.
A cause de son étendue cette science a été divisée en trois branches :
1" La botanique proprement dite, qui comprend la glossotogie (du grec
glossa, langue, tit logos , traité) ; la ^rt.xonomie, ou classification des végé-
taux (de taxis, ordre, et iiomos, loi); et la phytographie, ou description
des plantes (de phuton, plante, cl graphâ, je décris).
2» La physique t'égétate , renfermant Vorganographie {d^organon, organe,
Ô92
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
et 1,'rapltô), ou description dosorganns, de leur forme, de leurs usages, etc.;
la physiologie végétale, ou l'élude des fonctions propres à chacun des orga-
nes; la yt>o</io/oi'«c végétale (de palhos , afTection , et logos, traité), qui
nous enseigne les altérations, les maladies qui peuvent affecter les végé-
taux; enfin la géographie botanique.
3» La botanique appliquée, qui s'occupe des rapports existants entre
l'homme et les végétaux. Elle se divise en botanique médicale, botanique
agricole, botanique industrielle , et botanique économique.
Plantes monocarpiennes , Celles qui ne peuvent
porter du fruit qu'une seule fois; par exemple le
bh'. ( Du grec monog, un, et karpos, fruit.)
Ptaîiies monorarpiennes annuelles. Celles qui
naissent, fructifient, et meurent dans le cours
d'une année.
Plantes monorarpiennes bisannuelles. Celles qui
ne fleurissent que la seconde année.
Plantes monocarpiennes vlvaces. Celles qui ne
fleurissent qu'au bout d'un certain nombre d'an,
nées et meurent après.
Plantes rhizocarpiennes y Celles dont la tige ne
produit qu'une seule fois des fleurs, mais dont
la racine reproduit de nouvelles tiges fructifères.
(Du grec rhizn, racine, elkarpus, fruit. 'i
Plantes eaulocarpiennes , Celles dont la tige per-
siste et porte du fruit plusieurs fois. (Du grec kau-
tos, tige, et karpos. )
Arbustes ou sous-arbrisseaux , Plantes ligneuses
plus petites que les arbrisseaux, à la tige dure et
persistante, dont les extrémités sont herbacées.
Tels sont le thym, les bruyh-rs.
Arbrisseaux , Végétaux ligneux dont la lige se
divise en rameaux dès sa base. Le laurier rose est
ufi arbrisseau.
Arbre, Végétal ligneux dont la tige, plus ou
moins élevée, ne se garnit ordinairement de
branches et de feuilles qu'à une certaine hau-
teur. ( Du latin arbor. )
Plantes grimpantes , Celles dont la lige, trop
faible , s'attaihe aux corps voisins à l'aide de
vrilles, etc. Les hariivts, les pois, les liserons, sont
des plantes grimpantes.
Fleurs mâles. Celles qui n'ont que des étaniines
sans pistil.
Fleurs femelles, Celles qui n'ont que l'organe
sexuel destiné à donner le fruit.
Fleurs hermaplirodites, Celles qui renferment les
organes des deux sexes, c'est à dire, les étaniines
et le pistil. Fleurs hermaphrodites. Le jasmin, la
valériane, Vépine-vinette sont des hermaphrodites,
l Du grec Hirmes, Meicure, et Aphrodite, Vénus. )
Nous ne passerons pas sans dire un mot des trois classifications qui ont
le plus servi à la science. Ce sont celle de Tournefort , celle de Linné,
celle de Jussieu. Nous allons en donner les clefs.
MÉTHODE DE TOURNEFORT (1694). Tournefort, qui le premier éta-
blit une classification rationnelle des végétaux, les divisa d'abord en herbes
et en arbres.
Considérant ensuite: 1° la présence ou l'absence de fleurs; 2° la simpli-
cité ou la composition de cette partie; 3" le nombre unique ou multiple
des pétales; 4° la régularité ou l'irrégularité des corolles ; 5» la forme de la
fleur; — il parvint à établir vingt-deux classes dont voici le tableau, et
dans les quelles venaient se ranger toutes les plantes connues, au nombre
de 10146.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 595
Clef de la Métliofle de Tonmeforf .
iil
CLISSES.
. T, ■ I' ( I Campanifoimes.
/ Régulières., j r
'MoDonélales.i ( 2 Infunaibuliformes
( Irrégulières. [ 3 Personnees.
14 Labiées.
'Simples...; / 5 Cruciformes.
\ 6 Rosace'es.
/ Re'gulières. . < r OmLellifères.
1 I 8 Carvophylle'es.
'Pc'lalées...^ VPolypctales..j \g Liliicées.
f T ' i> ( ïO Papillonacc'es.
\ Irreijulieres. 1 ai
^ ° l 1 1 Anomales.
/■ 12 Flosculeuses.
jomposc'cs ....J i3 Semi-Dosculeuses
\ 14 Radie'es.
!i5 A e'tamines.
16 Sans fleurs.
ly Sans fleurs ni
fruits.
( 18 Apétales, propre-
Ape'talées } ment dites.
_ , \ \çf Araentacées.
J3 = I n - ^■ f Monope'tales 2o Monopétales.
<,a l^Petalees } ^ ^ | Régulières ., 2ï Rosacées.
^ 'Irrégulières. 22 Papillonarccs.
( Monopéta
I Polype tal
Après avoir établi ces vingt-deux classes , Tournefort créa des sections
ou sous-divisions basées sur les considérations suivantes :
1° L'origine du fruit. — 2» Sa consistance. — 3" Sa grosseur. — 4° Le
nombre des loges eu des coques du fruit. — 5° Le nombre, la forme, et la
disposition des graines. — 6" Leurs usages domestiques. — 1° La disposition
des étamines et des fruits. — 8" Quand les fruits n'ont pu fournir des ca-
ractères assez tranchés , il a considéré la figure et la disposition des corolles.
— 9° Quand les fruits ni les corolles n'ont pas présenté de différences assez
remarquables dans les plantes d'une classe , il a eu recours à la disposition
des feuilles.
Au moyen de ces neuf considérations, Tournefort est parvenu à créer,
dans ses vingt-deux classes, cent vingt-huit sectionsplus ou moins tranchées
ou distinctes.
On ne peut nier que la méthode de Tournefort ne soit très-remarquable
de clarté, d'ordre, et de précision. Par l'établissement rigoureux des genres
et des espèces, ce botaniste a rendu de grands services à la science. Mal-
heureusement il ne connaissait , je l'ai dit, que 10146 plantes, et parmi les
soixante-quinze mille espèces connues aujourd'hui il y en a beaucoup qui
ne peuvent rentrer dans aucune de ses classes.
T. II. 7o
59/»
r.î.EF DE LA F.ANGIIE ET DES SCIENCES.
Vocabulaire du Tableau.
VélaUes . Dont les flpiirs ont drs pétales. (Du
p-ec pc(o/i)n, feuille; dérivé de pclaô, j'étends,
j'éclos. )
Apétalées, Sans pétales. (De la particule priva-
tÏTC a, et de pclalon. )
Monopctales , Dont la corolle est d'un seul pé-
tale, d'une seule pièce. ( Du grec monoj, seul, et
pétalon- )
Polypcloles, A plusieurs pétales. (Du grec /jo/j's,
plusieurs, etc. )
Campaiùformcs , Dont la (leur est en forme de
cloche. ( Du latin campana, cloche, et forma, for-
me.) I.es melons, les garances, les mauves, sont des
eampaniformes,
Infundibuliformes , En forme d'entonnoir, de
soucoupe, ou de roue. (Du latin fnfun(/i/>uJum,
infundihutt , entonnoir, et forma, ] Le tabac, la
bourrache, sont des infundibuliformes.
Personnces, Dont les fleurs ont quelque res-
semblance avec le mufle d'un animal. '£n latin
personatœ, de persona, masque.) La gaeulede-loup
est un personnée, une fleur personnée. La classe des
personnées correspond à la famille des scrafula-
Ttées.
Labiées, Dont la fleur est découpée en forme
de lèvres. (Du latin (uWum , lèvre. ) Le romarin,
la sauge, Physsope , la lavande, le thjm, etc., sont
des plantes labiées, des labiées.
Cruciformes , Dont la corolle est en forme de
croix. ( Du latin crux , croix, et forma,] La classe
des cruciformes correspond à la famille des cru-
cifères.
liosacées. Dont les corolles se composent de
pétales disposés comme reux de la rose. Le pom-
mier, le p'Hrier, la ronce, le fraisier, sont des plan-
tes rosacées, des rosacées.
Ombclliferes , Qui portent des ombelles. L'a-
netb , le panais , le cerfeuil, le fenouil , sont de»
plantes ombelliferes, des ombelliferes, (En latin
ombelliferœ. )
Caryophyllées , Dont les fleurs ressemblent par
leur strurture à celles de l'œillet. (Du %reckaruo-
phu/lon, clou de girofle. )
Liiiacées, Analogues au lis. (En latin liliacece,
de lilium. Vis.) L'ail, l'asphodèle, l'alo'es, le lis ,
etc., sont des plantes liiiacées , des liiiacées.
Papilionacées ou papilhnacées, Dont les corolles,
formées de cinq pétales inégaux, ont quelque res-
semblance avec un papillon qui vole. Le haricot,
leîréfle, sont des plantes p apillonacées , ii fleurs pa-
pillonacées, des papillonacées.
Anomales, A fleurs de forme irrégulière et in-
déterminée. (Du grec a, particule privative,
et homalos, égal.) Le réséda, la violette, la balsa-
mine , appartiennent à la classe des anomales,
Flosculeuses , A fleurs formées de fleuronSy
telles quelace/iraurei;. (Du latin flosculus, fleuron,
dimin. de flos, fleur.)
Semi-flosculeuses , A fleurs formées de demi-
fleurons , comme la scorsonère, le pissenlit, etc.
Radiées, Dont les fleurs sont en partie com-
posées de fleurons formant un disque , et de de-
mi-fleurons couchés aplat et constituant autour
de ce disque une couroime rayonnante , comme
dans le tournesol, le chrysanthème, les laiterons ,
etc. (Du latin ra(/(*us, rayon.) Les radiées ont reçu
des botanistes modernes te nom de Synanthérces,
Amentacées , Plantes à sexes séparés, dont les
fleurs mâles naissent autour d'un axe ou filet ap.
pelé chalon, en latin amentum.Le noisetier est une
plante amentaeée, une amentacée.
Le grand vice de la méthode de Tournefort est cette division inutile des
végétaux en herbes et en arbres ; d'où il résulte que plusieurs genres se trou-
vent appartenir à l'un et à l'autre. Toutefois, pour le commun des hommes,
cette distinction est bien naturelle.
Ststème de ZtINNÉ. La classiBcation botanique de Linné a pour
bases : — 1" la présence ou l'absence des organes sexuels; — 2° leur réu-
nion dans la même fleur ou leur séparation dans des fleurs distinctes; —
3» l'adhérence des étamines et des pistils; — 4° la connexion des étaïuines
entre elles, soit parles anthères, soit par les filets; — 5° la proportion re-
lative des étamines, quand cette proportion offre un caractère constant ;
— 6° l'insertion , — et 7" enfin , le nombre des étamines.
SIGNES DIVERS. BOTA-MQUE.
593
Clef du f^ystèmc de lilnnè,
MODIFIÉ PAR RICHARD.
Les plantes à organes sexuels portent le nom de
phanérogames (Du grec phanéros, visible, et
pamos, noces ). Les plantes sans organes sexuels ou
dans les quelles les organes sont cachés sappèlent
cryptogames (du grec Itriipto, je cache, et gainos).
Proportion
indétcrnïiuée.
Organes
I sexuelles
1 existants.
Fleurs
toutes heruia
phrodites..
/Etauiincsl
séparées I
[du pistil.
iUnc
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Six
Sept
Huit
Neuf
Dix
Plus de dix, insérées sous
i l'ovaire
Plus de dix, insérées sur
le ealice, PoTaire étant
libre
iPlus de dix, insérées sur
le calice , Povaire fai-
sant rorps de toute part
avec le tube caliciual..
CLAS.SES.
1 Alonandrie.
2 Diandrie.
3 Triandj'ie.
6 Tetrandrie.
5 Pentandrie.
6 Hcxandrie.
7 Ileptandrie.
8 0ctandrie.
9 EuDéandiie.
10 Décandrie.
11 Polyandrie.
[Dodécandrle.]
Proportion
kdéternrinée . .
/Par les filets
Deux Jurandes et deux petites. , , .
Quatre grandes et deux petites.
En un seul corps
En deux corps
En plus de deux corps
\Réunies.( ^'" '^' anthères, l'ovaire monospernie
jPar les anthères seules, ou en même temps, par
(les filets, l'ovaire polj sperme
Étamines unies au pistil
Fleurs non | Fleurs uni-sexuel- j Fleurs mâles et femelles sur le même individu, . .
toutes herma-l les j Fleurs mâles et femelles sur des individus ilillércnis
, phrodites. . J Fleurs hermaphrodites et fleurs uni-sexuelles sur le même ou sur des
\ individus diirérents
\ Organes sexuels n'existant pas.
12 Calycandrie.
[Icosandrie. )
13 Ilystèrandrii-.
[polyandrie. 1
14 Didynamie.
15 Tétradynamie.
16 Monadelphie.
17 Diadelphie.
18 Polyadelphic.
19 Synanthérie.
[Syngénésie.}
20 Syniphysandrie.
21 Gynandrie.
22 Monœcie.
23 Diœeie.
24 Anonialoecic.
[PolygamU.)
25 Agamii'.
{Cryptogamie. ]
De toutes les classifications botaniques, celle de Linné est certainement
la plus simple et la plus facile. Malheureusement elle sépare quelquefois
des plantes appartenant à la même famille naturelle. Elle avait encore d'au,
très inconvénients que les modifications du professeur Richard ont fait dis-
paraître.
La destinée de Linné , comme celle de la plupart des grands hommes ,
eut quelque chose de trop extraordinaire pour que nous la passions tout à
fait sous silence.
Charles von Linnœiis, né en 1707, dans lu province de Smoland, en
Suède, eut dès l'enfance un gofit si passionné pour les (leurs, qu'il nt;gligea
toute autre étude. Son père , n'osant fonder sur lui aucune espérance , vou-
lait le mettre en apprentissage chez un cordonnier, lorsqu'un médecin,
nommé Rolhmann, obtint d'eu suivre l'éducation, et le recommanda à un
59(J CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES,
professeur d'histoire naturelle de l'université de Lunden , sous lequel il fit
de rapides progrès. Quand le jeune Linné se crut assez fort pour enseigner
la botanique et l'entomologie, il se rendit à Upsal , où il vécut quelque
temps dans un état voisin de la misère. S'étant brouillé avec un méde-
cin puissant de cette ville, il se vit forcé de fermer ses cours et de quitter
sa patrie.
Linné se retira en Hollande, oii il arriva dans la dernière détresse; mais
Boerhaave le prit sous sa protection et lui obtint la direction du jardin de
Clifort. C'est de là que son nom commença à se répandre. Il revint dans
sa patrie, d'oii l'envie et la jalousie l'auraient expulsé de nouveau, si le
premier ministre , le comte de Tessin , ne l'eût recommandé au roi et à la
reine, qui, rendant justice à son mérite, le comblèrent de bienfaits.
11 mourut le 10 janvier 1778, chevalier de l'Étoile polaire et premier
président de l'université de Stockholm qu'il avait fondée. 11 est à remar-
quer que J. J. Rousseau et Voltaire moururent la même année.
Vocabulaire du Tableau.
ANTHÈRE , Petit sac membraneux qui oon-
Mituc la partie essentielle de l'étamine, et qui est
ordinairement placé à rextrémité d'un filet. L^an-
ihère se compose de deux poches ^quelquefois de qua-
tre, et même daTaiitagejunies entre ellesoti séparée»
par un corps nommé connectif. C'est t^antbère qui
renferme la poussière fécondante des végétaux pour-
vue d'organes sexuels. Leur disposition varie beau-
coup. Anthères ovoïdes , oblongues, fourchtiesj etc.
Ij'anthére ne s'ouvre iju'à l'entter épanouiss«mêni da
la fleur. (Eu iatiu anihera, du grec anihos, lleur.i
Etanune , L'organe mâle des lleurs, formé d'un
filet et d'une espèce de tète nommée anthère. (En
latin stamen^ du grec stêmôrk, cbaine de l'étolTe.)
OVAIRE, La partie inférieure du pistil où sont
attachées les semences. ( Du latin ovum, œuf.)
PISTIL, Organe femelle de la iiuctification.
Il estplacé au centre de la fleur, et composé de
trois parties : Vovaire, qui contient les OTules
ou rudiments des semences ; le sïj/e, qui est un
filet surmontant l'otalre; et le stigmate, qui est le
sommet de ce filet et l'organe chargé de recevoir
et d'élaborer le pollen ou poussière fécondante.
Le pistil repose sur le réceptacle. [ I)u latin pistil-
lum, pilon. )
Monandrie. { Du grec monos, un, et anèr, mari ,
organe mâle. ) Les noms qui suivent, jusqu'au
treizième inclusivement, sont formés de la même
manière, avec les mots grecs dis, deux; tréis ,
ti'ois; tétra, quatre; pente, cinq; hex, six; hepta,
sept: oktô , huit; ennéa, neuf; déka, d'ix\dodékaf
douze; eiiDsi", vingt : fa/jx , Calice ; polys, plu-
sieurs^ hustérUf matrice; — et antîr, andtvsf niâle.
IHdjnamie. (Du grec rfts , deux , et dunaruis,
puissance.)
Monadelphie, ( Du grec nionos, ua, et adelphot,
frère.)
Sjnanthérie, ( Du grec s^n , avec , et anlAéroi,
fleuri.)
Syngénésie. (Du grec syn, avec, et géinomaif
je nais. )
Symphysandrie, (Du grec sumpbaô, je croîs avec,
et ancr, mâle. ]
Gynandiie. (Du %iee guné , femme, et anêr ,
mari. )
iloniccie. ( Du grec rnonos, un, et oih'a, maison.)
Polygamie. ( Dn gref polus, plusieurs, elgamos,
mariage. )
MÉTHODE HE JxjSSluv. La niélltodo de Jussieu, appelée aussi Méthode
des familles naturelles, est celle qui paraît le mieux répoudre au besoin
de la science ; c'est elle aussi qui a été adoptée par la plupart des botanistes
de Paris. Elle est fondée sur les considérations suivantes: — !• l'absence,
la présence, et le nombre des cotylédons; — 2° l'absence ou la présence de
la corolle, qui peut être monopétale ou polypétale; — 3» l'insertion des éta-
mines ou de la corolle par rapport au pistil; — li» la réunion ou la non-con-
nexion des étamincs, et la réunion ou la séparation des sexes. Cette mé-
thode comprend quinze classes.
SIGNES m VERS. BOTAiMQLE.
Clef de la llctliode de tlusMicu.
:m
ACOTTLÉDOTfia.
I. Acotjlédoiiie.
Clisses. Familles.
1 Algues.
2 Cliainpignons.
3 Hypoxjlées.
4 Lichens.
I 5 Hépatiques.
6 Mousses.
7 Ljcopodiacées.
8 Fougères.
9 Characées.
IlO Equisèlacées,
lu Salvinlées.
!12 Fluviales.
13 Saururées,
1^ Pipéritées.
15 Aroïdes.
16 Tjphiiiées.
17 Cypéracées.
' 18 Graminées.
il9 Palmiers.
20 Asparaginées.
21 Restiacées.
22 Joncées.
23 Commélinécs.
24 Alismacées.
25 Butomées.
26 Junraginées.
27 Colthicées.
28 LIliacées.
29 lironiéliacées.
30 Aspbodélécs. .
31 IlénitTocallidées,
1.32 Dioscorées.
33 Narcissées.
34 Iridées,
35 Ilœniodoracées.
36 MusacLcs.
— Jipifjnei. iv.aionotpigjnic. v37 Amomées.
138 Orchidées.
139 Nyniphœacéis.
[40 Iljdrocharidées.
\41 Balanophorées.
V. Epistaminie. 42 Aristolochiécs.
43 Osyridées.
i 44 ^Hrobolauées.
i45 Eheagnées.
146 Thymelées.
'47 Protéacées.
"iAS Laurinées
Épipyne
J j — Pérygynes. VI. Périslan
— Hypogyucs.
(49 Polygonées.
50 Bégoniacées.
51 Atripllcées.
i52 Aniaranlacées.
,rii II . i53 Piantaeinées.
\II. Hvposta-Cç, V . •
. •.' 154 ISyctagunes.
\a5 Plumbaginees
L'oro'luhjpogync. VIII. Hypoco-/65 Lai
■ollic
i/v//» périgjne. IX.Péricorollic.
56 Priniulacé
57 Lentibulariées
58 Rliinantacées,
59 Orobancbécs.
60 Acantbacées.
61 Jasminécs.
62 Pédalinées.
63 Verbénacécs.
64 Mjnporinées,
,66 Personnées.
67 Solanees.
68 liorraginres.
Ib9 Conïolvnlacuci
70 PoliMuoniaccis
71 Bignoniacées.
72 Gentianées.
73 Apocynées.
74 Sapotées.
75 Ardisiacécs.
i76 Ebéuacécs.
'77 Chléniacées.
,78 Rhodoracces.
79 Epacridées,
'80 Ericiué.s.
SI Clanipanulaccf
I.obéliacées.
NSI
J82
Cussts.
-Épigy-V
Anlbèrcs X. EpicoroUic
unies. syuanthcrie.
Fi MILLES.
83 Gcssnériacées.
84 Stylidiées.
85 Go'odénoviées.
86 Gbicoracées,
87 Cyiiarocépbales.
88 Corynibiféres.
89 Calycérées.
90 Dipsacécs
"«■• î ,. . . vT f ■ iSl Valeriances.
I_d.sl.ncte8. XI. Ep.co-^g, Rublacées.
\ roll.e cor.santheric.^93 c^pHloliacées.
'94 Loranlbées.
, . ITT r- ■ •• r ^95 Araliacées.
htammes epigyne8.XII.tpipctalie.|gg Ombelliféres.
97 Reuonculacées.
98 Papavéracécs.
99 Fumariacées.
100 lirucifére».
loi Capparidéts.
102 Sapiiidacées.
103 Acérinécs.
104 llippocratées.
105 Malpighiacées.
106 Hvpcrictcs.
107 GÙltiRres.
108 Olacinécs.
109 Auranliacées,
110 Ternslroniiées.
111 Tbéacées.
112 Méliacées.
113 Vîuiféres.
114 Géraniacécs.
115 Malvacécs
— Ilypogynes. XIII
Hypopélalie.vUg Byltnériacées.
117 Macnoliauéus.
— Périgynes.. . XlV.Péripùlalie
118 UiUéiiiacées,
119 Ocbnacécs.
120 Simaroubées.
121 Anonacées,
122 Ménlsperuiées.
123 Beibéridées.
124 Ilermanniées.
125 Tiliacées.
126 Gislées.
127 Violariées.
128 Polygalées.
129 Diosmées.
130 RuUcécs.
131 Caryopbyllées.
132 Tréniandrées.
133 Linacées.
134 Taniariscinécs.
II35 Paroliychiées.
136 Portulacées.
137 Saxilragées.
138 Cunoniacées.
139 Crassulées.
140 Opunliacées.
141 Ribésieis.
142 Loasées.
143 Ficoïdées.
144 Ccrcodiennes,
145 Onagraires.
146 Myrtees.
147 Mélastoniécs.
148 Lylbraires.
149 Rosacées.
150 (^alycantbécs.
151 Blackwelliacées
152 Li'gunilneuses.
153 Tcrcbinthacées,
154 Pittospernies.
155 Rhaniuées.
lies iiTignlièri
XV. Dlcl
160 Ij'rlicées.
161 îlonimiées.
162 Anientacces.
163 Conifircu.
164 Cycadées.
598
CLEF DE LA LAxNGUE ET DES SCIENCES.
Vocabulaire du Tableau,
60. — ACANTHACÉES (en latin acantha-
ccœ-, du grec acantha, épine ), Herbes et ar-
bustes , presque tous étrangers et propres
aux contrées situées entre les tropiques. —
Genres : Carmantine , acanthe, Diantliére,
etc. La feuille de l'acanthe branche ursine
a serri de modèle pour l'ornement du chapi-
teau corinthien. L'architecte Calliniaque ,
passant prés du tombeau d'une jeune fian-
cée, s'en approcha pour y jeter des fleurs,
o Une offrande avait précédé la sienne. La
nourrice de la jeune fille, rassemblant les
fleurs et le voile qui devaient servir à la
parer le jour de ses noces, les plaça dansune
corbeille, et mit lacorbeille auprès du tom-
beau;puis elle la recouvrit d'une large tuile.
Au printemps suivant, les feuilles d'acanthe
entourèrent lacorbeille; mais arrêtées par
les bords de la tuile, elles se recourbèrent
et s'arrondirent vers leurs extrémités. Cal-
limaqne, surpris de cette décoration cham-
pêtre, qui semblait l'ouvrage des Grâces
en pleurs, en fit le chapiteau de la colonne
corinthienne.» (Aimé Martin.)
Virgile dit que la robe d'Hélène était
bordée d'une guirlande d'acanthe en relief.
lOâ. — ACÉRINÉES, ou ÉRABLES f du
latin accr , érable), Plantes ligneuses à
feuilles opposées, ordinairement siuiples, à
Heurs et grappe ou en cory mbe. Genre éra-
ble. — Les espèces les plus remarquables
sont: l'érable'champctre, à écorce très-ridée;
l'érable de Montpellier, analogue au précé
dent; Vérable sycomore {acer pseudo-plata-
nus), à feuilles quinquélobées; l'érflt/e p/a-
tane (aceh platanoïdes), analogue au pré-
cédent, mais à feuilles plus aiguës; l'érable
Jaspé, a tige striée par des lignes blanches;
l'érable à feuilles de frêne (acer negundo),
le seul à feuilles composées ; et l'émble à
sucre (acrr SACCHARinoM), à feuiles longue-
ment pétiolées, bel arbre des forêts de l'A-
mérique septentrionale. — L'hipprostane
ou marronnicrfaisait partie de cette famille.
Le marronnier d'Inde est un arbre d'un
beau port , que la majesté de sa tige , la
beauté de ses fleurs blanches panachées de
rouge, l'épaisseur de son feuillage, l'ont re-
chercher pour l'ornement des grandes
avenues.
« Ami du fasle et de la richesse , il cou-
vre de fleurs les verts gazons qu'il pro-
tège , et prête à la volupté de délicieux
ombrages. Mais il ne donne aux pauvres
qu'un bois léger et un fruit amer , avec
quelques feuilles desséchées pour le ré-
ehauUcr l'hi\cr. Les naluralislcs, et surtout
par ordre alphabétique.
les médecins, ont prêté à ce fils de l'Inde
mille bonnes qualités qu'il ne possède pas.
Ainsi ce bel arbre , comme l'homme riche
au quel il prodigue son ombrage, a ses
flatteurs , fait malgré lui un peu de bien ,
et en impose au vulgaire par un luxe inu-
tile. » ( Aimé Martin. )
ACOTYLÉDONES , Plantes dans les se-
mences des quelles on n'a point encore
découvert de lobes ou cotylédons. Elles ré-
pondent aux cryptogames de Linné.
1. — ALGUES (en latin a/^œ) , Plantes
marines. Genres: varech ou fucus, con-
ferve , nostocti , etc.
24. — ALISMACÉES, Plantes herbacées,
vivaces, à feuilles simples, et croissant sur
le bord des ruisseaux , des étangs. Le
genre alisma est le type de cette famille. \l
renferme le plantain d'eau ou flûteau , qui
croit en France, et qui est célèbre par la
propriété qu'on attribuait à sa racine de
guérir l'hydrophobie. Les autres genres
remarquables sont Vcloile d'eau (damaso-
nium), et la sagittaire.
52. — AMARAMTACÉES , Végétaux her-
bacés dycotylédones , à feuilles alternes ,
ou opposées, aux fleurs petites, réunies en
épi. Genres : Amarante, gomphrène , etc.
La blette est une espèce d'amarante. L'ama-
rante est le dernier présent de l'automne.
L'amarante, qui ne se flétrit jamais, est le
symbole de l'immortalité chez les poètes.
Quelquefois les poètes ont rnclè l'amarante
au cyprès , pour exprimer que leurs regrets
étaient immortels. Aux jeux floraux de
Toulouse, le prix de l'ode est une amarante
d'or. L'ordre de l'Amarante fut institué par
la reine Christine de Suède , en 1653 , à la
suite d'une fête galante. La décoration de
cet ordre, qui subsistajusqu'en 1689, était
une médaille d'or enrichie d'une fleur d'a-
marante en émail, avec ces mots italiens:
Dolce nella memoria (doux dans la mé-
moire ) , d'un côté , et de l'autre ceux-ci :
Sempcr idem (toujours le même). On la
portait suspendue à un ruban couleur de
l'eu. Les chevaliers , s'ils n'étaient pas ma-
riés, juraient de garder le célibat, et, s'ils
l'étaient, de ne pas passer à de secondes
noces. — La gomphrène se nomme encore
amarantinc, ou immortelle violette.
162. — AMENTACÉES ( - ccoe , du latin
amenium, chaton), Arbres pour la jibipart
indigènes, à feuilles simples, alternes, sti-
pulées; à fleurs axillairis^ umnoïques ou
dioïques , rarement hermaphrodites. Le
fruit Cil une capsule le plus souvent mono-
SIGNES DIVERS. BOTANIOUE.
599
culaire et monosperme. La graine, ordi-
nairement dépourvue d'endosperme , se
compose d'un embryon droit à cotylédons
épais. Celte famille a été divisée en plu-
sieurs sections.
ULMACÉES ou CELTIDÉES. Fleur» hermaphrodites
ou incuinplftes, uni-sexuelles.
fienres: Orme (ulmus), micocoulier 'celtis), etc.
SALICINEES. Fleurs dioiqucs; les mâles et les fe-
melles en chaton.
Genres: Saule • salix i , peuplier fpopulus).
MTRICÉES ou CASDARIXÉES. Fleurs dioïques en
chaton-, étaniines nombreuses sur un androphore (1)
ranieux, placé à PaisscUe de chaque bractée (2) du cha-
ton niàlc.
Genres: Cirier ( myrica ) , cnsuarine (-ua), liquidam-
bar y etc.
ÇUPDLIFÈRES, QDERCINEES, ou CORYLACEES.
Fleurs monoïques; les mâles en chaton; ciitq à vingt
étaniines sur chaque écaille; fleurs femelles réduites à
un OTaire !3) simple, surmonté d'un ou de plusieurs
stigmates i4), réunies d'une à trois dans un involucre (5);
fruit monosperme dans une cupule.
Genres : Chêne 'quercus), hHre {fagus;, Châtaignier
Icastanea', , coudrier (corjlus), charme (carpinus).
PLATAXEES. Fleurs monoïques; les mâles en oha»
ton gloliuleux, à étaniines nombreuses; les femelles en
chaton sphérique : oTaire surmonté d'un style à stig-
mates latéraux.
Genre : Platane ( -nus ) .
BÉTCLIXÉES. Fleurs monoïques en chatons dispo-
sés par grappes; lis mâles supérieures aux femelles;
deux à quatre étaniines; deux ou trois fleurs femelles,
composées d'un ovaire à deux loges monosperraes à
l'aisselle de chaque écaille; fruits minces , situés à l'ais-
selle d'écaillés persistantes et constituant de vrais cônes.
Genres : Aune (alnus) . bouleau ; betula ).
J'ai parlé de tous ces arbres dans la
Mkthode dc Geshe, page 281-294.
39. — AMOMÈES (en latin amomeœ) ,
Plantes herbacées, monocotylédones, aux
racines tubéreuses, épaisses, et aromati-
ques; aux feuill(;s simples, entières, en-
gainantes , aux fleurs grandes , en épi ou
en grappe. Genres : balisier, gingembre ,
amorne, curcuma, zèdoaire , galanga, etc.
L'amome est le type de cette famille. Par-
mi les amollies , les espèces les plus con-
nues sont le carrfaniome et la ^ra£ne</e para-
dis. On nomme vulgairement anwme ou
amour une espèce de nwrellc. ( Synony-
mes : balisiers, cannes, halisotdes , dry-
myrrliizces. ) Ce dernier mot vient du
grec drus, arbre, miiron , parfum, et
rhiza , racine.
121. Anonacées, ouanonées,ou anones,
ou glyptospermes , Plantes dicotyludones
polypétales , renfermant des arbrisseaux
ou des arbres étrangers , à rameaux nom-
breux , etc. L'anone est le type de cette
famille. Les fruits de Vanonc muricata ,
nommée aussi corossol ou cacliinan , de
Vanone à trois pétales ou chcrimoUa , et de
l'anone écailtcuse ou pommier cannelle, sont
très-succulents et se servent sur les tables.
Ceux de Vaiione réliculce ou cœur-dc-bœuf,
se donnent aux animaux de bassecour. La
graine des fruits est vénéneuse , mais on
retire de leur écorce un remède contre la
dysenterie.
"73. — APOCYNÉES (en latin apocyneœ),
ou APOCYNS , Plantes dicotylédones mo-
nopélales , originaires des pays chauds.
Genres : Pervenche, apocyn, asctèpias , lau-
rier roseau nér ion , fran gi panier , noix vo-
mique on strychnos , coquemolUer, etc. —
Grande pervenche. Petite pervenche. Image
charmante d'un premier amour, la' per-
venche s' attache fortement au terrain qu'elle
embellit; elle l'enlace de ses flexibles ra-
meaux, elle le couvre de fleurs qui ont la cou-
leur du ciel. (Aimé Mabtin.) On sait que la
pervenche était la fleur favorite de J. 3.
Rousseau. Cette fleur lui retraçait une
image chère. Le laurier rose est l'enbléme
de la beauté et de la douceur.
95. — ARALIACÉES , OU ARALIES ( en
latin ora/tacetE , araHœ), Plantes dicoty-
lédones polypétales . herbes et arbrisseaux
exotiques, aux feuilles alternes , au fruit
charnu et possédant de grandes propriétés
médicinales. La racine de ces plantes est
sucrée , aromatique , et peut servir à la
nourriture de l'homme. On cultive les ara-
lies, type de cette famille, comme plantes
d'agrément, à cause de la douce odeur
qu'exhalent leurs fleurs blanches. Aralie
épineuse , l'angélique épineuse des jardi-
niers. On distingue encore dans cette fa-
mille les genrescH.ç^owe et ginseng ou pancx.
75. — ARDISIACÉES , OU MTRSINÉES,
Arbres et arbustes dicotylédones, à feuilles
alternes , rarement opposées ou ternées ,
glabres , coriaces , entières ou dentées , à
(1) Nom donne au filet de l'étaniine (organe mâle des fleurs) lorsqu'il porte plusieurs anthères
(petits sacs rouges, jaunes, clc. , remplis de la poussière fe'condante) , ou plutôt à la re'uiiion des
iilets ea un ou plusieurs faisceaux.
(2) Petite feuille, ordinaivcnienl coloriée, qui naît avec la fleur, et qui diffère des autres
feuilles par la forme, la couleur, et la consistance.
(3) Partie infc'rieurc du pistil où sont attaclie'es les semences.
(4) Partie supe'rieure du pistil.
(5) Assemblage de hractp'es ou feuilles florales, qui entourentla base commune de plusieurs pf'-
doncules, ou qui envcloppenl plusieurs fleurs comme une sorte de calice.
f.OO
CLEl' DE I.\ LANGUE ET DES SCIENCES.
fleurs réunies en grappes. Genres : avdisia,
niyrslnc , etc. Ce dernier renferme des ar-
bustes du port d'un myrte , aux fleurs dis-
posées en coryuil)e. f oyez sapotéks.
Il2. — ARISTOLOCHIÉES , OU ARISTO-
LOCHES , OU ASAROÏDES (en latin arislolo-
cliice, , flsflro/rfcœ) , Plantes dicotylédones
apétales, herbacées ou ligneuses ( Du grec
aristos , très-bon, et loclicta, les couches).
Genres: asarct,hypociste, aristoloche. — L'a-
saret , plante dont la tige est très-courte, est
employée en médecine comme cmétlque et
sternutatoirc. On la nomme aussi cabaret
rondelle, vt oreille d'homme. Les aristoloches,
plantes originaires de l'Amérique septentrio-
nale, ont le calice d'une seule pièce et colore,
tantôt droit, tantôt recourbé en siphon , ou
bien tronque obliquement , et terminé en
languette. Elles jouissent de grandes pro-
priétés médicales. Il y a une espèce d'aris-
toloche dont le suc fait mourir les serpents.
La serpentaire de Virginie est une espèce
d'aristoloche. L'aristoloche clématite croit
naturellement par toute la France.
15. — AROïDES, ou AROïOÉES, Famille
déplantes monocotylédones, dont le type
estrar^m ougouet. Les fleurs de l'arum nais-
sent sur un réceptacle cylindrique et allongé,
s'èlevant d'une spatlte en forme de cornet.
Le gouet ordinaire, nommé vulgairement
Draconte des Grecs, pied-de-veau, racine
amidonnière , et girou , est une plante vi-
vace et commune dans les bois humides ,
les haies , les fossés. Les feuilles de cette
espèce d'arum sont longues, lisses, d'un vert
foncé, avec quelques taches, et ont la forme
d'un pied de veau ; les fleurs sont vertes
en dehors , blanches en dedans ; les baies
d'un beau rouge. Toutes les parties de
celte plante contiennent un suc laiteux
brûlant. La racine, rondeetcharnue, purge
violemment. Sèche , elle perd ses pro-
priétés ; réduite en farine et en pâte , elle
fournit une aliment sain, aussi nourrissant
que la pomme de terre. On emploie cette
racine en médecine. ( En grec aron, )
20. — ASFARAGINÉES , OU ASPARA-
GÉES , ASFARA60ÏDES ( en latin aspara-
gineœ, asparagi) , Plantes monocotylé-
dones apétales , herbacées, vivaces , à
feuilles alternes. Genres: asperge, dianelle,
dragonnicr, parisctte, convallaire, sceau-dc-
Satomon ou signet, fragon, etc. L'asperge
commune est un des mets les plus recherchés
denos tables. Semer des asperges. Plant, quar-
ré d'asperges. Grosses asperges. Asperges
vertes. Asperges de couche. Asperges de terre.
Fosse d'asperges. Botte d'asperges. Asperges
à la sauce, à l'huile. Des asperges qui mon-
tent en graine. Pointes d'asperges. L'as-
perge est le trivial emblème de l'erreur : d
peine coupée , elle repousse plus vigoureuse-
ment. La dianelle bleue, originaire delà
Nouvelle-Hollande, futimportéeen France
en 1815. Le tronc du rfra^'onnter est un stype
creux et ligneux. Il se fourche en plusieurs
rameaux couronnés d'une touffe de cinq à
vingt feuilles. Le dragonnier gigantesque
est un arbre des Canaries. Il en découle
un suc gommeux, sec, friable, inflamma-
ble , de couleur rouge foncé, que les pein-
tres chinois emploient dans leur vernis
rouge. On se sert de ce suc , appelé satig-
de-dragon , et plus souvent sang-dragon ,
pour dessécher les ulcères , cicatriser les
plaies , etc. Les pariseltes sont des plantes
herbacées , grêles , peu élevées , à feuilles
verticillées , à tige simple et terminée par
une seule fleur. Elles sont peu intéressantes
et jouissent de propriétés très-simples. On
en connaît à peine quatre ou cinq espèces,
dont une seule croît en France : la pari-
sette à quatre feuilles, vulgairement herbe à
Paris , raisiné de renard , ctrangle-loup. Le
genre convallaire est borné à une seule es-
pèce. C'est le muguet ou fleur de mai.
Plante qui fleurit au printemps et qui porte
de petites fleurs blanches d'une odeur
agréable. Cueillir du muguet. Fleur de mu-
guet. Cela sent le muguet. Les fleurs du mu-
guet, réduites en poudre, sont sternutatoires.
Le muguet est l'emblème de la légèreté, de
l'indifférence. Le sceau-de-Salomon ou gre-
nouillée est une espèce de muguet qui croît
sur les montagnes et les collines, et dont
les feuilles ont quelque ressemblance
avec celles du laurier. Le signet à larges
feuilles se trouve dans le bois de Boulogne.
Le fragon piquant {petithoux, houx frelon^
housson , orusc) est un petit arbuste tou-
jours vert, qui croît dans les bois, et dont
les fruits sont d'un beau rouge. La racine du
fragon piquant est diurétique ; ses jeunes
pousses se mangent comme des asperges ; sa
graine, brûlée, a le goût du café. Brown a
établi dans la famille des asparaginées les
trois divisions suivantes : smilacécs ou sml-
lacinées , dioscorèes , tamnées. Le smilax
rude appelévulgahement salscpareilled'Eu-
rope, liseron épineux, grament de montagne,
fournit par sa racine un sndorifique actif.
SIGNES DIVERS. BOÏAMyLE.
601
Le smilax salsepareille , ou simplement
salsepareille, espèce qui croît au Pérou,
au Mexique, et au Brésil , a des propriétés
sudorifîqucs tiès-marquées.
30.— ASPHODÉLÉBS , OU ASPHODÈLES
(en latin asphodeli ) . Plantes uionocotylé-
clones, vivaces, dont les bulbes produisent
une fécule et un suc amer gommo-résineux.
Le genre le plus commun est le lis aspho
dèle. L'asphodèle blanc croît dans l'Eii-
rope méridionale ; c'est une plante à fleur;,
liliacées , connue sous le nom de bâlon
royal ou verge de Jacob. La fécule de ses
bulbes a servi souvent à faire du pain
avant la découverte de la pomme de teire.
Ces plantes étaient sacrées chei les an-
ciens; on les cultivait auprès des tombeaux.
La plupart des botanistes s'accordent à
comprendre cette famille dans celle des
liliacées.
51. — ATRIPLICÉES (en latin rt?r(/;/(Veœ),
ou ARROCHES , CHÉNOPODÉES , Plantes
dicotylédones apétales , herbacées on fru-
tescentes. Genres: Arrochc (atriplex),
camphrée (camphorata) chcnopode , épi
nards , bette, blette, soude, etc. Le chcno-
pode (du grec chi'n, clicnos, vie, et potis,
podos , pied), est plus connu sous les
noms à'anserinc et palle-d'oic. La belle-
dame ou boruie-daïue est une espice d'arro-
che aux feuilles d'un vert glauque et d'un
goût fade, qu'on ne mange que mêlées avec
les épinards, l'oseille, ou toute autre plante.
Mettre de l'arroche dans une soupe aux her-
bes. Fricasser des épinards. Vn plat d'cpi-
nards. Epinards à la crème. Tourte d'èpi-
nards. Graine d epinards. La bette , qu'cin
nomme aussi poiréc , est une plante po-
tagère , dont les feuilles ont une côte
épaisse et large. Dette blanche, rouge, jaune.
Une planche de bettes. Manger des bettes.
Les feuilles de bette sont cmollientes. La
betterave est une espèce de bette. La blette ,
plante potagère d'une saveur assez fade ,
croît naturellement partout , et se sème
dans les jardins. Les soudes croissent sur
le rivage des mers , et c'est de leurs cen-
dres qu'on retire la substance nommée
soude. Les espèces les plus recberchéi^s
sont la soude vulgaire, la soude épineuse ,
la soude kali, la soude frutescente.
Plusieurs botanistes ne séparent pas
cette famille de celle des aiuarautucces.
109. — AURANTIACÉES , OU HESPÉRI-
DÉBS ( en latin auranlid , hespcridcœ ) ,
Plantes dicotylédones polypélaies, ligneu-
ses , à feuilles alternes ordinairement
d'un beau vert et persistantes. A cette fa-
mille appartiennent les orangers, citron-
niers, limoniers, ie caynetlia , le thé , etc.
Voyez la Méthode du Gbkhk , pages 285,
28y, et 2%.
A une DemoiulU, en lui offrant un orangir.
Accepte ce présent, maîtresse aimable et belle;
Qu^ii parfume ton sein dt set douces odeurs.
S'il fleurit tout le temps que je sera! fidèle,
Toujours cet oranger te donnera des fleurs.
Il est né comme moi sous la tûne brûlante;
Qu'il soit le gage heureux de mes vives ardeurs.
S'il fleurit tout le temps que tu seras constante ,
Toujours cet oranger donnera-t-il des fleurs ?
(Ddcis. )
Faisons remarquer en passant qu'un ro
mantique eût dit démon ardent amour, ce
qui serait beaucoup plus natuiel. Mais que
deviendrait la rime?
Tel l'or pur étincéle au milieu des métaux,
Tel brille 1'or\xoetï parmi les arbrisseaux.
Seul , dans chaque saison, il oli're l'assemblage
\)e fi-uils naissants et niOrs, de fleurs et de feuillage.
\i l'ambre que la mer épure dans ses flots,
\i le mjrte qu'Amour apporta de Paphos ,
Ni le souflle ckarmant de l'aube matinale,
Ne saurait approcher des parfums (|u'il exhale.
i CiSTtL, cité par Jime Martin. )
Voilà des vers tels que les aime M. Cu-
\ illier Fleury, des vers classiques s'il en
fut onc , très-sobres de métaphores , très-
clairs et très-simples, et dans lesquels on
a sacrifié peu de chose à la rime. Ce souf-
fle charmant de l'aube matinale, qui ne
saurait approcher des parfums qu'il ex-
hale , n'est-ce pas une clrnse charmante et
tout à fait poéliqne ? Mais, s'il n'y a que le
souffle charmant qui nu saurait approcher,
pourquoi celte viigule après matinale? Ou
si c'est à la fois l'ambre, le 7nyrte apporte
par Amour (comme c'est joli!), et le
souflle charmant, qui ne sauraient appro-
cher , pourquoi saurait ayt singulier? En vé-
rité, vive les classiques! Ils fonthonneur
an goût de MM. Guvillier Fleury et Aimt;
Martin. Je leur en fais mon compliment.
L'oranger , originaire de la Chine, a été
apporté en Europe au seizième siècle par
un guerrier portugais. Le fruit de l'oran-
ger est célèbre dans l'anliquite. C'est avec
des oranges lancées dans la lice qu'llippo-
mène vainquit à la course la légère Ata-
lante. Les ])ommes d'or du jardin des
Hespérides n'étaient que de belles oranges.
Zjl. — BALAMOPHORÉES, Famille de
plantes formée par Richard, et se compo
saut des quatre genres bulanophora, cynomo
rium, langsdorffia , et helosis.
50. — BSGONIACÉES, Famille de plan-
tes créée par Richard pour le seul genre
bégonc.Uégone luisante. Ucgonc fourchue.
T. II.
7U
602
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
12:i. — BBRBÉHlDilES {i'.n lat. berbericlcs),
ou VlNETTIEKS, Piailles dicotylcd. mes
p(jlyp(';talcs, ligneuses ouhcrbacV-es, fi l'euil
les alternes, quelquefois stipulées. Le fruit
(les berbéridées est une baie à plusieurs forai-
nes. Le type de la la mille est la berbéridcow
épinc-vinelte. L'èpine-vinette est commune
dans certains bois. Sirop , confiture, dragée
d'cpinc-vinette. L'èpine-vinette est l'emblème
de l'ui^rcur. Le genre hamamelis, qui sc'in-
l)le se raijprocher un peu des cercodianées
d<! Jussiini, est devenu pour lirown le
type de la famille des hamamelidàes , qu'il
iap|)roclie des aratiacces.
71. — BIGNONIACÉES OU BiGNONES ,
BIGNONÉES , BIGNONIÉES ( en latin bi-
gnonice). Fiantes dicotylédones iiionopé-
taies, herbacées ou ligneuses, à feuilles sim-
ples OU conjuguées, quelquefois ternées ,
ou deu" fois ailées avec impaire, opposées,
rarement alternes. Genres : bignonia, ca-
talpa, cobœa, galanc, cornaret , pèdali, sé-
same, etc. Les bignoncs sont propres aux
contrées équinoxiales. La seule espèce
acclimatée chez nous est la bignone oran-
gée , qui forme de petits bouquets de
pourpre et d'orange. Voyez la Méthode du
Gbnbb , page 283. Le sésunte d'Orient, ap-
pelé vulgairement jK^'Êo/tnc, Iburiiit, par
ses graines , un peu plus grosses que celles
du millet , une huile excellente qui ne se
fige jamais. La farine de graine de sésame
sert à faire de ta bouillie, des galettes, etc.
Huile de sésame.
151. — BUlCKWELLIACÉES.Voy. RosA-
CKBS.
68.— BORRAGINÉES, ou BOURRACHES
(en latin torra^'ijieœ), Plantes dicotylédones
monopétales, herbacées pour l'oidinaiie ;
a feuilles simples, sessiles, alternes, sca-
bres. Genres: bourrache, héliotrope, grèniil-
vipérine, consolide , pulmonaire, myosotis,
rapetle, buglosse, cynoglossc, sébesiier, etc.
La bourrache commune ou officinale s'eui-
j)l()ie surtout à faire des tisannes pectorales.
Cueillir de la bourrache. Tisane de bourra-
che. On met quelquefois des fleurs de bour-
rache sur les salades. Le génie héliotrope
contient une cinquantaine d'espèces ; les
plusconnuessont l'héliotrope du i'érou, fort
recherché à cause de l'odeur suave de ses
fleurs, qui lui a l'ait donner aussi le nom de
vanille par les jardiniers ; et Vhéliolrope
d'Europe, appelé vulgairement herbe aux
verrues, parce qu'on lui a long-temps attri-
bué la propriété de faire tomber ces sortes
d'excroissances. Le g-rtJMij'/, ou lithosperme,
est une plante herbacée dont l'espèce offi-
cinale a recule nom vulgaire d'herbe aux
perles ; parce que ses semences sont blan-
ches et approchent de la figure d'une perle.
Les pulmonaires ont les feuilles ordinaire-
ment semées de taches brunes semblables
à celles qu'on remarque parfois sur le pou-
iiion malade. Pulmonaire officinale. Pul-
monaire des Français. Le myosotis , ou
oreille dc-souris , est une petite plante à
Heurs bleues et quelquefois blanches, très-
commune dans les champs. Le mysotis vi-
vace , à feuilles velues, croît au bord des
eaux et dans les lieux humides. Il est plus
connu sous les noms vulgaires deiVc m'ou-
bliez pas , et plus Je vous vois , plus Je vou3
aime.
Pour exprimer Taniour ces fleurs semblent éclore.
Leur langage est un rnot , maïs il est plein d^appat.
Dans la main des amants elles disent encore ;
Aimez- moi , ne nt^oubliez pas.
( AlUÉ MlBTIK. )
Combien de personnes ont lu ces vers ,
et les ont trouvés charmants ! Il sont sûre-
ment du goût de M. Cnvillier Fleury.
Pourtant rien de plus insigniTiant , de plus
niais, de plusiucorrect. Le premierne dit
absolument rien; le second,n'a aucun sens.
Leur langage est un mot , niais i7 est plein d^appas.
Qui est-ce qui est plein d'appas ? Est-ce
leur langage ou un uwt? Pourquoi ce mais
avant «7 est plein d'appas ? Évidemment il
n'y a aucune opposition entre les deux hé-
mistiches , et c'est leur langage est un mot
plein d'appas qu'il eût fallu dire. Mais le
Mioyen de l'aire un vers avec si peu de sylla-
bes! Et qu'est-ce qu'un mot plein d'appas?
Je ne conçois pas davantage Vencore final
du troisième \nrs. Encore, dit l'Académie,
est un adverbe de temps qui s'emploie
pour marquer que l'action ou l'état dont il
s'agit se continue , se continuera, ou s'est
continué jusqu'au temps indiqué par le
verbe ou par les autres circonstances du
discours. Donc pour que les fleurs dorit il
s'agit disent encore: aimez-moi, il faut
qu'elles l'aient déjà dit. Et si vous otez
Vencore, ce qui reste n'en aura pas plus de
sens. Si l'on devine une idée là-dedans ,
apparemment c'est celle-ci : Les myosotis
sont des fleurs , qui , d peine écloses , ont un
langage ; ce langage est un mot plein d'ap-
pas qu'elles disent encore après avoir perdu
leurs appas. Encore faut-il savoir ce qu'on
veut dire.
SIGAES DIVERS. BOTANIQUE.
Go:
O classiqucB, classiques,
Avant donc que d'écrire apprenez à penser.
La cynoglossco/Jicinalc on langiie-de-chicn
passe pour anodine et légèrement narcotique.
Pilules de cyjwglosse.
29. — BROMÉLIACÉES , OU BROItlÉ-
UÉES , OU ANANAS , Famille de plantes
monoeotylédones , appartenant aux lilia-
cées de Tournefort. Elle renferme l'a-
nanas, l'agave, le haralas, le bromclia, etc.
L'ananas est une plante originaire des In-
des, qu'on élève en Euiope , dans des
serres chaudes , et dont le fruit, appelé de
njème ananas , est très-estimé pour sa sa-
veur. Auanas à fruit rouge. Ananas à fruit
blanc. Ananas à fruit violet. Ananas à fruit
noir. Ananas â fruit pyramidal. L'agave,
bel arbre originaire d'Amérique, est cul
tivé depuis long temps en Europe ; ses
feuilles contiennent un fil très-fort et très-
souple , dont (in fait des cordes et de la
grosse toile. En Suisse , l'agave sert a
former des haies impénétrables.
25. — BUTOMÉES, Famille de plantes
inonocotylédones apétales , dont l'espèce
la plus jolie et la plus connue est le butome
en ombelle oujonc fleuri. Voy. Alismacées.
116. — BTTTNÉHIACÉES , Famille
créée par Brown , dans les nialvacées de
.lussieu, et composée en général d'arbus-
tes tous exotiques, couverts en grande
|>artie de poils étoiles, et portant des feuil-
les simples et alternes. Genres: byttnére,
abronie , commersonic , scringie, ihéobrome
ou cacaoïcr , guichenolic, c\.c. La byttnére à
feuilles orales et la byttnére cordée sont
cultivées dans les serres. M. de Candolle a
jiartagé la famille des byttnériacées de
Urown en six sections ou tribus, qui sont :
Les sterculiucées , les byltuériées, les la-
sinpélalccs , les bcrnianniées , les dombey a -
cées, et 1rs witllicliiées.
150, — CALYCANTHÉES (du grec calux,
calice, et antlios, fleur.) Voyez Rosacées,
et la Méihodf. du Grnrb, pages 281-29/i.
89. — CALTCÉRÉES, Famille de plantes
dicotylédones, monopélales, quise rappro-
che des .?y»nn^/iér(;c.ç et des dipsacées, et se
compose de quatre (genres : le boopis , l'an-
tltœmoides, le calycera, et lecryptocarplia,
81. — CAMPANULACÉES , ou CAMPA-
NITLES (en latin campanulaccœ , campa-
nul/B), Plantes herbacées, rarement li-
gneuses ou lactescentes , aux feuilles sim-
ples , ordinairement alternes, aux (leurs
assez grandes, lanlùl disposées eu liiyisf!
ou en épi , tantôt rapprochées en caj)itule,
quelquefois rassemblées dans un calici'
commun; aux étamines en nombre égal
aux divisions de la corolle , qui sont pres-
que toujours régulières; à la graine fort
petite, nne. Genres: campanule , canarine,
lrachelium,raponculc on phyteuma, «te. Le
genre f«»K/5a/i«/c comprend un grand nom-
bre d'espèces, iierbes, sous-arbrisseaux, et
arbrisseaux, qui t(uites se font remarquer
par la beauté de leurs fleurs en forme de
cloche et ordinairement d'un bleu Ibncé.
Campanule raiponce. Campanule doucette.
Campanule d feuilles dépêcher. Campanule
ganfelée. Les racines et les fanes de ces
quatre espèces se mangent en salade. Les
genres gcssneria et goodenia qui , dans le
principe, faisaient partie des campanula-
cées sont devenues le type di; nouvelles
familles sous les noms de gessnériées etgoo-
dènoviées. Voy. aussi Lobkliabbes.
dOl. — CAPPARIDÉES, ou CÂPRIERS (en
latin capparidcœ, capparidcs). Plantes dico-
tvlédones polvpétales, herbes, arbrisseaux,
ou arbres, aux feuilles alternes, simples ou
digitées. Genre type : câprier. L'espèce la
plus répandue est le câprier épineux, ar-
brisseau qui monte à près de deux mètres.
Les fleurs du câprier épineux se confisent au
vinaigre avant leur épanouissement, et s'em-
ploient en cuisine sous te nom de câpres. Le
fruit des câpriers est une baie,unesilique,ou
une capsule à une seule loge, polysperme.
Les genres réséda et droséra forment main-
lenant chacune le type d'une nouvelle fa-
mille, sous le nom de résédacées on droséra'
cces. La famille des flaccourtianées, établie
par Richard sur le flaccourtia et plusieurs
genres voisins, doit se placer entre lesrcîé-
dacécs et les sapindacées.
93. — CAPRIFOLIACÉBS, ou CAFRIFO
LIÉES, CHÊVREFEUIIXES (en latin capri-
folia). Plantes dicotylédones monopéta-
les , herbacées ou ligneuses, aux feuilles
simples, presque toujours opposées. Le fruit
est une liaie ou une capsule à une ou plu-
siiMus loges monospermes ou jiolyspermes.
Embryon placé dans une cavité située au
sommet d'un ])érisperme charnu. Genres:
caprifolium ou lonicera (chèvrefeuille), f(S-
cum (gui), rlilzopliora (rhizophore), loran-
f/i(/s (loranlhe), vihurnum (viorne), sambu-
eus (sureau ), coDi»,'; (cornouiller) , /ic</(^ra
(lierre), etc. Poiirle n\olcbcvrcfeiiillc, voy.
la MéthodeduGenke, page28/i. Le gui est
une piaule parasite qui naîl sur les bran-
60 i CLEF DE LA I.ANGl
clios de certains ai'ljics, du puiri«;r, de
l'aubépin , du chènc, etc. Les Gaulois
faisaient grand cas du gui de chêne, ils cueil-
laient le gui de clicne avec beaucoup de céré-
monies. (AcAD. ) Les feuilles du gui de chêne
ont été préconisées comme antispasmodiques.
(Jd. ) Un chapelet de gui de chêne. Le gui
donne de la glu. Les baies du gui sont acres
et amères, et purgatives , dit-on. Les rhizo-
phores sont des arijres et des arbrisseaux
toujours verts, indigènes aux lieux inondes
et maritimes des régions équaloriales. Ils
se niulti|)lient au moyen de longs jets qui,
partant de leurs rameaux, pendent jusqu'à
terre , s'y fixent |>ar les racines qu'ils pro-
jètent alors, et produisent de nouveaux
troncs. (Du grec rhiza, racine, et phérû, je
porte.) Le loranthe d'Europe, est une plante
parasite comme legui; il croît sur les pom-
miers, les poiriers, les châtaigniers, et les
ehèiK s. Le viorne aubier ou boule-de-neige a.
des Heurs blanches roulées comme des pe-
lotes , et pendantes au sommet des ra-
meaux; les fruitssont de petites ijaiesrou-
ges-On cultive encore \g viorne laurier tin
et le viorne commun (4). Symbole d'une
amitié constante et délicate , le viorne lau-
rier-tin cherche toujours à plaire. NI le
soudle brûlant de l'été ni la froide bise de
l'hiver ne lui dérobeut ses charmes ; ce-
pendant il demande des soins assidus, et
meui t si on le néglige. (O mon bcm père ,
ne t'ai-je pas un peu négligé?) J'ai parlé
dans la MiSïhode du Genre , pages 28Zi ,
287, 293 , du cornouiller , du lierre, et du
sureau. Le lierre est quelquefois l'emblème
de l'amitié. « Tout le monde connaît cette
devise ingénieuse et touchante des feuilles
de lierre , avec ces mots : Je meurs où je
m'attache ; et celle-ci, faite à l'occasion
d'un ami qui suivit , dans son exil, un mi-
nistre disgracié , du lierre embrassant un
arbre abattu, avec ces mots : sa chute ne
peut m'en détacher. » (Aimé Martin. )
«Avant la métamorphose de Daphné,
les couronnes consacrées au dieu de la
poésie étaient formées de lierre ou de
ii>yrle.« (Id.)
Cl En (irèce, l'autel de l'hyiiiénée était
e.utouré d'un lierre ; et on en jjrésentait une
tige aux nouveaux époux . comme le sym-
bole d'un nœud indissoluble. ■> ( Jil')
E ET DES SCIENCES.
Lts gi-Mies g/Il, loraiitkt , it i iiDji/iorc , soiil ilitc-
iius lu type de la faniillf il..s U.ranlkiea de Jussieo , qui
est la mime que celle Acs rheoiics de Kicliard , et que
celle des rliiiktphorèfs de Bi-own.
131. - CARYOPHYIXÉES , OU ŒILLETS
(en latin caryophilleœ, caryopitylli). Plantes
ordinairement herbacées,|rarement frutes-
centes, aux feuilles opposées, conjointes ou
verticillées , rarement stipidées. Le fruit
est une capsule. Genres : œillet (dianthijs),
alsine, èlatinc, spergule, stellaire, saponaire,
silène, eu cabale ou bélien, lychnidc, agros-
tcmme , frankenie, lin, etc. Œillet à fleurs
agrégées. OEillet d fleurs solitaires, h'ueillet
barbu ou œillet de poète , appelé vulgaire-
ment compagnon , bouquet parfait, jalou-
sie , etc. , a des (leurs panachées de blanc
et de rouge. L'œillet des chartreux a des
(leurs ordinairement rouges. 11 y a une es-
pèce de petits œillets qu'un appelé œillets
plumeux ou vulgairement mignardise.
L'œillet superbe a des fleurs rosées ou blan-
ches , larges d'environ 16 centimètres.
L'œillet giroflée, ou œillet des fleuristes, ou
simplement <eillet , est la plus belle espèce
du genre et la plus recherchée. Ses varié-
tés sont au nombre de plus de sept à huit
cents.
« Quelques mythologues donnent à cette
fleur l'origine suivante : Diane arracha ,
dans un accès de mauvaise humeur , les.
yeux à un berger qu'elle rencontra en
chassant. Elle ne savait qu'en faire, mais,
comme par réflexion , ils lui parurent fort
jolis, elle les dispersa dans les champs.
De ces germes sortirent des fleurs qui pri-
rent le nom d'œillet ( petit œil ), terme de
tendresse. »
Comment trouvez-vous, lecteur, cette
manière de raconter? — Charmante. —
Charmante, soit.
«Le grand Condé s'amusait a cultiver
des œillets dans sa retraite de Chantilly.
On connaît le quatrain que fit à ce sujet
mademoiselle de Scudéry :
«En voyant ces œillets qu'un illustre guerrier
Anosc d'une main qui gaçna des liataiUes,
Souïiens-toi qu'Apollon bâtissait de" murailles ,
Et ne t'étonne plus que Mars soit jardinier. «
A la bonne heure. Monsieur Aimé Mar-
tin. Voilà des vers dignes d'être cif^'S;,
0 L'œillet blanc nous peint Infidélité,
le poneeau, Vhorreur ; le jaune, le dédain ;
(t) ConUc l'usage, j'ose faire t^iornc du masculin, confornieraenfà l'analosie cl à 1 cLyiuulogic.
Mim orïille, aussi délicate rpie relie des grammairiens , n'en est pas blessée.
SIG.NES DIVERS. UOTAiNJOLE.
603
le rose , une sensation ; l'incarnat, la réci-
procité ; le panaché, un refus d'aimer, etc.
» C'est le bon roi René d'Anjou, ce
Henri IV de la Provence , qui le premier
a enrichi nos jardins de l'œillet. »
(Aimé Mabtiw. )
La spergute commune, plante herbacée
annuelle , fournit un très-bon fourrage.
Parmi les stellaires , on connaît principa-
lement la stellaire gran\iiicc. ha saponaire
(du latin sapo , savon ) est ainsi nommée
parce que la tige et la racine de quelques
espèces de cette plante, écrasées et bat-
tues dans l'eau , dégaj^ent une matière
mucilagineuse , semblable an savon , el
propre à blanchir le linge, les dentelles, etc.
Saponaire commune ou officinale. Prise en
décoction , elle agit comme résolutive ,
apéritive , et sudoiifique. Saponaire à cinq
angles. Siténé gaulois. Siléné penché. Le si-
téné gaulois se Irourc dans les champs sablon-
neux parmi les céréales. Le siléné penché ,
habitant les prés inonlagncux, a des fleurs
blanches, disposées en panicule. Le cucubale
croît dans tes champs. Les flcurs^du cucubale
ont un calice renflé. La hchnide ou lampetle
a des fleurs d'un rouge éclatant et disposées
en bouquets au sommet des tiges, h'agros-
femme ou couronne des champs a des fleurs
pourpres , en l'orme d'étoiles. L'espèce la
plus commune est l'ngrostemme githage,
vulgairement nielle des blés. L'agrostemme
671 couronne ou coqueloiirdc a les fleurs d'un
beau pourpie et se cultive dans les jardins.
Les graines du lin commun sont mucilagi-
neuses et émollientes; on en retire par ex-
pression une huile très-dcssiccative. Le lin
d'été ou petit lin est le meilleur et fournit
les plus belles toiles.
Depuis quelques années la famille des
carj'ophyllécs, de J ussieti, a subi de grandes
modifications. Le genre liti a été élevé au
rang de famille par CandoUe. Le genre
franhenia est devenu pour M. Auguste St-
Hilaire le type d'une nouvelle famille ,
sous le nom de FBANKÉiviAciiES. La place
de cette famille paraît être entre les drosé-
racèes et les polygalées. La famille des ca-
ryophyllécs se compose encore d'un giand
nombre de plantes que l'on partage en
deux tribus : celle des SiLi^.-viiEs et celle
des A1.S1NÉES. Les familles Thémandréfs
et PiTTosponÉKS, nouvellement établies par
Brown , doivent prendre place après les
caryophyllées.
ilih. — CERCODIENNES ( en lalin (cr-
codcœ) , Famille de plantes séparée des
onagratres , dont elle diffère principale-
ment par la pluralité des styles. Elles ren-
ferme les genres haloragis , goniocarpc ,
myriophylloji ou votant d'eau , macre et pro-
.«erpinnro. C'est la même qne celle des/ivgro-
biccs de Brown.
2. — CHAMPIGNONS (en latin fungi) ,
Plantes sans organes sexuels apparents,
d'une consistance molle, spongieuse ou
coriace , dénuées de feuilles et de racines,
et dont la forme et la couleur varient beau-
coup. Les champignons présentent dans
leur structure huit sortes d'organes , qui se
réduisent quelquefois à cinq. Ce sont :
1" une racine filamenteuse ; 2° la bourse ou
volva, sorte de poche ou de sac qui en-
toure la plante ; 3° le pédicule ou slype, or-
gane qui sn[)|>orte le chapeau; li° \etégu-
mcnl ou voile, membrane qui , partant du
sommet du pédicule, enveloppe le chapeau;
5° le chapeau ; 6° la membrane séminifcre ,
lisse et unie , formée par un très-grand
nombre de petites capsules membraneuses,
a[)pelées thécaouascus; 7° les capsules, sorte
de petits sacs membraneux , renfermant
les sporules; 8° les sporulcs , graines qui
servent à la reproduction, tes champignons
croissent très-rapidement. Champignons pa-
rasites. La pluie douce fait venir les cham-
pignons. Ramasser des champignons. Cham-
pignons bons à manger. Quelques espèces
des genres morchetle, helvclte ou morille, cla-
vaire, bolet , mcrul, agaric, sont bonnes à
manger ; mais on doit s'en défier, car il en
est quelques unes de très-dilTiciles à distin-
guer d'avec d'autres qui sont des poisons
terribles. Champignons découche. Maniveau
de champignons. Plat de champignons. lia-
goût , sauce aux champignons. Croûte aux
champignons. Poudrede champignons. Cham -
pignons i^énénctix. L'amadou est fait d'une
espèce de champignon. Les moisissures , les
spumaires , ]ns auriculaires, les vcsseloups
ou lycopcrdons , les truffes, les sphcroboles,
appartiennent à la famille des champi-
gnons. (Ce mot vient du latin campi pi-
gnus.) Dans le langage des fleurs, le cham-
pignon exprime le soupçon.
9. — CHARACÉES , ou CHARAGNES ( en
latin r/((ïr(i^«n?). Famille de plantes séparée
des na'iades par Richard, f?! compte qua-
torze espèces de charas ou charagnes, toutes
croissant au milieu des eaux , et ayant dc.<i
l'iimeaux verlicillés, articulés, et dentés dans
leurs (irliculiilions. La |)liis commune est
<;oo
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
In c/i(/rrt.!,'nc/î;<iV/f, appelée aussi liislre d'eau,
girandole d'eau , d'une odeur très-felide ,
analogue à celle du Ibie de soui're.
86. — CBICORACÉJGS , on STNANTHS-
RÉES, SEMI - FLOSCULEnSES (en latin
cliicoracciF, syunnlliercœ , semi flosculosœ ),
I''amill«^ de jilanles laiteuses et à fleurs
composées, dont la chicorée est un des
fleures les plus remarquables. Les laitues
iippartieiwenf à la famille des cincoracces.
Le pissenlit, ta scorsonère , sont des chicora-
cées, des plantes chiv.oracécs. Celte famille
J'enferme un grand nombre de genres, dont
voici les noms en lalin eten français. -La»i-
psana (la lam|)sane), rliagadiolus (le rhaga •
diol), prcnanthes ( leprenantbe), chondrilla
(la ehondrilie) , lacliica (la laitue), sonchus
(le lailcron ) , '/i(erac(//m (l'épervière) ,
ci-epis (la crépide) , </re/?an(a (ladrépa-
ne), hyoseris (la dormeuse), zacintha (la
zacintheoulamp-sanede Zantbe) , faraxa-
cum ( le pissenlit), apargia ( l'apargie),^!-
crls (lapicride), lielmintia ( l'helmintie ) ,
scorzoncra ( la scorzonère ), tragopogon (le
salsifis) , urpspcrmum (l'urosperme ), gero-
pogon (le géropogon), hypocliœris ( la por-
celle ),seriola ( la sériole) , andryala (l'an-
<^tyA\e),ca^ananclte (la catananclie , ouca-
tanance ou cupidone), c/i«corea (la chico-
rée ) , scolymus ( le scolyme ) (1). Dans la
langue des fleurs ,c/M'corée signifie frugalité;
laitue, refroidissement, o Le pissenlit est
l'oracle des champs. Portez vos pas dans la
])laine, sur la pente des collines, ou sur le
haut des montagnes ; regardez à vos pieds,
vous ne tarderez pas à y découvrir des ro-
saces de verdure toutes couvertes de fleurs
dorées, ou de sphères légères et transpa-
rentes. Déjà vous reconnaissez cet ami de
votre enfance; c'est le pissenlit ; c'est l'o
racle des champs. Partout on peut le con-
sulter. Les pissenlits sont généralement
répandus sur le globe. On les trouve dans
les quatie parties du monde , sous le pùle
et sons l'éqnateur, au bord des eaux et
sur les rochers arides. Partout ils se pré-
sentent à la main qui veut les cueillir , on
ti l'œil qui veut les consulter. Leurs fleurs,
qui se ferment et qui s'ouvrent à cer-
taines heures, servent d'horloge au berger
solitaire, et ses houppes emplumées lui
prédisent le calme ou l'orage :
u II m au stin des lli'ura, il toit sur leur ftuillogr.
Lis desseins de l'autan , rapproche de l'orage.
«,Mais ses boules légères servent encore
h de plus doux usages. Vit-on loin de l'ob-
jet de sa tendresse, on détache avec pré-
cantion une de ces petites sphères transpa-
rentes; on charge chacun des petits volants
qui la composent d'une tendre pensée ,
puis on se tourne vers les lieux habités par
la bien-aimée , on souffle , et tous ces pe-
tits voyageurs, messagers fidèles , portent
à ses pieds vos secrets hommages. Désire-
t-on savoir si cet objet si cher s'occupe de
nous , comme nous nous occupons de lui»
on souflle encore ; et s'il reste une ai-
grette , c'est la preuve qu'il ne nous ou-
blie pas. Mais , cette seconde épreuve , il
faut la faire avec précaution. On doit st)uf-
iler bien doucement , car à aucun âge,
pas même à l'âge brillant des amours , il
ne faut sonfller trop fort sur les douces
illusions qui embellissent la vie. »
( AiMii Martin. )
77.— CHLÉNIACÉES, OU CHLÉNACÉES,
Famille de plantes proposées par Aubert
du Petit-Thouars , et offrant de l'analogie
avec les ébénacées deJussieuet les s<yrac(-
nées de Richard. Les chlénacées renferment
quatre genres peu connus. \ o"^. Tiliacébs.
126.— CISTÉES, ou CISTIMÉES, CISTES,
CISTOÏOES ( en latin cisti , cisfoïdrœ , du
grec histè , corbeille ) , Herbes , sous-ar-
brisseaux, et arbrisseaux, à feuilles le plus
souvent opposées , à fleurs en épi ou en
corymbe ombelle. Elle ne renferme que les
genres ciste, Itc liant hcme, et hudsone. Plu-
sieurs espèces de c(i<Éi produisent la gom me
odorante connue en médecine sous le nom
de ladanum ou laudanum, h'héliantlième
commun , vulgairement appelé herbe d'or,
croît sur les coteaux secs , les lisières
des bois , et porte des fleurs d'un beau
jaune d'or, h'ionidium ou ionidier a beau-
coup d'alBnité avec les cistées. Les racines
de plusieurs (;spéces d'ionidieis sont émé-
tiquts et purgatives ; celle de Vipccacuanha
surtout est fréquemment employée en mé-
decine comme émétique, purgative, anli-
dysentérique.
27. — COrCHICÉES, ou COLCHICACÊES
(en latin colchiceœ , co/c/iicaccaj, du grec
kolchis , colchide ), Plantes herbacées aux
racines fibreuses ou tubérifères, à tigesim-
(i) On est pnc dn remarquer comme ces exemples contiiment le iniiicipe sur le <[i!cl rsl toriiè
iii^lie Méthode (lu Genre. Voyez page 162.
SIGNES DIVERS
pie et rameuse, aux feuilles alternes. Cette
tamille a été créée par Mirbel , qui l'avait
nommée mcrendérées . Le nom de colrhlca-
cées est dû à Candolle, et celui de mclan-
ihiacces à Brown. Genres : hclonias , vérâ-
tre (vératruni) ou ellébore blanc , colchi-
que, mérendcre ., bulbocodlon ou bulbocode ,
mélantbc, crilUrone. Le colchique d'autom-
ne, appelé vulgairement veilleuse, rieitlotte,
xafran bâtard, tue-chien, se trouve dans les
prairies de presque toute la France , et
donne en septembre de quatre à douze
fleurs d'un lose purpurin. La bulbe de cette
plante , presque entièrement composée
d'amidon, contient cependant un suc acre
et vénéneux. Mélanthe à épi. MélantUc à fcu-
illesdejonc. Danslalangue desfleurs, ïecol-
chique (i) aigniric Mes beauxjours sonlpassés.
23. — COMMÉLIMÉES ( en lalin comme-
lineœ , du nom des botanistes hollandais
Jean et Gaspard Commelyn ) , Famille
créée par Browu, plantes vivaces ou an-
nuelles , à racines fibreuses ou formées de
tubercules charnus; à feuilles alternes,
engainantes. Genres : éphémérinc, comme-
linc,campcUc, G\.c. Les fleurs descommé-
lines sont d'un bleu agréable.
165. — CONIFÈRES (en latin coniferœ ,
de conus , cône , et fera , je porte ; porte-
cones ) , Fiantes ligneuses, ordinairement
résineuses, à tiges frutescentes ou arbo-
rescentes, feuilles simples, opposées,
verticillées ou fasciculées , souvent acé-
leuses. \j'if, le genévrier, le cyprès, le
thuya, le pin, le pinpinier , le sapin , le
mélèze, appai tiennent à la famille des co-
nifères. On les nomme aussi slrobilifcres et
arbres verts. \ oyez la Méthode du Genbe ,
pages 28l-29li. Dans la langue des fleurs,
l'if exprime la tristesse ; le cyprès, le deuil;
le mélèze ainsi que le pin, l'audace, la
hardiesse; le sapin , l'élévation. Genévrier
signifie asile, secours.
Connaissez-vous la blanche tombe ,
Où flotte avec un son plaintif
L'ombre d'un if?
Sui l'if une pâle colombe ,
Triste et seule, au soleil couchant,
Chante sou chant. ( Tuéopuile Gactifï.)
69.— CONVOLVULACÉES, Ou LISERONS
(en latiu conrotvuluceœ , coni olvuli ,^ de
convohere, contourner), Plantes herba-
cées ou frutescentes, à tiges souvent sar-
mcnteuses, volubiles , et grimpantes; à
feuilles alternes , entières ou découpées.
Genres: convulvulus ou liseron, ipomée,
(i) On devrait ccriic rolc/iir , comme punir.
BOTANIQUE. (W)"
cuscute, liseroUe , etc. Les racines de plu-
sieurs espèces de liserons, par exemple
celles da jalap , de la scammonée , du tur-
biih , du méchoacan, de la soldanelle, sont
employées comme purgatives. La plante
appelée patate douce , patate sucrée, patate
de Malaga , est un liseron, h'ipomée qua~
moclit, originaire de l'Inde et de l'Amé-
rique, est annuelle et produit des fleurs
rouges nommées fleurs de cardinal. L'ipo-
mée écarlale ou jasmin rouge de l'Inde si-
gnifie Je m'attache à vous. La cuscute est
une plante parasite à tiges déliées et rou-
geàtres qui est dépourvue de feuilles , et
qui s'attache principalement aujtrèlle , à
la luzerne, au thym. La cuscute se nomme
vulgairement barbe-de-moine. La cuscute est
l'emblème de la bassesse.
88. — CORYMBIFÉRES , OU RADIÉES
(en latin corymbiferœ, rat/ta^œ ), Plantes
ordinairement herbacées, à feuilles le plus
souvent alternes. Les fleurs sont termina-
les , disposées en corymhe. Le fruit est
une graine nue ou aigrettée , placée sur le
réceptacle nu ou garni de poils ou de pa-
illettes. Les corymbifères comprennent un
très-grand nombre de genres.
Cutula, la cotul
Beliii, la pâquerette
Matricaria, la matricaire.
Chnsanthemum , le chrysan-
thème.
Calendiila, le souci.
Matlia, la madie.
Ûileospermum , l'ostéosper-
ililieria, la millerie.
Eriaccphalus , l'ériocéphale.
Jletetua, l'hélénie.
Peclis, le pectis.
Tagetes , le taget ou œillet
d'Inde.
Bœbera, la bœbère.
Helerosperma , l'hétérosper-
Boronicum, le doronic.
Arnica, l'arnique.
Gorteriti, la gortère.
Grîndctia, la grindélie.
Inuta , l'inule.
Krigeron, l'erigeron.
Boltonia, la boltone.
JsUr, l'aster.
Sulidago, la verge d'or.
Cinel^ria, la cinéraire.
Seniro, le séneçon.
Othot\a, l'othone ou spatule.
Anlht
Partlienia , la partliénie.
Buphlhalmum, le buphtalnio
ou œil-de-bœuf,
Sigeibeckla , le sigesbcck.
Ectipta, l'éclipte.
Battimora, la baltimore.
D^sûdiunt , le dysode.
Alcina, l'alcinc.
Dahlia, ie dahlia.
Melampodium,\e mélampode
Poljmnia, la polyuinie.
Encetia, l'encêlie.
Ximenesia, la xiniénèse.
Srterocarpus, le sclérocarpe.
Sitphium, le silphion.
Coreopsis , le coréope ou la
coéropside.
CosîHOs, le cosmos.
Kudbeckia, le rudbeck, ou la
rudbeckie.
Sanvilalia, la sanvitalie.
Uelianthus, l'hélianthe.
Gatardia, la galardienne,
Balhtsiti, la balbisie.
Galinsoga , le galinsoga.
Amellus, la marguerite des
prés.
Zinnia, le zinnia.
Veihesinn, la terbésino.
Biden», le bideiit.
l'anthùmide ou JApi/unlAuj, le spilanlhe,
camomille \Agrypl,,llan,. l'agriphjlle.
Achillea, l'acliillca. lArclolia. Tarctotidc.
h'achillèe est ainsi nommée du nom d'A -
chille , disciple de Cbiron, qui s'en servit
le premier pour guérir les blessures. La
millefeuille est une espèce d'achillée. L'a-
(;08
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
chillée est un emblème de guerre. L'aster si;
nomme encore vuigairemcnt œil-dc-christ
ou (pil-dc-perdrix. L'ostcr à /grandes fleurs,
owreine-margucrilc , f,\^n\f\ii arrière- pensée;
\Amargtieritc des prés , J'y songerai ; la petite
marguerite duub/e. Je partage nos sentiments,
h^i petite marguerite est remblèiiie de Vin-
nocence. h'Iièlénie vous dit : J'ai pleuré.
Le souci exjjiime le chagrin. Le souci et le
cyprès, réunis, expriment le désespoir.
« Proserpine rueillait , dit-on , des soucis
au pied de l'Etna, lorsque le monarque
des enfers, épris de ses charmes, l'enleva
et la conduisit dans son noir séjour.»
. . . Semblable au métal que sa couleur rappelle ,
Sa fleur n^a comme lui qu^un éclat imposteur ;
Elle infecte la main qui \eut s'emparer d'elle ,
Ainsi que l'or corrompt le cœur.
( Constant Dodos. )
« On a faituneremarque curieuse sur le
souci: dans le fort de l'été, une demi heure
après le coucher du soleil, si l'atinosphèie
est pure , la fleur du souci lance des élin-
celles et des éclairs. Ce phénomène
tient vrai-semblablement à l'électiicité. «
139.— caassuxAcÉES, ou crassui.ées
(en latin crassulaceœ , crassula',) , Plantes
herbacées , très-rarement frutescentes ;
aux tiges succulentes ; aux lèuilles éjiaisses,
charnues, opposées ou allernes; aux fleurs
alternes, ou en épi, en corymbc, en C3nie.
Le fruit est une capsule à une loge polys-
perme. Cette famille, la méuie que celle
des jocB ABBES OU succuMiiNTEs de Jussieu et
des scmpervirèes de plusieurs au très auteurs,
renferme les genres tillée (tilla'a), bulliardc
buWiarda), crassule (crassula), colylet (co-
tylédon), kakinchèc ( kalancluxa) , orpin
(sedum), Joubardc (seuipervivum ) , rlw-
diole ( rhodiola ) , /JC7i</it)rc (penlhoruna).
Les crassulcs sont originaires des régions
équatorialcs. La crassulc éclatante et la
crassule rougcâtre sont les seules qu'on
trouve en Europe. On leur donne le nom
de plantes grasses. La crassule éclatante
est un arbuste d'un mètre et demi, dont
la tige se divise en rameaux rougeèUres,
garnis de feuilles ovales, opposées en croix,
et dont les fleurs., disposées en ombelle.
Joignent à une couleur rouge magnifique un
parfum très-agréable. La crassule rougeâlrc
a une tige basse, velue, et des fleurs blanches
traversées par une ligne purpurine. Les ha-
lanchées diffèrent peu des eotylets. Kalanchee
d'Egypte. Kalanchee en spatule. Le genre
joubarbe comprend une trentaine d'espè-
ces. La joubarbe des toits ou artichaut sau-
vage, qui croît sur les chaumières cl les
vieux murs, est souvent employée en mé-
decine. On connaît près de cent espèces
d'orpi/is, dont prèsde trente appartiennent
à la France. Les plus connues sont l'orpin
reprise, vulgairement grassette, joubarbe
des vignes , herbe aux coupures, herbe aux
charpentiers, dont les racines luheiciileuses,
et les feuilles nombreuses ont été regar-
dées comme astringentes , rafraîchissantes
et surtout vulnéraires , et Vorpin à fleurs
blanches, vulgairement trir/uc-madame, ver-
miculaire , petite joubarbe , qui passe de
même pour astringente et rafraîchissante.
100. — CRUCIFÈRES, OU CRUCIÉES,
CRUCIFORMES (en latin crueifercr). Plan-
tes herbacées, aux feuilles alternes, aux
fleurs en capsule , en panicule , ou en épi.
Le fruit est tantôt allongé, comprimé, cy-
lindrique (1) ou quadrangulaire (silique),
tantôt moins long que large et globuleux
{silicule ). Ou connaît près de cent genres
de plantes crucifères , qui toutes renfer-
ment dans leurs diverses parties une huile
volatile, acre, irritante, et sont douées de
piopi iétés antiscorbutiques. Quelques unes
renferment des fluides mucilagineux et
sucrés , et sont alimentaires.
Les genres les plus connus de cette famille sont: le rai-
fort (raplianus) , le sénevé ou moulmde (sinapis) , le chou
[brassica), la tourrette {tuvr\l'\s], Varabelte (arabis), lay«-
tienne (licsperis), Vhéliophile ( beliophila), le cresson (si.
symbrium), la rardamlne (cardamiiie), la dentaire (denta-
ria ), la rtcotie ( ricotia ) , la lunaire ( lunaria ), la ctypénle
(olj-pcoia;, \a peltairc (poltaria), Valysse ou corhcilte rf'or
(alyssuni), la subulaire (subularia), la drabe (draba) , le co-
chtearia (cocblearia), Je coronope ou rorne-t/e-rer/ fcorono-
pus), \3 séncbilire (senebiera), rtWriVa ('iberis), le ihlaspi
(llilaspi), le Icpidier (lepidium), \agérose ou rose de Jéricho
(nnastalica), le relia (uellal, le myagron ( myagruin ), la
buniade (bunias), Vérucage (erurago), le cakilé (cakile),
le crambé ou chou jnarin (crambej, lu guede ou pastel [ isa-
tis ) , etc.
lîaifort sauvage. Le raifort sauvage est
extrêmement commun dans les champs de
blé , d'orge , et d'avoine, lîaifort noir. Le
raifort noir se mange connue condiment.
Raifort cultivé. Les variétés du raifort cul-
tivé s'appélcnt lîadis lorsqu'elles sont longues,
lùives lorsqu'elles sont rondes, et gardent le
nom de Raiforts lorsqu'elles .wnt grosses. Il
y a la moutarde noire ou sénevé noir , et la
moutarde blanche ou sénevé blanc. La inou-
tarde s'emploie à l'extérieur comme stimu-
lant et rubéfiant. On j)eut ranger les variétés
^.•) Reniarqiirz que, s'il n'y a pointilc virgule .ipiès cjUndriquc , cest que ralUnnalivf n'existe
que pour «et adjectif et le suivant.
SIGNES DIVERS, BOTAiMQUE.
de choux sous sep traces principales -Aechoit
colza ou chou oléifère, le chou vert ou sans léic
(appelé ainsi à cause de la couleur glauque
deson feuillage, et an quelon donne aussi le
nom da chou frisé, quand ses feuilles à lobes
nombreux sont déchiquetées en nombreu-
ses lanières) , le chou cabas , it; chou/leur ,
le chourave, le chounavet, le chou roquclle,
et le chou brocoli. La naveilc est une variété
de navet, — Julienne desjardins. — La roquette
sauvage est une espèce du genre sisvnibre.
Le cresson de fontaine ou nasitort o/ficinal,
appartient au genre sisymbre , et s'em-
ploie comme antiscorbutique. La carda-
7nine des prés, ou cresson élégant, se njange
en salade. — Les dentaires sont carminalivr.s
et vulnéraires. — Lunaire vivace. Lunaire bis-
annuelle. La lunaire vivace a des fleurs
très-grandes , légèrement velues, acuminées
et dentées en scie, des fleurs d'un rose clair,
quelquefois même d'un pourpre assez vif , et
exhalant une odeur suave. La lunaire bisan-
nuelle n'a pas d'odeur , et ses fleurs sont de
couleur violette. — Les alysses sont remarqua-
bles par leurs fleurs 7iombreuses d'un jaune
d'or, d'un aspect très-a^rèable. h'alyssc
jaune et l'alysse sinuée sont surtout recher-
chées, h'alysse des Pyrénées est un arbris-
seau propre à former de beaux buissons.
heseoehléarias , appelés vulgairement cran-
sons, ont des flt;urs ordinairement blan-
ches , rangées en grappes terminales — et
poi'tées par des pédicules filiformes. L'es-
pèce la plus connue est lecochléaria de Bre-
tagne, appelé aussi cran de Bretagne, rai-
fort sauvasse , et herbe aux cuillers. Le co-
chlèaria de Bretagne est un puissa7j( anti-
scorbutique. La racine râpée du cochléaria de
Bretagne se mange avec le bœuf en guise de
moutarde. — Parwiles lépidiers, les espèces
les plus connues sont la passeragcet le 7ta-
sitort, ou cresson alénois. Grande passerage.
Petite passerage. Son nom lui vient de ce
qu'on lui attribuait jadis la faculté de guérir
la rage. — La rosede Jéricho a la propriété de
se dilater et de s'étendre quand l'air est
humide et de se resserrer quand il est sec. —
On retire du pastel ou guède une assez belle
teinture bleue , qui remplace l'indigo pour
quelques usages. — La giroflée a|>parlient
aussi a la famille des crucifères. Un bou-
quet de giroflée. Vu beau pied de giroflée.
Fleur de giroflée, ou simplement, giroflée.
Giroflée blanche, rouge, violette, jaune,
panachée. Giroflée double, simple. Les giro-
flées s'appèlent aussi viollcrs, L'Académie
60î>
ne nomme de ce dernier nom que la gi-
roflée jaune. La giroflée rouge exprime
le dépit , la giroflée jaune la préférence;
la giroflée hlanche nous peint la simplicilé.
Charlemagne aimait beaucoup les giro-
flées. Au temps des Croisades nos guer-
riers en apportèrent de l'Egypte et de la
Syrie. — L'ibéride de Perse ou thlaspi vivace
est le symbole de l'indifTérence.
De CandoUe di\ise celte nombreuse famille en cinq
ordres, qui se subdivisent en vingt-une tribus.
I. OcciFKiiES PLErRORiiiztES (du ^rvc pleura , côté, et
r/iiza, ncinc). Cotyliidons accombanis. Cet ordre renferme
sept tribus: les imBiDÉEs, les iitssixées, les thl4spidébs,
les ECCLIUÉES, les iSiSTlTICÉlS, les CIKILIXÉES.
II. C.KBCiptBÉs ivoTHoniziiEs (du grec mi(o» , dos, et rAi-
10 ). Cotylédons filanes et incombanis. Cet ordre renferme
cinq tribus : les siSïjiBniÉKS, les CAMÉLINÉES, les lépidi-
NÉES, les ISATIDÉES , les ANr.nCNIÉES.
III. CmiiFÈiiES ORiHopLiciES f du grec ortkos , droit).
^oljUilons incombanis et rondoubUs. Cet ordre contient
cinq tribus: les bkissicées, les pstchinées, les tellées,
les ZILLÉES, les RAPUAXteS.
IV. CnccifiinEs spinoLonÉES (du grec spcira , tour, et
lobos , gousse. ) Cotylédons incombants roules en spirale. Cet
ordre renferme deux tribus : lesBCMjDÉES etles éhcca-
RIKES.
V. CBUCiFÈnES DIPLÉCOLOBBFS ( du grec dis, deux fois,
plékein, nouer, et lobos). Cotylédons linéaires repliés deux
fais transversalement. Cet ordre renferme trois tribus :
les UÉUOPUILEES, les iCOUHnithS, les BRACinCABPtES.
157.— CUCURBITACÉES (en latin cucur-
bilaceœ) , Plantes herbacées , à tiges mu-
nies de vrilles axillaires , grimpantes ou
couchées, ordinairement hérissées, comme
les feuilles, de poils rudes et courts; à
feuilles alternes, simples, toujours pétio-
lées. Les fleurs sont ordinairement monoï-
ques , quelquefois dioïques, rarement her-
maphrodites. Le fruit est une baie charnue,
de forme et de grosseur très-variables , à
écorce solide. Genres : gronove (gronovia),
sicyos, bryone {bryoaia) , momordique :,T]^o-
mordica) , concombre ( cucumis ) , courge
( cucurbita), et «w^/z/nc ( trichosanthes ;
fleur chevelue], ^•Bryone commune'pn couleu-
vrée, vulgairement l'i^-we t;ierg^c. Sa racine,
appelée navet du diable, est vénéneuse.
Lavée et cuite, elle devient un bon ali-
ment. Il y a les concombres proprement
dits, les melons, et les dudaims. Parmi les
premiers est le concombre cominiiji, qui,
cueilli vert et confit dans le vinaigre, s'ap-
pèle cornichon. Une autre espèce de con-
combre est la coloquinte. Amer comme co-
loquinte. On compte plus de soixante va-
riétés de melons. On les a divisés en cinq
classes: melons proprement dits, melons
cantaloups (dont le nom vient de Cantalupo,
village près de Rome), sucions à chair verte,
mctomù chair blanche, melons d'eau on pastè-
6J0
CLEr DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
ijucs. Les pastèques appartiennent an genre
courge. Le genre courge se divise en deux
sections: celle des pépons, qui «'omprend
le pépon , le potiron, la mclonncc , et la
pastèque ; et celle des coubges proprement
dites, qui comprend la calebasse et ses va-
riétés. Le i;irautnont ou citrouille , au fruit
très-oTos, est ime variété du pépon. Po-
tiron jaune. Potiron vert. Ilya trois variétés
de calebasses : la cougourde, qui affecte la
forme d'une bouteille étranglée, la f^ourde,
et la trompette. Les graines de melons , de
concombres, de courges, et de pastèques,
forment ce que l'on appelé les quatre se-
mences froides majeures. On en prépare
des émulsions rafraîchissantes.
138. CUNONIACÉES (en latin cunonia-
ceœ ) , Famille de plantes séparée par
Brown des saxifragées, et qui a pour type
le genre cunone ( cunonia ). Les autres
genres de cette famille sont Vhydrangce,
le codia , le catlicoma , Vitèa.
If,^. CYCAOÉES, Famille voisine des
conifères. Genres : cycas, zamia. Les cycas
sont des arbres qui croissent dans l'Asie mé-
ridionale. Les Japonais tirent du cycas ro«/c
un sagou estimé.
17.— CYPÉRACÉES, CYPÉROÏDES, SOU-
CHETS (en latin cy/Jcrflccœ, cypcroïdcœ) ,
Famille de plantes, voisine des graminées
et des joncées, croissant en général dans
les lieux humides, sur le bord des ruis-
seaux et des étangs. La tige est un chaume
cylindrique ou triangulaire, munie ou dé-
pourvue de nœuds, avec des feuilles cauli-
nairesou radicales. Les fleurs pendent en
épis ovoïdes, globuleux ou cylindriques.
Chaque fleur est formée d'une écaille ou
paillette tenant lieu de calice , de trois
étamines, et d'un ovaire supérieur simple,
surmonté d'un style terminé par deux ou
trois stigmates. M. Kunlh forme quatre
tribus dans cette famille.— I. Scirpkes.
Fleurs hermaphrodites ; écailles imbri-
quées en tout sens. Genres : scirpe (scirpus),
linaigrette { ev'io^hovnm ) , etc.— II. Gypé-
BÉEs. Fleurs hermaphrodites; écailles dis-
tiques. Genres: marisque ( mariscus), sou-
chet (cy perus) ,]clioin (sch wnus) . — 1 1 1 . G * b i-
CKES. Fleurs uni-sexuelles ; écailles imbri-
quées en tout sens ; fruit renfermé dans une
utricule. Genres: laiche (carex) , uncinée
(uncinia) , etc. — IV. Scléeinkes. Fleurs
diclines: fruit osseux. Genres : scierie (scle-
ria ) , diplacrc ( diplacrum). Les laiches for-
ment un très-mauvais fourrage pour les bes-
tiaux dont elles ensanglantent la bouche arec
les bords coupants de leurs fouilles. Les ra-
cines de quelques espèces de carex passent
pour sudorifiques. Les longues soies qui en-
vironnent les graines des criophores servent
pans quelques pays à faire des matelas. Le
papyrus d'Egypte est une espèce de sou-
chet.
87. — CYNAROCEFHAI.es , mieux ci -
naro- , de klnara, artichaut ; FtOSCOlEU-
SES, SYNANTHÉRÉES, carduacées (en
latin cinaroceplialœ , flosculosœ , synanthe-
reœ) , Plantes herbacées ou ligneuses à
feuilles alternes ou opposées, à fleurs com-
posées , et chez qui les étamines se mon-
trent réunies en un seul corps par les an-
thères. Gette famille renferme sept cent
dix-neuf genres, qu'on a distribués ainsi
qu'il suit. — I. Chardon [ carduus ) , cni-
quc ( cnica ) , onoporde (onopordum [1],
berarde ( berardia ) , artichaut (cinara) ,
leuzce (leuzea ), carline (carlina) , atrac-
lylide { atractylis ) , carthame (carthamus) ,
bardane ( arctium ) , sléhéline ( slaeheli-
na ), sarretle ou serratule ( serratula ). —
II. Centaurée (centaurea), zoège. (zoega) —
III. Elèphanlope ( efephantopus , sphé-
rantha ou boulette ( sphseranthus ) , nauen-
burgie ( naucnburgia 'i , echinops, etc. —
IV. Balsamite (balsamita), flaveric (fla-
veria ) , c</iH/(e ( ethulia ) , h utnée ou ca-
loméric {hutncea). — V. Hippie (hippia),
Gymnostyle ( gymnostyles ) , tanaisie (tSi-
nacetam) , carpèsie (carpesia), grangée
(grangea), armoise ou artémise (artemî-
sia), micrope (micropus). — VI. Filage
ffilago), xcranthème ( xeranthemum , du
grec xêros, sec, et anthos, fleur), hélichrysc
( hélichrysuni ) , gnaplialc ( gnaphalium) ,
conise (conisa), tussilage (tussilage). —
VII. Cacalic (cacalia) , chrysncome (chryso-
coma), vcrnonie ( vernonia ), eupaloire
( eupatoriiim ), stcvie ( stevia ) , hulinie
(kuhnia ) , piquerie ( piqueria ) , agérate
( ageratuml , céphalophorc (cephalophora).
— VIII. Calca , tarconanthe ( tarconan-
thus), athatiasie {atbanasia), santoline(san-
tolina), anacycle (anacyclus). Ce dernier
(l) Rappelons ce (jue nous avons dit dans notre Méthode du Genre, que les noms qui de'nvcnt
immc'dialement de noms masculins ou neutres en latin, sont masculins en français. C'est donc à
tort que Laveaux fait onoporde du féminin.
SIGiNES DIVERS
genre est très-voisin des cotules qui appar
tiennent à la famille des coiymbii'èies. On
nomme vulgairement chardon des prés , la
cnique ; chardon acanthe , chardon aux
ânes, pet d'âne ou pédanc, t'onoporde; char-
don bénit, la centaurée chausse- trapc ;
chardon bctiit des Parisiens , le carihame
laineux ; chardon doré , la centaurée sotsti-
ciale; chardon laiteux, la centaurée galac-
tite; chardon prisonnier, le carthame à ro-
seau ; chardon écliinope ou boulette, l'echi-
nops ; chardon-Marie, chardon Notre-Dame,
chardon argenté, chardon lacté, chardon ta-
ché, l'espèce la plus commune du genre
chardon. — • h'artichaut d'hiver est le topi-
nambour, qui appartient au genre hélian-
the , dans la famille des corymbii'ères. —
Sarrette des teinturiers. Sarretle des champs
ou chardon héniorrhoïdal.- Grande centaurée.
Petite centaurée. Quelques centaurées sont
toniques et sudorifiques. — La balsamite odori-
férante, appelée aussi menthe de coq, herbe
au coq , grand baume, croît naturellement
dans le midi de la France. — La tanaisie
comtnune est très-puissante contre les vers,
les maladies de la peau, les rhumatismes
chroniques, etc. — ha. citronellc, Vabsinlhe,
sont des armoises. L'absinthe croît dans le
midi de l'Europe, et contient des sucs
amers. On en fait une liqueur très-connue
parmi nous. L'i/nwor/c//cyaHncestlamt'me
que l'helichryse. h'immortellecst la fleur de
l'amitié et le symbole du génie. — La tussilage
s'appèle vulgairement pas d'âne ou herbe
aux teigneux. — Cacaliealpinc. Cacalie péta-
site, Cacalicà feuilles blanches. Cacalie sarra-
sine. — L'cupatoire aya pana, qui cioît au
Brésil, est alexipharmaqueet sudorifique.-
L'eupatoire d' Aiicenne pousse dans les lieux
humides de l'Europe, le long des fossés, des
routes, et des bois. — Santollnc d'Egypte.
Santoline citronelle. SantoUnc du Chili.
DICLINES ( du gr(!c dis, deux, et kliné ,
lit), dont les organes sexuels ne sont pas
dans la même fleur.
DYCOTYLÉDONES ( du grec dis, et hotu-
lédon, lobe) , A deux lobes.
118. — DILLCNIACÉES (en latin dille-
niaccœ) , Famille formée aux dépens des
magnoliacées et des rosacées , ne compre-
nant que des arbres et des arbrisseaux. On
les divise en deux tribus : les dilléisiées et
lesDÉLiM.vcÉES. Dans les premières, les an-
thères sont très-allongées et les filets non
élargis; dans les secondes, les filaments
des éliimincs sont dilatés à leur somniel ,
BOTANIQUE, 6 H
et portent desanlhères arrondies. Genres:
dillénia , tétraccra , davilia, etc. hes ditlé-
nias sont propres à l'Asie méridionale. Le
dillénia élégant porte une baie très-acide,
que les Javanais font confire et dont ils
tirent un sirop très-agréable.
32. — DIOSCORÉES , Famille séparée
par Brown des Asparaginées. Il y place
les genres qui, avec un ovaire infère, ont
des fleurs dioïques, et pour fruit une cap-
sule. Richard y a compris les fleurs à ovaire
infère, hermaphrodites ou uni -sexuées,
au fruit sec ou charnu.
129. — DIOSMÉES , Plantes herbacées
ou ligneuses , formée aux dépens des ru-
lacées. Genres: diosma , dictamne , etc.
Les diosmas , originaires du Cap, sont des
arbustes élégants, au feuillage toujours vert
et aux fleurs blanches ou rosées, solitaires
ou en corymbes , exhalant une odeur suave.
On connaît quatrevingis espèces de diosmas.
Un grand nombre de diosmas sont cultivés
dans nos jardins ; ils demandent tous la
terre de bruyère. Le dictamne blanc, appelé
aussi fraxinclle , répand une odeur forte,
résineuse , et pénétrante.
90. — DIFSACÉES (en latin dipsaceoe),
Herbes annuelles ou vivaces, à feuilles op-
posées, simples ou divisées; à fleurs ter-
minales , ordinairement agrégées, portées
surun réceptaclecommun garni de poils ou
de paillettes. Le fruit est une capsule mo-
nosperme , ne s'ouvrant pas et ayant l'ap-
parence d'une graine nue. Les marines,
les scabicuses , les cardcres , etc., appar-
tiennent à cette famille. Dans la fabrica-
tion des étoQes , on se sert des têtes de
cardére au chardon à foulon, pour peigner,
tirer, et lisser le poil des draps. Scabieuse
des champs. Scabieuse des bois ou mors du
diable. Scabieuse fleur des veuves. Scabieuse
du Caucase. Scabieuse des Alpes.
76. — ÉBÉNACÉES , ou GUYACANÉES ,
DIOSPYRÉES , PLAQUEMINIERS , Arbres
étrangers à l'Europe , dont le bois noir et
dur est employé par les ébénistes sous le
nom à'ébéne. Les feuilles sont simples et
alternes , les fleurs axillaires. Le fruit est
ordinairement une baie ou une drupe,
quelquefois une capsule , à plusieuis loges
monospermes. Genres : diospyros , ou pla-
queminicr, royénc , alibousicr ou styrax, ha-
Icsier , hopée. Quelques diospyres produisent
des fruits bons à maîiger. C'est le plaque-
minier cbéne qui fournit au commerce le
véritable bois d'ébène. Plaqucminicr faux
^*<- (fF.P 1)K I,\ LAAOUE ET DES SCIENCES
lottt.i. La r«'sine connuç sons le nom de
b<Mijt>ia est tburiiic par VuliboitsleroIJicinal
Elle est solide , brillante , en larnifs ou
en pains; elle brflle en jelant une llanime
très-claire et en répandant une odeur lort
agr(a!)le. Etendue dans de l'eau , elle
forme une liqueur i)lanchâlre a{)jj(^lee lait
riri^innl, Halésicr à quatre ailes. Halésier à
deux ailes. Le premier vient de la Caro-
line ; le second de la Pcusilvanie.
Du genre styra.i; Richard a lait une fa-
mille sous le non de styracées. — Le styrax
liquide ou d'Amérique est le liquiilambar,
qui appartient à la famille des aiiicntacées.
Û5. — ELÉAGNÉES, OU ELÉA6NOÏDES ,
CHALEFS (en lalin elœagueœ, elœa^iti, du
gvec eleiagtws , voisin de l'olivier). Ar-
bustes à rameaux épineux , garnis de feu-
illes simples, alternes ou opposées, entières
ou dentées; —aux peurs petites, soli-
taires, placées à l'aisselle des feuilles; —
au fruit en forme de noix, monosperme.
Cette famille est divisée en deux sections.
I. ELÉAGNÉES. Cinq ctamints au moins.
_ Genres : thésion (tbesiuni), osjris, Uifpophaes ou argou-
sier, chalefl elœ.ngims ) , npsa. Les deu.T premiers genres
de cette section l'ont maintenant partie de la tribu des
BANTALicÉEsdcBrown, qui est la même que celle des Osj-
ridées de Richard.
II. MYIiOBOLAiVÉES. Ordina-renient dix étamines.
Genres: terminalier, comhrel, cncoucier, sanlal, etc. Cette
section, qui a un trait de parenté très-sensible, d'une part
avec les éléagnies, et de l'autre avec les onagrairet , con-
stitue maintenant la laniille des combretacées^de Bronn.
L'argousier ou argoussier commun pro-
duit des baies acides et astringentes ; il
abonde en Provence, dans le Daiiphiné ,
dans les Alpes, et sur les bords du Rhin. —
Osyris blanc, vulgairement roiivet. Osyris
du Japon. L'osyris blanc a les feuilles li-
néaires. — Les racines du nyssa aquatique
sont légères et poreuses; en Améiique on
les emploie aux mêmes usages que le liège.
La principaleespèce de chalefestcoanne
sous le nom d'olivier de Bohème. — Les tcr-
minaliers ou badamiers sont desarbrisseaux
et des arbres, au port très-élégant, origi-
naires de rinde. Badamicr benjoin. Bada-
mier amande, ou arbre à l'Iunlc , bois à
canots. Badamier i émis ou ignan. Le suc
résineux du badanicr benjoin a passé
long temps pour le benjoin du commerce.
Quand le badamicr txrnis a dix ans , il en
découle une sève laiteuse qui, en épais-
sissant, devient un vernis superbe . dont
on enduit les meubles connus en Europe
sous le nom de laque de Chine; mais il est ex-
trêmement corrosif avant d'être desséché ,
ce qui rend sa récolte très dangereuse. —
Le genre cowirc^ renferme quinze espèces,
lonles exotiques, et dont une seule connue
sous le nom d'aigrette de Madagascar est
cultivé dans les serres en Europe. C'est le
conibrct ccurlale ou chigoivier , aux fleurs
petites, écarlales, nombreuses, et dispo-
sées en grap|)es , — aux fiuits capsulaires
oblongs, renfermant une graine unique ,
— aux feuilles opposées, ovales, un peu
coriaces, entières , et d'un beau vert.
79.— ÉPACRIDÉES , Famille de plantes,
formée par Brown aux dépens desJÉrici-
nées. Genre type : épacridc. Les épacrides,
arbustes de la Nouvelle-Hollande , se font
remarquer par leur port élevé et leurs fleurs
blanches ou rougeâtres , disposées en long
épi. L'épacridc rougeâtre monte à un mètre
vingt-cinq centimélres.
ÉPÎCOROXLIE ( du grec épi , sur, et co-
roi la , corolle) .
ÉPYGINE^ ( du grec épi, sur , et gunê ,
femme), Epithète exprimant l'insertion
d'un organe quelconque de la fleur an
dessus de l'ovaire. Les étamines, dans tes
omhcllifcres, sont épigynes, c'est à dire, in-
sérées sur l'ovaire.
ÉPIPÉTALIE (du grecc/n', sur, et ysc-
talon , pétale ).
ÉFISTAIVIXNIE (du grec épi, sur, et
stamen , étamine ).
10. — ÉQUISÉTACÉES (en latin equise-
taceœ) , Famille de plantes voisine des
fougères, et qui ne se compose que du
genre prcle ( equisetum). On retrouve les
restes fossiles des plantes de cette famille
parmi celles de la première éjiuque. Les
prèles ne se plaisent qu'au bord des eaux ou
au milieu des marais, d'où elles élèvent dans
les airs une tige jistulcuse et articulée qui
ressemble en petit à celle de certaines cruci-
fères. Ce sont les seules cryptogames dans
les quelles on trouve quelque chose qui
ressemble à une fleur. Le nom de prèle
( de l'italien asperella , rude) a été donné
à celte plante à cause des inégalités qui
hérissent sa tige, et paraissent être de pe-
tits grains de sable que la plante ramasse
dans la terre. La prèle d'hiver seit aux
tourneurs et aux menuisiers pour polir leurs
ouvrages.
80. — ÉRICINÉES , ÉRICO'i'DES , ÉRICA-
CÉES , ou BRUYÈRES (en Itiiin ericœ),
Arbrisseaux et arbustes élégants qui déco-
rent la lisière des bois. On divise cette fa-
mille en trois groupes ; les vaccini^bs ,
ayant l'ovaire inlere ; les ébicinéks propre-
SIGNES DIVERS
ment dites, ayant l'ovaire libre et les fleurs
hermaphrodites; et les empétracées , dont
les fleurs sont uni-sexuées et la corolle po-
lypétale. Genres: bruyère (enca), Cyrille (cy-
YiWa) , aridromèile (andromeda) , arbousier
(arbustus), c/é</ire (clelbra), pyro/c (pyrola),
épigce (epigœa), gauUlicrie (gaullhi-ria), nt-
relle ou myrtille (vaccinitim), camarine (ein-
petrum) , etc. Le genre bruyère renferme
pins de quatre cents espèces, toutes recher-
chées des bêtes à laine. Bruyère commune.
Bruyère à balai, h'arbousier se nomme vul-
gairement arbre aux fraises ou fraisier en
arbre, arbousier commun ondes Pyrénées.
En septembre et en février , l'arbousier se
couvre de fleurs blanches ou roses, disposées en
grappes. Du fruit de l'arbousier , semblable
à la fraise des Jardins et très-sacré , on re-
tire de l'eau de vie et de l'alcool. Les feuilles
des arbousiers servent à tanner les cuirs.
L'arbousierse nomme encore nr6ren sucre.
— Le fruit de Vaircllc est une baie noire ou
rouge dont on fait des conGlures, et dont
on retire aussi de l'eau de vie, ainsi qu'ime
liqueur propre à colorer le vin. — hacama-
rine commune se nomme aussi b^ruyère à
fruits 7ioirs.
On a aussi nommé bicornes la famille
des éricinées.
156. — EUPHORBIACÉES, EUPHORBES,
EUPHORBIÉES, TITHYMALES, TITHYMA-
LOïDES (en latin eupliorbiaceœ , euphor-
biœ, tithymalotdcB), Herbes, arbustes, ou
ai'brisseaux,à feuilles alternes, à fleurs axil-
Jaires ou terminales, très-variées dans leur
disposition. Le fruit est une capsule à plu-
sieurs valves, s'ouvrant par une suture lon-
gitudinale. Ce qui caractérise les euphor-
biacées, c'est la présence d'un suc laiteux,
acre et très-vénéneux. Genres: mercuriale
(mercurialis) , euphorbe (euphorbia), /j/iy/-
lanthe (phyllanthus) , kirganelle (kirgane-
lia), acylophylle (xylopliylla) , kiggellaire
( kiggellaria } , c/(//£e ou clutclle (clutia),
èractisse ou andrachné, aginée (agineja),
buis (buxus), pachysandrc ( pachysandra,
sécurinéga , adélie fadelia) , ricin (ricinus'),
médicinicr ou jatropha ^ loureire ou mn-
zinne (loiireira), alevritc (alevriles), cro-
ton, tragie ( tragia) , sabUer ou hura, dnlc-
champie ( didecliami)ia), mancenillier{\\\[i-
pomane ), etc. Mercuriale vivace. Mercuriale
annuelle. La mercuriale annucllecst employée
en médecine comme laxativc. h'euphorbedes
anciens est un arbuste de trois à quatre mè-
tres, à tiges nues, sans feuilles, mais char-
gées d'épines. Elle contient, comme toutes
les espèces tropicales, un suc laiteux, âcrC;
UOTAMQLE. 615
caustique, corrosif, qui se condense en pe-
tits morceaux friables, d'un jaune pâle,
demi-transparents. C'est la gomme résine
d'euphorbe , employée autrefois en méde-
cine, mais usitée maintenant chez les vé-
térinaires seuls , à cause de son énergie.
Le suc des euphorbes d'Europe est moins
énergique et s'emploie comme émétique
et purgatif. — Les myrobolans d'Amérique ,
qu'on emploie comme laxatifs , sont les
fruits d'une espèce de phyllanthe. Le phyl-
lanlhe du Brésil , appelé aussi conami du
Brésil ou bois à enivrer, est un arbrisseau
de soixante-quinze à quatrevingts centi-
mètres de haut. — La Airg^anc/Zc est connue
sous le nom de bois de demoiselle. — Le sécu-
rinéga est un grand arbre de l'Ile-de-France
oii il est connu sous le nom de thèse; son
bois est extrèment dur. — Parmi les ricins,
l'espèce la plus connue est le rif in palma-
christi, arbrisseau à tige crense, originaire
de la Barbarie et de l'Amérique , dont les
graines, semblables au haricot, fournissent
cette huile purgative, tant employée en
médecine sous le nom à'huilcde ricin. —
L'alevrite est un arbre des îles de la mer du
Sud, à feuilles trilobées, alternes, dont les
difl"erentes parties sont comme saupou-
drées de farine. - Croton porte-laque. Crolon
sebiferum ou arbre à suif. Croton porte-en-
cens. Crolon sangui/hium. Crolon iincto-
rium. Voyez la Méthode du Genbe, page
284. Croton tiglium. Li; crolon tiglium, et
surtout ses graines, connues sous les noms
de graines des Moluqucs .. graines de Tilly ,
pignons d'Inde, sont imprégnées d'un prin-
cipe très-âcre. Huile de tiglium, L'écorce
de croton est une succédanée du quin-
quina. La cascarille, qu'on emploie en
pharmacie et en parfumerie , n'est autre
chose que l'écorce d'une espèe de croton,
indigène des îles Bahama. Le genre inc-
rficinicr renferme à peu près vingt-cinq es-
|)èces, parmi les quelles on distingue le,
manioc, le médicinicr catimr tique , le médi-
cinicr brûlant, et le médicinicr acuminé.
Le manioc est un arbrisseau des Antilles.
Ce que cette plante olTie de remarquable,
c'est que son suc est ti'ès vénéneux, et que
cependant sa racine cuite fournit une fé-
cule saine et nourrissante, appelée cipipa,
dont on fait la cassave cilacouac. — heman-
ccnillier croît sur les rivages des Antilles
et de l'Ameiique. Voyez la ftlÉiHODK du
Ge.'sre, page 288.
•J';il lieaii fairr , jr ne peux pas i é>i.«lcr a rcinie Je
(lire toul ce que j'- sai».
:>\.'i
Cl.EU I»E LA I.ANGLE Eï DES SCIENCES.
l/l3.— FIC01DÊE8, FICOÏDES, MÉSEM-
BRYANTHÉMES ilkoulciv). Plantes grasses
et chaiiuies , herbacées ou IVulesceiUes ,
aux feuilles alternes on opposées, — aux
fleurs axillaires ou terminales. Lu fruit est
une capsule ou un(! haie. Génies: rùauntur
(reauniuiia'', nilrairc (nitraria), sésuve (se-
suvium ), gliriosc (glinus), mesembryan-
thèmeon ficoïde ( mesenibryanthemuni ),
telragonc ( tetragonia), etc. Le genre type
est la ficoïde. Ficoïde cristalline ou glaciale.
Ficoïde brillante. Ficoïde comestible.
12. — FLUVIALES ou NAÏADES, Plantes
aquatiques flottantes, ou couchées au fond
des eaux , d'une consistance herbacée ;
aux feuilles transparentes et minces , aux
fleurs monoïques ou hermaphrodites, et à
un ou plusieurs fruits monospeinies. Le
genre type est la naïade. Du genre saurure
on a fait la famille des saururées. Les gen-
res liippuris et callitricltc ont été placés par
M. de Jussieu dans les onagraires, et le cé-
ratophylle dans les sALtcARiÉEs. M. de Can-
dolle à son tour a tiansporté les genres po-
iamogcton, rupia, zanichclia dans les alis-
MACKEs. ISL Richard de son cùté a fait du
genre c/iflrrti;»e le type des characéfs.
8. — FOUGÈRES ou FILICÉES ( filices) ,
Plantes herbacées dont les feuilles sont
grandes et extrêmement découpées , et
qui croissent ordinairement dans les ter-
rains sablonneux. Leur fruit est une cap-
sule très-petite. On ne connaît pas encore
leur mode de fécondation.
M. Bory Saint-Vincent établit cinq tribus dans cette
famille.
POLYPODIACÉES Capsules libres, entourées d'un
anneau élastique, saillant , et se terminant par un pédi-
cellc. Genres : Potjpode (poljpodium), acroslic (acros-
tium), etc. — Glhicuéxikbs. Capsules sessiles, libres, s'ou-
Trant transversalement et entourées d'un anneau large,
aplati. Genres; Gléichcnle ou gldcénie, cératoptcrls. etc.
— OsMtNDACKES. Capsules libres, sessiles, ou légèrement
pédicellées, sans anneau élastique, et s'ouvrant longitu-
dinalement en deuxtalves. Genres : Osmonde (osnnjndaj,
tygodion (lygodiumj. — Marattiées. Capsules réunies,
soudées, sessiles, multiloculaircs, sans anneau élasti-
que. Genres: AToradia, dancea , etc. — Opuioglos-
sÈES. Capsules libres, en partie enfermées dans la
fronde (Ij, sans anneau élastique, et s'ouvrant par une
fente longitudinale. Genres; Botryche ou lunaire [ho^
Irj'cbium; , ophioglosse ( opbidglossa ) , etc.
Le genre polypode comprend plus de
trois cents espèces, dont trois ou quatre
seulement se trouvent en Europe. La plus
commune est celle qui recouvre les murs,
les vieux arbres, etc., et qu'on employait
autrefois en médecine comme vermifuge.
— Le lygodion s'appèle encore hydroglosse et
ranwndie.—h'osntonde roya le a (•Aè employée
contre le rachitisme. — L'opliioglosse vul-
gaire ou languc-deserpcnt est commune en
Europe.-Parmiles/Jo/y/Jorfwcec;, on distin-
gue Vaspidion, appelé ■A\\s,&\néphrodion, cya-
lhèc,aUiyrion,polystic,eï tcclarie. — Ij'asplé-
nie, la cétaracli, Vadiante^ \a scolopendre, ap-
partiennent aussi àla i'aniille des fougères.
Les asplcnies sont originaires de l'Améri-
que. Les plus connues sont la polyfric des
murs humides, aux propriétés pectorales;
et la rhizopiiylle des Etats-Unis. La capil-
laire est une espèce d'adiante. Sirop de
capillaire. La solopendre vulgaire ou offici-
nale, commune dans les lieux humides et
ombragés, entre dans quelques prépara-
tions pharmaceutiques. — Lieu plein de
fou gère. Danser sur la fougère. Sur la verte
fougère. Brûler de la fougère. La cendre de
fougère sert à faire du verre.
99. — FUMARIACÉES OU FUMARIÉES ,
Famille de plantes formée aux dépens des
papavéracées , et dont la fumetcrre est le
type. La fumetcrre est ainsi nommée du
goût acre et amer, comme celui de la suie,
que ses feuilles ou ses tiges mâchées lais-
sent dans la bouche. Fumelerre Jaune. Fu-
metcrre bulbeuse. Fumelerre à grandes feu-
illes. Fumelerre commune ou officinale.
72. — GENTIANÉEES, GENTIANES (gen-
tianes). Plantes herbacées , rarement l'ru-
tescentes , aux feuilles opposées, entières,
et sessiles. Le fruit est une capsule à deux
valves. Genres : gentiane (gcnliana), chlore
(chlora), vitlarsie (villarsia), cliironie (chi-
ronia), sarof/ire (sarolhra), spigèle (spige-
lia), etc. La gentiane jaune on grande gen-
<(a?!eest employée en médecine comme to-
nique et fébrifuge. On nomme gentiantltc
la petite centaurée et la gentiane visqueuse.
Les spigcles sont de très-bons vermifuges.
11/). — GÉRANIACÉES , GÉRANIÉES ,
GÉRANIUMS , 6ÉRANXONS , GÉRAINES ,
GÉRANIOïDES [gcranicce. , geranioideœ) ,
Plantes herbacées ou frutescentes, aux
feuilles stipulées, simples ou composées,
opposées ou alternes , aux /7c«r.'> souvent en
ombelle terminale ou en corymbe. Gen-
res : pclargon ( pelargonium), érodicr (eru-
dium), géranium, ntonsone (monsonia) [2].
— Genresayant de l'afiînitéavec lesgérania-
(1) Nom donne aux feuilles qiti s'élèvent rie la racine ou de la lige de quelquei piaules, cl en
ge'ne'ral aii\ feuilles tiès-gi-andes.
(2) Kemarquons en passant que les terminaisons latines, -nia et -lia se traduisent iiuliire'icm-
nicnl par -nie ou -nc^ lie ou le: Monsonc ou monsonie, spigèle ou spi^èlic, c(c.
SIGNES DrVERS. BOTANIQUE.
613
cées: capucine (tropseoluni), balsamine{im-
patiens), oxallde (oxalis). t'es troisgenres
sont devenus le type de nouvelles familles
sous les noms de teopéglées, balsa minées
et oxALiDÉES. — Il y a plus de deux cents es-
pèces degcraniiansovi ^èranicrs. Gcraniiim
sanguin. Géranium robertin ou licrbcà Ro-
bert. Géranium odorant. — Monsoncclcganle.
Monsono épineuse. — Grande capucine ou
cresson du Pérou, du Mexique. Petite capu-
cine-. Cueillir des fleurs de capucine, des ca-
pucines. Salade de capucines. Câpres capu-
cines, Boutons à fleur de la capucine confits
au vinaigre. Les capucines sont regardées
comute antiscorbutiques. — La balsatnine est
ainsi nommée (du grec ballô, je lance, et
du latin semen, semence) parce que ses
capsules, pour peu qu'on les touche, lan-
cent les graines qu'elles renferment. C'esl
pour la même raison que les botanistes l'ap-
pèlent impatiens. On fait aussi dériver ce
mot du grec balsamon, baume. Balsamine
double. — Oxalide blanche, l/oxalide blan-
che, plus connue sous le nom d'alléluia, de
pain de coucou, d'oseille à trois feuilles, et de
surelledcs bûcherons, se trouve dans les bois
élevés, le long des haies, et sur les monta-
gnes. On en retire le sel d'oseille ou oxa-
tate acide do potasse. — La capucine a pour
emblème, discrétion, et la balsamine , pré-
voyance. On a observé dans la capucine
un phénomène remarquable : après le
coucher du soleil, et le matin avant le le-
ver de cet astre, la capucine lance des
étincelles et des éclairs. Le géranium mus-
qué a pour emblème estime; le rosé, lan-
gueur; le citronné, caprice.
83. — GESSNÉRIACÉES, GESSNÉRIÉES,
Famille de plantes formée aux dépens
des campanulacées , et dont le type est la
gessnérie. Les gessnéries sont remarquables
par leur élégance et la beauté de leurs fleurs.
La gessnérie cotonneuse est originaire de
l'Amérique.
85. — GOODÉNOVIÉES, 600DÉNIACÊES,
GOODÉNIES , Arbres ou arbrisseaux , pro-
pres à î'Océanie, et remarquables par leurs
fleurs élégantes , portées sur de huigs pé-
doncules ou liges. Ces fleurs sont jaunes,
blanches, roses, ou rougeàtrcs. Le l'ruit est
une capsuleà deux loges.V.CAiiPANULAciiEs.
18. — GRAMINÉES (gramineac, de ^'ra-
men , graminis , gazon ), Plantes annuel-
les ou vivaces, à <j|j6 herbacée , cylindri-
que, articulée, souvent fistuleuse , ordi-
nairement simple ; — aux feuilles très-
longues, étroites, alternes, à pétiole en-
gainant ; — aux fleurs le plus souvent her-
maphrodites, quelquefois polygames ou
monoïques, glumacées, paniculées, ou en
épi. Le fruit est une seule graine nue , ou
enveloppée par la bulle persistante, à pé-
ricarpe membraneux, uniloculaire , mo-
nospernie. Genres : cinna ou abola, cryp-
side ou cripsis, corne d'abondance (cornuco-
piœ) , vulpin ou queue-dercnard (alopecu-
rus), phicode ou fléau (phleum), lècrsie (leer-
ûà) , al piste on plialaris, beckmanne (beck-
mannia), paspalon, cynode ou cynodnn, di-
gilaire (digitaria), panis ou panic (pani-
cum), millet (milium), agroslide ou agros-
tis, Irichodion , polypogon, slipe (stipa),
arislide (uristida), cannamelle ou canne à su-
cre ( saccharum) , crianthe (erianthus ), la-
gure (lagurtis) , pénieillaire [penicillaria ),
sorgho (sorghnm), lioulque (holcus), bar-
bon ou andropogon , clitoris , ehondrosion ou
actinoclhoa , trip saq ue {\.r'n^sa.cxim) . trague
(trapus), rflc/e (cenchrus), èchinairc (échi-
naria), œgilops, rollbollie {roX{ho\\in),cata-
brose (catabrosa), wc/ii/^e (melica), molinie
ou énodion, spartina ou trachynole , dactyle
(dactylis), scslére (sesleria), dinébe ( dine-
ba), cyyiosare ou crc/c/Ze (cynosorus) , la-
marckie ou chrysure ( lamarckia ) , kœlère
(koeleria), eleusine (eleusine) , ivraie (lo-
lium), élyme (elymus), asprelle (asprella),
orge (hordeum) , froment (triticum) , seigle
(secale), irome(bromus), fctiiquc Cfcstuca),
danthonia, paturin (poa), brize {briza) ,
«nio/6(uniola),ai;oine(avena). ccannc on ro-
seau (arundo),r/2 (oriza), e/ir/iar^e (ehrhar-
ta ) , nard ( nardus}, sparte (lygeam), maïs
(zea), tarmille (coix), etc.
M. KutiUi divise la famille des graminées en dix tribus.
— «PisifÉEs. Glume uniou biTahe; épillets solitaires ou
réunis; une des deux (leurs stérile nu uni-sexnée ; valves
de la glume membraneuses : valves de la balle cartilagi-
neuses ; deux styles; fleurs disposées en épi ou en pani-
culc. Genres: panicum , digitaria, paspalum , etc. — Sti-
PActES. Epillets uniflores, solitaires; glume membraneuse;
valve inférieure de la balle cartilagineuse , aristée, non
embrassante; deux styles ; fleurs enpanicule. Genres:
Slipa, agrostida, etc. — AortosTiDiKs. Epillets uniflores ou
solitaires; glume et baUe de la même consistance; pa-
illelle inférieure aristée ou mutique; deux styles; flenrs en
panicule. Genres: Phleum, phalaris, agrostis. — Festdci-
CKts. Epillets solitaires, à plusieurs fleurs; Talves delà
glume carénées, souvtnt aristées ; deux styles; fleurs en
panicule. Genres; Fesluca , avena, bromus, arundo , etc.
— CiiLoRioÉES. Epillets solitaires, rarement multiflores,
ayant la fleur terminale avortée et dllforme ; valves ca-
rénées non opposées ; paillette inférieure souvent aristée;
deux styles: fleurs en épi. Genres: cynodon , clibris, etc.
HoHUÉACÈEs. Epillets ré unis ou solilaiies, uniflores ou mul-
tiflores; valves opposées, égales; paillette inférieure aris-
tée; la supérieure bicarénce; deux styles; fleurs en épi.
— Sieciu RISÉES. Axe articulé; épillets unis ou biflores,
l'un sessilc, l'autre pédicellé, «juand ils sont géminés;
paillettes membraneuses non carénées: l'inférieure sou-
vent aristée; deux styles. Genres : sacrlianim, sorglium .
zea, etc. — Onizits. Epillets uniflores, solitaires: pa-
illoVIc inférieure, tartilapim use, caicnée; claniincs son-
ch;
CLEF DE LA L.VNGLE ET DES SCIENCES.
Tciil nu ileaius «le troïB; deux styles; fluurs en épi, ou en
jjiUiicule. Genres : on'io, Icersia , etc. — Oi.YBbEs. Épillcts
iinilloiis, uni-sexués, monoïques ou dioiques; valves de
In fluui- femelle plus minces que les paillettes : un seul
style; fleurs i;n panicule. Geurcs: olyra , ccix etc. —
]<A«iirsicÉES. Epiliets niultiflores; paillette inférieure bi-
carénée; un seul st\le; fleurs paniculées ; chaumes
arborescents. Genres : bambiisia, itasius, etc. o
Panis commun. Partis d'Italie. On nomme
improprement millet, \e pannis commun;
millet des petits oiseaux , le panis d'Italie ;
■millet d'Inde on gros millet, le maïs on blii
de Turquie, blé d'Espagne , blé d'Italie.
Le millet ou mil , aux graines globuleuses
ou ovoïdes , l'orme un genre à part dans
la lamille des graminées. Le millet fournit
un bon fourrage. Le millet cultivé comme
Iburrage est aussi connu sous le nom de
moha. — h'agrostideépi devent se reconnaît
à sa panicule ou épi lâche et découpé, qui
s'agite et se casse au moindre vent. — La
fètuque coquiole ou ovine habite les lieux
arides et s'élève à seize centimètres. La
fètuque flottante se trouve dans les marais,
les fossés , etc. Elle donne un excellent
fourrage. En Pologne et en Allemagne, on
la nomme manne de Pologne, herbe à la
manne, et l'on se sert de sa graine réduite
enl'arine pour faire du pain. — On a donné
le nom de fromentacées aux plantes grami-
nées dont les graines servent à la nourri-
ture de l'homme, telles que le froment , le
seigle, l'orge, l'avoine, l'cpcautre , le tnaïs
ou blé de Turquie, *ilc. Blé est un nom com-
mun a toutes les fromentacées. On notnme
blé à chapeaux une espèce de blé cultivée
en Toscane, dont la paille, haute de quel-
ques centimètres et connue sous le nom de
paille d'Italie, sert à fabriquer des cha-
peaux estimés; blé amidonnicr, une es-
pèce peu répandue qui fournit un bel ami-
don ; blé avrillel , le fioment que l'on
sème en mars et en avril; blé barbu, ce-
lui dont les épis sont garnis de barbe,
ainsi que le sorgho ; blé blanc, deux va-
riétés qui fournissent une très-belle farine;
blé cotonneux ou français , une variété
que l'on cultive dans les départements du
Rhin, eu Italie, et en Espagne; blé mé-
teit , un mélange de blé et de seigle qui
prend le nom de méteil de froment ou de
seigle, selon la proportion dominante. Ou
connaît encore le blé d'Egypte, de Polo-
gne, de Taganrok,de Fcllemberg, dcLam-
mas, etc. Du blé en herbe. Du blé en tuyau.
Le blé est en épi. Terre à blé. Voilà une
belle pièce de blé. Blé de ntars. Blé d'hiver.
Blé épais. Blé niellés, bruines. Les blés sont
beaux. Une gerbe de blé. Un épi de blé. Fa-
rine de blé. Couper les blés. Scier les blés.
Bal Ire le blé. Semer le blé. Mettre le blé en
grange. Grands blés. Le froment et le sei-
gle. Petits blés. L'orge et l'avoine. Blé si-
gnifie quelquefois une pièce de blé. Se
cacher dans un blé. Prov., Etre pris comme
dans un blé. filé se dit aussi du grain seul.
Un sac de blé. Faire provision de blé. Gre-
niers pleins de blé. Semer du blé. Blé qui
germc.Moudre du blé. Mesurer du blé.Fanner
le blé. Un grain de blé. Un las de blé. Prov.
et flg. , Crier famine sur un las de blé. Blé
ergoté, se dit de certains grains noirs qui,
dans les épis du seigle, sont allongés en
forme d'ergot ou de corne. On nomme en-
core vulgairement blé do Guinée, le sorgho;
blé d'oiseau, l'atpisle ; blé de la Saitit-
Jean, le seigle; blé Icnlilleux , un mé-
lange de lentilles et de seigle que l'on sème
dans le Jura ; blé noir ou blé de vache, le
mélampyre des champs, la saponaire rouge,
et le sarrazin. ( Le mi-Iampyreest une rhi-
nantaece, la saponaire nne cary ophy liée, elle
sarrasin une renouée, ce qu'il est bon de
dislinguer.) — On distingue quatre espèces
d'orges cultivés: l'orge commun (vulgai-
rement orge quarré, gros orge, et quelque-
fois épeautrc ), qu'on sème en avril ou en
mai; l'orge escougeon ( vulgairement or^'C
à six rangs, orge d'hiver, soucrion ) ;
l'orbe en éventail on orge pyramidal ; l'orge
distique ou petit orge , dit encore vul-
gairement pamelle paumoule, etc. (Les
grammairiens font or^ç^e du féminin, excepté
dans orge mondé, orge perlé. ) L'orge fut la
première céréale qui servit à la nourrittire
de l'homme. Ce qu'on nomme sucre d'orge
est une espèce de pâte jaunâtre , transpa-
rente et solide , faite avec du sucre fondu
dans une légère décoction d'orge. Un bâton
de sucre d'orge. C'est avec l'orge qu'on fait
la bière. — L't'yraïc se distingue du froment
par la position de sesépillets, qui regar-
dent l'axe de l'épi par une de leurs faces
et non pas par un de leurs côtés. Ivraie eni-
vrante ou herbe d'ivrogne. Avoine cultivée.
Avoine blanche. Avoine noire.On a remplacé
l'avoine des chevaux par les graines du bro-
me stérile. Brome scglin. Brome broue. (Bro-
me vient du grec bromos, bonne nourriture.)
— La brice , très-abondante dans les prés
naturels de la France et de toute l'Europe ,
procure aux chèvres et aux moutons une
nourriture excellente. Les anciens lui attri-
buaient une propriété narcotique; ce qui
SIGNES DIVERS
l'avait fait nommer brize, du grec bri-
scin, endormir. — On comprenait autrefois
dans le genre roseau une foule de plantes
devenues les types de genres différents ,
telles que la canne à mcre , aujourd'hui
cannamclte ; le roseau d'Inde, aujourd'hui
bambou; le roseau des sables, aujour-
d'hui casamagrostis ; le roseau panaché,
aujourd'huia//j«s/6,el le roseau à quenouilles
ou canne royale, aujourd'hui donax. Le
genre roseau ne comprend plus qu'une
seule espèce, le roseau à balais, ci; aquati-
que, ou des marais, plante qui croît en
abondance dans les étangs, sur le bord des
rivières et des eaux fangeuses.
Le bambou est la plus grande des grami-
nées. Le bambou rend une liqueur que l'on
croit être le tabuxirdes anciens. — On nom-
me amourette une plante vivace des près
secs et des montagnes dénuées de bois, ap-
partenant au genre brize; et petite amourette
le paturin éragroste. — Chiendent (1) est le
nom vulgaire de deux espèces de grami-
nées appartenant à deux genres différents:
le froment et le panic. L'espèce la plus
connue est le iriticum repens, dont la tige
s'élève à un mètre, et porte des feuilles
longues et étroites. On nomme vulgaire-
ment chiendent aquatique , la fétuque flot-
tante; chiendent d brossettes, le dactyle pe-
lotonné ; chiendent queue-de-renard , icvut-
pin ; cliiendent ruban, le roseau panaché ;
chiendent fossile, l'amiante; chiendent ma-
rin, le varech, — Les olyrées sont des plan-
tes presque semblables à l'orge.
Je vous prie de remarquer comme tous les noms mas-
culins ou neutres en latin demeurent masculins en fran-
çais, quoique lerniinés par un e muet: le paspale, leo-
nurfe, Viriantlie . le tagure , \e houlque , ]e Iripiaijtie ^ \e
irague, le dactyle , le cynasure , Vétjme , Verge, le seigle ,
le brome, i^épeautre.
On conçoit que nous nous soyons arrêté
avec complaisance sur une famille de plan-
tes si nombreuse et si intéressante. Et ce-
pendant nous avonsomis de parler Auriz,
du riz qui est pour lesChinoiset les Indiens
ce que le blé est pour les Européens, du riz
dont on faltlacrdmp de riz, du riz qui sert
encore dans l'Inde à la fabrication de la
bière et de l'arack, du riz dont la médecine
tire de si grands avantages, du riz, en un
mot, cet aliment si sain et si nourrissant.
Ingrat que je suis! Mais on doit songer qu'il
faudrait un volume au moins pour traiter
convenablement la famille des graminées.
. BOTANIQUE. Cl 7
N'oublions pourtant pas de dire que sous
la dénomination générale de céréales, qui
désigne proprement le froment , le seigle ,
l'orge, et l'avoine, on comprend encore
Valpiste, la fétuque flottante, le mais, le
millet, le riz, le sarrasin, le sorgho , et l'i-
rraic ou zizanie. Zizanie n'est plus guère
usité au propre. Il s'emploie figurément,
et signifie. Désunion , division , discorde,
mésintelligence. Ils étaient bien unis, quel-
qu'un a semé la zizanie parmi eux, entre
eux. Ivraie s'emploie aussi au figuré dans
cette expression : Séparer l'ivraio d'avec le
bon grain , Séparer la mauvaise doctrine
d'avec la bonne, ou les méchants d'avec
les bons.
Nous ne pouvons mieux finir que par
cet éloge du blé, emprunté à un petit li-
vre de M. Aimé Martin , Le Langage des
Fleurs,
Le blé, emblème de la richesse.
« Les botanistes assurent qu'on ne trouve
nulle part le blé dans son état primitif.
Cette plante semble avoir été confiée par
la Providence aux soins de l'homme, avec
l'usage du feu, pour lizi assurer le sceptre
de la terre. Avec le blé et le feu on peut se
passer de tous les autres biens, on peut
tous les acquérir. L'homme, avec le blé
seul, peut nourrir tous les animaux domes-
tiques qui soutiennent sa vie et partagent
ses travaux : le porc, la poule , le canard,
le pigeon, l'âne, la brebis, la chèvre, le
cheval, la vache, le chat , et le chien, qui,
par une métamorphose merveilleuse, lui
rendent en retour des œufs, du lait, du
lard, de la laine, des services, des affec-
tions , de la reconnaissance. Le blé est le
premier lien des sociétés, parce que sa
culture et ses préparations exigent de
grands travaux et des services mutuels.
Aussilesanciensavaient-ilsappelé la bonne
Cérès, Législatrice. »
«Un Arabe égaré dans le désert n'avait
pas mangé de pain depuis deux jours. Il
se voyait menacé de mourir de faim. En
passant près d'un de ces puits où les cara-
vanes s'arrêtent, il aperçoit sur le sable
un petit sac de cuir; il le ramasse : « Dieu
I) soit béni ! dit-il, c'est, je crois, un peu de
s farine.
» Il se hâte d'ouvrir le sac , mais à la
vue de ce qu'il contenait il s'écrie: «Que
(i) Chnralc. Mon premier se sert de mon second pour niangor mon tout.
T. II.
618
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
■ je suis malheureux ! ce n'est que de la
upoiidie d'or. »
Ajoutons que le pain, qui se fait prin-
eipalciiienl avec la fécule de blé, est in-
dispensable à la nourriture dt; l'iionime.
Louis XII, inforine qu'un gentilhomme,
commensal de sa maison, avait maltraité
un paysan , ordonna qu'on r(;tranchàt le
pain à cet officier et qu'on ne lui servit que
du vin et delà viande. Le gentilhomme
s'en plaignit au roi, qui lui demanda o si les
mets qu'on lui servait ne lui suffisaient pas.
— Non, sire, puisque le pain est essentiel
à la vie. — Et pourquoi donc, reprit le roi,
êtes -vous assez peu raisonnable pour
maltraiter ceux qui vous le mettent à la
main ? »
1(}7. — GUTTIFÈRES OU GUTTIERS [gui-
lifcrœ , de f;<tlta, goutte, et/cro, je porte),
Arbres ou arbrisseaux d'oii s'écoule un suc
résineux. Les ranteaux sont opposés, arti-
cules à leur base. Les feuilles sont épaibses,
opposées; les fleurs terminales ou axillai-
rcs, solitaires ou disposées en grappes de
formes diverses. Le fruit est une baie, une
drupe, ou une capsule à loge entière ou
s'ouvrant en plusieurs valves.
De Caiulnlle a divisé ccttt famille en quatre tribus : —
CusiÈts. Fruit niultiloculaire , à loges polyspcrmcs.
Clusiu, gottoya, maliaréa.marila. — Gabcikiébs. Fruit niul-
tiloculaire à loges monospermes. Garciiiia. — CiLo-
piiiLLÉES. Fruit drupacé , uniloculairc. Calopliylum,
mammea. — SniPuoxiÉES. Fruit niultiloculaire à anlUères
cxlorses. Canella, macoubea.
Ouiliergontinier.Clusier rose des /Antilles.
— Le »7ia»(mcy est un trés-bel arbre d'Amé-
rique, dont on mange le fruit, semblable à
l'abricot. — Calophylle inophylte ou calaba.
grand arbre des Indes orientales. — Le
nuicoubé est un arbre de la Guyane, aux
fruits gros comme une orange,
35. — HÉMODORACÉES, Famille deplan
tes séparées des narcissées par Brown, et
dont V anli;osanthc est le genre type.
31. — HÉMÈROCALLIDÉES (Du grec hê-
méra, jour, et kallos, beauté), Famille de
plantes séparée des liliacées par Brown ,
et dont l'héniérocalle est le genre type.
124. — HERMANMIÉES (Hermanni.T) ,
Famille de plantes séparées des iiliacées
par Lamarck, et réunie par Brown à celle
des BYTNÉEiACÉES. Genres : corcliore ou cor-
chorus , éléocarpe [e\œocarp\is), flocour lia
(flaccurtia), rocou (bixa), etc. Le corchorc
se nomme aussi coretle ou timnncdes Juifs.
'L'ctéocarpe est un arbre de l'Inde dont les
fruits ressemblent à ceux de l'olivier.
Le genre flacourlia est dev(!nu pour Ri-
chard le type de la famille des ii.acouhtia-
HKKS. L(^ genre bixa forme aussi mainte-
nant, pour M.Kunth, la famille des bixi-
uées.
5. — HÉPATIQUES (tiepaticœ, du grec
licpar, foie). Plantes herbacées, terrestres,
parasites ou rampantes, tenant le milieu
entre les lichens et les mousses. Le fruit est
une capsule pédicellée , plurivalve , sans
opercule. On distingue les hépatiques pro-
prement dites et les homomallophylles.
Genres : anlhocéros,btandowia, inarchantia,
blasia,jnngermannia,riccia,targionia,sphai-
rocarpus. La niarc/ia/i/tc s'appèle encore Aé-
patit/uedes fontaines. La blasie se trouve sur
le bord des fossés. Riccie cristalline. Riccie
glaui/ue. Riccie flottante. Les targiones sont
des plantes rampantes très-rares. On les
trouve, dans les lieux frais et ombragés,
sous la forme d'une peau verte, ovale,
oblongue, et garni de racines du côté infé-
rieur. Le sphérocarpe est très-voisin des ca-
pillaires. La marchantie polymorpha s'or-
donnait autrefois contre les maladies de
foie. — On nomme improprement hépati-
que blanche ou noble, la parnassie; hépa-
tique dorée et hépatique des ntarais , la do-
rinc; hépatique des bois et hépatique éloilee,
Vaspérulc; hépatique pour la rage, une es-
pèce de lichen.
iOà. — HIPPOCRATÉES ( hippocrateœ) ,
Arbrisseaux à tiges quelquefois grimpan-
tes , à feuilles opposées et simples, à fleurs
très-petites, disposées en grappes , — pro-
pres à l'Amérique, aux Indes, à l'Afrique.
Les hippocraiées faisaient d'abord partie
des acérinccs.
40. — HYDROCHARIDÉES OU MORÈNES
[Itydrocharideœ , hydrochar ides, du grec hu-
dôr, et charis, ornement). Herbes aquati-
ques dont les feuilles s'étalent à la surface
de l'eau. Le genre le plus connu est l'/jyrfro-
charide onmoréne, petite plante vivace, qui
a des fleurs blanches. Viennent ensuite le
nymphœa ou nénuphar, la straiiote , et la
vallisnérie. Le nénuphar a de larges feuilles
rondes et de grandes fleurs en forme de
roses. Les fleurs 'de nénuphar passent pour
réfrigérantes. Sirop de nénuphar. On retire
du nénuphar une sorte de farine avec la
quelle les ostiakset leshalmouks font dupain.
Les vallisnéries , plantes qui habitent le
fond des rivières , offrent cela de remar-
quable, qu'au moment de la fécondation
les fleurs mâles, se détachant de la tige ,
SiGAES DIVERS. liOTANIQLE.
619
viennent flotter à la snilace de l'eau et ver-
ser le pollen sur les fleurs femelles qui, sans
se détacher, s'élèvent aussi à celte époque
au dessus de l'eau. Après l'acte de la fé-
condation les Heurs femelles descendent
au fond de l'eau pour mûrir leur fruit. Slra-
iiole aloïdc , vulgairement ananas d'eau.
Slratlole acoroidc.
106. — HYPÉaiCÉES, HYFÉRICINÉES,
HTPÉRICOÎOES , HYFÉRICOÏDÉES ( hyperi-
ceœ, hypericotdeœ). Famille de plantes ren-
fermant des lierbes, des sous-arbrisseaux,
des arbrisseaux, et même des arbres. Les
feuilles sont marquées de | points trans-
lucides. Les fleurs sont à quatre ou cinq
pétales et parsemées de petits points noirs.
Le frutl est une capsule à plusieurs valves,
rarement une baie. De Candole partage
cetle famille en deux tribus, celle des /ly-
péricées vraies, qui renferme les genres
liypericum, ascyrum, androsœmutti, liaron-
ga , vismia , etc., et celle des liypéricécs
anomales, qui comprend les genres carpo-
donlos et eucryplua. Le genre hypericum ou
ni(7/c/)er<((is conti«,'nt plus de cent vingt es-
pèces. Les ascyrcA- diffèrent peu des mille-
pertuis. Le carpodonte , arbre de la Nou-
velle-Hollande, appartenait d'abord à la
famille des malpighiacées.
HTFOCOHOLLIE ( du grec hypo, SOUS, et
corotin, corolle).
HYPOGYNE (du grec liypo, et gync,
femme). Attachée sous le pistil. Corolle,
étamine liypogyne.
HYFOPÉTALIE ( du grec liypo , et pèla-
lon , pétale ).
HYFOSTAMINIE (du grec /ij/)o, et sta
men, étamine ).
3. — HYPOXYLÉES (du grec hypo, et
xulon, bois), Famille de plantes cryptoga-
mes, différant peu des lichens. Elles sont
parasites et se trouvent sur des végétaux
languissants ou morts. Le type de la famille
est Vhypoxylon , à tige élevée , simple ou
ramiiée, à branches cylindriques, plates
ou piquées de trous. On connaît encore la
spitérie rsphceria), la rizomorplie (rizomor-
plia) , le acylome (xyloma), le polysligma,
l'aslérome (asteroma), l'Iiypoderme {hypo-
derma), etc.
61. — JASiniNÉES, JASMINS [jasmi-
Tieœ, Jasntini) , Plantes ligneuses, à </^e
frutescente ou arborescente, quelquefois
sarmenteuse et grimpante, — à feuilles ordi-
nairement opposées, simples ou foliolées ,
— à fleurs en ihyrse. en corymbc, ou en
grappe. Le fruit est tantôt une capsule, tan-
tôt une baie ou une drupe, l'" section. Une
capsule. Genres: syringa ou lilas, frêne (fra-
xinus), orne ou frêne a fleurs (ornus) , fon-
tanése ( fontanesia ). 2""= section. Une baie
ou une drupe. Genres : cliionanthe (chio-
nanthus), notelèe (notelœa), olivier l'olea).
Jasmin (jasminum), troène ( ligustrum).
On compte une trentaine d'espèces de
jasmins , dont les plus r(;marquables
sont le jasmin blanc commun, aux feuilles
toujours vertes et aux fleurs blanches, et
le Jasmin à grandes feuilles o» Jasmin d'Es-
pagne, aux fleurs rougeâtres en dehors.
Le syringa est aussi connu sous le nom de
Jasmirien arbre. On nommejasmin de Perse
le nias à feuilles de troène.
On îionime encore vulsairenicnt/asmin à feuilles de
Iwux, le spielniaiinitt ; jasmin bâtard ou iV Afrique^ le iyeiet
du Cap ; jasmin d'Amcrigiie on jasmin rouge des Indes^ Vi-
pomèe écariate ; jasmin d^Arabie^ \e tijrlanthe; jasmin de
Firginie, \e lérome ; jasmin duCap,\3 gardéiiic ; jasmin
odorant de ta Caroline, la bignone toujours verte; jasmin
vénéneux, le cestreau.
22.— JONCÉES, JOMCOÏDES, JONCA-
CÉES, JONCINÉS, JONCS, (Jiinccœ, Jun-
caceœ,Junci), Herbes à feuilles alternes ou
seulement radicales , toujours simples ,
semblables à celles des graminées , ordi-
nairement engainantes a leur base. Les res-
TIACÉES, les, JONCAGINÉES, les COMMELUNÉBS,
les BUTOMÉËS, les alismacées, les cabomeées.
les coLCKicACÉES, ne sont que des démem-
brements de celte famille. Genres: Lo-
mandrc ou vinule (lomandia), ,/ohc (jun-
cus), ou cyprcllc luzulc (luzula), etc. Le
genre jonc renferme cent soixanledix-
neuf espèces , la plupart propres à l'Eu-
rope. Les plus généralement connues
sont \e jonc maritime , de trente centimè-
tres de haut, le Jonc épars, Iv. jonc flollant,
le Jane articulé, et le jonc des jardiniers.
Les feuilles des luzules sont planes.
On nomme Tulgairenient yont- d\isie kX. jonc quarré,
deux espèces de SL>ucliet ;jimr d'eau ou jour des étangs, le
scirpe ; jonc iirot'ui, la tinaigrette ; jonc épineux , l'ajonc;
jonc d'Espagne, le genêt d'Efpagnc ; jonc faux, le tiiglo-
chin; jonc fleuri, le butome en ombelle ; jonc des Indes , le
rotang ; jonc marin , l'ajonc; jonc cotonneux, le tomex;
jonc il mouches, la jacobée ; jonc du ISit, le souchet popj-
rus ; jonc odorant , le sehccnanibe et Vacore ; jonc de ta pas-
sion , la massetle,
26. — JONCA6INÉES, Famille qui se
compose de trois genres , le Iriglochin, le
sclieuclizcria , et le lilœa.
3/1. — IRIDÉES {irideœ), l'iantes her-
bacées, à racines bulbifè'res, tubil'ères ,
ou fibreuses, à la tige nue ou revêtue de
620
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Cciiilli-s biniplcs, cnlièrcs et allcnics, aux
(leurs rt'ul'erniérs dans des spallies lucni-
braneuses. Genres : bcrmiidienve (sisyryn-
cliiiim) , lif;ridie on tif^rine (tigridia),
ferrure (ferraiia), iris, vicusseiixie, moréc,
ixie, fialoxie, diasie, glaïeul (gladi(ilus),
safran (crocus) , etc. Parmi les iris on
remarque : l'iris d'Allemagne , cultivé
dans les jardins à cause de ses belles fleurs
bleues ; et Viris de Florence, dont la racine,
compacte, blanche, tuberculeuse, sert
pour faire les pois à cautère appelés pois
d'iris. Iris ligré. Iris rayé. Jris frangé.
Les vieiisscii.vics ne différent des iris que
parce que leurs étamines sont monadel-
phes. Les ixies sont cultivées dans les jar-
dins à cause de l'élégance de leurs fleurs.
Les glaïeuls ont les Feuilles larges et lon-
gues, assez semblables à un glaive dj'/fl-
dius). Glaïeul fétide. Glaïeul jaune ou iris
des marais. Le glaïeul jaune croît en
France dans presque tous les lieux aqua-
tiques.
On nomme vulgairement soffan bûtarJ le cotrhîi
Tost ';t le rarlhame oflicinat, avec le quel on sophistique
le véritable safran : safran des Indes, le curcuma ; safran
marron, la fûnne dUnde ; et safran des prés, le c'ûchir
d'automne.
Du genre pontederia M. de Uumboldt a
fait la famille des PONTÉoÉaKES.
65. — LABIÉES {labiatœ). Plantes her-
bacées ou ligneuses, à tiges quadrangulai"
res, à branches et feuilles opposées , à fleur*
souvent bractées, opposées ou verlicilléesi
en tête, en corynibe, ou en épi, ou solitai-
res , axillaires ou terminales. Pour finit ,
quatre graines dépourvues de péricarpe,
cachées au fond du calice persistant. Em-
bryon sans périsperme.
Genres. 1° Deux étamines fertiles; lycope ilycopuS/»
améth\slée, cuniie, liiiphore (zi7iphora), monarde^weste-
r'mgie, romarin (rosmariiius), sauge /galviaj, colUnsone (col*
insonia). 2» Quatre étamines didynanies; levrc supé-
rieure de la corolle nulle ou très-courte: bugle ou ajuga,
germandrée (teucrium). 3" Quatre étamines didynames:
corolle à deux lèvres : sarîette (satureia ), byssope (hysso-
pus), rhataire ou rafoire (nepeta ), perllle, lavande {lava
iidulaj, sidérilis ou rropaudine, bystropogue ou bjstropo-
gon , menthe, terrette ou gtcchuma, hjptis, /oml'er ( lanii-
um), gali'ope (galeopsis,, galeobdolon [ vulgairement ortie
morte jaune), béioine (betonica), sturhyde ou starbjs,
ballule (ballola), marrube (marrubium), cardiaque ou
téonurus, phtomisr tnotticeile. flino/W« (clinopodium), ort-
gan (origanum), l/ij-mftlijmusj, ih^mbra, mélisse ;'melissa),
drarociphale (dracocephaluni }, melîttis , horminj ptectran-
tbe ou pcrmfliitfc (piecllirantus ], basilic ( otymunil, pru-
nelle (pruntlia), cléunie (cleonia), prasionou prusium, ctc,
Uamélislhce est une petite plante aux
fleurs d'un bleu violet, originaire do la Si-
bérie. — LescMm7es se trouvent en Améri-
que. La seiilf! propre à l'Europe <st la cti-
nile à fleurs de thym. — On compte huit es-
pèces de ziziphores. — Les monardcs sont
propres à TAmérique méridionale. — Les
romarins frosniarinus) doivent leur nom à
la rosée qui les couvre fréquemment sur
les plages maritimes, leur habilatiim favo-
rite, il n'y a que deux espèces de romarin.
Celle qui croît spontanément dans le midi
de la France est le romarin commun ou
encensier, au quel on attribue la bonté du
miel de IVarbonne et de Mahom. Le roma-
rin est une des plantes qu'on emploie avec
le plus de succès dans les bains aromatiques.
Le romarin, dédaigné aujourd'hui , entrait
jadis dans la composition des bouquets , des
chapeaux de fleurs, et s'entrelaçait dans les
couronnes de myrte et de laurier. Les fleurs
du romarin sont petites, d'un bleu pâle et
d'une odeur suave. Il s'exhale de toutes les
parties du romarin une odeur d'encens. Le
romarin est l'emblème de ta franchise. — Les
sfl(/g-e.?sont très-communes sur tout le globe.
La sauge officinale., haute de quarante cen-
timètres, a des fleurs qui varient du bleu
pur au pourpre foncé. On retire des feuilles
tme huile essentielle qui a pour base le
camphre. L'infusion de sauge est cordiale.
La saugeorvale ou sciarca, qui croît dans les
prairies et les lieux incultes , possède des
vertus stomachiques et antihystériques. ^Oii
nomme vulgairementsai/^e t/et/er(/ia/ew,la
pulmonaire, plante borraginéej. — Legenri;
colUnsone comprend trois espèces, toutes
propres à l'Amérique septentiionale. La
plus connue des trois f si la colUnsone du
Canada, qui se cultive dans quelques jar-
dins botaniques. — La sarriette des jardins,
aux fleurs petites et rougeàtres, est cidti-
vée dans toute la France, et forme dans
les parterres de petits buissons et des bor-
dures. Sarriette sauvage. fOn nomme vul-
gairement sarriette jaune le mclampyre.) —
L'hyssope officinal est balsamique, tonique,
expectorant, et sudoriGque. — La chataire
commune ou herbe au chat est connue par
l'ardeur avec la quelle les chats la recher-
chent. Dès qu'ils la sentent, ils accourent,
se roulent dessus et la déchirent.— La /icnV/t;
est annuelle et se trouve dans les Indes. On
la cultive dans lesjardins de Paris. — La la-
vande, arbuste qui croît sur les coteaux et
dans les chemins pierreux, contient une
huile essentielle d'une odeur trés-agiéable.
SIGNES niVEliS. BOTAiMQUE.
(i2i
(Minnuc sous le noQi ù'Iuiile d'aspic. La la-
vondcest céplialiqite el vulnéraire. — Le bys-
tropogue diffère peu des nienllies , des
cataires, et des ballotes. — Le lamicr blanc
passe pour astringent. — Les menthes sont
toniques, stomachiques, et antispasmodi-
ques. Menllie poivrée. Eau , pastilles de
menthe. La menthe est l'emblème d'un
amour exalte. Une nymphe de ce nom fut
adorée de Pluton , et métamorphosée en
cette plante par la jalouse Proserpine. —
IdC glècome hédéracéast le type du genre glé-
come.On le nomme vulgairement lierre ter-
restre, terrette, rondote ou rondctte, herbe de
Saint-Jean. Tisane de /^lecome. On prescrit les
tisanes de glccome dans les catarrhes pulmo-
naires chroniques. — La bctoine officinale est
Ionique, céphalique, sternutatoire, et vul-
néraire.— ha ballote fétide , appelée aussi
marrube noir, croît en ahondance dans les
lieux stériles , et passe pour antispamodi-
que , résolutive, et detersive. On emploie
à Saint-Domingue , dans les bains chauds,
la ballote odorante , dont l'odeur appioche
de celle de la lavande. Le marrube blanc ,
à l'odeur musquée, est im stimulant fcirt
actif et un tonique puissant. — Le léonure
ou queue-de-ilon, plante qui croît principa-
lement en Afrique, a des fleurs d'un beau
rouge de feu, naissant en verticilles à l'ex-
trémité des rameaux. L'agripaumc est
une espèce de léonure. — JjC clinopode (du
grec klinê, lit, et pous, pied) est une plante
vivace et odorante, connue aussi sous le
nom de faux basilic. — Le genre origan, [ri^s-
voisin des lliyms, comprend une vingtaine
d'espèces, toutes propres à l'ancien conti-
nent. Les plus connues sont l'origan vul-
gai>'e, très-commun dans nos bois, le long
des haies et des chemins, la marjolaine, et
le dictame de Crète. Les anciens ont beaucoup
vanté les propriétés du dictame. Les biches
blessées par les traits des chasseurs se gué-
rissaient, dit-on, en mangeant des feuilles
de dictame. Le dictame se trouve dans le
midi de la France et de l'Europe. Le meil-
leur dictame se cueillait autrefois sur le
mont Lia. Le mot et la chose sont en
bonne odeur aupi es des poètes modernes,
qui l'emploient au figuré comme synonyme
(le remède, de baume, etc.
Mal alTicux qui toujours s'iircroîl, mal sans cspo
Supplice de daniiié, loituix- iiisiippoitajile.
Dont l'unique lenù'dc est en ïotre pouvoir ;
T»ont seul peut le guérir ce merveilleux dirlame
lîmaiié (l'nii ^o^lpil■, d'un mot do vctre cœur,
D'un rayon de vos yeux, d'un parfum de votre âme,
£t, comme une eau du ciel, versé sur madouleur.
(L. N. Fleurs du Danube.)
La marjolaine s'emploie en médecine
comme cephalique, stomachique, etc. La.
marjolaine a pour emblème, toujoiks heu-
reux. Si l'on en croit Pline, un officier
de la maison de Cynire, roi de Chypre,
chargé du soin des parfums, eut le mal-
heur de casser des vases commis à sa
garde. II en eut tant de chagrin, qu'il en
sécha de douleur. Les dieux le changè-
rent en marjolaine. D'autres assurent que
c'est A'énus qui fit naître cette Heur sur
les bords du Simoïs. La marjolaine réta-
blit, ait-on, l'odorat quand on l'a perdu.
— Les thyms sont de; très-petites plantes
formant de jolies touffes loujoms verti s,
aux racines vivaces et rampantes, dcn-
nant naissance à des tiges grêles, divisées
en anneaux nombreux, couvertes de feuil-
les simples, lancéolées, opposées. Les
fleurs sont réunies en groupes terminaux
ou placées à l'aisselle des feuilles. Ces
fleurs sont violacées ou légèrement em-
pourprées. Le thym répand une odeur aro-
matique très-agréable. Le thym est très-
commun sur les collines exposées au soleil.
Les abeilles sucent te thym. Des bordures de
thym. Fleurs de thym. Bouquets de thym.
Les fleurs de thym, distillées dans l'eau de
vie, donnent une liqueur préférable à l'eau
de lavande. Eau de thym. Les cuisiniers em-
ploient le thym ai ec les autres herbes fines,
pour relever la saveur des riundes et des
poissons. Le thym est très-recherché des ani-
maux herbivores qui le mangent avec plai-
sir. Thym commun. Thym serpolet, ou
thym sauvage, serpylUaire , pillolet. Les
lapins et les moutons qui se tiourrissenl de
serpolet ont ordinairement meilleur goût
que les autres. Les Grecs regardaient le
thym comme le symbole de l'activité. Les
dames autrefois brodaient sur l'écharp»;
de leurs chevaliers une abeille iiourdon-
nant autour d'une branche de thym. Le
parfum du thym fortifie, le cerveau et rend
aux vieillards de l'énergie cl de la souplesse.
On nomme //iy»( blanc la germondrée. Gcr-
mandrec petit chêne ou chumivdris. Ger-
tiiandrée aquati(/ue ou scordium. Les gernian-
drées sont stomachiques, fébrifuges, el ver-
mifuges. La gcrmandrée scordium exhale
une forte odeur d'ail. Les girmandrées ha-
bitent les lieux secs el incultes de l'Europe.
La gcrmandrée petit chêne t st ainsi num-
r.22
<:i-El' DE l-\ LANGUE ET DES SCIBJNCES.
uiée sans doute à caiisf? de la l'orme de
ses feuilles, qui ont qui-lqut; ressemblance
avec celles du roi d<sforèls. Ses lliHirssont
d'un rose tendre. Elle a pour emblème,
PMIS JB vous VOIS, PLUS JK VOUS AIMÉ.
A MADAME LOUISE DE W.,
En lui oiTrant un bouquet de Germandréea.
Plus on vous voit, plus on vous aime.
VousC'ti'S ua nnge du ciel,
Un trésor de vtrlus, un rajon de Dieu même,
Tout brillant d\in charme suprême ,
l'U des plus tristes jours faisant des jours de miel;
llelle, belle surtout d^une beauté divine,
Qui fait que devant vous, douce et charmante fleur.
Tout front se découvre et s'incline ,
Etqij'il n'est pas un noble cœur
Qui ne fasse pour vous mille vœux de bonheur;
(]ar je dis la vérité même :
Plus on TOUS voit, plus on vous aime.
(L. N. Fleurs dit Danube. )
— hf S thymbras ont une odeur appro-
ebani. de celle du tliynietles mêmes pro-
priétés médicales. — Les mélisses su rappro-
client beaucoup destbyms et des origans.
Mélisse officinale. Mélisse cnlament. La
mélisse officinale, à tige droite, rameuse,
baute de cinq à six pieds; aux feuilles ova
les, cordiformes, déniées; aux fleurs blan-
ches, verticillées, répand une odeur ana-
logue à celle du citron; ce qui lui a fait
donner les noms de citronnelle et herbe au
citron. Eau de mélisse ou des carmes. La
mélisse cnlament a des fleurs purpurines ou
blancbâtres, tacbetées de violet. — Les dra-
cocéphalcs ont beaucoup de rapport avec
les mélisses. Ces plantes sont ainsi nom-
mées (en grec drahûn, dragon, képhalâ,
tête) à cause de l'irrégularité de leur co-
rolle, dont l'orifice enflé offre une certaine
ressemblance avec la tète du saurien ap-
pelé dragon. Les dracocéphalcs moldavi-
ques ou mélisses de Moldavie sont très-ré-
putées en médecine. L'infusion lliéif'ormc
de leurs feuilles est recommandée dans
les maladies de langueur et les affections
spasmodiques. Prunelle commune. Prunelle
à grandes fleurs,
/|8.— tAURINÉES, LAURIERS {Laurinœ,
lauri). Plantes ligneuses, arbres ou ar-
brisseaux, aux feuilles entières , ovales,
persistantes, etc. Le fruit est une drupe
a noyau nionoloculaire et monosperme.
Genres: /uiirier ( laurus), hernandier (hernandia) , l'i-
roliier fvirollal, mu'ScadUr fnijristica) . La Cannelle
du commerce est fournie par une espè-
ce de laurier qu'on noiume cannelicr
{Inurus cinnamomum). l^o rinnàmome, cet aromate
dont parle TÉci ihiri-, fsl en cIVet présumé le même que
la ciiinc/fa. Une aulrc espèce, le camphrier
(laurus camphora) , donne la substance
connue sous le nom de camphre. Une
quatrième, le sassafras, est employée en
médecine comme sudorifique. Le liuit de
['aiocalier (laurus persica), de la grosseiu-
d'une poire et d'un violet pourpre, a une
cbair épaisse et succulente, d'un goût
approchant de celui de la noisette et de
l'artichaut. Le bois du laurier est dur et
élaslique. Laurier franc ou laurier commun.
Chez les anciens, le laurier était consacré a
Apollon. On donnait des couronnes de lau-
rier aux vainqueurs , aux poètes. Les mus-
cadiers sont pour la plupart de tiès-grands
arbres, à cime étalée et touffue, propres
aux légions intertropicales. Muscadier aro-
matique. Muscadier à suif. La muscade est
le fruit du muscadier aromatique. L'usage
de la muscade fut quelque temps inter-
rompu en France, et voici à quelle occa-
sion. Les ragoûts servis à Louis XIV, la
veille du jour où il fut attaqué de la petite
vérole, étaient assaisonnés de muscade.
L'odeur de la muscade, qui lui revint en
vomissant, lui déplut fort. Il prit le plus
grand dégoût pour cette épice, qui fut
reléguée dans les tables obscures. Les
gens comme il faut ne purent plus sentir
la muscade, en entendre parler même,
sans être provoqués au vomissement.
Trente ans après, l'estomac du roi s'étant
réconcilié avec la muscade, elle devint
plus à la mode que jamais. O vils courti-
sans, gens sans humeur et sans honneur!
Et le Journal des Débats qui se plaint
qu'il n'y ait plus en France de courtisans!
Ne voudrait-il pas nous ramener au temps
o\i le gouverneur d'un jeune roi, mon-
trant à son élève, du haut d'un balcon, la
foule immense qui se pressait pour voir sa
personne royale, lui donnait cette utile
leçon : « Sire, tout ce peuple est à vous ; il
n'a rien qui ne vous appartienne ; vous êlei.
le maître absolu de tout ce que vous voyez. »
Rendons justice à Louis XIV. Qu'après
avoir été élevé de cette manière, il n'ait
pas été un tyran^ voilà ce qu'on ne saurait
assez admirer.
Le genre muscadier constitue mainte-
nant la famille des mybistickes de Richard.
On nomme vulgairement laurier alexandrin, le fragon;
laurier l'i languette, le fragon hypoglosse; laurier amandier,
laurier au lait .laurier deTrèhisonde, \e laurier ceri.<e ; (au
rier de Mississipi , le cerisier de la Caroline ; laurier épineux,
le houx; laurier cpurge, la lauréate ; laurier grec, Vazéda-
rach; laurier nain , le l'ucrinium; laurier de Portugal, le
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
(;2.-
prunier de ce pays; laurier rose des Alpes , le rosaga
■tes Alpes; laurier rouge, un francliipauier ; laurier
Saint -Antoine, Vrpitobe ; laurier sauvage , le riy rire à cye;
laurier tulipier, les moguolias.
Le laurier rose, qu'on nomme encore nerion ou nérium,
tourelle , et laurose, appartient à la famille des apocy-
ni-es. On donne le nom de laurier tin à une espèce de
viorne.
152. — XÉGUMINETTSES ( leguiDinex) ,
Plan te« herbacées ou ligneuses à tiffcsCniles-
centes ou arborescentes, quelquefois sar-
menteuses, — ou herbacées, grimpanlet ou
ranjp;intes; à l'euilles alternes, composées,
articulées, stipulées ; à flenrs pédoncu-
lées, solitaires et axillaires. Le Irait est
ordinairement une gousse ou légume. —
Genres. I, Corolle régulière, quelquefois nulle; élami-
nes distinctes: araria ou acacie, niiniosapa tnimeuse, schran-
kie ou schranke (sclirankia), févier (gledilsia) . ^j'mnoc/ai/e
(gymnocladus), cart^u/'i'er (ceratonia), tamarinier (tamarin-
dus) , parkinsone ( parkJnsonia ), { schotia), casse (cassia),
(spandoncea), (hoîl'manseggia), morin^a ou ben, campêche
ftiœniatoxylum).(adenantbera), pumri(/arfe on fleur de paon,
fleur deparadis (potnciana), (cœsalpinai, guillandina, cour-
baril ou hymenœa, bauhinie (bauliiuiaj.TI Corolle papillo-
nacée ; étamines distinctes; légume bivalTe à une loge.
Gainier ou arbn'de Judée (cercis), anagire luriaf:yr\s,],sopho-
re (soplioraj./jorfaljre (podalyria), virgilie (virgilia ], chori-
zème icborizema) , piiKtnce (pultenœai, wnu'jiar/e (»imiiia-
ria), sphérolobe (spliaîrolobium ), ox^lobe ;'o\ilobiumj, eu-
taxie) euUxiùj.Callislachii. III. Corolle papillonacée : dix
Staminés monadelphes ou diadelphes; légume liivalTe à
nue loge. Ajonc (ulex), platylobe (platylobiuni), borbonie
borboriiaj, genêt (genistaj, spartium, cytise (cjtisusj, rrola-
laire ( orotalaria;, goodia. rafnie, lupin (lupinUs), bugrant
(ononis), arachide [ aracbis), ébénier (ebenus), anthyllis,
daléa, psoralier (psoralea), mélilot (mclilotus;, trèfle { tri-
folium), /uzerne (medicago), trigonellc ( trigonella;, lotier
ou lotus, dolic (dolicbos), ftaricol (phasoolus ), érylhrine
(erytbrina), chlore (cljtoria ), ^(^ycme (glycine), abrus ,
amorphe ou amorpha, (piscidiai, robinier (robinia), bague-
naudier (colutea), lesserlia, phaca , oxylropis , uslrugule
(aslragalusj, (biserula), rey/isse iglyryrrhiza ou -rrliizon),
galéga, indigotier (indigofera ), gesse (lalhyros ou lalby-
ron), pois (pisum), orobe (orobus), vesce (vicia), fève ( fa-
ba), ers ( ervura ), puis chiche (cicer). IV. Légume arti-
culé: articulations monospermes. Srorpiurc (scorpiorusl,
ornilhope (ornilbopus), hippocrepe (bippocrepis), coronille
(coronilla), sainfoin (hedysarum), fUmingie (llemingiaj.
agati ( œschinomciie). V. Corolle papillonacée; lé-
gume capsulaii'e , à une loge, ordinairement monos-
perme, ne s'ouvrant pas: Balberge, (dalbergia) , (geot-
{rœa),^térocarpe (pterocarpus), sécuridaca.
Cette famille, la plus nombieuse du régne végétal, ren-
ferme au moins trois mille espèces, que les botanistes
ont divisées en onze sections, pour en faciliter l'étude.
I. So iionÉEs: sopbûra, tnrgil^a , m^rospermum, etc. II.
LoTtEs: ulex, genista , lotus, Irifolium, etc. III. Ut-
DYSJRÉBs: coronilla, hedysarum, elc. W. \u.iiss: vicia,
faha, eruum, etc. V. PiusKuLées : physeolus, abrus, a/iios,
etc. Vî. DvLBtBGitus: pterocarpus, brya. etc. VII.SwiKx-
«lÉES : swanliia, baphia. VIII. Mimoséks : mimosa, acacia,
IX. Gbofphéks : geoffrœa, arachis , etc. X. Cassilks.
cassia, cercis, etc. XI. DtTiRiÉts : detarium, cordilla, etc.
h'acacia caléchu (prononcez Ah), produit
le cachou, substance brune , concrète et
astringente, dont on l'ait de petits grains
et des pastilles agréables au goût. Cachou
ambré. Cachou à la rose. La rommc arabi-
que et la gomme du Sénéf^al sont aussi le
produit de deux espèces d'acacias. On
nomme improprement acacias quelques
espèces de robiniers cultivés, tels que le
robinier à fleurs roses et le robinier vis-
queux, h'inga, le prosopis, sont des espè-
ces d'acacias, dont on a l'ait deux genres
diflerents. Le genre mimeuse ou mimosa,
type de la tribu des mimosées, renferme
des herbes et des arbrisseaux propres à
la zone torride, et remarquables par les
mouvements singuliers qu'ils opèrent et
qui leur ont fait accorder un sentiment
d'animalité. L'espèce la plus connue est le
mimosa pudica ou mimeuse pudique, vul-
gairement appelée scnsilive, à la tige her-
bacée, annuelle, hérissée d'aiguillons, aux
Heurs d'un violet clair, cultivées chez
nous en serre chaude. Une égratignure,
la chaleur, le froid, les agents chimiques
ont sur elle une action évidente et remar-
quable par les phénomènes d'irritabilité
qu'elle présente. — Las schranhies sont des
espèces de mimeuses qui diffèrent des au-
tres en ce que leur gousse a quatre valves.
— Le gymnoclade ou chicot du Canada est un
arbre haut de dix à vingt mètres, dont les
gousses lisses, larges, oblongues, épaisses,
d'un rouge brun, renferment des graines
globuleuses, dures et grises, qui peuvent
remplacer le café. — he tamarinier est un
arbre élevé, qui croît naturellement dans
les pays chauds, et dont les gousses gros-
ses comme le pouce et longues comme le
doigt renlerment nne pulpe purgative et
astringente. L'arbre et le fruit s'appèlent
aussi tamarin. — Parkinsone épineux. Le par-
kinsone épineux est un bel arbrisseau, dont
on se sert fréquemment aux Antilles pour
former des haies, des clôtures, non seule-
ment très-solides , mais inappréciables
surtout par le charmant aspect qu'elles
présentent, étant couvertes de fleurs en
tout temps. Les fleurs des parkinsones ont
itneodeur suave. — hes casses ou cassicrs sont
des plantes qui resserrent leurs feuilles le
soir et les étalent chaque matin. Les deux
espèces d'usage en médecine sont la casse
purgative ou canéficier, et la casse d'Italie,
qui toutes deux purgent bien. La première
porte vulgairement le nom de casse en bâ-
ton, à cause de ses gousses noirâtres, cy-
lindriques, longues d'im mètre, et quelque-
fois plus. La pulpe qui entoure les graines
est la seule partie employée en médecine.
(On iioninie vulgairement casse, le chêne rourre: casse
02 J
CLEF nE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
girolle
'""W""-
IIS, une cspèco ilc ctiiiiwlier ; et cas3c
espèce de caitnelter. ]
Le séné, arbrisseau qui croît dans le Le-
vant, est une espèce de casse, dont les
feuilles, que l'on nomme aussi séné, sont
employées comme pur{j;alives. Un firo.i île
scnc. Infusion tte séné. Se purf;cr avec du
scné. Follicules de .sérié, L'enveloppe de la
semence du séné. Les follicules du sctté ne
purij;eiit pas aussi puissamment que tes feu-
illes. Prov. et fig., Passez-moi larhubarbc,
je vous passerai le séné, se dit en parlant
de deux personnes qui se font mutuelle-
ment des concessions, qui ont l'une pour
l'autre des complaisances intéressées. Cela
se dit ordinairement en mauvaise part ou
pour plaisanter. Le séjié d'Amérique est la
casse de Maryland. Le séné bâtard ou éwé-
rus est la coronille des jardins ; le séné
d'Europe ou faux séné, \v.baguenaudier. Ces
plantes sont ainsi nommées parce qu'elles
ont des vertus analogues à celles du séné
d'Orient. Toyez plus ha& coronille e:t bague-
naudier.he nom de séné se donne encore vul-
gairement à quelques autres plantes chez
qui les feuilles ont une saveuràcreet dont
les semences sont purgatives. Le séné des
présebt la gratiole commune; le séné des pro-
vençaux est \a globulaire turbitli. — Le mo-
rfn^a est un arbre de moyenne grandeur,
dont les graines, de la grosseur d'une noi-
sette, vulgairement appelées noix de bon,
fournissent une huile sans odeur, qui a la
singulière propriété de ne pas rancir en vie-
illissant. Son bois passe pour diurétique.
— On connaît quatre espèces de poincilla-
des, toutes propres aux régions les plus
chaudes de l'Inde et du continent améri-
cain. La poincillade élégante est un char-
mant arbrisseau, dont le bois jaune, re-
vêtu d'une écorce grisâtre, jouit d'une
bonne réputation pour la teinture. La
poincillade se nomme vulgairement /Zef/r
de paon, fleur de paradis, œillet d'Espagne.
— La guilandinc est une plante qui a été
consacrée par Linné à la mémoire de
Melchior Guilandino, professeur de bota-
nique àPadoue. Le courbaril ou liyménée
de Cayenne est un ai bre résineux fort utile,
c C'est de son tronc et de ses branches
que découle la résine animée occidentale,
substance concrète, friable, inflammable,
soluble dans l'alcool, d'un blanc jaunâtre,
d'une odeur aromatique douce, d'une
saveur âcie; elle est employée dans quel-
ques préparations pharmaceutiques, com
me lecopal et le tacamahaca. Les gousses
du courbaril renferment une pulpe fari-
neuse d'une odeur aromatique et de la sa-
veur du pain d'épice. Son bois, d'un beau
rouge et susceptible d'un poli parfait, est
Irès-recherché des ébénistes. » (Ch. St-
Laurent.) h'hyménœa est ainsi nommé,
parce que, dans cette plante, les feuilles
sont composées de deux folioles, et peuvent
rtre regardées ainsi comme une image de
l'union conjugale. — La bauhinie cotonneuse
est regardée comme un excellent vermi-
fuge, et ses racines pilées sont appliquées
avec succès sur les tumeuis scrofuleuses.
— L'rtnag^yre est aussi nommé bois puant, i\
cause de l'odeur fétide qu'exhalent son
écorce et ses feuilles quand on les presse.
C'est un arbrisseau d'un mètre et demi,
qui vient dans les lieux montueux de nos
départements méridionaux et de l'Espa-
gne. Les feuilles de l'anagyre sont émèliques
et purgatives. A petites doses et grillées
comme le café, les graines de l'anagyre sont
bonnes contre tes vapeurs. — Les sophores
sont des arbres hauts de douze à vingt
mètres, d'un beau port, les quels ont été
exportés de la Chine en 1747. Le fruit des
sophores est une gousse cliarnue et pendante,
renfermant des semences noires et luisantes
semblables au haricot. Le bois du sopliore
du Japon, dur, jaune, uni, compacte, est
piopre à l'ébénisterie. Ses feuilles sont
purgatives, et ses racines, douces et, su-
crées, s'emploient comme adoucissantes.
Les podalyrias diffèrent très-peu des so-
phores. 11 en est de même des virgilias ou
virgiles. — Les clioryzèmcs sont tous origi-
naires delà Nouvelle- Hollande, ainsi que
les'putténces et les viminaries ou daviésies. —
Le spliérolobe est cultivé dans les orangeries.
L'oxylobe est un arbrisseau à fleurs rouges
réunies deux ou trois ensemble à l'extré-
mité des rameaux. Le calUstachis, arbris-
seau de la Nouvelle-Hollande, a des fleurs
jaunes disposées en grappes serrées au
sommet de la tige. — L'ajonc est un arbuste
épineux, très-rameux, à feuilles simples,
roides, hérissées d'épines, à fleurs jaunes.
Le jonc marin, ou genCt épineux, ou sain-
foin d'hiver, est une espèce d'ajonc. Faire
des fagots d'ajonc pour cliauffer te four. Les
jeunes pousses de l'ajonc servent à nourrir
les bestiaux. — Les /)/a(y/o665,originaires de
la Nouvelle-Hollande, sont cultivés dans
nos jardins. — Le genct est nu arbiisseau
SIGNES DIVERS
aux feuilles alternes et aux (leurs papi-
Uonacées. Genct d'Espagne. Les fleurs,
jaunes, du genêt d'Espagne passent pour
diurcliques. Dans les Ccvcnties, on cultive
le genct d'Espagne pour en retirer une fi-
lasse dont on fait des toiles. Genêt des
teinturiers. Le genêt des teinturiers ou
gcnestrole , haut d'environ un mètre,
lournit une couleur jaune très -solide.
Genêt cjmmun, ou genêt à balais. Ba-
lai de genêt. Genêt à fleurs blanches.
Genêt monosperme. Genêt efjllé. Les spar-
tions diffèrent peu des genêts. — Le
genre cytise est composé d'arbres et
d'arbrisseaux aux fleurs jaunes ou pour-
pres et disposées en grappes ou en épis.
La plus belle espèce est le cytise au-
bours (cytise des anciens), arbre de
cinq mètres, qui se cultive comme plante
d'ornement. Les semences du cytise aubours
sont vomitives et purgatives. Son bois élas-
tique, très-dur, veiné de noir et de blanc,
est susceptible d'un beau poli. Lis anciens
en faisaient des arcs. On le nomme aussi
faux èbcnier. Cytise blanc. Cytise iomen-
teuoc. Cytise pourpre. Cytise des Alpes, ou
faux èbcnier. Un bouquet de cytises. — Les
crotalaircs sont des plantes annuelles ou
vivaces, herbacées ou ligneuses. La crota-
taire pourpre, arbrisseau de quatre métrés
de hauteur, originaire du Cap, a été ap-
portée en France en 1792. Le goodia, ar-
brisseau de la Nouvelle-Hollande, est cul-
tivé dans les jardins. Les rafnies diffé-
rent peu àc&crotalaires tt des goodias. — Le
genre lupin renferme vingt-quatre espè-
ces, aux tiges droites, aux feuilles alternes
disposées en éventail, aux fleurs grandes,
blanches, bleues, roses, ou jaunes, dis-
posées en épis terminaux autour d'un axe
commun. Les graines du lupin 6/rtnc four-
nissent «ne des quatre farines résolutives.
Farine de lupin. Frais, le lupin offre aux
anitnaux un excellent pâturage. Le lupin
était autrefois l'aliment favori des philoso-
phes grecs.- — Le genre bugranc comprend
un grand nombre d'espèces, dont la plus
connue est la bugranc des champs, vulgai-
rement api^v.léo arrête bœuf, à cause de ses
racines traçantes qui font souvent obsta-
cle à la charrue. L'arrêtc-bœuf est quel-
quefois épineux. Sa lacine est comptée par
les médecins au nombre des cinq racines
apéritives mineures, mais on ne s'en sert
guère qu'en hippiatrique. D'autres espè-
ces, telles que la bugranc élevée, la bugra-
U.
. BOTAKIQDE. 625
ne queue-de-renard, etc., servent à l'orne-
ment des jardins. — L'arachide, originaire
des tropiques, a toute l'utilité de l'olive
et de la pomme de terre. Les graines de
l'arachide fournissent une huile limpide,
claire, inodore, moins grasse que l'huile d'o-
live, et qui rancit difficilement. A mesura
que les gousses succèdent aux fleurs, dans
l'arachide, elles entrent dans la terre pour
achever leur maturité, ce qui leur a fait
donner le nom de Pistache de terre. L'ara-
chide prospère en France, en Italie, et en
Es()agne. — h'cbénier d'Orient est Vacacia
du Malabar. On donne le nom A'ébénier h
plusieurs arbres qui pi'oduisent de Vèbcne.
— Les anlhyllis ont des fleurs ramassées en
paq\iets terminaux ou axillaiies. Les da-
tcas diffèrent des psoralèas, avec les quels
on les avait confondus, par la structure
de leurs corolles. Les fleurs des dalêas sont
blanches, bleues, on rouges. — Le mélilot,
très-recherché des bestiaux, a beaucoup de
rapports avec la luzerne et le trèfle. Mé-
lilot blanc. Mélilot commun ou officinal. Les
feuilles du mélilot sont résolutives et émol-
tientes. Mélilot bleu. Mélilot houblonné on
petit trèfle jaune. Les Anglais le nomment
timothy. Les mélitots viennent sans culture
dans les blés, les avoines, etc. — On compte
plus de cent vingt espèces de trèfles, en-
tre autres: le trèfle rampant, qui sert à
former des gazons toujours verts et qui a
les fleurs blanches ; le trèfle rouge, admis
dans les jardins, à cause de la belle cou-
leur rouge de ses corolles, disposées en
épis gros et allongés; le trèfle fraisier,
dont la fleur est d'un rouge pâle, et dont
le calice renflé présente l'aspect d'une
fraise; le trèfle blanc, très-commun dans
les prairies ; le trèfle des près, qui est le
plus généralement cultivé ; le trèfle incar-
nat ou Farouch , aux fleurs terminales,
rouges, et allongées. Cette dernière es-
pèce est très-précoce et annuelle. C'est
une bonne herbe pour les chevaux que le
trèfle (AcAD.). La graine de trèfle, noire et
luisante, fournit une belle couleur jaune,
employée dans les manufactures à divers
usages. La luzerne ressemhlc beaucoup au
trèfle. Semer, couper de la luzerne. Un
champ de luzerne. C'est avec les racines de
la luzerne qu'où fait des brosses à dents, co-
lorées avec de l'orcunette, et parfumées à
l'ambre ou à la vanille. On compte une
vingtaine d'espèces de trigoncllcs. Le fmu-
grcc est une plante du genre trigonelle ,
79
(;2«î
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
dont les graines sont émoUientes et laxa-
livcs. En Egypte, on mange en salade les
jj:tines tiges du feniigrcc , et la graine se
met en purée. Celle plante porte les noms
vulgaires de sincgrcj scncgrain, graine
joyeuse. — Lolicr comestible. Loticr corniculé.
— Les dolics ressemblent aux haricots. Le
dolic d'Egypte produit des giaines plus
agréal)les que nos haricots, et très-nour-
rissantes. Dolic de la Chine. Ses semences
sont hlanclies et bonnes à manger. Dolie
bulbeux. Sa racine a la saveur des navets.
Dolic ligneux. C'est un arbrisseau de l'Inde
dont on mange les gousses encore vertes.
Dolic-cattang. Le dolic-cattang est l'aliment
le plus en usage aux Indes orientales après le
riz. — Les haricots sont des plantes herba-
cées, annuelles, volubiles, grimpantes,
dépourvues de viilles, aux feuilles alter-
nes, ternées, aux fleurs disposées en grap-
pes. Le fruit du haricot est une gousse
oblongiie, bivalve, renfermant un grand
nombre de graines réni formes et farineuses.
Il y a plusieurs espèces de haricots. Semer
des haricots. Quand tes haricots sont en
fleur. Haricot commun. Haricots grimpants.
Haricots nains. Haricots multifîores. Le ha-
ricot multiflorc, originaire de l'Amérique
méridionale, est cultivé comme plante d'a-
grément. Haricots verts. Gousses de hari-
cots encore vertes et assez tendres pour
pouvoir être mangées. Assaisonner des
haricots verts. — Les graines de Vérythrin
corail {bois immortel), rou^-es, luisantes,
et marquées d'une tache noire, servent à
faire des colliers, des chapelets, des bra
recherché pour l'élégance de son feuillage
et le pnrl'uin de ses fleurs blanches ou ro-
ses, disposées en grappes. — Le bagucnau-
dier ordinaire, arbrisseau très-oommn
dans nos bosquets, a les feuilles composées
de neuf à onze folioles, ovales, un peu
échancrées au sommet. Les fleurs sont
jaunes. Le fruit, qu'on nomme baguenau-
de, est \ine gousse vésiculeuse, qui éclate
avec bruit lorsqu'on la presse eTitre les
doigts. Baguenauder, c'est s'amuser, com-
me les enfants, à faire claquer des bague-
naudes en les crevant, et par extension,
s'amuser à des choses vaines et frivoles.
// ne fait que baguenauder. On nomme ba-
gucnaudier, celui qui baguenaude. C'est
un vrai baguenaudicr. — Les lessertics sont
des plantes herbacées du cap de Bonne-
Espérance, aux feuilles pennées, avec im-
paire ; aux fleurs purpurines et disposées
en grappes penchées. Les phacas et les
oxytropis diffèrent peu des baguenaudiers
et des astragales. Le genre astragale ren-
ferme plus de cent cinquante espèces,
dont quelques unes sont utiles par les sucs
gommeux qui en découlent. — La racine
de réglisse est d'un grand usage en méde-
cine dans les tisanes pectorales. Mettre de
la racine de réglisse ou simplement de la
réglisse dans une tisane. Réglisse en bâton.
La réglisse est adoucissante. Jus de réglisse.
Le suc de cette racine, préparé, soit en
blanc, soit en noir. Du jus de régllse anisé.
Un bâton de jus de réglisse, (Réglisse, en
lalin glycyrrhiza, vient du grec gluhus,
doux, et rhiza, racine). — Legalégaojjfîcinal,
celets. — Luclitore de Tcrnate, originaire de 1 connu aussi sous les noms de faux indigo,
l'Inde, est cultivée comme plante d'agré- lavanèse, et rue de chèvre, est une plante
ment. La glycine frutescente est une plante aromatique, sudorifîque, et alexitère. Elle
originaire de la Caroline, dont on fait des -
treillages et des berceaux. Glycine tubé-
reuse. Glycine tomentcuse. Glycine de la
Chine. Glycine à deux taches, — Les graines
rouges , tachetées de noir, de Vabruze,
servent à la toilette des Américaines. Ses
racines servent en Amérique aux mêmes
usages que chez nous la réglisse. — h'amor-
phe ou amorpha est un arbrisseau de la Ca-
roline, dont la racine pelée passe pour
guérir les maux de dents. L'amor/j/m />«-
tiqueux, appelé aussi indigo bâtard, se cul-
tive dans nos jardins. Ses fleurs, en long
épi pourpre et violet, sont d'un aspect
agréable. — L'espèce de robinier connue
sous le nom de faux acacia est un bel ar-
bre de quatorze à vingt mètres de haut,
croît en France et en Italie ; on en mange
les feuilles cuites ou en salade. Les indi-
gotiers croissent la plupart dans la zone
équaloriale. La matière colorante qu'on
nomme indigo se tire des feuilles et des
tiges de certains indigotiers. Indigotier franc
ou anis. Indigotier des Indes, Indigo est
souvent synonyme d'indigotier. Culture
de l'indigo. — Nous possédons en France
quatre espèces de pois : le pois commun,
le pois cultivé, le pois gris , le pois mari-
time, et le pois à bouquets. Ramer des
pois. Pois rames. Pois sans cosse ou pois
goulus. Pois dont la cosse est tendre et
se mange.
On nomme poU de sept ans, pois d'Angola, du Congo,
IcB fruits du fjtise de l'Inde :/;ciis uiuflfcj, pois grecs, puis
SIGNES DlVEns. BOTANIQUE.
C27
!e senteur, pots U bouquet, pois au lièvre, les fruits de plu-
sieurs espèces de gesses, etc.
Le genre orobe se compose d'une qua-
rantaine d'espèces dont dix-neuf se trou-
vent en France. L'arobe lubércux a une
racine pourvue de sept à huit tiibéroii-
tés grosses comme une noisette et qu'on
mange cuites dans l'eau. Les monta-
gnards de l'Ecusse en retirent une bois-
son rafraîchissante et fortifiante. — La verce
est une plante à fourrage, dont le grain
est rond. Un fagot, une bollc de vesce. Les
fèves, originaires de l'Afrique et de la Per-
se, produisent des semences alimentai-
res. La fève des marais ou fève vulgaire aies
feuilles ailées, ovales, épaisses, d'un vert
foncé ; elle porte des fleurs blanches, ta-
chées de noir, aux quelles succèdent des
gousses épaisses, renflées, contenant deux
ou quatre semences grandes et oblongues.
Ses variétés sont \a féie de Windsor on ronde
d'Angleterre, abondant dans le midi de la
France; la fève julienne ou petite fève du
Portugal ; la fève naine ou à châssis ; la
fève à longues gousses, et la fève verte. Se-
mer des fèves. Un champ do fèves. La fève,
gourgane, ou fèverolc, ou fève des champs,
de cheval, de galérien, a des graines allon-
gées, cylindriques, âpres et diues, qu'on
torréfie, en Allemagne, pour en faire une
sorte de café et du chocolat. Ses jeunes
pousses se mangent en guise d'épinards.
Sa tige fournit une bonne filasse, de la
bière, et de l'alcool.
On nomme vulgairement ft-yti à cochon, la jusqiiiame
commune; fève de loup, \^eUébore puant ; fève de M olar ou
de Maladou, l^acajou à pommes; fcve de mer, le haricot
commun ; fève de senteur, le lupin de Sicile ; fève épaisse ,
forpin; fève loiine , le lupin blanc; fève marine , le cotjlet
et l'acacia; fève à visage, une espèce de haricot coloré;
fcve de Bengale, le fruit du mirobotan cilrin ; fève de Car-
thagène , le fruit du béjuque ; fève de trèfle ou de terre, le
fi-uit du bois puant ; fève douce, les fruits de la casse eldu
tamarin; fève du diable, la ji;raine du câprier; fcve tête de
nègre , les semences du dolic. Fève de Saint-Ignace , fcve
des Jésuites-, ou vomiquier, est le nom d'un fruit fourni
par un arbrisseau des Indes orientales et de la famille
des apocynées. On nomme fève de Tonka la graine d'un
arbre de la Guyane nommé coumarou.
Ers hérissé. Les graines alimentaires ap-
pelées lenlilla sont produites par une es-
pèce d'ei'S. Le pois chiche, dont la gousse
sert d'aliment aux hommes dans tous les
j)ays qui bordent la Médilerranée, n'est
employé dans le INord que comme four-
rage. Les cafetiers substituent sa graine au
café. Le genre scor/JÙirc renferme des plan-
tes herbacées, vulgairement appelées c/ie-
nillettes, parce que leurs IVuits, hérissés,
écailleux, ressemblent à de petites che-
nilles roulées sur elles-mêmes, li'ornilhope,
genre de la tribu des coronillées, ren-
ferme des plantes herbacées, européen-
nes, aux fleurs petites, blanches ou roses,
peu noinbreuses.Ce genre ne renferme que
deux espèces, dont la plus connue est l'or/iy-
thope nain ou pied d'oiseau , cultivé comme
fourrage dans le Porttigal. Les hyppocrèpe
ou hippvcrépides sont des herbes a feuilles
ailées avec impaire, stipulées, et à fleurs
axillaires. Le genre coronille, type de la
tribu des coronillées, se compose de plan-
tes herbacées, à fleurs jaunes, roses, blan-
ches ou pourpres, disp(jsées en couronne.
A la tribu des coronillées apparliennent
le caroubier, le févier, la poincillade, etc.
Les caroubiers sont des arbres toujours
verts, haut de huit à dix mètres, dont la
cime, étalée comme celle du pommier,
est garnie d'un grand nombre de bran-
ches tortueuses, irrégulières, souvent pen-
dantes. Ses feuilles sont coriaces, luisan-
tes, d'un vert bleuâtre, servant, à cause
du principe astringent qu'elles renfer-
ment, à la préparationdu cuir, en guise de
tan. Ses fleurs sont d'un pourpre foncé.
Le fruit est une gousse nommée caroube,
dont on retire une excellente eau de vie,
et qu'on fait entrer dans les préparations
pharmaceutiques. Les féviers sont origi-
naires de la Chine et de l'Amérique sep-
tentrionale.— Le genre sainfoin comprend
plus de deux cents espèces. Le sainfoin
commun, on esparcettc, est employé à for-
mer des prairies artificielles. Sainfoin
d Espagne ou à bouquets. Sainfoin ulhagè,
Uagoiil des Arabes. C'est un buisson épi-
neux et rabougri, qui exsude, durant les
chaleurs de l'été, par ses branches et ses
feuilles, un suc blanc concret, d'une sa-
veur sucrée, que les Asiatiques font en-
trer dans leurs aliments. Sainfoin oscil-
lant. Le sainfoin oscillant, originaire des
bords du Gange, est remarquable par l'os-
ciflation perpétuelle des deux petites fo-
lioles, qui, de chaque côté du pétiole,
accompagnent la grande foliole impaire,
et par la contraction de celte dernière,
qui se baisse dès que les rayons solaires
ne parviennent plus jusqu'à elle. Le sain-
foin commun se nomme aussi vulgaire-
ment foin de Bourgogne. Cette terre est sè-
che cl légère, il faut y semer du sainfoin
(AcAD.). Le sainfoin échaulfe la bouche des
chevaux (hl.). Le genre flémtngie, établi
62S
CLEF Î)E I.\ LANGUE ET DES SCIENCES.
aux dépens des sainfoins, est le même que
celui auquel on a successivement ddiiné
les noms de loiircc, clirislie, vwçlinmie,
osiryadion. Les clijlbcri;i\i sont des ar-
brisseaux à Heurs axillaires, disposées en
grappes ou en épis. Le dalberf^ia à çoiisse
ovale a le bois ronge , et sa racine laisse
couler, par incision, un suc résineux qui
Oit la ^omitie laque du commerce. 11 croît
à Surinam dans les lieux humides. — Le
genre ptcrocarpc renferme vingt-deux es-
pèces d'arbres et d'arbrisseaux exotiques,
dont douze croissent dans les diverses
parties de l'Amérique du Sud et dix en
AlVique et en Asie. Sous le nom de bois
de santal, l'écorce d'une espèce de ptéro-
carpe ibiu'nit à la teinture une coub ur
rouge assez belle, et sous celui de bois
hérisson, donne la gomme appelée kino.
Conteur de santal. Un étui de bois de san-
tal. Le ptérocarpe santal s'emploie, en
Orient, dans les constructions. Son bois
compacte , ronge , remarquable par ses
fibres, tantôt droites, tantôt ondées, et
susceptible d'un beau poli, répand une
odeur suave. — Les sécuridacas sont des ar-
bres de moyenne grandeur ou des arbris-
seaux grimpants, à feuilles alternes, sim-
ples, munies de stipules, à fleurs disposées
en épis axillaires ou terminaux. Le sccuri-
daca à tige volubilc, qu'on trouYe aux An-
tilles, passe pour un des plus puissants sn-
ti-sipbilitiques de nos colonies.
«Les sauvages de l'Amérique ont consa-
cré l'acacia aux chastes amours. » (A. Mari.)
8 La luzerne occupe pendant long-temps
le même terrain ; mais quand elle l'aban-
donne, c'est pour toujours. Voilà sans
doute pourquoi on en a fait l'emblème de
la vie. — Rien n'est plus charmant qu'un
champ de luzerne en fleur. 11 se déroule
aux yeux comme un long tapis vert glacé
de violet. Chérie du cultivateur, cette;
plante lui prodigue d'abondantes récol-
tes, sans en exiger aucun soin. On la fau-
che, elle renaît. A son aspect, la génisse
se réjouit. Aimée de la brebis, elle fait en
même temps les délices de la chèvre et
la joie du cheval. Originaire de nos cli-
mats, ce doux présent nous vient immé-
dialenienl du ciel. Nous le possédons sans
cflbrts, nous en jouissons sans attention,
sans reconnaissance. Souvent nous lui
preiérons une Heur qui n'a d'autre mérite
qu'un éclat passager. Ainsi nous quit-
tons trop souvent un plaisir certain, pour
courir après de vains plaisirs qui s'envo-
lent. » (Id.)
Le galéga a pour emblème raison ; le
genêt, faible espoir ; le sainfoin oscillant,
agitation, La sensilive est le symbole de la
pudeur et de la sensibilité.
Les anciens donnaient a cette fleur l'o-
rigine sTiivante. Pan devint amoureux
d'une jeune nymphe de la suite de Diane.
Cette beauté chaste et timide opposait à
son amour une lésistance invincible. En-
fin un jour que le dieu aux pieds fourchus
était près de triompher par la violence,
Diane vint au secours de la nymphe, et
la métamorphosa en sensitive.
« El cette plante solitaii-e
De la pudeur t'apprend les lois.
Trompant le toucber téméraire ,
Sur elle-ïuême lu la vois
So replier pour s'y soustraire ,
El par un instinct salulaire ,
Dérober son feuillage àtonsouQTe, à tes doigls.
(A. MiiiTix.)
57. — LENTÏB0LARIÉES. Cette famille
rentre dans celle des primilacées.
li, — LICHENS (licbenes). Plantes crypto-
games, se présentant ordinairement en
forme de croûte, delèpre, de rameaux, etc.,
et croissant partout sur les murs, les ro-
chers, le bois, le fer, le marbre même. Les
lichens tapissent les arbres qu'ils défendent
contre la rigueur du froid. Les lichens ne
sont point parasites, comme l'ont pensé
quelques botanistes ; ils vivent de l'humidité
qu'ils pompent sur les corps aux quels ils s'at
tacitcnt, et non de la substance même de ces
corps. Plusieurs espèces de lichens contien-
nent un principe mucitagineux qui les rend
propres à la nourriture des animaux et mô-
me à celle de l'homme. Pendant l'hiicr, les
rennes ne se nourrissent que de lichens.
Quelques lichens donnent de très-belles cou-
leurs à la teinturerie, et particulièrement ce
superbe violet dont on teint tes soieries, et
qui est connu dans le commerce sons te nom
f/'oRSEiLLE. On a employé avec succès plu-
sieurs espèces de lichens à la fabrication du
papier. Lichen d'Islande. Le lichen d'Islan-
de, outre que, réduit en pâte, il sert à com-
poser un aliment très-sain, est encore Irés-
usité dans la médecine. Le lichen caninus a
été employé contre la rage. Les lichens se
reproduisent par des gotigyles, espèces de
séminules que les vents emporlent au
loin. Leurs fruilsse nomment tipolhécions.
Acharius a divisé ainsi les lichens:
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
g I. jDioTUAliMES, OU doiil Ics lécpptaclos sont d'une
couleur différente de l'expansion [du gicc idios, particu-
lier, et thiilutnos, lit nuptial;. — Homogènes , ou dont la
substance des réceptacles est uniforme, pulvérulente ou
solide et similaire {du grec /lowics, semblable, et g-ciics,
uature) — Réceptacles, sans rebord. Genres : spiiome
(-ma), arthonie (-nia). — Réceptacles avec un rebord.
Genres : gyalecle (-ta), licidée (-deaj, gyrophare (-ra), ca-
lycium, opégraphe (-pba). — Uétércgènes, dont les récep-
tacles sont munis d'uu noyau prolifère ( du grec hétéros,
autre, elgcnos), — Réceptacles discoïdes avec un re-
bord. Genres : graphis, biaiore '-ra) . Réceptacles presque
globuleux. Genres: verrucaire (-caria), endocarpe (-car-
pon ), trjpéiliélion.
g II. CcENOTHiLAMES, OU doiit les récept.icles sont en
partie cnnrposés par la substance de l'expansion ( du
grec koinos, commun, etfbu/umcsj. — Phjmatoides, aj;iiit
des réceptacles eu forme de verrues, formés extérieure-
ment par l'expansion, et renfermant un noyau ou simple-
ment une lame proligère ( du grec/ï/ijmc, verrue, et
eidos, forme). Genres: porine (-na), Ihelotrème (-ma,, pj-
Ténule (-la), variulaire {-larial, sagédier {-<ii3;. — Discoirfes,
ayant des réceptacles recouverts d'une lame discoïde co-
lorée, nue, et entourée d'un rebord ibaloide (du grec dis-
Los, disque, eleidos formel.- — Réceptacles enfoncés, ur-
céolaires. Genres: urceo/aiV* (-lariaj. — Réceptacles entiè-
rement sessiles. Genres : Iccanore (-ra), roicelle (-la). —
Réceptacles fixés par le centre et presque sessiles. Gen-
res: évemie (-nial,s(iV(c (-ta) , parméliê (-lia). — Réceptacles
presque pédicellés. Genre : borrere [-ra] . — Réceptacles
obliquement sessiles. Genre : cètiaîre (-aria), — Récepta-
cles entièrement et presque obliquement adnés. Genres:
petlidce (-dea), ndphrome (le néphrome, -ma). — Récepta-
cles fixés par le rebord et libres en dessous. Genre ; du-
fourée (-rea). — Céphaloldes, ayant les réceptacles capitu-
liformes, placés sur des lamules terminales de l'expansion
(du grec kêpIiaU; tête, ei eidos]. — Réceptacles recou-
verts eu entier d'une lame proligère. Genres: cénomycé
(cœiiomyce), bcomycé (bœomyccs), isidion ^ stéréocaulon.
— Réceptacles renfermant une masse proligère globu-
leuse. Genre : sphérophore ( sphœrophorou).
§ III. HoMOTiiALAUES, OU dont Ics réceptables sont en
ticrement formes par la substance corticale et médullaire
(du grec /lumos , semblable, ei tlialanws], — Sciilellés ,
ayant des réceptacles en écusson, presque sessiles et bor-
dés (du latin scutus^ écu,. Genres : alectoire (-ria), rama-
Une (-na), collèma. — Peltcs, ayant des réceptacles eu bou-
clier sans rebord, el un peu ciliés { du latin petta , bou-
clier). Genres: corniculaire (-laria), usnce (-nea).
g IV.Atiialames, ou sans i-éceptacles ( du grec a, sans,
et thatamos). Genre : Icpraire (-praria }.
28.— XILIACÉES {liliaceœ), Plantes
herbacées, aux racines fibreuses ou bul-
beuses ; à hampe simple ; aux feuilles allon-
gées, souvent radicales , engainantes, ra-
rement alternes ou verticillees , quelque-
fois succulentes ; aux fleurs solitaires ou
paniculées, en corynibe ou en épi ; au fruit
charnu, ou sec et déhiscent. Les plantes
de cette famille sont toutes remarquables
par la beauté de leurs Heurs, et utiles par
leurs propriétés.
Genres : irjihrone, dent-de-chien ou rioulte (-tlironium),
ntilhonique (-ca), utiuiiine (-lariaj, fritiltaire (-laria), /is (li-
629
lium), jiicco, soiiseuière (-ra), aletrài, (vclllieimia), (pit-
cairnia(l), alo'es (aloe), anthéric [-cuva] , cchêandle {-dia),
phalang'ere (plialargium), eucomé -coinis) ^massone (-nia),
drimie [-nûa)-, jacintlie ou tiyacintbe (hyacinllius), muacari,
pbormium , iacht:natîe (-lia^ , ryanetle (-la), aibuca , sctile
(-la), ériospcrme :-muni), ornitlwgale (-lum), ail (allium),
tuiereuse ( polyanthes ) , «ja/)nii(/ie (-tlius), (u/i'/ie (-pa),
bromélie (-lia), asphodèle (-lus), hémérocaile (-lis).
Des genres tulipe, bromélie, asphodèle, hémérocaile, le»
botanistes ont formé quatre nouvelles familles : tclipa-
eiES, BIIOMÈLIÉES, ASPUOUÈl.ÉES, UÉMÉllOCALLIDfcES.)
Les vioultcs, qui viennent sur les hautes
montagnes de l'Europe , sont cultivées
dans les jardins pour la beauté et la préco-
cité de leurs fleurs en étoiles. — Mcllionique
dcMalabar. Méthoniquedu Sénégal. — Aucu-
ne uvulaircna croît en Europe. — La frilil-
laire luclcagride ou des prés a les fleurs par-
semées de petits carreaux blancs et rouges
iiiîitant les cases d'un échiquier, ce qui
lui a fait donner le nom de damier, La fri-
tillaire impériale ou couronne impériale ex-
hale une odeur fétide. Sa racine, prise
intérieurement, produit l'effet de la ciguë.
La couronne impériale a pour emblème ,
FIERTÉ SAKS DODCEUB.
Junon, jalouse de la manière dont Ju-
piter avait enfanté Minerve , voulut aussi
devenir mère par sa propre puissance. Elle
consulta Flore , qui lui dit que dans les
champs d'Oléneon trouvait une fleur dont
le simple attouchement avait la vertu de
rendre féconde. Junon en fil l'essai, et
donna le jour au dieu de la guerre. Les an-
ciens ont toujours cru que la couronne
impériale était la fleur touchée par Ju-
non.— Le lis est une plante sans calice ni
corolle , et n'ayant qu'une seule enveloppe
florale colorée, à six pièces, qu'on nomme
pcrianlhe. Le genre lis comprend plusieurs
espèces. Lis blanc. Lis jaune. Lis bleu. Lis
orangé. Le martagon est une espèce de lis.
Bulbe ou ognon de lis. Tige de lis. Planter
des lis. La fleur du lis blanc est le symbole
de ta virginité , de la candeur , de l'inno-
cence, de la pureté, La mère du Sauveur
est représentée le plus souvent avec une
branche de lis dans l' une de ses mains. La
fable fait naitrc le lis blanc du lait de Junon,
à qui il était consacré.
Noble fils du soleil, le lis majestueux.
Vers l'astre paternel dont il brave les feux (2),
Elève avec orgueil sa tète souveraine.
Il est le roi des fli;urs dont la rose est la reine,
(De BoisJoLi.i. )
(1) Ces noins ne .sauiaicnt jamais devenir français. Nous ne les traduisons pas.
(2) Sied-il à un iioMe (llsdt- Liaver ?nn père?
650
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Le /i«_/<;H»ie a pour emblème, inquiétude;
et le lis rose , vanité.
Ou a ùteiutu le nom de lis à une foule de plantes f|ui
n'ont souvent aucun rapport avec les espèces de ce penre.
ifs asphodèle, l'béniérocalle. Lia épineux, le catesbec. Lis
d'tlang , le nénuphar blanc. /,is rft» 7nrns, l'alstrocmérie.
J.tsjtirinAe, la scille. Lis du Jupon , l'uvairc du Japon. Lis
tte mai, le niupuct de mai. Lis des murais, Piris des ma-
rais. Xis de Mathiole, le pancratier ou pancrace mari-
time. L/s rfe «ter, l'encrine. Lis du ilexiquc, l'amaryllis
belladone. Lis narcisse, ramaryllis d'automne et le pan-
crace niarilime. tis orang-e, l'bfcmcrocalle jaune. Lis de
Perse ou de Suie, la fritillairc de Perse. Lis de Saint-Bruno,
le pbalangère liliastre. Lis de ^dtïi.'-tTar^ucs , l'aniarjllis
trc'i-bclle. Lis de Saint-Jean, le glaïeul, ti.'i de Surutè , la
kctmie de Surate. Lis des teinturiers, la gaude et la Ivsi-
uiachie commune. Lis turc, Tixie de la ('.bine. Lis des val-
lées, le muguet. Lisvermeil, rbéniérocalle. Lis vert, le col-
chique d'automne.
Le yucca est une plante exotique qui a
l'aspect de l'aloès et qui porte une touffe
de belles fleurs blanches. Au Mexique, le
yucca a ordinairement des proportions gi-
gantesques, hts sonseviéres , propres à la
Guinée et à l'Asie orientale, sont admises
dans les jardins d'agrément , où elles se
font remarquer par la singularité de leur
port , leurs feuilles radicales d'un vert
foncé, et leur hampe rouge, terminée par
des épis de fleurs. L'aloès est une plante
grasse au calice tubuleux , cylindrique ,
aux feuilles épaisses , charnues, réunies à
la base de la hampe , qui se termine par
un épi lâche de fleurs rouges. Sucd'aloès, ou
simplement, aloès. Pilules d'aloès. Extrait
d'aloès. Amer comme de l'aloès. L'aloès fait
en pharmacie la base de la préparation nom-
mée ËUxirde longue vie.
On donne aussi le nom âi^atoéidiVaquilaire ou aloexyle,
grand arbre des Indes orientales, dont on retire le bois
d'aigle ou garo de ilalacca, un des parfums les plus ex-
quis elles plus recherchés. Briî/er de l'encens et de l'aloès.
Les antlicrics sont propres au cap de
Bonne-Espérance. Les échéandies , origi-
naires de l'ile de Cuba, diffèrent peu des
anthérics. Les phalangèrcs , les encornes,
les massones , les drimics , sont toutes
propres au cap de Bonne- Espérance. La
inassone à larges feuilles est une plante fort
remarquable que l'on cultive dans quel-
ques jardins de Paris. Les drimies ont
beaucoup de rapport avec la Jacint/ie. On
(omptejKSf/u'à deux mille varioles de jacin-
thes à fleurs simples ou à fleurs doubles. Les
])1ms jolies sont la jacinthe des près , aux
ileurs bleues; \a jacinthe penchée, aux
fleurs roses; la jacinthe verte; \a jacinthe
muguet , aux fleurs jaunes ; et la jacinthe à
peurs roulées, aux fleurs campanulées, ver-
(làtres. Les jacinthes sont cultivées dans les
jardins , à cause de l'élégance et de l'odeur
suave de leurs Peurs.
Apollon , exilé du ciel, gardait les trou-
peaux du roi Admète , sur les bords du
Pénée. Malheureux par l'amour, le frère
de Diane eut recours à l'amitié. Il s'attacha
au jeune Hyacinthe , fils de Piérus , et,
comme il jouait au disque avec lui, Zé-
phire , jaloux de la préférence qu'Hyacin-
the donnait à Apollon , poussa le disque
vers le front du jeune homme qui fut tué.
De son sang naquit la fleur nommée de-
puis Jacinthe.
Dans la jacinthe un bel enfant respire.
J'y reconnais le fils de Piérus :
Il cherche encor les rt gards de Phœbus;
Il craint encor le souffle du zéphyre. iParnt. }
Quelle charmante poésie classique !
La jacinthe fleurit à la fin de l'hiver.
Avant le retour de Flore ,
Elle s'empresse de fleurir,
Pour éviter encore,
L'haleine du zéphyr. ( Demovstiee.)
Le genre muscari renferme une dixaine
d'espèces. Muscari chevelu ou jacinthe à
toupet, Muscari monstrueux, on jacinthe de
Sienne, lilas de terre, etc. --Quand on fait
une ou plusieurs blessures au.x feuilles du
phormium textil, il en sort un sucinodore,
insipide, transparent, couleur paille, pres-
que semblable à la gomme arabique. On
retire des l'euilles da phormium tenace un fil
très-délié qui tient le premier rang entre
toutes les fibres végétales employées it faire
des cordes. — Lachénalie tricolore. Lachéna-
lie à fleurs pendantes. Lachénalie à fleurs
jaunâtres. — Les Hottenlols font giiller l'o-
gnon de lacyanelle du Cap et le mangent. Ils
mâchent la tige de l'albuca pour se désalté-
rer dans les chaleurs. — Scille double feuille.
Scille italique. Scille en ombelle, Scille va-
cillante. Scille du Pérou. Scille tnaritimc.
La médecine emploie les bulbes de la scille
maritime pour favoriser l'expectoration , et
quelquefois pour déterminer le vomissement.
Ognon, bulbe de scille. On nomme scilli-
iique ce qui est fait ou modifié avec la scil-
le. Vinaigre scillilique. Miel scillitique. Pi-
lules sciliUiqucs. — Les ériospermes diffèrent
très- peu des ornithogales. On connaît plus
de quatrevingts espèces d'ornithogales ,
pont six environ croissent naturellement
en France. Ornithogalc en ombelle , ou
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE
dame d'onze heures . Ornltlios^alejaunc. {Or-
nilhogale vient du grec f;ala , lait , et orni-
tltos , d'oiseau, lait d'oiseau.) L'ail, t'o—
gnon, le porrcau, la. ciboule , \aciboulette
ou civette appartiennent au même genre.
L'ail ordinaire n'exige aucun soin. L'ail
possède des propriétés médicinales trés-
nonabreuses. On cultive l'ail doré et l'ail
blanc, ou odorant , ou superbe, à cause de
l'odeur agréable de leurs fleurs. Une tête
d'ail. Une i:ousse d'ail. Les grauunaiiiens
disent au jjluriel aulx, les botanistes di-
sent, ails. Il y a des aulx cultivés et des
aulx sauvages (Les grammairiens). Ilcul-
tive des ails de plusieurs espèces (Les bo-
tanistes). Nous serions plutôt de, l'avis des
botanistes. Ail d'Espagne , on Rocambole.
Il croît spontanément dans diverses con-
trées de l'Europe , surtout en Hongrie et
en Suède. On en mange les petites bulbes
ou soboles purpurines et blanchâtres qui
couronnent la tige et se voient entremê-
lées aux fleurs. La rocambole se dislingue
de i'ailordinaire par sasaveur douce. L'ognon
a une racine bulbeuse de figure ronde ,
communément un peu aplatie, composée
de plusieurs tuniques ou pellicules qui s'en-
veloppent les unes les autres. Cette racine
est ce que , dans l'usage ordinaire, on ap-
pelé ognon. Elb; contient une buile vola-
tile, acre , blanche, qui excite le larmoie-
ment quand on le coupe. O^non rouge.
Ognon pâle. Ognon blanc. Ognon jaune.
On retire des ognons une grande quantité
de sucre incristallisablc. Tcte, botled'ognons.
Chapelet d'ognons , Une grande quantité
d'ognons attachés ensemble. Lc.< Egyptiens
nourrissaient leurs esclaves avec des ognons.
Prov. et fig.. Regretter les ognons d'Egypte,
Regretter son ancien état , quoiqu'on soit
dans un état meilleur. Faiii., Être vêtu
comme un ognon. Être fort couvert de vê-
tements. Prov. et fig., Marchand d'ognons
se cannait en ciboules , On est difficilement
trompé sur les choses de son métier. Dans
le langage ordinaire on nomme ognon ce
que les botanistes appèlent bulbe. Ognon
de lis, de jacinthe, de tulipe. On appelé
vulgairement ognon de loup , un poti-
ron ; ognon de mer, la scille marine : ognon
de Strasbourg , l'ail fistuleux; ognon
musqué , la jacinthe des environs de
Mont- Pellier ; ognon sauvage, la jacinthe
à toupet. Le porreau, ou poireau, sert ii re-
lever les potages et les bouillons, a donner
du goût aux sauces , etc. Ciboule blanche.
631
Ciboule rouge. Ciboule vivace. La ciboule
ressemble à l'ail. La ciboule est originaire
des montagnes froides de l'Europe et de l'A-
sie. Les feuilles de la ciboulette sont sem-
blables à celle du jonc ; et ses fleurs, dis-
posées en groupes , sont de couleur pur-
purine. La ciboulette, qu'on nomme en-
core appétit, entre comme assaisonnement
dans différents mets. Odeur de ciboulette.
Un médecin demandait à son malade s'il
avait mangé certain mets qu'il lui avait
l)ermis avec appétit. — Je l'ai mangé
avec (du) sel, répondit celui-ci. Les \'ien-
nois font grand cas de ce calembour. 11 est
dans la bouche de tout le monde.
La tubéreuse est une très jolie plante ,
originaire du Mexique , qui a été introduite
en France au xvi* siècle. Cette plante,
haute d'un mètre, est garnie daus sa lon-
gueur de feuilles lancé(jlées, d'un vert gai ,
et terminée par une foule de belles fleurs
blanches ; ce qui lui a fait donner par
Linné je nom de polyanthe {polus, plu-
sieurs , et anthos, fleur ). M. Aimé Martin
écrit polianthe, et prétend que cela signifie,
fleur digne des villes. Le Journal des Dé-
bals vante la science philologique de
M. Aimé Martin , éditeur d'une nouvelle
édition de Molière , au profit de MM. Fir-
min Didot. Les fleurs de la tubéreuse e.rha-
lent une odeur suave, mais si forte, qu'elle
peut, enfermée dans des appartements,
causer l'asphyxie,
Roucher parle d'une femme qui devint
imbécile pour avoir respiré trop vivement
cette odeur.
«Que son baume est flatteur, mais qu'il est dangereux. ?
Qu'est-ce qu'un baume flatteur? Il n'y a
que les classiques pour trouver de ces heu-
reuses épithètes. C'est comme les tendres
feux de Parny. Si des feux peuvent être
tendres 1 Et qu'est-ce que le baume d'une
fleur ? Une fleur a un parfum, une odeur,
qui fleure, si l'on veut, comme baume ;
mais elle n'a pas de baume. Il eut été trop
simple de dire : Que son parfum est doux !
Et M. Cuvillier Fieury vante la simplicité
des classiques ! Il s'extasie devant leur ciel
en courroux , par exemple , et se moque de
notre ciei, noir et brumeux. Mais il faut lui
pardonner; la passion fait dire tant de sot-
tises! — L'agapanlhe, qu'on a aussi a|)pelé
maulhie , est une très-belle plante d'Afri-
que.— La <«/i7?c, originaire de la Cappado-
ce, est une plante printanièrc, à tige haute,
052
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
qui porte une ou deux fleurs inodores ,
grandes , en l'orme de cloche, dont la co-
rolle se panache de couleurs Irès-vaiices
et souvent très-helles. TuUpc double jaune.
Tulipe double panachée. La tulipe double est
le symbole de l'amitié. Dans l'Orient , sur-
tout en Perse, les tulipes sont, pour ainsi
dire, un objet de culte; et on y célèbre tous
tes ans , à 'l'cpo'iue de la floraison , la fêle
des tulipes. La tulipe est un des plus beaux
ornements du sérail à Constontinoplc.'Les
Hollandais sont atteints pour les tulipes d'une
passion qu'on appelé tulipomanie. Planter,
lever des tulipes. Un ognon de tulipe. Un
caieu de tulipe. Une planche de tulipes.
On lionne le nom de tulipe du Cap à l'hœmanU érarlate,
plante amaryllidéc.
133 IINACÉES , OU LINÉES, Famille
de plantes herbacées annuelles ou vivaces,
et de sous arbrisseaux à feuilles alternes ,
à fleurs terminales , remarquables par la
grandeur et les couleurs de leurs corolles
à cinq pétales. Le fruit est une capsule
globuleuse souvent terminée par une petite
pointe , et renfermant des graines char-
nues, fines, luisantes, qui fournissent une
huile très-bonne à brider, etsontemployées
comme éinollientes. Le lin est le type de
cette famille. Lin commun. Lin d'été ou
petit lin. C'est celui qui fournit les meil-
leures toiles et le meilleur fil pour la den-
telle.
On nomme vulgairement lin aquatique , plusieurs es-
pèces de conferves ; tin d^Ainérique, Vagave; tin fossile, ou
tin incombustihle, l'amiante; tin de lu Nouvelle-Zélande, le
pliormion tenace ; lin de lièvre ou lin maudit , la cuscute ; lin
de rnurais^ la linaigrette; lin de mer, plusieurs fucus ou con-
ferves i lin étoile, la /jsiniacbie; lin sauvage , la linaire.
142. — LOASÉES , Famille de plantes
démembrée de celle des port u lacées , et
dont le genre loase est le type. Les loases ,
indigènes de l'Amérique méridionale, sont
hérissées de poils, et piquent comme les
orties. La turnérc appartient à la même
famille.
82.— tOBÉLIACÉES, Famille de plantes ,
démembrée de celles des campanulaeécs ,
et dont le genre type est la lobclie. Les
lobélies sont des plantes herbacées, à feu-
illes entières ou découpées et à fleurs dis-
posées en grappes ou en épi terminal, qui
renferment un suc laiteux, acre, caustique,
très-vénéneux.
94. — LORANTHÉES, Famille de plantes,
sèp^rèepav Ju^sicu des caprifoliacées et dé-
signée parRichard sous le nom deviscoidées.
Cette famille renferme les genres loronthe,
gui. cloranthe, aucuba, et codonium. Les lo-
rantlies sont des plantes parasites, vivaces,
et ligneuses, dont on connaît soixante-onze
espèces, toutes exotiques, à l'exception
d'une seule, le loranthe d'Europe, qui
croît sur les châtaigniers , les pommiers ,
les poiriers, et les chênes. Son fruit est une
baie jaunâtre, à bulbe gluante. Le tnan-
glierju palétuvier est une loranthée.
7. — LYCOPODIACÉES ( - ccœ ) , Plantes
cryptogames , difi'érant des mousses par
une fructification capsulaire,sans opercule
ni coifi'e. La famille des lycopodiacées se
compose des genres lycopode (- diuml,
tmésipleris , psilotum, isoélès , et stachygy-
nandrium. On trouve \t:s lycopodcs dans les
endroits frais et ombragés des bois. L'es-
pèce la plus connue est le lycopode en mas-
sue , connu encore sous les noms de soufre
vej^élal, mousse terrestre, pied-de loup, dont
les capsules sont reiuplies d'une poussière
abondante qui prend feu comme la résine.
Dans les théâtres , on fait souvent usage de
lycopode pour imiter les éclairs. Les nourri-
ces l'appèlent poudre de vieux bois. {Lycopo-
de vient du grec lukos, loup, et po«s, pied.)
14s. — LITHRAIRES, SALICAIRES, SA-
LICARIÉES , CHRYSANTHÈMES ( lythra-
riœ, salicariœ , lythreœ) , Plantes herba-
cées, rarement frutescentes ; à tiges cylin-
driques ou tétragones; à feuilles simples ,
alternes ou opposées , sessiles ou presque
sessiles; a fleurs axillaires ou terminales. Le
fruit est une capsule. Genres : lagerstroè-
mie {-m'ia), salicaire (lythrum),CH/)/iée (ea),
isnarde (- da) , glaux, peplis. La lagerstroè'
mie de l'Inde , haute de deux mètres, étale
ses grandes corolles rouges depuis le mois
d'août jusqu'en octobre. Sa tige est droite
et garnie à son sommet de rameaux angu-
leux et rougeâtres. Les feuilles sont ovales,
aiguës , coriaces , luisantes , et d'un vert
foncé. L'isnarde est ime plante annuelle ,
propre à l'Europe et à l'Amérique. L't«-
narde a les tiges noueuses , faibles , coU'
chées sur la terre , ou flottantes sur l'eau ,
et poussant des racines de tous leurs nœuds.
Le péplis se nomme aussi pourpier sauvage.
117.— MAGNOUACÉES, MAGNOLIERS,
TULIPIFÈRES ( magnoltaceœ, tulipiferœ ) ,
Famille qui se compose d'arbres très-
élevés et d'arbrisseaux élégants de l'Amé-
rique septentrionale et de l'Asie , munis
de feuilles alternes , simples , stipulées ,
de fleurs très-grandes, terminales ou en
paniculcs cparses. Elle çst divisée en deux
tribus : celle des illiciébs, renlermant les
genres badiane (illiciuni), drymis, thas-
mannie (-ia); et celle des magnoliées ,
renfermant les genres tulipier (lirioden-
dron ) , magnolier ou magnolia , rnichelia ,
mayna et talauma.
Les badianes 'ou badians sont des arbris-
seaux toujours verts , qui i xlialent une
agréable odeur de touies If lus parties. La
badiane de la Chine ou du Japon porte des
fruits appelés an(5é/ot7<;.<, dont les semences
ont l'aronie de l'anis et du fenouil. Elles
servent à préparer le ratafia de Boulogne
et l'anisetle de Hollande. Le bois de la ba-
diane, nommé bois d'unis, peut servir aux
ouvrages de tour et à la marqueterie. On
connaît encore la badiane à grandes fleurs
rouges eX la badiane à petites fleurs, toutes
deux originaires des Floridcs , et dont les
fruits et les feuilles ont les mêmes pro-
priétés que la badiane de la Chine. Les
drymis (du grec dri/s , arbre, et muron,
parfum ) sont des arbres de l'Amérique
méridionale , à feuilles simples , et dont
l'écorce a une saveur aromatique , acre et
très-piquante. Les ihasmaïuiias sont des
arbrisseaux toujours verts de la terre de
Van-Diemen , à l'écorce très-odorante. Le
tulipier est un grand et bel arbre del'A-
mériqueseptentrionale qu'on a transplanté
en Europe, où il sert pour la décoration
des jardins, et dont la fleur ressemble à
celle de la tulipe. Le tulipier a le tronc droit,
revêtu d'une èeorce lisse et purpurine dans
sa jeunesse , crevassée et grise dans sa vieil-
lesse. Les feuilles du lulipivr sont alternes,
cl suspendues à de longues tiges ou pétioles,
La fleur du tulipier , à siac pétales, est d'un
Jaune tendre, môle de vert, et porte A la
base une tache transversale de couleur au-
rore. Le fruit du tulipier est un cône allonge
et écailleux. Le bois du tulipier est d'un
blanc Jaunâtre , à larges veines, odorant, et
propre aux, constructions. On connaît une
quinzaine d'espèces de magnoUers , toutes
remarquables par leur port élégant et ma-
jestueux, leur feuillage d'un joli vert, leurs
fleurs superbes et d'une odeur suave. Ma-
gnolier à grandes fleurs , aux fleurs blan-
ches et suaves. Magnolier à parasol. Magno-
lier glauque , aux fleurs pourpres. C'est
avec l'écorce du magnolier glauque qu'on
fait cette poudre contre les fièvres connue
sous le n(mi de quinquina de Firginie. Ma-
gnolier bicolore. Le michéHa , dédié à Mi-
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 053
chéli, célèbre botaniste florentin, est le
même que le champac, grand arbre de
l'Jnde. Les fleurs du talauma, arbre de
Saint-Domingue, sont très-odorantes, et
entrent dans la composition d'une des ex-
cellentes liqueurs des îles.
On a séparé des magniotiacces les genres rfi/dViic, li-ira-
cire , daillia , etc., dont ou a fait une nouTeilc l'amille
sous le nom de diléniacées-
105. — MALFIGHIACÉES, MALFIGHIES,
MALPIGHIÉES (- ghiaccœ , - ghiœ) , Arbres
et arbrisseaux très-ramenx , souvent sar-
menteux et grimpants, presque tous exo-
tiques , et dont les troncs s'élèvent de
vingt-ciftq à trente mitres. Genres : banis-
tère ( - ra ) , gyrocarpe ( - pos ) , trioplèris ,
malpighiaon mourciller, érylhroxyle (-Ion),
hiptage , etc. Parmi les banistères , on re-
ntarque le banistère anguleux du Brésil et
des Antilles, qui passe pour un sudorifique
tiès puissant, etpourun antidotedu venia
des se ipents. Le g^yrofflr/?c croît au Mexique.
Les trioptéris sont des arbrisseaux ou des
sons arbrisseaux , souvent sarmenteux , à
feuilles opposées , et à fleurs disposées en
panicules terminales ou axillaires. On en
connaît quatorze espèces, presque toutes
de l'Amérique méridionale.
Le genre malpighier renferme une qua-
rantaine d'arbrisseaux à feuilles opposées,
entières ou dentées et épineuses, aux fleurs
disposées en petites ombelles axillaires et
entourées de bractées. Les espèces les plus
recherchées sont : le malpighier glabre , aux
.fruits charnus, d'une saveur aigrelette, que
l'on mange comme les cerises, le wa//)(g^/)(er
à feuilles d'yeuse, le malpighier à feuilles
étroites , et le malpighier piquant. Les éry-
throxylcs (du grec cruthros , rouge, et
xulon, bois ) sont des arbres garnis de ra-
meaux comprimés, aux feuilles simples, al-
ternes, quelquefois opposées; aux fleurs
solitaires, géminées ou en faisceaux. Le
fruit est une drupe sèche , uniloculaire ,
oblongue , cylindrique, anguleuse, conte-
nant un noyau. L'érytroxyle aréole (bois
major) s'élève à quatre ou cinq mètres ,
et fournit un bois solide, d'un brun jau-
nâtre. L'hiptage est un arbre de moyenne
grandeur, que l'on trouve sur la cote de
Malabar, et dont les Indiens emploient
les fleurs , qui sont fort belles , à parer les
autels de leurs dieux.
De CandoUe divise cette famille en trois tritus: mal-
pighldet , hiplagiiies, lianisliiriées.
Quant au genre érjftiiroxyle, Hcsl dercnu pour Kuntli
le tj-pe de sa famille des tHïiunoxvLiEî, ((ui n'a pas ù\v
adoptée.
T. II.
HO
65 i
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
115.— MAIVACÉES, MAUVES ( -vaceœ ,
- vœ ) , Plantes herbacées , annuelles ou
vivaces, s'elovant parfois i\ laliautcnr des
arbustes; aux fcinUcs allerncs , simples,
entières , et diversement lobées et incisées ;
nu.v fleurs presque habituellement monoï-
ques , axiilaires ou terminales, tantôt très-
petites, tantôt fort grandes. Le fruit est
composé d'une seule capsule à plusieurs
loties et à plusieurs valves, ou lormé de
cinq à vingt capsules ramassées orbiculai-
rement autour de la base du style, et con-
tenant une ou plusieurs graines.
On a diïisù cette famille en plusieuis sections. I. Eta-
mines indèlinics, réunies en un tube adhérent à la co-
rolle ; plusieurs ctamines réunies en tête. Genres : pala-
vie (-ia|, ma/ooo f-paj, kitiiibélic (.lia). — II. Etamines réu-
nies en un tube adhèrent à la corolle; plusieurs capsules
disposées circulaireraent, ou réunies en une seule. Gen-
res: niaiii'i! (malva), (aixilère (-ra), guimauve (altliiea),
atcde ou rose irémi'ere (-cea) , matachre (-chra) , pavnne
(-nia;, urène (-ua), napée (-pœa), side (-da). —III. Eta-
mines indélinics, réunies en un tube adhérent à la corol-
le ; une capsule à plusieurs loges. Genres : AefmiV (hibis-
cus), mauvisque (malvatiscus), lajunée (-nœa ) , cotonnier
OH gossampin Jgossj-piuni). — ^IV. Etamines toutes fertiles,
définies ou induGnies ; filets réunis à la base en un corps
sessile etéïasè. Genres: mélochie (-chia), »(euiar(ic (-tiaj,
gordone (nia), fromager (bomhax) , ochrome (-ma), bao-
bab (adansonia). — V. Etamines définies ou indéliuies,
les unes stériles, les autres fertiles; filets réunis à la base
en un corpsscssile ctévasé. Genres: penlaphte (-tes), abro-
vie l-ma), guaiuma, dombeya, bylinérie (-ria), etc. — VI.
Élamines ordinairement définies et fertiles; filets réunis
à la base , autour de l'ovaire, en un godet, porté sur un
pédicelle. Genres : aycne (-nia) , At'/idèrc (-ra) , slerculie
(-lia).
La palavle se trouve au Pérou. Les ma-
lopes sont des herbes annuelles, propres
aux parties méridionales de l'Europe. La
malope malacoide. est cultivée dans les
jardins de Paris. La A(<«i6e/(e croît surtout
en Hongrie. Le genre mauve renferme
plus de cent espèces, la plupart exotiques.
Les mauves sont herbacées ou annuelles ,
sufiPrutescentes ou vivaces. Leurs feuilles
sont alternes; les fleurs, disposées au som-
met des tiges et des rameaux , ont la co-
rolle composée de cinq pétales en cœur,
planes, ouverts, réunis à leur base. Les
espèces les plus connues sont la mauve à
feuilles rondes, aux fleurs blanches ou pur-
purines ; la mauve sauvage , aux grandes
fleurs purpurines et aux feuilles lobées.
Les ruauves en général , el particutiérement
la mauve à feuilles rondes , sont employées
en médecine comme émollientes et adou-
cissantes. Une infusion de fleurs de mauve.
Cataplasme de feuilles de mauve.
Le genre lavatcre comprend une ving-
taine d'espèces, la plupart indigènes d'Eu-
rope. Le genre heimie renferme un grand
nombre d'herbes et d'arbrisseaux exoti-
ques. La hetmie musquée^ qui croît aux In-
des-orientales, ïommtV ambrcttc. On culti-
ve la hetmie gombo, dans l'Amérique méri-
dionale, comme plante potagère, et on
mange ses ivn\\s.\^a.hetmie oseillede Guinée
a des feuilles acides employées aux mêmes
usages que notre oseille. La heimie à feuilles
de tilleul a une seconde écorce qni sert a
fabriquer des cordes pour les vaisseaux.
La malachre capitce , qu'on cultive dans
les jardins botaniques de Paris , vient des
Antilles, eu elle croît dans les lieux ma-
récageux. La pavane est une plante des
Tropiques. — Le genre g-fa'maHue comprend
une dixaine d'espèces. La guimauve médi-
cinale est une plante vivace , à la tige cy-
lindrique et velue , haute de plus d'tin
mètre, aux feuilles alternes, arrondies;
aux fleurs d'un rose pâle ou blanches ; à la
racine pivotante, longue, et charnue, très-
mucilagineuse./?rtci/ie de guimauve. In fusion
de fleurs de guimauve. Pâle de guimauve. Si-
rop de guimauve. Pastilles de guimauve. La
guimauve est le symbole de la bienfaisance,
h'althœa est une espèce de guimauve. Sirop
d'allhœa. Pastilles d'allhœa.
On nomme guimauve veloutée et guimauve royate, deux
espèces de Iteimie ; guimauve potagère^ une cocrete ou cor-
corus olilorius.
Le genre mauvisque comprend quinze es-
pèces , toutes indigènes de l'Amérique
méridionale. Le mauvisque arborescent est
un arbuste de trois ou quatre mètres, aux
fleurs d'uu rouge écarlate trés-vif , qui se
succèdent toute l'année sans interruption.
— Les fromagers sont des arbres exotiques,
qui portent des fruits très-gros , et dont
plusieurs s'élèvent à une hauteur prodi-
gieuse. On trouve des fromagers dans les
Indes , en Afrique , au Brésil , et aux An-
tilles. Les semences du fromager sotil enve-
loppées dans un duvet semblable d celui du
cotonnier , mais qu'on ne peut filer parce
qu'il est trop court. Fromager à cinq élami-
nes.— Le genre co^onjitcr comprend des ar-
brisseaux et des herbes, dont les fleurs,
grandes, belles, et remarquables par leur
ample corolle, produisent des capsules
arrondies ou ovales , pointues à leur som-
met, divisées intérieurement en trois ou
quatre loges , contenant chacune de trois
à sept graines noires, ovoïdes, enveloppées
dans un flocon de duvet très-fin , que l'on
nomme coton. Le cotonnier , qui parait être
originaire de l'Asie méridionale , est cultivé
maintenant dans les quatre parties du monde.
Le cotonnier herbacé vient très-bien en
France. — L'ochrome est très-connu aux An-
SIGNES DIVERS
tilles sous le nom dehtihampo. On emploie
le coton qui est dans ses capsules à plu-
sieurs usages économiques. On dit même
qu'on le fait entrer dans la fabrication des
chapeaux anglais. — Le baobab est le géant
des végétaux. Il croît en Afrique et en
Amérique. Ses fruits se vendent au Séné-
gal sous le nom de pain de singe. Le tronc
du baobab, haut tout au jilus de quatre à
cinq mètres, acquiert quelquefois une cir-
conférence de vingt-cinq à trente mètres.
Il est couronné d'un énorme faisceau de
branches qui atteignent souvent jusqu'à
vingt et vingt-cinq mètres de longueur.
Les détails qu'Adanson nous a laissés sur
cet arbre merveilleux lui ont fait donner
le nom d'Adansonia. Voilà des choses
qu'il n'est pas permis à un poète d'ignorer.
Abrome fastueux. Âbrome à feuille allongée.
Du genre hombax Kunll] a formé la famille des bomra*
cÉES , dans la quelle il a placé tncore le genre hélictère.
Le genre byUnérîa est dcTenu pour lîrown le Ij'pe de
$a famille des bvttnériacées, dans la quelle il a fait en-
trer en outre les genres stercutia , abroma, guazuma, tficu-
broma oucacauier, dowbeya, etc., ainsi que plusieurs gen-
res de la famille des liliacées de Jussieu.
Le guazuma , qui faisait autrefois partie
descacaotersde Linné, est vulgairement ap-
pelé orme à Saint-Domingue , à cause de
la ressemblance de ses feuilles avec celles
de l'orme. Ses feuilles et son écorce sont
pourvues d'un mucilage très-abondant ,
que l'on emploie pour fermer les fentes
des tonneaux. Il sert à clarifier le vesou
dans les fabriques desucre. — Le cacaoïcr ou
cacastier est un arbre assez semblable à un
cerisier de moyenne taille. Le fruit du
cacaoïer est le cacao , de la grosseur et de
la forme de nos concombres , et dont la
pulpe blanche, ferme, gélatineuse, acide,
est assez agréable au goût. On l'emploie à
faire des liqueurs spirilueuses. Les graines
du cacao, séchées au soleil, pilées et
broyées très-fin , puis préparées avec du
sucre, de la cannelle, et de la vanille,
forment le chocolat. On retire encore du
cacao une huile concrète qui s'épaissit na-
turellement, et qui est connue sous le nom
de beurre de cacao. On s'en sert comme
antidote des poisons corrosifs , et surtout
comme cosmétique.
De Candolle a partagé la famille des
byttnériacées , qui est assez nombreuse ,
en six sections ou tribus; stebcui.iacées ,
BYTTNÉBIÉS, I.ASIOrÉTALlJES . HERM ANNIÉES ,
DOMBEYACÉES , et W ALIICniKES.
147.— MÉLASTOMÉES , MÉLASTOMES
( du grec mêlas : mn\ , {i\ slonia , bouche),
. BOTANIQUE. 655
Plantes qui se distinguent desmyrtacéeset
des salicariées par leurs feuilles chargées
de nervures longitudinaleset transversales
et par la structure membraneuse des éta-
mines. Genres: mélaslome (-ma), micono
( - nia)', rhexie ( - xia ).
Les mélaslomes sont des arbres , des ar-
bustes, ou des herbes. Tous les mclastomes
ont des fruits charnus et indéhiscents , dont
quelques uns sont bons â manger.
11 2. — MÉLIACÉES ( - ceœ ) , Plan tes li-
gneuses, dont les caractères sont des feu-
illes alternes, non ponctuées, sans stipu-
les, et des fleurs à étamines monadelphes,
réunies en un lube anthérifère (portant l'an-
thère). Le fruit est une baie ou plus sou-
vent une capsule à plusieurs loges monos-
permes ou polyspermes.
On a diïisé cette famille en trois tribus : les méuacébs
proprement dites, comprenant les genres oierferacA ou
mclia, lurrée (-rœa), strigilie (-lia) , qiiiiisié (sia), géruma.
humiria\ les TiiirniLiÉts, renfermant les genres trichilier
ou trichilia, guaréa, heynée (-ea) ; et les cÉnRÉLÉBS, ren-
fermant les genres ccdnle ou acajou à iilanrbes (cedielai,
swieténia, chbroxylotij fUndersîa y carapa.
J'ai déjà parlé de Vazédarach dans la
Méthode du Genre, page 283. Le mahogon
ou acajou à meubles , appelé aussi bois de
cèdre, appartient au genre swieténia. Son
écorce passe pour un très-bon fébiifuge.
122.— MÉNISPERMÉES, MÉNISPERMES,
MÉKISFERMOïDES, MÉNISFERMOÏDÉES ,
LIANES (menispermcœ, mcnispcrmoideœ,
du grec mené, lune, et sperma, semence),
Plantes exotiques , à tige pubescente , or-
dinairement sarmenteuse et volubile de
droite à gauche; à feuilles alternes, sim-
ples ou composées , sans stipules ; à fleurs
très-petites , axillaires ou terminales , et
disposées en épis ou en grappes. Genres :
cissampelos , mcnisperme ( - mimi ) , etc.
Le suc du cissampelos pareira est employé,
au Brésil, contre la morsure venimeuse des
serpents. Sa racine , connue dans nos
pharmacies sous le nom de pareira brava ,
jouît de grandes propriétés toniques et
diurétiques. On mange les fruits d'une es-
pèce de mcnisperme, qui croit en Egypte,
et qu'on distingue par sa dénomination de
mcnisperme comestible. Parla fermentation
on en obtient une liqueur en-ivrante. Le
fruit du ménispcrme coquccule , connu sous
le nom de coque du Levant, est vénéneux, et
sert pour en-ivrerouempoisoii<icr le poisson.
161. — MONIMIÉES , Arbres et arbris-
seaux à feuilles opposées. Le type de cette
famille est le genre JiioniHij'c qui comprend
deux espèces, dont la plus connue est la
fiôG
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
monhnic à feuilles rondes, de trois a quatre
niL'lres de haut, aux Heurs très-pelites,
d'un jaune orangé, disposées en grappes,
et exhalant une odeur douce et agréable.
Le fruit est une Ijaie charnue. Cette plante
croît sur les sommets de l'Ile-de-France.
V. DRTICKES.
MONOCOTTLÉDONES ( du grcc monos ,
seul, et cotylcdôn) , Dont les semences
n'ont qu'un seul lobe ou cotylédon.
(5. — MOUSSES ( rausci (1) ) , Plantes
cryptogames menues, herbacées, qui nais-
sent sur les pierres, sur les troncs d'arbres,
à la surface des marais, etc., où elles for-
ment des touffes de gazon toujours vert, et
dont le fruit , en forrne d'urne pédicellée,
contient des séminules placées autour
d'une columelle ou axe cc'Utral, qui s'en
échappent sous la forme d'une poussière
très-fine. On divise cette famille en onze
sections : s pli a gno idées , pliascoïJées , gyni-
nostomoïclèes , bitxbaumoidces , splaclinoï-
dées , oriholriclwidées, grimmoïdces, dicra-
noïdèes , ùryoïdées , hypnoïdccs, et polylrl-
choïdces , qui tirent chacune leur nom du
genre qui letu' sert de type. On connaît
plus de douze cents espèces de mousses, La
médccina trouve dans les mousses des pec-
toraux, des vermifuges, des sudorifiques, et
des purgatifs ; l'agriculture des moyens
d'engrais ; l'industriel de quoi remplacer la
laine des matelas et le crin des sommiers, etc.
On donne particulièrement le nom de
jnousse aux plantes du genre liypnuni et de
la section des hypnoïdccs. Se coucher sur la
mousse. Un lit de mousse. Mousse de chêne.
Jamais on ne te Toit , loin du l'iioninie imporlun ,
Grave, et comme ayant peur de rêreillcr quelqu'un ,
EiTer dans les forêts ténébreuses et douces ,
Où le silence dort sur le velours des mousses. {X.llcuo',
Prov. et Cg, , Pierre qui roule n'amasse
pas de tnousse , Un homme qui change
souvent d'état , de profession , ne s'enri-
chit pas.
( On appelé mousse de Corse un fucus
menu et rougcàtrc qu'on emploie en mé-
decine comme vermifuge.)
36. — MUSACÉES, Plantes qui sont
presque toutes de magnifiques herbes,
propres aux contrées tropicales. Genres ;
Bananier (musa ) , hcUconia ravenala, stre-
litzia. On trouve.;. le| tananicr en Afri-
que et dans les deux Indes. 'J'est un ar
brisseau a feuilles longues et vertes, ;
'leurs jaun.Ttres. Les feuilles de certains ba
nanlers sont d'une telle grandeur , qu'on les
emploie souvent en guise de nappes et de ser-
viettes. Les fruits du bananier , gros et
longs comme des concombres , s'appèlent
bananes. Les bananes sont disposées par ré-
gimes ou grappes. Il y a des régimes qui
sont composés de soixante bananes. Manger
des bananes. Bananes rôties , bouillies. Les
chrétiens d'Orient croient que le bananier
est le figuier des jardins d'Ëden , dont les
premiers hommes couvrirent leur nudité,
et que son fruit délicieux , dont on fait du
pain et une liqueur fermentée, est la pomme
fatale qui séduisit nos premiers parents.
Le ravenala est un arbre fort curieux de
Madagascar, dont le sommet présente un
éventai! parfait et superbe, composé d'une
quarantaine de feuilles semblables, mais
plusgraudeset plus charnues que celles des
bananiers. Cettefamille a étéencore appe-
lée sciTAMiiMiKS (du latin scitamus, épice).
6/i. — MYOPORINÉES, Arbrisseaux â
feuilles alternes ou opposées , simples, à
fleurs axillaires , indigènes de l'Océanie.
Le type de cette famille est le myopore ,
ainsi appelé à cause de la multitude de
pores infiniment petits dont la plupart des
espèces sont couvertes.
159. — MYRISTICÉES , Arbres on ar-
brisseaux des régions intertropicales , à
feuilles alternes , entières , coriaces ; à
fleurs axillaires ou terminales , disposées
en grappes ou en faisceaux. Cette lamillc
ne renferme que les deux genres myrislica
(mnscadiei) et virola. Voyez i.aurinéks.
/!/(.— MYROBOLANÉES , Famille de
plantes dicotylédones , renfermant sept
genres dont le plus important était le Icr-
minalier, et qui rentre aujourd'hui dans la
famille des coMBRÉTAciiES. ^'oy. éiéagivkes.
liG. — MYRTÉES, MYRTES, MYRTOï-
DES , MYRTÎNÉES i^myrti , myrtoidcœ ) ,
Plantes ligneuses, aux feuilles simples,
ponctuées, opposées, entières, pleines
d'huile essentielle; aux fleurs généralement
blanches ou rougeàtres. Le fruit est une
baie ou imedïupe, quelquefois une capsule.
Genres : Mélaletiqite (-caj, lepU^sperme f-mum), fabrhui^
mélrosidcros , euratypte (-tus), goyariei' (psydium), vtyU
(■tusi, jambosier ougenia,, calyplranlhe l-ihcsi, jambuliar
(jamboliferaj, dccumairs (-maria \ grenadier (punica,, /J'ii.
ladtlphe {-yAwis], girof,ier i nryopliillus', couroiipila, t:lc.
Mélaleuque à feuilles de millepertuis, aux
fleurs d'unrougc vif, disposées en épis. Mé-
laleuque à feuilles de bruyère. Mélaleuque
(l) Mousse, quoique dérive Je muscus , a une plivsionomic U(>l^ fraiivii
fcminin selon la tciminaison
pour n élic pai
SIGNES DIVERS. BOÏAMOLE.
armillaire,dMS. feuilles violacées, et dont les
graines servent à faire des bracelets, des
colliers. Voyez la Méthode du Genre, page
288. J'y ai aussi parli'; du leptospernie et
du grenadier, pages 286 287. Les métrosi-
déros sont de charmants arbrisseaux parti-
culiers à la Nouvelle-Hollande, et cultivés
aujourd'hui dans la plupart de nos serres
tempérées, à cause de leur feuillage argen-
té et soyeux et de leurs belles fleurs, souvent
en épi , de couleur jaune d'or , blanc mat,
ou pourpre éclatant. Mclrosidéros à pana-
ches.Mctrosidéros à feuilles dechcne. h'euca-
/y/) /e est un arbre de la Nouvelle-Hollande.
— L'fucrt /y/) ;cr('sini/cre fournit une gomme-
résine très-solide. — Le goyavier blmic des
Indes est un arbre de cinq mètres, au tronc
droit, à l'écorce unie, verdâtre, tachée de
rouge et de jaune; aux rameaiix quadran-
gulaires; anx feuilles ovales, allongées, ai-
guës, lisses, veloutées en dessus ; aux (leurs
blanches semblables à celles du cognas-
sier. Les fruits du goyavier, de la grosseur
d'un œuf, se nomment goyaves. Cueittlr
des goyaves. On nomme encore le goya-
vier poirier des Indes, — Le genre viyrte
comprend dix-neuf espèces, dont une seule
croît spontanément dans le midi de la
France. C'est le myrte commun, joli arbre
qu'on cultive dans les jardins. Les feuilles
du myrte servent dans le Var et les Calabres
au tannage des cuirs. On en distille aussi
une eau pourla toilette, qui parfume et raf-
fermit la peau. Veau d'ange. Les baies des-
séchées du myrte piment sont employées
comme condiment sous le nom de toute-
èpice. — Le giroflier, arbre des îles Rlolu-
ques , qui porte le clou de girofle , est une
espèce de myrte. L'écorce du giroflier,
lorsqu'elle est dans le commerce, porte le
nom Ae cannelle giroflée. Encaisser un myrte.
Chez les anciens le myrle était consacré à
Vénus, en mémoire de ce que des myrtes
touffus avaient dérobé la déesse à la pétu-
lance d'une troupe de satyres.
« On voyait près de Trézène un myrle
sous lequel Phèdre regardait de loin Hip-
polyte sur son char. Dans sa rêverie l'é-
pouse de Thésée avait, avec l'aiguille de
ses cheveux, criblé les feuilles de camyrte.
On bàlit depuis dans ce lieu un temple
consacré à \ énus Spéculatrice.
» Les vainqueurs aux jeux Olympiques
recevaient une couronne de myrte. On
en ornait les statues des héros.' Virgile ra-
conte qu'il existait aux enfers un bosquet
de myrtes dans le quel erraient mélanco-
liquement les ombres amoureuses. Ce fut
là qu'Enée retrouva l'infortunée reine de
Carthage.» ( Aimé Martin. )
Le myrte a pour emblème, amour. Jjors-
qu'il est fleuri, son emblème est, amour
trahi.
{Myrte vient du grec myron , parfum.)
hejambosier diffère peu des myrtes. On
l'appelé aussi jamcrosc.
83. — NARCISSÉES, NARCISSES, NAR-
ClSSO'iDES {narcisseee, narcissi) , Plantes
basses, herbacées, ii bulbe vivace, à hnmpc
ordinairement simple, à /ciaV/cA- radicales,
engainantes j aux /?c(/rj grandes, belles,
odorantes, stilitaires, paniculées , en co-
rymbe ou en épi. Le fruit est une capsule
à trois valves.
Geiiroi: /i gave, pélvgrlne ou alsirœmêiie (-ria), lièmaïf
ilie ou fleur de sang (liœniantlms), crinole (-la), cyrtnnlU
(-tlius), piindalieroa ponrrnis (-tiuni), namsse j -sus), (eu-
coton ou teitcotum, perceneige, (galantUus).
Toutes les plantes de cette famille sont
cultivées à cause de la beauté de leursfleurs.
Pancratier marititne, Pancratlcr d'Illy-
ric. Le genre nnrcwAC comprend un grand
nombre d'espèces. Narcisse des poètes.
Narcisse des bois, ou faux narcisse. Narcisse
d'hiver ou à bouquets. Narcisse blanc, jaune,
simple, double. Narcisse de Conslantinople.
La Jonquille est une espèce de narcisse.
Jonquille simple. Jonquille double. Odeur
de Jonquille. Essence dejonquille. Des gants
parfumés dejonquille.
Narcisse, fils de Céphise et de Liriope ,
orgueilleux de sa beauté, méprisa la nym-
phe Écho, qui en sécha de douleur. 11 en
fut puni. Un jour, au retour de la chasse ,
le beau Narcisse , se regardant dans une
fontaine, devint tellement épris de lui-
même, que, ne pouvant vaincre sa passion,
il se tua; et de son sang naquit la fleur
qui porte son nom.
Épiis de l'aiHoui- de moi-même ,
De berger i|ue j'élais, je derins une fleur.
Ah ! profitez do mon mallieur ,
Vous que le ciel orna d'une beauté suprême •,
Et , fOur en ivller les coups ,
Puisqu'il faut que cliacun aime
Aimez un autre que tous.
( Cl.*l DE IIB i.'Etoii.e. )
En ma qualité de puriste, je dois faire remarquer que
le ciuquième vers est détestable. On dit bien , dans le
bt.vle classique, éviter les coups du mutlieur , mais on ne
saurait dire, éviter les coups (teMos imillteur.
Le narcisse a pour emblème, faillite,
cgoïsmc, indifférence ; la jonquille, dcsir.
5/i. — NYCTAGINÉES, NYCTAGES (-..?( -
nea' , -ncs), Plantes exotiques, hcrh»-
538
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
cées OH ligneuses; aux fiMiilles simples,
opposées on alternes; aux llenis axillaires
ou terminales, piesque toujours liernia-
phrodites; an l'ruil capsulaire. La ])Inpai't
de ces plantes sont remarqual)Ics par la
vive couleur des (leurs qui ne s'ouvrent
que la nuit (en grec iiy.c). (Jenres : Jiyc-
<a^e ou /'c//c de nuit (nyctago) , calyxliy-
mcne (-nia), etc. La fleur des nyctages ,
pourpre, jaune, ou Manche, ne s'épanouit
guère qu'après le coucher du soleil, et ne
vit pas plus de vingt-quatre heures. La
belle de nuit a pour emblème, fuir cl re-
douter l'amour. On confond la nyctagc^avec
lejalap, qui est une plante convolvuiacée.
39. — NYMPHiEACÉES, Famille de plan-
tes, dont le type est le genre nymphéa ou
nénuphar, et que quelques auteurs ne sé-
parent pas des hydrocharidées.
119. — OCHNACÉES, Famille de plantes,
très-voisine de la section des simaroa bées ,
qui elle-même s'éloigne peu des magnolia-
cées. Elle a pour type le genre ochna , ren-
fermant onze espèces d'arbres et d'arbus-
tes, à feuilles alternes, stipulées, — 'à
fleurs en épi ou en panicule, — tous indi-
gènes des régions intertropicales.
108. — OLACINÉES, Famille de plan-
tes , ayant pour type le genre olax , arbre
qui difTére peu da fi.isi lier. La plupart des
auteurs rejettent cette famille dans celle
des auranliacccs.
96. — OMBËU.IFÈRES { -rœ , du latin
itmbella, ombelle, et /cro , je porte), Plan-
tes herbacées , aux feuilles alternes, ordi-
nairement pinnées et amplexicaules ; aux
fleurs petites, sans éclat, blanches, rosées
ou jaunes , ombellées.
Genres : Boueage (pinipinclla), carvi (caium ), arhe ou
céleri (apium) , anetli (-ihuni) , panais (pastiiiaca i , maee-
Ton ,'sniyriiiuni) , tliaspie (-plai, séséli, impéraioire f-toiia),
eerfeuil clueroplijllum, du grec chairô. je me réjouis, et
ph)ilôii, feuille), srandi.r, roriondre f-drum, du grec koria,
punaise), élliuse ou petite cigui: (œlhusa), ciguë (cicuta) ,
pliellandre (-driuni, du gr./;/ie//os, liège, et ant':r, lionuue),
énanthe (œnantlius, du grec oinos , vin, et antlios, fleur],
cumin (-nunil, buhon ^ sison, berle (siuni) , avgétique
f-lica), livèche ( liguslicum ), laser ( laserpitiuni ), fé-
rule (-la ), peucédun ou queue-de-pourceaa (-uum J , athu-
mantlie (-la), selin (-uuni), grande cigui: (coniuni), tcrre-
Titiix ou jarnotte (buiiiuni), ammi , carotte { daucus), catt'
calide {-calh], lordjle (-ylium), artédie (dia), bupli:vre ou
bec-deliêvre (buplevruni (1 ) , èchinophore (-ra) , du grec
ecliinos, liérisson, et;;/ic;û, je porte ) , aslrance (-lia) , sa-
mrle (cula), paniraut (erjngiura), hydrocolyle ou éc.uelle
d'tau { liyilrocol jie, du grec hudôr, eau, et coïyte, ccuelle),
lagœcie (-cia), berce ( licracleum ), etc.
La plupart des ])Iantcs de celle famille
sont aromatiques. Plusieuis sont vénéneu-
ses. L'n7i(.s- , espèce de boueage, est une
plante annuelle qui porte une graine de
même nom, qu'on fait servir à plusieurs
usages. L'anis vient dans les terres chaudes
et légères. L'anis est tonique, carminalif,
diurétique, etc. Graine d'ani s. Odeur d'avis.
Essence d'anis. Manger de l'anis. h'aniselte
est une liqueur spiritueuse composée avec
de l'essence d'anis. En Italie et en Alle-
magne onmclc l'anis avec le pain. Passe encore
])our l'anis; mais on y mêle aussi du cumin, et c'est ce
que je ne puis souiivir. On fait avec de l'anis des
dragées trés-estimées qui portent le même
nom. Anis de Verdun. Anis commun.
On nomme vulgairement anis acre ou aigre, le cumin;
anis de Paris , une variété de fenouil dont on mange les
racines et le bas de la tige ; et anis étoile, la badiane de la
Obine.
Le genre carvi ne renferme qu'une seule
espèce, le carvi des prés, plante bisan-
nuelle, dont la tige de soixante-cinq cen-
timètres de haut, lisse et rameuse, est gar-
nie de feuilles pointues et de fleurs d'un
blanc jaunâtre. On mange les racines, les
feuilles, et les jeunes pousses du carvi. Le
carvi est un bon fourrage. Les graines du
carvi ont les niômes propriétés que celtes de
l'anis, et entrent dans la composition de
plusieurs liqueurs. h'ache a les feuilles den-
telées, le fruit ovoïde, les fleurs jaunâtres.
L'ache était une des plantes funéraires des
anciens. On couronnait d'ache les vainqueurs
des jeux istlnniques et némcens. Fert comme
de l'ache, comme achc. Le céleri est une va-
riété de l'ache, transformée par la culture
en plante potagère. Céleri long ou tendre.
Céleri court. Céleri rave. Le céleri rave a la
racine semblable à celle d'un navet. Le cé-
leri se mange en salade , ou cuit. Salade de
céleri. Faire blanchir du céleri. Le persil est
une espèce d'ache bisannuelle, à racine
l'usiforme, pivotante , giosse et charnue.
Le persil répand une odeur aromatique très-
agréable. Cueillir du persil. Hacher du per-
sil. Frire du persil. Mettre du persil autour
du bœuf. Racines de persil.
On nomme vulgairement persil d'âne, le cerfeuil ; per-
sil de bouc , la boueage ; persil des fous, la cirutuire ; persil
de Macédoine, le bubon.
h'aneth, plante annuelle, croît en abon-
dance dans nos départements du midi, en
Italie et en Espagne. Les graines de l'aneth
(i) l'av consuqucnl hiipVei'rv est masculin en fiançais. Ce mol a été omis dans la liste des ex-
ceptions que contient la Méthode du Genre Je m'empresse de le rclalili»-.
sont employées enmcdecine comme toniques,
c.cutanles , et carminalhes. Huile d'aneth.
Les i^ladialeurs se frottaient avec de l'huile
d'anctii. Les anciens Romains se couronnaient
d'aneth dans leurs festins, celte plante étant
pour eux le symbole de la joie. Le fenouil
est une espèce d'aneth. On connaît plu-
sieurs variétés de fenouil. Le fenouil commun
se mangeensalade commelecéleii.Latige
sert à faire des curedents. La graine a la
saveur de l'anis. On en fait une liqueur qui
simule l'anisette et qu'on nomme anisette
de Strasbourg. On en extrait une huile ap-
pelée ^onimc de fenouil. Le fenouilest stimu-
lant et diurétique.
On nomme ft;/ioui7 d'eau ,\c plielttmdfe aquatitjue, la
renoncule flottante^ et le volant d'eau ; fenouil de montagne^
le pyr'elhre du Levant ; fenouil de mer et fenouil marin , le
bacil ou perce-pierre ; fenouil de porc, \ti peaccduîi: fenouil
puant 't Vanetli odorant ; fenouil sauvage , la ciguë ; fenouil
lortu, plusieurs espèces de séséli. ;
Le panais est une plante potagère dont
la racine, qui prend le même nom, est
d'un blanc jaunâtre et d'une saveur dou-
ceretise. — On connaît huit espèces de ma-
cérons, dont quatre appartiennent à l'Eu-
rope. Le maccron commun, a racine grosse,
blanchâtre, et bisannuelle, à tige haute
d'un mètre, garnie a la base de feuilles trois
fois ternées, à fleurs jaunes, a été con-
fondu avec le persil de Macédoine ou bubon,
ce qui lui a fait donner le nom vulgaire de
gros persil. Le maceron se mangeait autre-
fois en salade. Le scséli, plante à tige verte,
haute de qualrevingt à quatrevingt-dix
centimètres, aux feuilles presque filifor-
mes, aux fleurs d'abord rougeâtres, puis
blanches, — habite l'Europe méridionale.
On nomme TulgaiiementsMc/trf'Égï/Xe. la caucalide à
grandes fleurs; séséli de Crète, le tord} le officinal ; séscli
fl» îlonlpellier , un peucédan; séséli d'Ethiopie , un buplc-
vre. Le séséli des pharmaciens est le laserpilium siler ,
dont la racine et les semences sont arcmatitjues et sti-
mulantes.
h'impératoire est ainsi nommée à cause
des grandes vertus qu'on attribuait autre-
fois à la racine de l'espèce appelée vulgai-
rement Angélique françai ne ai benjoin fran-
çais. — Le cerfeuil cultivé est une plante
potagère annuelle, dont les feuilles sont
assez semblables à celles du persil , mais
plus grandes. Le cerfeuil est employé dans
la cuisine comme assaisonnement. Les la-
pins mangent le cerfeuil avec avidité. Une
autre espèce, appelée cerfeuil d'Espagne,
cerfeuil musqué ou myrrhis,A des semences
dont le parfum et le gofit rappèlent celles
del'anis, et qui, vertes et hachées, se man-
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 659
gent dans la salade. Le scandix diffère peu
des cerfeuils et des myrrhis. ia grande ci-
guë, aux feuilles grandes, d'un vert très-
foncé , et un peu luisantes , est très-véné-
neuse. Les Athéniens se servaient du suc ex-
trait de la grande ciguë pour faire mourir
ceux que l'Aréopage avait condanmcs . Sa-
crale et Phocion furent condamnes à boire la
ciguë. La dentaire, qu'on nomme autre-
ment ciguë vireuse, ciguë aquatique, est éga-
lement un poison très-actif. L'èthuse ou pe-
tite ciguë, employée extérieurement, est
calmante et résolutive; intérieurement,
elle est dangereuse. Les phellandres , les
énanthes , sont égalemeut dangereux, ou
tout au moins suspects. Phellandre aqua-
tique, millcfeuille aquatique, fenouil d'eau,
sont autant de noms différents de la ciV«-
taire. Le coriandre est stomachique et car-
minatif Le cumin est une plante annuelle,
à la tige plus ou moins rameuse; aux feuilles
ccjinposées de folioles ovales, lancéolées,
découpées; aux fleurs tantôt blanches et
tantôt purpurines; aux fruits velus; aux
graines verdàtres, d'une odeur très-forte.
Le cumin est employé quelquefois en méde-
cine pour faciliter la digestion et dissiper les
vents (AcAD.). En Allemagne on mêle le
cumin avec le pain, ce qui lui donne une
odeur que je ne puis supporter.
La première fois que cette odeur m'a frappé, c'est à
l'hôtel de Saint-Pétersbourg, à Berlin. Rassasié de sem-
melhrod, je voulus goûter d'un joli pain noir, tous frais,
qui arait liien la mine la pins séduisante ; mais quel fut
mon désappointement! <|uand je m'aperçus qu'il était in-
fecté de cumin. Je ne pouvais plus rien manger avec
plaisir. Cette odeur me poursuivait partout. Diables
d'Allemands! me disals.je , on devrait bien leur faire
payer, conmie autrefois aux Hébreux, la dîme de l'anetb
et du cumin, pour les punir d'aimer si «picé.
Le cumin est employé en médecine comme
stimulant et tonique. Les graines de carvi,
A'anis, de fenouil, et de cumin , forment ce
qu'on appelé les quatre semences chaudes.
On uomme vulgairement cumin des pré;, le enrvi; cu-
min noir, la nigelle cultivée ; cumin indien, un nnrte; cumin
cornu, Vliypécoon; cumin bâtard, le tagacna.
Le bubon de Macédoine, cultivé dans nos
jardins, porte des fleurs blanches, em-
ployées anciennement pour guérir l'inflam-
matiiin des aines. Le bubon galbanum, ar-
brisseau de trois ou quatre pieds de haut,
portant des fleurs jaunes, fournit la gomme
résine appelée galbanum, qui passe pour
apéritive, diurétique, emmenagogue, an-
tispasmodique, et expectorante. Les se-
mences de l'ammi de Candie, commun dan»
l'Europe méridionale et l'Orient, sont car-
6i0
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
minativos, et faisaient partie des quatre
semences chaudes mineures des anciens.
— Plusieurs espèces de berles sont cultivées
à cause de leurs racines nciunissantes.
«A l'exemple de la belle princesse du
Calhai dont elle porte le nom , et qui pré-
fera avec son cher Médor le séjour paisible
des forêts aux palais des rois , l'angélique
se plaît dans les lieux agrestes.
» L'Angélique des prairies lève une tète
élégante au sommet d'une tige épaisse,
dont la teinte a delà fraîcheur. Dans l'en-
ceinte de nos jardins, elle l'orme des buis-
sons massifs d'où s'exhale une odeur péné-
trante.» (Aimé Martin.)
On cnnfil dans le sucre les liges encore
vcrlesde l'a/igcliqnc. L'angélique fait la base
de plusieurs préparations liquides. L'angé-
lique parfume la bouche et fortife l'estomac.
Un bâton, un morceau d'angélique confite.
Eau d'angélique. Baume, ex trait d'angélique.
— L'angélique a pour emblème, extase.
On a donne le nom li^angtHîijue à une Tarîété de potrCy
ainsi qu'à la ;«)rfnji'iuVe. Vungélique épineuse i&lVarulie.
La livèche se nomme aussi rtc/ie de mon-
tagne. Ses racines et ses semences sont
stimulantes et diurétiques. Celles du laser
ù grandes feuilles sont diurétiques, emmé-
nagogues, et drastiques. Les graines du
laserpitium siler, ou séséli des pharmaciens,
sont stomachiques, diurétiques, emména-
gogues, carminatives. — Férule commune.
Fcrule glauque. Férule de Perse. La férule
de Perse fournit l'assa-fœtida. Chez les an-
ciensRomains, lesmaîtres d'école se servaient
d'une tige de férule pour châtier leurs éco-
liers. La férule de Perse est vermifuge, an-
tispasmodique, etc. — La racinedii peucédan
ofjicinal est dinrétique , emménagogue, et
antihystérique. Les graines de Vathamante
de Crète sont aromatiques, toniques, etc.
Le selin, aux racines fusiformes, à la tige
droite et verte, laiteuse, aux feuilles ailées,
aux fleurs petites, blanches ou jaunes, est
une plante répandue dans les lieux humi-
des et montucux de toute l'Europe. Le
selin des marais , appelé vulgairement en-
cens d'eau, persil des marais, tisselin, etc.,
et le selin tortueux, nommé aussi faux iur-
bitli et ache sauvage, jouissent de proprié-
tés purgatives. Les paysans en font sou-
vent usage pour eux-mêmes ou pour leurs
bestiaux. Les JiKi/ins diffèrent extrêmement
peu des selins. — La terre-noix, qui croit
dans les bois et les lieux humides, produit
une racine tuberculeuse dont le goût appro-
che de celui de la châtaigne, et que les
bestiaux, surtout les moutons, mangent
avec avidité. — La carotte, outre qu'elle est
alimentaire , s'emploie aussi comme apé-
ritive et diurétique. Planter des carottes.
Faire cuire des carottes. Fig. etfam. Ne vivra
que de carottes , Vivre mesquinement.
La caucalide ou le caucalis s'appèle gi-
rouille dans quelques cantons de la France.
— Tordyle géant. Tordyle officinal. Le pre-
mier, qui croît dans l'Europe méridionale
et la Syrie, porte des feuilles blanches,
teintes de rouge. Le second abonde dans
les champs des départements de la France
méridionale. La racine et les graines du tor-
dyle officinal passent pour diurétiques et car-
minatives. Buplèvre coriace. — Duplévre à
feuilles rondes. Le buplèvre a clé mis au rang
des médicaments astringents. — Le genre
échinophore se compose de deux espèces de
plantes particulières aux bords de la Médi-
terranée, h' échinophore épineux a des feu-
illes découpées en segments aigus, étroits,
etsemblables àdesépines; ce quiluiafait
donner son nom. — La sanicle, plante viva-
ce, aux feuilles palmées ou digitée, habite
les bois et les lieux ombragés. La sanicle
commune ou toute-saine , répandue en Eu-
rope , a eu autrefois une grande réputa-
tion comme vulnéraire.
On nomme Tulpairenient sflniV/c niùle , la sanicie com-
mune; sani'le /*e;?ie//e, Vastronce ; sanicie de montagne ) la
benoîte officinale; petite sanicle, )a moscateîtine.
La France possède six espèces de pani-
cauts, dont la plus connue est le panicaut
des champs, appelé encore chardon à cent
têtes, et qui passe pour diurétique. Cette
plante a une racine pivotante, brune,
grosse, très-longue, — une tige droite, très-
rameuse, haute de vingt à trente centimè-
tres,— des feuilles coriaces d'un vert pâle,
— des fleurs blanches." — li'hydrocotyle est
détersive, vulnéraire, et apéritive.
l/i5.— ONAGRAIRES, ONAGRIÉES, ONA-
GRES, ÉFILOBIÉES, ÉPILOBIENNES {ona-
grariœ, onagrœ, d'onager, âne sauvage , —
epilobiœ, epilobianœ) , Plantes herbacées,
à feuilles alternes ou opposées ; aux fleurs
grandes, en grappe ou en épi; au fruit cap-
sulaire ou charnu.
Genres : riVfce (-cœa), lopéiie {■2.ia],j'ussiée (-iœa), ona-
gre (œnothera), épitobe {-bium}, tnontin i-tima), serpicule
(-la), ludwigie (-gia), jnu/ia, fusclàe (-scliia), -marre (-tra-
pa ), volant d'eau (niyriopbjUum), cercoii^c (-dea), pro-
serpînaca, etc.
Les circées , très-communes dans les
lieux ombragés et montucux , fleurissent
SIGiNES DIVERS. BOTAiNiyUE
641
au milieu de l'été. La circée pubescenle,
qu'on nomme aussi herbe à la magicienne,
herbe acix sorcicrx, parce qu'au temps de la
supmstition elle était fort leclierchée par
les imposteurs et les charlatans , a la tige
droite , hante de quarante centimètres,
garnie de feuilles opposées , aiguës, avec
des fleurs blanches ou rougeâtres , dispo-
sées en longues grappes term inales. — La lo-
pèze ou pisaure, qu'on cultive dans les jar-
dins de Paris, a des fleurs nombreuses,
nuancées de blanc et de pourpre, des fruits
loJiguement pédicules et pendants , qui
lui donnent un bel aspect. — La Jussie ne
diffère des onagres que par son calice per-
sistant sur la capsule. L'onagre bisannuelle,
vulgairement appelée herbes aux ânes, a la
racine très-longue, grosse, pivotante, char-
nu*, rougeàlre, ce qui lui a fait donner aussi
les noms de raiponce rouge et Jambon dejar-
dinier. En Allemagne on la mange, dit-on;
en France on l'abandonne aux pourceaux.
Cette plante a les fleurs grandes, jaunes ,
bien ouvertes, d'une odeur suave, et dispo-
sées en longs épis. ^Lescf(7oAc«, aux fleurs
rouges, roses, ou violacées, habitent les
lieux frais ethuujides. L'cpilobcdépi, qu'on
nomme aussi osier fleuri, laurier de Sainl-
Anloine , a les fleurs d'un rouge purpurin.
Dans le Nord ses racines se mangent. Ses
feuilles, semblables a celles du saule et de
l'osier, entrent dans la composition de la
bière. Les aigrettes de ses fleurs , mêlées
au coton , peuvent servir à faire de légers
tissus. — Le monlin est un arbuste du Cap.
— On cultive dans les jardins botaniques la
fuschie ou fuchsie ccarlale ou de Magellan,
aux fleurs solitaires et axillaires , aux feu-
illes dentées et ternées. — La macre, que
l'Académie appelé //îoc/c, et que plusieurs
botanistes rapportent à la famille des hy-
drochloridèes^est une plante vivace, aqua-
tique, aux feuilles flottantes , aux fleurs
blanclies, dont le fruit cornu, appelé aussi
inacre ou châtaigne d'eau, se mange cuit.
Les cercodces croissent dans la Nouvelle-
Zélande.
Le genre ccrcorfee constitue maintenant
la famille des cekcodiennes de Jussieu,
qui est la môme que celle des hygrobièes
de Brown.
140. — OPUNTIACÉES , CIERGES , CAC
TIERS, CACTES , MOFAI.ÉES [opunliaccœ,
cacii, nopaleœ). Plantes grasses, herbacées,
dont la tige est en général charnue, gar-
nie d'aiguillons en faisceaux, et ordinaire-
ment dépourvues de feuilles. Cette fa-
mille, composée de deux grandes tribus,
a de grands rapports avec les porlulacées
et les ribesiées. Les plantes les plus con-
nues de cette famille sont les cactiers ou
cactus et les mélocacles. Les cacliers , tous
originaires des régions infertropicales de
l'Amérique, sont d'une forme tres-varia-
ble. Quelques uns, tels que le mèlocacte^
le mamillaire , le caclicr monstrueux, le
petit cactier, présentent une masse sphéroï-
q'je , dont la grosseur varie d'un œuf de
poule à un gros potiron, hérissée de toutes
parts de tubercules cotonneux au sommet,
et couverte de petitespointes divergentes.
Mais les espèces les plus remarquables
sont 1" le cactier raquette, ou opuntia, vul-
gairement connu sous le nom de figuier
d'Inde, dont la tige d'un vert de mer est
formée de plusieiu-s articulations aplaties,
portant des épines rousses disposées par
petits faisceaux, du centre desquels sort
une fleur solitaire, inodore, et jaune ou
blanche, quelquefois rouge, qui fait place
en août à un fruit succulent, de la grosseur
d'une figue, à pulpe aqueuse et rougeâtre;
2" le cactier à cochenille ou nopal (cactus coc-
cinelhfer) , sur le quel on élève l'insecte
qui donne la cochenille, et dont les arti-
culations sont oblongues, épaisses, et
presque entièrement lisses; et 3° le cactier
nicliformc ou melon épineux.
58. — ORCHIDÉES (-deœ, du grec orchls,
testicule), Famille de plantes herbacées ,
qui doit son nom à la forme des bulbes
de ses racines. Ce sont des végétaux tous
vivaces , tantôt croissant sur l'écorce des
arbres, ou grimpant le long de leurs troncs,
tantôt habitant les lieux humides.
On partage la famille des orchidées en quatre sec-
tions ; les oPiiRTDKKS (genres, oplirys , orcliis , eHébori-
rie , etc.); le» LjMODoai£s (genres, vajiilUdr ou tatiUie ,
limodore ou limifdorum , arédtuse. etc.) ; les ÉpiobsuBÉBs
' genres, àendrubion, c^tnbidîer ou rymbldion^ oncidîum, épi-
den4iûn, viuiuxh, sliflis J ; les cypmptuiïES (genre, cypri-
p^de , ou cypripedium ).
Les orchis ont des fleurs généralement
purpurines, disposées en panaches, et sou-
vent remarquables par leur bonne odeur.
Les racines partent de deux bulbes char-
nus (1), renfermant un mucilage abondant,
avec le quel on forme le salcp, fécule très-
nourrissante et très-estimée surtout des
(1) Biiltie, féminin selon rAcadcuiic , tluil cl\c Miasculiii selon r<''t_vnioliPi!ic liulhiis . Tu
iJnistes le font, eu tffel, mascuUu.
T. II. ^^
<1«2
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES,
Orientaux. Les orchis se trouvent dans les
j)i'airies , les l)ois, les collines et près des
lleuves. Le genre opiirys ou opiiryde (1)
renferme dt s espèces nombreuses, dont
les (leurs ofirenl une grande ressemblance
avec certains insectes. Ophrydc mouche.
Ophryde bourdon. Ophrydc nraignce, etc.
h'eUéborinc , jolie plante d'ornement, est
ainsi nommée, parce que plusieurs de ses
espèces ont les feuilles semblables à celles
de l'ellébore.
Les anciens nommaient ainsi l'nsfronce à feuilles étroi-
tes.
Le llmodor de Chine a des fleurs blan-
ches et rouges , inclinées , très-odorantes.
Le vanillier ou vanille est un arbrisseau
sarmenteux etgrimpant qui croît en Amé-
rique. Son fruit , qu'on nomme aussi va-
nille, est une silice ou gousse étroite , lon-
gue de douze à trente-cinq centimètres,
cassante, ridée, roussàtre, parsemée de
points brillants, la quelle contient tme
multitude de semences noires, rondes,
luisantes, d'une odeur très-aromatique. Le
fruit du vanillier est employé comme stoma-
chique, stimulant et tonique. Un paquet de
vanilles. Mettre deux ou trois vanilles dans
une livre de chocolat. Chocolat à la vanille.
Crème à la vanille. Glace à la vanille. Li-
queur de vanille, ou simplement, vanille.
Dn verre de vanille. Boire de la vanille.
On nomme quelque fois vanille, Vhélhthrope du Pérou,
dont les fleurs ont une odeur agréable, très-iessemblaute
à celle du fruit de la vanille.
Les aréthuses sont des plantes d'un port
très-élégant, dont la fleur frappe par sa sin-
gularité, et dont la plupart n'ont pour lige
qu'une hampe uniflore , garnie au plus
d'une ou de deux feuilles. — Il y a les cym-
bidiers terrestres et les cymbldiers parasites.
Le cymbidier pourpre , le cymbidier Jaune,
\c cymbidier élégant , etc., sont terrestres.
Le cymbidier à feuilles de Jonc, le cymbidier
à feuilles d'aloès, etc., sont parasites. — On
a donné le nom de vanille à Vcpldendron
ou angrec aromatique. — Le cyprlpéde,
qu'on nomme encore sabot de la Fiergo ou
de f'^énus , porte des fleurs blanches , jau-
nes, ou purpurines, d'une odeur suave.
59. — OROBAITCHÉES, Petite famille de
plantes herbacées, à tiges simples ou ra-
meuses, sur les quelles on ne voit jamais
de feuilles , mais seidement des écailles
scarieuses , et dont les fleurs, solitaires,
constamment accompagnées de bractées,
sont disposées en épi. Le type de cette fa-
mille, que quelques uns ne séparent pas
des rhinanthées , avec lesquelles elle a les
plus grands rapports, est Vorobanche. Les
orobanchesse plaisent dans leschamps d'a-
voine, de seigle, d'orge, et même de fro-
ment. Elles ne sont point nuisibles aux
plantes aux quelles elles sont mêlées.
Zi3. — OSTRIDÉES ou SANTALACÉES ,
Famille de plantes, démembrée de celle
des éléagnées, à cause de leur ovaire in-
fère.
Genres : osyiis, santal (-lum) , thcaion ou ihésiam, lupé-
los ou njasa, e(c.
Le genre osyris se compose de deux es-
pèces. Uosyrls blanc, vulgairement appelé
rouvet, est un petit arbuste d'environ un
mètre de haut , aux rameaux nombreux,
grêles, garnis de fleurs petites, odorantes,
d'un vert jaimâtre, au fruit rougeàtre, de
la grosseur d'un pois. Le santal blanc mé-
rite une mention particulière, à cause de
l'odeur douce et aromatique de son bois
employé comme parfum. II y a encore le
sentaljaune.
On ne doit pas oublier que le bois de santal rouge est
fourni par une espèce de ptérocarpe, arbre de la famille
des légumineuses.
Les tupclos sont de grands arbres de l'A-
mérique septentrionale qui recherchent les
lieux humides. Les théslons sont des plan-
tes du Cap.
19. — PALMIERS (/ja/mœ). Arbres très-
remarquables, dont la plupart croissent
dans les régions intertropicales, où ils for-
ment de vastes forêts. Voyez la Méthode
DU Genre , page 290. Presque tous les ar-
bres de cette famille sont dioïques, c'est à
dire, à sexes séparés, et c'est le vent qui
pousse à travers les airs la poussière fécon-
dante des palmiers mâles sur les femelles.
Quelques palmiers s'élèvent â une hauteur
prodigieuse, entre autres le céroxylk ou pal-
mier à cire, véritable géant des arbres , qui
n'a pas moins de cinquante mètres de haut.
On retire des palmiers du vin, des fécules,
des liqueurs spiritueuses , de l'huile, etc.
(i) La plupart écrivent nphrjse, mais d'après les lois de la de'rivation, qui des noms latins en
15 fait des noms français en ide, terminaison fonde'c sur le ge'nilif, cesl ophrj-de qu'il faut dire,
comme on dit orc/iide cl non pas orclnse. Il faut voir comme les botanislos Irailcn t quelquefois
Tiotro pauvre langue.
SIGNES DIVERS. UOTAMQUE.
6 55
Les palmiers, presque tous exotiques,
coainie je l'ai dit, paraissent avoir liabité
nos climats à une époque antérieure an dé-
luge. On en trou%'e un grand nombre parmi
les végétaux fossiles,
A la famille des palmiers appartiennent le dailier
{pbœnix], le rotang [calamus;, le sagoiilier ( sagus ) ,
Varec ( areca ), \e rocotier (cocos), le cai-jote [-ta', lu co-
rjpha , le licuala^ Vareng (arengai , le rondler (borassus]
le chninœrops ou pnlmler nain, etc.
Le dattier a été nommé à juste titre
le père nourricier des habitants du désert.
Dans tout le nord de l'Afrique les dattes
font la principale nourriture des Aiabes.
Les dattes offrent un péricarpe charnu et
mielleux, dans le quel est renfermée une
amande dure, cornée, elliptique, et pro-
fondément sillonnée d'un côté. Outre les
dalles, les dattiers fournissent par incision
une liqueur douce, vineuse, et rafraîchis-
sante, nommée vin de pahnc. Des tiges
des feuilles on relire des filaments qui se
convertissent en cordes, ficelles, et toiles
grossières. Arec l(;s feuilles on tresse des
nattes, des tapis, des corbeilles, etc. Son
bois dur et incorruptible sert à faire des
piliers, des poutres, des solives.
Le genre rotatif; ou rotin renferme plu-
sieurs espèces arborescentes , à la tige ar-
ticulée et percée d'une infinité de très-
petites tubulures longitudinales. Le rolar,g
iTflt est cultivé dans nos serres depuis 1830.
Les fruits du rotang zalacca, des forêts de
Java, sont alimentaires. Le rotang dragon
fournit une résine employée en médecine
comme astringente, et que l'on fait entrer
dans la composition du vernis. Les antres
espèces produisent de longs jets flexibles,
armés à leur extrémité de crochets très-
aigus, au moyen des quels ils se fixent aux
arbres voisins. Ce sont ces jets qui donnent
ces belles cannes que le commerce hollan-
dais a fait adopter partout pour leur élé-
gance et leur solidité, et que l'on nomme
rotains. J'ai parlé de Varec , du cocotier, et
du sagoiilicr dans la Méthode du Gepîbe ,
pages 281-294. J'ajouterai seulement que
tous les palmiers, excepté peut-être ['arec,
peuvent fournir du sagoii.
Le corypha de Malabar {corypha rotundi-
folia) est le plus magnifique de tous les
palmiers par ses feuilles dont une seule
peut couvrir quinze ou vingt hommes. 11
fait l'ornement de nos serres.
On retire par incision d'une espèce d'rt-
reng (arenga saccharifera) une sève sucrée
que la fernicntalion transforme en vin.
On ne connaît qu'une espèce de rondicr,
appelée aussi lontar , que l'on confond à
tort avec le lodoïcé ou cocotier des Maldi-
ves. Le rondicr, dit on , ne donne de fruits
qu'une fois dans sa vie, signe voisin de sa
ruine totale.
Le lodoïcé, au contraire , produit tous
les deux ans de vingt à trente cocos noirs,
osseux et très-gros, du poids de cinq à
douze kilogrammes.
On a donné le ntmi de palmiste à plu-
sieurs arbres de la famille des palmiers:
1" au chaniœrops ou palmier nain, appelé
aussi palmier éventail , à cause de la dispo-
sition de ses feuilles étalées en éventail;
2° à deux espèces du genre rhapis ; o" à
une espèce d'arec , qui porte à son extré-
mité un bourgeon foliacé et florifère, ap-
pelé vulgairement c/i0H-^a/Hi(s/6 , et fort
bon à manger.
Latanier est un nom comniim à plu-
sieurs espèces de palmiers , remarquables
par leurs feuilles plissées et flabellifor-
mes.
On le donne particulièrement à une es-
pèce qui croît à l'île Bourbon et qui four-
nit du sagou.
Les Lranclies de palmier s'appèlent palmes. La palme
est le sjmliole de la victoire. Fip., et pnetiq. , Dimporler
la palme, Remporter la victoire. La palme da marhm, La
gloire éternelle qui est le prix de la mort souU'erte par les
martyrs pour la confession de la foi.
Dans le midi de TEurope, les palmes jouent un grand
rôle à la fête des Rameaux. Après les avoir fait bénir, on
en décore l'intérieur des liabitatious pour les préserver
de tout malheur.
tes palmes idumées ou d'Idumée, du nom d'un pays où
il croît beaucoup de palmiers.
98. — PAPAVÉRACÉES (-ccœ) , Plantes
ordinairement herbacées, lactescentes, à
feuilles alternes, à fleurs en épi, en om-
belle, ou solitaires; au fruit capsulaire ,
renfermant une très-grande quantité de
graines.
Genres : pavot (papaver), chelidotne (-donium ), nrjt-
mmie, h^pécoum, sanguinaire (-naria ), fumelcrre (fuma-
ria), rorydale (-alis).
Le genre pavot comprend environ vingt
espèces, dont la principale, à helles fleurs
blanches, est le pavot somnifère, originaire
d'Orient, d'où l'on retire Vopium, la mor'-
phine, et la narcoline.
On obtient aussi par la pression de ses
graines une huile abondante appelée liuile
3'<rt//c/^t', que pomraient fournir île même
plusieurs autres plantes de la famille. Pavol
sauvage. Vavot de jardin. Pavot noir, blanc,
ronge. Pavot double. Pavot panache. Tète ,
6-f{
CLEF 1»E LA LANGUE ET DES SCIENCES.
foraine, JUS de pavot . Lg coquelicot est une
espèce de pavot, connu par ses jolies llciiis
du ronge le plus éclatant.
Quel ciimc ont donc commis ces chcrs coqueliroU,
Qui, passant leur fionl loupe entre les hlés égaux,
Au revers du sillon , de leurs jielites langues ,
Vous faisaient autrefois de si belles liarangutt?
De ïoire négligence ils sont tout altiistés.
Et se plaignent au vent de n'être plus chantés.
( TlIÙOPHII.E Galiiek. )
Sur mon âme! cela sent Bedlam d'une lieue.
Ne le pensez-Tous pas, vous, ma belle fleur bleue
Kl rouge, un peu bluet, un peu coquelicot, —
Qui in'écoutez le front penclis , sans dire mot^
I L. N. Lord Coxcomh. }
Les classiques n'auraient pas osé em-
ployer le mot coquelicot, beaucoup trop
commun; mais en revanche ils faisaknt
«ne grande consommation de paiiots. Les
pavots du sommeil, de Morpirée. Morphée
avait versé sur lui ses pavots. On verse de
l'eau, du vin, des liqueurs, du plomb
ibndu, du sang ; mais on ne saurait verser
des pavots.
Molière s'est moqué des précieuses.
Mais ont-elles jamais rien dit de plus ridi-
cule que cela?
Le pavot était consacré à Proserpine.
On représentait Gérés couronnée d'épis,
tenant une torche d'une main, et de l'autre
une tige de pavots en mémoire de l'opium
qu'elle avait pris lors de la naissance de sa
fille.
Le pavot est l'attribut du dieu du som-
meil, et le symbole de la fécondité.
Le pavot ronge ou coquelicot a pour em-
blème , orgueil, selon les uns, — selon les
autres, reconnaissance; \e pavot noir, lé-
thargie; le pavot blanc ou d'Orient, soup-
çon, Lepavot mêlé nous peint la surprise;
le pavot rose, la vivacité; et le pavot sim-
pte, l'élourderie.
La cfiélidoine commune , ou grande cbéli-
doine, ou éclaire, aux fleurs jaunes, dis-
posées en ombelle terminale, contient un
suc jaune et caustique propre à détruire
les verrues. L'argémone se nomme aussi
pavot épincu.v, parce qu'elle est armée d'é-
pines , et qu'elle ressemble au pavot. La
sanguinaire , petite plante d'un aspect
agréable, originaire de l'Amérique septen-
trionale , est ainsi nommée de la couleur
du suc acre et narcotique que fournissent
toutes ses parties.
Toutes les espèces de fumeterre de nos
climats sont trés-amères, et s'emploient
comme toniques et antiscorbutiqiies.
La funielerrr a pour emblème, fiel.
On cultive comme plante d'ornement In
fumeterre odorante de Sibérie, à (leurs très-
nombreuses, jaunes et noires , disposées
en long épi d'un bel effet. Fumeterre jaune.
La corydale bulbeuse est une jolie plante
indigène de quinze a vingt centimètres,
à fleurs pourpres ou blanches.
Le genre fcmetebre constitue maintenant la famille
des FDMARIAci^ES.
135. — FARONTCHIÉES , Plantes her-
bacé<'s ou sous-frutescentes , à feuilles op-
posées, à fleurs très-petites, ordinaire-
ment d'un blanc verdâtre. On divise cette
famille en deux tribus: Les paronycU'tèea
vraies et les sclérani liées.
Genres: herniole (berniaria!, puronT^ue ;-nj'cbia),f^»i-
noearpc (-pus) , sclércintiie (-tlius J , etc.
Les paronycliiées s'éloignent peu des por-
tulacées. Les paronychiées offrent peu
d'intérêt. Cependant on a préconisé l her-
niole glabre et la paronyque vertieitléccQXnxne
astringentes et diurétiques.
158. — FASSIFLORÉES, GREKADIIXES,
PASSIFLORES, FASCICTTLÉES {passiforœ).
Plantes ligneuses ou harbacées , à la tige
souvent grimpante , munie de vrilles; aux
feuilles ordinairement simples , alternes ;
aux fleurs souvent axillaires, à cinq pé-
tales ; au fruit charnu.
Genres : passiflore ou grenadide fpasstflora J, papayer
[ carica J , etc.
A l'exception du genre grenarfiV/e, type
de la famille, et dont les baies charnues et
sucrées servent d'aliment en Amérique,
les passiflores, d'ailleurs toutes exotiques,
ne présentent point d'utilité. L'espèce 1»
plus répandue dans nos jardins est la pas-
sionnaire ou fleur de la passion, arbrisseau
sarmenteux de l'Amérique, ainsi nommé ,
parce qu'on a cru reconnaître dans les
diffeientes parties de sa fleur quelques
lapports avec divers instruments de la
passion du Sauveur, tels que les trois clous,
la couronne , la lance , etc. Le papayer est
un arbre des deux Indes, dont les fruits,
gros comme un petit melon , charnus ,
jaunâtres , d'une saveur douce et d'une
odeur aromatique, se mangent confits au
sucre ou au vinaigre. On place à la suite
des passiflorces , la napoléone impériale de
Palissot de Beauvais, arbrisseau magnifi-
que , élevé d'un mètre à deux mètres ,
d'une belle couleur bleu d'azur, qui croît
en Guinée.
62. — PÉDALINÊES, Famille de plantes
SIGNES PIVERS. BOTANIQUE.
645
établie entre les Jasminées et les verbéna- 1
cées , et que qii«'lqiies uns rapportent aux
bignoniacéex. Elle ne coniprend guère que
les genres Joséphine et pèdali.
FÉRIGTNE (du grec péri, autour, et
giinê, femme), Attaciié autour de l'ovaire.
Corolle, élamine périgyne.
66.— FERSONNÉES , SCROPRULAlRES,
SCROFHVLARIÉES {scrophulariœ), Plantes
herbacées, rarement frutescentes , à feu-
illes opposées, quelquefois verticillées ou
alternes, à corolle /^cwonHee ou en masque;
au fruit capsulaire.
Genres; budiée (1) ( -leia) , scopaire {-parîa) , capralre
(-prarîa), scropliutnire (-laria), tînatre (-narîa), muflier fan-
tirrliinuni) , ftorjiemanttie (-nia), digitale falîs), calrèoiaire
(-laria), mimule (-lus), cohimnée (-nea), «(«'morfi>(-ilia), tes-
ttre (-ria), graiiolc (-laj, linwselle (-la), browatie (-lia), etc.
Les budlées sont des arbrisseaux exoti-
ques, aux feuilles opposées , aux fleurs en
épi, en tête, ou en corymbe, dont on
cultive quelques espèces pour l'ornement.
ta scopaire douce, originaire des Antilles
et du Brésil, passe pour avoir les propriétés
de la guimauve. La caprairc, ainsi nommée,
parce que les clièvies la recherchent de
préférence , croît également aux Antilles.
La capraire m II II ipde , aux fleurspurpurines,
donne par l'infusion de ses feuilles une
boisson théiforme, appelé thé de Mexique,
qui ne le cède en rien au thé de la Chine.
Les scTophiilaires tirent leur nom de la pro-
priété qu'on leur attribuait autrefois de
guérir les scrophulesou écrouelles. La scro-
phiilaire des bois ou noueuse, qu'on nomme
aussi herbe aux écrouelles', porte des fleurs
d'un pourpre noirâtre, d'une odeur désa-
gréable , et passe pour émolliente , toni-
que , résolutive. Ses semences sont ver-
mifuges. La scrophulaireaquatique, appelée
vulgairement bétoine d'eau , grande morellc,
et herbe du siège , croît dans les marais, et
jouit des mômes propriétés. Les linaircs
habitent les contrées montagneuses de l'Eu-
rope et le nord de l'Amérique; elles sont
cultivées dans nos jardins pour la beauté
de leurs fleurs éperonnées , d'un jaune
brillant. On connaît dix à douze espèces
de mufliers, dont la j)lus connue estlewH-
flier des jardins , appelé «'ncore giieute-de-
lionoude-loup et miifleau{2), à racine bisan-
nuelle, quelquefois vivace, |)rodnisant une
ou plusieurs tiges cylindriques , rameuses,
garnies de feuilles opposées, d'un vert
foncé , aux fleurs grandes d'un poui'pre
mêlé de jaune. Les mufliers diflTèrenl très-
peu des némcsics. Les digitales sont ainsi
nommées , parce qtie leur fleur ai)proche
de la figure d'un dé à coudre (en latin di-
gitus). Digitale blanche. Digitale pourprée.
La digitale pourprée a les feuilles ovales, lan-
céolées , dentées; la tige droite, cylindri-
que, velue , d'un vert rougeâtre ; les fleurs
grandes et belles, purpurines, tigrées, et
remplies de longs poils. Les digitales passent
pour éméliques et purgatives. A petite dose,
la digitale diminue la fréquence du pouls ; à
grande dose, elle peut causer la mort. On
cultive dans nos jardins le mimulejaune du
Chili, ainsi que la columnèe droite et la
beslère à feuille de mèlite. La graiiolc offici-
nale , qui croît dans les prés humides et
marécageux de l'Europe, a reçu le nom
vulgaire d'herbe au pauvre homme, à cause
de ses propriétés fortement purgatives,
qui en font un remède économique pour
les pauvres gens.
Brown a réuni les scrophcï.akikes et les nnisANTHAChK*
de Jussieu en une seule famille sous le nom de nmrsANTâ-
t:tBS. D'autres comprennent au contraire sous ce dernier
nom les pÉDicDLAiiiEs, les scROPUULARitEs , et les OROUia-
CUÉES.
14. — PÉPÉRITÉES, Famille détachée
des urticées de Jussieu, et désignée par
Kunth sous le nom de pipéracéks. Les pi-
péracées sont des plantes exotiques , her-
bacées ou ligneuses , végétant le plus son-
vent sur des troncs d'arbres vivants. Le
poivrier (piper) en est le genre le plus re-
marquable. Le genre ;70ii'ri'er renferme un
grand nombre d'espèces, indigènes pour la
plupart de l'Asie oiientale et de l'Àméri-
qiu- du Sud. Les principalessont \e poivrier
commun ou aromatique, qui fournit le poi-
vre du commerce; \e poivrier pédicule ou
poivrier cubcbe dont on fait un grand usage
en médecine ; et le poivrier mélel «lont les
Malais mfichent continuellement les feu-
illes, après en avoir corrigé l'ainertiiiue pav
un mélange de chaux et d'arec. Le fruit
du poivrier est une petite giaine , un pen
moins grosse qu'un pois ordinaire, tantôt
(1) La plupart (-crivent tnidlèje ; mais cela est tout à fait contraire au génie de la langue , qui
ne permet pas la présence du y devant un e muet final.
(2) Il est à remaifiucr que l'Acade'mie , (rordinairc si peu econoniç du trait d'union , fciil mvjlc
de veau, svnonvmc do lunflicr, sans trait d'union.
()40
CLEF DK I.V LAXiUK ET DES SClEiNCES.
noire , lorsqu'elle est recouverte de sa
])ulpe desséchée, el tanlùt blanche , lors-
<iue,par la niaréralion dans l'eau de mer, on
l'a dépouillée de cette espèce d'enveloppe
qui lui donnait une saveur plus i'orte. Le
poivre sert à assaisonner les viandes. Une
livre de poivre. Poivre pulvérisé. Poivre con-
cassé. Un grain de poivre. Mettre du poivre
dans unesttuce. Il y faut mettre une pointe de
poivre. Poivre mignonjiet te. Le poivre aro-
matique blanchi et concassé, recherché
surtout pour l'assaisonnement des huîtres.
Poivre grabeau , Le même poivre concassé
et ses résidus. (On donne An piment an-
nuel les noms de poivre long, poivron,
poivre d Inde , poivre de Guinée , corail des
jardins. C'est une espèce de poivre qui
vient dans une petite gousse rouge. )
Quelques botanistes ne font qu'une fami-
lle des piPÉRiTiïES et des sauhurkes , entre
autres M.Lamouroux.
154. — PITTOSPORÉES , Petite iamille
de plantes exotiques, séparées des rliam-
nèes par Brown.
Gcures : pittospore (-rum), billanlièrc ( -ru], bursaire
(-saria ).
On cultive dans nos jardins trois espèces
de piltosporcs. Le pittosporc à /builles on-
dulées , des Canaries, bel arbrisseau à tige
droite , cylindrique , rameuse, aux feuilles
persistantes , éparses , opposées ou verli-
eillées ; aux fleurs ordinairement blanches,
d'une odeur semblable à celle du jasmin;
— le pittosporc coriace de INLidère , aux
feuilles ovales , alternes, très glabres , et
coriaces; — et le pittosporc tobira de la
(]hine, dont l'écorce exhale une odeur
forte et résineuse. La billardiére sar-
menteuse, aux (leurs d'un vert jaunûtie ,
aux feuilles ovales et velues , fournit dans
la Nouvelle-Hollande des fruils dcmt on
inange la pulpe. On distingue la bursaire
épineuse qui croit dans l'Océanie.
53. — PI.ANTA6INÉES , Plantes herba-
cées, indigènes; aux feuilles radicales; aux
fleurs presque toujours hermaphrodites,
disposées en capitule ou en épi ; au fruit
capsulaire.
Gcmus : pidntniu (-tnpo), />(iin(m';i lie moine ou llttorelle
{•la).
Le plantain des Alpes est avidement re-
cherché des moutons, hc plantain des bois
est cultivé en Angleterre pour les chevaux
et les mulets. Le plantain maritime est
estimé bon pour les prairies artificielles.
Les graines du plantain dessables, qu'on
récolle en grand dans le midi delà France,
s'emploient en médecine comme émol-
lientes et servent de plus à gommer les
mousselines. Le grand plantain se recon-
naît à ses feuilles ovales à sept nervures ,
entières ou tiès-légèreme-nt dentées, et à
ses longs épis composés de trente ou qua-
rante fleurs verdâtres. L'eau distillée de
plantain est renommée pour les yeux.
On nomme plantain aquatique ou plantain d'eau , le
flûteiiu ou alisma, île la famille des alismacées, rélébro
par la propriété qu'on lui attribuait de guérir l'hjdro-
pliobîe.
Le plavtiiin piiHriitre est une espèce du genre l'nu/a,
dont l'odcnr chasse, dit-on, les puces, ce qui est pure-
ment imaginaire.
La Ullorclle est peu importante.
55. — FLUMBAGINÉES (1) {plumbagi-
n«œ), plantes indigènes, herbacées ou li-
gneuses ; à /è«i7/c« simples , entières, al-
ternes ou toutes radicales ; aux fleurs
hermaphrodites, réunies en tête ou en
panicule ; au fruit capsulaire.
Genres: denteUiire (plunibago ), stad'ci.' (-tice).
La denlelaire est ainsi nommée d'une de
ses espèces qu'on employait autrefois pour
soulager le mal de dents. C'est \adentelairc
d'Europe, plante qui croît dans le midi de la
France, à tige droite , cannelée et rameuse,
aux feuilles ovales, ondulées, velues , aux
fleurs en corymbe. Cette plante est très-
acre , et sa racine est détersive et éméti-
que. « Le staticé gazon , appelé vulgaire-
ment petit gazon ou gazon d'Olympe, ori-
ginaire des lieux arides et sablonneux ,
voisins de la mer, est cultivé dans nos
jaidins où il forme de très-beaux tapis de
verdure. Du sein de ses feuilles linéaires
s'élève une tige sans feuilles , grêle , ter-
minée par des fleurs rouges , blanches , ou
roses.» (Dictionn. de Charles ST-LAehE?(T.)
70. — POLÉinONIACÉES , POLÉMOINES,
POLÉMONIÉES, POLÉniONIDÉES {-niaceœ,
-nideœ) , Plantes herbacées on ligneuses,
à tige droite ou grimpante , à feuilles sim-
])les ou composées, tantôt opposées, tantôt
alternes; aux fleurs souvent en corymbe
ou en panicule ; au fruit capsulaire.
(l) D'après le génie de notre lanjîue, on devrait e'crirc plombagine es, la sjlla))e laliiie r(m si:
cliangcant rc'gulicrement eu o/n en français, comme dans /)/()/«/', o/n^rcj o;;?/'c'//<,', etc., en lalui
plumbus , umbrn, iiinbcllo , clc.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
647
Genres: phlox, polémoim (-oiiium), cantua, bomptandte,
cobœa,
hsi polcmoinc bleue, ou valériane grecque,
est une jolie plante à racine vivace, à tige
herbacée haute d'environ soixante centi-
mètres , couverte de feuilles ailées, sessi-
les, d'un très-beau vert, et terminée par un
superbe corymbe de fleurs bleues ou blan-
ches. Les phlox, au nombre de vingt es-
pèces environ, sont des plantes vivaces ,
tontes originaires de l'Amérique dunoid.
Phlox blanc. Plilox de la Caroline ou grand
plilox. Phlox paniculc. Phlox pyramidal.
Le cobœa, ou la cobée. plante grimpante à
grandes fleurs bleues et companulees, qui
croît très-vite, est originaire du Mexique.
Pour quelques botanistes la cobéc est une
bignoniacée.
128. — POLYGAtÉES , Plantes herbacées
ou ligneuses, aux feuilles très-entières, gé-
néralement alternes, quelquefois opposées
ou verticillées; aux fleurs le plus ordinaire-
ment en épi, quelquefois en panicules soli-
taires ou axillaires. Celte famille renferme
les deux genres/^o/y^'^'^o^/^^'yà'"'"' ^^ '"'''"
meria. Le polygala commun se lecunnaît ;i
ses tiges nombreuses, inclinées, hautes de
quinze à vingt centimètres, terminées par
unbelépide petites fleurs violettes, bleues,
quelquefois blanches. Le polygnla com-
mun passe pour tonique et légèrement
émétique. La racine de deux espèces , le
polygala de Firginio et le polygala faux
buis, est efficace, dit-ou, contre la morsure
des reptiles venimeux.
/l9. — POLTGONÉES ( - nex ) , PERSI-
CAIRES, VAGINALES, Plantes herbacées,
quelquefois sarmenteuses ; à tiges genicu-
lées dans la plupart ; à feuilles alternes,
roulées en dehors, pétiolées, engainantes ;
à fleurs hermaphrodites, paniculees ou en
épi.
Genres: roi'smier (roccoloba), atraphage (-pliaxis), re-
nouiie (polygonumj, oseille (rumex), rlmbaihe (ilieum), tri-
plare [-rh) , calligone [-num] , palUisie ( -sia ) , lœ/iijic
(-gia), etc.
Les ra«micr« ou coccolobns sont des ar-
bres ou des arbrisseaux des Antilles, 1res re
marquables par l'ampleur de leurs feuilles,
épaisses, coriaces, d'un vert sombre. Le
coccolobaà grappcs{coccoloba uvi fera) ait un
grand et bel arbre qui se plait sur les bords
de la nier, et dont les fruits ont une saveur
acidulé, assez agréable. Le bois très dur ,
pesant , d'un rouge foncé , presque incor-
ruptible , du coccoloba de la Martinique
est fort recherché pour les constructions.
Le genre renouce ne renferme pas moins
de cent vingt-cinq espèces, toutes très-
utiles , entre autres: la renouèe tinctoriale,
qui fournit l'indigo pur en grande quan-
tité ; le sarrazin ou blé noir (polygonum
fagopyrum', dont la graine alimente pres-
que exclusivement plusieurs départements
de la France ; la persicairc, ou renouée
d'Orient , d(mt les fleurs , d'un beau rose ,
disposées en panicule , font l'ornement de
nos jardins ; la bisiorte, ainsi nommée ,
parce que ses racines , astringentes et to-
niques , sont tortues et repliées en forme
d'S ; et enfin le poivre d'eau ( polygonum
hydropiper) , à la saveur acre et poivrée.
h'oseille, plante à racine vivace, rameuse,
allongée , aux feuilles vertes , d'une saveur
aride et légèrement astringente, est d'un
usage journalier dans la cuisine. On con-
naît plus de soixante-dix espèces d'oseilles.
Oseille de jardin. Oscille sauvage. Planche
d'oseille. Semer, cueillir de l'oseille. L'oseille
ronde est plus aigre que l'oseille ordinaire.
De la soupe d l'oseille. Des œufs à l'oseille.
Jus d'oseille. Sel d'oseille. La patience est
une espèce d'oseille. Il y a 1° \a patience of-
ficinale ou parelle , qu'on cultive dans les
jardins potagers pour la cuisine, et dont la
lacine est employée en médecine contre
les maladies de la peau , du foie , et du
système lymphathique ; 2° la patience sau-
vage, raiponce., ou frisée, ou parelle sau-
vage, très-commune dans les bois, les
prairius, les fossés humides , et douée des
mêmes propriétés que la précédente; 3° la
patience aquatique ou parelle des marais,
employée contre le scorbut, les affections
cutanées, les rhumatismes, la goutte, les
maladies chroniques rebelles; 4" la patience
sanguine ou oseille rouge, ou sang -dragon ,
originaire de la Virginie, et dont la racine
est astringente; 5° la patience des Alpes,
rUapontic , ou rhubarbe des moines, dont
la racine allongée et grosse , amère et vis-
queuse , est tonique et puigative ; etc. La
rhubarbe est célèbre par les propriétés to-
niques et purgatives de ses racines. La
racine de rhubarbe , la rhubarbe nous vient
surtout de la Chine et de la Tar tarie. Une
infusion de rhubarbe. Prendre de la rhu-
barbe. Rhubarbe en poudre.
Citoyen, la rue Barbe , s'il vous plaît,
— La rhubarbe, citoyen ? Je ne la connais
64S
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
pas. Mais adressez-vous chez le premier
apothicaire , on vous l'indiquera.
( Anonyme. )
Du genre oseille quelques botanistes ont
fait une nouvelle famille sous le nom de
RUMICINKKS.
136. — POHTUI.ACÊES ( -ceœ). Plantes
indigènes, lierbacées ou ligneuses; à tige
frutescente, cylindrique; à feuilles alter-
nes ou opposéesordinairement, succulen-
tes. Inflorescence variée. Fruit en capsule
nionoloculaire ou multiloculaire, à loges
monospennes ou polyspermes.
Genres : pourpier (poitulacca) , talinum, nwntie (-lia),
telepkium, trianthime{-ma], lamarix,scléranthe (-llius), etc.
Le pourpier commun ou des cuisines ,
plante potagère, très-rafraîchissante, que
l'on mange en salade ou cuite, se reconnaît
à ses feuilles glabres, luisantes, charnues,
spatuliformes. Feuille de pourpier. Une
couche de pourpier. Une salade de pourpier.
Eau de pourpier. Pourpier doré , Pourpier
naissant qui se mange en salade. Pourpier
saurage, Sorle de pourpier dont les feuilles
sont plus petites que celles du pourpier or-
dinaire , et au quel on attribue des vertus
médicinales.
On nomme vulgairement pourpier de mer, une espèce
à^orroche qui croit sur les bords delà mer, et dont les
feuilles charnues et remplies de suc, comme celles du
pourpier, ont un goût salé.
Pour le lamarix, ro\ez la Méthode dc Gcnhe, page 294.
Du genre tamarix M. Dtsvaux a fait une nouvelle fa-
mille sous le nom de tashkascinées.
Le genre sdéranthe a été rapporté à la famille des Pi-
no.vîLHitEs de M. .lug. Salnt-Ûilaire.
56. — FRimULACÉES , PRIMEVÈRES ,
LTSIMACHIES , ANAGAIXIDES [primula-
ceœ , lysimachiœ) , Herbes à racines vlva-
ces , à feuilles ordinairement opposées,
quelquefois verticillées , ou alternes, ou
radicales. L'inflorescence est très-variée.
Le fruit est le plus souvent une capsule
monoculaire et polysperme.
Genres : eentenitte (centunculus) , mouron f anagallis],
jnicrantheme [globifera, micrantbemum), lysimaque ou ly-
simachie (-cbia); plumeau ( hotlonia), cor'ti, limoselle (-la),
trieniale (-lis), arétie (-tia), samot ou volant d*eau (sanio-
lus), ményantlie (-ibus), androsetle f androsace), primevère
(primula veris) , rorUise (-sa ) , soldanelle (-la ) , gjioselle
(dodecatbeon) , ryclame ou pain de pourceau ( cycla-
men ) , etc.
Les primulacées ue sont employées qu'à
l'ornement des jardins, bien qu'autrefois
le mouron ait eu la réputation de guérir la
rage , la folie , et l'épilepsie. La cenlenille
se trouve dans les lieux humides et ombra-
gés du nord de rEuropc, Il y a deux es-
pèces de mouron , dont l'une , appelée
ana^alUde , appartient à la famille des pri-
mulacées; l'autre, appelée morgcline , à
celle des caiyophyllées. La première se
nomme encore vulgairementmouronrou^c,
et la seconde mouron des oiseaux). On cul-
tive dans nos jardins une belle espèce d'à-
nagallis {an. monelli) , originaire d'Espa-
gne , à grandes fleurs d'un beau bleu ;
quelques lysimaques , entre autres la /yst-
maqiie d'Espagne , à fleurs blanches , et la
lysimaque vulgaire, dont les fleurs jau-
nes, disposées en corymbe, sont d'un très-
bel effet. La nummulaire ou herbe aux
(■eus , ainsi nommée parce que ses feuilles
rondes, appliquées contre terre, ont
la forme d'une pièce de monnaie , est
une espèce de lysimaque. La trieniale est
une plante très-elégante , aux fleurs blan-
ches, autrefois commune dans les Alpes,
où elle est devenue fort rare. Lesamol s'ap-
pèle vulgairement mouron d'eau. Les an-
droselles et les soldanelks habitent les mon-
tagnes élevées de l'Europe et de l'Asie. La
soldanelle des Alpes, cultivée dans les jar-
dins , a des fleurs violettes , pourprées, ou
blanches. Le ményanthe à trois feuilles,
appelé aussi trèfle d'eau, trèfledes marais,
a des fleurs blanches, nuancées de pourpre
et de rose , très-élégamment ciliées. Les
racines et les feuilles du ményanthe à trois
feuilles, d'une saveur amère, passent pour
toniques et fébrifuges. Dans les pays du
Nord on en mange la racine , qui , réduite
en poudre et mêlée avec le sarrasin, con-
stitue le pain des pauvres. Le ményanthe
flottant a des fleurs jaunes frangées. — La
gyroselle a des fleurs d'un beau rose , pen-
dantes. — Les espèces de primevères sont
très-nombreuses. La primevère officinale ,
première parure de nos prairies , appelée
vulgairement coucou, parce que, comme
l'oiseau de ce nom, elle annonce le retour
du printemps, se reconnaît à ses bouquets
de Heurs jaunes odorantes, — à ses feuilles
ridées , un peu glauques, toutes radicales,
— et à ses longues hampes grêles. On mêle
ses fleurs au vin pour lui donner une odeur
agréable. La primevère des jardins , et
l'oreitle-d'ours , aux couleurs variées, et
dont on a fait plusieurs espèces, sont celles
qui fournissent les nombreuses variétés de
nos parterres. La belle primevère de la
Chine a de grandes fleurs rose s et des feuilles
semblables à celles du géranium. Bou-
quet de primevères. Bordure de primevères.
SÏÙNES DlVÉf4S. BOTAMOlIE.
049
Primevère double. Primevère simple. Une
belle primevère aux fleurs bien veloutées,
d'un bleu pourpre liseré de blanc. Le cyclantc
commun, ami des lieux ombragés, est
connu sous le nom ~de puin de pourceau ,
parce que cet animal est friand de sa ra-
cine, qui est de l'orme orbiculaiiii , tubé-
reuse, brune en debors , blanche en de-
dans. Les fleurs du cyclame sont blancbes
ou purpurines.
Z|7.— PROTÉACÉES , PROTÉES, PRO-
TBOïDES {protcaccd), protcœ), Arbres et
arbrisseaux exotiques , à feuilles simples ,
alternes , presque verticillées. Les flenis,
tantôt axillaires, tantôt lerminales, offrent
une disposition très-variée.
Genres; proîce (-tea], banksle (-sîa), vnubier ou hakce
[-kea], (amhcriie (-tia), embotlirîum , persoonie (-nia), ct/-
Mosperme (-niuinj, etc.
On compte environ soixante espèces de
protées , toutes originaires des parties aus-
trales de l'Afrique et particulièrement du
cap de Bonne-Esperance. Les plus remar-
quables sont : i." le prolèc courenné ou
proUe élégant, aux feuilles lancéolées,
aux fleurs variées de jaune , de brun , et
de noir , s'épanoiiissant en juillet , au
fruit eo forme de noix conique , tout cou-
vert de poils longs et soyeux ; 2° le protèe
argenté ou arbre d'argent, aux feuilles
lancéolées, entièrement recouvertes d'un
duvet argenté, très-brillant, et dont les
Ueuiï de douze à quinze centimètres de
long sur six ou huit de large , eu font un
des plus beaux ornements de nos serres.
Les fleurs du protée lueUifère distillent
continuellement un miel fort douxellrès-
recherché des Holtentots.
On cultive encore dans nos seircs des
banksies, des emboltiriums, des latnbcrlics,
tous arbrisseaux très-agréables, originaires
de la Nouvelle-Hollande.
97. — RENONCULACÉES, RENONCULES
{^ranunculaccœ , raniinculi) , Plantes pres-
que toutes européennes , en général her-
bacées, à /ê(a7/e4' presque toujours alternes,
simples ou composées; aux fleurs grandes
et brillantes. Lus fruits sont tantôt de pe-
tites baies ou de petites capsules monos-
permes, formant par leur aggréga lion, un
syncarpe; tantôt ils n'offrent qu'une, ou
deux capstdes uniloculaires polysjjerincs ,
s'ouvrant par leur angle ou bord interne.
Cette famille se divise en trois piincipales
sections.
KENOMCtiLiciss vaiiEB. Capsules monospemes iniléhis-
centes.
Genres: cttmallui [-t'isjy pigamun 'ihalictruinl, anémone
(anémone), adonide (-uhj, renoncute ( laDonculus ou la-
iiuucula), alragine [•g,ene),hydraslis, liamadryade [dryas),
myosure [rusl.
IlELLÉBonÉES. Capsules polysptnnes ; pétaltsirréguliers.
Genres: hellébore (-rus), trollier [-Wus] , nigelle ou
nielle (tn'gella), anclwtie (aquilegia), daupliiiiclle ou pîed-
d'iduueUe (delphiniumj, ucunil (-tum), etc.
PjîONiÉES. Capsules polyspenifes ; pétales réguliers.
Genres populuge (-go, caltlia), pivoine (-pouia), ar-
iœa, etc.
Toutes les renonculacées sont âcres et
caustiques ; quelques unes même sont de
véritables poisons. On cultive dans les
jardins plusieurs espères de clématites. Clé-
nialitc des buissons, aux fleuis bleues. Clc-
malilc viorne., aux (leurs de couleur pourpre
ou violette. Clématite crépue, aux fleurs
grandes et bordées au dehors d'une mem-
brane veloutée ou ondulée. Clématite
blanche ou commune , aux fleurs blanches ,
jielites, peu odorantes, et formant unesorte
de panicule. La clématite commune a reçu
le nom d'herbe aux gueux , parce que les
mendiants se servent de ses feuilles pour
faire paraître leurs membres livides et ul-
cérés. On cotnpte environ cinquante espè-
ces de pi ganions ou tlialictrons , parmi les
quelles près de vingt croissent naturelle-
ment en France. Les plus connues sont :
le pigamon à feuilles d'nnchoUe , vulgaire-
ment appelé colambine à plumeau, aux
racines fibreuses, grosses, fasciculées, pro-
duisant plusieurs liges cylindriques , glau-
ques , hautes d'un mèti-e à deux mètres,
garnies de feuilles d'un vert gai en dessus,
aux fleurs rosées et purpurines; — et le
pigamon jaunâtre, appelé aussi lin des prés,
fausse rhubarbe , plante qui croît dans les
fossés , les prés , les terrains marécageux ,
et dont les fleurs sonljaunâtres. On cultiva
dans les jardins le pigamon à feuilles d'an-
c ho lie.
L'anémone est une plante printanière
dout la tige est une hampe droite, garnie
ordinairement de trois feuilles formant une
sorte de collerette. Sa fleur , qui porte le
même nom, est inodore, mais remarquable
par l'éclat et la variété de ses couleurs .
dans les esjjèces cultivées. Son nom lui
vient du çvcc anemos , vent, parce qu'elle
S(t plaît dans les lieux exposés aux vents.
On connaît plus de trois cents variétés d'a-
némones. Planches d'anémones. Carré d'ané-
mones. Anémone simple. Anémone double.
Anémone blanche. Anémone double. Ané-
mone des bois ou svlvie. Aiu'nuuic s<tuiiii:c.
8-2
650
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
l.ti fable fait naître l'anémone du sang d'A-
donis.
La terre, aTcc douleur, boit les flots réunis
Des larmes de Véii;is et du sang d'Adonis.
D'une rose soudnin la terre se couronne ,
Et prés d'elle s'élève une pâle anémone.
( OlIADSSAnD.)
Emblème de la vie, aimable et tendre fleur,
Qui brille le matin, le soir perd sa couleur;
Et , passant do nos prés sur l'infernale rive,
Nous présente en un jour l'image fugitive
De la jeunesse et du bonbcur. ( DEMOc.sTiEn. i
Je demande pardon à M. Alexandre Du-
mas de citer De m uus lier, qu'il n'aime pas, je
le sais, quoique son compatriote. Il est
certain que de tels vers sont loin de valoir
ceux-ci de l'auteur d'Antony.
En nie promenant bicr sur le rivage ,
Où pendant une heure à vous j'ai rêvé ,
J'ai laissé tomber mon cœur sur la plage ;
Vous veniez ensuite, et l'avez trouvé.
Aujourd'hui comment arranger l'alTaire ?
Les procès sont longs , les juges vendus.
Je perdrai ma cause. Et pourtant, que faire?
Vous avez deux cœurs, et je n'en ai plus.
Mais quand on lèvent pourtant tout s'arrange,
Et souvent un mal finit par un bien.
De nos cœurs entre eux faisons un échange ,
Donnez-moi le votre, et gardez le mien!
Avis aux classiques. Prenez vosluncttes,
examinez et comparez. Ce n'est pas toute-
fois que l'idée d'un cœur qu'on laisse tomber
et qu'on ramasse, n'ait quelque chose de
bizarre et de forcé qui n'eût certes pas
germé dans une tète classique. Cela n'ôte
rien àla beauté de ces strophes, vraiment
ravissantes. Dommage (ju'il n'y soit pas
question d'anémones. Nous y revenons,
ou du moins nous passons à ï'adonide ,
plante très - abondante dans les blés,
d'un aspect très-élégant, aux feuilles très-
finement découpées, et dont les fleurs,
rouges à leur sommet, sont tachées de noir
à leur base. On cultive ï'adonide automnale
ou goutte-de-sang et ï'adonide d'été ou 05(7-
de-perdrix. L'ndonide est sœur de l'anémone,
née comme elle du sang d' Adonis. « Fleurs
brillantes et passagères, trop fidèle em-
blème des plaisirs de la vie , vous fûtes
consacrées par la beauté même aux dou-
loureux souvenirs.» (Aimé Martin.)
Legenre>'cnonc«/e renferme cent soixante
espèces, les unes cultivées dans les jardins
pour la beauté de leurs fleurs, et les autres
venant sans culture dans les prés, les bois,
les marais , etc. La plus remarquable est
\& renoncule des jardins , ou à' Asie , onde
Perse, devenue l'ornement des jardins par
les couleurs panachées de sa corolle, dont
les pétales sont larges, épais et anondis
comme ceux de la rose. Renoncule simple,
double. Renoncule des bois. Renoncule de
montagne. Renoncule des prés. Renoncule
aquatique. La renoncule rampante est appe-
lée bouton d'or, et a pour emblème , n-
cliesse. On nomme vulgaiiement grande
douve et petite douve , deux espèces de re-
noncules qui croissent dans les marais et
qui sont très-nuisibles aux bestiaux. La re-
noncule était connue dès le douzième et le
treizième siècle. Les Croisés en avalent vu
en Orient, d'où elle nous fut rapportée par
Louis IX.
La renoncule un jour dans un bouquet
Avec l'œillet se trouva réunie :
Elle eutle lendemain le parfum de l'œillet.
On ne peut que gagner en bonne compagnie.
(BiRExcEn, de Lyon.)
Ce qu'on nomme patte ou griffe , dans
la renoncule et dans l'anémone , est leur
racine, qui a quelque ressemblance avec
la patte d'un animal. Les griffes ou pattes
d'anémone, de renoncule , peuvent être di-
visées, et servir ainsi à la multipUcalion de
la plante.
h'hydrastis croît au Canada ; l'Immn-
dryade près du détroit de Magellan. Le
jnYo«'""c est connu sons les noms vulgaires
de qucue-do-souris et deratoncule. Il porte
des fleurs dont le réceptacle s'allonge
après la lloraison, de manière h prendre
la forme d'une queue de souris.
Les plantes noavnées hellébores jouissaient chez les an-
ciens d'une grande réputation pour leurs vertus héroï-
ques , et surtout pour la guérison de la folie. On en dis-
tingue deux espèces : Vlietlebore blanc, qui croissait en
Etolie,dans les Gaules, et près des rivages de la mer.
Noire, et que l'on a cru retrouver dans le i'érûtrr,\ et r/i«(-
li-hore noir, <\u\ croissait à Anticyre, sur l'Hélicon , dan»
l'Eubèeetla Béotie , et que l'on croît être notre /le/fc-
borc orientât.
Le genre hellébore renferme des plantes
herbacées , vivaces , aux tiges rameuses ,
et aux fleurs d'un vert blanchâtre. Ces
plantes sont très-malfaisantes. L'hellébore
noir est quelquefois employé comme ver-
mifuge et purgatif. Le trollier boule d'or
habite parliculièrement les prairies des
Vosges, des Alpes, des Cévenncs , et des
Pyrénées , d'oîi on l'a transporté dans nos
jardins. Cette plante , qui se plaît sur une
terre ombragée et humide,se fait remarquer
par son port élégant, son feuillage découpé
et d'un fort beau vert, ainsi que par ses
grandes fleurs d'un beau jaune d'or. — Le
genre nig^eZ/fi renferme onze espèces, dont
trois surtout sont remarquables: la nigelle
cultivée, vulgairement c«m«n noir, la ni-
SIGNES DIVEKS. BOIAMOLE.
(iol
gellc dts champs ou nielle, et la nigelle Je
Damas , appelée plus communément bar-
biche, barbe de capucin, cheveux de Vénus.
Les graines de ces plantes sont aromati-
ques. La nigelle de Damas fournit une
graine, qui, frottée entre les doigts , ré-
pand nue douce odeur de fraise. — Les an-
coUes sont remarquables par l'organisation
de leurs fleurs , qui sont garnies de cinq
nectaires en forme de cornets recourbés et
alternant avec les pétales, h'ancolie vul-
gaire ou des bois, appelée aussi gant de
Notre-Dame, , est un des plus beaux orne-
ments de nos jardins. Elle est vivace, à
fleurs bleues , blanches, jaunes , rouges ,
violettes , panacliées. Ancolie simple. An-
cotie double. On cultive encore Vancolie
des Alpes, plus petite, à fleur bleue; Van-
colle de Sibérie, aux fleurs grandes, bleues,
et entourées d'un anneau blanc; Vancolie
du Canada, au port élégant, aux fleurs
d'un beau rouge, mêlé de jaune , portées
par un pédoncule légèrement courbé. Le
nom latin de l'ancolie , aquilegia , dérive
à'aquila , aigle , parce que sa fleur imite
quelquefois les serres d'un aigle. — Les pied-
d'alouettes forment une tribu nombreuse
de plantes annuelles ou vivaces , à fleurs
bleues , ou blanches, ou roses , toutes cul-
tivées dans nos jardins , où elles ornent les
platebandes. Les anciens font naître le
pied-d'alouette du sang d'Ajax. Cette fleur
a pour emblème , légèreté. — Les aconits
sont des plantes vénéneuses , qui croissent
en abondance sur les Alpes. Le napel ,
dans le suc du quel les Germains trem-
paient leurs flèches, est une espèce à'aconit.
« Les magiciennes de la Thessalie em-
ployaient cette plante dans leurs enchan-
tements. Ses qualités vénéneuses étaient
dues , suivant les anciens , à l'écume que
répandit sur elle l'aHieux Cerbère, lorsque
Hercule, vainqueur de la Mort et des di-
vinités du sombre royaume , arracha ce
gardien des portes des enfeis , et l'offrit
chargé de liens aux yeux des mortels. »
(AiMK Martin.) L'aconit a pour emblème,
vengeance. — hapopulagcdcs marais, vulgai-
rement appelée souci d'eau , paraît dès les
premiers jours du printemps , et se fait
remarquer par ses grandes fleurs d'un
jaune brillant , et ses laigi's feuilles d'un
vert sombre. On met ses fleurs dans le
beurre pour lui donner une couleurjaune.
On confit ses boutons au vinaigre comme
les câpres. Elle est quelquefois double ou
semi-double dans nos jardins, et alors elle
prend le nom de boutond'o — Introduites
dans nos jardins comme plantes d'orne-
ment, les pivoines y produisent un très-bel
efl'et par leurs touffes d'un vert gai, et par
leurs magnifiques corolles blanches, ou ro-
ses, ou panachées. L'espèce que les anciens
nommaient dans leurs hymnes à cause de ses
propriétés héroïques est la /jtiioineconini «ne,
naturelle aux prairies et aux bois mon-
tui'ux de l'Europe méridionale.
Le genre podopliylliim , qui faisait au-
trefois partie desrenonculacées, est devenu
pour quelques botanistes le type d'une
nouvelle famille , qu'ils placent entre les
tiliacces et les bcrbéridées.
21. — RESTIACÉES , ou ÉRIAUCOLÉES,
Famille séparée des joncées par Biown, et
renl'ei niant des plan les herbacées, vivaces,
ou même sous-frutescentes , aux feuilles
étroites , engainantes, fendues à leur base
et placées sur des chaumes entièrement
nus , ou simplement couverts d'écaillés ou
de feuilles rudimentaires.
Genrt'S : restia, ériaacohti , xyris, etc.
Les reslias viennent du cap de Bonne-
Espérance.
155. — RHAMNÉES , RHAMNOÏDES
( - nc(B, - ides ) , Arbres et arbrisseaux a
feuilles alternes ou opposées , munies de
stipules. Le fruit est une baie ou une cap-
sule. On divise cette famille en six groupes
ou sections , dont les principales sont les
trois suivantes.
RiUMNOÏDES OU PiiiKGliLàctES. Calice iupère , ctamines
ojifwsées.
Genres -.nerprun [thamnui], jujubier (lizjphusl, pa/iure
(•rus), céanothe (-thus), etc.
BniMACÉES. Calice sup'ere, étamines alleme» avec Its
pctiiles.
Genres : brunie (-nia) , aucuba , siaavie (-via), tasîopê-
talum.
CÉi.âSiBisÉES. Calice inférieur, endosperme, mince ou
cliarnu.
Genres : s'.aphylin (-lœa ) , fusain (evonyniusl, célastre
(-trus), lioux ( ilex).
Les trois autres poupes ne renferment que des genres
peu connus. Le nom de l'un deux est si barbare^ que je
n'oserais le ciler dans un livre comme celui-ci.
Parmi les nerpruns, arbrisseaux indigè-
nes et exotiques, cinq espèces se l'ont sur-
tout remarquer par leur utilité: — 1" le
nerprun purgatif, dont les baies globuleuses
et noirâtres sont employées sous forme de
sirop dans les liydropisies de poitrine, la
paralysie, les dartres chroniques, et foiir-
nissent , préparées avec de l'alun, li; vert
de vessie des peinlics;— 2° le nerprun des
(i52
CLEF DE L\ LAKGLE ET DES SCIENCES.
tcinluriers , dont les baies petites , globu-
leuses, et vcrdûtres, connues daus le coiii-
merco sous le nom de f^minc! d'Avif^non ,
donnent, cueillies avant la maturité et
préparées avec du blanc de céruse , la
couleur verdAlri; appelée siil de i^ra'tn ; —
3° le nerprun de la Chine, dont les feuilles
sont mêlées au thé; — It" Valalcrne , dont
Je bois , semblable à celui du chêne vert ,
est eu)i)loyé parles ébénistes; — 5° leZio(;r-
ftalne ou boitr^ène, dont le bois donne un
charbon très-léger, employé préférable-
ment à d'autres dans la i'abricafion de la
pondre à canon.
On nonime vulgairemenln/rt^er/iciri/rtrc/,
le ccanolhc.
hcs brunies , toutes prii|)res à rATrique,
ressemblent par leurs leuilles linéaires , al-
ternes, trèsiapprochées , ou même imbri
quécs.à des bruyères on a des protées. Aussi
les nomme-t-on encore bruyères du Cap.
J'ai parlé des autres plantes de cette
famille dans la Mjîthode du Genre, pages
281-294.
58.-RHINANTHACÉES, RHINANTHÉES,
VÉRONICÉES, FÉDICULAIRES, Plantes in-
digènes, herbacées ou ligneuses, à feuilles
simples , très-rarement composées , — op-
posées, verlitillees, ou alternes, quelque-
Ibis remplacées j)ar des écailb.'S ; à lleurs
axillaires, souvent dis])osées en épi, en
panicule, ou encorymbe; à liuitcapsulaire.
Genres: véronique (-ca), siblorpie (-pia, quel nom bar-
bare! ) bistindre (-dra), erine (-nus), buchncre (-ra ), cu-
/7/irnise (-phiasla), burlsle (-sia), ron-ète ou rhiniinlhe
(•tlins), mélcmpyre (-pyinm;, pcdiculoii-e (-laris), etc.
La véronique ofjicinalc ou niâ/c nommée
aussi thé d'Europe , est vivace , commune
dans les pâturages sablonneux, formant de
jolis gazons. La véronique aquatique , ou
lifccnbunga , est une jolie plante aux tiges
rampantes et charnues , aux feuilles d'un
beau vert luisant , aux lleurs bleues , dis-
posées en grappes. Ses jeunes pousses se
mangent en salade ou cuites avec de l'o-
seille. On cultive encore la véronique fe-
melle on petit chêne, aux fleurs bleues,
rayées de rouge , la leucriette , dont les
nomi)reuses Heurs d'un beau violet font un
si bel effet , la véronique en épi, la véroni-
que couchée , la véronique à feuilles de ba-
silic, etc. Nous citerons encore Veupliraise
officinale, aux belles fleurs blanches rayées
de violet el de jaune; les rliinantlies vul-
gairement connus sous le nom de crétc-
dc-coqs, le mélampyrc des champs j appelé
aussi rouffcole ou blé de vache, et surtout
les pédiculaires, dont les feuilles découpées
et les petites fleurs brillantes décorent les
bois humides. Voyez scbophulariéks et
OROBANCH ÉRS.
78. — RHODODRACÉES , RHODODEN-
DRONS , ROSACES ( rhododraceœ , rhodo-
dendrn ) , Plantes indigènes, herbacéeson
ligneuses, aux feuilles alternes, opposées,
on verticillées, ordinairement peisistanles,
à inflorescence très-variée , au fruit en
capsules. Cette famille n'est considérée par
quelques botanistes que comme une sec-
tion des éricinées.
Génies; lialmier [-mia], rosace ou rliododentirony azaïéc
(-lea) , rhodora y lédûn [ leduni ), fet?/7iWe {-ria ), meniiVi/c
(-7,iaj, Itce (-tca).
On cultive en France, dans les jardin.^
des curieux , six espèces de halniiers , qui
nous viennent de l'Amérique septentrio-
nale. Ce sont des arbrisseaux ou des ar-
bustes, toujoms verts, qui ont des feuilles
simples et de très-belles fleuis en corymbe
au sommet des branches. Le genre rhodo-
dendron (du grec rhodon, rose, v.\. dendron,
arbre) reiile-rme dix-huit espèces d'arbris-
seaux très-élégants, la plupait cultivés. Je
citerai le rhododendron à grandes fleurs,
baut, en France , d'environ deux mètres,
dont les fleurs présentent , quand elles
sont épanouies, de superbes bouquets réu-
nissant plus de trente corolles roses ou
blanches, et le rhododendron du Pont,
aux fleurs purpurines. Le miel que font les
abeilles avec le butin de leurs corolles est
tm poison. Les azaléas, par leurs fleurs
disposées en bouquets plus ou moins touf-
fus , sont précieux poiir la décoration des
])arcs. a Le lédons odorants , \c rhodora du
Canada , les menziézias , aux tiges grim-
pantes , el enfin les iléus, dont les fleurs
blanches et aromatiques durent près de six
semaines, méritent aussi toute l'attention
des horticulteurs, » dit M. Lamouroux (2).
4/|l. — RIBÉSIÉES. on RIBÉSINÉES ,
GHOSSULARIÉES , GROSSULACÉES , GRO-
SEILLERS {-/nriœ,, -lace(p), Aibrisseanx fl)
souvent munis d'aiguillons, à feuilles al-
ternes, lobées. Les fleurs, solitaires, gémi-
nées, ou disposées en grappes, offrent un
(f) Il y a ceilainement une différence entre nr^r;5.«e«r/ el rt/Z/Hi/i;. Cependant les Lol.nnisles
eux-mêmes confondent fans cesse ces deux dénominations.
(a) M. f,amournii\ r'crit IcsiVcVr, les wcnziéziu, s.ms la marqne du pluriel II ne f.iul donc pas lui
inipnlei- un crime dnnl je suis seul coupa). le e) seul lespotisal.lc.
SIGNES DIVEUS. BOTASIOUE.
655
calice adhtTcnt , à cinq divisions; nne co-
rolle à cinq pétales; cinq élaniines; un
ovaire simple, à style bifide, et astigmate
double. Le fruit estime baie globuleuse ,
monoloculaire, polysperme, couronnée par
les débris du calice. Les graines se compo-
sent d'un embryon droit, petit, placé à la
base d'un endospernie corné.
On connaît aujourd'hui environ cin-
quante espèces de groseiUers, dont les plus
remarquables sont le groscUter commun
{ribeditm , riibrum ) , aux fruits rouges ou
blancs, un peu acides, très-rafraîchissants;
]c grose'tller à maquereau, aux fruits verts
ou rougeûtres, plus gros que les groseilles
ordinaires; et le groseiller 7wir , plus com-
munément appelé cassis, dont les fruits
noirs et aromatiques servent à faire une
liqueur tonique et excitante.
Depuis que je suis à Vienne, je n'ai pas
vu dans les jardins particuliers un seul gro-
seiller noir.
Avec le suc des groselllers rouges on fait
nne gelée très- saine et d'une saveur très-
fine. Gelée de groseille. Sirop de groseille.
Groseilles de Hollande^de Bar. Groseilles con-
fies. Groseille à maquereau ou groseille
verle. Compote de groseilles vertes.
Les groscillers sont rangés avec les cierges dans le Car-
din des Plantes ; quoique ces végétaux n'aient pas la moin-
dre analogie,
l/i9. —ROSACÉES (- ccflî}, Plantes her-
bacées ou lign<?uses, à feuilles alternes,
stipulacécs , simples ou composées, à in-
(lorescence extrêmement variée. Cette fa-
mille a été ainsi nommée, parce que les
fleurs des espèces qui la composent ont
leurs pétales disposes comme ceux de la
rose. On la divise en plusieurs tribus.
PoutcÉES. Ovaire unique, aiiné. it phistcurs styles ; pomme
à plusieurs toges, couronnée par les débris du calice.
Genres -.pommier (nialus), poirier (pirus), coignassier
(cydonia), néflier (tuespilus) , alisier (cralsegusl , cormier
DU sorbier [sorbusj.
Rosiers ou boséfs. Plusieurs oi^aires surmontés chacun
d^un style apparent.
Genre : rosier (rosa).
AcnlHOMiES ou SANGuisojiltKrs. Fleurs sourent apéinles
et uni-sexuelles; ovaires peu nombreux , quelquefcin un
seul, il style latéral, ù stigmate barbu; renfermés dans un
calice étranglé au sommet.
Genres: pimprenelle (poteriuni), sanguisorhe (-ba), ni-
gremoine (-monia), alchimille ou pieddir-lion l-\la],anc!stre
(-trnm), clifforis (-lia), sihbaldie (-dia). etc.
Drvauées ou POTENTiixtES. O'Miices nombreux, groupés
au centre de la (leur.
Genres: tormcntille [-Wa], poleniille (lia), fraisier (fra-
parla), romaret (cnniarum}, henoile (gcum] , dryade
(drvas), ronce ( rui'us ).
DniAiBBa ou spiiiÉES. Oouires sup'erct en nombre dé-
/T,,,-.
Gcihcb: tplrce [-rira;, suriiiua.
AM\Gt>\LtES OU DRUPACÉES. OiHiire unique supvre,
Genres : reiisier (cerasus), prunier (-nus), abricotier
(arnieniacaj, «mnnrfier (amygdalus), pécher (persica), grun-
géria, chrysobolan [-nus), moquillier (nioquilca), /ïtu'i/ifliVe
(■narium), etc.
Calycaniuées. Feu///es dépourvues de stipules ; corolle l'i
plusieurs rangées de pétales inégaux , caducs ; plusieurs
ovaires dans un calice à parois charnues.
Genres : {culycanthe [ -Ihus) , merutia, Hacl\wcllia, lidia,
Iwmalium.
Nous trouvons dans cette famille, très-
répandue dans nos climats, les fruits les
plus doux, tels que la pomme, la poire, la
fraise, la prune, l'abricot, V amande , la
pèche, etc., et en même temps l'un des
poisons les plus terribles, l'acide hydro-
cyanique fourni par l'eau distillée des
feuilles et des noyaux du laurierccrise {pru-
nus taurocerasus) ; principe qui se retrouve
également dans les noyaux du cerisier
[prunus ccrasu.s), ainsi que dans ceux de
quelques autres drupacées, mais en moins
grande quantité. Le laurier cerise, origi-
naire des côtes de la mer Noire, a été trans-
porté en Europe en 1576. Quoique vcnéneu-
ses, les feuilles du laurier cerise n' an sont pas
moins employées tous les jours comme
assaisonnement. L'azcro/(cr est une espèce
de néflier; Vaubépin, une espèce d'alisier.
Qui ne connaît la saveur extrêmement
astringente des fruits du néflier? Le genre
pimprenelle se compose d'une huitaine
d'espèces herbacées, dont quelques unes
se rangent parmi les sous-arbrisseaux.
Pimprenelle commune ou usuelle, plar»te
vivace que l'on rencontre dans les prés
secs et les bois montueux , et dont on
])Ossède deux variétés : la petite pimpre-
nelle et la grande pimprenelle. La première
est une plante potagère dont les feuilles
sont mises dans les salades et les bouillons
aux herbes. La seconde forme des prairies
très-recherchées des bêtes il laine. Sangiii-
sorbc commune, ou pimprenelle d'Italie.
On non)nie vulgairenjcnt ;iim;)renf//e, le samol; pimpre-
nelle aquatique ou pimprenelle d^Jfriitue , le mélyanthe py-
ramidal; pimprenelle ttlanrhe , le boiicage mineur ; pimpre-
nelle de la youvelle-Zélunde, Vnncisire.
Sanguisorhe du Canada. Ces deux jilan-
tes, par la décoction de leurs lleuis, unies
.'i de l'alun, donnent à la teinture un Irés-
beau giis.
îj'aigremoinc eupaloirc, très- commune
en Fiance, se reconnaît à ses Icuilles en-
gainantes, et à son fruit liérissé de poin-
tes. On s'en sert en médecine contre 1rs
catarrhes pulmonaires, chioniques, elc,
h'aUliimillc est une licrijc vivace des mun-
()5;
(LKl DE LA LAA(;iJE ET DES SClEiNCES.
tagnes, aux ieiiillcs p.ilméfs ou digi^M-s,
aux lU'uis verdâtres, disposées en grappes
teruiinales ou latérales. Son nom lui vient
de ce que les alcliiuiistes employaient la
rosée que l'on trouve le matin sur ses
feuilles. L'alclilniille vulgaire, excellent
fourrage, est très-astringente. Deux espè-
ces de toniicuiilles iiabitent la France.
L'une, la tormenlillc élevée, vit dans les
bois et les pâturages secs. La lormen-
tille rampante habile les prairies et
les lieux ombragés. Les racines de ces
plantes sont aromatiques, asliingentes,
recherchées en médecine, et avidement
mangées par les cochons. Elles servent
pour le tannage dans l'île de Féroé. Les
feuilles conviennent aux vaches, aux chè-
vres, et aux bêtes à laine. Les potcnlilles
sont communes dans les Pyrénées et les
Alpes, où elles fleurissent dès les premiers
jours du printemps. Leurs racines ont les
mêmes propriétés que celles de la tormen-
iille. — Dans le fraisier, qui est une plante
vivace, à tige très-basse, les feuilles, mu-
nies de trois folioles, sont portées sur une
tige ou pétiole très-long; les fleurs sont
blanches, disposées en bouquet terminal.
Après la floraison, le réceptacle grossit,
acquiert une certaine consistance, et pro-
duit le fruit connu sous le nom de fraise.
Le fraisier commun est oiùginaire des Al-
pes, et a donné lieu à toutes les autres va-
riétés, telles que le fraisier du Chili ou
frutitlier, qui donne la plus grosse fraise ;
mais elle est fade et peu sucrée; le fraisier
ananas, dont If fruit est gros, sucré et par-
fumé ; le fraisier des bois et le fraisier buis-
son, accueillis dans nos jardins pour ser-
vir de bordures. Le fraisier fleurit en avril,
et fructifie en mai et juin.
On nomme Tulgairemenl fraisier en arbre, {'arbousier
dont le fruit a beaucoup de ressemblance avec la i'raise
ananas; ainsi que le niélastome.
Les benoUes sont des plantes à fleur.s
droites et terminales, à feuilles radicales
ternées, et à la tige droite. La bcnoUe com-
mune passe pour vulnéraire, sudorifique,
astringente, etc. Ses racines ont été mises
€n parallèle avec le quinquina. Elle doit
sou nom de benoîte ou bénite aux nom-
breuses propriétés médicinales qu'elle
possède.
La ronce est un arbrisseau épineux et
rampant, qui vient dans les haies et dans
les bois, et qui porte un petit l'ruit noir ,
ajrréable a niangei. (J'est la ronce com-
mune, appelée encore ronce des haies, ronce
sauvage, mûrier des buissons. La poudre à
canon faite avec le charbon de ronce passe
pour avoir plus de force que celle qui est
faite avec du charbon de saule (Acad.).
Chemin semé de ronces. Fig. , La vie est
semée de ronces et d'épines. Laronce fram-
boisière , ou framboisier, piu-te des baies
rouges, jaunâtres ou blanches, mûres en
juin et juillet. La framboise rouge est la
plus estimée. On mange les framboises
comme les fraises. Un panier de framboises.
De l'eau de framboise. Pâte de framboise.
Sirop de framboise. Conserve de framboise.
Du vin qui sent la framboise, qui a un goût
de framboise. Les framboises sont nutriti-
ves, adoucissantes, et laxaiives. Les Russes
en font du miel et les Polonais un hydro-
mel.— Les s/)(rc6s sont des arbrisseaux ou
herbes vivaces, aux fleurs blanches ou
purpurines. La spirée ulmaire ou reine des
prés, cultivée dans les jardins, et connue
aussi sous le nom d'herbe aux abeilles, a
une tige élancée , garnie de feuilles d'un
vert agréable, et de fleurs blanches odo-
rantes. Ses feuilles sont aimées des mou-
tons et des chèvres. On s'en sert aussi pour
la teinture en noir. Une autre espèce re-
marquable de ce genre est la spirée filipen-
dule, ou simplement /i/i/)en</«/e, aux feuilles
ailées et profondément découpées, aux
fleurs grandes, blanches à l'intérieur, rou-
geàtres à l'extérieur. Sa racine, composée
de fibres déliées, aux quelles sont suspen-
dues des tubercules arrondis et noirâtres,
a les mêmes propriétés que celles de la
benoîte.
J'ai déjà parlé, dans la Méthode nu
GENRE, pages 281-294, des autres plantes
de cette famille, telles que le pommier, le
poirier, le coignassier, le cerisier, le ro-
sier, etc. J'ajouterai pourtant un mot sur
les roses, genre sur lequel on pourrait
écrire des volumes.
La rose a pour emblème, fraîcheur,
tendresse. Cette fleur, reine de nos jar-
dins, naquit suivant Anacréon, lorsque Vé-
nus, sortant du sein des mers, sourit aux
dieux charmés de sa présence. L'incarnat
de la ro.sc est attribué au sang de Vénus.
Cette déesse, comme le raconte M. Aimé
Martin, volait au secours de son cher Ado-
nis, blessé à mort ; des rosiers épineux se
trouvèrent sur son passage , déchirèrent
son sein, et plusieurs goultes de son sang
jaillirent sur les roses. Ces fleurs, qui jus-
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
»00
qu'alors avaient été blanches, ont conservé
depuis la couleur du sang de Ténus.
La rose a été célébrée par tous les
poètes.
Fleur chère à tous les cœurs, elle parc à la fois
Et le chaume du pauvre et le marbre dts rois;
Elle orne tous les ans la beauté la plu s sage -,
Le prix de l'innocence en est aussi l'image.
(BoisJoLis. )
Reine de nos jardins , rose aux vives couleurs,
Sois lière désormais d'être le prix d?s mœurs,
Et de voir éclater tes beautés printanières
Sur le front ingénu des modestes bergères;
Sois plus llattée encor de servir en nos jours
De couronne aux vertus (|ue de lit aux amours :
La pomme à ta pius belle, a dit l'antique usage,
Un plus heureux a dit : La rose à la plus sage.
(Lemiebub. }
Bientôt dans les bosquet? du superbe Orient,
La plus belle des fleurs , la rose va paraître :
Elle s'ouvre, aussitôt son parfum se répand.
La nymphe des jardins, surprise en la voyant,
Croit qu'une autre Vénus en ce jour vient de naître.
Pour la reine des fleurs on veut la reconnaître;
La rose est étomiée ; une aimable pudeur
Couvre son sein charmant d'une vive rongeur.
Le rossignol la voit , frappe l'air de son aile ,
Respire ses parfums, voltige sur son sein ,
Chante lamour heureux, et s'envole soudain.
Quoiqu'il ait fait serment d'être toujours lidéle.
Tout cela pour exprimer cette idée si
poétique : La rose naît, elle est si belle,
qu'on ne peut lui refuser le titre de reine
des fleurs. On dirait une autre ^'énus.
Quant à l'idée du rossignol qui voltige sur
le si;iii de la rose, coimne un papillon, et
qui lui cbante qu'il l'aiaieru toujours, rien
de plus classique, c'est à dire, de plus fau,\;
le faux étant le caractère propie du genre
qu'on est convenu d'appeler classique.
Qu'on soit si généralement dégoûté de
la poésie, que les Allemands surtout pro-
fessent un si grand mépris pour la poésie
française, en vérité de tels vers me le fe-
raient concevoir.
Que l'auteur, homme de cœur et de ta-
lent, qui a rendu aux lettres d'éminents
service, et qui a toute mon estime, daigne
me pardonner ma rude l'rauchise ; mais
je ne saurais trouver beaux de pareils
vers, dans les quels j'accuse moins un ta-
lent épiouvé que le genre misérable dont
ils émanent. Que l'on compare tous les
vers classiques que nous venons de citer
avec cette poésie de Victor Hugo :
LA PAUVRE FLEUR.
La pauvre fleur disait au papillon céleste :
— Ne fuis pas.
Vois comme nos destins sont dilTércnls. Je reste,
Tu t'en vas.
Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes,
Etloin d'eux,
Et nous nous ressemblons, et l'on dît que nous sommes
Fleurs tous deux !
Mais, hélas! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
Sort cruel]
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel.
Mais non, tu vas trop loin.— Parmi des fleurs sans nombre
Vous fuyez,
El moi je reste seule à voir tourner mon ombre
A mes pieds.
Tu fuis, puis tu reviens, puis tu t'en vas encore
Luire ailleurs.
Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore
Toute en pleurs.
Ohl pour que notre amour coule des jours fidèles,
O mon roi.
Prends comme moi racine , ou donne-moi des ailes
Comme à toi.
ENVOL
Roses et papillons, la terre nous rassemble
Tût ou tard.
Pourquoi l'attendre ? dis. Veux-tu pas vivre ensemble (1)
Quelque part?
Quelque part dans les airs , si c'est là que se berce
Ton essor;
Aux champs, si c'est aux champs que ton calice verse
Son trésor.
Où tu voudras , qu'importe ! Oui , que tu sois baleine
Ou couleur.
Papillon rayonnant, corolle à demi-pleine.
Aile ou fleur ,
Vivre ensemble, d'abord, c'est le bien nécessaire
Et réel.
Après on peut choisir au hasard ou la terre
Ou le ciel.
Faut-il être crétin pour ne pas se plaire
à de pareils vers plus qu'au charlatanisme
du Journal des Débats, pour n'y pas voir
plus de philosophie réelle que dans toutes
li's stériles logomachies des philosophes ?
En vérité,
L'homme est un animal qui n'a pas son pareil.
UNE ROSE D'ELLE.
J'en cueille une à mon tour, et je la lui présente,
L'œil voilé d'un nuage et d'une main tremblante.
Son céleste regard me paya mille fois
Mieux que ne l'auraient fait tous les trésors des rois.
Mais que devins-je, ô Dieu! quand je la vis loin d'elle
Jiter ses autres fleurs pour ne garder i|ue celle
Qui lui venait de moi , fleur au charmant destin
(Qu'après l'avoir baisée elle mit dans son sein !
Frappé, ravi, charmé de celte préférenct^.
Et comme soulevé du sol par l'espérance ,
Je nie disais : Seigneur, penserait-elle à moi ?
Se pourrait-il? Serais-je, entre la terre et toi,
L'objel où le regard de son âme se pose?
Commis je lui cueillais d'autres boutons de rose :
« Cilui-là me suflit; je voidais seulement
■ Emporter avec moi, » dil-elle ingénument,
Avec un son de voix plein de mélancolie,
«Un souvenir de vous, monsieur... de l'abbaye, »
Reprit-elle bien vile en rougissant un peu.
(i) Pour l'exactitude de l'eipicssioii il faudiail, Ne veu.v-lii jins i/tic nous i-irio/iS ensemble
r/uclt/}ie part? Mais certes c'est là une faute facile .i j)ardonni'r.
^50
CLEF DE LA LAiNGLE ET DES SCIENCES.
A inni tant de Ijnnlieur! ù inui .' mon Dieu ! mon Dieu !
l*uis , lii-aut lie son sein la ilnur à peine eclose :
« J^ai tant peur <le la perdre ! i> O bien heureuse rose !
(iliaque mol qu'exhalait cet esprit du désert
Formait dans mon oreille un ravissant concert.
Voyant Stella cueillir une nouvelle rose,
Je choisis la plus belle et la plus fraîche cclosc ,
La plus riehe en parfums , la plus riche en couleurs ,
Etpuis je lui propose un échange de (leurs.
Elle y consent avec une grâce inlinie.
Elle prend donc ma rose, et de sa main bénie
Je prends la sienne, moi , comme un présent divin.
De penser qu'elle avait, la tirant de son sein ,
De sa lèvre d'archange effleuré son calice,
Ivre, j'en savourais l'arôme avec délice.
Par un nouveau surcroît de bonheur, au retour,
J'étais encore assis auprès de mon amour ,
Si près, que, me noyant dans les Ilots de sa manche ,
Je pouvais de ma rose effleurer sa main blanche ,
Et l'imprégner ainsi d'une nouvelle odeur
Que j'aspirais avec une nouvelle ardeur.
fl me semblait, sentant ma poitrine brûlée ,
Que de ma fleur céleste une autre âme exhalée
Se mêlait à la miemie , — étincelle de Dieu ,
Et centuplait ma vie à son souffle de l'eu.
Ne pouvant contenir les élans de mon âme ,
Pour lui dire , à Stella, mes sentiments de llammc ,
Sans crainte des témoins , dont le regard jaloux
N'avait point aper<;ule troc fait entre nous.
Je m'écriais tout haut: Que celte rose est belle!
Que son parfum est doux ! On dirait que sur elle
Un esprit s'est penché, souffle immatériel ,
L'imprégnant des senteurs et de l'éclat du ciel.
Et je la savourais tout frissomiant d'ivresse.
Elle , de son regard , prolongeant la caresse ,
Restait triste el pensive, et parfois respirait
La rose que sou sein comme un trésor gardait.
Une fois sur sa main ayant senti ma rose ,
Telle qu'un papillon «lui sur un lis-sepose ,
Elle l'a retenue, et se tournan t vers moi ,
Son regard sur mon front comme un rayon de foi,
Elle a baisé ma rose el puis me l'a rendue.
Or jugez de l'état de mou âme éperdue ,
Jugez de mon délire, et de l'enivrement
Où j'ai senti mon cour noje complètement,
En reprenant la ileur, messagère Udèle,
Qui m'apportait, à moi, Seigneur , un baiser d'elle!
D'elle! comprenez vous? d'elle, fille du ciel,
Sœur des divins esprits , être surnaturel!
Un baiser d'elle , à moi ! d'elle la créatuie
La plus délicieuse ainsi que la plus pure !
Desïoluplés des cieux ineirable avanl-goût I
Oh! j'étais écrasé d'émotions. Ce coup
De mon déguisement lit éclater la trame.
«Oh! merci!» m'écriai-je — 4 ce cri de mon âme
Son front se colora d'une vive rougeur.
Mais ce cri n'avait eu d'écho que dans son cœur.
Félicité d'un jour, qu'êtes-vous devenue!
O rose , où tant d'extase encore est contenue ,
De son baiser divin garde bien le parfum.
Parmi tous les trésors du monde en est-il un
Qu'on puisse préférer à toi? R>-lique sainte.
Où tant de fois ma lèvre a cherché son empreinte ,
Comme te voilà sèche et flétrie, ô ma Heur!
Tel mon cœur chaque jour s'éteint dans la douleur.
De grâce , ô ma Stella, ma Stella bien-aimée,
L'aurore dans la nuit de mon âme allumée ,
De grâce, ravivant ma foi morte à l'amour,
Douuez-moi , donnez-moi, de vous revoir un jour.
(L. îi. Fleurs du Danube]
Elle était de ce monde , où les plus bellis choses
Ont le pire destin,
Et, rose, elle a vécu ce que vîrentles roses,
L'espace d'un matin. (M.ii.iitnBE. j
Une feuille de rose a pour eiithlème , Ja-
mais JK Iv'lMPOBTUI\E.
A ce sujet, nous empruntons à M. Aimé
Martin le récit suivant ;
o II y avait à Amadan une académie
dont les statuts étaient conçus en ces ter-
mes : « Les académiciens penseront beau-
»coup, écriront peu, et parleront le moins
«possible. » Le docteur Zeb, fameux dans
tout l'Orient , apprit qu'il vaquait une
place à cette académie. Il accourt pour
l'obtenir; mais malheureusement il arrive
trop tard. L'académie fut désolée ; elle
venait d'accorder à la puissance ce qui
appartenait au mérite. Le président, ne
sachant comment exprimer un refus qui
faisait rougir l'assemblée , se fit apporter
une coupe qu'il remplit d'eau si exacte-
ment, qu'une goutte de plus l'ei'it fait dé-
border. Le savant solliciteur comprit, par
cet emblème, qu'il n'y avait plus de place
pour lui. Il se retirait tristement , lorsqu'il
aperçut une feuille de rose à ses pieds. A
cette vue, il reprend courage; il ramasse
la feuille de rose, et la pose si délicate-
ment sur l'eau que renfermait la coupe,
qu'il ne s'en échappa pas une seule goutte.
A ce trait ingénieux, tout le monde battit
des mains, et le docteur fut reçu, par ac-
clamation, au nombre des silencieux aca-
démiciens. »
La rose blanche a pour emblème , inno-
cence.
On se rappelle cette antique institution
de saint Médard, évoque de Noyon, dans
le v« siècle, la quelle consistait à couronner
tous les ans une rosière dans l'église deSa-
lency. La jeune fille reconnue la plus ver-
tueuse recevait des mains de l'évèque une
couronne de roses blanches; d'où le nom de
rosière qu'on lui donnait.
Ilèlas! belle rosière ,
D'autres amis des mopurs doteront ta chaumière ;
Mes présents ne sont point une ferme , un troupeau;
Mais je puis d'une rose embellir ton chapeau.
( De Fo.vtases, cité par Aime Martin. J
Il est triste qu'une institution si simple
et si belle n'ait pas eu d'imitateurs. Mal-
gré soi l'on se prend à regretter ces temps
primitifs où les fleurs avaient tant de prix
qu'une simple couronne de roses blanches
ornait mieux un front de jeune fille que
toutes les perles et tous les brillants. Hé-
las ! le parfum des fleurs est partout
remplacé par la vapeur du charbon. Et ce
SIG.NES DIVERS. BOTANIQUE.
f'K,:
qu'il y a de plus triste encore, c'est qu'aii-
jourd hui la chasle couronne instituée par
le bon saint Rlédard
Chercherait Tainemeut un front où se poser.
Les anciens Germains étaient barbares ,
mais non corrompus , disent les historiens
allemands: c'est un avantage que les mo-
dernes ont sur les anciens. — Prov. et fig.,
C'es^ la plus belle rose de son chapeau.
Quand la rose blanche est desséchée, elle
a pour emblème plutôt moubir qdk de
FEBDRR l'iNNOCEINCK.
Une rose blanche avec une rose rouge a
pour emblème , feu on ccecr.
Le poète Bonnefons , de Mauriac, en-
voya à la dame de ses pensées deux roses,
l'une blanche et l'autre du plus vif incar-
nat, aux quelles il avait joint ce quatrain:
Pour loi , Dapbué, ces âeurs viennent d'éclure.
Vois, Tune est blanche, et Tautre se colore
D'un vif éclat. L'une peint ma pâleur;
L'autre mes feux ; toutes deux mon malheur.
(Cité par Aimé Martin.)
Les noms de rose blanche et de rose rouge
ont servi à désigner les anciennes l'actions
d'York et de Lancastre, en Angleterre.
Un rosier au milieu d'une loufj'e de gazon
a pour emblème, il y a tout a gagner
AVEC LA BONNE COMPAGNIE.
« Un jour, dit le poète Sadi, je vis un ro-
sier environné d'un touffe de gazon. Quoi !
ra'écriai-je, cette vile plante est-elle faite
pour se trouver dans la compagnie des
roses! Et j'allais (1) arracher le gazon,
lorsqu'il me dit humblement :aEpargnez-
»moi, je ne suis pas rose, il est vrai, mais
»à mon parfum on connaît du moins que
»j'ai vécu avec des roses. »
[(Cité par Aimé Martin. )
La rose jaune a pour emblème , honte ,
INFIDÉLITÉ; la rose musquée, caprice ; la
rose panachée, amodr trahi ; la rose capu-
cine., AMOOR DES BEAUX ARTS.
Un boulonde rose est un coeur quugnore
i/amodr.
Une femme est comme une rose
Qui naît au matin d'un beau jour,
Et qui n'achève d'être éclosc
Que par le souille de l'amour.
( Cité par Aimé Martin, )
ELLE.
Voycî-la , Toycz-la, cette enfant si candide.
Fleur de beauté qui fuit tout regard in)poitun,
Que l'innocence garde embaumée et splendidc,
D'où la bonté s'exhale ainsi qu'un doux parfum;
Celte enfant dont le front, baigné, comme i'anrore ,
De douceur et d'éclat, de grâce et de fraîcheur.
Plus pur, plus odorant qu'un lis qui yieut d'éclore.
De son âme d'azur réHéchit la candeur ;
Dont la Toix se répand connue une urne penchée
En vagues d'harmonie , en paroles de miel;
Dont l'amour, rose encor sous le boulon cachée ,
Change la pure baleine en doux parfum du ciel.
(L. N. Amertumes et Consolations.]
Une rose avec ses épines représenle !e
MARIAGE ; une rose sans épines , l'amitié.
La rose sauvage ou églanline est la plus
pure image de la simplicité.
Esilanline , humble fleur comme moi solitaire ,
i\e crains pas que sur toi j'ose étendre ma main.
Sans en être arrachée orne un moment la terre ,
Et comme un doux rayon cousole mon chemin.
Quand les tièdes zéphyrs s'endorment sous l'ombragt,
Quandle jour fatigué ferme ses yeux brûlants,
Quand l'ombre se répand et brunit le feuillage ,
Par ton souffle vers toi guide mes pas tremblants.
Mais ton front, humecté par le froid crépuscule ,
Se penche tristement pour éviter ses pleurs;
Tes parfums sont enclos dans leur blanche cellule
Lt le soir a changé ta forme et tes couleurs !
Rose , console-toi ; le jour qui va paraître
Rouvrira ton calice ,à ses feux ranimé;
Ta mourante auréole , il la fera renaître.
Et ton front reprendra son éclat embaumé.
Fleur au monde étrangère , ainsi que toi daus l'ombre
Je me cache et je cède à Pabandon du jour;
Mais un rayon d'espoir enchante ma nuit sombre ;
Il vient de l'autre rive. . , et j'attends sou retour.
( M°" DeSBOBDES ViLMORI.J
Les fleurs de l'églantier, blanches ou
d'un rose pâle , sont simples et de peu de
durée. Elles font place .i des fruits charnus,
en forme de boutons rouges, hérissés de
poils en dedans, et bons à manger , qu'on
nomme gratteculs. On en fait une liqueur
agréable , et une conserve appelée cynor-
rhodon, tonique et astringente, qu'on em-
ploie contre la diarrhée chronique. Cueillir
des gratteculs. De la conserve de gratteculs.
Li'églantine d'or est le prix du discours,
aux jeux floraux de Toulouse.
PHILOSOPHIE DES ROSES.
• Vous voulez me cueillir, disait la rose en pleurs
Au jeune Corilas , qui l'avaitcultivée?
Ne m'avez-vous donc réservée
Que pour le plus grand des malheurs ?
Voilà donc où tendaient vos pei'lides douceurs f*
Par ces mots la rose vermeille
Croyait convaincre Corilas;
Mais il ne prèlait pas l'oreille.
Ou feignait de n'entendre pas.
• Cent fois, poursuivit-elle encore,
Vous avez prévenu l'aurore
Pour me voir et pour m'arroser;
Vous n'osiez pourtant me baiser
(i) Le Icxie porte ,je voulus. C'est une faute ; le vclatiftst iiidisiicii-aLle
T. 11.
658
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Pc crainte d'altérer l'éclat qui me décore.
Souffrez au moins ijuc j'aclitvc d'tclore.
AiTt'te/., cher bcrper; cruel que faites-vous?
Arrêtez... un moment... quand tous m'aurez cueillie,
Quelques instants après tous nie Terrez flétrie ;
Je perdrai les attraits dont tous étiez jalous. »
C'est ainsi que la rose eiprimait ses alarmes,
Mais ses cris furent superflus.
Dès qu'elle fulcuiillie elle n'eut plus de rbarmes ,
Et Corilas ne l'aima plus.
( D£SF01>CES-lIàlLL4HD.)
Le célèbre roman de la Rose, qui fit les
délices de la cour de Philippe le Bel ,
semble n'avtiir été écrit que pour appren-
dre aux belles à se défier de l'amour. Le
sujet du livre est l'art d'aimer , mis en
vers et renfermé sous l'allégorie d'une rose
dont un amant passionné recherche ar-
demment la possession, et qu'il néglige et
abandonne aussitôt qu'il a joui de son doux
parl'um.
Ce poème , commencé en 1620 par
Guillaume de Lorris , fut achevé quarante
ans plus tard par Jean de Meung, dit Clo-
pinel.
L'attente du plaisir est an plaisir ce que
le bouton est à la rose. (Cité par Jimé
Mari in.)
La pudeur doit défendre la beauté comme
l'épine défend la rose. ( V. J. Rosati. )
Objet d'amour et de philosophie , dit
Bernardin de SaintPierre,cité par M. Aimé
ALurtin , voyez la rose, lorsque, sortant des
fentes d'un rocher humide , elle brille sur
sa propre verdure , que le zéphyr la ba-
lance sur sa tige hérissée d'épines , que
l'aurore l'a couverte de pleurs, et qu'elle
appelé , par son éclat et ses parfums , la
main des amants. Quelquefois une can-
iharide , nichée dans s» corolle , en relève
le carmin par son vert d'émeraude; c'est
alors que celte fleur semble nous dire que,
symbole du plaisir par son charme et sa
rapidité, elle porte comme lui le danger
autour d'elle et le repentir dans son sein.
Certaines personnes, comme l'églantier,
n'offrent des fleurs qu'un moment et tou-
jours des épines.
Celui qui marche sur les roses peut avoir
les pieds percés d'épines.
Prov. et fig. , // n'est point de roses sans
épines. Il n'y a point de plaisir sans peine,
point de joie sans quelque mélange de
chagrin.
Prov., fig. , et pop. , // n'est point de si
belle rose f/iii ne devienne graltecul , Il n'est
pas de si belle personne qui , en vieillis-
sant , ne devienne laide.
* C'est ici le lieu de relever ime erreur
grossière de l'Académie. Naturellement
les femmes qui se fardent avec du rose
cachent avec soin le pot qui contient une
partie de leur beauté. De là cette locution
proverbiale et figurée : Découvrir le pot au
rose, éventer te pot au rose, signifiant dé-
couvrir le secret de quelque galanterie , de
quelque friponnerie, etc. Or, au lieu de pot
au rose, l'Académie écrit pot aux roses. Je
vous le demande, qu'est-ce que cela si-
gnifie? D'un pot où il y a des roses, on dit
pot de roses; et, les pots de roses , on les
met sur sa fenêtre , on ne les cache point,
parce qu'ils n'ont rien de déshonorant.
De la part d'un corps aussi distingué que
l'Académie on a peine à concevoir de tel-
les bévues; d'autant plus que, quelques
lignes plus loin , on lit dans son diction-
naire , Gare le pot au noir, expression par-
faitement analogue, qui eût dû leur ouvrir
les yeux.
On appelé rose <for, une rose artificielle à feuilles d'or,
que le pape bénit , et qu'il envoie en certaines occasions
à des princes ou à des princesses.
Bois de rcse, Bois à odeur de rose et d'une couleur
rouge , qui est fourni par une espèce de liseron , et dont
on se sert pour faire différents meubles ( Acau. ).
Dans le style classique, on dit. Un teint de lis el de
rose ^— Des lèvres de rose; — 'L'Aurore aux doigts dû
rose.
On donne le nom de rose 5 diverses fleurs qui ont
quelque analogie avec la rose. Rose rhangeante , La ket-
miu de l'Inde. Ilose de la Chine, La ketniie à grandes fleurs,
iïose (/g ]Gue/rfrfi, La fleur du viorne aubier. ii05e de Jéricho,
La jérose. iiO!« du Japon, La fleur du laurier rose ou né-
rion. Rose de Sainte-Marie, La coquelourde carjopbjUée.
Rose de Sibérie ou rhododendron des Talars , ou rose (re'-
miere^, La mauve rosée , plante apportée de Damas. On
l'apèle encore, rose de damas ou passerose. Une espèce
voisine est nommée rose de mer ou d'ou(re*mer. La rose
d'Inde est un taget; la rose de Xoel ou d'hiver, l'ellébore
noir. Les roses de Cayenne. Les roses d'Istrie. Les roses pi-
voines , etc.
Rose, se dit encore de plusieurs choses ai'tificielles dont
la forme a quelque ressemblance avec celle d'une rose.
Eu Joaillerie, One rose de diamants, de rubis, etc.. Des
diamants, des rubis, montés, assemblés en forme de
rose. Diamant en rose, ou simplement, rose. Diamant
taillé par dessus en facettes pointues , et plat en dessous,
fe n'est pas un diamant, c'est une rose. On ne taille en
rote que les diamants qui ne sauraient élre autrement
employés. En termes de Lutbicr , iiose de luth, rose de
guitare , L'ouverture qui est au milieu de la table d'un
luth , d'une guitare.
Rose, en termes d'Arcbitecture , Petit ornement à
feuilles, et circulaire, qu'on place dans le plafond des
cornicbes, ou dans le milieu de l'abaque du chapiteau
cniinlbien. Il se dit aussi des grands vitraux circulaires
et à compartiments, placés, dans les églises gothiques,
aux extrémités de la grande nef, et au dessus des por-
tails latéraux. La rose principale de cette église est la plus
belle qui soit en France (Acad.). Je crois que M. Victor
Hugo nomme rosace la principale rose de Notre-Dame.
Ce qu'on nomme rosace, en Architecture , est un orne-
ment rn forme de grande rose, qu'on place dans le rcu-
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
659
tonccment des caissons d'une Toute ou d'un plafond.
Rose de compartiment , Ornement formé au milieu d'un
pavé de marbre ou d'un parquet de menuiserie, et en-
touré d'une figure circulaire. En ternies de Marine, Rose
(tes vents ou rfu compas, La ligure où sont marqués les
trente-deux Tents. Voyez-en la représentation, page 58/i.
92.— RUBIACÉES , OU GARANCES {ru-
biaceœ) , Plantes herbacées ou ligneuses ;
à tige droite ou couchée , tétragone dans
les espèces herbacées , cylindrique dans
les espèces ligneuses , souvent hérissée de
poils ou d'aiguillons crochus et accrochants;
à feuilles simples , entières , opposées et
réunies par des stipules intermédiaires ou
par une gaine ciliée, qui présente les ru-
diments d'un %'erticille, caractère remar-
quable, — le plus souvent verticillées , et
au nombre de trois à dix; aux fleurs, tan-
tôt axillaires , tantôt en corymbe ou en
panicule , quelquefois libres , d'autres fois
renfermées dans un involucre ; au fiuit
composé , tantôt de petites coques acco-
lées , tantôt d'une capsule ou d'une baie.
Cette famille, une des plus utiles, est en
même temps une des plus nombreuses du
règne végétal , quoiqu'il ne s'en trouve
en Europe que six ou sept genres. Ceux-ci
sont tous herbacés , tandis que les genres
étrangers , ceux d'Amérique surtout , sont
des arbrisseaux et même de grands arbres.
Tous fournissent une teinture rougeâtre.
On les divise en plusieurs sections.
1. Deux coques accolées. Feuilles verticillées. Quatre éta-
mines.
Genres : shérardie (-dia), aspérule (-la), gaillel ou rail-
letait ( galiuni), crucianelle (-la), rroisctie ou valance (Ta-
iantiaj, garance (rubia, type de la famille ), anthosperme
(-mum). — Feuilles opposées, quatre ou cinq étainines. Gen-
res: huuslonie ou lioustone {-\na), epermacocée (-coce), etc.
H. Vn fruit à deux loges polyspermes. Cinq étamines.
Genres: cînr/i.7na, gardénie ou gardene l-ma], porllan-
die (-dia) , randia, génipaier (gnipa ), etc. — Six ou plus
de six étamines. Genre : hillie (-lia).
III. Vn fruit U deux loges monospermes. Quatre étamines.
Genres : (.rore [-ra], melanéa (-nea). — Cinq étamines.
Genres : psjcholrie (-tria), caféier ou cafier ( coll'ea ), clUo-
cocca, etc.
IV. Un fruit « plus de deux loges monospermes. Quatre
au cinq étamines.
Genres : guettarde (-da), homélie f-lia).
V. Fleurs aggrégées sur un réceptacle commun.
Genres . rojfoc ( morinda), milchellie (-lia), cépkalantke
(-tlius), etc.
Les shérardles oti .thérardcs sont des
plantes herbacées ou légèrement frutes-
centes , aux fleurs bleuâtres, disposées
en ombelles terminales. La sliérardic des
champs, annuelle et liante de huit à dix
centimètres , abonde dans les lieux incul-
tes ou mal cultivés , et plaît aux bestiaux.
— Parmi les aspérules on distingue Vaspcrulc
rubéole , aux fleurs rougeâlres, dont la ra-
cine fournit une couleur rouge aussi belle
que celle de la garance; Yaspcritle blcitc ,
aux fleurs bleues, qui fournit aussi une bon-
ne teinture; et \'aspcruleodorante,di\iii.ï[ç.uTS
blanches, qui répand une odeur douce et
agréable. Cette dernière se nomme vul-
gairement reine ou muguet des bois. On la
prend en infusion. Mise dans le vin , elle
lui donne un goût agréable. L'as péru le ru-
béole se nom me encore herbe à l'csquinancie,
parce qu'elle guérit cette maladie.
Les caillelails sont ainsi nommés parce
qu'on leur attribue la vertu de cailler le
lait. On les nomme aussi gaillels. Cuillclait
blanc, caillelait jaune. On ordonne dans
quelques maladies du système lymphathi-
que le suc du galllct accrochant , ou gratc-
ron, et l'on conseille le gaillet jaune, très-
commun dans les prés et les haies, comme
galactopoïélique , c'est à dire , donnant du
lait aux femmes. On donne encore au
gaillet accrochant le nom de riébte.
Les crucianelles , herbes annuelles ou
vivaces, ii tige anguleuse , à feuilles étroi-
tes , à fleurs en épis, se trouvent en Eu-
rope dans le voisinage de la Méditerranée.
Nous citerons la cruciarwlle à fleurs étroites.
On remarque la valance à feuilles velues,
appelée aussi gavanceltc.
La garance mérite une mention particu-
lière pour la belle teinture rouge que fournit
sa racine, qui sert encore à d'autres usages.
C'est une plante vivace , aux tiges rameu-
ses , quadrangulaires , rudes au toucher,
hautes d'un mètre environ , — aux fleurs
jaunâtres, disposées en bouquets, et dont
les fruits sont des baies noires et globu-
leuses. La garance a pour emblème, ca-
lomnie. La garance, qu'on cultive en grand
dans le midi de la France, demande une
terre profonde, fraîche et Icgére, bien fermée.
La garance colore en rouge les os des ani-
maux qui s'en nourrissent. La meilleure ga-
rance en poudre vient de Hollande et du Le-
vant , d'Alsace et d'Avignon.
On nomme aussi garance la couleiu-
rouge qu'on retire de cette plante , mais
alors il est mascidin , ce que n'a pas re-
marqué l'Académie. Une étoffe teinte en
garance. Un beau garance. Adjectiv. , Drap
garance, pantalon garance, veste garance.
Tous les cinchonas sont des arbres ou
arbustes, aux fleurs rouges, jaunes, ou
blanches, disposées en bouquets.
Le quinquina , ce lébrifuge si puissant,
n'es! autre chose que l'écorce des diverses
()()(>
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIEIV'CES.
espèces de cinclionai , donl les propriétés
se retrouvent du reste dans la même partie
des autres rubiacées arboiescentes , et
jiiènic de nos caillcUiils, L'écorce de quin-
fjitina ne fut ai)portee du Pérou en Eu-
rope que vers l'an 16i8 , par la comtesse
del Cliinchon, lémnie du vice-roi de Lima.
Un grand nombre d(; forêts de l'Amérique
méridionale , particulièrement celles de
Loxos , produisent le quinquina en abon-
dance. Aujourd'hui cependant il devient
de plus en plus rare, et l'on sera peut-être
forcé , dit-on, d'en remplacer l'usage par
celui des écorces de peuplier ou de saule ,
qui paraissent jouir des mêmes propriétés.
Une priscdequinquina. Prendre du quinquina
en substance. Sclcssenliel de quinquina. Vin
de quinquina. Sirop de quinquina. Quinquina
rou^e. Le quinquinaronge est le plus cslimé.
Quinquina jaune. Quinquina gris. Lavertu
du quinquina réside dans deux hases sali-
fiables végétales , la quinine et la cinchonine,
La quinine ne s'administre que combinée
avec l'acide sulfurique. Quelques grains de
sulfate de quinine m'ont guéri pour toujours,
à ce qu'il paraît , d'une affreuse névralgie à
la tempe.
Le housson ècarlate du Mexique est un
joli arbuste, à fleurs en ombelle, d'un rouge
éclatant.
La gardénie à grandes fleurs , on jasmin
du Cap , cultivée dans les serres chaudes
el haute de près de deux méires, se recon-
naît a son odeur extièmement suave. Au
Japon on extrait de s»;s fruits une belle
coule'.ir jaune.
Le genre port lande ou portiandie ren-
ferme cinq arbres de la Jamaïque , à tige
si grêle , qu'ils ont besoin du support des
arbres voisins pour ne pas ramper.
J'ai parle du géuipaïer dans \a Méthode
du genre, page 285. On cultive dans les
jardins l'ixora ècarlate et Vixora terni folié,
a longues fleurs rouges , disposées en bou-
quets.
Le caféier est un arbrisseau de dix à
douze mètres, originaire de l'Arabie, dont
les llcurs ont d(! la ressemblance avec cel-
les du jasmin, et dont le fruit, rouge et de
la grosseur d'une cerise, contient des grai-
nes qui sont le café. On a calculé que l'A-
jiiérique et l'Asie fournissent à l'Europe
plus de quarante millions de graines d(;
caleier, dont dix millions au moins pour
la France. Café de Moka, ou simplement,
café Moka. Café Bourbon ou Mascarcignc.
Elliptiq., du Moka, du Bourbon, du Mar-
tinique. Dalle de café. Café mariné, avarié.
Bâtir, brûler le café. Moudre le café. Pren-
dre du café. Boire du café. Café au tait»
Café à la crème. Crème au café. Le café ac-
célère la circulation du sang, favorise la di-
gestion, et anime les fonctions du cerveau.
On donne à la découverte du cale plu-
sieurs origines. Selon la plupart, le supé-
rieur d'un couvent d'Arabie, instruit de
l'eflet qu'avait produit sur des chèvres les
graines du caféier, en fît prendre à ses
moines pour les empêcher de se livrer au
sommeil. Son introduction en France date
de 1669. La saveur agréable du café se re-
trouve, dit M. de Candolle, dans les grai-
nes de nftre grateron, et peut être dans
quelques autres espèces à endosperme
très-prononcé.
On noninie raft^ de chicorée une poudre faite avec dp9
racines de cliicorée rôties, et qui a la couleur du café.
On se sert beauroup de café de chicorée en Belgicfue et
en Allemagne.
L'ipécacuana est la racine d'une espèce
de psychotrie et de plusieurs autres rubia-
cées. L'ipécacuana est un vomitif plus doux
que l'émétique. L'ipécacuana brun est te plus
estimé. Ipécacuana gris. Prendre de l'ipé-
cacuana. Poudre d'ipècacuana. Pastilles d'i-
pècacuana. L'usage de la poudre el des pas-
tilles d'ipécacuana date de 1669.
d'est encore une rubiacée, le naucléa
gambier, dont la lige fournit la gomme
kino, l'un des astringents les plus puis-
sants qu'emploie la thérapeutique.
130. — RUTA.ÇÉES (— cex ) , Plantes
herbacées ou ligneuses ; à tiges souvent
frutescentes, rarement arborescentes; à
feuilles simples ou composées , quelque-
lois alternes |et sans stipules, d'autres fois
opposées et stipulées; à fleurs terminales
ou axillaires; au fruit en capsule.
T. VeufU-ea ordinairement opposées^ accompagnées de sti-
pules. Genres : tribule (-lus), fagone (-nia), fubagelle [-ty-
goplijllum fabago ), faîac (guaiacum), larrce (-reaj.por-
liire (-i-a), boronie (-nia), carrée (-rea).
II. Fetiiltes alternes, nues. Genres: crove oa rrowea, rue
l'ruta!, /larma/e (peganum), fraxinelle (diclamnus).
m. Genres ^ui ont de l'afjinitc avec lesnitacces : diosma,
mélianlhe (-tbus).
De (Janiiolle, qui place dans celte famille les cuspa-
riées, les zantlioxUres, elies diosmées, dont quelques bo-
tanistes ont fait des fanilles distinctes, la partage en deux
tribus: les diosmées et les cuspariées. Quant au genre 2/-
goplirllum, Brown en a formé une famille, dans laquelle
il lai't entier les genres iritulus et fagmia. Enfin le genre
corinire, dont Jussieu n'avait su que faire, est devenu
pour de Ondolle le t\pe de la famille des lonuRitE»,
qu'il place après celle des ziGOPHYLiÉts. Pour la plupart
Ut irgophj liées ne sont qu'une section dcsrulacecs.
SIGNES DIVERS. BOTAMQLE.
66<
Les rutacées offrent en général une sa-
veur très-amère, nauséabonde, et souvent
une odeur fétide, très-prononcée surtout
dans la rue commune, qui est un des plus
puissants emménagogues connus, et passe
en outre pour sudorilique, résolutive, etc.
Les tribu/es sont ainsi nommés de leurs
fruits hérissés de pointes comme une
rhausse-lrappe (en grec Iribolos). Tributc
aquatique. Tribulc terrestre. Les fagones
diffèrent peu des fabagelles. Fagone de
Crête. Fagone d'Espagne. Fagone d' Arabie .
Fagone de l'Inde. On distingue la fabagelle
commune aux feuilles disposées deux à
deux comme les folioles de la fève sur leur
pétiole, aux fleurs solitaires et axillaires.
Les larréas sont des arbrisseaux du Brésil.
Le porliéra est un arbre du Pérou. La bo-
ronie p innée, origiaalre de la Nouvelle-Hol-
lande, se cultive dans nos jardins. Les
corrcas sont des arbrisseaux de la Nouvelle-
Hollande.
Les liarmales sont très-voisines des rues.
Des quatre espèces connues de ce genre,
il en est une, Vharmaleâ feuilles découpées,
qui est très-singuliéie en ce qu'elle croît
également bien dans les climats les plus
opposés. Quoique herbacée , elle résiste
aux plus grandes chaleurs de l'Afrique,
d'où on la croit originaire. La fraxlncl/e,
ou diclamne blanc, qu'on nomme aussi
petit frcnc, est une plante encore plus cu-
rieuse, en ce que ses fleurs blanches ou
ptirpui'ines exhalent par un temps sec, une
vapeur aromatique susceptible de prendre
feu au contact d'un corps enflammé. L'é-
corce de sa racine est un médicament
très-énergique, et possède des propriétés
slimulanles. La fraxinetle est originaire du
midi de la France. Cultiver des fraxinellcs.
On cultive dans nosjardins un grand nom-
bre de diosmas, tous originaires du cap de
Bonne-Espérance. Ce sont des .irbustes
élégants, aux feuilles petites, simples,
chargées de points glanduleux, toujours
vertes; aux fleurs roses et blanches, soli-
taires ou en corymi)e, exFialant une odeur
suave. Les diosmas demandent tous la terre
de bruyère. Deux espèces de mélianllics (du
grec »i<j/<, miel, elanliios, fleur) sont cul-
tivées dans nos serres d'orangerie. Nous
citerons le méliunthe pyramidal ou pini-
prenelle d'Afrique, arbrisseau de d(.'ux ou
trois nièlres, aux feuilles ciselées, alter-
nes, grandes; aux fleurs d'un rouge foncé,
petites, irrégulières, naissant en gr.ippes
pyramidales , sur des pédoncules mnnis
chacun d'une bractée. 11 doit son nom à
la glande du calice, qui sécrète une espèce
de miel de couleur noirâtre. L'autre es-
pèce est le mélianthc petit, aux fleurs d'un
jaune rougeâtre et disposées en épis.
Nous ne devons pas omettre le gaïac,
grand arbre d'Amérique, dont une espè-
ce, le gaïac officinal, aux fleurs bleues,
fournit un bois dur, pesant, résineux, sus-
ceptible d'un beau poli, et employé en
médecine comme sudoriflque dans la
goutte, les scrophules, etc. C'est un des
quatre bois sudorifiques des pharmaciens.
Sa couleur est d'un brun légèrement mêlé
de jaune. H y a encore le gaïac à feuilles
de lentlsque, qu'on nomme autrement bois
saint, et dont les fletu's sont bleuâtres et
dentelées. Résine ou improprement gom-
me de gaïac. (On donne au glabricr le nom
de petit gaine. Plusieurs écrivent gayac,
mais bien à tort).
hecoriaire éi feuilles de myrte, ou redoul,
aux rameaux tétragones, aux feuilles op-
posées, est la seule espèce du genre que
nous ayons à citer. Son nom vient de co-
rium, cuir, parce que dans le midi de la
Fiance on s'en sert pour la tannerie. On
s'en sert aussi dans la teinture.
11. — SALVIMIÉES, RHIZOSPERMES,
RHIZOCARPÉES, MARSUCÉACÉES, HYDRO-
FTÉRIDES, Plantes aquatiques, que Linné
avait confondues avec les fougères. Celtefa-
mille présente pour caractère essentiel des
involucres coriaces, membraneux, indé-
hiscents, à une ou plusieurs loges, et des
feuilles roulées en crosse avant leur déve-
loppement. Les salviniées rampent au fond
des eaux stagnantes cl peu profondes.
Geiues: piluUiIre (-laria], marsiice (-lea), isoéle (-tes),
sahinie (-nia), aïolle (-la).
Le genre pilulaire ne renferme qu'une
seule espèce, la pilulaire globuUfére. Elle
offre une tige rampante, qui, de distance
en distance, pousse deux ou trois racines
fibreuses d'un cùté, et autant de feuilles
filiformes de l'autre. Ces feuilles, longues
de huit à dix centimètres, sont à peine de
la grosseur d'une forte épingle. Les invo-
lucres, du volume d'un pois, hérissés de
poils veris, renferment chacun deux fleurs
mâles et deux fleurs femelles. La pilulaire
est annuelle; on la trouve en été autour
des étangs et des mares, oii elle se multi-
plie prodigicuscuicnl.
<;()2
CLEF DE LA LAiNGUE ET DES SCIENCES.
On connaît huit espèces de marsilées
ou marsiles. La marsile à quatre feuillcx,
reconnaissable à ses feuilles longuement
pétiolees, divisées en quatre folioles entiè
res presque triangulaires , est une jolie
plante de l'Europe méridionale.
Le genre ixoe/c comprend deux espèces.
La première, Visocle des étangs, se trouve
en France, en Angleterre, et en Allema-
gne. Elle a les feuilles subulées et demi-
cyliûdriqucs. La seconde, Visoèle sèlacée,
les a beaucoup plus grêles, et se trouve
dans le lac de Saint-Andéol, sur les mon-
tagnes du Gévaudan.
La salvinie passe pour purifier l'air des
marais, h'azclle, qui se rapproche des sal-
vinies et deshydrocotyles, vient du détroit
de Magellan.
102. — SAPINDACÉES, SAPINDÉES ,
SAPONACÉES, SAVONNIERS, Plantes exo-
tiques, ordinairement ligneuses, a tiges
frutescentes ou arborescentes, à feuilles
simples ou composées, ailées, ayant sou-
vent leur pétiole commun muni d'une
membrane ; à inflorescence très-variée ;
au fruit capsulaireou charnu. Les sapinda-
cées ont du rapport avec les vinifères, les
acérinces, les méliacées, et les iérébinthacées.
Genres : Cardiosperme î-muni, du grec kardia. cœur, el
spenua, semence), paulive. (paulinia [l] . savonnier (sapin-
àus), kœlreutérie (-ria), allophylle (-lus), litchi (euphoi-ia),
cupamer (-nia), ornitlirophe[-lro^hA), knépier (iiielicoceus),
molinra, cossipii (.gnia), malayha, toidicier .cial, triso-
mer (trigonis), etc.
Cette famille n'offre qu'un petit nom-
bre d'espèces remarquables, entre autres
le savonnier (sapindus saponaria), dont le
fruit rend l'eau blanche , écumeuse, et
propre à blanchir le linge. Quelques espè-
ces donnent des fruits agréables. Les sa-
vonniers sont propres aux régions éijuato-
riales des deux hémisphères. La kœlreulcrie
panicutée { sapindus chiyiensis), arbre de la
Chine,! à feuilles pinnées, à folioles laci-
niées, brille maintenant dans nos jardins
par ses fleurs jaunes en panicules termi-
nales, élégantes, nombreuses, aux quelles
succèdent des vésicules triangulaires très-
grosses, qui subsistent jusqu'à l'hiver. L'ai-
lophyllc [cn^grec allas, autre, et phul/on,
feuille) est un arbre de l'ile de Ceylan,
ainsi nommé, parce qu'un de ses caractè-
iits est d'avoir les feuilles alternes. Le
litchi, arbre fruitier de la Chine, aux fleurs
blanchâtres , produit une drupe d'un
rouge ponceau, revêtue d'une peau cha-
grinée, sous laquelle on trouve une pulpe
aqueuse, molle , d'un parfum exquis, ap-
prochant de celui de la fraise. Ce fruit,
de la grosseur d'une prune abricotée, passe
pour délicieux. Le cupauier est un arbre
de Saint-Domingue, oii il est connu sous
le nom de châtaignier,— C>rn(//iro/)/iC </cs7n-
des. Ornilhrophe d'Amérique. — Le knépier
est un arbre du Mexique, qu'on y cul-
tive dans les jardins à cause de ses
fruits dont on mange la pulpe, d'une sa-
veur douce, un peu acide et astringente.
On mange aussi ses graines, après les avoir
fait cuire ou rôtir comme les châtaignes.
Le ioulicicr se trouve dans les forêts de la
Guiane.
74.— SAPOTÉES, SAFOTILIERS, Arbres
ou arbrisseaux exotiques, à tiges lactescen-
tes, à feuilles entières, alternes, dépour-
vues de stipules, coriaces ; à fleurs herma-
phrodites ou uni-sexuelles, tantôt solitai-
res, tantôt diversement groupées à l'ais-
selle des feuilles; au fruit charnu, parfois
couvert d'une croûte solide , à plusieurs
loges, et renfermant plusieurs graines. Les
sapotées ont de grands rapports avec les èbé-
nacées.
Genres: sapoiier ou sapotilier [achras], sidéroxylle ou
bois de fer f-liini, du grec sidéros, fer, etxulôn, bois), rai-
mitier (krjsopbylluni), bardollier ou bois de natte ( imbri-
caria ), mi'muso/je (-sops), myrsine , ardisia , jacquinier
(-nia).
Quelques botanistes divisent cette famille en deux tri-
bus: les sapotées et les ardisiacces ou myrsiitces; mais pour
la plupart les iHDisiicÉES forment désormais une famille
distincte.
On ne cultive en France que très-peu
d'espèces de cette famille , dont les plus
remarquables sont : le sapotilier (aciirns sa-
potn), arbre des Antilles de quinze mètres
environ, aux feuilles lancéolées, ovales, aux
fleurs peu apparentes; aux fruits en forme
d'oranges;— le/ac(/(;inierd/Î6(irso?"rt?!g'ées, ar-
brisseau d'Amérique, aux feuilles cunéifor-
mes, aux fleurs d'un très-beau jaune oran-
gé, portées sur de longs pédoncules et ran-
gées en groupes ; — Icjacquinier à bracelets,
j)lus haut que le précédent, aux fleurs pe-
tites, blanches, en grappespendantes, ex-
halant une ndeurde jasmintrèsprononcée,
et faisantplaceàdesbaiesd'un beau rouge,
(i) Les hotanistes écrivent ;)fl((//i/iin sans songer qiv'il n'est jamais permis de doubler la consonne
après la voyelle au.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
(56.3
dont les Caraïbes se servent comme or-
nement; — enûn, Vardisia de Coromandel
[ardisia solanacea), à Qeurs étoilées, en co-
rymbe. Le sapotier cotnmun a des bran-
ches et des rameaux qui recèlent sous
lenr écorce fauve un suc blanc très-vis-
queux, employé comme fébrifuge, et un
bois blanc filandreux, dur, assez liant,
dont on se sert dans les travaux de me-
nuiserie et môme dans les constructions
hydrauliques. Le suc de cet arbre se con-
dense à l'air, et devient une résine qui
répand en brûlant une agréable odeur
d'encens. Le fruit, qu'on nomme sapote,
ou sapotille, est une pomme d'un brun
rougeâlre, à la chair succulente, fondante,
et sucrée. Les amandes de ses pépins
donnent avec l'eau une émulsion qu'on
administre contre les rétentions d'urine et
les coliques néphrétiques.
Au nombre des espèces qui donnent
des fruits bons à manger sont encore
l'élengi {nilmusops élargi) de l'Inde, le
bardoltier de Malabar, le sydéroxyle épi-
neux, plusieurs espèces de caimitiers, en-
tre autres le caimitier de la Jamaïque et le
macoucou, enfin le néflier de Guatimala
(achras lucumaj.
Le mimusops élengi se distingue par son
port élégant, son épais feuillage et le par-
fum de ses fleurs qui ressemblent à notre
petite marguerite. Les femmes s'en pa-
rent et en parfument les meubles et leurs
vêtements. Le bois de l'arbre est dur,
blanc , et se conserve long-temps dans
l'eau.
Le bardoltier est un arbre de l'île Bour-
bon, où on le nomme bois de natte, à
cause de l'usage qu'on y fait de son bois,
débité par lattes, pour couvrir les maisons.
On pense que l'arbre à vache, qui four-
nit unlait propre à la nourriture de l'iioni-
me, et dont a parlé M. de Huniboldt,
appartient à cette famille, ainsi que l'ar-
bre à beurre, observé par Mungn-Park au
Bambarra, et le bassia on mava de l'Inde,
dont les graines d'un seul pied fournissent,
dit-on, jusqu'à trois quintaux d'huile.
L'huile fournie par les graines des sa-
potées est généralement assez analogue au
beurre.
13.-SAURTTHÉES, Petite famille de plau-
tes, voisine des j»lismacées et des pipkbitées.
Le type de cette l'amille est le saurure,
que les uns font rentrer dans les naïadées
FH'viALES, les autres dans les pipébitées.
Ce genre, borné à deux espèces qui crois-
sent dans le continent américain, n'a rien
d'intéressant.
137. — SAXIFRAGÉES, SAXIFRAGES
{- geœ, gœ), Plantes indigènes, la plupart
herbacées, à feuilles le plus souvent simples,
quelquefois charnues et succulentes, radi-
cales,quand la tige est scapiforme, alternes
ou opposées, quand la tige est caulescente :
à inflorescence variée ; au fruit capsulaire,
à une ou deux loges. On divise cette famille
en saxifragées vraies et en hydrangécs.
Genres : sari fra^e (fi-aga) , dorinc [ chiysosplenium ) ,
moscatetle ( adoxa), hydrangée (-geai, caUicoma, etc.
Du genre runonie, qui arait été placé par Jussieu dans
les sixiFRjGÉEs, Brown a fait une nourelle famille sous le
nom de ccxomacées. Pour quelques uns les cunoniacées
ne sont encore à présent qu'une troisième section des
SAXIFRAGÉES.
Les plantes de cette famille doivent
plutôt leur nom aux rochers sur lesquels
elles se plaisent qu'à leur vertu lithontrip-
tique, jadis si vantée, et regardée aujour-
d'hui comme une fable. Le genre saxi-
frage (vulgairement percepierrc ou casse-
pierre) renferme plusieurs espèces, parmi
lesquelles on distingue : — la saxifrage
granulée, commune au bois de Boulo-
gne, et digne de figurer dans nos jardins à
cause de ses fleurs en grappes ou en pani-
cules, du blanc le plus pur;— la saxifrage
pyramidale des Alpes, dont les petites
fleurs blanches, innombrables , disposées
en pyramide, la rendent tout à fait remar-
quable ; — la saxifrage à feuilles rondes,
et quelques antres, toutes originaires des
montagnes, et cultivées dans nos jardins
en bordure ou sur le bord des bassins.
Nous mentionnerons encore la moscatclle
ou moscalellinc [adoxa moscliatellina),
plante agreste que l'on trouve aux pre-
miers jours du printemps dans les haies
humides et dont les fleurs, petites, ver-
dàtres, en grappe terminale , ont une
douce odeur de musc : — la dorinc aux
feuilles opposées et la dorine aux feuilles
alternes, qui passent l'une et l'autie pour
vulnéraires et apéritives ; —enfin, la belle
tribu des liydrangées ou liydranges, où se
font remarquer Vliydrange arborescente,
l'kydrange à fleurs de neige, l'iiydrange à
feuilles de chcne, et surtout V hortensia ou
hortense, fleur mille fois chère à mon
cœur pour le nom divin qu'elle porte ,
nom le plus doux, qui, comme dit Bar-
bier,
Sur nnn lèvre liuniaiiic ait déposé son miel.
CG4
cLef de la langue et des sciences.
O Stella, fleur du ciel, créature inelFa-
ble, plus belle que tous les rêves des poè-
tes, céleste esprit fait femme un moment,
éblouissante révélatioa de Dieu môme,
comment se fait-il que je vive encore,
lorsque tu n'es j)lus i lorsque , par ta
mort, doux ange de lumière, dont la vue
récliaufF.iit mon âme, la terre n'est plus
pour moi qu'un désert, morne et glacé,
couvert d'épaisses ténèbres ? Comment
se fait-il que je vive ainsi, privé de toi, de
ta lumière, de ton parfum? O Stella,
n'estil pas un lieu où je pourrai le revoir,
seulement te revoir , t'entrevoir de loin,
comme une étoile, sans rien de plus? O
Stella, tu sais ce que je souffre; je n'ai
plus aucune joie dans le monde, car te
voir était toute ma joie ; ma vie se passe
à regretter les moments suprêmes que j'ai
passés dans l'atmosphère que tu embau-
mais ; pour te retrouver, j'irais sur mes
genoux jusqu'au bout du monde; j'endu-
rerais mille supplices, mille martyres, pour
te revoir un seul instant, une seule mi-
imte ; mille fois j'ai voulu partir pour
t'aller rejoindre, mille fois j'ai voulu m'é-
lancer vers cette autre rive inconnue
où tu m'as précédé; est-ce toi qui m'as
arrêté, Stella? est-ce toi qui m'as dit:
ta vie ne t'appartient pas ; travaille ,
sanctifie ton âme par le travail, afin d'ob-
tenir de Dieu que nous puissions nous re-
voir un jour? — O Stella, donne-moi de
croire, de croire fermement qu'il est un
lieuoù je pourrai te revoir; et, soutenu par
cette foi, par cette espérance, — malgré
les maux qui m'accablent, malgré l'in-
comparable horreur de ma destinée, je
me dirai sincèrement le plus heureux des
hommes. — Allons! du courage 1
L'/ior/ensia porte encore le nom de rose
du Japon. Les fleurs de l'hortensia, gran-
des, disposées en cime arrondie, sont d'u-
ne grande beauté. L'hortensia a pour em-
blème, amour constant.
120. — SIMAROUBÉES, Petite famille
de plantes séparée par Richard de celle
des rutacées, et qui comprend les genres
simarouba, quassier, et simabe. Cette fa-
mille n'est pas généralement adoptée. Le
simarouba est un arbre très-élevé des An-
tilles, du Brésil, et de la Guyane, dont
les feuilles, le bois, les racines, surtout l'é-
corce, sont d'un grand usage en médecine.
On nomme simarouba blanc ou faux sima-
rouba un malpif^hier. Le quassier est un
arbrisseau de la Guyane, haut de deux à
trois mètres, dont le bois et la racine sont
toniques et fébrifuges. Cette plante, dont
le nom vient, selon Linné, d'un Ethiopien
nommé Quassi, qui en fît connaître le pre-
mier les propriétés médicinales, n'a été
transportée de la Guyane qu'en 1722.
67. — SOLANÉES, solanvmS, Plantes
herbacées ou ligneuses, à feuilles alternes,
entières ou lobées, quelquefois géminées
au voisinage des fleurs, dont la disposition
varie ; au fruit capsulaireou bacciforme.
Frui't capiulaire. Genres : eeh'ie (-sia), hémitome (-mus),
molène (Tertascum) ,jus<ju!ame (hjoscianius), nicotiane ou
tabar f-na), stramoine ou datura.
Fruit en baie. Genres : triguére (-ra), jaborose (-sa), io-
landre (-dra), belladone ( alropa ) , nicandre (-dra), alké-
kcnge fpliysalis), morelte (solanuni), piment [ capsiuni],
Ijciet (lyciuni], cestreau (cesiruïu).
Genres qui ont de l^aftînité avec les solanées ; bitlar-
dicre (-dîera), cujéta ou calebassier (cresceutia], dapheno t
( bontia), etc.
Il semble que la nature en donnant à
toutes ces plantes un aspect triste et som-
bre, ait voulu nous avertir de nous en dé-
fier. En effet, quoique les fruits de plu-
sieurs solanées, tels que la tomate ou pom-
me d'amour, la potnme de terre, etc., ser-
vent d'aliment, on peut assurer que les
plantes de cette famille sont toutes sus-
pectes, et que plusieurs sont des poisons
narcotiques très-énergiques, entre autres
la belladone (atropa belladona), désignée
successivement sous les noms de solanum
maniacum, solanum furiosum, solanum le-
thate, qui doit ses terribles propriétés à
une substance amère, soluble dans l'alcool,
formant avec le tannin une combinaison
insoluble, et fournissant de l'ammoniac
par l'action du feu.
Les celsies sont peu nombreuses. La
celsie du Levant est une plante annuelle
de quarante centimètres de haut, aux
fleurs petites et d'un jaune pâle. L'hémi-
tome (1), qu'on nomme aussi hémimèrido
écarlate ou celsie linéaire, est une plante
vivace du Pérou, qu'on cultive dans les
jardins. Les molénes ne diffèrent des celsies
que par le nombre de leurs étamines. On
distingue quelques molénes, entre autres
(i) Plusieurs écrivent hémithome quoique ce mot de'rive du grec hémisus, demi, et teinno, je
coupe.
SIGNES niVEUS. BOTAMQLE.
ac.j
f
/il
le bouillon blanc {verbascinn tliapsiis ou
btataria), employé en médecine c(jmme
pectorale, et surtout la ramoncle des Py-
rénées [ramondla pyrcnaica ou vcrbascum
myconi), aux feuilles couvertes d'un duvet
brun, aux fleurs d'un beau pourpre bleuâ-
tre, disposées en bouquets. La jnsquiamc
est vénéneuse et narcotique. On en compte
à peu près douze espèces, dont les princi-
pales sont : la jiisquiamc noire, ou liane-
banc, aux fleurs jaunes , avec des veines
d'un pourpre foncé, employée à petites
doses comme calmant ; \a.jusqidame blan-
che, aux fleurs blanches; la Jusciiiianie do-
ive, aux fleurs jaunes; la jusf/uiame pttysa-
loïde,et lajusquiamedatara. — Le ^ai'ac s'ap-
pela d'abord nicoliane, du nom de Jean
Nicot, ambassadeur de France en Porlu-
al, d'où il rapporta cette plante , puis
herbe à la reine, à cause de Catherine
de Médicis, à qui Nicot en fit homma-
ge. Il était appelé petiin par les habi-
tants de l'île de Tabago, une des Antilles,
d'où le premier tabac fut apporté en Es-
pagne. Le tabac ordinaire est une plante
annuelle, à tige droite, haute d'un mètre
à un mètre et demi, cylindrique, chargée
de feuilles très-amples, d'un vert foncé,
molles, et de fleurs réunies en bouquet
au sommet de la lige, tubulées, et assez
grandes. Toutes les parties de la plante
ont une odeur forte, désagréable, une sa-
veur .^cre, brûlante, et nauséabonde. On
connaît l'usage universel qu'on fait de ses
feuilles, qui se prennentenmàchicatoire ou
en fumée par la bouche, ou en poudre par le
nez, et qui sont aussi quelquefois employées
en médecine comme irritantes, narcoti-
ques, fébrifuges, etc. Le tabac se cultive
en abondance dans les colonies et même
en Europe, où il s'est naturalisé. Huit dé-
partements français seuls ont le droit de
taire cette culture. On sème le tabac en
mars, on le transplante ensuite pour le
récolter en automne. Don tabac. Une carotte
de tabac. Du tabac en corde. Tabac à fumer.
Fumer une pipe de tabac. Mâcher du tabac.
Tabac en mâchicatoire, ou plus communé-
ment, tabac à chiquer. Prendre du tabac ,
Prendre du tabac en poudre par le nez.
Le docteur *'^* se promenait un jour
aux Tuileries. Un homme très-bien vêtu
l'aborde et lui prend la main. « Docteur,
vous ne me reconnaissez pas ? — Non. —
Je suis négociant à Lille, où j'ai eu l'hon-
neur de vous voir il y a sept ans. — 11 est
vrai que j'y ai fait un voyage il y a sept
ans, mais je ne me rappelé aucunement
vous y avoir vu. — Cela est étonnant. Vous
en ofl'riraije (en présentant sa tabatière) î
— Je ne prends pas de tabac. — Ah ! ah ! il
me semble pourtant que vous en preniez
alors. — Je n'en prends plus. — Soit. Vous
ne vous rappelez donc pas le temps où
nous étions ensemble au collège d'Har-
court? — Je me rappelé bien le temps où
j'étais au collège d'Harconrt ; mais je ne
me rappelé pas vous y avoir vu. — Je vous
quitte dans l'assurance que Vous vous rap-
pèlerez bientôt un de vos anciens amis.
— Je Vous salue. » Un quart d'heure après
l'inconnu revient. Même apostrophe;
même riposte. Nouvelle oQ're de tabac;
nouveau refus exprimé avec une sorti;
d'impatience et de dédain : « Je vous ai
déjà dit que je n'en prenais pas. — Par-
don, je l'avais oublié. Mais vous êtes un
terrible homme, et votre défaut de mé-
moire m'aUecte singulièrement. Au reste,
je veux ce soir vous donner un souper
d'ami. — Je ne soupe jamais. » Le docteur
tourne le dos, et s'en va. En sortant de la
promenade, il rencontre des dames de sa
connaissance aux quelles il raconte son
aventure; il se loue beaucoup d'avoir refusé
du tabac oStiil parla main suspecte d'un in-
connu, d'un avenluiier, etc. « Mais, conli-
nue-t-il, de'ma main, mesdames, onpeut ck
prendre; j'en ai, et du bon, et dans une taba-
tière de cinquante louis dont je me suis fait ca-
deau ces Jours-ci, — Cinquante louis! Elle
doit être fort belle. — \ ous en jugerez. » Le.
docteur fouille dans sa poche. « Oh I oh 1
point de boîte et un billet. ■> 11 ouvre et
lit : o Docteur, quand on ne prend pas de
tabac, on n'a pas besoin de tabatière. •> (Ano-
nyme). S'habituer au tabac. Une prise do
tabac. Râper, cgruf^er du tabac. Humecter
du tabac. 7\ibac d'Espagne. Tabac de Saint-
Vincent. Tabac de Virginie. Tabac de Clè-
rac. Tabac de la Havane. EUipt., du Ha-
vane. On nomme cigarres (1) de petits
rouleaux de tabac que l'on fume comme
une pipe. Les cigarres de la Havane sont
trcs-estiniés. Nos Jeunes lions ne fument plus
guère que des cigarres ; la pipe tombe in-
(l) L'Académie écrit cigare avec un >!ciil r, mais l)ioii à tort piiis(jiic ce mot vient ilr IVspagiKil
cigarro.
84
6(ÎG
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
sen/tibtemcnt en dessuoliidc. Les Orientaux
se servrnl d'une pijie |)ailsculière ajjpeloe
7iari;hllè..
« No désirez- vous pas faire quelque
chnse en buvant votre thé? — Pardieu ! je
désire fumer.» — Monle-Cliristo s'approcha
du timbre et frappa un coup. Au bout
d'une seconde!, une porte particulière
s'ouvrit, et Ali parut avec deux cliiOouqiies
(nom turc de la pipe) toutes deux bourrées
d'excellent latakié. (Alexandre Dumas.)
0 Ali rentra , apportant le café et les
clùbonqucs. AUiert repoussa la /;(/;e que lui
présentait le Nubien. — Oh! prenez, pre-
nez, dit Monte-Chrislo; Haydée est jjres-
que aussi civilisée qu'une Parisienne ; le
Havane \m est désagréable, parce qu'elle
n'aime pas les mauvaises odeurs ; mais le
tabac d'Orient est un parfum, vous le sa-
vez. » {Id.)
Tabacs étrangers. La manufacture royale
des tabacs. Tabac de régie. Marchand de
tabac. Débit de tabac. Vue livre, une once
de tabac. Le tabac a été l'objet de grandes
querelles. Les uns ont écrit pour, les au-
tres contre, avec une profusion d'éloges
et de satires qui rend leurs dissertations
tout à fait digues du Journal des Débats.
Fagon, premier médecin de Louis XIV,
a vomi, dans une thèse, des torrents d'in-
jures contre le tabac. Cela n'a pas fait
plus de mal au tabac que les critiques aveu-
gles de Gustave Planche n'eu ont fait aux
œuvres immortelles de Viclor Hugo. Ce
qu'il y a de fort plaisant dans la conduite
de Fagon, c'est qu'il prenait sans cesse du
tabac; véritable type en cela de nos jour-
nalistes qui pour la plupart agissent bien
autrement qu'ils n'écrivent. Aussi lui di-
sait-on de mettre son nez d'accord avec
ses arguments.
Quoi qu'en dise Arlstote, et sa docte caimie,
Le tabac, est divin ; il n'est rien qui l'igale.
(Tu. ConsriLLE. )
Le slramoniam ou slramoine, qu'on ap-
pelle autrement datura, se reconnaît à ses
feuilles larges, à ses grandes fleurs blan-
ches ou d'un violet clair, à son fruit hérissé
de pointes aiguës, et nommé pour cette
raison pomme épineuse. II croît dans les
lieux sablonneux, sur les chemins , etc.
Le stramonium est un des poisons narcoti-
ques les plus dangereux. Extrait de stra-
monium. Les (leurs du stramonium, sem-
blables à ces beautés sans amour, qui se
cachent aux rayons du soleil, pour ne se
montrer, brillantes de coquetterie, qu'.'i
la lumière incertaine des lustres et des
(lambeaux, languissent sons un feuillage
sombre et fané tant que le soleil nous
éclaire. « Mais, à l'entrée de la nuit, elles
se raniment, déploient leurs charmes, et
étalent ces cloches immenses que la na-
ture a revêtues de pourpre doublé d'ivoi-
re, et aux quelles elle a confié unparfimi
qui attire, qui en-ivre ; mais qui est si dan-
gereux, qu'il asphyxie même en plein air
ceux qui le respirent. » (Aimé Martin.)
Le datura a pour emblème, charmes trom-
peurs.— La trigiièrc, ovigina'irc de l'Anda-
lousie,et cultivée dans le midi de la France,
répand autour d'elle une odeiu- de musc
fort douce, et porte des fleurs d'un pour-
pre violet, pendantes, disposées en tube,
— hcs jaboroses croissent naturellement
au Brésil. — On reconnaît la belladone, ou
belle dame, a sa tige herbacée, haute quel-
quefois de deux mètres, très-rameuse;
à ses feuilles ovales entières ; à ses fleurs
penchées d'un rouge brun et en forme de
dé. Elle vient dans les bois moutueux de
l'Europe. On la nomme belladone, parce
qu'autrefois les Italiens en tiraient une
espèce de fard. Extrait de belladone. Les
baies de la belladone, cueillies avant leur
maturité, fournissent une belle couleur vcrlc
à l'usage des peintres en miniature. La
mandragore, espèce de belladone, est une
herbe sans tige qui pousse du collet d(! sa
racine de grandes et larges feuilles d'un
vert bleuâtre et d'une odeur désagréable.
Ses fleurs, d'un blanc purpurin, sont nom-
breuses et grandes. Son fruit, nn peu plus
gros qu'une cerise, est d'abord vert, puis
jaunâtre. Les anciens attribuaient à cette
plantedes vertus magiques. — Legenre n/Aé-
kenge (1), appelé encore jo/iy.sa/irfe et coque-
ret., renferme environ cent cinquante espè-
ces , qui pour la plupart croissent dans les
légions chaudes des deux continents, La
plus connue est le coqueret officinal, plante
qui s'étend beaucoup, mais qui n'atteint
jamais plus de trois à cinq décimètres de
hauteur. Sa racine, rampante, pousse des
(l) De l'ar.ib<! alhekengi. Aucun mot ne présente dans les dictionuaiies autant de variations or-
lliographiqucs que celui-ci. .^MeAcwgi (Fur.). AlJ\ékengi{K.). uilhekeng^e (Boisie). /Ilhék--nge
(Acad.). Alquequcngc. Alqjtc!;ticngc. Etc. N'est-ce pas igiiolile î
SIGNES DIVERS. BOTAMOLE.
01)7
tiges herbacées, rameuses, garnies de feu-
illes pétiolées, ovales, pointues, entières
ou légèrement ondées. Les fleurssont d'un
blanc pâle ou jaunâtres. Le fruit est une
baie légèrement aigrelette, renfermée
dans une vésicule rougeàtre. En Suisse et
en Espagne, on sert sur les tables le fruit de
l'athéhejige comestible.
Les espèces de la morelle sont très-nom-
breuses, il en est trois que l'on admet
dans les préparations culinaires; savoir:
l'aubergine, ou mèlongène, nommée encore
plante, aux œufs, à cause de ses fruits or-
dinairement blancs , semblables à des
œufs; la morelle pomme d'amour, dont le
fruit porte encore le nom de lomale ; et la
morelle tubéreuse, dont le tubercule est si
connu et si répandu sous le nom de pomme
de terre. Deux sont principaleuient em-
ployées en médecine. Ce sont la morelle
douce-amère et la morelle noire. Le fruit de
l'aubergine est un mets recherché par quel-
ques personnes. Maiigcr des aubergines. La
morelle pomme d'amour, appelée encore
pomme d'or, pomme du Pérou, vt tomate,
pousse de ses racines fusiformcs des tiges
hautes de un à deux mètres, velues, cliar-
nties, un peu couchées, garnies de feuilles
d'un vert très-foncé. Aux fleurs succèdent
des fruits d'un rouge vif, compiimés au
sommet, silU)nnéssur les côtés, et dont le
suc légèrement acide sert à faire une cer-
taine sauce. Sauce aux tomates. La pomme
de terre, une des plantes les plus utiles, a
la tige creuse, anguleuse, haute d'un mè-
tre environ , les feuilles pinnées et décur-
rentes, les fleurs disposées en corymbe.
Leur couleur est violette ou blanche, ou
bien encore d'un blanc gris entremêlé de
rouge. La France élait en 1783 le seul
pays qui repoussât la culture de la pom-
me de terre. L'agriculteur Parmenlier, en
faisant évanouir des préjugés ridicules,
dola la France de cette plante précieuse,
qui a gardé son nom. Ce fut la parmcn-
tière qui sauva la France des horreurs de
la disette en 1793, 1816 et 1817. On peut
avec la pomme de terre faire de la farine,
du pain, de l'eau de vie, etc. Pomme de
terre rouge, jaune. Fécule de pommes de
terre. Pain de pommes de terre. Pommes de
terre bouillies, frites.
Vous voyez ce que c'est que le pemc morille. Voie'
toutTarticle du Uictiounairc de rAcadémie : «Monixi.E.
s. [.Plante vcnéueusc de la famille des solanées. «Us
sont là quaranlc qui oiiti/e la fcience coranie quatre»
Pir.os. .
Le genre piment comprend une dou-
zaine d'espèces, les unes annuelles et her-
bacées, les autres voluhiles et à tiges li-
gneuses, appartenant toutes aux contrées
chaudes des deux hémisphères. Une seule
s'est acclimatée en Europe, et se cultive
en pleine terre dans nos jardins potagers;
c'est le piment annuel, qu'on nomme vul-
gairement poivre long, poivre d'Inde ou de
Guinée, poivron, et corail des jardins. Sa
tige herbacée, haute de trente à soixante
centimètres, et garnie de feuilles alternes,
entières, lancéolées, d'un vert noirâtre et
luisant, s'attache au sol par des racines fi-
breuses. Aux fleurs, petites, blanchâtres,
portées sur des pédoncules, succèdent
des fruits, tantôt verts ou jaunâtres, tan-
tôt rouges, ovales, allongés, ou globuleux,
qu'on l'ail confire cuaime des cornichons,
et qui, réduits en poudre, sont un violent
et dangereux sternutatoire.
Od nomme Tulgairenient piment aiiuatique,\3 renouée
âcre^ la menthe poivrce , et la pcrs/i'ûiVe; panent des alieiltes
ou des mouches, la mélisse citronnelle; piment des maraisn le
gâté odorant; piment de la Jama'itjue, une espèce de myrte.
■l'ai parlé du lyciet et du cestreau dans
la Méthode du genre, pages 287-288.
Les billardièrcs sont oiiginaires de l'O-
céanie. On cultive dans nos serres la bi-
llardicrc sarmentcuse, aux Heurs d'un vert
jaunâtre, aux feuilles ovales et velues.
Les calebassiers ou cresccntlas sont des
arbrisseaux propres aux contrées équato-
riales de l'Amérique. On recommande la
pulpe, piéparée en sirop, du cresccntia à
longues feuilles, aux personnes afléclécs
de maladies de poitrine. Cet arbre a le
tronc tortueux, l'écorce ridée, le bois
blanc et coriace. Les fleurs sont solitaires,
d'un blanc pâle, et d'une odeur désagréa-
ble. Le cresccntia à larges feuilles a des
fleurs petites, d'un jaune foncé, que rem-
place un fruit long ou ovale de la grosseur
d'un cilron , qu'on appelle cohync. Le
daphcnol, arbrisseau des Antilles, où il est
connu sous le nom d'olivier bâtard, a des
feuilles verles, épaisses, jiarsemées de
petits points transparents, des (leurs d'un
jaime rougeàtre ou orange pâle. Les fruits
sont ovales, lisses, jaunâtres, de la gros-
seur et de la forme d'une olive et très-
ûcies. Cet arbrisseau sert à faire de très-
belles haies.
iil\. — STYLÏDIÉES, Petite famille de
plantes herbacées non lactescentes, qui
n'est pour la plupart des botanistes qu'une
f.GN
CLEF DE LA LANGUE El DES SCIENCES.
st'ctitin des campakulaciîes. Le genre type
est le stylidlum, plante que je ne connais
pas assez pour vous la décrire. D'après les
botanistes, ses caractères sont: corolle ir-
régidiéic, à deux élaniines, dont les filets,
faisant corps avec le style, forment une
corolle centrale; stigmate situé entre les
deux anthères ; capside bivalve, bilocu-
laire.
N'est-ce pas bien intéressant, et Lien fait pour inspirer
aux dames le goût de la botanique , cette scieDce si né-
cessaire ?
134. — TAMARISCINÉES, Petite famille
que M. Desvaux a formée avec le genre
taniarlx, qui faisait partie des K)Rtula-
ctÉs. Il est question du taniarioc dans la
MÉTHODE DU GEPiRE, page 29/i.
153. — TÉRÉBINTHACÉES, TÉRÉBÏN-
THES , Arbres et arbrisseaux la plupart
exotiques, à feuilles alternes, simples ou
ternees, toujours dépourvues de stipules,
à fleurs hermaphrodites ou uni-sexuelles,
le plus souvent panicnlées, mais affectant
cependant tous les modes d'inflorescence.
Le fruit et la graine varient suivant les
sections, qui sont au nombre de sept, sa-
voir;
T. AsACiRDitES. Pétales et élimùnea mscrées sur te calice
ou sur un disque ; ovaire simple à un seul ovule ; coiyléthns
épais, replies sur ta radicule. Genres : anacardier { anacar-
(liuni), manguier (mangifera), elo.
II. StMicuiNtts. Cotylédons foliacés. Genres: Sumac
(rlius), pistachier {-chia), comocladia, rhumpia, inaiiria.
III. Spondiacées. Cinq pétales sous te disque qui entoure
l'oiia/re; cotylédons'^convex^s, Geuves : mombin [spoudias),
pouparîia (ï;.
IV. BiJBSrRAf.ÉF.s.rroi'at)U cinq pétales ious te disque; coty-
lédons plissés ou ffta;»(*s. Genres: goinart [bursera), boswet-
liut t'alsaniodendron.
V. Am^hidéls. Quatre pétales presque onguiculés sous le
difque. Genres : balsamier ou bauniier (amyris), toluifera,
iapirier (-ri»), myrodendron,
VI.PTÉrÉACÉKS ou ZANTHox^LT.ES. Fleurs dicliiies', trois ou,
cinfj pétales hypogynes , sans onglet:, cotylédons planes.
Genres: ptéléa, caméléa (-cneorum), m''llé [scbinus), znn-
ihùxylon (-lunij, spathétia, dodon<Fa, averrlioa, fngara, et*'.
Vll.CoNNAf ÉhS.rinr/ pétales périgynes. Genres: Aylanttie
[-\.]\ns),conuurus, ouiplialobiuniy bruceu, simaba, etc.
Nousy jitîndrons les jdci.andées, qui établissent une
liaison naturelle entre les ti'.rébixtuacées et les amenta-
i.i^ES, et qui ont pour type le genre noyer j ei» latinya -
glans.
Les anacardiers sont des arbres propres
à rinde, ù fleurs petites, disposées en
grappes, dont les fruits, en fiirme de cœur
et appuyés sur un réceptacle charnu, se
nomment anacardes ou noix de marais.
L'amande en est bonne à manger. Le suc
de l'écorce, combiné avec de la chaux,
sert à marquer le linge d'une manière ir>-
dèlebile. h'acojott à pommes on anacardier
occidcrital (^rassiivitim pomifcrtim, anacar-
diiim occidentale), arbre originaire de l'A-
mérique, appartient ti ce genre. Le bois
de VacajoH à pommes, tendre et blanc, est
recherché pour les ouvrages de menuiserie
et de charpente.
I I ne faut pas le confondre avec Vacajou à meuble»,
qui est le véritable acayuu , et qui appartient à la famille
des niéliacées.
Le genre manguier comprend plusieurs
espèces d'arbres à fruits comestibles, in-
digènes des Indes occidentales. La plus
commune est le manguier domestique, ar-
bre de douze à quinze mètres, au tronc
recouvert d'une écorce épaisse, raboteuse
et noirâtre. Son fruit, la mangue, de forme
oblongue, comprimée sur les côtés et ren-
flée vers l'insertion du pédoncule, gros
comme un abricot ou une poire, de couleur
verte avec des parties rouges ou jaunes,
à une pulpe de couleur jaune orangé
comme la carotte. La mangue est un fruit
exquis, On cultive le manguier aux Antilles,
à Cayenne, à l'Ile de France, dans la Ma-
laisic, etc. Le tcrébinihe el le lentisque sont
deux espèces de pistachiers. Voyez la Mé-
thode DU GENRE, p. 281-294, où j'ai patlé
de la plupart des arbres de cette l'amille.
Je n'ai rien dit par exemple du fustet,
arbrisseau du genre sumac, commun dans
le midi de la France, et dont le bois jaune,
veiné de vert, est recherché des ébénis-
tes et des luthiers. J'ai de même encore
à parler des gomarls et de quelques au-
tres. Le gomart gommier, vulgairement
nommé Lois à cochon, bois à colophane, ca-
chibou, gommier, sucrier de montagne, est
un arbre de l'Amérique, qui monte jus-
qu'à trente mètres de haut. Son tronc est
revêtu d'une écorce grisâtre et lisse, se
détachant par plaques; ses feuilles sont
composées de plusieurs folioles très-lon-
gues ; les fleurs sont petites, blanches, ino-
(i) On dit aussi poiipartie ; mais , la terminaison ic étant esscutiellement féminine , ce n'est pas
ciilicr (l.uis lo génie de la langue que de donner celle terminaison à des noms qui doivent rester
masculins. Nous eu disons autant de la teiminaison éc. C'est doue po/ipartia. pti'lea, ucncia, etc.,
i(a'il faut toujours dire , et uoii pas /joify^n/VJe, y;<c7e'c, acafif, comme le fout à chaque instant Je
havanls LatLares.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
669
dores, en grappes; le fruit est une Laie
o(lorante,o!jlongue, renfermant une aman-
de en cœur. Des diverses parties de l'arbre
découle un suc balsamique, térébinlhacé,
gouimeux, qui est- un excellent remède
contre les plaies. Tout ce que je sais du
tapiricr, c'est que c'est un grand arbre de
la Guiane, à feuilles alternes, pinnées avec
impaire, composées de folioles oblongues,
aiguës, très-entières, glabres, et à fleurs
petites, blanches, disposées en panicule
terminale. On cultive dans nos jardins,
outre Vaylanihe glanduleux, les sumacs, et
le pislachier, dont j'ai pailé dans la Wh-
THODE DD GENRE, Ic ptcléa trlfuHé, aux
feuilles élégau)uient ternées, et dont les
f)aquets de fruits membraneux, très-ana-
ogues à ceux de notre ormeau, lui ont l'ait
donner le nom d'orme de Samarie ou orme
à trois feuilles , ainsi que le camélca tricoc-
cuiH OU à trois cof/ues,(iu midi de la France.
Je ne dois pas tout à fait omettre le pou-
partid, qui croît à l'ile de la Réunion, ni
le molle on poivrier d'Amérique (scliinus
molle), dont on retire une résim; purga-
tive à odeur de poivre ou de fenouil ; ni le
toluifcra batsamum, arbre de l'Amérique
équinoxiale, qui fournit le baume de tolu,
à l'odeur si douce ; encore moins le fctf^ara
aclaiidra, de Curaçao, auquel on doit la
résine tacamahaca, si usitée dans l'Inde, et
employée depuis quelque temps en France
contre les rhumatismes.
Nous ne finirons pas sans citer le noyer
(juglans régla], si utile par son bois et son
fiuit. Yoyez la Méthode dd genre, p. 289.
On cultive aujourd'hui dans nos parcs plu-
sieurs autres espèces de noyers, remar-
quables par la beauté de leur port et de
leur feuillage, tels que le pacanicr ou pu-
cane (^ju g/ans olivœformis), le noyer noir (j.
nigra), le noyer à feuilles de frêne (j. fraxi-
ni-folia], le noyer blanc {j. alba), et le
noyer cendré (j. cinerea), tous propres à
l'Amérique sejjtentrionale ou à l'Asie.
110.— TERNSTROMIÉES, Petite famille
séparée des Aurantiacées, et qui a pour
tj'pe legenre ^crn,ç<ro»ii«),au quelplusieurs
joignent les genres thc,cameltia, ventenatia,
etc. Le ternsiromia (et non pas ternslro-
mie) est un grand arbre propre aux deux
hémisphères, aux feuilles alternes; épais-
ses, coriaces, et d'un vert foncé ; aux lli.'urs
blanches campanulées, solitaires; au fruit
en baie sèche, biloculairc, renfermant huit
semences rouges On le cultive en serre
chaude.
111.— THÉACBES , Famille distincte
pour quelques ims des Ternstbomiées, et
se composant des genres thé et cameUia.
à6. — THYMÉLÉES, OU Daphnoïdes, Her-
bes et arbustes à feuilles alternes, simples,
entières; à fleurs hermaphrodites, com-
posés d'un périanthe simple, monophylle,
tubuleux, infère, libre, coloré, et divisé*
en quatre ou cinq lobes. Le fruit est charnu
ou sec, mince , et renferme une graine
renversée et pendante. Genres: bois cuir
(dirca), bois dentelle (lagetta), lauréole ou
daphnc, passcriiie (-na), stellira, struthiota,
lachnea, dats, gnidium, ncctandiu.
La plupart des thymélées d'Enrope
contiennent dans leur écorce un suc caus-
tique et vésicatoire.
Les dapliHcs , connus sous les noms de
giirou, sainùois, lauréole, bois gentil, sont
surtout employés en médecine pour ouvrir
des exutoires. Pommade de garou.
Les thymélées, par l'élégance de leur
porc et l'éclat de leurs fleurs, font l'orne-
ment de nos jardins. On y distingue entre
autres :•!" le bols gentil [daphne nwzcreum),
à fleurs latérales, sessiles, ternées ou qua-
ternées, odorantes, d'un blanc rosé; à
feuilles lancéolées, décurrentes sur le pé-
tiole^ naissant après les fleurs; à fruit
jaune ou rouge; 2° la lauréole (1), arbrisseau
d'un mètre environ, rameux surtout vers
le haut ; à feuilles lancéolées , très-lisses,
très-entières ; à fleurs lubuleuses, violettes
ou blanchâtres, d'une odeur douce, en
grappes axillaires ; 3° le vrai garou ou
gnidium, petit arbrisseau très-élégant, d'un
mètre de haut à peu près, à tige très-di-
vjsée, surtout vers le bas; à rameaux grê-
les, allongés, à feuilles lancéolées, étroites,
presque subulees , acuminées , éparses ,
rappiocbéts ; à fleurs en grappes termina-
les, d'un joli rose, un peu pubescentes en
debois.
Nous citerons encore le lagef ou tagetia,
sous l'écorce duquel on remarque des cou-
ches nombreuses, se détachant les unes des
autres, et unies ensemble de manière à
former un reseau clair, blanc, légèrement
ondulé, i'orl_, d'une régularité assez grande
pour que l'entrelacement de ses fibres le fas-
se comparer à de la gaze on de la dentelle.
(i) Lnuréolc est un climiiiulif de laurier,
donner 1p seare feniiiiiii.
et se dit par une sorte de mépris, ce qui lui a fait
670
CLEl- DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
125. — TiriACÉBS, Fiantes ligneuses
rarement herbacées, à t'eiiilles alternes,
simples, stijjnlecs; à fleurs axillaires ou
terminales, ou opposées aux leuillcs, sou-
vent portées en grand nombre sur un pé-
dimcule commun, muni de bractées; à
fi'uit bacciforme ou capsulaire.
Genres : lilleiit (tilia), corète (coichorus), sparmannia,
grcwia, ftewartia, etc.
Les genres /îafcurfio , élœocarpus , bixa, soni dcyeuus
les tj-prs de trois iiouTeiles familles , sous les noms de
rL*COi:ilTIANÉ£S (Rich.;, ÉLÉOCiRPÉES ( JuSS. ) , BIXI.VBES
(KuntliJ.
Analogues aux Malvacées par leur or-
ganisation , les ïiLiAcÉES fournissent de
même un mucilage doux et sain.
Les fleurs de tilleul sont employées en
médecine comme anlispasmodiqttes. Infu-
sion de fleurs de tilleul. Tilleul à grmidcs
feuilles. Tilleul à petites feuilles. Tilleul de
Hollande. Tilleul rouge. Tilleul blanc. Ti-
lleul du Canada. Tilleul de la Caroline. Ti-
lleul argenté. Pois de tilleul. Hcduil en char-
bon, te bois de tilleul peut remplacer le fu-
sain pour tes esquisses. Le bois de liltcul sert
à une foule d'autres usages. Écorce de ti-
lleul.
L'ccorce de tilleul sert à faire des cordes
grossières. Le tilleul est l'emblème de l'a-
mour conjugal. Ecoutez ce qu'en dit si
agréablement M. Aimé Martin: « En je-
tant un coup d'oeil sur les plantes consa-
crées par la mythologie des anciens, on ne
peut se lasser d'admirer avec quelle justesse
ils ont su rapprocher les qualités de la
planle de celles du personnage qu'elle
devait représenter. La beauté, la grâce, la
simplicité, une douceur extrême, un luxe
innocent, tels seront dans tous les siècles
les attributs et les perfections d'une tendre
épouse. Toutes ces qualités, on les trouve
réunies dans le tilleul, qui se couvre cha-
que printemps d'une si douce verdure, qui
répand de si douces odeurs, qui prodigue
aux jeunes abeilles le miel de ses fleurs et
aux mères de familleses flexibles rameaux,
dont elles savent faire tant de jolis ouvra-
ges. Tout est utile dans ce bel arbre: on
boit l'infusion de ses fleurs, on file son
écorce, dont on fait (i) des toiles, des cordes,
et des chapeaux. Les Grecs en faisaient du
papier rejoint par lames (2), comme celui
du papyrus. J'ai vu du papier de celle
écorce, fabriqué à notre manière, qu'on
aurait pris pour du satin blanc. Mais es-
saierai-je de peindre les effets ravissants de
son beau feuillage, lorsque tout frais en-
core on le voit doucement tourmenté par
les venis qui y creusent des voûtes, des
cavernes de verdure ? On dirait que ces
jeunes feuilles ont été coupées dans une
étoffe plus douce, plus brillante et plus
souple que la soie, dont elles ont les heu-
reux leflets. Jamais on ne se lasse de con-
templer ce vaste ombrage ; toujours on vou-
drait se reposer à son abri (3), écouter ses
murmures, respirer ses parfums. Le su-
perbe marronnier, l'acacia si léger, ont
disputé un moment ati tilleul sa place dans
les avenues et les promenades publiques.
Mais rien ne saurait l'en bannir. Qu'il soit
à jamais l'ornement des jardins du ri-
che (A) et le bienfaiteur du pauvre, au
quel il donne des étoffes, des meubles, et
des chaussures,
L'ombre , l'été ; — ■ l'hiver , les plaisirs du foyer (5).
Qu'il soit l'exemple des épouses, en leur
ra|)|)elant sans cesse que Baucis en fut le
modèle (6). »
(l) Le texte porte, on en fait , expression nmpldbologique , en ce que le prODOni en semble alors
se rapporter à tilleul^ tandis qu'il représente le mot écorce.
{•S) Du papier rejoint par lames, qu'est-ce que cela veut dire? [On rejoint des parties qui
avaient été' séparées , mais on ne rejoint pas du papier par lames. Les pellicules enlevées aux ham-
pes du papyrus, on les collait les unes sur les autres, mais cela ne constituait pas un papj-rus rejoint
par laines. Et pourrait-on Lien dire d'ailleurs, une lame de papier, une lame de papyrus?
(o) De ce qu'on dit, elrr à couvert d'un bois, à l'abri d'un arbre, ce n'est pas une raison pour
qu on puisse jamais dire, avec l'adjectif possessif, être ii son couvert, à son abri.
(4) Le marronnier, emblème du faste sans mérite, convient beaucoup mieux, aux jardins du
riclic . Que le tilleul , aussi beau et cent fois plus utile , continue à protéger la demeure du pauvre
et à l'édifier.
(5) Les plaisirs du fojcv est bien vague. Mille choses peuvent donner ces plaisirs. Le tilleul,
maigre' sa générosité, ne donne apparemment au foyer que \efeu, la chaleur. L'ombre, l'été, —
l'hiver, le feu, cela ferait antithèse et n'eu vaudrait que mieux cent fois, mais on avait besoin d'un
hémistiche entier.
(fi) Vaiiante : Qu'il soit le modelé des épouses, en leur rappelant sans cesse que Baucis en fut
Yi'xcmple.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
67^
Baucis devient tilleul, Plulimon âeTÏeiit chêne;
On les Ta Toir encore , afin de mériter
Les douceurs qu'en hymen amour leur fit goûter.
Ils courbent sous le poids des olïiandes sans nombre.
Pour peu que des époux séjournent sous leur ombre ,
Ils s'aiment jusqu'au bout , malgré l'efforl des ans [1).
(Li FOSTAJNE. )
Voyez la Méthode du Genre, page 294.
La corèle habite les climats chauds de
l'Asie, de l'Afrique, et de l'Amérique. La
corcte potagère o» mchchic, que quelques-
uns nomment encore manne des juifs, à
tige peu rameuse, cylindrique, haute de
quarante centimètres, garnie de feuilles
lancéolées, a fleurs d'un jaune orangé, est
cultivée dans l'Inde, la Syrie, et l'Egypte,
comme plante alimentaire. On en mange
les feuilles en salade ou mêlées aux pota-
ges. La corèle capsulairc ou ganja saiira,
haute de deux à trois mètres, abonde en
Chine et dans l'Inde. De son écorce ma-
cérée dans l'eau comme celle du chanvre,
on retire une filasse excellente.
Les greuviers {greivia) sont des arbris-
seaux à fleurs en ombelle, à cinq pétales,
propres à l'Asie et à l'Afrique, mais cul-
tivés dans nos serres. Le greuvier occiden-
tal, haut de trois mètres, a les feuilles
ovales, crénelées sur les bords, marquées
de trois nervures principales ; les Heurs
purpurines. Les rameaux sont d'un blanc
grisâtre. On en mange les fruits, ainsi que
ceux de quelques //«courfia*' ou alamotons
de l'Inde, arbrisseaux à feuilles dentées
et épineuses, à fleurs terminales et ras-
semblées par groupes.
Le ramonlchi, espèce de flacourtia, four-
nit des fruits rouges violets, d'une saveur
analogue à celle de notre prune commune.
11 se trouve à Madagascar, où les Fran-
çais le nomment prunier.
Je ne dois pas omettre le rocouier (bixa'),
arbre originaire de l'Amérique intertropi-
cale, anx feuilles cordifurmes, aux fleurs
roses, disposées en panicules terminales,
dont les graines Iburnissent le rocon, pâte
tinctoriale, employée non seulement par
les teinturi<!rs, mais encore dans la méde-
cine comme purgatif doux et contre-poi-
son du manioc. Avec l'ecorce du rocouier
on prépare des toiles et des cordages; son
bois est dur et fournit un bon chaufTaKe.
132. — TRÉMANDRÉES, Famille de
plantes encore peu étudiées, et qui doit
prendre place entre les polvgalées et les
piTTOspoBKES. Elle renferme les genres tré-
mandre et tètrathè(/ue.
16. — TYPHINÉES, T-YPHACÉES, TY-
PHÉES, Plantes aquatiques, aux tiges droi-
tes ou flexueuses, spongieuses, munies de
feuilles alternes, engainantes, en forme
d'épée; à fleurs monoïques, disposées en
chatons oblongs ou globuleux, uni-sexuels.
Genres : massette (typhaj , ruban d'enu ou rubanier (spar-
ganîum).
Les typhinées offrent peu d'utilité; ce-
pendant M. de Candolle écrit que le pol-
len des massettcs , étant très-abondant,
pourrait remplacer la poudre de lycopoile.
Les massettes sont des espèces de roseaux,
dont les feuilles servent à faire des nattes,
à couvrir les maisons, etc. Nous en con-
naissons en France trois espèces: la mas-
sette à larges feuilles ou masse d'eau (typlia
latifolia), à feuilles planes; la massette à
petites feuilles {typliu angustifolia), à feuil-
les cananiculées; et la petite massette (typlia
minima), à feuilles sétacées. Les deux
premières espèces portent un épi de Heurs
femelles, placé en forme de pompon au
sommet d'une longue hampe, qui sert de
jouet aux enfants.
Le ruban d'eau (2) doit son nom à ses
feuilles flottantes, qui ont quelquefois plus
d'un demi-mètre de longueur.
IGO.— TTRTICÉBS, ORTIES (-cecB, cœ). Fa-
mille qui se compose de plantes herbacées,
d'arbrisseaux et d'arbres fort élevés, à tige
souvent lactescente ; à feuilles alternes ou
opposées, le plus souvent munies de sti-
pules; à fleurs monoïques et dioïques,
plus rarement hermaphrodites, tantôt soli-
taires, tantôt disposées en grappes ou en
chatons et quelquefois cachées dans un
involucre commun, monophylle, ou enfin
disposées à la surface de cet involucre
comme sur un réceptacle commun. Les
étamines ou organes mâles sont au nom-
bre de quatre ou cinq. Le fruit est une
ulricule tantôt nue, tantôt recouverte par
un involucre bacciforme.
(1) La Fonlaiiie se ressent parfois de Fatmosplière classique dont ilsuli.ssait maigre lui rinlluence
délétère. Les ans deviennent lourds en s'entassant les uns sur les autres, ce qui fait qu'on peut
dire, le poids des ans; mais les ans ne font pas d'effort. J'aimerais mieux que l'aulciir eût dit
simplement, malgré la vieillesse.
(2) Point de trait d'union entre ruhan et eau, quoique l'Acadc'mie m nielle un.
072
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
I. Fleura lenfcrniécs dans un in\olucrc coiunuiu ino-
noplivllu. Genres: figuier (Ccus) , dorstcnia.
II. Fleurs sur un rùccptacle commun , ou réunies en
une tête accompagnée d'écaillcs, nu distinctes et éparscs.
Genres : bots trempette ou cotitequin ( cecropla ) , jacfjuier
ou arbre U pain (artocarpus), miiri'er (niorus), bioussonne-
lier (-tia), ritaclura ou hois d'arc, orlic (uilica), /orsta/c'a,
pariétaire (-laria), houblon (Iiuiiiulusj, chanvre [cannabis),
théhgonttm, dalisijue (-ca), etc.
III. Genres qui ont <le l'allinité aTCC les urticées. Gen-
res: iva, zantlilum, piper, ambrosla, etc.
La racine du dorslénia contraïerva a
été vantée pour le traitement des fièvres
adynauiiques. Celte racine, d'un ronge
brun à l'extérieur, blanche à l'intérieur,
a, dans l'état de siccité, une saveur trés-
aroniatique, un peu astringente, et d'une
odeur approchant de celle du figuier. Ré-
duite en poudre, elle produit de grands
effets, mais on lui préfère le quinquina.
Voyez, pour le Cguicr , la MiinoDi; du Gh.nrl , page
283.
Les cécroplas ou coitlequins sont des ar-
bres de l'Amérique méridionale, à tiges
creuses, divisées intérieurement par des
cloisons transversales placées de distance
en distance, ce qui leur a fait donner le
nom de bois trompclte. L'espèce la plus
commune est le cccropia pelé, arbre de
douze mètres, au tronc cylindrique et fis-
Inleux , aux feuilles grandes, cordiFormes,
aux fleurs très-petites. En frottant deux
morceaux de coulequin l'un contre l'autre
ou obtient du feu. — Le fruit de l'arto-
carpe ou jacquier, arbre des parties méii-
dionales de l'Asie, est une baie ovale, ra-
boteuse, à peau épaisse, dont la pulpe,
après une légère cuisson, produit une fé-
cule blanche, avec laquelle les indigènes
font un pain excellent. Les fruits de trois
arbres suffisent à la nourriture d'un hom-
me. Avec les filaments de l'écorce inté-
rieure de cet arbre on fait des étoffes. — On
connaît environ quinze espèces de ni^n'cr*,
dont quatre sont naturalisées en France.
Les plus utiles sont le mûrier noir et le mû-
rier blanc ou mûrier delà Chine. Les mû-
riers noirs sont ccnx qui portent des mûres
noires, et les mûriers blancs ceux qui por-
tent des mures blanches. On nourrit ordi-
nairement les vers a soie avec des feuilles de
mûrier blanc. Le mûrier blanc a pour em-
blème , SAGESSE, et le mûrier noir, je ne
vous SURVIVRAI PAS. Mûrier rouf^e d' Améri-
que. Le broussonetier, qu'on nomme en-
core ?n('(r(er à /;n/)icr, se trouve dans l'Inde
dont il est originaire, en Amérique et en
Europe , où , à d^'faut de chiffons, son
écorcc sert à fabriquer du papier. — Le
genre ortie renferme plus de cent ironie es-
pèces, dont quelques unes seulement crois -
sent en Europe. La tige et les feuilles
fraîches des orties causent par le simple con-
tact une douleur brûlante, déterminée par la
piqûre de poils extrêmement fins, aigns,
remplis d'un suc acre et vénéneux. Les ti-
ges des orties, séchées et traitées comme
celles du chanvre, servent à faire de la
toile. On mange les jeunes pousses de
l'ortie dioïqiie ou grande or/tc, accommodées
de la même manière que les épinards.
Graine, racine d'orlie. Ortie brûlante. Or-
tie griéche.L'ortie a pour emblème, cruauté.
Vortle jaune, l'ortie blanche, l'ortie puante, sont des la-
biées.
La pariétaire (du latin /^rtri'c.?, muraille),
ainsi nommée parce qu'elle vient sur les
murs, au milieu des décombres, est em-
ployée en médecine comme diurétique.
On la nomme vulgairement ca-'^e-picrre et
perce-muraille. — Le/io(/6/o« est une plante
herbacée, à tige volubile, mince, striée,
bispide, s'élevant quelquefois à plus de six
mètres; à feuilles opposées, péliolées, cor-
diformes ou trilobées, dentées, rudes au
toucher, d'un beau vert. En mai et juin,
le /lo/ii/on présente des fleurs vertes, mâles
sur certains pieds, femelles sur d'autres,
disposées en grappes ou en épis. Le fruit
est une petite graine arrondie, légèrement
comprimée et roussâtre, amère et légère-
ment aromatique, qui entre dans la com-
position de la bière. Les feuilles du houblon
sont employées en médecine comme diuréti-
ques cl anti-scorbutiques. Planter des per-
ches pour appuyer le houblon. Manger du
houblon en salade. Cueillir du houblon. Met-
tre du houblon dans la bière, ou la houblon-
ner. On a trop houblonné celle bière. On
nomme houblonniére un champ semé de
houblon. Le houblon a pour emblème, in-
justice. — ' Qui ne connaît le chanvre?
s'écrierait un classique, pour s'éviter la
peine de le décrire. Je pourrais me bor-
ner à dire: le chanvre est une plante qui
])orte le chénevis, et dont l'écorce sert à
faire de la filasse; mais ma conscience ne
serait pas satisfaite. J'ajouterai donc que
la tige du chanvre est droite, creuse, rude
au toucher, haute de deux mètres, et sor-
tant d'une racine fusiforme ; que ses feuil-
les sont vertes, velues; que ses fleurs ver-
dàtres, disposées en grappes axillaires, font
place à une coque bivalve, ovoïde, renfer-
niiint une graine solitaire, grisâtre, qui
SIGNES DIVERS
om le ie nom de chènevls et sert à la nour-
riture des volailles et des oiseaux domesti-
ques. Elle fournit aussi une huile excel-
lente pour la table, la, peinture, et l'éclai-
rage. Chanvre mâle. Chanvre femelle.
Cueillir, arracher du chanvre. Faire sécher,
faire rouir le chanvre. Le rouissage du chan-
vre. Teiller ou tillcr du chanvre. Après
souper, on veille encore une heure en tcillanf
du chanvre (J.-J. Rousseau."). Broyer du
chanvre. Filasse, dechanvre, ou simplement,
chanvre. Fil de chanvre. Toile de chanvre.
On nomme Tulgaîrenipnt chanvre aquatitjue^ le hident
à calice feuUté\ chanvre de Canada , Vapocin a fleurs her-
bacées: chanvre de Crctcy le dasti'jue ou caiinabine \ chanvre
4es Amt-ricaine , Vagave-^ ciiauvre du Japon, la &pirée\
chanvre p/^uanf, Vartie ù feuitles de chanvre.
VoyeE PIPÉRACÊES et iMBBOSliCtES.
J^emeninùa, qui faisait partie de cette famille, est devenu
' type delà famille des MONiMiÉta. hcntonîmia à feuilles
'ndesy arbrisseau de PHe de France, porte des fleurs très-
j>L'tiles, d^un jaune orange, disposées en grappes, et ex-
faalant une douce odeur. Le fruit est une baie charnue.
91. — VALÉRIANÉES (neœ), Plantes
indigènes, herbacées ; à tiges simples ou
rameuses, quelquefois couchées ; à feuilles
entières ou lobées, opposées; à fleurs en
corymbe ; à fruit capsulaire.
Genres: ceniranthe (-thusl, valériane [-na], valérianelle
(-nella).
Le genre ceniranthe a été établi pour
placer les valérianes rouges, à fleurs aiguës,
qui, pourvues d'une seule étamine et d'une
seule graine, s'écartent encore des autres
par leur corolle régulière prolongée en
long éperon. On les cultive dans nos jar-
dins. Les valérianes sont très-usitées dans
l'économie domestique et en médecine.
Valériane officinale. Valériane phu. Valc
riane sauvage, ou grande valériane. Valé-
riane\ceUique, ounardceltique. Les racines
de la valériane officinale et de la valériane
cc/<t(7«e sont toniques et antispasmodiques;
la première, dont les fleurs rougeàtres ou
blanches, odorantes, disposées en pa-
nicule élégante, et les feuilles ailées avec
impaire, d'un beau vert, ne dépareraient
pas nos jardins, passe en outre pour em-
ménagogue, sudorifique, vermifuge , et
pour un puissant anti-épileptique. Dans le
genre valérianelle on place la mâche, herbe
BOTANIQUE. 6'>
potagère qui se mange en salade, et se
nomme encore doucette, boursette, etc.
La valériane rouge (centranlhus ruber) a
pour emblème, facilité. « Sa parure est
brillante, mais toujours un peu en désor-
dre. Cette fille des montagnes a l'air d'une
parvenue au milieu de nos fleurs gracieu-
ses. » (Aimé Martin.)
63.— VEKBÉNACiaES, VERBENÉES, PY-
RÉNACÉES, GATTILIERS {viticcœ, viTices),
Plantes herbacées ou ligneuses, à tigecy-
lindrique ou quadrangulaire, à /cKt7/e.« sim-
ples, opposées, rarement alternes, entières,
dentées; à fleurs en épi ou en panicule; à
fruit charnu ou bacciforme. Le fruit con-
tient deux ou quatre osselets nommés
pyrènes par Gœrtner, et renfermant cha-
cun une graine.
I. Fleurs en corymbe, fruit charnu. Genres: péraga (cle-
rodendrum!, volkamier ou volkameria , agiphile (.la), g-at-
titier (vitex), callicarpe (-pa), cornude (-nutia).
II. Fteurs disposées en épi, péricarpe charnu-Orerstei: giul -
tarin f cylbarexylum), rfiirnnle [■\.a),lantanier aulantana.
III. Fleurs en épi, graines nues. Genres: lapane (-ma;,
verveine {ferbeasi}, sélagine (-lago), hébenstrèle {-iia), etc.
Nous n'avons en France que les deux
genres gattitier et verveine, mais on en
cultive un assez grand nombre d'autres
dans les jardins et dans les serres. Lais-
sons encore parler M. Aimé Martin: «La
verveine, dit-il, croit sur les collines arides.
Elle servait chez les anciens aux divina-
tions; on lui attribuait un grand nombre
de propriétés, entre autres celle de récon-
cilier des ennemis. Lorsque les Romains
envoyaient des hérauts d'armes porter la
paix ou la guerre chez les nations, l'un
d'eux était porteur de verveine (1). Les
druides, avant de cueillir cette plante,
faisaient un sacrifice à la terre, tant leur
vénération était grande pour elle (2). Les
mages, en adorant le soleil, tenaient dans
leurs mains des branches de verveine. Vé-
nus victorieuse portait une couronne de
myrte entrelacée de verveine. En Alle-
magne on donne encore un chapeau de
verveine aux nouvelles mariées, comme
pour les mettre sous la protection de cette
déesse (3). Dans nos provinces du JVord,
(i) Cette phrase manque d'ele'gance.
(2) Pour qui? pour la terre ou pour la verveine. De plus entre cette phrase et celle qui la pré-
cède la transition est un peu trop brusque, lly a un vide qu'il eût fallu lemphrpar quelque chose
d'analogue à ceci : Celait une plante sacrée des Gaulois.
(3) 11 est certain qu'en Allemagne Vénus règne plus que Junon. Toutefois l auteur se trompe.
Ce n'est par pour mettre les jeunes mariées sous la protection de Vénus qu'on pare leur front de
«wvei/ic, car Vénus n'entre guère dans un ménage que pour y semer la discoïde; mais hien
plutôt parce que la verveine est, comme Vagnus casius, un emhlème ic chasteir.
T. ir ^^
C7 4 CLEF DE LA LANGUE
les bergers recueillent celte plante sacrée
avec dos cérémonies et des paroles connues
d'eux seuls, et en expriment les sucs à
certaines phases de la lune. Ils font usage
de ces sucs pour guérir ou loitrmenler leurs
maîtres; car, s'ils savent calmer leurs
mau.v (1), ils peuvent aussi jeter des sorts
sur leurs troupeaux et sur le cœur des Jeunes
filles. On dit que la verveine leur donne ce
dernier empire, surtout quand ils sont
jeunes et beaux. On voit que cette plante
est encore chez nous, comme elle l'ut chez
les anciens, l'herbe des enchantements. »
Verveine commune. Verveine odorante, ou
Verveine triphylle. L'infusion des feuilles
de la verveine triphylle, à odeur de cition,
peut remplacer le thé.
h'agnus castus { agneau chaste) est la
seule espèce de gattilier qui vienne en
Europe. Wag7ius castus. arbrisseau aroma-
tique, aux rameaux faibles, pliants, blan-
châtres, aux feuilles opposées, vertes en
dessus, blanches et cotonneuses en dessous,
aux fleursen grappes, violettes, purpurines,
ou blanches, lequel s'élève dans le midi de
la France à la hauteur de deux mètres,
— l'agnus castus est ainsi nommé, parce
que sesfruits passaient pour antiaphrodisia-
ques, ou parce que les dames athéniennes
qui voulaient vivre chastement pendant
les fêtes de Cérès avaient coutume de
dormir sur ses feuilles.
Parmi les verbénacées cultivées, on
distingue encore le stachytarphéta chan-
geant ou verveine changeante, joli arbuste
d'un mètre à un mètre et demi, originaire
ET DES SCIENCES.
de l'Amérique méridionale, portant en
juillet de beaux épis de fleurs roses; la sé-
lagine bâtarde {sclago spuria), .'» Heurs d'un
beau clair, encorymbe; les nombreuses
espèces de lanianas ou camaras; le calli-
curpe de la Caroline, à rameaux cotonneux
et à fruits d'un beau rouge ; le péragu ou
clcrodendron, à fleurs blanches, carminées
à la base, et à odeur de fleur d'oranger ; la
durante des Antilles, aux rameaux qua-
drangulaires; enfin les brillants volcamè-
rias, dont celui du Japon {volcanieria ja-
ponica) est certainement l'espèce la plus
remarquable. «C'est, dit M. Lamouroux,
que nous consultons quelquefois, un arbuste
d'un mètre au plus, à feuilles persistantes,
cordiformes, à odeur fétide, qui pousse vers
le mois de mai des fleurs nombreuses très-
denses (2), à odeur délicieuse. »
M. Lamouroux range encore au nombre des verbéna-
cées le myopore, détenu pour quelques un» le type d'une
nouvelle famille sous le nom de myopouisêes. n l.a petite
myopore ( comment peut-on faire myopore du féminin?),
là petite myopore, dit-il, arbuste de la Nouvelle-Hollande,
à feuilles linéaires en spatule, à fleurs blanches, a été in-
troduite en FraticeparM. Noisette.»
Gloire à M. Noisette! Certes, l'introduction en Franco
de cet arbuste suppose pour le moins autant de géme
qu'une élégie de M"'' Desbordes Valmore ou une satii-e
d'Antoine Deschaoïps. Mais d'où vient le nom du myo-
pore ? Le myopore est ainsi nommé à cause des porcs in-
liniment petits dont sont couvertes la plupart de ses es-
pèces. Des Qeurs petites et blanches, un feuillage charnu
et dentelé, voilà ce qui rend précieuse l'opération de
M. Noisette.
113. _ VINIFÈRES , VIGNES, VITI-
CÉES, SARMENTACÉES {vites, sarmenta-
ceœ), AMPÉLiDÉEs, Plantes ligneuses, à tige
frutescente, rarement arborescente, sar-
(i) Les maux de qui? Je suis de'solé de le dire, mais cette phrase accuse une grande inexpe-
rionre de l'art d'écriie. Je doute qu'un maître de langue pût faire plus mal. D'ahord on ne peut
guérir quelqu'un que lorsqu'il est malade. Puis je n'aime guère à voir les troupeaux de ne sais qui
ainsi accouple's avec le cœur des jeunes filles. Cela n'est pas galant. Le cœur «les jeunes filles est
chose assez intc'ressante pour qu'on daigne lui consacrer un hout de phrase à part. Construite ainsi
qu'il suit, la phrase nous semblerait beaucoup plus correcte : Ils font usage de ces sucs pour guérir
leurs maîtres malades ou pour les tourmenter; car, si, à l'aide de ces sucs magiques, ils savent
commander à la maladie, ilspeiwent aussi jeter des sortssur les troupeaux confiés à leurs soins.
La VERVEINE leur donne aussi un grand empire sur le cœur des jeunes Jîlles, surtout, cela va sans
dire, quand ils so.it jeunes et beaujc. Il va sans dire aussi que nous ne ponctuons pas comme
M. Aimé Martin, à qui je demande encore une fois pardon de ma since'ritc', qui est bien, loin
A e'galer mon estime pour l'auteur des excellentes Lettres sur la physique.
(2) Comment des (leurs, si nombreuses qu'elles soient, peuvent-elles ctrc denses ? On à'irdàt
Lien, un épi, un corymhe, une panicule dense, mais, ia fleurs denses, cel^a est impossible, puisque
dense signifie, dont les parties sont serrées. Soit dit sans les fâcher, mais les naturalistes auraient
Lien besoin de s'initier un peu au génie de la langue. Leur style, si style il y a, outre qu'il man-
que absolument d'élégance et de précision , fourmille encore "de solécismes et de barbarismes, qui
vendent la lecture de leurs ouvrages extrêmement pénible. On ne saurait guère leur emprunter
une phrase correcte ; en sorte que sans leur science ils n'auraient guère plus de valeur à mes yeux
qu'un maître de langue .
menteuse, noueuse, munie de vrilles; à
feuilles alternes, stipulées, souvent décou-
pées, opposées aux vrilles; à Heurs en ihyrse
et en grappe. Le fruit est une baie globu-
leuse à une ou plusieurs loges , contenant
une ou plusieurs graines osseuses.
Genres : itgne vierge ou chsus, vigne (vitis), lééa, leu-
iiantkéra.
« JI suffit de dire que a plante précieuse
qui produit le raisin {vitis vinifera) est le
type de cette famille, [iour en faire sentir
toute l'importance » , dit avec raison
M. Lamouroux. La vigne vinifère a une
tige tortue, qui pousse des jets grimpants,
longs et flexibles, appelés sarments. Celle
vigne a poussé beaucoup de sarments celle
année. Cep de vigne. Feuilles de vigne.
Pampre de vigne , Brancbe de vigne avec
ses feuilles. Bourgeon de vigne. Les pleurs
delà vigne. L'eau qui s'en échappe quand
elle a été taillée. Planter de la vigne. Il y
a diverses sortes de plants de vigne. Plant
de vigne de Bourgogne. Les variétés de vi-
gnes les plus communes sont le muscat, le
raisin d'Alep, le corinllie, le chasselas, le
cornichon, le teinturier, le morillon, et le
pineau, La vigne est fort sujette à geler. Les
pluies froides font couler la vigne, font que
le raisin qui commençait à se nouer tombe
ou se dessèche. La vigne est en fleur. Tail-
ler la vigne.
Vigne, se dit d'une étendue de terre plantic de ceps
devigne. Clos de lîgnc. Un arpeni de vigne.
haisin de vigne, Kaisin propre à faire du vin ; par op-
position à Uaisin de ireitle ou chasselas , Kaisiu' qu'où
sert sm- les tables.
Pèche de vigne , Fruit du pêclier, venu en plein Tent ,
par opposition à pêche dVspalier,
Fi?. , Travailler à la vigne du Seigneur, S'employer à
rinstruclion et à la conversion des âmes. Prov, ,fig., et
pop.. Être dans les vignes, Être ivre.
Vigne^ s'est dit aussi pour r///a.
On nomme labrusque ou labrot la vigne
sauvage, qui croît spontanément dans le
midi de la France et dont les fruits sont
très-acides. On pense qu'elle est la vérita-
ble souche de la vigne cultivée.
La vigne vierge, qu'on nomme encore
cissus, achit, et ampélopsis à cinq feuilles,
est également une sarmcntacée à tigevolu-
bile qui a des feuilles semblables à celles
de la vigne, et qui porte des fleurs d'un
bleu sale aux quelles succèdent des baies
d'un vert noirâtre. On cultive la vigne
vierge pour masquer de vieux murs ou pour
faire des berceaux dans les Jardins,
On nomme vulgairement vigne blanche
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 673
la clématite et la bryone, vigne du ?iocrf le
houblon, vigne noire sauvage le lamier , vi-
gne de Salomon la clématite, vigne sauvage
le pareira brava, vigne vierge la douce amère.
127 VIOLAHIÉES, VIOLACÉES, Her-
bes ou sous-arbrisseaux, à Heurs généra-
lement alternes, simples ou lobées; aux
(leurs à cinq pétales, le plus souvent iné-
gaux, — pédonculées.
Genres: violette (TÏola), l'om'rfier (-diura), pîriquetay etc.
La violette à bouquets ou violette odo-
rante (viola odorata) est une plante vivace,
dont les fleurs répandent le plus doux par-
fum. Fleur de violette, ou simplement,
Violette. Violette simple. Violette double.
Violette de mars. Bouquet de violettes. Pou-
dre de violettes. Conserve de violettes. Les
fleurs de violettes sont de quelque usage en
médecine, comme pectorales et adoucissan-
tes. Infusion, sirop de violette. Les chimis-
tes se servent du sirop de violette pour déce-
ler la présence des alcalis, les quels ont la
propriété de la verdir.
a — Regardez, dit-il au procureur du
roi, dont le cœur battait si fort qu'on eût
pu l'entendre, voici dans cette tasse du
sirop de violette, et dans celte carafe le
reste de la limonade dont MM. IVoirtier
et Barrois ont bu une partie. Si la limonade
est pure et inofTensive, le sirop va garder
sa couleur ; si la limonade est empoison-
née, le sirop va devenir vert. Regardez.
o Le docteur vei-sa lentement quelques
gouttes de limonad(; de la carafe dans la
tasse, et l'on vit à l'instant même un nua-
ge se former au fond de la tasse. Ce nuage
prit d'abord une nuance bleue; puis du
saphir il passa à l'opale, et de l'opale h
l'émeraude.
» Arrivé à cette dernière couleur, il s'y
fixa pour ainsi dire ; l'expérience ne lais-
sait aucun doute.
B — Le malheureux Barrois a été cmpoi-
siinné avec de la fausse angusture ou de la
noix de Saint-Ignace , dit d'Avrigny;
maintenant, j'en répondrais devant les
hommes et devant Dieu.
» Villefort ne dit rien, lui, mais il leva
les bras au ciel, ouvrit des yeux hagards,
et tomba foudroyé dansim fauteuil.»
(Alexandre Dumas.)
Il y a des violettes blanches. La violette
croit ordinairement dans les lieux solitaires
[ et ombragés.
I lo, nymphe ilc la suile de Diane, fut ai-
67 (>
CLEF DE LA LAAGLE ET DES SCIENCES.
niée d'Apollon, qui, irrité de sa résistan-
ce, la niétamorplit)sa,en violellc, fleur qui
fuit encore l'écLit, et qui est devenue le
symbole de rinnocence, de la modestie,
de la pudeur.
Plus loin , de In yerlu douce et CJèle image ,
Une modeste llcur, pour se cacher aux yeux,
Cliei'cliaiteii vaiii sous le feuillage
KJit lieu propre à tromper les regards eurieuï.
Il s'exlialaitdu sein de son humble retraite
Un baume délicieux
Qui décelait la liolelte.
( L. N. fers de collège, )
Viens , parais à ton tour , aimable violette :
Pour toi quel si grand charme ont l'ombre et la retraite?
Tu crains de te montrer! tu te caches ! Pourquoi ?
Va ! Pauline est modeste et simple comme toi.
(L. N. Amertumes et Coaschtiom. )
C'est de Tos qualités que brille chaque Heur;
Le lis est comme vous d'une blancheur céleste;
La eiotette apprend de tous son air modeste.
( L. N. IbUi. )
PORTRAIT.
Chère maman, pour ta fête
Nous voulons t'offrir ton portrait :
Prends ce lis, cette rose, et celle violette;
C'est ton image trait pour trait. (Id. Ibid, ]
Vobicure violette, amante des gazons,
Aux pleurs de leur rosée entrt'iiiêlanl ses dons
Semble vouloir cacher, sous leurs voiler propices ,
D'un prodigue parfum les discrètes délices:
C'est l'emblème d'un cœur qui répand en secret
Sur le malheur timide un modeste bienfait.
Ces derniers vers sont de Boisjolipi,
poète classique, que tous les grammairiens
citent de préférence. Pourtant, quoi de
plus détestable que ces vers? D'abord, la
violette pour être amie de l'obscurité,
n'est pas obscure. Puis, en admettant
qu'elle soit l'amante des gazons, quel gal-
limathias que le second vers! On entre-
mêle plusieurs choses parmi d'autres dont
elles diCfèrent , par exemple des fleurs
rouges parmi des blanches, mais qu'est-ce
qn'entremcler des dons à des pleurs? Don,
mot vague et sans couleur, précisément
parce qu'il dit tout, ne dit rien ici; mais
il fallait une rime à gazon. Au lieu d'entre-
mêlant, c'est mêlant qu'il fallait dire;
mais il eût manqué au vers deux syllabes.
Qu'est-ce surtout que les pleurs de leur
rosée? En personnifiant la rosée, ou en
prenant pour le moins ce mot dans un
sens absolu, on pourrait peut-être dire
classiquement les pleurs delà rosée; mais
\cs pleurs de leur rosée est le comble du
ridicule. Et même les pleurs de la rosée
n'a pas le sens commun. Les classiques di-
sent les pleurs de l'Aurore pour la rosée ;
mais jamais lioileau n'aurait dit les pleurs
de la rosée. Tout cela parce que goutte»
avait une syllabe de trop. Les modernes
ont transformé ces gouttes de rosée qu'on
voit briller le matin sur les ileurs en iris,
en perles, en opales, et en diamants, et
certes il y a progrès. Le troisième et le
quatrième vers ne sont pas moins antipoé-
tiques. Qu'est-ce que leurs voiles propices?
11 y avait autrefois des divinités propices,
des vents propices ; n.ais oii avez-vous vu
des voiles propices? Propice est un de ces
mots banals que les classiques appélent au
secours de toute rime en ice. Et quelle
idée vous faites-vous des discrètes délices
d'un parfum prodigue? Toujours de ces
épithètes ^ternes, de ces mots abstraits,
qui ne peignent rien, qui n'expriment
rien, et laissent l'esprit dans le plus grand
vague. Voyons ! la main sur la conscience,
est-ce que le mot discrètes ne forme pas
avec rfé/tces un accouplement monstrueux ?
Et pourtant ce sont de tels vers que vous
proposez aux jeunes gens comme des ty-
pes de goût et de pureté 1 Ce sont de tels
vers que vous reproduisez sans cesse dans
vos leçons de littérature, affectant le plus
grand mépris pour les admirables produc-
tions de l'école moderne 1 Est-ce par ha-
sard pour dégoûter vos élèves de la poésie
que vous puisez à de telles sources ? En ce
cas, vous n'êtes pas si bêtes qu'on pour-
rait le croire au premier abord, et Machia-
vel vous adopterait.
Je ne vous dis rien des deux derniers
vers de RI. Boisjolin, sinon qu'ils sont un
peu moins médiocres que les quatre pre-
miers, sans valoir pour cela davantage.
Une chose curieuse , c'est la quantité
prodigieuse de vers que les classiques ont
fondus dans le moule qui a servi au der-
nier vers de M. Boisjolin , vers toujours
tordus par une inversion ridicule et renfer-
mant dans chaque hémistiche un substan-
tif et une épithète.
D'un prodigue parfum les discrètes délires.
Sur le malheur timide un modeste bienfait,
[BoisjoLi:<.)
De nuages légers cet amas précieux. (Delille. ) '•
Du règne végétal les nourrissons nombreux, {i<^-J
Déjà de nos jardins heureux décorateur. fld
D'une timide fleur persécuteurs cruels ,
vous dirai-je à mon tour, savez-vous pour-
quoi la violette modeste se cache avec tant
de soin ? C'est de honte d'avoir été l'oc-
casion de si mauvais vers.
SIGNES DIVERS. BOÏANigUE. 677
Clairière.
J'avais promis de passer rapidement sur ces matières , mais le
moyen de s'arrêter en si beau chemin. Il s'agissait d'une cliose si
utile , que je n'ai pas pu me résoudre , malgré la fatigue qu'un
tel travail m'a causée, à la traiter d'une manière trop superficielle.
Sans doute je suis bien loin d'avoir tout dit , mais je n'ai rien né-
gligé de ce qu'il importe vraiment à tous de savoir. Si je ne puis
prétendre , m'étant abstenu avec soin des détails trop technologi-
ques , pour ne présenter aux yeux de mes lecteurs que ce que la
science offre de plus attrayant , si je ne puis prétendre avoir fait un
cours de botanique , dans toute la rigoureuse acception du mot, du
moins me flalté-je d'avoir contribué à rendre celle science plus ac-
cessible. Le moyen , en effet, pour celui qui ne fait pas de la bota-
nique sa spécialité, pour l'homme du monde, pour l'artiste, pour
le poète surtout , si intéressé à connaître la nalure qu'il chante et
qui l'inspire; le moyen, dites-moi, pour ces hommes qui ne de-
mandent aux fleurs dont ils admirent l'éclat, dont ils respirent le
doux parfum , que leur nom , leur pays, leurs habitudes , leur
histoire , afin d'en consacrer à jamais le souvenir dans leur
cœur ; le moyen pour eux d'acquérir ces notions précieuses par
les traités spéciaux des savants, tout hérissés de grec et de la-
tin, horribles grimoires impossibles à déchiffrer, où la nature flé-
trie et morte n'est plus qu'à l'élat de cadavre et de dissection. Qu'i-
rait-il chercher dans ces laboratoires hideux? le poète qui croit à
l'àme, aux passions des fleurs, aux rapports sympathiques delà na-
ture avec l'homme ; qui entend les voix mystérieuses de l'hyssope
et du cèdre ; et qui ne demande qu'à s'initier de plus en plus dans
le sens de tant de merveilles, où il se retrouve lui-môme à chaque
pas ; qu'à resserrer de plus en plus le lien sacré qui Tunit à toutes
les choses créées.
Les savants ne se doutent pas même des analogies mystérieuses
qui existent entre Thonime et la plante, l'homme et les animaux;
analogies admirables, que les poètes, toujours plus clairvoyants,
ont , sinon pénétré , du moins pressenti , et qui répandent un si
grand charme sur l'étude de la nature. Si les botanistes, au lieu de
nous cracher une si grande quantité de latin et de grec, pour nous
intéressera une plante, s'attachaient davantage à découvrir les liens
intimes que Dieu a établis entre l'homme et ce qui l'entoure ; si, au
678 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
lieu de professer pour les poètes un dédain aussi slupide , ils s'ap-
pliquaient enfin à lire dans ce nouveau livre que l'instinct de ceux-
ci leur a révélé , mais qu'ils n'ont pu qu'effleurer, faute de notions
suffisantes, faute des moyens efficaces que la science a seule en
son pouvoir, quelle reconnaissance ne leur devrions-nous pas !
Comme l'histoire de la nature , si insipide jusqu'à présent , s'anime-
rait tout à coup à nos yeux ! en nous faisant ainsi aimer , comme
dit un poète, à titre de portrait, une fleur, un fruit , une feuille,
une racine , parce que nous y verrions un miroir de nos âmes.
Il n'est pas de plante si méprisée qui ne devînt alors , par la vérité
de ses emblèmes, aussi séduisante que la rose et que la violette.
Un des plus grands génies de notre siècle nous a déjà montré le
chemin. Écoulez-le :
0 Chacun se récrie , dit-il , sur le lugubre aspect deViris tigré, qui
étale pompeusement les couleurs du deuil , et qui est sans parfum,
sans coloris. D'où vient ce contraste de luxe et de tristesse? C'est
qu'il est destiné à représenter les mariages de princes, d'où l'on
exclut les convenances d'amour , et qu'on prive ainsi de tout charme
et de tout parfum , comme la fleur qui en est l'emblème.
« Remarquez que l'iris, emblème du mariage en général, porte
trois chenilles sur ses trois pétales.
0 Rien n'est moins intéressant que le buis , symbole de la pau-
vreté. Il habite les lieux arides elles terrains ingrats, comme l'in-
digent qui n'a souvent pour demeure qu'une masure. On voit les
insectes s'attacher au buis, comme au pauvre, qui n'a pas le moyen
de s'en garantir. Comme ce dernier qui ne laisse pas d'aimer l'hum-
ble gîte où il trouve à peine un refuge contre le froid , le buis s'at-
tache fortement au mauvais sol où il est relégué. Le pauvre n'a
point de plaisirs , ce que la nature a voulu représenter en privant
de pétales la fleur du buis, caries pétales sont l'emblème du plai-
sir. Son fruit est une marmite renversée , image de la cuisine du
pauvre qui est réduite à rien. Sa feuille creusée en cuillère pour re-
cueillir une goutte d'eau, c'est la main du pauvre réclamant une
obole de la compassion des passants. Son bois est serré et très-
noueux, par aflusion à la vie rude et à la gêne du misérable, chez
qui règne l'insalubrité, figurée par l'huile fétide qu'on retire du
buis.
» Le tableau du parasite n'est pas moins fidèle dans \c gui, vi-
vant des sucs d'aulrui , se développant en tout sens, comme l'intri-
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 679
gant qui prend tous les masques. Le gui figure par sa feuille la du-
plicité, et, par sa glu, funeste aux oiseaux, les ruses du parasite,
autre glu où les sots se prennent. »
Pourquoi, dit la critique, n'avoir donné aucun parfum à des
fleurs telles que la tulipe , la renoncule, la balsamine, la couronne
impériale, et autres, qui pour cette raison sont dédaignées du beau
sexe , quoique très-remarquables de couleur et d'éclat ? Croyez-
vous peut-être que Dieu s'est trompé? Allez! le Créateur est ua
peintre fidèle ; il ne connaît pas d'erreur.
Laissons encore parler notre guide (1).
« Chacun, dit-il, connaît la balsamine , ressource des parterres
en automne. Si, pour recueillir ses graines, on en détache avec
précaution une douzaine de capsules , puis qu'on ferme la main
pour les mieux retenir, aussitôt les enveloppes éclatent, et la graine
s'échappe de toutes parts. La cueillette est perdue par trop d'em-
pressement à la posséder. N'est-ce pas là une raillerie de la na-
ture? Nous offrir un présent qu'elle nous retire au moment où nous
croyons le tenir. Expliquons le secret de cette bizarrerie.
» La balsamine est le portrait du riche industriel , toujours sou-
verainement égoïste. Les feuilles, finement et symétriquement dis-
tribuées , sont un emblème du travail intelligent. Une touffe de
feuilles surmonte les fleurs, comme symbole de l'économie, qui
veut que le bénéfice excède la dépense. Pareille au riche économe,
qui peut briller longtemps sans s'appauvrir , la balsamine donne
une série de fleurs copieuses , brillantes, et souvent renouvelées.
» Les couples doués de cette prudence raffinée sont d'une ambi-
tion et d'un égoïsme effrénés. Aussi la balsamine , par analogie, re-
fuse-t-elle tout cadeau à l'homme. Dépourvues de pétiole et dé-
fendues par un feuillage épais , ses fleurs ne peuvent être cueillies
ni une à une ni par bouquets. C'est une plante qui ne vit que pour
elle, comme les riches égoïstes , gens d'industrie et de représenta-
tion , utiles à la masse, mais plats et insipides ; gens qui se rendent
nécessaires comme la balsamine, mais qui ne sont ni aimés ni ai-
mables. Ainsi que cette fleur qui s'empare des lieux les plus fré-
quentés du parterre , et y joue un rôle important, sans répandre au-
tour d'elle aucun charme, car elle est dépourvue de tout parfum,
(1) Nous prévenons qu'il nous est impossible de citer textueilcnienl.
Nous empruntons les idées, mais non la forme, qui n'est qu'imparlaile-
ment présente à notre mémoire.
680 CLEF nE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
les riches industriels savent s'installer dans toutes les avenues de
la grandeur. Elle est tardive et ne brille guère qu'en automne, par
allusion à ces thésauriseurs qui ne commencent que tard à figurer
dans le monde. Malgré toute leur vigilance , il arrive que leur for-
tune passe à des héritiers imprudents qui la dissipent; et de même
la graine ou héritage de la balsamine s'échappe des mains au mo-
ment où on la recueille. »
Voilà l'intrigant industriel; voyons maintenant son opposé, le
savant ou l'artiste.
T> Il est représenté par la fleur qu'on nomme couronne impériale,
composée de six corolles renversées, et surmontée d'un bouquet
de feuilles, comme dans la balsamiue. Cette fleur, qui a la forme
de la vérité (forme triangulaire du lis et de la tulipe) , excite sur-
tout un vif intérêt, à cause de six larmes qui se trouvent au fond
du calice. Il semble par là que la fleur soit dans la tristesse ; elle
baisse la tête et répand de grosse larmes qu'elle tient cachées sous
ses élamines. C'est donc l'emblème d'une classe qui gémit en se-
cret. Cette classe est très-industrieuse , ce que représente la touffe
de feuilles groupées au haut de la tige , véritable symbole de la
haute et noble industrie , celle des sciences et des arts.
» La classe qui gémit ainsi en secret n'est pas celle des plébéiens
grossiers , mais celle des savants utiles , obligés de fléchir devant
le vice heureux. Aussi la plante , inclinant ses belles fleurs , garde-
t-elle une attitude humiliante. Les fleurs sont gonflées de larmes
cachées , image du sort des savants et des artistes, qui font l'orne-
ment principal de la société et n'en sont payés que par des dégoûts^,
tandis que les agioteurs et les sang-sues des peuples amassent des
trésors en quelques instants.
» Elles ont la couleur de l'orange, qui est celle de l'enthousiasme,
par analogie à la classe des savants et des artistes qui n'ont d'autre
soutien que l'enthousiasme contre la pauvreté et les humiliations
dont ils sont abreuvés dans le plus bel âge.
» A la suite d'une pénible jeunesse , ils parviennent quelquefois
à obtenir un peu de relief, un peu de bien-être. Par allusion, la
fleur dont nous parlons , après avoir passé le bel âge dans une at-
titude humiliante, élève enfin son pédoncule et sa capsule de graines;
mais il est trop tard pour prendre cette attitude, quand le pédon-
cule n'est plus orné de sa belle fleur et n'a plus qu'une triste gousse
à présenter. De même les savants et les artistes ne peuvent lever
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE, 681
ià lôte el s'affranchir d'une longue gène , d'une longue oppression,
qu'après avoir perdu les beaux jours de la vie à s'amasser un pelit
pécune , destiné à préserver leur vieillesse de l'indigence. »
Quelle science précieuse que celle qui nous mènerait ainsi , par
l'étude attrayante des analogies , à l'explication de cette unité uni-
verselle que proclament unanimement tous les corps savants (1), et
dont tous leurs efforts , toutes leurs recherches n'ont pu encore dé-
couvrir les lois , bien que Newton par sa théorie de l'attraction
matérielle, eût dû leur ouvrir les yeux sur la méthode qu'il y
avait désormais à suivre pour arriver au but désiré !
Cette nouvelle science présente à l'esprit fin et délié des dames
des énigmes autrement intéressantes que celles que leur envoient
chaque jour les petits journaux, pour amuser leur oisiveté.
Continuons avec l'auteur de cette découverte importante.
8 Le lis , dit-il , est un des nombreux emblèmes de la vérité. Sa
tige est droite et ferme comme la marche de l'homme juste. Elle
se distingue par un entourage de folioles gracieuses , comme
l'homme juste qui brille par les traces d'estime qu'il laisse dans
toutes ses fonctions industrielles ou administratives (feuille et tra-
vail sonl synonymes , dans la langue des analogies). La corolle est,
comme celle de la tulipe, un triangle sans calice , par analogie à
l'homme véridique ( lis) et à l'homme équitable {tulipe). Leur con-*
duite ne s'enveloppe d'aucun mystère. De même la racine bul-
beuse du lis, entr'ouverte de toutes parts en lames détachées, laisse
plonger le regard dans son intérieur , par analogie à la marche de
l'homme loyal dont le fond du cœur est à découvert. Dans cette
fleur, emblème de pureté et de droiture, on remarque deux parti-
cularités curieuses: elle esl perfide et vit reléguée au loin.
» 1° Perfide, ence qu'elle barbouille d'une poudre jaunâtre celui
qui , séduit par son doux parfum , s'en approche de trop près pour
la respirer. Cette souillure qui excite les huées , représente le sort
de ceux qui se familiarisent avec la vérité.
» Qu'un homme docile aux leçons des philosophes , et résolu à
pratiquer Y auguste vérité, qui est, disent-ils, la meilleure amie
des hommes , s'en aille dans un salon dire la bonne et franche
(1) Tout est lié , disent-ils, dans le système de l'univers, et il y a unité
d'action entre toutes ses parties.
T. II. 8G
082 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
vérité sur les fails et gestes des .assistants , sur les grivelages ( I )
des gens d'affaires et les intrigues secrètes des dames pré-
sentes , ou seulement leur faire sentir leur cgoisme , leur vanité ,
leur aveuglement , il sera conspué , traité de sauvage , d'ostrogolii ,
de butor. Chacun, par un geste d'horreur ou quelque chose de plus
significatif encore , lui prouvera que \ auguste vérité n'est pas du
tout lu meilhure amie des hommes, et ne peut conduire qu'à des
disgrâces quiconque veut la pratiquer. » Ou , s'il se contente de la
proclamer daus ses livres , les persécutions de toutes sortes seront
son partage. Il se verra , comme le bouc émissaire des Hébreux ,
chargé de l'analhème universel et précipité dans l'abîme.
î La nature a écrit cette leçon dans le pollen qui remplit les éla-
mines du lis. Il semble qu'elle ait voulu dire à l'homme attiré par
cette fleur : défie-toi de la vérité; ne t'y fie pas. C'est là le but de
ce barbouillage qu'elle imprime sur les nez imprudents qui se frot-
tent sans précaution à la fleur du lis , et se font l'instant d'après ,
montrer au doigt par les enfants comme on se fait montrer au doigt
par les pères , quand on se hasarde à leur dire Y auguste vérité.
» 2" Reléguée. La vérité est belle, si l'on veut, mais belle à voir
de loin ; et telle est l'opinion du grand monde , puisqu'il n'accueille
pas la fleur de vérité.
» On ne présentera pas un bouquet de lis à une femme de bon
ton , on ne verra pas de lis dans le salon d'un Crésus. Toute belle
qu'est cette fleur , malgré son parfum , son éclat , elle ne convient
pas à la classe des sybarites. Ils n'aiment le lis que de loin, comme
la vérité; ilsle relèguent dans les coins du parterre. La fleur, comme
bouquet, ne peut convenir qu'au peuple qui ne craint pas la vé-
rité. Aussi voit-on le lis figurer dans les fêtes publiques et sur la
porte des cabarets , où règne la vérité (2). Il charme les enfants
qui ne craignent pas la franche et bonne vérité. Enfin, on l'emploie
à orner les statues et les portraits des saints aux jours de fête ; et
c'est fort bien fait, de placer le symbole de la vérité entre les mains
des habitants du ciel ; car , si elle est de recette en l'autre monde,
elle ne l'est nullement en celui-ci.
» Si nous ignorons les causes qui ont présidé à chaque détail de
(1) Profits illicites et secrets qu'on fait dans un emploi. L'Académie ad-
met grivelce et grivèlerie; nous prelerons grivelage comme plus énergique.
(2) Dans les Pyrénées on atlache des bouquets de lis, le jour de Saint-
Jcan-liaptiste, sur la porte des maisons jusqu'.'i l'année suivante.
SIG.NES DIVERS. BOTANIQUE. ()S5
la création , nous sommes tentés à tout moment de critiquer la na-
ture et son docte auteur, dont nous admirerions le pinceau fidèle,
si nous savions déterminer par l'analogie le sens de leurs tableaux.
Le lis qui ne barbouillerait pas les nez civilisés, ne serait plus l'in-
terprète exact des périls encourus par cel ui qui vient dans le monde
pratiquer la vérité et la droiture. »
Nous ne pouvons résister au désir de reproduire , aussi fidèle-
ment que possible , encore quelques unes de ces analogies si inté-
ressantes, étudiées sur des fruits.
« La mûre de ronce , emblème de la vraie morale , qui ne pré-
sente comme la ronce que des épines , est un fruit fade et bon tout
au plus pour des enfants, mais inadmissible sur les bonnes tables.
Il en est de même de la morale , dont les systèmes ennemis du
luxe peuvent trouver crédit chez les enfants , mais qui n'en trouvent
guère chez les hommes faits. Ce petit fruit, en passant du ronge au
noir, de la couleur du luxe à celle du deuil , nous peint la marche
de la morale qui , fille de l'opulence ;, ne conduit , hélas ! qu'à la
ruine, à la pauvreté, à la mort, celui quila pratique dans le monde; »
ce qui certainement dénote un grand vice dans le mécanisme
social ; puisque ce qui, dans l'ordre de Dieu, devrait produire le
bien, comme la justice et la vérité , n'y peut jamais engendrer que
le mal. N'est-ce pas la meilleure preuve que la société n'est pas or-
ganisée selon les vues de Dieu, qui ne peut vouloir que le bien?
Et les partisans du meilleur des mondes , les vrais sages du Jour-
nal des Débats , ces plaisants Sganarelles de la comédie sociale,
n'ont-ils pas infiniment de grâce à nous chanter sur mille gammes
que tout est pour le mieux , et que l'assujétisseraent de 600 millions
d'hommes à des czars anthropophages et à des pachas coupe-têtes
est « la perfectibililé perfectible y> , qu'il n'est pas possible, lors-
qu'ils ont bien dîné . que quelqu'un ait faim !
Les plus grands génies , tels que les Montesquieu , les Rousseau,
les Condillac , les Voltaire, etc., etc., confessent le malheur uni-
versel et invoquent la découverte d'un ordre social moins pervers,
moins désastreux que celui auquel nous sommes soumis; mais il
suffit qu'au milieu de la débâcle générale le Journal des Débats ait
trouvé à s'arranger commodément dans un petit coin, pour qu'il ne
s'inquiète plus de ceux qui ont faim, qui ont froid, qui sont écrasés
sous les pieds des sophistes et des agioteurs , ou qu'il ne s'en in-
quiète que pour les railler sur leurs déconvenues vraiment ridicules.
i)Si CLEF DE LA LAAGLE ET DES SCIENCES.
Le Journal des Débats n'a pas assez de sarcasmes pour flétrir la
poésie el les poêles, qui s'apitoycnt sur les malheurs du peuple.
Mais n'y a-t-il pas véritablement de quoi nous éditier dans un or-
dre social, si évidemment contraire aux vues divines, que la vertu, ce
lien qui unit l'homme à Dieu, et le bonheur qui en émane, y sont im-
possibles? à moins qu'on n'appelé ver/M la quiétude de quelques gens
riches, eibonheur, l'outrageant épicurisme du Journal des Débats .
N'est-ce pas une chose admirable qu'un ordre social où chaque
classe est intéressée à souhaiter le mal des autres? « Où l'homme de
loi désire que la discorde s'établisse dans toutes les riches familles,
et y crée de bons procès? où le médecin souhaite à ses concitoyens
quelques bonnes fièvres et bons catarrhes (1) ? où le militaire appelé
de tous ses vœux une bonne guerre qui tue moitié des camarades,
afin de lui procurer de l'avancement? où le pasteur lui-même est
intéressé à ce que le mort donne , et qu'il y ait de bons morts, c'est
à dire, des enterrements à mille francs pièce? où l'éligible caresse
en son cœur une bonne proscription qui exclue la moitié des titu-
laires , el lui facilite l'accès ? Où le juge ne demande pas mieux que
de voir la France fournir annuellement 45,700 bons crimes, car
sans les crimes, les tribunaux seraient anéantis? où l'accapareur
réclame du ciel une bonne famine, qui élève le prix du pain au
double et au triple (2)? où pareillement le marchand de vins ne
rêve que bonnes grêles sur les vendanges et bonnes gelées sur les
bourgeons? où l'architecte, le maçon, le charpentier, n'aspirent
qu'après un bon incendie , qui consume une centaine de maisons
pour activer leur négoce? » où, d'un autre côté, l'on voit les Ho-
mère mendier leur pain, tandis que de vraies bêtes brutes sont lo-
gées dans de grands palais ? où les hommes qui honorent l'esprit
humain sont couverts de haillons, tandis que
Des roturiers vernis et des nobles déteints
Se raillent lâchement de nos sombres destins?
(1) Un religieux de l'Abbaye de Saint-Denis, apercevant le célèbre mé-
decin Thierri de Héry à genoux devant le tombeau de Charles VIII, crut
devoir l'avertir que ce n'était pas le tombeau d'un Saint.
Héry répondit qu'il n'invoquait point Charles VIII ; « mais ce prince ,
poursuivil-il , a apportéen Fiance une irialadiequi m'acomblé de richesses,
et pour un si grand bienfait je lui rends des prières que j'adresse à Dieu
pour le repos de son âme. »
(2) Toute ma vie je me rappèlerai cette parole que j'ai entendu sortir,
en 1832, delà bouche d'un riche propiiétaire des environs de Brive-la-
(jaillarde : « La récolte ne sera pas si mauvaise qu'on le dit. Tant pis ! car
mes greniers regorgent de grains dont j'aurais pu tirer un bon parti. »
SIGNES DIVERS. BOTAMQLE. 683
OÙ , pour tout résumer en un mol , la condition du peuple est cent
fois pire que celle des bêtes féroces , que celle du lion, bien vêtu,
bien armé , et prenant sa subsistance où il la trouve , sans courir le
risque d'être traîné au gibet ? »
Laissons le Journal des Débats s'égayer de ce beau spectacle, et
revenons à nos emblèmes.
« Passant du simple au composé;, de la mûre à la frambroise,nous
trouverons dans celle-ci l'image de la fausse morale, qui amalgame
avec quelques momeries de bons principes les dogmes d'ambition
et de rapacité. Elle s'en tient à la couleur du luxe , au rouge vif.
Elle rejette l'épine, par allusion à la morale mondaine qui rejette
les doctrines contraires au plaisir. Elle est comme la mûre, divisée
par petites capsules comprimées , en symbole de l'éducation civi-
lisée, qui, même chez les grands du monde, est un concours de
doctrines répressives et ne produit que des enfants viciés et sus-
pects. Aussi la framboise, qui en est l'hiéroglyphe, est-elle de tous
les fruits le plus véreux, ce qui la fait dédaigner généralement, mal-
gré sa saveur exquise. Les enfants seuls la mangent sans défiance;
de même que dans le monde les gens qui ont peu vécu se lient fa-
cilement avec un homme imbu de mauvais principes , mais sédui-
sant par la forme et le vernis. »
J'en passe et des meilleurs.
« Les groseilles sont l'emblème des enfants peu cultivés, et livrés
à la bonne nature. Ils sont d'une franchise mordante et indiscrète;
capables d'aller répétera une femme à prétention quelque fâcheuse
vérité qu'ils auront entendu dire. Le fruit qui peint ses petits di-
seurs de vérité est naturellement d'une saveur très-piquante. Il a de
la grâce , parce que la vérité est gracieuse chez l'enfant, et amuse
autant qu'elle pique. Un tel rôle n'est pas sans utilité; il corrige en
Tiani {castigat ridendo). Aussi le fruit du groseiller rouge est-il
purgatif et très-sain. La plante, par ses feuilles et ses grappes, res-
semble à la vigne, emblème d'amitié composée. Aussi ces enfants
libres, loquaces, indiscrets, sont-ils le plus adonnés àVamitié
simple .
» De tous les végétaux le raisin est le plus ami de l'homme ; le vin
pris modérément, met les convives en gaieté, en amitié, aide à la
digestion, etc. Le vin est aussi salutaire à l'homme fait que le rai-
sin qui le produit est salutaire à l'enfant, que ce fruit, bien mûr
cl mangé sans excès, rend frais et robuste, et prémunit fortement
/
680 <:i,EF DE LA LANGIE ET DES SCIENCES.
contre les maladies. I.a vigne vraiment amie de riiomme,veul
embrasser nos arbres, nos maisons. 11 faut qu'elle s'associe, qu'elle
forme des liens avec tout ce qui Teuloure. Aussi est-elle douée de
vrilles, attribut d'alliance et d'amitié. Elle ne donne de bon fruit
qu'autant qu'elle est fortement recepée ,» emblème frappant de la
société , dont on ne peut rien espérer de bon , tant qu'elle n'aura
pas été purgée de ce chaos inextricable de codes et de sophismes
diaboliques qu'elle pousse de tous côtés, et qui usurpent effronté-
ment la place de la loi divine ; loi d'union et d'amour, source unique
de tous les biens , après les quels soupirent en vain les peuples ,
condamnés par ce régime immoral et impie dont le Journal des
Débats \auie les douceurs , à n'ambitionner, hélas ! pour tonte dou-
ceur qu'un morceAa de pain au bout d'un travail meurtrier.
Le Journal des Débats tient à ce doux régime, comme le geôlier
tient à sa prison, le bourreau à son gibet. Et qu'est-ce que la société
organisée comme elle l'est aujourd'hui, sinon une vaste prison, re-
gorgeant de victimes, ou il n'y a un peu de bonheur que pour les
sbires et les bourreaux ? Quelle chose monstrueuse et digne unique-
ment de l'enfer que de voir des créatures de Dieu consentir à être
pour quelques sous les instruments de la tyrannie, de l'oppression,
de la persécution exercée sur leurs frères par des tigres à face
d'homme, qui ne connaissent d'autre loi que leur caprice et leur
humeur, pour déchirer, torturer, mutiler, exiler, brûler, égorger
les bètes humaines dont la présence les Importune; bêtes plus
bêles, en effet, que les plus stupides des animaux, qui ne se
laisseraient pas maltraiter ainsi sans opposer au moins une ombre
de résistance? — Quelle profonde et désespérante signification dans
ces paroles de Charles I'^''^ qui, comme il était sur le point d'être
jugé , entendant quelques soldats , soudoyés par leurs officiers, de-
mander à grands cris que justice fût faite , s'écria : « Pauvres mal-
heureux ! un peu d'argent de ma part leur en ferait dire autant con-
tre ceux qui les soudoient ! » Ainsi fait le Journal des Débats.
Comme le gui parasite , il s'attache étroitement à l'arbre qui le nour-
rit; cet arbre absorbàt-il en lui
Tout le suc de la terre et toute l'eau du ciel.
Comme le gui de chêne , le Journal des Débals a la prétention
de suppléer à tout , de guérir tous les maux. Malheur au poète mal
avisé qui n'accorde pas une foi entière à l'oracle sacré des Gaulois,
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 087
el qui vient tout ému de compassion pour les maux de l'humanité,
qu'il voit réduite à l'agonie faute d'air et de nourriture , représenter
à ce digne complaisant de l'autorité l'abîme incommensurable où
nous entraîne sa fausse sagesse ! on lâche aussitôt contre lui quel-
que limier de basse-cour, comme par exemple M. Cuvillicr Fleuri,
quelque dogue enragé qui le force à battre en retraite ! Tour le
Journal des Débats les grands hommes^ les grands orateurs, sont ceux
quMI peut gruger à son aise, comme pour un tas de vers le meilleur
des mondes possibles est le fromage qu^ils rongent. Nul n'a mieux
retenu que le Journal des Débats cette maxime infâme du maré-
chal de Villeroi , son digne maître en flagorneries : « Il faut , di-
sait-il , tenir le pot de chambre aux ministres , tant qu'ils sont
en place, et le leur verser sur la tête quand ils n'y sont plus.»
Et des hommes qui ont leurs cinq sens, qui voient, qui sentent,
qui goûtent , qui palpent , qui entendent ; des hommes qui ont
des yeux, des oreilles, des mains, des pieds, se laissent en-
core piper par ces charlatans, par ces escobards! Et les peuples
avertis par une voix secrète, qui est celle de Dieu, et qui leur crie:
(( Vous êtes tous frères, vous êtes tous membres d'une même famille,
dont le père est Dieu; vous avez tous des droits égaux à son héri-
tage qui est le bonheur; soyez donc frères , traitez-vous donc en
frères, unissez-vous , liguez-vous contre vos tyrans, contre vos
spoliateurs , contre vos bourreaux , pour extirper du milieu de vous
les misères sans nombre , les fléaux sans cesse croissants qui vous
brisent, qui vous accablent , qui de ce monde, oit Dieu notre père
à tous, vous réservait une vie de délices , font pour vous un hor-
rible enfer , » quoi ! les peuples à ce signal ne se lèvent pas comme
un seul homme pour venir dire à ceux qui s'arrogent le litre de pères
des peuples, pour venir leur dire, sans haine , sans colère, sans
esprit de vengeance, sans regard de flamme ou parole de sang, mais
avec calme, avec dignité, avec raison :« Nous n'avons qu'un seulpère
qui est dans le ciel, et qui nous a créés pour nous rendre heureux,
ayant tout fait pour cela, jusqu'à inventer pour nous les jouissan-
ces les plus raffinées, que ses anges peut-être ne connaissent pas,
jusqu'à épuiser pour nous le trésor infini de ses grâces ! Quant à
vous qui vous dites nos pères , vous n'avez jamais travaillé qu'à
notre malheur, profitant lâchement de notre simplesse , pour semer
parmi nous ces brandons de discorde et de haine , qui nous fai-
saient voir des ennemis dans nos frères , et nous poussaient à ver-
/
C88 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
serpar torrents le sang de nos frères; crime sans nom , dont voué
scvls profitiez ; habiles à le dorer d'un vernis de gloire ; crime j)our
le quel sans doute Dieu,, notre père, nous a maudits , mais qu'il
nous pardonne à la fin ; puisqu\ après avoir reconnu notre aveu-
glement, nous venons tous , la main dans la main, en frères qui
s'aiment et qui aiment leur père céleste, vous demander compte de
votre tutelle usurpée , et vous dire : Retirez-vous , vous n'êtes que
des traîtres , des imposteurs , des accapareurs , des bourreaux, des
suppôts de Satan; retirez-vous; nous ne voulons plus obéir qu'à
notre père céleste, à notre père si juste et si bon, qui, bien différent
de vous , nous apprend à nous aimer, à nous unir, à travailler
en commun au bonheur commun , à ne faire qu'un avec lui, afin
qu'il puisse répandre sur nous tous ses joies infinies. »
O peuples , tels sont les sentiments qui doivent vous animer.
Unissez-vous, liguez-vous; rappelez-vous que vous êtes tous frères;
comprenez enfin que vos discordes, vos divisions ne profitent qu'à
vos bourreaux; comprenez enfin que vous seuls faites toute leur
puissance, et que vous n'avez qu'à retirer votre épaule , ô miséra-
bles cariatides humaines, pour voir incontinent ces géants en pous-
sière.
0 peuples , abjurez toute haine , toute animosité ; ne rejetez pas
cette voix divine qui vous crie : vous êtes tous frères; ou soyez sûrs
que Dieu finira par s'éloigner de vous pour toujours , et que vous
périrez inévitablement. Refaites le mécanisme social, entièrement
détraqué par quelque secousse dont Dieu seul peut connaître la
cause (1), ou l'humanité , qui va encore de son ancien branle, ne
formera bientôt plus qu'un amas de ruines et de débris. La seule
condition de son existence est de rentrer au plus tôt dans l'unité
universelle ; car tout membre qui se sépare du corps est condamné
(1) Ce ne sont pas là des hommes ; il y a quelque, bouleversement dont
nous ne savons pénétrer la cause. ( J. J. Rousseau. )
Quelques uns , fondés sur des traditions sacrées, pensent que l'état ac-
tuel est un état de punition et de ruine ; que ce monde a existé avec
d'autres harmonies. ( Bernardin de Saint-Pierre. )
Mais il est des personnes qui, parce que leur esprit n'a jamais entrevu
un meilleur état social , afErnient qu'il n'en peut exister. Elles conviennent
des maux de l'état social tel qu'il est, et s'en consolent en disant qu'il n'est
pas possible que les choses soient autrement. ( J.-B. Say, )
Un jour viendra où les lumières les plus inespérées , où les harmonies
les plus sublimes , ne seront qu'un jeu pour l'esprit humain dirigé par des
méthodes plus exactes. ( F*'"" ).
SIGNES DIVERS. BOÏAISIQUE. ÔSiî
à sourfrir et à mourir. L'état de souffrance de l'humanité doit lui
faire comprendre son isolement du grand tout, et la pousser dans
la seule voie de'salut qui lui reste, c'est à dire, lui faire chercher par
quels moyens elle pourra réparer le désordre qui retarde sou mou-
vement et la met en désaccord avec l'univers.
O peuples, figurez-vous ce que serait une scène de la nature , si
elle déviait un moment de la voie divine. Un grand peintre. Cha-
teaubriand, va vous dévoiler ce tableau. Regardez : « Les nuages ,
«obéissant aux loisde la pesanteur, tomberaient perpendiculairement
» sur la terre, ou monteraient en pyramides dans les airs; l'instant d'a-
» près l'atmosphère serait trop épaisse ou trop raréfiée pour les or-
» ganesde la respiration. La lune, trop près où trop loin de nous,
» tour à tour serait invisible, tour à tour se montrerait sanglante,
» couverte de taches énormes , ou remplissant seule de son orbe
» démesuré le dôme céleste. Saisie comme d'une étrange folie, elle
» marcherait d'éclipsés en éclipses, ou, se roulant d'un flanc sur
» l'autre, elle découvrirait enfin cette autre face que la terre ne con-
» naît point. Les étoiles sembleraient frappées du même vertige; ce
» ne serait plus qu'une suite de conjonctions effrayantes. Tout à
» coup un signe d'été serait atteint par un signe d'hiver; le Bou-
1) vier conduirait les Pléiades, et le Lion rugirait dans le Verseau.
» Là des astres passeraient avec la rapidité de l'éclair; ici ils pen-
» draient immobiles; quelquefois, se pressant en groupes, ils
t) formeraient une voie lactée, puis disparaissant tous ensemble, et
0 déchirant le rideau des mondes, selon l'expression de Tertullien,
» ils laisseraient apercevoir les abîmes de l'éternité.»
Telle est, ô peuples , Thorrible condition où vous a réduits votre
aveuglement, ou peut-être votre révolte envers Dieu. Le désordre
règne partout dans cette société qu'on vous présente comme le ré-
sultat des lois divines. Rien n'y est à sa place ; tout s'y heurte et s'y
brise.
Ce qui végète en bas déviait briller en haut,
Et ce qui pèse en haut devrait croupir en bas.
Partout le vice, l'intrigue , l'oisiveté, la stupidité, y regorgent
de biens et d'honneurs ; tandis que la vertu, la vérité, le travail, le
génie, y sont honnis, bafoués, foulés aux pieds, traînés en prison,
privés d'air et de jour , étouffés , écrasés, martyrisés de mille ma-
nières. — Pourrait-il en être ainsi (lan> un monde réglé selon DitMi?
T. II. ^7
690 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
N'est-ce pas blasphémer que de croire que Dieu approuve un or-
dre de choses qui consliUie le malheur perpétuel de la race hu-
maine? qui engendre la fraude, l'hypocrisie, la trahison, l'adultère,
l'inceste, le viol, le pillage, le meurtre, le parricide, tous les vices,
tous les crimes, toutes les horreurs; qui pousse à toutes les fureurs,
à tous les excès ; qui arme le père contre le fils , le fils contre le
père; qui jonche nos champs de bataille de cadavres, nos rues de
mendiants, nos hospices d'infirmes , nos bagnes de scélérats; qui
consacre partout le triomphe de l'injustice et de la bassesse; qui
produit nécessairement l'athéisme, parce qu'il fait douter de la Pro-
vidence?— un ordre de choses si vicieux, qu'il ne peut subsister un
moment que par la violence et par l'appareil des supplices? — un
ordre de choses parfaitement disposé pour l'intrigue , la duplicité,
la ruse , la perfidie , mais tout semé de trébuchels et de chausse ■
trappes, où ne peuvent manquer de se prendre les âmes généreuses,
les cœurs candides, les natures selon Dieu? — un ordre de choses
au contact du quel s'évanouissent les divines illusions de l'enfance
et de la jeunesse, où les meilleurs naturels se corrompent.
Où les plus nobles cœurs sont les pins malheureux?
— un ordre de choses , enfin , qui fait que dans le magnifique con-
cert des sphères célestes la terre ne jète, hélas ! qu'un immense
gémissement, dont tressaille et frémit toute la création?
Oh ! que le Journal des Débats a bonne grâce à nous vanter
cet Eldorado politique et social ! Ils n'entendent pas , ces imper-
ceptibles cirons, ils n'entendent pas le cri de l'esclave qu'on fla-
gelle, de la mère à qui l'on arrache son unique fils, de l'enfant
que son propre père est forcé de vendre, faute d'un morceau de
pain pour le nourrir, de la jeune vierge que la misère pousse à la
honte , de toute une nation qu'on réduit à la condition de bêles
de somme, de tout un peuple qu'on égorge, de cent millions
de familles mourant de faim. Surtout ils n'entendent pas, ils ne
peuvent pas entendre ce râle affreux de tant de nobles âmes, — flam-
beaux divins, — de tant de nobles âmes agonisantes, qui, long-temps
minées par le chagrin, par le regret, par le désespoir, s'éteignent
silencieusement dans l'ombre et dans l'abandon.
Mais moi , qui souffre aussi et qui sens les autres souffrir; moi
qui porte en mon âme un brasier de douleurs inextinguibles , que
je ne dois qu'à mon extrême sensibilité et au milieu délétère dans
SIGNES DIVERS. UOÏ.VMUUE. (iOI
le quel je vis; moi qui, né avec tous les élémeuls du bouheur, nie
suis vu réduil , par l'effet de celte organisation admirable que vante
le Journal des Débats, — sans avoir rien fait pour le mériter, —
à une condition telle que les damnés de l'enfer hésiteraient à chan-
ger la leur pour la mienne ; moi , qui ai toujours eu sous les yeux
les spectacles les plus déchirants , et qui pour ma part ai connu
tous les supplices du cœur; moi, je puis parler avec quelque droit
de la plaie humaine ; plaie horrible que j'ai sondée , et à la quelle
nos ergoteurs et nos diplomates n'apportent , hélas! que des pallia-
tifs dérisoires.
0 peuples, quel est votre aveuglement! Peuples, écoutez-moi.
Le bonheur est comme un soleil vers le quel gravileut les âmes et
qui peut les éclairer toutes de ses rayons bienfaisants; mais il faut
qu'elles restent toujours dans la même harmonie , qu'elles ne dé-
vient jamais de la ligne divine; sinon elles s'égarent, s'entrecho-
quent, se brisent; et le soleil, hélas, n'éclaire bientôt plus que leur
agonie.
Si donc vous voulez être heureux, soyez unis, soyez frères, ral-
liez-vous à l'unité de l'univers ; car au delà il n'y a que désordres,
crimes, et malheurs ; car l'influence de Dieu ne se fait sentir qu'aux
membres qui lui demeurent unis. Pénétrez-vous bien de cette unité
universelle ; pénétrez-vous bien qu'il ne peut pas y avoir de dua-
lité d'action dans le système du divin mathématicien; et, pour vous
élever à la parfaite intelligence de cette sublime économie, où tout
se lie, touts'enchaine dans un ordre admirable; pour y conformer
les lois de votre mouvement social , pour y retrouver votre place
perdue, étudiez les rapports qu'il y a entre vous et la nature, entre
vous et Dieu, étudiez les analogies. Étude plus importante qu'on
ne pense, en ce qu'elle seule peut vous éclairer sur l'universalité
de la Providence , et qui , commencée par les anciens , dédaignée
par les modernes, prouve qu'au lieu d'avancer, la science a rétro-
gradé sur beaucoup de points , où l'instinct avait mieux guidé les
anciens, surtout les poètes; car pour les philosophes ils n'ont fait
de tout temps que jeter des entraves sur la voie humaine, en s'in-
terposant sans cesse entre Dieu et l'homme, en cherchant à étouffer
sous mille morales contradictoires et diaboliq\ics les plus nobles
instincts de Dieu ; tas d'insensés aux quels l'humanité s'est confiée
eu aveugle, et qui n'ont fait que la conduire de malheur en maliicur.
692 CLUV DE LA LAN(iLE ET DES SCIENCES.
J'abîme eu abinie, jusqu'au fond du gouffre, où on l'entend hurler
de douleur.
Nous autres littérateurs de l'école moderne, nous avons peut-être
un peu trop ridiculisé la mythologie. L'Olympe des païens, où les
poètes , toujours mieux inspirés que les philosophes, toujours plus
rapprochés de la vérité qui est Dieu , avaient si bien accordé et équi-
libré toutes les passions humaines divinisées, ne serait-il pas la fi-
gure de cet autre olympe promis par Fourier, où les passions se
rangent chacune à leur place et concourent toutes à la perfection
du grand tout? but qui est certainement celui au quel doit tendre
la race humaine, puisque Dieu n'a pu la créer que pour qu'elle as-
pirât sans cesse au bonheur; et que le bonheur (on ne peut le nier)
n'est que dans la réalisation plus ou moins complète de nos désirs,
nés de Dieu , c'est à dire, de nos passions , sans les quelles l'homme
n'est plus qu'un cadavre.
Le Dieu de bonté , le Dieu fait homme , ne dit, en effet, nulle
part : sorjez malheureux , soyez esclaves , luttez sans cesse contre
vos passions, contre vos désirs, contre vos besoins, souffrez, car Je
ne vous ai créés que pour souffrir. Non, il nous répèle sans cesse,
au contraire, ou par lui-même ou par la bouche de son fidèle disci-
ple Paul : «Aimez-vous les uns les autres comme des frères,
SANS DISTINCTION NI DE RANG, NI DE NATION, NI DE RELIGION;- ET JE NE
VOUS DEMANDE PAS AUTRE CHOSE ; c'CSt à dire, ACCORDEZ-VOUS POUR
VOUS RENDRE HEUREUX MUTUELLEMENT , CAR c'eST DE VOUS-MEMES ,
MES ENFANTS , QUE DEPEND TOUT VOTRE BONHEUR. »
11 est certain , comme je Tai prouvé dans le Livre de Toits , que
l'homme en harmonie avec lui-même , avec la nature , avec Dieu,
ne peut plus connaître le mal; et Dieu le savait bien , puisqu'il a
regardé tout autre précepte comme inutile après celui-ci : «Aimez-
vous LES UNS LES AUTRES COMME DES FRERES , ACCORDEZ-VOUS MU-
TUELLEMENT ; c'est LA TOUTE LA LOI . »
Il est donc clair, il est donc évident qu'une civilisation qui ne
préseule que le risible mécanisme des portions du tout agissant et
votant chacune contre le tout n'est pas l'ordre voulu par Dieu ; qu'il
y en a un autre qu'on retrouve partout dans la nature, dans les astres,
dans les animaux, dans les plantes même, et avec le quel l'homme
seul est en désaccord.
a Cherchez et vous trouverez » , dit Jésus-Christ. Il y a donc
un trésor caché, un trésor divin, destiné à faire le bonheur des
SIGNES DlVEllS. BOTANIQUE. (595
hommes, et qu'il ne dépend que de nous de découvrir. Les philoso-
phes sont donc bien coupables de tourner sans cesse depuis trois
mille ans dans le même cercle d'erreurs et d'extravagances , er-
reurs cent fois réfutées, cent fois reproduites , avec tout l'acharne-
ment d'une véritable folie, — au lieu d'appliquer les forces que
Dieu leur a départies dans des vues meilleures à la recherche active
et incessante de ce trésor, solennellement annoncé et promis au
monde; trésor qui est peut-être déjà trouvé, mais que les quatre fa-
cultés, toujours frappées du même vertige, repoussent obstinément,
comme elles ont autrefois repoussé l'idée d'un nouveau continent,
celle du mouvement de la terre , celle des forces de la vapeur ,
trouvée au dixième siècle par Gerbert, d'Aurillac, successeur de
Grégoire V, et de raille autres non moins éblouissantes pour leur
faible vue.
« Cherchez et vous trouverez , » dit Jésus-Christ. Mettez-vous
donc une fois à l'œuvre. Étudiez la nature, étudiez-la dans ses rap-
ports avec vos instincts, avec vos passions, pour vous convaincre de
plus en plus qu'il n'y a de salut pour l'humanité que dans son adhé-
rence pleine et entière à l'unité universelle j que jusque là elle ne
doit s'attendre qu'à des souffrances toujours croissantes ; souffrances
si réelles, quoi qu'en dise le Journal des Débats, à la vue bornée,
qu'il vaudrait mieux pour les 99 centièmes des hommes qu'ils n'eus-
sent pas vu la lumière du jour ; celte lumière qui pourtant , dans les
vues de Dieu , ne devait éclairer que des joies et des jouissances!
C'est pour vous faciliter cette étude si intéressante de la nature ,
que je me suis plu à vous familiariser , dans ce livre, destiné à tous,
nécessaire à tous, avec les premiers éléments de l'astronomie et de la
botanique. Je me suis étendu un peu plus sur les caractères et les
propriétés des plantes, afin de vous aidera en déterminer les emblè-
mes 5 inépuisables sujets de recherches et d'observations pour vos
élèves, très-propres à fixer leur attention, à développer leur intel-
ligence, à former à la fois leur cœur et leur esprit. Ne serait-ce pas
pour eux une chose neuve et très-stimulanle que d'avoir, — pour
matière de composition, au lieu des choses fastidieuses dont on les
endort, — à déterminer les rapports de V amandier avec Vétourdi,
de l'anémoweavec \e parvenu opulent, delà bardane ayec Vimpor-
tun, de la buglosse avec le menteur, de l'églantier avec le poète ,
du gouet gobe-mouche a\ec \' intrigant, du lierre avec Vami vrai,
du jonc des champs avec Venfanl docile, du géranium écarlate avec
694 CLEF DE LA LA.\(;iIE ET DES SCIENCES.
V imbécile , du narcisse avec l'égoïste, de Vophride mouche ou de
Vasperge a\ec la philosophie , de la renoncule avec Véliqueite de
cour, de la rose avec la beauté, de la spirée ulmaire ayecVinutilité
des grands, de la véronique avec la fidélité, de la violette avec la
modestie , etc., etc.? Outre qu'une telle série d'exercices leur ferait
faire de rapides progrès dans la science des mots et des choses, elle
fournirait encore à la philosophie , à la morale , si sûre de sa puis-
sauce sur la nature , — par la révélation spontanée et complète de
leurs goûts, de leurs préféreuces, de leurs répulsions , de tous les
germes de vice ou de vertu qu'enferme leur âme, — elle fournirait,
di?-je, à la philosophie, à l'éducatiou , les moyens de réparer , de
redresser ces torts d'un Dieu par trop inintelUgent (toujours au dire
des philosophes).
Uanscebut,j'ajouteiciune liste alphabétique, latiue et française,
de tous les noms génériques de végétaux, avec l'indication de la fa-
mille à la quelle ils appartiennent ; afin qu'en entrant au Jardtw des
Plantes ou dans tout autre jardin botanique , vous puissiez , sur la
simple étiquette d'une plante, en trouver facilement la description
dans ce livre.
Liistc alpliabêtlqne des IVoiiiis gcncrlqnes de Plantes,
AVEC LA TRADUCTION FRANÇAISE.
Noms latins ou barbares.
A
Abama, jonc.
Anlhcricuni, jonc.
Abatia, tiliac,
Abies {sapin), conif.
AbroiiKi, bijllii.
Abronia, nyctag,
Absinthium [absinthe)
corymh,
Acalypha (ricinelie),
eupli.
Acanlliophore, alg.
Acanthus {acanthe),
acanth.
Acer {érable) , acérin.
Aceratum, til.
Acicarpha, calyc.
Acidolon, ciiph.
Ac\n\\cs{-ltcc),corijm.
Achiranthes ( cadeta-
ri), amarant.
Achras {sapotillier),
sap.
Acnida, atnar.
Acorus, aroïd.
Acrostichuin, foug.
Actinophylluni, aval.
Adansonia ( baobab ),
nialv.
Adelia, euph.
Adenantheia , lég.
Adenostemum, laur.
Adiantum {capillaire)
foug.
^gilops {-ope), grain.
.'E'ficeras, sapot.
.'E^'iphUix, ver b., a ce ri II
/E!»Culus(/i'7'/'ora.<;/nHc)
.^îthionema, crucif.
Agiapanthus, liliac.
Agaricus, champ.
Agalhis, conif.
AgaUiophyllum ( ra-
7wnsara), taurin.
Agave, bronicl.
Ageratuni, card.
Agriphyllum, corymb.
Agrostis(-fiV/e), grain.
Agyneia, euph.
Aira {canche), gram,
Ajuga {buglc), lab.
Alangiuni, myrt.
Albuca, liliac.
Alchoriiea, ciiph.
Aldrovanda, cappar.
Aletris, ///.
' Aleuriles, euph.
Alisma ( planiai^i
d'eau), alismac.
Allamanda ( orèlie ) ,
apoc.
Allionia, nyct,
Allium (ail), lil.
Alnus {aune) , amcni.
Aloe {aloés), lil.
Alopecarus ( vulpin ),
gram.
Alpinea, aniom.
Alstrœmeria ( pèlegri-
nc), narciss.
Allha^a ( guimauve ) ,
malv.
Alyssum {corbeille
d'or), crucif.
Auionila, champ.
Amanoa, euph.
Amarantus, amar.
Amaryllis, luirciss,
Amavinga, rham.
Ambora ( bois tam-
bour), urtic.
Ambrosinea, aroïd.
Amellus, corymb.
Amethistea (-tée), lab.
Animi, ombcllif.
Ammomum (-morne,)
amom.
Amperea, cupk.
Amyris { balsamier ) ,
téi'éb.
Anabasis, amar.
Anabœna, ewph.
Anacardium {acajou),
tcrcb.
Anacyclus, card.
Anagqllis {viouron) ,
primul.
AnaiThinum,rAfiia»i(.
Anastatica ( gérose ),
crucif.
AnchonJum, crucif.
Anchusa ( buglossé) ,
borrag.
Anda, euph.
Andrachne, euph.
Andriea, mousses.
Andrew sia, cbcn.
Audromeda, éricin,
Andropogon(6ar6o«),
gramin.
Androsace ( -selle ) ,
prim.
Andryala, cliicor.
Anethum, ombell,
Angelica ( -gélique ) ,
omb.
Angophora, myrt.
Anisonema, eupli.
Anoda, malv.
Anona {corossolier),
Anredcra, amar.
Anthemis(ca?no7nî7/c),
corymb.
Anthericum, lil.
Anthoceros, hcpat.
Antholyza, irid.
Anlbospermum, rub,
Anlbostemma, cuph.
Anlboxantlium ( flou-
vc), grajii.
Anthriscus, omb.
AnlJrrhinum(mM/?îej')
SIGNES DIVERS
rhinant.
Apargia, chic.
Apeyba, tiliac.
Apbyllaiites,j o;ic.
Apium {persil), omb.
Apliula, gram.
Apocyniis, apoc.
Arabis {bette), crue.
Araschis {-chic), Icg.
Aralia {-lie), araliac.
Aradcaria, couif.
Ai'butus ( -bousier ),
e'ric.
Arctium ( bardane ) ,
carduac.
Arctopus, ombcllif.
Arctotis, corymb.
Areca {arec), palm.
Arethusa {-rcihuse ),
Orchid.
Aretia, primul.
Argemone, papav.
Argopbyllum, èric.
Aristea {-tce), irid.
Arislida {-tide), gram.
Aristolocbia {-loche),
a ris toi.
Arnica {-nique), cor
Artedia, ombell.
Artemisia {armoise),
card.
Artocarpus (jacquier)
urtic.
Arundo ( roseau ),
gram.
Arum {gouel) , aroïd.
Asaïuni, aristol.
Asclepias(-arf<'), apoc.
Asparagus {asperge),
asparagiii.
Asperococcus {-oque),
algue.
Asperugo ( ràpctte) ,
borrag.
Asperula ( -pcrule ) ,
rub.
Aspbodelus {-dcle),lil.
Aspidium, foug.
Asplcniuui {doradillc)
foug.
Assonia, byttn.
Aster, corymb.
Astrantia(-rt/icc),omb.
Aslroppga, byttn.
Alalantia, aurani.
Athamantha, ombell.
DOTANIQUE.
Athanasia ( -îiasie ),
card,
Atberosperma , unie.
Athyrism, foug.
Atractylis, card.
Atriplex ( arrocke ) ,
amarant.
Atropa ( belladone ),
solan.
Aubrietia, crucif.
Auransia, alg.
Avena {avoine), gram.
Averrhoa, téréb.
Axyris, amarant,
Axia, nyct.
Ayenia, byttn.
Aylantlius, tèrcb.
Azalea, éricin.
AzoUa {-zollé), rkiz.
Bœa {béole), rkin,
Bœckea, ontgr.
Bœomyces, lych.
Balanophora {-phore)
fluv.
Balanopteiis, byttn.
Ballota {-lote), tab.
Balsamita, card.
Balsamodendron , ter.
Banara, til.
Baneksia, protcac.
Banera, saxif.
Banisteria, malpigh.
Baopa, poriul,
Barbai'ea, crucif.
Barleria {barrelicrc),
acanth.
Barringtonia, myrt.
Bartramia, mouss.
Bartsia, rhin.
Basella {-selle), amar.
Bassia oumava,.srt;jof.
Batrachosperma, {frai
-de-grenouille) alg,
Beaufortia, myrt.
Befaria, éricin.
Beforis, ombel.
Bégonia, bégoniac.
Bellis {pâquerette) ,
corymb.
Berberis {épinc-vinette
bcrbérid.)
Bergera, aurant,
Berteroa, crucif.
695
BerUioletia, myrt.
Belleria, rkin.
Beta {poirée 021 bette),
amarant.
Betonica ( bctoine ) ,
lab.
Betula ( bouleau ) ,
amen tac.
Bidens {-dent), cor.
Bignonia ( -gnone ) ,
bignoniac.
Billiardiera ( -dicre) ,
solan., pitlosp.
Biscutella , crucif,
Bisserula, lég.
Bivonœa, crucif.
Bixa {rocotî), tiliac.
Blackwellia, rosac.
Blasia, hépat.
Blecbnum, foug.
Blepbaris, acanth.
Blilum {blctc), amar,
Bolastia, gram.
Bocconia, papav.
Bochemeria, urtic.
Boerrhaavia , nyct,
Bolax, ombell.
Boldea, urt.
Boletus, champ,
Boleum, crue.
Bombax ( fromager),
malv.
Bomplandia , polcm,
Bonalea, orchid.
Bonlia {daphenot), so-
lan.
Boopis, calyc.
Borassus ( rendier ),
pam.
Borbonia, Icg.
Boronia, rutac.
Borrago ( bourrache,
borragin.
Borya, jasm,
Bosca, amarant,
Bossiiua, lég.
Boswellia, téréb.
Botrychium {lunaire)^
foug.
Bouginvillœa ( -gain-
villéc), nyct.
Bouwlesia, omb.
Brabcia ou brabeium,
protéac.
Bracliycarpœa,c/'Mc//".
Brassica {chou), crue.
696
Bredomeyra, léfj.
lîrcnioiilicra, lég.
Brelonia, moir.
Jîridclia, ciip/i.
Briza ( amour elle ) ,
fjram.
Bromelia , broméliac.
Bromus ( brome ) ,
gram,
Broussonclia , urtic.
Browallia ( -aile ) ,
rhinant.
Bnicca, tcrcb.
Bruiiia, rhamn.
Bninsfelsia, solan.
Brjonia ( bryone ) ,
cucurb.
Bryopliillum, crass.
Biyopsis, alg.
Bryuui, mouss.
Bubon, ombell.
Bubioma, bylln.
Buchnera, rhinant.
Bucida, éléagn,
Budleja, rhinant.
Buffonia, caryoph.
Bulbocodiuui, colchic.
Bulliarda, crassul.
Bunias, crucif.
Bunium {terre-noix),
ombell.
Buphthalmuii), cor2/m.
Buplevrum {-plèvre),
ombell.
Burasaia, mcr.isp.
Bursaria {-saire), pit-
tospor,
Butea, lég.
Butera, byttn.
Buxbaumia, mouss.
Buxus {buis), euph.
Byblis, capparid.
Byssus, faux champ.
Bystropogon, lab.
Byttneria, byttnériac.
Cabomba, alism.
Cacalia, cai-d.
Cacbrys, ombell.
Cactus, opuiti.
Cacucia, combrct.
Cadaba, capp.
Caesalpina, léfj.
Cakilc, crucif.
Calamns ( rotang ) ,
CLEF DE LV LANGUE ET DES SCIENCES.
palm.
(lalcoolaria, rhin.
Calcilrapa, card.
(lai (M, (•(/)■(/.
(;al('ndula(soi(c/),rco,
('alepiiia, ci-ucif.
('.alla {(iroïde), aroïd.
Callicarpa , verbén.
Callicoma, saxifr.
Calligonuni, polygon.
Callistachys, lég.
Callistemon , tnyrt.
Callitriche {-trique),
fliw.
Callitris, conif.
(^alodendrum , rutac.
Calophylluni, gutt.
Caltha ou populago ,
rcnonc.
Calycanthus {pompa-
dour), rosac.
Calyccra, calycérccs.
Calycium, lich.
Calymenia, ,njct.
Calypso, acèrin.
Galyptrantes, myrt.
Galytriplex, rhin.
Calytrix, myrt.
Camara, verbén.
Cauiellia, aurant.
Cauielina, myrt.
Campanula, camp.
Cainphorata ou cam-
pliorosnia {-pkréc),
amarant.
Cauarina, camp.
Canna {alisier), amo.
Cannabis {chanvre),
urtic.
Cannella, guttif.
Cantua, pulémon.
Capnophyllum, omb.
Capparis ( câprier ) ,
capp.
Capraria, rhin.
Capsella, crucif.
Capsicum {piment ) ,
solan.
Caragana, lég.
Carapa, méliac.
Cardamine, crucif.
Cardiospernuim, sap.
Carduus {chardon) ,
card.
Carex {laîche), cijpér.
Carissa {calac), apoc.
Carlina, card.
Carpesiiini, card.
Carpinus ( charme ) ,
amenl.
CarricUtcra, crucif.
Carlhamus ( -thame),
card.
Carum {carvi), omb.
Carya, téréb.
Caryophyllus ( géro-
flier), myrt.
Caiyota, palm.
Casearia, rhamn.
Cassia {casse), lég.
Cassine , rhamn.
Cassyta, laurin.
Castanea {châtaignier)
amen t.
Castela, magn.
Castileja, rhin.
Casuarina, ament.
Catalpa, bignon.
Catananclie(cM;?!rfoHe)
chicor.
Catinga, myrt.
Caturus, cuph.
Caucalis, ombell.
Caulerpa, alg.
Cavanillea, ébén.
Cavanillesia , mair.
Ceanotlius, rhamn.
Ceciopia ( bois trom-
pette), urtic.
Cedrela {-drcle), mcl.
Ccdrus {-drc) , conif.
Celastrus, rahmn.
Celosia, amarant.
Celsia, solan., rhin.
Celtis { micocoulier ),
ament.
Cenclirus ( racle ) ,
gram.
Centaurea {-réc). card.
Centauiium {-taurcl-
le),gcnt.
Ccntrantlnis, valér.
Ccntunculus {-tenille)
primul.
Ccphalanlluis, i-ub.
Céramium, alg.
Cerastiuni {-este), car.
Ceratostcma, camp.
Cerasus ( cerisier) ,
rosac.
Ccrathosanthcs, eue.
Ccialiola, éricin.
Ceratocarpiis, amar.
Ceralonia {caroubier,
lég.
Ceiatopetalum, saxif.
Ccrbcia ( ahonai ) ,
apoc.
Cercis {gaînier), lég. '.
Cercodca, onagr.
Cerinthe ( mélinet ) ,
borrag.
Ceropegia, apoc.
Cestonia, combrct.
Cestrum {-trau), sol.
Ceterach, foug.
Chaerophyllum ( cer-
feuil), omb.
Chailletia, rhamn.
Chamailaucium, m.yrt
Chamasrops, palm.
Chaniira, crucif.
Cliampia, alg.
Chaos]) limordialis
{globuline), alg.
Chaptalia, card.
Cheiranthus {giroflée)
crucif.
Cheirostemon, malr,
Chelidonium {-doine),
papav.
Chelone {galanc), bi-
gnon.
Chenopodium {-pode,
patte-d'oie ou anse-
rine), amar.
Cherleria, caryoph,
Chicoriuui {-rée),chic.
Chionanthus, jasm.
Chironia, gentian,
Chlora, gentian.
Chlorantlius, loranth.
Cliloroxylon, méliac.
Chondrus, alg.
Chondiilla ( -drille ),
chicor.
Chorda, alg.
Choiisia, malv.
Chorispora , crucif.
Chorizema, lég.
Choromiron, gutt,
Chrysanthemum {-thè-
me ), corymb.
Chrysobolanus, rosac.
Chrysocoma {-covie),
card.
ChvysophyHum (mï-
mcticr), sapot.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE.
Chrysosplenium ( do-
rinc), sa.vif.
Clmncoa, combrét,
Cicca, eu-pli.
Cicer {pois cliiche),
Cicuta {ciguc), ombeL
Cimicifuga, renoue,
Cinara {artichaut ),
eai-d.
Cinchona {quinquina)
rub.
Cineraria {-ncrairé) ,
corymb.
Cinna, gram.
Cinopiina, cbén.
Circaea {-ccc) , onngr.
Cissampelos {pareiva)
ménisp.
Cissus, sarm.
Cistus, cislin.
Citrosnia, lu^ic.
Citrus {oranger et ci-
tronnier), aurant,
Cladonia, lic/i.
Claoxylon, eupli.
Clarckia , onagr.
Clathrus, champ.
Claudea, alg.
Clausena, aurant.
Clavaria, champ,
Claytonia, portai.
Clematis, renoue.
Cléome, capp.
Cleonia, Lab.
Cleiodendrum ( péra-
gu), verbcn.
Clethra, éricin.
Clifforlia, rosac.
Clinopodiuni, lab.
Clitoria, lég.
Clusia (-sî'er), gutt.
Clutia, euph.
Clypeola, crucif,
Cneorum ( camctce ),
téixb.
Cnestis, tèréb.
Cnicus , card.
Cnidium, omb.
Cobœa, bignou.
Coccoloba {raisiuier),
polygon,
Cochtearia, crucif.
Coco6{cocoticr),palm.
Codia, saxif.
Codiœum, ciip/i.
CofTea {caféier), rub.
Cogswellia, omb.
Coix {larmiUe),gram,
Colberlia, magu.
Colchicum, colchic.
CoUaua, lég.
CoUema, lich.
Colletia, rhamn,
Collinsonia {-oue),lab.
Collisia, commet,
Cologaiiia, lég.
Cblumnea {-»éé),rhi7i.
camp.
Colutea ( bagucnau-
dicr), lég.
Comaspermum , pol.
Combretum, combr.
Commclina, commet.
Commersonia , byttn.
Commia, euph.
Comocladia, téréb.
Comptonia, ament.
Conceveibum, euph.
Conepia, rosac.
Confcrva (-l'c), atg.
Coniocarpon, iich.
Coï\mn\{granae ciguc)
omb.
Connavus, téréb.
Conocarpus, combrét,
Conoria, berbér,
Conospcrmum {-me),
protéac.
Convallaria {muguet),
aspar.
Convolvulus {liseron),
convolcul.
Conyza, card.
Cookia, aurant.
Copaïfera {-païer) , té g,
Corcliorus ( corde ) ,
tiliac,
Cordia {sebestier) ,
borrag.
Cordylocaipus, crxic,
Coréopsis, corymb.
Coriandrum, ombcl.
Coriaria {redoul), urt.
Coiis, primul.
Coniicularia {-taire),
tich,
Cornucopi;c ( corne
d'al)ondancé),gram.
Cornus {cornouiller),
cap ri fol,
(lonuilia {-ude), rcrb.
Coronilla {-tiitle), lég.
Corrca, rutac.
Corrigiola, paronych,
Corlesia, borrag,
Corlus, primul,
Corycium, orchid.
Corydalis {-date), pa-
pa v.
Corylus ( coudriet- ) ,
amen t.
Corypha, patm.
Corysperuiuui, amar.
Cosniea, corymb.
Cossignia, sapind.
Costus, amom.
Cotula, corymb.
Cotylédon {cotylct ),
crassut.
Couratari, myrt.
Couroupita, myrt.
Coutoubœa, genlian
Craïube, crucif.
Cranichis ( -idc ), or-
chid,
Crassula(-su/e), crass.
Crata;gus ( alisier ) ,
rosac.
Cratœva, capp,
Cremolubus, crucif,
Crenia, lythr.
Crépis {-pide), chicor.
Crescentia ( calcbas-
sier), solan.
Cressa, conuotv.
Crinum {-note), narc.
Crislaria, matv,
Crocodilium, card.
Crocus {safran), irid-
Crotalaria ( -taire ) ,
lég.
Cioton ( tournesol ) ,
euph.
Crolonopsis, euph.
Crozopliora, euph.
Crucianella {-nette) ,
rub.
Crucita, amarant.
Crytmum , ombetl.
Cucubalus { béhen ) ,
caryoph.
Cucumis {concombre),
cucurb.
Cucurbita ( courge ) ,
cucurb,
Ciiniinitm, ombctt,
Cunila, tub.
697
Cunningliamia , cou,
Cunonia, saxif,
Cupania, sapind,
Cuphea, lythr.
Curatella, magn.
Curcuma, amom.
Cuscuta {-cutc), cour.
Cussonia, araliuc.
Cyamopsis, lég.
Cyanus, card.
Cyanella, tiliac.
Cycas {-cadéc), gram.
Cyclamen ( -clame ) ,
primul.
Cyclantus, balanoph.
Cyclopia, lég,
Cydonia, rosac.
Cynibaria, rhin.
Cymbidiimi, orchid,
Cynanchuni, apoc.
Cynoglossum {-gtosse)
borrag,
Cynoraetra, lég,
Cynoraoriuni, batan,
Cynosurus ( -sure ) ,
gram.
Cyperus ( souchet ) ,
cypér.
Cypressus ( -prés ) ,
conif.
Cypripedium {-péde
ou sabot deVcnus),
orchid,
Cyrilla, éricin.
Cytharexylon {guit ta-
rin), verbén.
Cytiuus, cytin.
Cytisus {-tise), lég.
Dacridium, conif.
D clylis {-tide),gram.
Dactylus, ébén.
Dahlia, corymb.
Dais, thymèl.
Dalbergia, lég.
Dalea, lég.
Dalechanipia, euph.
Damasoniuni ( étoile
d'eau), atism,
Darlingtonia, léf;.
Datuia {stramoinc),
sot.
Daubentonia, lég.
Dancns {carotte) ,
II.
8«
()98
ombell.
Davicsia, Icf;.
Dccadia, tiliac.
Deidaraia, passif!,
Dek^s^ria, alf^.
Dt'lima, mai;ii.
Delpliinium (dduplii-
ncUc, on pied-d'a-
louc(tc), niioHC.
Desinanthus, Icg.
Desiuaretia, ctlg.
Deviu'lia, le;/.
Diaiitlicra ( -tkcre ) ,
acanlli.
Dianthus [œillet), ca-
ri/op h.
Diapcnsia, concoL
Dicalyx, myrt.
Diccra, tiliac.
Dichondra, canvolv.
Dicliroinena, cypcr.
Dicramini, mouss.
Diclaninus {-lamne ou
fraxincUé) , rut.
Dictyopteris ( -tére ) ,
alg.
Dictyota, alg.
Didesnuis, crucif.
Didymodoii , mouss,
Digitalis {-taie), rhin.
DigloUis, rut.
Dilatris, irid.
Dilivaria, ncantk.
Dillenia, magji.
Dillwynia, lég,
Diona.'a, capp.
Dioscoiea ( -rée ou
igname), asparag.
Diosnia, rutac.
Diospyros ( plaqucmi-
nicr), cbcitac,
Diphaca, Icg.
Diplotaxis, crucif,
Dipsacus ( cardére ) ,
dipsac.
Dirca {bois-cuir), tliy-
mcl.
Disa, Orchid.
Disandra {-dre), rhin.
Disperis, orchid,
Dodecatheon ( gyro-
selle), prim.
Dodonea, téréb.
Dolichos, Icg.
Dombeya, byltn.
Dondia, ombell.
CLEP DE LA LANGUE ET DES SCIENCES,
DoronicjOH, corymb.
DorsIiMiia, iu-(/c.
Oorvciiiuni, lég,
Draba {drarc), crue,
r)rar;ena {san^^-dra-
gon), asparag.
Dracoceidialum (-;;/(«-
/(•), lab.
Draconliuui {serpen-
taire), aroïd,
Drepania { drcpane),
chicur.
Drimys, magn.
Drosera(ro.sso/i.s),frt/).
DrosophylluiD, cap.
Drusa {druse), omb.
Drypetes, euph.
Drypis, carioph.
Dumasia, Icg.
Dumontia, alg.
Duianta , verbcn. et
leg.
Durio, capp.
S
Ebenoxylon, ébén.
Ebenus {-nier), cbcn.
Ecastaphylluui, lég,
Ecljalliuni, cucarb,
Echinophora, ombell.
Echinops, card.
Ecliiocliilon,6or/Yt^!H,
Eclypta {-ciypte),cor,
Eccremoicarpus, big,
Eiolœna, byttn.
Ehrelia, borrag.
Ela.*agnus ( chalef),
cicagn.
Elœocarpus, tiliac,
Elais, palm.
Elastotema, ïirtic,
E\ale,palm.
Elaleriuui, cucurb.
Elcaja, mcliac.
Eleococca, euph.
Elephantopus {-topé),
card.
Elleborine, orchid,
Ellisia, borrag.
Elymus, gram,
Emblica, euph.
Embothriuni, proléac,
Empetrum {camarine)
cric.
Emplcvrum, ruiac.
Enart hiDcaipus, cn/c.
Eiulcsma, crucif.
Endesiuia, myrt;
iMidoeaipus {-carpe),
lich,
Endospcrmuni {-per-
me) , Icg,
Eudracbuin, convole,
Enourea, sapind,
Entada, leg.
Epacris, {-c ride), é rie.
Ephedra ( uvelte ) ,
conif.
Epidendrum, orchid,
Epiga>a, éric.
Epilobium ( -lobe ) ,
onagr.
Epimedium (-mcde) ,
berbcrid.
Epipactis (-tide), or-
chid.
Equisetum ( prèle ) ,
équisét.
Erantbemum, acanth.
Erharta, gram,
Erica (bruyère), éric.
Erigeron, corymb.
Eriocallia, corymb.
Eriocephalus (-phale),
corymb.
Eriaucolon, j'oHf,
Erinus, rhinant.
Eriophoron ( linai-
grette), cypèrac.
EiiUironiuui (tkrone),
colehic,
Erilbrospermum(^-;jer-
me), tiliac.
Eritrochyton, rutac,
Erodium (-dier), gé-
ra niac.
Erophila, crucif.
Erucaria, crucif.
Ervum (ers, lentille),
lég.
ErycLbe, rhamn.
Eryngium (panicaut),
ombell.
Erys,imum(véUir), cru-
cif.
Erythrea, gcnlian.
Erythrina, lég.
Erylhroxylum , 7nal
pigh.
Escallonia, éric,
Ethulia, card.
Eucalypla ( -lyple),
mousses.
Eucalyptus, myrt,
Euclidiuin, crucif,
Eucoinis, iiliac.
Eucryphia, hypcric.
Eugenia, myrt.
Eunomia, crucif.
Euparea, prim.
Eupatoriuni (-toire),
card.
Euphoria (litchi), sa-
pind,
Euphorbiuin(-pAoriiej
euph.
Euplirasia, rhin,
Eutoxia, lég,
Evolvulus, convolv.
Evonymus (fusain) ,
rhamn,
Excœcaria, euph,
Exoacantha, oinb,
Exacum (genlianclle),
gentian.
Fabricia, myrt.
ExFonia, aurant.
Fiutidia, myrt.
Fagara, téréb.
Fagonia, rutac.
Fagopyrum ( sarra-
sin ) , polygon,
Fagus (hêtre), ament.
Faisetia, crucif,
Feniculum (fenouil),
07nb.
Ferraria, irid.
Ferula, omb.
Festuca (fetuque), lég.
Ficaria (-caire) , re-
noue.
Ficus (figuier), urtic,
Filago (-lagc), card,
Fisl\iVm3L(-line) , champ
Fiurena, cypcr,
Flabellaria('-/a/ccj,rt/5f.
Flacurtia, tiliac,
Flagellaria ( -laire ) ,
aspar.
Flaveria, card.
Fleiuingia, rosac.
Flindersia, méliac.
aurant,
Fluggea , euph, , di-
SIGIVES DIVEKS. BOTA.MOUE.
corcea.
Foutanesia ( -nèse ) ,
jasm.
Fontinalis ( -tiale) ,
jnouss,
Forskalia, urtic.
Fothergilla, bcrbcr.
Fragaria (fraisier) .
rosac.
Frankenia, caryopli.
Frasera, gent.
Fraxinus ( frcne ) ,
jasm.
Friesia, tiiiac.
Frisiera, auraiit.
Fritillaria ( -laire ) ,
liliac.
Fucus ou varech, alg.
Fugosia, malv.
Fumaria (fumeterre),
papav.
Funaria (-nuire),
mouss.
Fungus, champignoi.
Furce]laria (-laire),
alg.
Fusanus , osyrid. ,
élcagn.
Fuschia, onagr.
Galanlhus (perce-nei-
ge), narciss.
Galardia (-dienne ] ,
corytnb.
Galaxia (-aie), irid.
Galega (lavanèze), lég.
Galenia, amar.
Galeobdolon, lab.
Galeopsis, lab.
Galinsoga ( -soguc) ,
corymb.
Galipea, rutac.
Galium {gaillct , ou
caille-lait), riib.
Gantheria, cric.
Garcia, euph.
Garcinia, guil.
GwA(tmà(-dé)de) ,rub,
Garidella, renonc.
Gaulia, onagr.
Gelidiiini, alg.
Gcnipa, rub.
Genista (gcnvi), Icg.
Genoria, lyihr.
Gentiana {-tianc),gcn-
tian.
Géranium, géraniac.
Gerardia, rliin.
Geropogon, chic.
Geruma, mcliac.
Gesneria, camp,
Getbylis, liliac.
Geum {benoîle), ro-
sac.
Gigartina {-tine), alg.
Gilia, polèni.
Gisekia, portul.
Gladiolus (glaïeul),
irid.
Glaux, lytiir.
Glechonia [lierre ter-
restre), lab.
Gleditschia ( f évier ) ,
Icg.
Gliuus, ficoïd.
Globba, aniom.
Globifera [micrantltè-
me), primid.
Globularia ( -laire ) ,
globutar.
Glocliidion, cup/i.
Gloxinia, camp.
Glycine, Icg.
Glycirrhiza {réglisse),
Icg.
Glycosmis, aurant.
Gmelina, verbén.
GnapbaHuni {immor-
telle), carduac.
Gnidia, thymél.
Godoya, gutt.
Goniara, rhin.
Gomphia, magn.
Gomphrena ( imnior-
lelle), amarant.
Goniocarpus {-carpe),
onagr.
Goodenia ( -dénie ) ,
camp.
Goodia, lég.
Gorteria {-tère) , co-
rymb.
Gossypium ( coton-
nier), malv.
Goupia, rliamn.
Grangea, card.
Grangcria, rosac.
Graliola {-tiolc), rliin.
(Jrcwia, tiiiac.
Grias, gutt.
Grinnnia ( - mie ) ,
mouss.
Grislea, lytkr.
Grona, lég.
Grossularia {groseil-
ler), grossular.
Guaicana, ébén,
Guaicum, rutac.
Guarea, jjic'/ïrtc. , au-
rant.
Guazuma, byttn.
Gueltarda ( -tarde ) ,
rub.
Guevina ( guérinc ) ,
protéac.
Guiclienotia, byttn.
Guilandina, Icg., té-
réb.
Guldenstadtia, Icg.
Gustavia, myrt.
Gy uinocarpus (-ra»7;c) ,
paronych.
Gymnocladus {-clade),
lég.
Gynniostomum ( -to-
me), mouss.
Gynoon, euph.
G)'rocarpos, malp.
Gyrocarpus {-carpe),
laurin.
Gysophila ( -phile ) ,
caryopli.
Hœmatoxylon {campc-
clic), lég.
Haniodorum, irid.
Hakea {liakée, ou vaii-
bicr), protéac.
Halesia, ébén.
Hallia, lég.
Haloragis, onagr.
Haniadryas, renonc.
Haniclia, rub.
Hanielis, bcrbérid.
Harungana(/<(»'OH(/rt),
hypéric.
Hasselquistia, ombell.
Hebcnstretia {-tréte),
verbén.
Hedera {lierre), ca-
prif.
Hedipnois, chicor.
lledone, caryoph.
Hedycaria, nrlic.
69 î>
Hodychiuni, amom.
Hodysaruui(s<(!H/"o?//),
lég.
Heleniuni, corymb.
Hclianthemum {-thè-
me), cist.
Helianthus {soleil),
corymb.
Heliconla , musac. ,
aurant.
Helicteres, malv.
Hcliopbila {-phile ) ,
crncif.
Heliolropium(-no;je),.
borra^.
Uc]lQhor\is{hclléboi'é),
renonc.
Helniintia {-tie) , chi-
cor.
Hclonias, colchic.
Hclosis, balanoph.
Helatitiui, champ.
Helvella ( -celle ) ,
champ.
HemanI luis ( -the ) ,
7iarciss.
Henierocallis ( hémê-
rocallc), liliac.
Heniitomus {-tome) ,
solan.
Hemistemma, ma^^n.
Henchera, saxif.
Heracleuni {berce),
ombell.
Heriliera ( -tière ) ,
malv,
Hermas, ombell.
Hcrniaria {hcrniole) ,
paronych.
Hesperis {julienne ) ,
crucif.
Hesteria, polygal.
Hcterostemon, lég.
Hevcnia, rliamn.
Hcynea, aurant.
Hibbcrtia, magnol.
Hieracum {éperviére),
chicor.
Hillia, rub.
Hippia, card.
llippocalyptus, lég.
Hippocratoa {-tée) ,
acérin.
Ilippocrepis( pide),lég.
Hipponiane ( mance-
itillier). euph.
700
llipijopliac ( argous-
sicr), clcagn.'
Hippuiis ( pcsse ) ,
onagr,
Hir.x'a, malpigh.
Flirtclla, vosac,
Ilisingpia, cupli.
Holoslciini, caryoph,
lioinalinni, rosac.
Hopca, cbcii.
llordemn ( orge ) ,
gram.
Hoiniiiinin, htb.
lloriieinaunia i^-nic^ ,
rhin.
Hortensia, saxifr.
Holtoiiia (plumemi) ,
primul.
Houstoiiia ( -tone ) ,
rub.
Houtouynia, aroïd,
Hiifïonia, vialr,
Hulclùiisia, cnicif,
Hulcus { Iwidque ) ,
gram.
Humilia, auraiit.
Hninulus {houblon),
iivtic.
Hura {soblicrc), eupli.
llyacintlius ( -ciittlic
ou jacinllie), lit.
Hyl)iscus ( kclmic ) ,
vialv.
Ky(lnocarpus(-car/7e).
liVwc.
llydnuni, champ.
Hydraiiiîca {-drange),
saxifr.
l!\drastis, renonc.
H}drocharis(»iort'«e),
hydrocharid.
Hxdrocotyle, ombell.
Hydropeltis, alism.
llydrolca (-/ce) , con-
tolr.
Hydiopliyllum {-phyl-
Ic), borrag.
IhmciKca ( cour ba-
ril), le g.
HymcMogonum , ca-
ryoph.
llyiiionopiiylliiiii {l\y-
inniophyltc), foiig.
ll\ol)ancii(', rhin.
(iMrnaiiclic, ciiph.
11;. asciainuft (jusquia-
CLEI DE LA LAiNGLE ET DES SCIENCES.
mc),solan. Itva., saxif.
Hyosoris {dormeuse), Itea, cricin.
chicor. Ixia {-xic), irid.
HyiX'coinn {-coon) , \\ova {-xoré) , rub.
papav,
llyitoricum {millepcr-
ti(is), hypéric.
Ilypiiea, alg.
Hypuuni, mouss.
Hypochicris ( parcel-
le), chicor.
Hypoderiiia, hypoxyl.
Hyssopus {-sopc), lab.
Hyslcriuni , faux li-
clien, hypoxyl.
Hypoxys, narciss.
Hyptis, lab.
Iberis {-ride), crucif.
Ignatia {noixvomique
ou fève de Saint-
l^nacc), apocyn.
Ilex {houx), rhamn.
Illeccbiuin {illécébre),
paronych.
Illicium ( badiane ) ,
magn.
luibricaria {-cairc) ,
lich.
Inibricaria ( bois de
natte), sapot.
Impatiens ( balsami-
ne), géraniac.
Imperatolia {-toire) ,
ombell.
Incarvillœa, bign.
Indijîofera {-goder
lég.
Inga, lég.
Ingenhonsia, malv.
Inuia ( auncc ) , co-
rymb.
lonidium {-dier), vio-
lac.
Ipomaca {-mce), con-
rolv.
Iris, irid.
Isatis {pastel), crucif,
Isriiœinnm, gram.
Isidium, lich.
Isuni'dia ( -nardc ) ,
lythr.
Isdctes, tycoptril.
Isopyruu), renoue.
Jaborosa {-rose), sa
lan.
Jacea, card.
Jacquinia {-nier), sa-
pot.
Jauibosa, myrt.
Janipha, euph.
Jasioae, camp.
JasmiuMm, jasm.
Jatropha {mcdicinier),
euph.
Josephinia {-phine) ,
bign.
Johnia, acérin.
Juglans {noyer) , té-
rcb.
Juncago {triglochin),
alism.
Juncus {jonc ) , jon-
cce.
Jungermannia {-ma-
ne), hépat.
Junipems {genévrier),
conif.
Jussiaia {-siée), onagr.
Justicia {carmantine) ,
acanth.
Kadsura, magn.
Kaîempferia ( zédoai
re), amom.
Kalanchae, crassul.
Kalmia {-mie), éric,
Kenncdya, lég.
Kydia, bylln.
Kigellaria, liliac.
Kirganelia, euph.
Kitaibelia, malu.
Kœlreuteria ( -rie ) ,
sapind.
Kœuigia, polygon.
Kolbia, passifl.
Kranieria, polygal.
Labalia, cbén.
Lachnea (-née), thy-
viél.
Lactia, tiliac.
Lactuca {laitue), chi-
cor.
Laflingia, paronych,
Lagasca {-scée), card.
Lagerstrœmia, lythr.
Lagetta {bois dentel-
le), thym.
Lagunea, malv.
Lagurus ( - gure ) ,
gram.
Lambertia, protéac.
Laminaria {-nuire) ,
aigu.
Lamium {-mier), lab.
Lampsana {-psane) ,
chicor.
Langdorffia , bala-
naph.
Lantana, verbén.
Lardizabala , ménisp.
Larix {mélézcQlcèdre),
conif.
Larrea, rutac.
Laserpitium {laser) ,
ombell.
Lasiopetalum, byttn.
Lasiopetalum, rhamn.
Lathrœa ( clandes-
tine), rhin.
Lathyrus {gesse), lég.
Lauientia, aigu.
Laurus {laurier), lau-
rin.
Lavandula {lavande),
lab.
( - tère ) ,
{ henné ) ,
Lavatcra
malv.
Lawsonia
lythr.
Lebeckia, lég.
Lcckea, caryoph,
Lccythis, myrt.
Ledum {-don), éric.
Ledum, crassul.
Leea, sarmcntac,
Lemna {lentille d'eau)
fluv.
Leontice, bcrbérid.
Leonurus ( cardia
que), lab.
Lepidium ( passe-
raye ) , crucif.
I.epitoiicma, eup/i.
Leptaleuni, crucif.
Leptocaqiœa , crucif.
Leplospennum {-per-
mc), vu/rt.
Leskea {-kée), mouss.
Lcspedeza, lég.
Lessertia, le g.
Lcucoiuni, 7iarciss.
Leiicosia, rhamu.
Lcusiaiithera, sarm.
Licania, rosac,
Licuala, palm.
Lklia, 7'osac,
Ligusticum {livèche),
onibell.
Ligustrum (troène) ,
jasm.
Liliuui [lis), liliac.
Liineum, portuL
Liinodorum {-doi'é) ,
Orchid.
I.imonia {-nier), au-
vant.
Liuiosella ( -selle ) ,
rliin.
Limosella ( -selle ) ,
prim.
Linaria {-nairé), rliin.
Liniuea [linnce), ca-
prif.
Linum [lin) , caryo-
ptiyll.
Liparia, lég.
I>iqiiidanibar, ament.
Liiiodendrum ( tuli-
pier), magnol.
Lisianthus, gentian.
Lithospermum {grc-
mil), borrag.
Lilsica, lauriu.
Litlorella {plantain de
moine), plantag.
Loasa, opuntiac,
Lobaria, licli.
Lobdia {-lie), cricin.
Lœselia {-lie),polémo-
niac.
Lolinm {ivraie), grain.
Lonchocarpus, Icg.
I.oiiicera ou caprifo-
lium ( chèvrefeuil-
le), caprifol.
Lopczia {-lie) , onagr.
I,<i])iniia, malr.
Lorantiuis {-tlic), lo-
ranth.
SIGNES DIVERS.
Lotus {-tier), lég.
Lourea, lég,
Ludwigia, onagr,
LulFa, cncurb.
Lunaria {-noire) , cru-
cif.
Lupinus {-pin), lég,
Luriola, gram,
Lusula, jonc.
Lychnis {-nide , ou
lampette), caryoph.
Lycium {lyciet) , so-
lan.
Lycoperdon , faux
champignon.
Lycopodium {-pode),
lycopodi ac.
Lycopsis {-side), bor-
rag.
Lycopus {-cope), lab.
Lygeum ( sparte ) ,
gram.
Lysiniacbia ( -maque
ou -machic) , primul.
Lythrum {salicaire) ,
lythr.
M
Maba, ébén.
Macaranga, eupli,
Maclura, urtic.
Macranthus, lég.
Macropodium, crucif.
ÏNIaeringhia, caryoph.
Magnolia {-lia ou-licj-) ,
magnoliac.
Mahernia, byttn.
Maieta, mélast.
Malachra ( -lachre ) ,
malv.
Malaxis {-xide), Or-
chid.
Malcoluiia, crucif.
Maleshei'bla , passill.
Malopc, malr.
Mal])ighia ( -ghia ou
-ghier), malpighiac.
Malus {pommier), ro-
sac.
Malva {maure) , mal-
vac.
Malvaviscus {mau ris-
que), malvac.
Manielea, rhin.
Maiumca {-mcy),guii.
BOTAiMQUE.
Mangifera {-guier) ,
téréb,
Manglilla, sapoi,
Manisuris, gram.
Mappa, cuph.
Maprounea, euph.
Maranta, amom.
Marcgrawia, gutt,
Marchautia {-iie), hé-
pal.
Marila, gutt.
Maripa, coiivolv.
Marrubium {-rube) ,
lab.
Marsilea, rhizosp.
Martynia (cornaret) ,
bign.
Massonia {-sone) , li-
liac.
Matayba, sapind,
Matelea, apocyn.
Mathiola, crucif.
Matisia, malv.
Matricaria ( -caire ) ,
corymb.
Maurandia, rhin.
Mauria, téréb.
Mauricaria, crucif.
Mauritia, palm.
Ma va ou bassia, sa-
pot.
Mayaca, commél.
Mayna, magnol.
Medicago {luzerne),
lég.
Mediola {-diote) , as-
parag,
Meesia, mouss,
Megacarpœa, crucif.
Megonopsis, papav,
Melalcuca, myrt.
Melanipyrum {-pyre),
rhinant.
Mclanea {-née),rub.
Mclanthium {-lanthé),
colchic.
Melastoma {-tome) ,
mélast.
Moliiania, byttn.
Melia ( azédarach ) ,
méliac.
-Meliaiilhus {-liant hc),
ru lac,
Mclica {-liquc) , gram,
Molicocca, sapind.
Melicylus, titiac.
701
Melilotus {-lot), lég.
Melissa {mélisse), lab.
Mellilis, lab.
Melochia, byttn.
Melothria, cucurb.
Memecylon, onagr.
Menais, borrag,
Menarda, euph,
Menianthes {-the) ,
prim.
Meniocus, crucif,
Menisperraum {-per-
me), rnénisp,
Menovillca, crucif.
Mentha {-the), lab.
Menziezia {-zie), éric.
Mercurialis {-riale) ,
euph.
Merendera ( -dére ) ,
colchic.
Mcriana, mélast,
Mertensia, ament.
Merulius ( -rul ) ,
champ,
Mesenibryanthcmum
{/îcoïdc) , fîcoïd,
Mcspilus {néflier), ro-
sac.
Messerschmidia ( ar-
guse), borrag,
Mcsua, gutt.
Melbouica {-nique),
liliac.
Melrosideros, myrt,
Meum, omb,
Michauxia, camp,
INIichclia, magn,
Miconia, mélast.
Micranthea, euph.
Micropelalum , ca-
ryoph.
Micropus {-cropc) ,
card.
Microstachys, cuph.
Milleria {-rie) , co-
rymb.
Millium ( millet ) ,
gram.
Mimosa ( scnsitive) ,
lég.
Minmlus ( -mul ) ,
rhin.
Mimusops {-sope), sa-
pot.
Minuarlia, paronych,
Mirbclia, lég.
702
Mitclipllia {-lie), ruO.
MitcUa, so.rif.
Moliiui'a, sopiiid.
IMolucella {-celle) , lab.
Mouiordica {-dùfuc),
cucurb,
Monaletia, rub.
Monarda {-narde) ,
Lab.
Monillin, faux champ.
IMoniniia {-ime),uvtic.
Moiiina, pobjfjal.
Moiiniera, riitac.
Monniera, 7'lnn.
Monotropa {sucépin),
monotrop,
Monsonia {-sone), gé-
ra nia c,
Montia, portiil.
iNFontinia, onagr,
Moquilea, rosac.
Morchella {morille) ,
champ.
Morettia, crucif.
Moricaudia, crucif.
Morina {-ritie), dip-
snc.
Morinda (roync), rub.
Morisonia, cappar.
Mora.'a, irid.
Moroiiobea, gutt.
Morus {mrivicr), ur-
tic.
Mougeotia, byttn.
Mouroucoa {-roucou),
couvolv.
Mucor, alg,
Mucuna^ lég.
Mullera, lég.
Miinchausia, lythr,
Muricia, cucurb.
Murraya, aiirant.
Musa {bananier) , mu-
sacées.
Myagrum, crucif.
Myosotis, borrag,
Myosurus, renonc.
Myriadenus, lég.
Myrianlhus, cucurb.
Myrica ( cirier ) ,
amcnt.
Myriophylliiin {iwlant
d'eau), onagr.
Myristica {muscadier) ,
myristic.
Mviodcndrum, iércb.
CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Myiospcrnium {-pcr-
mc), le g.
Myrrhis, ombcll.
Myrsino, sa pot.
Myrtus {-(c), viyrt.
M
Nsemarpora {-pore) ,
liypoxyl.
Nagela, ament.
Naias {-iade), fluv.
Nama, convolv,
Nandhiroba {-robe) ,
cucurb.
Napoleona, passif!.
Narcissus ( - cisse ) ,
uarciss.
Nardus {nard) , gram.
Narthecium {nartiiccc)
colcliic.
Nasturtium, crucif.
Nastus, gram.
Neaea, nyctag.
Neckera, mouss.
Nectandia, tliymél.
Nelumbium ( nclom-
bfl), iiympli.
Neottia, orcliid.
Nepenthes, cytin,
Nepeta {cataire), lab.
Nephroma, licb.
Nerium {laurier rose),
apocyn.
Nestia, crucif.
Neurocarpum, lég.
Xevrada, rosac.
Mcaudra, solati.
Nicotiana {-tiane, ou
tabac), solan.
Nigella ( -gelle , ou
nielle ) , renonc.
Ti'ipHf'paiidanées, typii.
Nissolia, lég.
Nitraria, ficoïd,
Nolana, solan.
Nomarium, paronych.
Norantea, gult.
Nolelœa, jasm.
Notoceras, crucif.
Nyctago {-tagc), nyc-
tag.
Nyctanthcs {jasmin
d'Arabie), jasjn.
Nyinpha;a {-pliéa, ou
Hcnvpliar) , nym-
phe ne.
Nyssa {tupélo) ,osyrid. ,
cléagn.
Ochna, magn.
Ochrosia, apocyn.
Octliodium, crucif.
Ocymum {basilic) ,
lab.
Odontiles, ombell.
ORnaulhe, ombell.
OElhusa {étfiuse), om-
bell.
Olea {o H fier), jasm.
Oligotriclmm {-trie),
mouss.
Oliveria, ombell.
Olyra, gram.
Omalanthus, euph.
Omplialea, euph.
Omplialobium, téréb.
Oncidium, orchid.
Onoclea {-clée), foug.
Ononis {arrcte-bœuf),
lég.
Onopordum {-porde),
card.
Onosma, borrag,
Opegrapha, faux lich.
Opcrcularia {-laire) ,
globular.
Ophioglossum {-glos-
se), foug.
Ophiorrhiza, genlian.
Ophioxylon {ophiose),
apocyn.
Ophira, onagr.
Opuntia, cact.,opunt.
Orcliis, Orchid.
Origanum {-gan), lab.
Oriza (/•;:), gram.
Ormocarpum, lég.
Ornithogalum {-gale),
liliac.
Ornitiiopus {-thope),
lég.
Ornithroplie, sapind.
Orobanclie, rhin.
Orobus {-robe), lég.
Orontium {-route ),
aro'id,
Ortegia, caryoph.
Oiiliolriclium, mouss.
jOrygala, ficoïd.
Osbeckia, mélosi.
Osmunda {-monde) ,
foug.
Osmundaria {-mon-
daire), alg.
Osteospermum {-per-
me), corymb.
Osyris, osyrid., éléag.
Otiiera, berbérid,
Othonna {spatule) ,
corymb,
Othrys, capparid.
Otoptera, lég.
Ottelia {-télié), hydro-
charid.
Oxalis {-lide) , géra-
niac.
Oxytropis {-trope) ,
lég.
Pachira, malv.
Pachysandra {-dre) ,
euph.
Padina {-dine), alg.
Paederota {pedérote),
rhinant.
Paeonia {pivoine), re-
noncul,
Palava {-lave), malv.
Palava, aurant.
Paliurus {-litire) ,
rhamn.
Pallasia {-sie), poly-
gon.
Panax {ginseng), ara-
liac.
Pancratium {-cracé),
narciss.
Pandanus [vaquais) ,
pand., typh.
Panicum {-nie) , gram.
Papaver {pavot), pa-
pa v.
Paralea, ébén.
Pariana, gram.
Parietaria {-riétaire),
urtic.
Parinarium, rosac.
Paris {-risette), aspa-
rag.
Parkinsonia {-sone) ,
lég.
Parnassia {-ssie),capp.
ParochiUis, lég.
SIGNES niVERS. BOTANIQUE.
Parona, convolv.
Paronychia {-nique) ,
paronych.
Paropsia, passifl.
Passerina, thym.
Passiflora {-flore, ou
grcnadillc), pussi/l.
Paspaliim ( -pale) ,
gram.
Pastinaca {panais) ,
ombelL
Patagonula, borrag,
Palellaria (- iaire) ,
lich.
Paulinia, acérin.
Paulinia, tcréb.
Pa\ia, hypocast. ,accr.
Pavonia, malv,
Pectis, corymb.
Pedalium {pcdali) ,
bign.
Pedicularis {pédicu-
lairé), rkin.
Pedilanllius, euph.
Peganum {karmale),
rutac,
Pelargonium ( - ga-
iner), géraniac,
Peltaria (-taire), cru-
cif.
Pelligera, lich.
Pemphys, lytiir.
Pentapetes, bitln.
Peplis(pcplide),lythr.
Perama, verbéu.
Pergularia, apoc.
Perilla (pérille), lab.
Periptera, nialr.
Periploca (peploquc),
apocyn.
Peronia (pcronie), a-
monu
Persica (pécher), ro-
sac.
Persicaria (-caire), po-
lygon.
Persoonia (-nie), pro-
tcac.
Pertusaria (pcrtuisai-
re), faux lich., hy-
poxyl.
Petalostenium, Icg.
Petila, verbén.
Petiveria, amaranl.
Petrocallis, crucif.
Peucedanum (peucé-
dan), onibcll,
Peziza, champ.
Pliaca, lég.
Plia cela, borrag.
Phalangium, lil.
Phalaris (alpiste),
gram.
Phallus ( satyre ) ,
champ.
Pharnaceum, caryoph
Pharus, gram.
Phascum, mouss
Phaseolus (haricot),
lég.
Phebalium, rutac.
Phisalis (alkckenge) ,
solan,
Phleum (fléau), gram.
Plilomis (-mide), lab.
Phlox polémoniac.
Phœnix ( dattier ) ,
palm.
Phormium, liliac.
Pliryma, lab.
Phylicca, rhamn.
Phyllanthus ( -the ) ,
euph.
Phyllanthus, tcréb.
Phyllirea ( filaria ),
jasm.
Pliyllocladus, conif.
Phiscia, lich.
Physospermum , om-
belL
Phytelephas , pand. ,
typh.
Phyteuma (raponcu-
le), campan.
Phytolacca, amarant.
Pictetia, lég.
Picris (-criée), cki-
cor.
Pileanthus, myrt.
Pilularia (-taire), rhi-
zosp.
Pimpinella (boucage),
ombell.
Pinguicula (grosseite)
utriculin., primul.
Pinus (pin), conif.
Piparca, violac.
Piper (poivre), pipé-
rit.
Pirigara, myrt.
Piriqueta (-quête),
violac.
Pirus (poirier), rosac.
Piscidia, lég.
Pisonia (-nie), nyctag.
Pislachia (-chier), tc-
réb.
Pislia, aroïd.
Pisum (pois), lég.
Pittcairnia (-nie), bro-
mél.
Pittosporum (-porc),
pittospor.
Placodium, lich.
Planera, ciment.
Plantago (plantain),
plan tag.
Platanus (-tane), a-
ment.
Platylobium (-lobe),
lég.
Plectranthus (germa-
née), lab.
Pleurandra, magn.
Pleurospermun , om-
bell.
Plocamium, aigu.
Plucknetia, euph.
Plumbago ( den telai-
rc), plombag.
Pluiniera (frangipa-
nier, apocyn.
Poa (paturin), gram,
Pocockia, lég.
Podalyra (-lyre), lég.
Podaria, cappar.
Podocarpus (-carpe),
conif.
Podophyllum ( -phyl-
Ic), renoncul.
Pœycarpus , para
nych.
Pogostemon (-tème)
lab.
Poinciana, lég.
Poiretia, lég.
Poita^a, lég.
Polemonium (-lémoi-
ne), polémoniac.
Pollichia, paronych.
Polyanthus (tubéreu-
se), narciss.
Polycardia, rhamn.
Polygala, polygal.
Polygouuni, renouée.
Polypodum (-pode),
foug.
Poiysticum ( -tic ) ,
70".
foug.
Polylrichum ( -trie ),
mouss.
Pommereulla, gram.
Ponganiia, lég.
Ponlcderia (-tcdéric),
narciss.
Ponteria, ébén.
PopuJago (-lage , ou
callha), renoncul.
Populus ( peuplier ),
ament.
Portesia, méliac, au-
rant.
Portlandia (-die),rub.
Porlulacca(;;o!<)77(erj,
portulac.
Potamogeton (pota-
mot),fluv.
Potentilla {-tille), ro-
sac.
Poterium ( pimpre-
nclle), rosac,
Pothos, aroïd,
Poupartia, léréb,
Pozoa, ombell.
Prasium, lab.
Prenanthes [prénan-
the), chicor.
Priestleya, lég,
Primula {primevère),
primul,
Prinos , rhamn.
Prockia, rosac.
Proserpinaca, onagr,
Prosopis, lég,
Protea {-tée),proléac.
Prunclla {-nelle), lab.
Prunus (-nier), rosac.
Psidium {goyavier),
myrt.
Psilotum, lycopod.
Psora (lèpre), lich.
Psoralea ( -ralier ) ,
lég.
Psychinc, crucif.
Psychotria ( -trie ) ,
rub,
Psyllium (pulicairc),
plantag.
Plerigodium ( ptcri-
godc), Orchid.
PterigynandruDi {pté-
-dre), mouss.
Pteris (fougère), foug.
Pterocarpus ( ptéro-
70 i
carpe), le g.
Pterocarpus, polygon.
Plcrocai} a, juglamL,
icrcb.
Pk'ionevruin, crucif.
Plloa {ptlo}, tcrcb.
Pugioiiiuni, crucif.
Pulmouaria {-nuire) ,
borrag.
Pultenea, Icg.
Punica (grenadier ) ,
myrt.
Pyrola {-rôle), mono-
trop.
Quamoclit, convolv.
Quassia {-ssie), viagn.
Qucrcus {chêne) , a-
ment.
Queria, paronych.
Quhichanialium, osy-
rid., élcagn.
Quisqualis, combret. ,
élcagn,
Quivisia, méliac, au-
rant.
Rafllesia, cytin,
Rafnia, lég,
Rajania {-nie), diosc,
asparag.
Randia, ritb.
Ranunculus {renoncu-
le), renoncul.
Rapanea, berbérid.
Raphanus ( raifort),
crucif.
Rapistrum ( -pistrc ),
onccif.
Rauvolfia (bois-lait) ,
apocyn.
Ravenala ou Urania
{-naît), 7nusac.
Rcaumuria, ficoïd.
Redoutea, malv.
Remirea, gram.
Requienia, lég.
Reseda {réséda), capp.
Restio,jV)«c.
Reticularia scgetum
{nielle des blés),
Retsia, convoie.
CLEF DE I.V LANGUE ET DES SCIENCES.
Rhapradiolus {-diol) ,
hicor,
Rliamiuis (nerprun),
rhanui.
filiocdia, gutl.
Rlic'uin ( rhubarbe) ,
potygon.
Rhexja (-xie), niélast,
Rhinanlhus f ihe ou co-
crcte), rhin.
Rliizomorpha {-inor-
phe), hypoxyl.
Rhizophora ( man-
glier), loranth,
Rhodiola (-diole) ,
crassul.
Rhododendron {rosa-
gé), cricin.
Rhodoia, éricin.
Rhumpia, téréb,
Rhus (sumac), téréb.
Riccia, hépat.
Riciiiocarpus euph,
Ricinus (rii-in), euph.
Ricotia, crucif.
Rinoria, bcrb.
Ripogonum (-gone) ,
aspar.
Rivinia, amar.
Rizoa, lab.
Robergia, méliac, au-
rant.
Robinia {-binier),lég,
Roccella, lich.
Rocheforlia, borrag.
R oeil a, camp,
Rœmeria, papav.
Rokicka, portul.
Romanzowia, capp,
Rondelelia, rub.
Roridula, capp,
Rosa (-sicr), rosac,
Rosmarinus ( roma-
rin), lab.
RoUbollia, gram,
Rothia, lég,
Roupala (-pale), pro-
téac.
Roxburgia {-gie), as-
par,
Royena, cbén,
Rubia (garance) , rub.
Rubus (ronce), rosac,
Rudbeckia (-kie), co-
rymb.
Rudolpliia, lég.
Ruellia {-lie), acanih.
Huiiicv (oseille), po-
. lygon,
Ruppia (-pie), fluv.
Ruscus (fragon), as'
par.
Rula (rue), rutac.
Ruyscia, gutt.
Sabinœa, lég,
Sacaranda, bign.
Sa.cc]mrum(cannamel-
le), gram,
Sagina {-ginc) , ca-
ryoph.
Sagittaria {-taire) ,
alism.
Sagus (-gou), palm.
Salacia, accrin.
Salicornia, amarant.
Salisburia, conif.
Salix. (saule), ament,
Salsola (soude), amar.
Salvadora, amar.
Salvia (sauge), lab.
Salvinia, rhizosp,
Samara, sapot,
Sambucus, (sureau),
caprifol,
Samolus ( -mol , ou
volant d'eau), pri-
mai,
Samyda, rhamn,
Sandoricum, méliac,,
aurant,
Sanguinaria ( -naire),
papav,
Sanguisorba (-sorbe),
rosac.
Sanicula (sanicle) ,
otnbell.
Sanseviera (-vière) ,
aspar.
Santolina (-liné),card.
Santal «m (-tal), osy-
rid., éléagn.
Sapindus (savotinier),
sapind.
Sapium, euph.
Saponaria (-nairc) ,
ca ryoph.
Sarothra, gcnt.
Sarothra, caryoph.
Satureia {sarriette)^
lab.
Satyrium (-rion), Or-
chid,
Sauroja, aurant,
Saururus, saurur. ,
pipérit.
Saviaj euph.
Savignia, crucif.
Saxifraga {-frage) ,
saxifr.
Scabiosa ( - bieuse ) ,
dipsac.
Scandix, ombell.
Scapha, aurant.
Scliellerdia, éléagn.
Scheuchzeria, alism.
Schinus (molle) , fc-»
rcb.
Scliisvereckia, crucif.
Schizandra, ménisp.
Schœnus (choin), cy-
pérac.
Schotia, lég.
Schouwia, crucif,
Schrankia, lég.
Schullria, ombell.
Scilla (scille), lil.
Sciri)us (scirpe), cy-
pér,
Scleianlhus (scléran-
thé), paronych,
Scleria (scierie) , cy-
pér,
Scolopendrium {-pen-
dre), foug.
Scolyuium ( -lyme ) ,
ch icor.
Scoparia ( -paire ) ,
rhin.
Scoipiurus {-pitire) ,
lég.
Scorzonera {-zonére),
c hicor.
Scrophularia (-laire),
rhin.
Scutellaria (-laire) ,
lab.
Sebastiana, euph,
Secale (seigle), gram,
Securigera, Icg,
Securinega, euph.
Selago (sclaginc), ver-
bcn.
Selinuw (selin), om-
bell.
Semi)cr\ h uni { jou-
barbe) , crassul,
SeneJ)iera, crucif.
Senecio ( séneçon ) ,
corymb.
Senra, malv.
Septas, crassul,
Serapias, orcind.
Serklia, cariU
Seringia, byttn,
Scriola {sériole), chi-
car.
Serpicula, onagr.
Serratula {sarretic) ,
card.
Sesamum ( séstimt ) ,
bign.
Seseli ( séséli ) , om-
bell.
Sesuvium ( sèsuve ) ,
ficoïd.
SliPiardia, rub,
Sibbaldia, rosac.
Sibtorpia (-pie), rltin.
Sida ( side ) , malr.
Sideritis (crapaudine),
lab.
Sideroxylum {bois de
fer ) , sapot,
Sigesbeckia, corymb.
Silène {silène), ca-
ryopJi,
Siler , ombelL
Silphium, corymb,
Simaba, magn.
Siniaruba ( -rouba ) ,
magn.
Siniplocos , ébén.
Sinapis { vioutarde ) ,
crucif,
Singana , gutu
Sipiionia, euplu
Siphophorus ( porte -
syphon ) , licli.
SIGNES DIVERS. BOTAKI^JUE.
Sphœrocarpus ( sphc-
Sison, omb,
Sisynibriuni ( -syni-
brc ou cresson ) ,
crucif.
Sium ( berle ) , omb.
Slœna, tiliac,
Suiilax {salsqmreillé),
aspar.
Smithia, lég.
Smyrnium {maccron),
ombelL
Sobolewskia , crucif.
Solanum ( morcne ) ,
solan.
Soldanella {-nellc),
prim.
Solena, cucurb.
Solidago {verge d'or),
corymb.
Solorina , licJu
Soncbus ( laileron ) ,
cliicor.
Sonneratia (1).
Sopliora, lég.
Sorbus {-hier) , rosac.
Soutliwellia , byttn.
Spananthe, ombelL
Spaganium ( ruban
d'eau ) , typh.
Sparmannia , tiliac,
Spartiuni, lég,
Sparthelia, téreb,
Spathodea , bign.
Spergula {spar goule),
caryoph,
Spergulastrum , cary,
Spermacoce { -c4c) ,
rub.
Sphagnum {spliaigne),
mouss.
Sphœranthus ( hou-
lette), card.
Sphaeria (sphérie), liy-
poxyl.
rocarpe), hépat,
Sphœrophorus ( sphé-
ropliore ) , licli.
Spielniannia , rerbén.
Spigelia {- gélie),gen-
tian.
Spilanthus {-lanthe),
corymb.
Spinacia {épiuards) ,
amarant,
Spinifex, gram,
Spira^a {-rce), rosuc.
Spirosi>eruium , mé-
nisp.
Splachnum, mo^lss,
Spondias ( mombin ) ,
téreb.
Squammaria {-mair'e),
lick.
Staadia, rhamn.
Slacliys, lab.
Stœheiina {sthcline) ,
card.
Stalagmilis, (/liU.
Stanley a, crucif.
Stapelia {-pélie ) ,
apocyn.
Staphylaea {-phylin),
rhamn.
Statice, plomba g,
Staulonia, ménisp.
Stelis {-lide), orckid.
Stellaria {-laire) , ca-
ry op lu
Stellera , t/tytncl.
Stemodia {-die), rliin.
Stenopetalum , crucif.
Stephania, capp.
Sterculia {-lia ou -lier) ,
byttn.
Steieaucolon , lich.
Slereoxyluni , cricin.
Sterigma, crucif.
705
Stevenia, crucif,
Stevia {stévie)^ card.
Stewartia, til,
Sticla , lich.
Stillingia , euph.
Stipa, gram.
Slipulicida, caryoph.
Sti-aliotes, hydrochar.
Stravadium , myrt.
Strelitzia, mv.sac.
Strigilia, méliac, au-
rant.
Strulhiola , thymél.
Stryclnios {noix vo-
mi que) , apocyn.
Stylidium, camp.
Stylogeras, euph.
Styphelia (-phcli/; ) ,
ériciii.
Styrax {alibousier) ,
ébcn.
Subularia ( - laire) ,
crucif.
Succouwa, arucif.
Suriana, rosac,
Swertia , gent.
Swietenia, met., du-
rant.
Syniphoricarpos {sym-
phorine), caprifol.
Symphytum {consoli-
de ) , borrag.
Syringa {lilas),jasm.
T
Tabernemontana {-nc-
montane ) , apocyn.
Tacca , narciss.
Tachia, genlian.
Tachibeta , violac,
Tacsonia, passijl.
Tagetes {œillet d'In-
de ) , corymb.
Talauma, magn.
(i) Impossi))le de me rappeler à quelle famille appartient c€ genre, d'ailleurs peu connu. Si
j'en avais la figure présente à l'esprit, peut-être parviendrais-je à retrouver sa place parmi ses
sœurs. Mais je n'ai pour m'aider dans cette rccherclie que les dictionnaires de l'Académie, Napo-
léon Landais, Boiste , l.aveaux , etc. Or dans tous ces dictionnaires réunis on ne trouve pas le liui-
tièmc des noms déplantes recueillis ici. Comment faire? Commentfercz-vous vous-même lecteur,
pour découvrir ce que ma ménioiie me refuse en ce moment .' Vous fcuillctcrez les ouvraoes de
botanique. Mais songez donc que c'est une épingle perdue dans un tas de foin. Cela vous prouve,
lecteur lionoralile, que je vous donne ici un travail d'or, que vous ne sauriez payer assez cher, et
dont vous ferez Lien de me savoir au moins quelque gré. Car, lecteur trop aimé, trop clioyé de
moi, si quelque chose a exercé ma patience, c'est cet inventaire très-complet de tes richesses
végétales.
T. Il,
«*J
"(h;
Tiilisia, sajiiiiil,
'r;\iii;iriiK/».s' ( tama-
rin ) , Icfj.
Tainariv, juirluL
Tainnus ( tamirr),
<lioscoi:, asparaij.
Tanionca , rciiicii.
Tanacoluin ( lanaisic),
fard,
Tanscheria, cvucif.
Tapiria , tércb.
Tapsia, ombcll.
Tiira\acxnn{imsciilit),
rlticor.
Tarclionanthus (-naii-
the) , card.
Targiona {- (jionic) ,
liépat.
Taxodium, conif.
Taxns {if), conif.
Tcaplirosia , lc(j.
Tecnma, bign.
Tccsdalia , crucif.
ïelephora ( auricu-
laire) , champ.
Tclophium, portul.
Tcnoria, ombcll.
Tcrminalia , combrc-
tac, éléagn.
Ternstromia , a u ran t.
Tetracera {-cère),
magn.
Tetragonia, ficoïd.
Tetragonolobus , Icg.
Tclraphis, mouss.
Telrapteris {tel rapiè-
re) , malpigh.
Telratheca , polygal.
Teucrium ( germaii
cirée) , lab.
Thalictrum {pigamoii)
renoncuL
Thea {thé), aura ni.
Thecacoris, euph.
Theligonuiii, uriic.
Thélyuùtra {ihélijmi
Irc) , Orchid.
Tlieobroina(c«cfloitv).
bylln.
Theopliiasla ( coque-
mollier ) , apoc.
Thesperia, malv.
Thesium ( théaion ) ,
osyricl., éléagn.
Tlilaspi , crucif.
Thoinassia, byiln.
CLEI' DE LA LAXGIE ET DES SCIENCES.
Tlmiiibcrgia {-gic ) ,
icanlh.
'i'Iiuja, conif.
l'Iiyinhra, lab.
'l'Ii) iiu'lca (- mêlée, ou
ilaphiié, ou lau-
rcolc ) , ihymél.
riiyini'.'* {thym), lab.
Thyssclinuiii, ombcll.
Tiarclla, sa.rif.
Thibouchiua, mélast,
Ticorea, rutac.
Tigarea , rosac.
Tigridia (- die) , irid.
ïilia {tilleul), tiliac.
ïillaea {-lée), crass.
Timmia {-mie), mouss.
Tmesipteris, lycopod.
Tococa , mélast.
Toluifera , téréb.
Topobœa, mélast.
Torena , caryoph,
Torilis, ombcll.
Toraientilla (- tille),
rosac.
Toromia, gutt.
Tordyliuin ( -dyle) ,
ombell.
Tortula, mouss.
ïoulicia, sapind.
Tournefortia, borrag.
Tourretia {lourrète),
bign.
Toutelea , acérin.
ïozzia , prim.
Tracbeliuni , campan.
Tiacbymene , ombell.
Tradescautia ( éphé-
mérine) , commél.,
jonc.
Tragia, euph.
Tragium, ombell.
ïragopogon {salsifis ),
card.
Trapa {mâcrc) , onag.
Tremaiulra, polygal.
Triadica, euph.
Triantbcina, portul.
Tribulus ( -bulc ),
rutac.
Trichia , lycopcrd.
Tricbilla " ( -chille ) ,
méliac, aurant.
Trichosloma , lab.
Triclioslonuuu ( -to-
me ) , mouss.
Tricosanlbus, cucurb.
Tricuspidaria, tiliac.
Trieiitalis ( - taie ) ,
primul.
rrifoliuni {trèfle), lab.
Trigonella {fcnu-grcc)
lég.
ïrigonis, sapind,
Trigucra {-guère),
solan.
Tiilacbiuui, capparid.
Trilliuiu, aspar,
Triopteris {-tère ) ,
malpigh,
Triphasia, aurant,
Triplarls ( -plare ) ,
polygon.
Tristania, myrt.
ïristcmina , mélast.
Tiilicum ( froment ) ,
gram.
Triumphetta, til.
Trollius, renoue.
Tubalgia {-gie),li-
l iac.
Tuber ( truffe ) , lyco-
pcrd.
Tulipa {-lipe ) , liliac.
Tuniera ( -nère ) ,
l'iolac.
Turpinia, rhamn,
Tunœa , méliac. , au-
rant,
Tussilago ( -lage ) ,
card.
Typha ( masselte ) ,
typh.
Ulex ( ajonc), lég.
Ulmus (orme), ament,
Ulva , atg,
Uuibilicaria {-cuire),
lich,
Uuiola, gram,
Unona, magn,
Urania ou ravenala ,
niusac,
Urceolaria {-céolaire),
lich.
Uredo segetum ou re-
ticularia segetum ,
{ nielle des blés ) ,
urédin., alg,
Urcna {urcne), malr.
Urospermuni (- pcr-
me), chicor,
Urlica {ortie), urtic.
Usiica ( -née ) , lich,
Utricularia ( -lairc ) ,
utriculin. , primul,
Uvaria ( -rairc ),
magn,
Uvularia ( -lairc ) , li-
liac.
Vacciiiium {airelle ),
éricin,
Valantia ( croiscttc ) ,
rub,
Valdesia ( -désie), mé-
last.
Valeriana {ralérianc),
valér,
Vallerianella {-nclle),
valér,
Valbia, onagr,
Vallesia {-lésie) , apo-
cyn.
Vallisneria ( - nère ) ,
hydrocharid,
Vandellia (- lie), rhin,
Vangueria, rub,
Vaiiilla {vanille ou va-
nillier) , Orchid.
Variolaria {-laire), lich,
Vascoa, lég.
Velezia , caryoph.
Vella {velle), crucif.
Ventilago, rhamn.
Veratrum ( vérdtre ) ,
colchic.
Vcrbascum {molène),
solan.
Verbena ( verveine ) ,
verbén.
Verbesina {-bésinc ) ,
corymb.
Verea , crassul.
Vernonia {-nie), card.
Veronica (véronique) ,
rhin.
Verrucaria ( - caire ) ,
faux lich,
Vesicaria {vésicaire),
crucif.
Viborgia, lég,
Viburnum ( viorne) ,
caprif.
SIGNES DIVERS, BOTANIQUE.
Vicia (i'cscc), Icg.
Vilkirsia (- sic),[)eiu.
Nilinoriiiia, tég.
\inca {pervenche),
apocyii.
Viola {-Icttc), violai:
Virgilia , Icg.
Viscuui {gui), lorant.
Visuiia , liypéric,
Visnea {-née) , ébén.
Vilcx {gattilier), vcr-
hcn,
Vilis ( rigne ) , sann.
Volkameria {-me rie r),
verbcn.
Voh aria ( - vaire ) ,
licli.
■w
Wacheudorfia ( -fie ) ,
irid.
Waldstenia , rosac.
Walkcra , magn,
Wallea, dliac.
Walleiiia, sapot.
Walrothia, ombcll.
Weissia, mouss.
Werinannia, saxifr.
Westeriiigia {-tèrin-
ge ) , lab.
Winteiania , crucif.
Witsenia {-sénie ) ,
irid.
Xeranthemum ( - tlic
me ) , card.
Xerophjla {xéropliy-
te) , bromél.
Xinicnesia {-ncsic),
corymb.
Xyloina, hypoxyl.
Xjiophyllum ( -phyl-
le ) , eupli.
Xylopia, magn.
Xyphicliuni , irid.
Xyris,70/(f.
Yucca, liliac.
Z
Zacea, card.
Zacintha, cliicor.
Zaniia , cycad.
Zanichellia {-cfictle).
fluv.
707
Zanonia, cucurb.
Zanlhoriza , rcnonc.
Zanlhoxylum ( - xy-
lon ) , riilac.
ZantboxyluDi , icrcb.
Zapana {-pane), vcr-
bén.
Zea {ma'is) , gram.
ZiJla, crucif.
Zinnia {-nie), corym.
Zizania {-nie), gnun.
Zizipliora, lab.
Ziziphus ( jujubier ) ,
rliamn.
Zœgea, card.
Zornia, lég.
Zostera {-tère) ,fluv.
Zygophylhun ( faba-
gcltc), ru lac.
Celui, disait Gœlhe, qui n'est pas sensible à la voix des poètes
est un barbare. Faut-il s'étonner que les botanistes soient si peu
portés pour les poètes ? Certes , en fait de barbarie, ils ont fait leurs
preuves. Chez quelles peuplades sauvages de l'Afrique ou de l'Amé-
rique trouverait- on , je vous le demande, des accouplements de
voyelles et de consonnes aussi monstrueux que ceux que présentent
ces dénominations :
Banksia ,
Bcrtufortia (1) ,
Bougrtinvillœa (1) ,
Bredenieyra ,
Broussonetia (1) ,
Brunsfelsia ,
Buxfcauniia,
Clirtî'/felia (2) ,
Cherleria ,
Cogswellia ,
Conceveibuni (3),
CoMrowpita ,
Cunninghamia ,
Dillwynia,
GrcMwia (4),
GMir/^enotia ,
Guldenstarffia ,
Hassclsquistia ,
Uenchera ,
HoMtoï/ynia ,
HK/(7(i«sia ,
Incarvillsea ,
Inge/i/fOMsia,
Jungermannia ,
Kacmpferia ,
Kakmchae ,
Kennedya,
Kitaîbelia ,
LoncAocarpus ,
M«rf(/rawia(5),
Marcliaiiiidi ,
Mesenibryantliemuni ,
Messerscbmidia,
Mic/iauxia ,
Mougeotia ,
Munchausia,
Prti<//inia (6) ,
Pitlcairnia,
Plucknetia ,
Pocockia ,
Pommereulla ,
Priestleya ,
Rokicka ,
Rof</)ollia (7),
RoxJjurgia ,
(1) Tous ces mots sont censés latins. Du moins la terminaison Tindique. Coininent
donc des voyelles toutes françaises, telles que crt», ain, ou, osent-elles y figurer?
(2) Comment prononcer ce mot ? chaiiétia ou hail-letia'! Un/ mouillé en latin,
n'est-ce pas le comljle de la barbarie ?
(3) Trouvez-moi quelque part un mot analogue.
(4) Dans quelle langue la voyelle eu se trouve-t-elle jamais devant le w?
(.')) Un c devant un g , cela s'est-il jamais vu dans aucune langue?
(6) Si l'on a jamais vu les voyelles au, eu, suivies d'une double consonne!
(7) Deux t devant un //, n'est-ce pas liorrililc ?
70S
lliulbeckia ,
Scliisveieckia ,
Scheîtchzeria ,
SchoMiria ,
Schianckia ,
SchuUria ,
CLEF DE LA LV.\(a E ET DES SCIENCES,
Sema ,
Sip:osl)ockia ,
Sohdicw skia,
Siiiilliwellia ,
ToMineforlia,
ToHirelia,
Wachendorfia ,
Watdstcniai,
Wahoihia ,
Weissia,
Witsenia ,
Zanichellia , etc.
Comiiienl des oreilles accoutumées à (Je lelshurlemenls de syllabes
antipathiques pourraient-elles rien comprendre aux divines harmo-
nies du poète ? Et M. Bescherelle qui reproche, après mille autres ,
à l'Académie de n'avoir pas admis ces mois dans son dictionnaire î
Vous verrez qu'il les nationalisera, lui, sans le moindre scrupule,
à la plus grande gloire de son pays ; tenant à prouver que, si, sous le
règne de l'égalité, tous les Français en France ne sont pas égaux, au
moins tous\es m ots{maîix) s'y donnent la main. Lesuccèsdu Diction-
naire des Dictionnaires , et de la Grammaire nationale , prônée par
le Journal des Débats, montre assez que ce bon public de France
est fait pour tout endurer. C'est à la fois le souffre-douleur et la
vache à lait des libraires et des journalistes, qui l'exploitent et le
maltraitent à qui mieux mieux. S'il essaye parfois de se soustraire
à rhumilianle tutèle de ces derniers , c'est pour y être honteuse-
ment ramené le moment d'après. En vrais charlatans qu'ils sont,
les journalistes savent si bien l'attirer, Fentourer, le circonvenir ,
qu'il ne voit que par leurs yeux, n'entend que par leurs oreilles,
et qu'il se laisserait facilement persuader que la lune est plus utile
au monde que le soleil, qui ne brille, en effet, au ciel que pendant
le jour, tandis que la lune éclaire pendant la nuit.
Ce bon public croit aux éloges et aux critiques du Journal des
Débats. Peut-on pousser plus loin la naïveté?
Le Journal des Débats lui conte que le Dictionnaire de VAcadé-
mie, avec sa rédaction admirable, sa méthode parfaite, sa précision
mathématique, n'est que l'œuvre de quelques écoliers maladroits j
tandis que le Dictionnaire de M. Bescherelle lui paraît tout à fait
de nature à rivaliser avec ceux des Johnson, des Facciolati , des
Adelung , et des savants Académiciens de la Crusca^ le Journal
des Débats lui débite de telles sornettes; il lui rappelé avec em-
phase les sérieux travaux de grammaire par les quels a si glorieu-
sement débuté l'auteur recomraandable du Dictionnaire national;
il lui déroule pompeusement toutes les beautés de cette nouvelle
création lexicographique ; — et peut-être que le public, avec sa
naïveté ordinaire ,^s'écrie déjà, devant cette perspective lointaine :
Cocher y qu'on iious rj mène.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 700
Bon public, bon public, comme on se joue de toi! Je te
dis moi, crois-m'en si tu veux, que ni les Johnson, ni les
Facciolati , ni lesAdelung, ni l'Académie de Florence, ni
l'Académie de Paris, ni le Journal des Débats, ni M. Bes-
cherelle, ne savent ce que c'est qu'un bon dictionnaire. Ils
n'en ont pas encore eu, depuis des siècles, ils n'en ont pas
encore la première idée. Boiste sentait toute l'imperfection
du sien , lorsqu'il disait : « Il n'y a que Dieu qui puisse faire
un bon dictionnaire. » Je ne suis pas Dieu, mes chers mes-
sieurs du public, mais je suis quelque peu poète, et à ce titre
j'ai eu, comme autrefois Moïse , la gloire suprême d'enten-
dre la voix de Dieu qui m'a parlé sur le mont Sinai, et m'a
révélé l'important secret que vous cherchez en vain depuis
des milliers d'années.
Savez-vous bien que , taudis que l'œuvre de M. Besche-
relle, brochée au jour le jour, aura reçu son entière exécu-
tion peut-être dans moins de trois ans, la mienne après huit
ans entiers d'un travail opiniâtre, d'un travail de nuit et de
jour, n'est pas encore arrivée à son terme? Savez-vous que
je ne puis guère la juger digne de voir la lumière qu'après
y avoir consacré encore à peu près quinze mille heures
de travail, c'est à dire, environ quinze heures par jour,
pendant trois années entières, comme je l'ai déjà fait plu-
sieurs fois, quand j'avais des économies? En 1841, de-
puis le mois d'avril jusqu'à la fin de décembre, époque où
j'étais sans place, et oij j'avais en ma possession une somme
de sept cents francs, j'ai même fait plus que cela: j'ai tra-
vaillé tous les jours depuis cinq heures du matin jusqu'à
minuit, sans autre intermission que celle du déjeuner, d'en-
viron dix minutes, et celle du dîner, qui ne durait jamais
l)lus d'une heure ; ce qui fait bien dix-huit heures par jour
])kMncment occupées. Il est vrai que j'allais tous les diman-
'10 CLEl' DE LA I,VA(;UE ET DES SCIElNCES.
ches me promener au bois de Boulogne, pour voir le ciel et
respirer l'air.
Cela n'est pas croyable;, direz-vous peut-être, ô syba-
rites. Mais, pour vous le prouver^, je n'aurais qu'à vous con-
duire chez le propriétaire de l'humble chambre que j'habi-
tais, non loin de l'Odéon.
Depuis cette époque, le dictionnaire s'est reposé ] car c'est
à peine si je puis disposer de trois à quatre heures par jour
en faveur de M. Cordier, qui se plaint de ma lenteur, et qui
se plaindrait bien davantage , si je n'avais le courage de
prendre sur mon sommeil et sur mes plaisirs .
Pourtant les années s'écoulent. Fugit irreparabile tempus.
Ma jeunesse s'en va, mes forces s'épuisent, et bientôt peut-
être ne serai-je plus en état de continuer l'œuvre immense
que j'ai entreprise. Ce n'est pas sans horreur que j'envisage
l'idée de laisser inachevée une œuvre dont l'importance m'a
paru telle, que, pour m'en occuper exclusivement, j'ai sans
peine sacrifié mes goûts poétiques, étouffé dans mon âme
les tumultueuses séditions de ma verve, et renoncé à toutes
les distractions, à tous les plaisirs, à toutes mes relations de so-
ciété, me condamnant moi-même à l'isolement le plus triste,
brisant mon cœur sans pitié, et regrettant jusqu'aux heures
données au manger et au dormir. Néanmoins tu y perdras
beaucoup plus que moi , cher public. Ne prends pas ce que
je te dis là pour de la jactance. Je te jure que j'ai une idée,
une idée superbe, une idée que je ne donnerais pas pour
toute la considération dont jouit près de toi \e Journal des Dé-
bats, et que tu ne devrais pas me laisser emporter dans la
tombe, si tu comprends tant soit peu tes intérêts. Prends-y
bien garde ; bientôt peut-être il ne sera plus temps. Songe
que, si l'un de ces jours je me sentais trop faible, trop ruiné
par les veilles et les privations pour pouvoir achever moi-
mcmc mon aiiand ouvrage, dans la persuasion oîi je suis
SIGNES DIVERS. ItOTAXIOUE. 711
qu'un autre ne pourrait rendre mon idée qu'imparfaitement,
j'en brûlerais incontinent tous les manuscrits. Et, je te le ré-
pète, ce serait pour toi une perte considérable, une perle
qui ne saurait te causer trop de regrets.
L'idée dont je te parle est si réelle , qu'un de mes compa-
triotes, un jeune savant français, M. Despeyrous, envoyé à
Vienne par son gouvernement pour y rechercher les ma-
nuscrits du grand géomètre Fermât , que va faire revivre
M. Libri , dotant ainsi la France d'une gloire rivale de
celle dont Leibnitz et Newton ont fait chacun un soleil à
leur patrie \ — qu'un de ces hommes rares, qui joignent à
une intelligence supérieure un cœur excellent, un de ces
hommes complets comme en cherchait Diogène avec sa lan-
terne, frappé du peu que je lui en ai dit, dans la visite dont
il m'a honoré, s'est écrié tout à coup : «Mais, monsieur, c'est
là une idée d'or ^ gardez-vous de la révéler ; on vous la vo-
lerait, on vous la gaspillerait. »
Entraîné, soit par la confiance que m'inspirait une na-
ture si sympathique à la mienne, soit par l'amertume qui
débordait de mon âme , à la pensée des injustices qui sou-
illent le monde, c'est la première fois qu'il m'est échappé
quelque chose de mon secret. Mais je compte sur la discré-
tion d'une âme si élevée, radieuse nature, que mon unique
ami d'exil, M. C. Etienne, a fait apparaître un jour devant
moi , et qui nous a fait revivre un moment l'un et l'autre
au fond de notre tombeau.
S'il en parle, ce ne sera qu'à son illustrepatronM.de Sal-
vandy, sur le caractère du quel il s'est exprimé en termes
si honorables, dont il m'a fait un si beau portrait, oii ressor-
taient si vivement les qualités de cœur et d'esprit qui distin-
guent ce digne Mécène d'un nouvel Auguste, que je suis
presque décidé, dans ton intérêt , ô public chéri, à tenter une
démarche au près de Son Excellence M. le ministre de lin-
7< 2 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
struction publique , en vue d'obtenir ce qu'on accorde à tous
les ouvriers, l'humble salaire dont j'ai besoin pour vivre
pendant le temps que durera encore mon travail. Je me suis
laissé dire qu'un certain abbé,', fort capable du reste, reçoit
depuis plus de vingt ans une somme annuelle de dix-huit
cent francs pour l'exécution d'un dictionnaire latin, qui,
quel qu'il puisse être, ne saurait avoir l'importance de celui
que je te promets. Aux mêmes conditions, je m'engagerai
volontiers à travailler douze ou quatorze heures par jour,
afin de te mettre le plus tôt possible en jouissance d'un trésor
dont tu ne soupçonnes pas la valeur , et pour le quel tu me
béniras tous les jours de ta vie^ si je parviens à le tirer du
lieu oii il est encore à moitié enfoui. Je n'ai besoin pour cela
que d'un peu de temps. Or telle est ma destinée que mon
temps même ne m'appartient pas.
Pour l'acquit de ma conscience^ pliant ma rude voix à des
accents plus doux , inclinant mon front fier, je tenterai donc
ce que j'ai dit. Fais des vœux pour que je réussisse; car il y
va de ton intérêt plutôt que du mien ; car il s'agit pour toi
d'un ouvrage essentiellement utile , d'un ouvrage des plus
utiles qu'on ait jamais publiés dans aucune langue. Pardonne-
moi cette apparence de présomption. Je serais plus modeste,
s'il s'agissait purement et simplement d'une œuvre d'art;
mais il s'agit d'une œuvre de recherches et de patience, dont
le principal mérite repose sur une idée unique; idée dont je
m'applaudis , je l'avoue , et dont je suis jaloux à ce point que
je ne voudrais pas donner la moindre publicité à mon entre-
prise avant son entière exécution. Il s'agit d'une idée^ en-
tends-tu ?
En attendant, a le Dictionnaire de M. Beschercllc se recommande, dit le
Journal des Débats, par la nomenclatnre la plus abondante, la plus riche,
qui se soit peut-être encore rencontrée en aucune langue et dans aucun
dictionnaire. Sur vingt-deux mots que donne le dictionnaire le plus com-
plet, le Dictionnaire national en donne de soixante à soixante-cinq. »
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 713
kat. jcox da Journal ties Débats , le meilleur diclionnaire est celui qui
contient le plus grand nombre de barbarismes.
Et avec tout cela la nomenclature de botanique n'y sera sûrement pas
aussi complète que celle qui se voit ici.
On y trouvera certainement, comme dans tous les dictionnaires, les mots
astère , buglose, biigrande, clcmatilô, colclùqiie, oli^olrique, etc., etc., etc.,
orthographiés comme de coutume. Ce sont autant de monstruosités. Aster ,
buglo.sse, bugrane, clémalide, colcliic, oligotric, etc. , etc., etc., telle est la seule
véritable orthographe de ces mots, la seule qui soit conforme au génie de
la langue, par conséquent la seule raisonnable, la seule admissible. Il est
aussi absurde de terminer par un e muet aster, mot purement latin, qu'il le
serait d'en ajouter un a pateroii à géranium. On doit dire clémalide, du latin
clematis, -tidis, par la même analogie qu'on dit agroslide , d'agrostis , cra-
nichiile, de cranichis,épacride, d'épaeris , ibcride, d'iberis, oxalide, d'oxalis,
etc. La terminaison igue est essentiellement iéminine ; elle convient aux
mots angèlique , arniqac, niéliqtie, momordique, paronique, véronique, déri-
vés du latin angelica, arnica, melica, momordica, paronycbia , vcronica. Mais
écrire colchique, oligotrique, de colchicum, oUgotrichum, c'est montrer bien
peu de raison. Comment l'Académie Française , instituée, comme elle s'en
vante, pour travailler au perfectionnement de la langue, est-elle encore,
après tant de siècles, si peu pénétrée du génie de cette langue et des prin-
cipes qui ont présidé à sa formation ? Comment n'a-t-elle pas compris que,
s'il est permis d'écrire colchique, il n'y a plus de raison pour écrire agaric,
doronic, panic, plutôt ({uagariquc, doronique, panique, en latin agaricus ,
doronicum, panicuni ?
Une chose surtout que je ne saurais assez flétrir, par ce qu'elle engendre
une foule de diËBcultus inutiles, c'est la manie qu'on a de donner à un
même nom deux ou trois terminaisons de genre différent; en sorte qu'on
dit indistinctement peuplier ou peuple, acacia ouacacie, camellia ou camel-
lie , hortensia ou hortensic, ou même hobtense, cobœa ou cobèe, etc. Mascu-
lins de leur nature, ces noms ne sauraient admettre que la première de
ces terminaisons, et je tiens pour barbarismes les mots peuple, acacie , ca-
mcllie, hortcnsie , cobèe, employés pour désigner la plante même. S'il ne
s'agit que de la fleur, c'est bien différent. Qu'on dise, un bouquet de ca-
mellies, c/'hortenses , de cobées , etc., comme on dit un bouquet de roses ,
d'èglantines , et non pas un bouquet de rosiers , d'églantiers , — sûrement
rien de mieux. Mais comme noms de plantes, acaci, camelli, liortensi, cobé,
me sembleraient presque plus raisonnables. On écrit bien pédali, de
pedalium , au lieu de pcdalie. Et quand on songe que dans les noms
français dérivés immédiatement de noms latins masculins ou neu-
tres, la désinence us ou um n'est généralement remplacée par un e muet
que lorsqu'il se rencontre avant cette désinence une consonne qui n'en
permet pas la suppression totale, on ne peut qu'applaudir à l'orthographe
du mot pédali. Voyez, en effet, les mots boteius , anethum, cuminuni, lu-
pinus, vulpinus , Jasminum , vinum , linum, etc. , etc. Par quel procédé
fera-t-on des mots français de ces mots latins? Par la simple suppression
des Gnales us et um : le bolet, Vaneth, le cumin, etc. Si la même chose
n'a pas lieu pour les mots temple, buplévre , verbe, etc., c'est par ce que
le génie de notre langue s'oppose à des Anales telles qnc pt, vr, rb, qu'on
ne saurait prononcer convenablement sans le secours de Vc muet. 11 en est
de même des mots amulèle, antidote, labyrinthe, colosse (1), ou, selon le
(l) Si l'on écrivait coloss, a la iiiaiiièic des Allemands, ce mol ne perdrait rien de
sa sonorité, mais le génie de notre langue s'oppose à ce qu'un mol finisse par deux
consonnes pareilles. C est pourquoi dans ryprîs, dérivé du latin ryprcssiis , la sup-
T. II. 90
7^ 4 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
gt'nie de notre langue, le tel le s ne sonneraient pas, s'il n'étaient accom-
pagnés d'un c muet. Tontcfois il faut hien se garder de doubler le t dans
anui'Mc, L'e muet est également nécessaire- dans les mots délice, nrliflec, etc.,
pour conserver au c le son doux qu'il a en latin. Mais les mêmes obstacles
n'existent pas pour les mots ff/ioi^é {i),alhénc, cadttcè, camé, ^ynceé , maiisolé,
pcri/^c, pcrinc, propylé, prytanè, iroclic, iroplié, spondé, apliéti, menstru, etc.
Pourquoi dès lors ne pas les écrire comme je le fais ici, conformément a\i
principe sur lequel est fondée la théorie du genre en français ? Qu'est-ce
que cette orthographe a de plus choquant que celle des mot&jnbé , calybc,
café, préjugé, séséli, (htaspi, pédnli, etc. ? On s'est déj.i déterminé à écrire
^carabe, cétacé, gallinacés miscellanés , Linné, au lieu de scarabée, célacée ,
gatlinacce, miscetlanécs, Linnée; espérons qu'on ne fera pas les choses à demi
et que surtout l'on n'écrira plus avec l'Académie violoncelle, vermicelle, po-
lichinelle, mais simplement violoncel, vernticel, polichinel.
Revenons à nos arbres et .i nos fleurs. Au catalogue latin qui précède
nous allons joindre un catalogue fi-ançais , également alphabétique, pour
ceux qui, désirant avoir des notions, par exemple, sur la plante appelée en
français gui , et n'en sachant pas le nom latin ,
Ne sauraient où percer pour trouver ce qu'ils cherclicnt.
Qu'ils me douDeal la main , cl je vais les conduire.
lilsite française* a^ec la tradactfon latine»
des l\onis génériques de Plantes.
Abricotier {prunus arme-
n iaca ) .
Acajou ( anacardium ).
Ahonai {ccrbera).
k\^remomç,agrimonium.
Ail ( al Hum ).
Airelle {yaccinium ),
Ajonc ( ulex ).
Alibousier {Uyrax).
Alisier {cratœgus).
Alkékenge (pfilsalis ).
Alpiste {phalaris ).
Amourette ( briza).
Auserine ou palle- d'oie
( chcnopodium ).
Arbousier (arbutus ).
Argoussier {hippophac).
Armoise {artcmisia).
Aroïde {cal la ).
Arrètc-bœuf {ononls).
Arroche {atriplex).
Artichaut ( cinara ).
Asperge (asparagus).
Aubépin ( alha spina ),
Aune ( alnus).
Année {inula).
Auriculaire {telephora).
Avoine (avenu ).
Azédarach ( melia ),
Badiane ( ilHcium).
Baguenaudicr (colutea)
Balisier (canna),
Balsamier (amyris).
Balsamine (impatiens).
Bananier ( musa).
Baobab (adansonia).
Barbon (nndropogon).
Bardane (arelium ),
Barrelière (barlcria).
Basilic (ocymum).
Béhen (cucubalus ).
Belladone (alropa).
Benoîte, geum.
Béole, bœa.
Berce, heracleum.
Bcrle , si uni.
Cétoine, betonica.
Blèle, blitum.
Bois-cuir, dirca.
Bois de fer (sideroxylum).
Bois de natte (imbricaria).
Bois dentelle (la gel ta).
Bois tambour (ambora).
Bois trompette (cecropia).
Boucage (pimpinella).
Boulette (sphœranthus).
pression de la finale iis a entraîné celle de la consonne qui y adhérait. Ainsi mutilé,
le mot cyprès est encore assez sonoiej mais qu'arriverail-il du mot colosse , si on lui
faisait subir la même opération ? Hélas I les grammairiens n'ont déjà fait que trop d'eu-
nuques dans la langue.
(l) Apogée , périgée , sont de vérilahlcs barliarismos , puisqu'on ne dit pas en grec
gêa , la terre , mais simplement gé".
SlGiNES DIVERS. DOTAMQUE.
7 » 5
Douleau {bclula ).
Bourrache ( borrago ).
Bruyère {crlca ).
Bugle [ajiiga).
Buglosse {anclùisa).
Buis ( buxtis).
Cacoïer ((heobroiiM).
Cadelari (achirantes).
Caféier (coffea),
Caillelait ou gaillet (g^a-
lium ).
Caïmetier , ( chrysophyl-
lum ).
Calac ( carissa ).
Calebassier ( crescenlia ).
Camariue ( empclrum ).
Camélée {cneorum).
Camomille {anihcmis).
Camphrée ( camphorata),
Campêche ( liœmatoxy-
!unt ).
Cannamelle {saccharuvi).
Capillaire {adiantum ).
Câprier [capparis ).
Cardére ( dipsacum).
Cardiaque ( leonurus).
Carmantine [juslicia).
Carotte ( dauctis).
Caroubier {ceralonia ).
Carv'i ( carum ),
Casse {cassia ).
Cataire {ncpeta),
Cauche (aira).
Cèdre ( cedrus),
Ceutenille [cenlttncutus].
Céreste (ccraslium ).
Cerfeuil ( chœropliyllum).
Cerisier (ccrasus).
Cestrau (cestrum).
Ciialef {elœagnus).
Champignon ( campipi-
gnus), fungtis.
Chanvre (cannabis).
Chardon (carduus).
Charme [carpintis).
Châtaignier (castanea).
Chêne, qiiercus.
Chèvrefeuille (1), fJonl-
cera ou caprifolium).
Chicorée (çlucorium).
Choin (schœtius).
Chou ( brassica).
Ciguë (cicuta).
Ciguë (grande), COnillW.
Cirier, myrica.
Citronnier (citrits).
Clandestine {lallirœa),
Clusier , clusia.
Cocotier, cocos.
Concombre, cticmnis.
Consoude , symphylitm.
Copaïer, copaifera.
Coquelourde , agroslem-
ma.
Coquemollier,//(Cop/irflx/a
Corbeille d'or, alyssuni.
Corète, corchoras.
Cornaret, mariynla.
Corne d'abondance, cor-
niicopiœ.
Cornouiller, cornus.
Cornude, cornulla.
Corossolier ou assim in ter,
anonc.
Cotonnier, gossypium.
Cotylet, cotylédon.
Coudrier, corylus.
Courbaril, liymcnœa.
Courge, cucurbila.
Crapaudine, siderilis.
Cresson , sysimbrium.
Crinole , crinum.
Croisette, valanlia.
Cupidone, calanancUe.
Daphenot, boiUia.
Daphné ou (auréole , thy
melea.
Dattier, phœnix.
Dauphinelle ou pied d'a-
louette , dclphiniunt.
Dcntelaire, p lumbago.
Dorine , clirysosplenium.
Dormeuse, liyoseris.
Drave, draba.
Ébénier, cbcnus.
Églantier , cynosbalos.
Épervière, liieracium.
Éphémérine, tradescan-
tia.
Épinards, spinacia.
Épinc-vinetle, berbcris.
Érable , accr.
Ers, crvuni.
Éthuse , cet II usa.
Étoile d'eau, damasoniutn .
Fabagelle , zygophyllu m .
Fenouil , feniculum.
Fénu-grec, Irigoncila.
Fétuque, fcstuca.
Févier , gleditscliia.
Ficoïde, mesembryanlhe-
m a m.
Figuier, ficus.
Filaria, phylUrea.
Fléau, plileum.
Fougère, pleris.
Fragon , ruscus.
Fraisier, fragaria.
Frangipanicr , plumiera.
Fraxinelle, dictamnus.
Frêne, fraxinus.
Froment, triticum.
Funieterre , fumaria.
Fusain , cionymus.
G
Gaillet ou caillelait, ga-
Uum.
Gaînier, cercis.
Gala ne, clwlone.
Galardienne , galardia.
Gantelée, campanulatra-
chetium.
Garance, rubia.
Gattilier, vilex.
Genêt, gcnista.
Genévrier , juniperus.
Geinscng , panax.
Gentianelle, exacum.
(l) Poiuqiioi pas cfiènrcfeiiil, puisque ce nom est masculin , par analogie avec cer-
Jeuil ? iùcoulez Boileau !
Antoine , gouverneur tic mon inrdin ti'Aulcuil,
Qui dirige cUcz moi l'if el'eclihvrcftuil.
fo
CLEF im LA LAiNGUE ET DES SCIENCES.
Gennaudrée, leucrium.
Gcrmanée, pleclranthus.
Gérollicr, carynijliyllus.
Gérose , anastatica.
Gesse, lathyrits.
Giroflée, chciranlhus.
Glaïeul, glaclioliis.
Globuline, chaos primer-
diatis.
Gouet , arum.
Goyavier, psidlum.
Grassette , pin<yukiila.
Gralei-on, apnrhm,galiinu
Grenadiei", punica.
Grenadille, passipora.
Groseillier, grossularla.
Gui, viscum.
Guimauve, allhœa.
Guittarin, cylharcxylon.
Gyroselle, dodccantlteorc.
Haricot, phaseolus.
Harmale , peganum.
Haronga , harungana.
Henné, lawsonia.
Herniole, herniaria.
Hêtre, fagus.
Hippocastanc ou marron-
nier d'Inde , œsciiliis
hippocastanum.
Houblon , hiimiilits.
Houlque, hulctis.
Houx, ilex.
!f , taxas.
Igname, dioscorœa.
Immortelle, gnaplialiiim,
gomphrena.
Indigotier, indigo fera.
ivraie, lolium.
Jacinthe, hyacinthus.
Jacquier, arlocarpus.
Jasmin, jasminiim.
Jasmin d'Arabie, nyclan-
thcs.
Jonc, junciis.
Jonquille, narcissits Jon
q II il la.
Joubarbe , sempenivum
Jujubier, ziziphus.
Julienne, hesperis.
Jusquiame, hyosciamtts.
Ketmie, hybisciis.
I.
Laîche, carex.
Laiteron , sonchus.
Laitue, lacluca.
Lampette, Uchnis.
Larniille, coix.
Laser, laserpiliam.
Lauréole ou daplmè, ihy-
mclea.
Laurier , lauriis.
Laurier rose, neriiim.
Lavande, lavandula.
Lavanèze, galega.
Lentille, ervum.
Lentille d'eau, lemna.
Lèpre, psora.
Liane, planta sarmen-
tosa.
Lierre, liedera.
Lierre terrestre , glecli»-
nia.
Lilas , syringa.
Limonier , litnonia.
Linaigrette , erioplwron.
Lis, tiliuni.
Liseron , convolviilim.
Litchi , eiiphoria.
Livêehe, Hgusticum.
Lotier, lotus,
Lunaire, botrychiitm.
Luzerne, mcdicago.
Lyciet, lycium.
M
Maceron, smyrnimn.
Mùche ou doucette , valc-
rianella.
Macre, trapa.
Maïs , sea.
Mammey, mammca.
Mancenilier, hippomane.
Manguier, mangifcra.
Marguerite , clirysanthe-
mum.
Marjolaine, origanum.
Marronnier, œsculus.
Masselle, t y plia.
j Mauve, mulva.
Mauvisque, malvariscus.
Medicinier , jatroplia.
Mélèze, larix.
Melinet, cerinthe.
Mélongène ou aubergine-,
solanum melongena.
Micocoulier, ce/<«.
Micranihème, globifera.
Millepertuis, hypericum,
Molène ou bouÛlon-blane,
verbascum.
Molle, sehinus.
Mombrn, spondias.
Morelle, solanum, hydro-
cliaris.
Morille , morchella.
Mouron, anagallis.
Mousse, muscus.
Moutarde, sinapis.
Muflier, antirrhinum.
Muguet, convallarieh.
Mûrier , morus.
Muscadier , myristica>
K
Naïade, naias.
Narthèce, narthecium.
Navet, napus brassica.
Néflier, mespilus.
Nélombo, nelumbium.
NtHiuphar, nymphœa.
Nielle , nigella.
Nielle des blés , uredose-
gcium.
Noix vomique, ou fève db
Saint Ignace, strychnos-,
ignatia.
tioy er,juglans.
OEillet, dianthus.
OEillet d'Inde, tagetes.
Olivier , olca.
Ophiose, ophyoxylon.
Oranger, aurantia.
Orge , liordeum.
Orme, ulmus.
Ortie, urtica.
Oseille, rumex.
Osier, vimen, salix^
Panais , pnslinace.
SIGNES DIVERS. BOTAMyUE.
7t7
Panicaut, eryngium.
Pâquerette, beîlis.
Pareira , cissampelos.
Passerage, lepUUum.
Pastel, isatis.
Patte-d'oie ou ansérlne,
chenopod'iiim.
Pavot, papaver.
Pêclier, amygdalus per-
slca.
Pédérote , pœderota.
Pélégrine, alstrœmerla,
Péragu, clerodendron.
Perceneige , galant hus.
Persil, apitim.
Pervenche , vinca.
Pesse, hyp parts.
Peuplier, popiitus.
Piganion , thalictrum.
Piment, capsicum.
Piniprenelle, poterium.
Pissenlit, Icontodon taraac-
acnm.
Pivoine, pœonla.
Plantain , plantaso.
Plantain de moine, lltlo-
rella.
Plantain d'eau, allsma.
Plaqueminier, diospyros.
Plumeau, hotfonia.
Poirée ou bète , beta.
Poirier, plrus.
Pois, pistim.
Pois chiche , ciccr.
Poivre , piper.
Pomme déterre, solarium
tiiberostim.
Pommier , malus.
Pompadour, calycantluis.
Populage, caltlia.
Porcelle, hypochœris.
Porte-siphon , siphopho-
rus.
Potamot, poiamogeton.
Pourpier, porlulacca.
Prêle, equisetum.
Primevère, primula.
Prunier, prunus.
Pulicaire, psyllium.
Quinquina, cincliona.
R
Ruclc, cenclirus.
Raifort, raphanus.
Raiponce ou raponculc ,
rapunculus.
Raisinier, coccoloba.
Râpette, asperugo.
Raponcule , phyteuma.
Rave, rava , raphanus.
Redoul, coriaria.
Réglisse , gUcirrlnza.
Rendier, borassus.
Renoncule, ranunculus.
Renouée , polygonum.
Ricinelle, acalypha.
Rii'ble ou grateron, ga-
lium.
R iz , oriza.
Rocou, bijea.
Romarin, rosmarinus.
Ronce , rubus.
Rosage, rhododendron.
Roseau , arundo.
Rosier , rosa.
Rossolis , droscra.
Rotang , calamus.
Royoc , morinda.
Ruban d'eau, sparganium
Rue, ruta.
S
Sablière, hura.
Sabot de Vénus , cyprlpe-
dium.
Safran, crocus,
Sagou, sagus.
Sainfoin, hedysaruni.
Salicaire , lythrum.
Salsepareille, smilax.
Salsifis , tragopogon.
Sapin, abics.
SapotJllier, achra.
Sarrasin, saraceuum fru-
menlum, polygonum.
Satyre , phallus.
Sauge, salvia.
Saule , salix.
Sebestier , cordia.
Seigle, secale.
Selagine, sclago.
Séneçon , scnecio.
ScMsitive, )iiimosa.
Serpenlairc, draconlium.
Serpolet , scrpyllum, thy-
mus.
Soleil , hclianlhus.
Souchet, cyperus.
Souci, calendula.
Soude, salsola.
Spargoute , mieux sper-
gule, spergula.
Sparte , lygeum.
Spatule, othonna.
Staphylin, staphylœa.
Slramoine, datura.
Sucépin, monotropa.
Sumac, rhus.
Symphoriiic , symphori-
carpos.
Tabac , nicotiana.
Tamarin, iamarindus.
Tamierou/aminter, iam-
nus.
Tanaisie, lanacetum.
Terrenoix, bunium.
Tilleul , lilia.
Tomate ou pomme d'a-
mour, solanum lyco-
persicum.
Tournesol, crolon.
Trèfle, trifoUum.
Triglochin, juncago.
Troène, Hgustrum.
Truffe, tuber.
Tubéreuse , polyanlhus.
Tulipier, liriodendron.
Tupélo , nyssa.
Uvette, ephredra.
V
Vaquois, pandanus.
Varec , fucus .
Vaubier, hahea.
Velar , erysimum.
Verge d'or, soUdago.
Verveine , vcrbena.
Vesce , vicia.
Vigne, vitls.
Violette , viola.
Viorne, ribumum.
Volant d'eau, myriophyl-
lum,
Vulpin , alopecurus.
IS (:i,EF DE LA r,AN<;LIE El DES SCIENCES.
Je n'ai pas cru nécessaire de rcpéler les noms qui ne dilTèrenl
des noms lalins que par la terminaison. 11 sera facile de les retrou-
ver dans la première lisle. La répétition des noms de famille u'eùt
pas été chose moins oiseuse.
Quel plaisir pour les jeunes latinistes d'avoir ainsi sous la main une
foule de mots qu'ils chercheraient en vain dans leurs dictionnaires !
Quel plaisir pour les étrangers avides de s'initier dans la langue
française !
IVoniM vulg:aires des Plantes.
Arbre à aiguilles, Le;jùi^le
vi('lc:c, le sapin.
Arbre à bourre, 'L^arcc (1).
Arbre à bois blanc. Le saule,
le peuplier. Le sapin.
Arbre à calebasse, Le calcbas-
sicr ou cresccntia (2).
Arbre ù chapelet , ou arbre
saint, Uazcdarac bipenne
ou faua; s]/comore de Pro-
vence.
Arbre à cire, Le gale elle ci-
rier.
Arbre à corde, hebanamer,le
figuier, le mûrier.
Arbre à en-ivrer, Le galcga, le
pliyllanthe, Vcrythrin (3),
et le tithymule {k).
Arbre à franges. Le chionan'
the.
Arbre à l'ail, Le cassier (5)
ou canéficier, le scbestier
et le ccrdan (6).
Arbre à lait. Les euphorbes,
les apocyns,les asclcpiaslj),
les argans (8).
Arbre à la glu. Le houx et le
mancenilicr (9).
Arbre à la gomme, L'euca-
lypte (10) et le métrosidé-
7-OS.
Arbre à la migraine , Le
premne.
Arbre à pain. Le sagoutier et
Yartocai~i)us.
Arbre à papier. Le brousso-
nélia (et non pas la brous-
sonétie).
Arbre à sang, Lemillepertuis,
Arbre à sucre ou à fraise, Var-
bousier.
Arbre à tan. Le sumac.
(l) Il y en a qui écriveal areqiie.
{7.) Crescentie n'est pas tole'raLle.
(3) On dit gëne'ralement érj-thrine , du latin erj'tlirmaj ce qui est une anomalie de plus parmi
tant d'anomalies ridicules. Les noms d'arbres et d'arbrisseaux e'tant masculins, la seule véritable
ortliographe de ce mot est erythrin. Je trouve qu'il serait mieux aussi de dire en latin erjrlhrinium,
par analogie avec érythronium , autre nom de plante.
(4) Pourquoi pas lithjmal ? Je le pre'férerais, si je pouvais me résoudre à dire au pluriel tilhy-
niaux .
(5) On dit plus souvent casse ; mais selon moi ce nom ne peut convenir qu'à la casse du com-
merce, c'est à dire, à la pulpe contenue dans les gousses longues et ligneuses du cassier , la quelle
est d'un grand usage en médecine , et qui se vend sous le nom de casse en bâton , quand die est
encore en gousse. La casse est laxatife. De la casse du Levant. Prendre de la casse en bol ou
dans du petit-lait. Surtout il est absurde d'appeler caiie le genre entier au quel appartient le
cassier. Le seul nom convenable est cassia. Ainsi l'on dira : Le cassier, le séné, sont des espèces
du sjenre cassia , des espèces de cassias.
(6) Comment peut-on dire au masculin le cerdanc ?
(7) Les dictionnaires admettent asctépias et asclépiade. Le premier y est masculin, le second
y est féminin. Mais quoi de plus blâmable que cette multiplicité de terminaisons et de genres pour
le même mot? On ne cesse de répéter que deux mots parfaitement synonymes, dans la langue, se-
raient un défaut, et l'on consacre de telles discordances I
(8) Pourquoi pas arganes comme cerdunes ?
(9) On écrit ordinairement manceniUicr , avec deui / et deux i , en sorte que le lecteur ne sait
co.Timent prononcer ce mot. Qu'on m'en explique la raison. J'ose écrire OTfl/îCen/Vi'er, sapotilier,ctc.,
par la même analogie qu'on écrit gatitier. Quand Vélymologie ne s'y oppose pas, Xa prononciation
est encore le meilleur guide en fait d'orthographe.
(10; Masculin dans quelques dictionnaires , eMfn/y/iie est employé comme féminin par le plus
grand nombre, ce qui est Ircs-irrégulier. îSous préférerions eucalyptus. En général, on ferait bien
de conserver aui noms d'arbres leur terminaison latine, quand celtle terminaison ne peut dispa-
raître entièrement et qu'elle doit être remplacée en français par le muet qui est le signe distinctif
du féminin. Métrosidcros vaut mieux sûrement que mcVros/t/è/f , et les romantiques ont bien
leur raison pour écrire Hvmcrus , Firgilius , etc., plutôt i\WHomire, Virgile, etc.
Arbreàtlié, Le symploc (H).
Arbre au coton, ÎLe fromager.
Arbre au mastic, Le lentis-
quc {i2).
Arbre au poivre, Le galilier
(13) ou vitex et leschiims.
Arbre au raisin, Lestaphylier
ou staphylin.
Arbre aux anémones, Le ca-
iycanthe ou calycantlius.
Arbre au vermillon, Le chêne
aux kermès.
Arbre aux boutons, Le céplia-
lanthe, le conocarpe , et le
gainier.
Arbre aux grives, Le sorbier
Arbre aux,œufs, Le prunier.
Arbre aux pois. Le robinier.
Arbre aux quarante écus, Le
ginkgo {là).
Arbre aux savonnettes, Le sa-
vo7inier.
Arbre aux tulipes , Le tuli-
pier.
Arbre aveuglant, Uexcœcaria
Arbre d'amour, Le gaînier.
Arbre d'argent, Lec/ia/e/'etle
prêtée.
Arbre de corail, h'' arbousier ,
l'crytiirin, et le condori.
Arbre d'encens (15), Le bau-
mier, le pin de Virginie.
Arbre de jfudée, Le gaînier
d'Europe.
Arbre de mai ou de Saint-Jean,
Le panax.
Arbre de mille ans, Le baobab
ou adansonia.
Arbre de neige, 'L'amélancher
et le viorne (16).
Arbre d'or, Le mûrier blanc
et le rhododendron.
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE
Arbre de paradis. Le chalcf
Arbre de Rosny, Vorme.
Arbre de Sainte-Lucie, Le
ma h a le b.
Arbre de soie, L'acacia et Vas
clépias.
Arbre de vie, Le thuya.
Arbre du Brésil, Le ccsalpina
(et non \idi%ciesalpinie) et
le campcche.
Arbre du castor, Le magnolier
glauque.
Arbre du ciel, L'a?//a?i;c et le
ginkgo.
Arbre du dragon et arbre de
fer, Le dragonnier.
Arbre du vernis (17), Le su-
mac.
Arbre géant. Le mélèze.
Arbre immortel, L'enrfrac,
Vérythrin, et le cèdre.
Arbre impudique, Le coura-
tari, le clitorc, le vacoo, et
le pandanus.
Arbre poison. Le ??ia?ice?n7!cr^
le sumac, Yantiar (18), et
le toxicodendron.
Arbre puant, L'axa^j/m (19),
le fétidicr.
Arbre sage. Le mûrier noii\
Arbre triste. Le bouleau, le
saule, le tiyctanthe.
Barbe-de-bouc , Le salsifis
sauvage et la clavaire co-
ralloïdc.
Barbe-de-capucin, La nigelle
de Damas, les usnées, et la
chicorée sauvage, v", rpnfcr-
mée dans un tonneau rempli de
terre , pousse des jets allongés et
blancs qu'on mange en salade.
Barbe-de-chèvre, Las/ji>"ee.
719
Barbe-de-dieu ou barbon ,
Vandropogon.
Barbe-de-jupiter,Lay(iM6rt/7'c,
le fusiet, Vanthylide ar-
gentée.
Barbe-de-moine, La cuscute.
Barbe-de-renard, L\istragale
adragant.
Barbe-de-vieillard, hegéropo-
gon.
Barbe-espagnole, La caragate
ou tillandsie.
Barbeau jaune, Les centau-
rées à fleurs d'or.
Barbeau musqué, La centau-
rée musquée.
Bec-de-cigogne ou bec-de-
grue. Le géranium.
Bois à aiguilles. Les arbres rési-
neux.
Bois à balai. Le bouleau, la
bruyère, le cornouiller , le
genêt, etc.
Bois à baguette. Le sébesticr.
Bois à boutons. Le céphalan-
the.
Bois à cassave, L^aralia.
Bois à cochon, Le gomart ,
Yiciquier, et V hedaigia.
Bois à coton, Le peuplier de
Virginie, et autres ailiresdont
la graine est surmontée d'une ai-
grette cotonneuse.
Bois à dartres, La danaide et
le millepertuis.
Bois à en-ivrer. Les plantes
lactescentes, telles que le
tithymale , le phyllanthc ,
et le galéga soyeux.
Bois à feuilles , Les arbres dont
les feuilles tombent et te renou-
vélent tous les ans.
(il) Tout le monde écrit sj-mplo(/iie. k\ovs'pouiquoiY>ds snmaçue ? Ce serait tout aussi classique.
(12) J'e'cris lenlisrjue comme obélisque, ménisque, au lieu tic lenlisc, à cause du peu d'affinité
des sons 5 et A- , incapables de subsister ensemble dans la même syllabe.
(13) Je ne sais pourquoi l'Académie et quelques autres écrivent gatlilier , avec deux t. lîoiste
n'admet qu'un <, et il a cette fois raison.
(14) Ce mot n'a pas la physionomie française. Mais quelle est la nation où l'on ne trouve pas
d'étrangers ?
(15) Nous préférerions arbre a l'encens.
(16) Viorne est , je le sais, du féminin dans les dictionnaires, Mais à quoi bon cette exception?
Le masculin ne me choque nullement dans ce mot.
O7) Nous préférerions arbres au vernis.
(10) Qu'on me dise pourquoi l'on écrit de préférence antiare, tout en faisant ce nom masculin.
(19) On dit aussi anagyre ,miou\\\c rien n'empêche de dire plus régulièrement anagyr. L'Aca-
démie n'admet (\\.\anagyris , cl elle a raison.
720 ci,Er
liois à flambeau, Les arbres risi-
Bois auiandc, ÏjP laurier pi-
clturin (20), ctlemar?//ou
ciquc.
Bois ;\ caleçons, Lchtiuliiiiin.
Bois amer ou irabsiiilhc. Le
cussiii.
Bois à pians. Le mûrier, lefa-
garicr.
Bois à poudre. Le tierprun.
Bois arada, Uiciquicr,
Bois bénit, Le buis.
Bois blanc, Le bouleau, le
peuplier, le tremble, le
saule, Yaubier, le tilleul,
le syringa.
Bois cabri e? cabril, Vcgy-
phyle (21), le fagaricr.
Bois caca, he câprier ferrugi-
neux.
Bois capitaine, Le muurci-
lier.
Bois quarré. Le fusain.
Bois couleuvre , Uopliioxy-
lon (22), le nerprun ferru-
gineux, et le vomiquier.
Bois d'acajou. Le cédréal (23)
elle sirieténia.
Bois d'Agra, un bols odorant dont
les Chinois font de jolis meubles.
Bois d'aigle, h^excœcai-ia.
Bois d'amaranthe, Le maho-
gon et le sirieténia.
Bois d'amourette, L'rtcacia mi-
mosa.
Bois d'anis ou ajiis étoile. Le
badian (24), Vavocatier.
Bois d'anisette. Le poivrier.
Bois(ï'arT,'Lecy fisc des Alpes.
Bois de cannelle. Le canne-
lier, le cabril.
DE LA LANGUE ET DES SCIENCES
Bois de chambre, 'L'agave.
Bois de cliandclles, Le <)rt/sa-
mier, le dragonnier, et l'e-
ryliialis (25).
Bois de cliône. Les bignones.
Boisdcciiron, Le citronnier,
le bdlsamicr, etc.
Bois de crocodile. Le clutéla
musqué.
Bois decuir,Lerf/rccou f/ÙTrt.
Bois d'ébf'ne. Le plaquemi-
nier, et Vébénier.
Bois de fer. Le sidéroxyle, le
robinier, etc.
Bois de fièvre, Les quinqui-
nas, les millepertuis.
Bois de frêne, La bignone.
Bois de garou. Le lauréola.
Bois d'Inde, Le myrte, et le
cam^jf'cAe.
Bois de lessive. Le cytise.
Bois dentelle, Le /«(/ef ou /a-
gettO. (Laget est plus français.]
Bois de mai, L'aubépin. (Nous
voudrions que le nom féminin au-
bépine fill réservé au fruit de cet
arbre qui jusqu'à ce jour est resté
anonyme. Cueillir des aubépines. }
Bois de Perpignan, Le mico-
coulier. ( S'il faut écrire mcnire-
nillier, avec deux ! et deux (, je
ne vois pas pourquoi l'on n'écrirait
pas de même jnicocouiiîier, J
Bois de reinette, Le dodonéa.
Bois de Rhodes , Un balsa-
micr, un scbcsticr, et deux
espèces de liseron.
Bois doux, celui qui a peu de fils
ou de nœuds.
Boifidur,l.e ckai-meduCanada
et les arbres dont le liois est ferme
et serré.
Bois gentil, Le lauréat, et les
tkymélèas.
Bois immortcl,-L'cr»/ ?/(»•('« co-
rail.
Bois imparfait, V aubier.
Bois Lsabelle, Le laurin- rou-
ge, le myrte à feuilles
rondes.
Bois jaune. Le tulipier, le sxi-
mac, le broussonétier, etc.
Bois Jean, L'ajonc.
Bois laiteux. Les euphorbes,
\e mancenilier. (On a ditman-
cAenilier, et je trouve aussi cela
plus sonore. }
Bois major, Vérythroxylc
aréole.
Bois néphrétique, Le bouleau.
On le dit aussi d'un bois jaunâtre,
compacte, pesant, d'une saveur
amère et un peu acre, produit par
on ne sait quel arbre.
Bois puant, L anagyrîs.
Bois punais. Le cornouiller.
Bois satiné. Le prunier et le
férolier.
Bonnet-à-prêtre, Le fusain.
Bourse ouboursette, La mâ-
che.
Bourse-à-pasteur, Lethlaspi.
Casse-lunette, Le bluct.
Casse-pierre, Le bacil, qu'on
nomme aussi christe-ma-
rine, fenouil marin, sali-
corne ligneuse, etc. ( Au lieu
de bacît^ l'Académie écrit bacile,
et les autres bacille, tout en laissant
ce nom masculin. Bacille masculin!
Cela est absurde. Du latin bacilhis,
petit bâton; parce que cette plante
oJlre des rameaux nouveaux, dé-
pourvus de feuilles et semblables
à de petits bâtons.
(2o) Les bolanistes écrivent pichurim , quoiqu'ils appèlent pichurine le fruit de cette espèce de
laurier. Ils écrivent aussi rntiryle, qu'ils font tantôt masculin, tantôt féminin. Je voudrais qu'on
dît cif] , au lieu de ric/ice , parla même analogie qu'on dit co<7 au lieu de foiyzi»;. Nous aurion»
ainsi deux substantifs qui s'en iraient en montrant le r/.
(2t) Il va sans dire que les dictionnaristes écrivent œg-yphile , et qu'ils le font indistinctemen t
du masculin ou du féminin, bien que Végyphyle soit un arbrisseau.
(22) Le même , je présume, que Vophiose des botanistes.
(23) Il y en a qui écrivent cédrelle et swietenie. O classiques I
(24) On dit plus souvent badiane , mol qui n'est véritablement appliquable qu'au fruit de cet
arbre.
(35) Les uns disent éry thaïe, les autres crytltalide. Au quel entendre ? Erythale vaut mieux
qixérythalide , forme essentiellement féminine. Je bornerai là ces observations , qui me mènerait
trop loin. Qu'il nio suffise de dire que je réformerai l'ortUDgraphe des mois, partout où je le ju-
gerai convenable.
Casse-pol, Le ces t veau.
Cœurdebœuf, hecorossolicr.
Corne-de-cerf, Le coronope.
Cran, he raifort sauvatj<.
Dent-de-lion, Lelcontodon ta-
raxacum ou pissenlit.
Dompte-venin, Espèce d'as-
clépias,
Écuelle d'eau, L'hyclvo-cotylc.
Épineardente, Une espèce de
néflier.
Épine blanche , U aubépine.
Étrangle chien , Vaspérulc et
la cynunche.
Fayard, Le hêtre.
Feuille grasse, Uotyin.
Feuille indienne. Le malaba-
llirum.
Fève à cochon, La jusquîame
commune.
Fève à visage. Une espèce de ha.
rient coloré.
Fève de Bengale, Le fruit du
myrobolan citrin.
Fève de Carthagène, Le fruit
du liéjiic.
Fève de loup , L'hellébore
puant. ( r.e nom étant dCrlTé du
latin helleliorum, je ne comprends
pas pourquoi l'on n'éciitpas /ic/(e-
bor, par la même analogie que de
muru» on écrit mur, et non pas
mure.)
Fève de Malac, Acajou à pom-
mes.
Fève de mer, LeAa?n'<;o« com-
mun.
Fève de Saint-Ignace ou fève
des jésuites, Le vomiquier.
(On trouve vûmiîier et vonuf^uier^
orthopraplic tout à fait classique.
Fève de Tonka, La graine d'un
arbre de la Guiane, nom-
mée CamarOU. On l'emploie
pour donner au taliac u-ic odeur
apréable. Les sauvages en font des
collier?.
Fève de trèfle ou de terre, Le
fruit du bois puant.
Fève de senteur, Le lupin de
Sicile.
Fève douce, Le fruit du tama-
rin.
Fève du diable, La graine du
câprier.
Fève épaisse, 'L'orpin.
Fève lovinc. Le lupin blanc.
Fève marine, Le cotyln cl
Vacdciii.
T. II.
SÎGNES DIVERS. BOTANIQUE
Fève tête-de-nègre. Les se-
mences du clolic.
Fleur changeante, La ketmic
<bC l'Inde, ainsi nonmiée à cause
de la promptitude avec la quelle
SCS grandes fleurs passent du lilanc
au rouge, puis au jaune sale ou an
rose en se tablant.
Fleur d'amour, Vamaraiite,
Vancolie, la dauphinclle
sauvage. Celle-ci est ainsi nom
mée parce qu'on ToUVait jadis
dans les campagnes aux jeunes li
lies qu'on prenait pour épouses.
Fleur d'Arménie, L'œillet de
poète.
Fleur de carême. Une variété
de renoncule, qui esttrés-pûic,
et dont la fit ur s'épanouit pendant
le carême des catholiques.
Fleur de chair. Le trèfle in-
carnat, le mélampyre des
champs, la lichnide lacinicc,
dont les pétales olVrent une cou-
leur rougeâtre plus ou mo'
forte, un incarnat plus ou mo
vif. (Je ne comprends pas mieux
pourquoi l'on n'écrit pas me/
pyr, ce nom étant masculin. )
Fleur do coucou, La prime-
vère à fleurs jaunes.
Fleur de crapaud, La stapélic
panachée, dont les fleurs sont
veites, ridées, parsemées de ta-
ches et de lignes rougeâtres.
Fleur d'écrevisse, La fleur du
balisier indien, dontla eorolle
pré-sente , avant son entier déve
loppement, la forme de pattes
d'écrevisse.
Fleur de jalousie, U amarante
tricolore.
Fleur de la passion, La' 5"»'^-
nadille ou passiflore.
Fleur de muscade, Le macis,
écorce intérieure de la 7ioix
muscade.
Fleur de plume, La valériane
grecque, ainsi nommée à cause
des feuillis composée» d'une gran
de quantité de loliolcs qui garnis
sent ses toulVes terminées par de:
bouquets de fleurs bleues.
Fleur de sang, La capucine, et
la tulipe du Cap.
Fleur des dames, V anémone
coquelotirdc , Vhcpatiquc
des jardins, Vhéliotrope du
Pérou.
Fleur du soleil. Le souci des
jardins, Y héliotrope cou-
ché, la belle dr jour, Yhcrbe
721
aux verrues, la gaude, la
mauve, le lupin blanc, le
trèfle, Ykélianthc.
Fleur des treilles, Arbuste <îe
la famille des apocynées,
dont on se seri, datis l'Océanie ,
pour faire des berceaux et des
treilles.
Fleur des veuves, La scabieusc
atropmyurée, ainsi nommée
à cause de la couleur violet noir,
plus ou moins foncée, qu'ollrent
ses fleurs veloutées.
Fleur de tous les mois, Le
souci des jardins, aux neurs
jaunes et douhleç.
Fleur de toute l'année. Van-
grec en corymbes, le quel fleu.
rit toute l'année.
Fleur du ciel. Le nosloc et la
trémclle.
Fleur écarlate, La lychnide de
Russie, etle quamoclit jas-
min.
Fleur impie, La fleur du dom-
bey éclatant, laquelle, tou-
jours penchée, ne reçoit point les
rayons du soleil.
Fleur joyeuse, V acacia de
Malabar.
Fleur miellée, Leméliantki:
pyramidal, et la moscatcl-
line printanière.
Fleur mistèle. Espèce de talin,
dontla fleur, d'un rouge éclatant,
sert, au Pérou, à colorer la mislé-
la , sorte de liqueur.
Fleur printanière, La pâque-
rette annuelle , la prime-
vère.
Fleur satanique, Viris de
Perse, dont la fleur, de couleur
brunâtre , figure une bouche ou-
verte entourée d'une barbe noire.
Gueule-de-lion, Le muflier.
Herbe à cailler. Le gaillet.
Herbe à cinq feuilles, La po-
tentille.
Herbe à coton. Les gnaphatcs
et les filages.
Herbe à cousin. Le lapulier cl
la conyze.
Herbe à couteau. Les laichcs,
Yivraie, et autres grami-
nées.
Herbe à doux bouts, Le chien-
dent.
Herbe à deux feuilles, Lo-
ph ryde.
Herbe udiniiablo, La belle de
91
722
CLEF DE LA LAKnilE ET DES SCIENCES.
mut.
Herbe à riornucr Vachillée.
Herbe à fève, Vorpin.
Herbe à foulon, La saponaire.
Herbe à gale, La mordle.
Herbe à Gérard, La poda-
fjrairc.
Herbe à jaunir, La gaude et la
gcucsirolc.
Herbe à lait, Vcuphorbe et le
polygala.
Herbe à la coupure, La valc-
rianc , la millcfcuille , la
consolide, et autres plantes
vulnéraires.
Herbe à la fièvre, La graiiole
et la pcliic cenlaurce.
Herbe à i'àne, Uonagre, la
/)i/(7ca/ie,ctles chardons.
Herbe à la ouate, Les asclc-
pias.
Herbe à l'araignée, La p/ia-
langère.
Herbe à la reine ou à l'am-
bassadeur. Le tabac.
Herbe à l'épervier, La por-
cclle.
Herbe à l'esquinancie, Vaspé-
rulc.
Herbe à loup, V aconit.
Herbe amère, La tanaisic.
Herbe à maroquin, Le sumac
et \efusiel.
Herbe à pauvre homme , La
g ratio te.
Herbe apollinaire, La jusquia-
vie.
Herbe argentée, Lapotcntille.
Herbe à Robert, Le géranium.
Herbe à rubans. Le roseau
panaché.
Herbe à sept têtes ou à sept
tiges, LsiStaiice.
Herbe à tous maux, Le tabac
et la lysimaquc.
Herbe au bon Dieu, Le médi-
cinier.
Herbe au cancer, La dente-
laire.
Herbe au cerf, Vatamanthc
Gi\a dryade.
Herbe au citron, La mélisse
et Varmoisc.
Herbe au chat, La gcrman-
drée et la cataire.
Herbe au cocher, La vnlk
feuille.
Herbe au coq, La tanaisic et
la cocrcie jaune.
Uerbe au taureau, L'oro6a«-
che.
Herbe au verre, La soude.
Herbe aux abeilles, L'u/mc/irc.
Herbe aux charpentiers. Le
vclar et la millcfcuille.
Herbe aux chantres, Le vélar.
Herbe aux cuillers , le co-
ch Icaria.
Herbe aux curedents, La vis-
nage, ainsi nommée parce que
les Espaiinols cl les Orientaux se
ncitoien tles ilenls avec les rajons
dciacliés des ombelles de celte
plante.
Herbe aux cors, La joubarbe
et Voi^pin.
Herbe aux écus, La nummu-
lairc.
Herbe aux gueux , La cléma-
tide.
Herbe aux grenouilles, La ric-
cic.
Herbe aux hémorroïdes, La
ficaire.
Herbe aux ladres, La véroni-
que.
Herbe auxmamelles, La lamp-
sane.
Herbe aux oies, Lapotentille.
Herbe aux perles, Le grémil,
dont les semences sont hlanclies
et approchent de la ligure d'une
perle.
Herbe aux patagons, Vhy-
drocotyle.
Herbe aux pous, La pédicu-
laire et la staphysaigre.
Herbe aux puces, Le plantain.
Herbe aux tourterelles, Le
croton.
Herbe aux verrues, L'hélio-
trope,
Herbe bénédicte ou de Saint-
Benoît, La benoîte.
Herbe caniculaire, La jus-
quiame.
Herbe chaste, Le gatilier.
Herbe d'admiration, hapklo-
midc.
Herbe d'amour, V acacia mi
mosa, la sensitive, le myo-
sotis, la conysc, les brizes,
le réséda, la saxifrage.
Jlerbe d'arbalète, La varairc.
Herbe de bœuf, La surcllc ou
surette
Herbe de feu , Varmoise ,
Vhellébor, et la renoncule.
Herbe de grâce , La rue.
Herbe de Guinée, Le fléol ou
fléau géant, qui fmnnit un
fourrage excellent. ( Comment
peut-on écrire /ït-ole et faire ce
nom du masculin ?
Herbe de Judée, La morcllc
douce amcrc.
Herbe de la Trinité, La pensée
elV hépatique.
Herbe de Médie, La luzerne.
Herbe de muraille, ha parié-
taire.
Herbe de musc, La muscatel-
line.
Herbe de Notre-Dame, hapa-
riétaire.
Herbe d'or, Ukèlianthème,
Herbe de vie, Vaspérule.
Herbe deS'-Albert, Le vélar.
Herbe de Saint-Antoine, L'c-
pilobe.
Herbe de Saint-Christophe,
h'actée.
HerbedeS'-Étienne, la circée.
Herbe de Saint-Félix, La scro-
phulaire.
Herbe de Saint-Fiacre, Vhé-
liotrope.
Herbe de Saint-Guillaume,
^Jaigremoine.
Herbe de Saint-Innocent, La
renouée.
Herbe de Saint-Jacques, Le
séneçon.
Herbe de Saint-Jean, Var-
moise, le lierre terrestre,
et le millepertuis.
Herbe de Saint-Julien, La sar-
riet te.
Herbe de Saint-Laurent, La
bugle.
Herbe deS'-Lucien,L'ar/i2(7i<c
Herbe de Saint-Paul, La pri-
mevère.
Herbe de Saint-Pierre, La pa-
riétaire eX. la pcrccpicrrc.
Heibe;deS'-Philippe,Le77rtsfff
Herbe' de Saint-Quirin , La
tussilage. (Je ne comprendrai
ia.nnis tjourauoi l'Académie fait
tu'^ilape du masculin. :
SlGiNES DIVEUS. IJOTAMQUE.
T2ù
Herbe dcSaint-Roch, L'i«i«/t'.
Herbe de Saint-Zacharie, Le
bluet.
Herbe de Sainte-Barbe, Le vé-
lar et la roquette. -
Herbe de Sainte-Catherine,
La balsamine.
Herbe de S"= Claire,La mâche.
Herbe de Saintc-Cunégonde,
'V eupatoire.
Herbe de Sainte-Otliilie, La
dauphincUe.
Herbe de Sainte-Quiterie, La
mercuriale.
Herbe de Sainte-Rose, La pi-
voine.
Herbe des chanoines, La mâ-
che.
Herbe du cardinal, La con-
soudc.
Herbeducœur.La/JMfmo/iairc
ella menthe.
Herbe du siège, La scrophu
lairc.
Herbe du vent , L''ancmo7ie
coquelourde et la phlomide
couchée.
Herbe froide. Le chiendent
Herbe immortelle, La tanaisie
Herbe impatiente, La balsa-
mine.
Herbe jaune. Le réséda,
Herbe maure. Le réséda, le
phyteume, la morelle.
Herbe mauvaise, Vivraie,
Herbe militaire, La grande
millefcuille.
Herbe musquée, La ketmie.
Herbe pédiculaire, Lastaphy-
saigrc.
Herbe puante, V anagyris ,
Yantemis , et la morelle
triste.
Herbe rouge, La rubéole et
le mélampyr des champs.
Herbe royale, Vaurone.
Herbe sacrée, La verveine, le
tabac, lemélissot , etleccs-
trcau.
HerbeSainte-Marie,La balsa-
mite ,\^ serpentaire ,\q gouel
Herbe sans couture, Vophio-
glosse.
Herbe sardonique, La renon-
cule des mitrais.
Ilcrbc à la taupe, Ltidinura.
Herbe terrible, La globulaire
turbith et le liseron turbith.
Herbe traînante, La cuscute.
Herbe vivante, La sensitive,
Voxalide , le sainfoin du
Gange ousaiîifoin oscillant.
Herbe vulnéraire , Vinule, le
thé suisse.
Langue-d'agneau, Une espèce
de plantain.
Langue-de-bœuf,La buglosse,
la scolopendre, et la fistu-
laire, espèce de bolet.
Langue-de-cerf, La scolopen-
dre, et plusieurs fougères.
Languc-de-chat, Veupatoire.
Langue-de-cheval, Lefragon.
Langue-de-chien , La cyno-
glossc officinale, et quelques
autres borraginées.
Langue-d'oie, La grassette.
Langue-d'oiseau , Le fruit du
frêne, et la stellaire holostée.
Langue-de-passereau, Lasr<?^
laire passerine et la re-
noué e.
Langue-de-serpent, Uophio-
glosse vulgaire, les cla-
vaires.
Langue-de-vache, La grande
consolide et la scabicuse des
champs,
Mors-du-diable , La scabieusc
des bois.
Mufle-de-veau, Le muflier.
[ Le niufller des jardins 6e iionime
encore gucule-de^Uoti, ou gueuU-
dc-loiip, et mufleau.)
Noix d'acajou , Uanacarde
d'Asie et d'Amérique.
Noix d'arec. Graine de l'rtrcc,
que Us Indoux mêlent avec delà
chaux d'huîtres pour Punir en-
suite au bétel et mâcher ce mé-
lange.
Noix de ben. Le légume long
du ben oléifère, ou ses se-
mences, à t.rois côtés et à
trois aUes.
Noix de coco, L'enveloppe de
l'amande des cocotiers, ou
la semonce coriace du
knépier de la Jamaïque.
Noix de galle ou Galle ,
Excroissance produite su rie chêne
et sur d'autres arbres par la pi-
ilùrc d'un insecte apprlé C)nlj>s.
].u noix de galle sert li teindre en
noir el h fnirc de l'encre.
Noix des Barbades, Le fruit du
mcdicinicr.
La noix muscade, ou simple-
ment muscade, Le fruit du
ynuscadier.
Noix vomique, la baie globu-
leuse, à écorce souvent
fragile du vomiquicr ou
strychnos.
Ognon de loup, Un potiron.
Ognon de mer, La scille ma-
rine,
Ognon de Strasbourg, L'aiV
fistuleux.
Ognon musqué, La jacinthe
des environs de Mont-Pel-
lier.
Ognon sauvage, Ldijacintked
toupet.
OEil-de-bœuf, La camomille
des teinturiers.
OEil-de-bouc , La camomille
pyrcthre et le chrysanthè-
me des prés.
OEil-de-bourrique, Le dolic.
OEil-de-chèvre, Une graminéa
très-commune.
OEil-de-chien, Un plantain.
OEil - de - christ , Un aster
:ct non pas une iistcre. )
OEil-dc-corneille , Un agaric
noir et vénéneux.
OEil-de-dragon, Le liichi,
OEil-de-loup, La crapaudine,
OEil-de-perdrix , Vadonide et
une scabieuse.
OEil-de-soleil, La matricaire.
OEil-de-vache, Plusieurs ca-
momilles.
OEil-du-diablc, Une adonidc.
Oreille-d'abbé, La spatlie des
gouets et le cotylet.
Oreille-d'ûne , Le cotylet, le.
nostoc , la grande con-
solide.
Oreille-de-capucin ou oreille-
de-cochon, Plusieurs trd-
mellcs.
Oreillc-de-Diane , Le cotylet
et le gouet.
Oreillc-d'liommc, Vasarei et
plusieurs champignons pa-
rasites.
Oreille-dc-Judas, La pézize cl
Voreillc-d'tinc.
Oreille-de-lièvrc, Les huptr-
i»Ys, l\if)roilcm)nc , et le
trèfle (les champs. iCumm»nt
l'Acadcmie peiit-cllu icriro iigros-
tinte, (iiiaiid ce mnt viviil du (p'cc
agras , clinnip , it stemnin , cou-
i-onne: couronne dcscliat»pi? Voilà
ce mot ainsi confondu avec ceux
qui vicnnrnt de noms grecs en
tcma f ce qai est passablenient re-
préliensihle. L'ÂcadénTÎe ferait
tout aussi bien d'écrire êptgranie,
anagriitne , »u Heu d'^épigrujitme ,
tiiuignnnme. Ce ne serait pas plus
classique ; et on sait ce que ce
mot veut dire. )
Oieillc-de-Malchus, Plusieurs
climnpignoiis parasites.
Oreille-tle-muraille , Un mijo-
sotis.
Orcille-d'ours , La cortusc ,
espèce de primevère.
Orcillc-de-rat, oreille-tle-sou-
ris, Le myosotis, une cper-
rière.
Pas-d'àne, La tussilage.
l'aile d'anémone, Racine d'a-
némone. 'On ne dit pas patte
de renoncule , mais griffe lia re-
noncule, )
Palle-d'araia;née, La nifjcUe.
Patle-de-lapin, h'urpin relu,
et le trèfle rouge.
Paltc-de-lion, Valckhnille et
le filage.
Patte-de-Ioup, Le lycope vul-
gaire.
Palte-d'oie, Les chcnopocles.
Patte-d'ours, Un acanilie.
Pied-d'alouette , La dauplii-
ncllc.
Pied-dc-liévre, Le trèfle des
champs et un plantain.
Pietl-de-veau , Le gouet ma-
culé.
Pied-d' Alexandre, Le pijrè-
thrc.
CLEI- DE LA LA:\(;UE ET DES SCIENCES.
Pied-de-l)œuf , Le Imlet des
baufs.
Pied - de - bouc, L'angclique
sauvage, \vmclampyr, etc.
Picd-dc-colombe , Le géra-
nium.
Picd-de-corneille , Un plati-
tain.
Pied-d'oiseau, Un ornithope,
un astragale, et une cla-
vaire.
Pied-de-poulain,La n«s27<^f</e.
Picd-de-poule, La renoncule
rampante, le laurie}' blanc,
le panic.
Pied-de-lion, Ualchîmille.
Pois de sept ans, Pois d'An-
golti, du Congo, ks fruits
du cytise de l Inde.
Pois vivaces, grecs, de sen-
teur, à bouquets, au lièvre.
Les fruits de plusieurs espè-
ces de gesse.
Pois cochon. Le fruit du rfo//c
bulbeux.
Pois sabra, Le fruit du dolic à
forme d'épée. ( Celui du di-
lic lubcreiix se nomme [nUtite, )
Pomme d'acajou, Le fruit de
Vacajou à pommes.
Pomme d'Adam , La banane.
Pomme d'Arniénic,L'rt6r2cof.
Pomme d'Assyrie, Le citron.
Pomme baume, Vnemomor-
dique.
Pomme cannelle, Une espèce
ù\inone.
Pomme de chien, La mandra-
gore, espèce de belladone.
Pomme épineuse, La stra-
inoine commune.
Pomme de Jéricho, Une es-
pèce iXemorelU'.
Pomme de liane. Le fruit des
passiflores.
Pomme de meneille, La mo-
mordique balsamine.
Pomme tl'or, hcs oranges.
Pomme d'amour, La tomate.
Pomme de paradis,La 6iJ)(rt;iC.
Pomme de leire , Une espèce
du genre solanum.
Queue-de-che\'al, La prêle.
Queue-de-lion, ou tconurus,
plante labiée.
Queue-dc-pourceau , Le peu-
cédan, plante ombellifère.
Queue-de-renard, Le vulpin.
Queue-de-souris, La raton-
cule.
Rave de genêt, 'L'orobanchc.
Rave de Saint-Antoine, La re-
noncule bulbeuse.
Rave de terre. Les tubercules
de cyclamen.
Rave des juifs ou des Pari-
siens, Le raifort cultive.
Rave du Brésil, L'igname à
bulbe.
Rave de cheval. Le cransou
rustique.
Ravenelle et ravenaDle ,' Un
raifort et la giroflée des
murailles.
Rave sauvage. Un raifort, la
raiponce des jardiniers, le
pkyteumc ou raponcule en
épi.
Tue-chien, le colchîc,
Vesse-de-loup , mieux, vesse-
loup. Le lycoperdon, sorte
de champignon qui n'est
plein que de vent et de
poussière.
Tour le poète , pour l'écrivain , pour le romancier surtout , obligé
de décrire les lieux où il introduit ses héros, la connaissance des
plantes ne suflit pas ; il faut encore qu'il sache quelle végétation
est propre à chaque climat, à chaque région. C'est pourquoi nous ne
pouvions , dans leur intérêt , passer entièrement sous silence un
point si essentiel de l'histoire des végétaux. Seulement, comme je
suis pressé, ils voudront bien me permettre de profiter à mou tour
tle l'emprunt que les auteurs de VEncyclopédic de la Jeunesse ont
fait à uu ouvrage allemand ; ignorant peut-être qu'ils avaient sous
SIGNES DIVERS. BOTANIQUE. 725
la main ie magnifique Allas du colonel **% dont ils auraient pu tirer
le môme parti que l'auteur d'outre-Khin ; avantage que je n'ai pas
dans mon exil.
Distribution des Végétaux cultivés dans les plaines et sur les plateaux
peu élevés de l'Europe.
• Région de t'olivier. Cetterégion comprend l'Espagne, la Sicile , l'Italie,
el la partie occidentale de la Grèce. An nord , elle est limitée par une
ligne qui part de Bayonne , passe par Mont-Mtlian , s'élève un peu an
nord de l'Adriatique , et se termine dans le voisinage de Constantinople.
Lecotoii, l'oranger, le figuier, le riz , le mats , le froment , piospirent
dans celte région, et les quatre premiers de ces végétaux (1) ne sauraient
être cultivés au delà avec certitude d'une récolte annuelle, h'oranger s'ar-
rête au sud des Pyrénées. En France, il se montre aux environs d'Ilières.
En Italie , il ne dépasse pas les latitudes de 44» 30'. Sur la cote de Gènes
et en Grèce , on ne le trouve guère au nord de 40° de latitude.
o Région do la vigne. De l'embouchure de la Loire, la limite septentrio-
nale de cette région s'élève, en passant un peu au nord de Paris, jusqu'à
Bonn et Dresde , où elle atteint son point le plus boréal. De là elle redes-
cend au sud et se termine près de la mer Caspienne , sous le l^b' degré de
latitude environ.
«La vigîie supporte assez bien les hivers rigoureux , mais elle ne saurait
mûrir ses fruits pendant les étés sans chaleur de l'Europe occidentale.
C'est pourquoi , contrairement à la plupart des végétaux cultivés, elle s'a-
vance plus vers le nord , dans l'inlérieur du continent , que snr les côtes
occidentales de l'Europe. Tous les arbres fruitiers cultivés en Europe réus-
sissent admirablement dans toute l'étendue de cette région. La ligne du
mais est à peu près parallèle à celle de la vigne, mais elle reste à un degré
plus au sud.
o Région des céréales. Elle comprend presque toute l'Europe centrale.
En effet, la ligne moyenne de ces cultures se trouve en Ecosse , sous le
58« degré de latitude. Dans la presqu'île Scandinave, elle passe un peu
au nord de Drontheîm , sous le 64", puis elle redescend dans l'est et se
termine en Russie sous le 59" environ. Toutes les céréales , le froment , le
seigle, l'orge, l'avoine, les pommes de terre, le blé sarrasin, réussissent
très-bien dans toute l'étendue de cette région. Dans la partie la plus sep-
tentrionale , c'est l'orge, l'avoine, le seigle, le lin, et le chanvre, qui sont
cultivés de préférence.
(l) Le texte porte seulcniciit /<'5 qiialvc premiers i>égclaitx. C'est une faute éuoimc,
facile à sentir. De telles fautes ne sont que trop communes dans les ouvrages qui eu
ticvraicnl être le plus exempts.
72(» CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
o On planlc aussi des arbres l'niilicrs dans toute cette région , mais leur
limite est en générai un peu plus méridionale, et dans l'intérieur du con-
tinent elle s'abaisse au dessous du 55° degré.
o Bégion inculte, s'étendant de la limite des céréales jusqu'au pùlc. On
peut la nommer ainsi , car ce n'est que dans les localités spéciales et favo-
risées que l'avoine, l'orbe , et le seigle, peuvent encore réussir, h'orgc est
de toutes les céréales celle qui s'avance le plus vers le nord. On le trouve
encore à Elfbaken, village situé sous le 70" degré de latitude, dans la La-
ponie norwégienne. En Russie il ne dépasse guère le 65". Au delà de ces
limites on ne trouve plus de céréales. Les raves , les choux, les pois , l'oseille^
croissent seuls dans les jardins qui entourent les habitations. »
Distribution des Arbres forestiers dans les plaines et sur les plateaux
peu élevés de l'Europe.
« La région la plus méridionale est caractérisée par l'existence d'un grand
nombre d'arbres à feuillage toujours vert. Tels sont leclicne Ucgc, le chCne
vert , le laurier rose , l'arbousier , le myrte, le laurier , le pin pignon, le pin
d'Alcp , le nopal, le palmier nein, l'agave, l'aloôs , la bruyère en arbre , le
genêt d'Espagne , le laurier tin. La ligue qui limite cette région passe sur
le versant septentrional des Pyrénées , sous le 44" degré; puis s'élève en
Provence, jusqu'à Mont-Mélian , coupe l'extrémité septentrionale de la
mer Adriatique , pour redescendre le long de sa côte orientale , traverser
la Grèce , et s'arrêter à Constantinople.
« Région du châtaignier et du chêne. Sa limite septentrionale passe au
nord du comté de Cornouailles , en Angleterre , coupe la côte française au
niveau de Boulogne , et vient se terminer sous le 49" degré aux environs de
Carlsruhe. Le chêne , le hêtre , dominent dans les forêts de cette région.
« Bégion du chêne. Elle s'étend dans les îles Britanniques jusqu'au golfe
de Murray , sous le 68" degré ; elle s'élève ensuite dans la presqu'île Scan-
dinave , au nord de Drontheim , jusqu'au 66" environ ; puis elle s'abaisse,
en Suède , en coupant la côte orientale de la presqu'île par le 61" ; puis elle
traverse le 60" degré au niveau de Pétersbourg, et setermine au 59», dans
le niveau delà Russie d'Europe. L'orme, le tilleul , le bouleau, le sapin, et
le hêtre, caractérisent cette région. Le hêtre ne dépasse pas Edimbourg.
Sa limite (1) s'élève ensuite dans la presqu'île Scandinave un peu au nord
de Christiania , traverse la Suède au nord du lac Wettern, coupe la côte
allemande au niveau de Kœnigsberg, et descend toujours vers le sud , où
elle s'arrête près de la mer Caspienne'et sous le 43" degré de latitude. Cet
arbre est celui de tous dont la limite latitudinale varie le plus.
(l) Le IonIu porle : L'orme, le tilleul^ le bouletui, le sajnii et le lieirc caractcriscnl
telle région : ce dciiiier ne dépasse pas Edimbourg ; su limite. ■• A quoi se rappoilc
srt limite ? à ce dernier, ou à cette région ? Celte plirase est ainsi tiès-raal ponclue'c.
SIGNES DIVERS. BOTVXIOUE. 727
0 Région du bouleau. Au nord , elle est bornée par une ligne qui passe par
le nord de l'Islande, s'élève en Scandinavie jusqu'à 70°, puis s'abaisse vers
l'est et se tennineprès de l'Obi, au niveau du 67» degré. Le bouleau nain,
le mélèze , le sapin, le pin sylvestre, habitent cette région. Ce dernier va
jusqu'au nord de l'Ecosse , s'arrête en Scandinavie , sous le 70'; mais, dans
l'intérieur de la Russie , il ne dépasse pas le 65^ »
Distribution des Végétaux sur les montagnes de l'Europe.
« A mesure qu'on s'élève sur une montagne , la température s'abaisse,
et on parcourt une succession de climats analogue à celle qu'on traverse-
rait en partant du pied de la montiigne et en s'avançant vers le pôle.
«Ainsi, dans les Apennins, jusqu'à une hauteur de 400 mètres , on
trouve les arbres qui dans la plaine caractérisent la région la plus méridio-
nale. La culture de l'o/tï/cr réussit très-bien jusqu'à 500 mètres. Puis vient
la région du châtaignier et du chcne, qui ombragent toutes les parties com-
prises entre 400 et 1000 mètres. Là s'arrête aussi la culture de la vigne. La
zone suivante, qui se trouve comprise entre 1000 et 1900 mètres, corres-
pond à la région du lictre, qui s'y trouve en compagnie du pin , de Vif, du
noisetier, du framboisier. La limite des céréales se trouve dans cette zone à
14000 mètres environ. Au dessus de la limite du hêtre on ne trouve plus
que des plantes alpines et polaires. Les Apennins n'atteignent pas la ligne
des neiges éternelles.
«SurlesAlpeshelvéliques, latitude moyenne 46°, larégion moyenne est
surtout caractérisée surle versant méridional par la culture de la vigne et la
présence du châtaignier , qu'on y trouve jusqu'à la hauteur de 800 mètres
environ. Au dessus on trouve des forêts de hêtres et de chines qui s'arrê-
tent vers 1300 mètres sur le versant nord et montent jusqu'à 1500 au sud.
La limite des champs cultivés se complique d'éléments politiques , de sorte
qu'elle n'est plus le résultat d'une simple différence de climat. Ainsi dans
les Alpes pennines j'ai trouvé qu'en moyenne elle était de 1398 mètres sur
le versant sud, de 1617 sur le versant nord. A cette zone succède celle des
arbres verts qui, au sud, s'élèvent au dessus de 2000 mètres et ne dépas-
sent pas 1800 sur le versant nord.
o Au dessus des pins et des sapins on ne trouve plus qu'une espèce
d'aune, des saules herbacés, le rhodendron , et la saxifrage. La ligne des
neiges éternelles se trouve en moyenne à 2665 mètres.
0 Dans les Alpes Scandinaves , sons le 60« degré de latitude, les pins et
les sapins s'arrêtent à une élévation de 800 mètres environ , le bouleau s'y
voit à 1000 mètres. Le bouleau nain lui succède jusqu'à la ligne des neiges
éternelles , qui se trouve entre 1500 et 1600.
« Sous le 67' de latitude , dans le même pays , les pins et les sapins s'ar-
278 CLEF hY. L.V LANGUE ET DES SCIENCES.
rt'tcnt à une olévalion nun'rnno de S20 luélies, le bouleau atteint 500, et
les plantes alpines vont jusqu'aux neiges qui descendent h 1100.
• Au Sjnlîberp, entre le 77" et le 80» degré de latitude, on ne trouve plus
que des saules, si humbles, qu'ils se perdent au milieu de touffes de mousses
et de plantes herbacées, dont plusieurs habitent aussi les sommets neigeux
des Alpes. •
Nous ne devons pas omellre d'indiquer l'époque de l'année à la
quelle fleurissent les plantes les plus connues. Il y en a qui ne sont
en fleur que pendant la rigueur de l'hiver, et d'autres pendant les
chaleurs de l'été.
cax.xnj>rix:r i>£ fi.ob.£,
ou
Époques de la floraison de quelques plantes sous te climat de Paris.
Janvier.
Hellébor noir ( Helleborus niger).
révrier.
Aune ( Alnus viscosa ).
Saule marseau (Salixcaprœa).
Noisetier ( Corylus avellana ).
Bois gentil ( Dapline mezercum ).
Mars.
Anémone hépatique ( Ilcpaiica tri-
loba ).
Buis ( Biixus sempervirens),
Tuya ( Thuya oricn'alis ).
If ( Taxus baecata ).
Renoncule ficaire ( Ficaria renun-
culoides ).
Hellébor d'hiver ( Helleborus hle-
ma lis).
Amandier ( Amygdalus communis).
Fècber ( Amygdalus persica ) ,
Abricotier ( Armeniaca saliva ).
Groseiller à maquereau ( Ribes
grossularia ).
Pas-d'àne ( Tussiingo farfara ).
Girofléejaune {Chieranlhus clieiri).
Primevère {Primula vcris ).
Safran printanier {Croeus vernus).
Avril.
Prunier épineux ( Prunus spinosa ).
Tulipe précoce ( Tulipa suavcolens).
Pissenlit ( Lconlodon (araxacum ).
Jacinthe ( Ilyacinlltus orientalis ).
Ortie blanche ( Latnium album ).
Prunier ( Prunus dnmcslica ).
Pelitf! pervenche ( Vlncn minor).
Frêne ( Fraxinus excelsior ).
Charme ( Carpinus bctulus j.
Orme ( Ultnus campeslris ).
Impériale [ Fritillaria imper ialis ).
Lierre terrestre ( Gtcclwma hede-
racea ).
Erables ( Acera ).
Prunier niahaleb {Prunus mahaleb).
Poiriers {piri ).
Mai.
Pommiers ( mali \
Lilas {syringa vulgaris).
Marronnier d'Inde (/Esculus liippo-
caslanum ).
CV'risier (Cerasus communis ).
Pivoine { Pœonia officinalis j.
Coriandre {Coriandrum salivum).
Muguet ( Conrallaria niaialis ).
Bourrache ( Borrago officinalis).
Fiaisier [Fragaria vesca).
Argentine ( Potcntilla argentea).
Chône ( Qucrcus robur).
Iris , etc. , etc.
«Fuin.
Sauges ( Salviœ ).
Coquelicot ( Papaver rliceas ).
Ciguë ( Conium maculatum ).
Tilleul ( Tilia europœa ).
Vigne ( Vitis vinifera).
Nénuphars ( Nymphœœ),
Prunelle ( Prunelle vulgaris).
Lin {Linum usilalissimum).
Cresson de fontaine ( Sysimbrium
nasturlium ).
SIGNES DIVERS. ROTANIQUE
T29
Seigle [Secale ccreale).
Avoine [Avena saliva).
Proment ( Triticum sativum ).
Pied-d'alonette ( Dclphinitan con-
solida ).
Bluet (cenlaurca cyanus).
Quene-de-lion ( Leonorus cardiaca ) .
Juillet.
Hyssope {Myssopus ofjicinatis ).
Menthes {Mcnthœ),
Carotte ( Daucus carotta ).
Œillets (Dianihi).
Petite centaurée ( Erylhrœa cen-
taurium ).
Laitues {Lactucœ).
Chicorée sauvage {Cichoritim inty-
biis ).
Terge d'or {Solidago virga aurea )•
Houblon (Httmulus liipuliis }.
Chanvn; {Cannavis saliva).liitc., etc.
Août.
Parnassic des marais (^Par7iassia pa-
lustres ).
Balsamine ( Balsamina hortcnsis ).
Laurier tin { J^ibitrnum linus).
Euphrasie ( Euphrasia liitea ).
Scabieuse ( Scabiosa succisa).
Gratiole ( Gralîola ofjicinalis ).
Coiéopsis.
Septembre.
Lierre {Tlcdera hélix).
Amaryllis {Amaryllis lutea ),
Colchic {Colchicum aiitiitnnalc).
Safran ( Crocus sativus ).
Œillet d'Inde ( Tageles erecla ).
Cyclamen ( Cyclamen curopœum ).
Octobre.
Aster à grandes fleurs {Aster gran-
diflorus ).
Topinambour {TIclianthus tubero-
sus ).
Anthémis à grandes fleurs ( Anthé-
mis grandiflora) .
Chrysanthème ( chrysanthemum in-
dicum ).
Millepertuis de la Chine ( Hyperi-
cum chineuse ).
Novembre.
Ximénésie ( Kimenesia encclioidcs)^
Décembre.
Petit houx ou fragon piquant {Rus-
cus aculealus ).
Lopézie {Lopezia racemosa).
Voilà, avec ce que renferme déjà la Méthode du Genre sur la
même matière (pages 280-308), un traité de botanique à peu près
complet. Et quel traité? Certainement il ne ressemble en rien à
ceux des botanistes de profession, qui commencent par écorcher et
disséquer les fleurs à vos yeux , au lieu de vous en montrer d'abord
la beauté et l'éclat; en sorte que dès la première ou la seconde le-
çon le dégoût vous gagne et que vous délaissez bien vite une science
qui, au lieu de roses et de parfums, ne vous offre que des lam-
beaux morts des plantes charmantes que vous aimez, des embryons
étouffés dans leurs enveloppes , et séparés de leurs blasthnes ;
Mot qui vous fait dresser les oreilles d'horreur,
Hérisse vos cheveux , et vous tourne le cœur.
Il ne ressemble en rien à ces fouillis de ronces et d'épines, c'est
à dire, de solécismes et de barbarismes , qui vous percent et vous
déchirent; fouillis inextricables, où ne brille pas la moindre
fleur de poésie, oii ne pénètre pas le moindre rayon de soleil, où
ne coule pas même un fdet d'eau claire, propre à éfancher votre
soif ardonle et à laver vos blessures , à détcrger v(»s plaies ; en sorte
750 CLEl" DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
que VOUS n'èles pas sûr si vous sortirez vivant de ce labyrinthe ,
qu'habitent un grand nombre de minotaures, c'est à dire, de pro-
fesseurs aux quels Athènes paye annuellement son tribut de jeunes
garçons et de jeunes fdles.
Avec moi vous n'avez rien de semblable à craindre. Je vous mène,
par des sentiers remplis de lumière et de parfums , à travers les
champs, les bois, les prairies; j'étale à vos yeux les richesses de la
nature ; je vous fais admirer leur éclat, leur variété ; je vous nomme
chaque objet par sou nom ; je vous indique, comme l'ange Raphaël
à Tobie , le prix caché des choses que votre ignorance vous fait dé-
daigner; je vous introduis dans les jardins, dans les parterres,
dans les bosquets les plus délicieux; je vous fais reposer au bord
des ruisseaux profonds et bleus, à l'ombre des hêtres touffus , sur
des lits de mousse , plus doux et plus parfumés que des couches
royales ; je cueille pour vous les plus beaux fruits , que je vous of-
fre de la meilleure grâce du monde , ainsi que les fleurs les plus
suaves, dont je vous apprends à composer des bouquets mystérieux
pour la dame de vos pensées ; enfin , je vous amuse et je vous ins-
truis; surtout je vous mets dans la voie du bonheur, en vous for-
çant à me suivre où m'appèle cette voix amie, qui me dit tout bas :
o Oh ! viens , viens , sons mon dôme bleu.
« Le Louvre est égal aux chaumières
Sous ma coupole de saphirs.
Viens sous mon ciel plein de lumières,
liens sous mon ciel plein de zéphyrs.
« J'ai connu ton père et ta mère
Dans leurs bons et leurs mauvais jours.
Pour eux la vie était amère ,
Mais moi je fus douce toujours.
<i C'est moi qui sur leur sépulture
Ai mis l'herbe qui la défend.
Viens, je suis la grande nature ;
Je suis l'aïeule , et toi l'enfant.
o '\ iens , j'ai des fruits d'or, j'ai des roses ;
Accours, j'en remplirai tes bras ;
Je te dirai de douces choses ;
Et peut-être tu souriras.
« Car je voudrais te voir sourire,
Pauvre enfant , seul dans ton bateau ;
Et puis tout bas j'irais le dire
A ta mère dans son tombeau. ( Victor Hugo. )
Le bonheur, en effet, n'est que pour ceux qui demeurent étroite-
SIGNES DIVERS. BOTAMQUE. lô\
ment unis à la nature, notre mère commune , si bonne et si pré-
voyante ; qui prodigue à tous d'une main égale ses dons de reine,
ses soins d'esclave; qui ne connaît point d'injuste préférence; et
qui souffre bien , dans son cœur maternel, de voir parmi ses enfants
de rapaces vautours qui abusent de leurs forces supérieures , pour
dérober lâchement la part de leurs frères.
Mais quelle joie pour elle de voir ses enfants heureux ! de pou-
voir offrir des tableaux comme celui que l'abbé Gabriel de Renne-
pont contemple de sa fenêtre, ravi et reconnaissant, et raconte en
ces termes à son ami, dans la lettre touchante qu'il lui adresse :
« Le soleil était à son déclin, le ciel d'une grande sérénité, l'air
printanier , tiède , et tout embaumé par la haie d'aubépin fleuri ,
qui , du côté du petit ruisseau , sert de clôture a notre cour. Au
dessous du gros poirier qui touche au mur de la grange était assis
sur le banc de pierre mon père adoptif, Dagobert, ce brave et loyal
soldat que vous aimez tant. 11 paraissait pensif. Son front blan-
chi était baissé sur sa poitrine, et , d'une main distraite , il cares-
sait le vieux Rabat-Joie , qui appuyait sa tête intelligente sur les
genoux de son maître. A côté de Dagobert était sa femme, ma bonne
mère adoptive, occupée d'un travail de couture, et, auprès d'eux,
sur un escabeau, Angèle, la femme d'Agricol, allaitant son dernier
né, tandis que la douce Mayeux, tenant l'aîné assis sur ses genoux,
kii apprenait à épeler ses lettres dans un alphabet.
t) Agricol venait de rentrer des champs; il commençait de déte-
ler ses bœufs , lorsque , frappé sans doute comme moi de ce ta-
bleau , il resta un instant immobile a le regarder, la main toujours
appuyée au joug sous le quel ployait puissant et soumis le large
front de ses deux grands bœufs noirs.
» Je ne puis vous exprimer , mon ami, le calme enchanteur de
ce tableau , éclairé par les derniers rayons du soleil, brisés ça et
la par le feuillage.
» Que de types divers et touchants ! La figure vénérable du sol-
dat, la physionomie si bonne et si tendre de ma mère adoptive, le
frais et charmant visage d'Angèle souriant a son petit enfant, la
douce mélancolie de la Mayeux, appuyant de temps en temps ses
lèvres sur la tête blonde et rieuse du lils aîné d'Agricol, el enlin
752 CLEF DE LA LANGUE ET DES SfilENCES.
hii-mômc , Agricol , d'une beauté si mâle , où semble se refléter
cette Ame loyale cl valeureuse.
» 0 mon ami, en contemplant celte réunion d'êtres si bons, si dé-
voués, si nobles, si aimants cl si chers les uns aux autres, relirés
dans l'isolement d'une petite métairie de notre pauvre Sologne,
mon cœur s'est élevé vers Dieu avec un sentiment de reconnais-
sance ineffable. Cette paix de la famille, cette soirée si pure, ce par-
fum des fleurs sauvages et des bois , que la brise apportait, se pro-
fond silence, seulement troublé par le bruissement de la petite
chute d'eau qui avoisinela métairie, tout cela me faisait monter au
cœur de ces bouffées de vague et suave attendrissement, que l'on
ressent etque l'on n'exprime pas. Vousle savez, mon ami ; vous qui,
dans vos promenades solitaires, au milieu de vos immenses plaines
de bruyères roses entourées de grand bois de sapin , sentez si sou-
vent vos yeux devenir humides, sans pouvoir vous expliquer cette
émotion mélancolique et douce.
» .... Je ne sais si je vous ai dit , mon ami , que , la veille de
sa mort , cette jeune fille au cœur si généreux , a l'esprit si élevé ,
a l'âme si grande ( i ), M"' Adrienne de Cardoville m'avait confié une
somme considérable , en me disant avec sa grâce et sa bonté habi-
tuelles : « On prétend me ruiner. On le pourra peut-être. Ce que je
» vous remets sera au moins a l'abri pour ceux qui souffrent, Don-
») nez, donnez beaucoup. Faites le plus d'heureux possible. Je veux
» royalement inaugurer mon bonheur. »
» Je ne sais si je vous ai dit qu'après la mort de M"^ de Cardo-
ville, voyant Dagobert et sa femme , ma mère adoptive, réduite à
(1) Je puis certifier que celte magnifique création d'Eugène Sue n'a
rien d'idéal, rien d'exagéré, rien d'invraisemblable, et que, pendant
près de quatre ans , j'ai en , comme Agricol, le bonheur ( bonheur infini! )
(le voir, de connaître un type aussi beau et peut-être plus parfait, plus
divin , plus céleste encore. O Stella , Stella , si, pour vous revoir un mo-
ment , il ne faliait que tout le sang de mon corps , que je serais heureux
de le répandre goutte à goutte , au milieu des plus longs supplices , pour
obtenir ce moment d'inefTable joie ! S'il ne fallait que traverser une mer de
feu pour arriver jusqu'à vous , pour vous entendre dire une fois encore de
voire voix d'ange : « Monsieur, voici des fleurs, voici des fruits que j'ai
cueillis pour vous,» — que je serais heureux de pouvoir acheter au prix de
tous les tourments ce seul mot de votre bouche sainte ! O malheureux ! et
je vis encore ! après la joie perdue de vous voir, de vous entendre, de vous
parler ! Comment se fait-il, mon Dieu , que je vive encore!
SIGNES DIVERS. ROTAMOUE. 733
la misère, la douce Mayeux pouvant vivre a peine d'un salaire in-
suffisant, Agricol bientôt père, et moi-môme, révoqué de mon hum-
ble cure pour avoir donné les secours de la religion a un protes-
tant et pour avoir prié sur la tombe d'un malheureux poussé au
suicide par le désespoir , me voyant moi-même , en raison de cette
interdiction, bientôt sans ressources, carie caractère dont je suis
revêtu ne me permet pas d'accepter indifféremment tous les moyens
d'existence , je ne sais si je vous ai dit qu'après la mort de M"" de
Cardoville, j'ai cru pouvoir distraire de ce qu'elle m'avait confié,
pour être employé en bonnes œuvres , une somme bien minime ,
dont j'ai acquis cette métairie au nom de Dagobert.
» Oui, mon ami, telle est l'origine de mai fortune. Le fermierqui
faisait valoir ces quelques arpents de terre a commencé notre édu-
cation agronomique. Notre intelligence, l'étude de quelques bons
livres pratiques, l'ont achevée. D'excellent artisan Agricol est devenu
excellent cultivateur. Je l'ai imité. J'ai mis avec zèle la main a la
charrue sans déroger : car ce labeur nourricier est trois/ois saint, et
c'est encore servir , glorifier Dieu , que de féconder la terre qu'il a
créée. Dagobert , lorsque ses chagrins se sont un peu apaisés , a re-
trempé sa vigueur a cette vie agreste et salubre. Dans son exil en
Sibérie il était déjà presque devenu laboureur. Enfin , ma bonne
mère adoptive, l'excellente femme d'Agricol, la Mayeux, se sont par-
tagé les travaux intérieurs , et Dieu a béni cette pauvre petite colo-
nie de gens, hélas ! bien éprouvés par le malheur, qui ont demandé
a la solitude et aux rudes travaux des champs une vie paisible, la-
borieuse , innocente , et l'oubli de grands chagrins.
» Ne croyez pas, mon ami, que notre bonheur nous rende ou-
blieux. Non, non , il ne se passe pas de jour que des noms bien
chers a tous nos cœurs ne soient prononcés avec un pieux et tendre
respect. Aussi les souvenirs douloureux qu'ils rappèlent, planant
sans cesse autour de nous , donnent a notre existence calme et heu-
reuse cette nuance de douce gravité qui vous a frappé.
» Sans doute , mon ami , cette vie , restreinte dans le cercle in-
time de la famille et ne rayonnant pas au dehors pour le bien-être
et l'amélioration de nos frères, est peut-être d'une félicité un peu
égoïste. Mais , hélas ! les moyens nous manquent; et, quoique le pau-
Tôî CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
vre trouve toujours une place îi notre table frugale et un abri sous
notre toit, il nous faut renoncer a toute grande pensée d'action fra-
ternelle. Le modique revenu de notre métairie suflit rigoureuse-
ment à uos besoins. » ( Eugène Sue. )
El qu'on ne me blâme pas d'avoir disséminé en plusieurs parties
de l'ouvrage les notions relatives à telle ou telle science. Il est bon
de présenter ces notions par degrés , à plusieurs reprises, et non
toutes à la fois ; il est bon de les couper, de les varier, d'en éloi-
gner ou d'y ramener le lecteur de temps en temps, afin de mieux
l'initier.
Passons maintenant à la médecine.
slg;ne8 de Médecine.
^ Prenez.
ib Livre , Iti onces.
tbjfi Demi-livre, ou 8 onces.
A"' Quarteron, 4 onces.
4'"f^ Demi-quarteron, 2 onces.
? Once , la seizième partie de la
livre, ou 8 gros, ou 576 grains.
?{i Demi-once, li gros.
z Gros ou dragme, la huitième
partie de l'once, ou 3 scrupules,
ou 72 grains.
z{> Demi-gros.
9 Scrupule , 24 grains.
9f5 Demi-scrupule, 12 grains.
Gr. Grain, à peu près le poids
d'un grain d'orge ordinaire.
AbrcTlations.
O.S.
Une quantité suffisante.
S.A.
Selon ou suivant l'art.
Alla.
Autant de l'un que de
ou aa
l'autre.
N".
Le nombre de, etc.
B.M.
Bain-Marie.
B.V.
Bain de vapeur.
Par.
Une paire.
P. ou Une pincée avec les (rois
Pug. doigts.
M. ou ,- . .
-, Une poignée.
Man. ' "
Fasc. Un faisceau, autant que
le bras peut en contenir.
Gutt. Une goutte.
Cochl. Une cuillerée à bouche.
Cyalli. IMeinunverreordinairc
SIGNES DIVERS. MEDECINE.
755
Exemple d'une Ordonnance de Médecine.
Ordonnance
OL Ros. rubr. 5 j.
Explication.
Prenez une once de roses rouges
I quatre gros d'eau de rose ] deux
livres de sucre blanc | une livre et
demie de violettes mondées [ des
coquelicots et du lis blanc autant
de l'un que de l'autre | un demi-
scrupule de tartre émétique | un
faisceau de feuilles de tamaris |
faites cuire dans une quantité suffi-
sante d'eau commune | pour faire
une conserve selon l'art.
aq. Ros.
-z^ IV. I Sach. alb.tb ij- I Viol-
miindat. tbf^ J I Papav. rhea.
Lia. aa | Tait. stib. 9{? | Fol.
tamari fasc. | Coquen. in aq
comm. Q.S. I Fiat- conserv.
S.A.
Les quantités de livres, d'on-
ces , etc. , se marquent, comme
on le voit, en chiffres romains
de finance jj ij, iij^ etc.
C'est par un tel jargon que beaucoup de me'decins tâchent de se rendre inintelli-
gibles., soit pour cacher leur peu de savoir, soit pour imposer le respect dû à une
science aussi sublime. La principale science des apothicaires est d'entendre ce jargon.
La médecine se définit , L'art qui enseigne les moyens de con-
server la santé et de traiter les maladies , Vart qui a pour but l'é-
tude de l'homme sain et de l'homme malade , la conservation de la
santé et la guérison des maladies ; Vart de rétablir , de conserver
la santé, d'appliquer des remèdes dont l'effet est d'éloigner ou de
guérir les maladies. (En latin medicina,d[i grec m^^rid, je soigne, je
traite. )
La médecine est à la fois un art et une science. Le médecin est
artiste , lorsqu'au lit d'un malade il emploie ses connaissances pour
combattre le mal qu'il est appelé à traiter. Mais, comme pour exer-
cer ainsi l'art médical, il a fallu préalablement acquérir des notions
positives et étendues sur la physique, la chimie, la botanique, etc..
qu'il a fallu étudier l'organisme humain dans ses différents modes
d'existence, apprécier les divers agents capables d'influer à divers
degrés sur la santé, etc., on ne peut pas en médecine séparer Vart
de la science.
L'histoire de la médecine ne remonte guère avec certitude qu'au
temps où vivait Hippocrate fôol avant J.-C), regardé encore au-
jourd'hui comme le fondateur de la médecine dogmatique. Arétée
de Cappadoce la cultiva avec succès (80 après J.-C. ), o( elle sub-
756 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
sisia dans cet état jusqu'au temps de Galion, qui se distingua sin-
gulièrement dans celle profession (131 après J.-C), et qui est l'au-
teur de la classilication des humeurs en sang, j)ituite,bile, et atra-
bile.
La médecine ne fit plus guère de progrès jusqu'au milieu du sei-
zième siècle, c'est à dire, jusqu'au temps où le célèbre Harvey, mé-
decin de Charles I"', enseigna la circulation du sang, découverte
précieuse, qui ne manqua pas d'attirer à son auteur , comme toute
idée neuve et utile, de nombreuses et cruelles persécutions. O hu-
manité, en sera-t-il toujours ainsi?
Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir ,
Jérusalem ?
Ta cataracte est-elle donc incurable? Regarde, N'as-tu pas de
honte d'avoir traité Christophe Colomb de fou et de visionnaire, de
l'avoir abreuvé d'outrages et de dégoûts , de lui avoir fait attendre
si long-temps quelques misérables bateaux pourris, dont il avait be-
soin pour la réalisation de son idée gigantesque, et puis de l'avoir
fait mourir de misère et de chagrin , en récompense des richesses
qu'il t'apportait au retour de sa périlleuse expédition? N'as-tu pas
de honte d'avoir traîné Galilée en prison ? de n'avoir jamais répondu
aux bienfaits de ceux qui t'aimaient, qui te servaient, malgré ta ma-
lice odieuse, que par les bûchers, la prison, la mort, les persécutions,
les humiliations, les affronts de toutes sortes? tandis que tu ne sais
comment faire fête aux plus grossiers charlatans et que tu t'age-
nouilles bêtement devant de viles idoles de boue , qui la plupart
méritent le bagne ou l'échafaud. 0 race trois fois stupide ! — Et
sans parler de tant de poètes que tu as poussés au désespoir et à la
mort, Fourier , lui, ce Christophe Colomb du nouveau monde so-
cial, qui venait te sauver, t'enrichir, te rendre au bonheur , qu'en
as-tu fait, Caïn?
De ces génies bienfaisants, que Dieu , dans sa miséricorde infi-
nie , t'envoie pour soulager tes misères, tu n'en as pas exempté un
seul de ta rage aveugle. Harvey , comme les autres , a eu sa part
d'injures, de sarcasmes, de haines. Tel a été le prix de l'immense
service qu il te rendait en répandant la lumière dans les ténèbres
de la médecine, eu mettant tes docteurs à môme de mieux expli-
quer la transformation des aliments et l'origine des maladies , en
prévenant ainsi une multitude de malheurs. O race de vipères ! que
Jésus-Christ vous qualifiait bien !
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. TÔT
La médecine se divise en plusieurs branches, savoir: Laphysio-
logie, qui traite des phénomènes de la vie et des fonctions des or-
ganes; la pathologie, qui traite de la nature, des causes, et des symp-
tômes des maladies; la séméiotique ou séméiologie , qui traite des
signes indicatifs des maladies et de la santé; Vhygiène, qui traite
de la santé et des moyens de la conserver ; enfin , la thérapeuliquc,
qui a pour objet la manière de traiter, et de guérir les maladies.
U anatomie est étroitement liée à la physiologie. La pathologie
se subdivise elle-même en trois parties, savoir : étiologie (science
des causes), nosologie ou nosographie (description des maladies) , et
symptomalologle (description des symptômes). La thérapeutique,
ou médecine curative , comprend la chirurgie et la pharmacie.
Je déclare qu'il règne dans la science, et jusque dans le diction-
naire de l'Académie, la plus grande confusion sur la valeur de ces
divers termes. Au nombre des divisions que je viens de nommer
l'Académie semble ranger encore le diagmoi/ic, qu'elle définit, wne
■partie de la médecine. Si le diagnostic était une partie de la méde-
cine , il faudrait dire diagnostique, et faire ce nom féminin. Mais
le diagnostic n'est que l'art particulier de reconnaître, de distin-
guer les maladies à certains signes, à certains symptômes, ou l'ac-
tion même de les reconnaître, de les distinguer; d'où il suit que ce
mot est ainsi parfaitement composé.
On distingue plusieurs sectes de médecins ; et ces sectes tirent^eur
nom de la doctrine particulière qu'elles professent , ou des noms de
leurs chefs. Ainsi il y a des stahliens, des brownistes, des iatraleptes
(l),des pneumatiques, des épi-synthétiques, des homéopathes, des
hydropathes, etc. Les stahliens ( partisans de la doctrine de Stahl)
reconnaissent Tinfluence constante de l'àme sur le corps à l'état de
santé ou de maladie, et neprocèdentqu'ensuivantattenlivementles
effets de cette influence sur le corps. Selon les broumistes, ou par-
tisans de Brown , — tout agissant sur le corps humain , tout est
stimulant ou doué d'une puissance excitative, et il y a dans tous les
corps animés un principe correspondant qu'ils appèleut Vecccitabi-
lité. En conséquence ils placent tous les moyens curalifs dans le
plus ou le moins d'excitation. Les iatraleptes ne voient de salut
que dans les frictions huileuses , comme le docteur Sangrado n'en
voyait que dans l'eau chaude, comme d'autres n'en voient que
dans l'eau froide, ctc . Les pneumatiques, dont le chef était A thénée,
(1) Du grec iafreiiô , je guéris , aléiphâ , jo l'riiHf.
T. U. 1)5
738 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
faisaient consister la santé el la maladie dans les divers rapports du
pneitma (1) avec les autres principes élémentaires. Les épi-synthé-
tiques voulaient concilier toutes les méthodes. Les homéopathes {'2),
qui ont pour chef le célèhre Ilahneraann, se fondent sur ce que tout
vrai remède doit susciter dans tin homme jouissant de la santé une
maladie analogue à celle qu'il peut guérir. D'après ce principe,
ils prennent une substance propre à produire la même maladie
qu'il s'agit de guérir. Il atténuent ensuite cette substance par une
suite de mélanges , et composent ainsi un médicament de la plus
grande efficacité , qu'ils n'administrent qu'à doses presque in-
sensibles. A Vienne, où l'homéopathie est en grande vogue , ainsi
que dans toute l'Allemagne et même en Belgique, j'ai été témoin
de cures vraiment extraordinaires. Pour n'en citer qu'une, je vous
dirai qu'un jeune homme de ma connaissance, menacé de perdre
la vue, et déjà abandonné de tous les médecins, a été radicalement
guérieu très-peu de jours par les procédés homéopathiques. Certes,
je ne suis pas crédule ; mais , après les choses merveilleuses que
j'ai vues ou que j'entends raconter chaque jour, dans un pays où
il n'y a plus guère que des médecins homéopathes, il est bien per-
mis de se demander pourquoi l'Académie royale de médecine a
traité cette précieuse méthode sur le même pied que le magnétisme.
Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir,
Jcrusaleiu ?
L'homéopathie proscrit toutes les boissons alcooliques; ce qui, je
le conçois, ne fait pas le compte de nos négociants en vin de Cham-
pagne et de Bordeaux. Le commerce passe avant la santé. Comme
les Anglais l'ont si bien prouvé à l'égard des Chinois. Les mê-
mes difficultés n'existaient pas pour l'Allemagne , pays peu riche
en spiritueux, il faut bien le dire ; en sorte que l'homéopathie a pu
y faire de rapides progrès. Ceux qui sont soumis au régime homéo-
pathique ne boivent que de l'eau claire ; ce qui leur semble bien
parfois un peu insipide. J'ai eu le plaisir de voir quelquefois une
très-jeune et très-belle demoiselle qui se plaignit un jour vivement
des grands verres d'eau qu'on lui faisait boire, même sans qu'elle
eût soif.
(1) Mot grec qui signifie sou/Jlc , air. Les stoïciens nommaient ainsi un
prétendu principe spirituel qu'ils regardaient comme un élément différent
de l'eau, de l'air, de la terre, et dn l'eu , seuls éléments admis à cette
époque.
(2) Du grec homoios , semblable, et pathos , affection.
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 759
Je m'efforçai de la consoler en ces termes :
A Mademoiselle la Comtesse Pauline de K***.
Ah I iie vous plaignez pas de votre médecin ,
Ni de l'eau dont il vous arrose :
On ne peut vous traiter, fleur du parterre luimaîn ,
Qu'ainsi que l'on traite une rose. ( Fleurs du Danube.)
A l'égard des Français, ils ont, raa foi! bien raison de ne pas
renoncer à leurs bons vins, à leurs bonnes liqueurs, pour partager
la boisson des ânes et des chevaux. Bien vivre vaut mieux que
vivre long-temps. Courte et bonne, c'est la devise des Français, bien
dignes eu cela de toutes les faveurs que Dieu leur accorde. Tels
sont, je crois, les homéopathes, que j'abandonne pour le moment à
leur destinée, sauf à les rejoindre plus lard. Les hydropathes (1),
comme leur nom l'indique, ne connaissent que l'eau, ne voient que
l'eau , et, faisant de l'eau votre élément naturel, ne visent à rien
moins qu'à vous transformer en poissons et autres animaux aqua-
tiques.
Toutes ces doctrines se fondent sur cinq systèmes, en sorte que
tous les médecins peuvent être rangés dans les cinq classes sui-
vantes: hippocratistes , physiologistes , contre-stimulistes , homéo-
pathes, et éclectiques.
Nul ne peut exercer en France la profession de médecin , de chirurgien ,
ou d'officier de santé , sans avoir été préalablement examiné et reçu , con-
formément à une loi rendue en 1803. Cette loi reconnaît des officiers de
santé ( degré inférieur ) et des docteurs en médecine ou en chirurgie ( degré
supérieur). L'instruction médicale se donne dans les facultés et les écoles
de médecine. Il y a en France trois Facultés de médecine, celle de Mont-
pellier , celle de Paris, celle de Strasbourg. Il y a dix-huit écoles secon-
daires de médecine, établies à Amiens, Arras , Angers , Besanç(m, Bor-
deaux, Caen, Clermont, Dijon, Grenoble, Lyon, Marseille, Nancy, Nan-
tes, Poitiers. Rennes, Reims, Rouen , et Toulouse.
Avant la révolution , les quatre facultés , qui formaient ce que l'on ap-
pelait l'Université , étaient la médecine, la. théologie, le droit, et les arts.
Ceux-ci comprenaient les htimanités et la philosophie.
MÉDECINE. Étudier en médecine.
MÉDECIN. Médecins méthodiques ,
Médecins qui s'attachaient exacte-
ment à la méthode prescrite par les
règles de la médecine, par opposition
à Médecins empiriques. Ceux qui ne
s'attachaient qu'à l'expérience. Bon,
excellent, grand, savant, jeune, vieux
médecin. Appeler le médecin. Etre
entre les mains des médecins. Etre
abandonné , être condamné des méde-
Docleur , étudiant en médecine. La
faculté, les écoles de médecine. Des li-
vres, des thèses de médecine. Faire,
pratiquer, exercer la médecine.
— Système médical. La médecine
d'Hippocrate, de Brown. La médecine
des Arabes.
Médecine agissante , Celle qui em-
ploie des remèdes énergiques et plus
(1) Du grec hudor , eau , et pathos.
740
CI.El- UE I.A LA.XtJlIE ET DES SCIENCES.
cins. (Jiiand on a quarante ans il faut
êircson médecin soi-tucme. L'élude de ta
botanique est nécessaire à un médecin.
Un médecin doit cire botaniste cl ana-
iomisle. Le docteur un tel est aussi bon
chirurgien que bon médecin. On dinjutl-
qui'fois docteur médecin.
Médecin ou chirurgien oculiste , Ce-
lui qui fait profession de connaître
les différentes maladies de l'œii et de
les traiter.
Médecin clinique , Médecin qui vi-
site les malades, par opposition à
Ceux que l'on consulte et àCeux qui
écrivent. Cette dénomination n'ostplus guère
uBilée.
Prov,, La robe ne fait pas le méde-
cin , Le titre ne suppose pas toujours
la science.
Prov. et fig., Médecin d'eau douce.
Médecin peu habile , ou qui n'or-
donne que des remèdes communs et
sans efficacité.
Prov. et Rg., Médecin, gué; istni toi-
même , se dit à un homme qui se
mêle de donner des conseils, et qui
aurait besoin d'en recevoir. Prov. et
fig. , Après la mort le médecin, se dit
d'un secours qui vient lorsqu'on n'est
plus en état d'en profiter.
MÉDECIN, fig., Ce qui est
propre à rendre ou à conserver la
santé. Le régime et l'exercice sont
d'excellents médecins,
MÉDECIN, s'emploie aussi, figuré-
ment, en parlant des afflictions, des
maladies morales. En certains cas le
médecin de l'âme est plus nécessaire
que te médecin du corps. La résigna-
tion, ta patience, et la sobriété, sont
d'habiles médecins. Le temps est, dit-
on , un grand médecin ; oui , il guérit
le mal ou l'emporte avec nous.
Les deux plus grands médecins sont
le sommeil et la mort.
ou moins nombreux; par opposition
à Médecine cxpcclante. Celle qui
laisse faire beaucoup à la nature , et
qui emploie des moyens peu actifs.
Médecine clinique , Celle qui se
pratique auprès du lit dés malades.
Médecine mentale , Celle qui s'oc-
cupe des maladies de l'esprit.
Médecine légale. Science de la mé-
decine appliquée à différentes ques-
tions de droit pour les éclaircir et en
faciliter la solution. Traité de méde-
cine légale.
Médecine vétérinaire , Celle qui a
pour objet la santé des animaux do-
mestiques, et en particulier celle des
chevaux. On la nomme aussi hippia-
trique ( du grec hippos, cheval , et
ialrikc , médecine ).
MÉDECINE. Remède, sous forme
liquide ou solide , qu'on prend pour
se purger. 11 n'a de pluriel qu'en ce
sens. Fortemédecine. Médecine légère,
noire. Ordonner une médecine. Pren-
dre une médecine. Cette médecine a
bien opéré.
Médecine en lavage , Etendue dans
beaucoup d'eau. Médecine douce, ■çrt-
parée de manière qu'elle opère dou-
cement. Fam. , Médecine de cheval,
médecine comme pour un cheval. Mé-
decine trop forte. Médecine univer-
selle. Médicament au quel on attribue
la vertu de guérir toutes sortes de ma-
ladies.// croit avoir trouvé une médecine
universelle, lamédecirie universelle. On
dit aussi et plus souvent panacée. 11 se
vante d'avoir trouvé la panacée.
Cela sent la médecine , se dit des
choses qui ont un goût de drogue.
Fig.et fam.,^i;fl/er /rt médecine. Pren-
dre S(m parti , se résigner malgré ses
dégoûts. // lui fallut avaler la méde-
cine. On dit à peu près dans le même
sens , Avaler le calice, avaler le mor-
ceau, avaler la pilule. — Prov. et fig.,
Il ne faut pas prendre la médecine en plusieurs verres. Il faut l'aire sur le
champ et d'un seul coup une chose desagréable dont on ne peut se dis-
penser.
La médecine est un art puioment coi}jectiiral.
Hélas! ni les médecins ni la médecine n'ont pu la sauver , elle ,
quoiqu'elle n'eîit que ilix-luiit ;uis . et qu'elle fût belle au point
que sa \iie seule devait exeitei le désir de la sauver h lout piix.
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 741
Comme la religion , la médecine a grand besoin de la foi.
La médecine nous fait mourir plus long-temps. (Plutarque.)
Quand la fièvre attaque notre machine, le corps humain est mi
champ clos où la nature et le mal sont aux prises.
Lors survient un avengle appelé médecin.
Tout au travers il frappe à l'aventure.
S'il atlrappe le mal , il iait un homme sain ,
Et du malade un mort , s'il frappe la nature. ( Anonyme. )
L'historien Isidore assure que les Romains furent long-temps sans
vouloir admettre parmi eux aucun médecin^ depuis qu'un certain
médecin grec, nommé Archagatos, y avait porté, avec la médecine^
la douleur, la désolation, et la mort. Cet Archagatos, a la fois chi-
rurgien et médecin , se déterminait si aisément a couper les bras
et les jambes de ses malades, ses médecines étaient si fortes et pur-
geaient si violemment, que le peuple romain, sans considérer ni
la bonne intention du médecin , ni les raisons qu'il pouvait avoir
d'agir comme il faisait, furieux seulement de ce que quelques ci-
toyens avaient été victimes des ordonnances de ce terrible we^Jecw,
le lapida jusqu'à ce que mort s'ensuivît. Rome fut après cela quel-
que temps sans médecins , et l'on ne s'aperçut pas qu'on en mourût
davantage. (Anonyme.)
Dans le temps que chaque corps de métier faisait faire des prières
d'actions de grâces , en diverses églises de Paris, au sujet du réta-
blissement de la santé de Louis XIV, Benserade , dans un éloge de
ce prince qu'il prononça à l'Académie , dit : « Le marchand quitte
son négoce pour aller au pied des autels ; l'artisan quitte son ou-
vrage; le médecin quitte son malade, et le malade ne s'en trouve
que mieux.»
Amelot de la Houssaye rapporte dans ses Mémoires historiques
un fait assez difficile a croire; c'est que le médecin do Louis XIII,
nommé Bouvard, fit prendre a ce prince , dans l'espace d'une an-
née, deux cent quinze médecines, deux cent douze lavements, elle
fit saigner quarante-sept fois. Si la chose est ainsi , Louis XllI pen-
sait bien différemment de Charlemagne, qui ne voulut point de
médecin à sa cour, et (jui mouiul a soixanlc-onzc ans sans le se-
cours de la médecine.
742 CLEF DE LA LANOLE ET DES SCIENCES.
LE MÉDECIN DE LOUIS XI.
— Hé! sue, s'écria tout a coup Jacques Coictier, qu'est devenue
la pointe aiguë de la maladie pour la quelle votre majesté m'avait
fait mander ?
— Oli ! dit le roi , vraiment je souffre beaucoup , mon compère.
J'ai l'oreille sibilante (1), et des râteaux de feu qui me raclent la
poitrine.
Coictier prit la main du roi , et se mit à lui tâter le pouls avec
une mine capable.
— Regardez , Coppenole, disait Rym a voix basse. Le voila entre
Coictier et Tristan. C'est la toute sa cour. Un médecin pour lui, un
bourreau pour les autres.
En tâtant le pouls du roi , Coictierprenait un air de plus en plus
alarmé. Louis XI le regardait avec quelque anxiété. Coictier se rem-
brunissait a vue d'oeil. Le brave bomme n'avait d'autre métairie
que la mauvaise santé du roi , il l'exploitait de son mieux.
— Oh ! oh ! murmura-t-il en On ; ceci est grave, en effet.
— N'est-ce pas? dit le roi inquiet.
— Pulsus creher, anhelans, crepitans, irregularis (2), continua
le médecin.
— Pasque-Dieu !
— Avant trois jours ceci peut emporter son homme.
— Notre-Dame! s'écria le roi. Et le remède, compère?
— J'y songe , sire.
Il fit tirer la langue a Louis XI , hocha la tête , fit la grimace, et
tout au milieu de ses simagrées :
— Pardieu! sire, dit-il tout a coup, il faut que je vous conte
qu'il y a une recette des régales vacante, et que j'ai un neveu.
— Je donne ma recette a ton neveu, compère Jacques, répondit
le roi ; mais tire-moi ce feu de la poitrine.
— Puisque Votre Majesté est si clémente , reprit le médecin^ elle
ne refusera pas de m'aider un peu en la bâtisse de ma maison rue
Saint-André des Arcs.
— Heuh! dit le roi.
(1) Du latin .?ii(7are, sifller.
(2) Pouls frcqucnl , précipité, dur, dèrc^lc.
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 745
— Je suis au bout de ma finance, poursuivit le docteur, et il se-
rait vraiment dommage que la maison n'eût pas de toit ; non pour
la maison, qui est simple et toute bourgeoise, mais pour les pein-
tures de Jehan Fourbault , qui en égaient le lambris. 11 y a une
Diane en l'air qui vole , mais si excellente, si tendre , si délicate,
d'une action si ingénue, la tête si bien coiffée et couronnée d'un
croissant, la chair si blanche qu'elle donne de la tentation a ceux
qui la regardent trop curieusement. 11 y a aussi une Cérès. C'est en-
core une très-belle divinité. Elle est assise sur des gerbes de blé ,
et coiffée d'une guirlande galante d'épis entrelacés de salsifis et au-
tres fleurs. Il ne se peut rien voir de plus amoureux que ses yeux,
de plus rond que ses jambes, de plus noble que son air, de mieux
drapé que sa jupe. C'est une des beautés les plus innocentes et les
plus parfaites qu'ai produites le pinceau.
— Bourreau, grommela Louis XI, où en veux-tu venir?
— Il me faut un toit sur ces peintures, sire, et, quoique ce soit
peu de chose, je n'ai plus d'argent.
— Combien est-ce, ton toit ?
— Mais... un toit de cuivre historié et doré, deux mille livres
au plus.
— Ah ! l'assassin ! cria le roi. Il ne m'arrache pas une dent qui
ne soit un diamant.
— Ai-je mon toit ? dit Coictier.
— Oui , et va au diable, mais guéris-moi. Jacques Coictier s'in-
clina profondément et dit :
— Sire , c'est un répercussif (^) qui vous sauvera. Nous vous ap-
pliquerons sur les reins le grand défeusif, composé avec le cérat, le bol
d'Arménie (2), le blanc d'œuf, l'huile, et le vinaigre. Vous continuerez
votre tisane, et nous répondons de Votre Majesté. (Victor Hugo.)
La médecine étant une profession mercenaire doit être sujette
à d'étranges abus. D'un côté les riches sont exploités , de l'autre
les pauvres sont sacrifiés.
(1) Du latin repercuterc, rcpercitssum, repousser. Remède qui l'ait refluer
les humeurs au dedans du corps. Les astringents, la glace , l'eau très- froide ,
sont des répercussifs.
(2) Terre argileuse colorée, qui était employée autrefois en médecine
comme tonique et astringente.
744 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Un homme voyant passer son médecin se détourne. On lui on de-
mando la raison. « Je suis honteux , dit-il , de paraître devant lui ;
il y a si long-temps que je n'ai été malade. »
J. J, Rousseau dit que la somme des maux qu'a produits la méde-
cine surpasse la somme du bien ; que pourtant la médecine en elle-
même est bonne , mais que la plupart des médecins sont mauvais ;
d'où il conclutqu'il fautgarderlaw«?£?ec/ne et se défaire des mcÉ^ea/j*.
En fait de médecins , disait un homme d'esprit, il faut toujours
consulter celui qui croit le moins a la médecine.
Le célèbre Boerhaave étant mort , on trouva parmi ses effets un
livre qui passait pour renfermer tous ses secrets. 11 fut vendu très-
cher. Celui qui l'acheta , s'étant empressé de l'ouvrir , n'y
trouva que des feuillets blancs, a l'exception d'un seul sur le quel
était écrit cet apophthegme : « Tenez-vous la tête froide , le ventre
libre, les pieds chauds , et moquez-vous des médecins, n
Jamais , disait un célèbre médecin^ on ne m'a éveillé la nuit pour
une personne qui n'avait pas soupe; mais on m'a éveillé cent fois
pour des personnes qui avaient trop soupe.
On a remarqué que l'introduction des médecins chez les Romains
et chez les Arcadiens n'eut lieu qu'après que les cuisiniers y eurent
introduit les ragoûts et les sauces.
Le célèbre docteur Lorry , si connu par ses lumières, sa sagacité,
et ses ouvrages , répétait souvent au milieu de ses plus grands suc-
cès en médecine : « Je ne me permettrai jamais de dire : J'ai guéri
tel malade , mais : Je lui ai donné mes soins , et sa maladie s'est
terminée heureusement. »
Je serais assez de l'avis de cet anglais, qui, ayant appelé un rné-
decin , lui dit : Je vous donne tant par jour tout le temps que je ne
suis pas malade , a charge de revanche de votre part chaque fois
que je serai malade. »
Au moins la médecine, plus modeste et plus sensée que la philo-
sophie , convient de son ignorance en beaucoup de cas , et avoue
franchement que les remèdes de certaines maladies, telles que la
goutte, l'hydrophobie, ou l'épilepsie, restent à découvrir. Mais la
philosophie se refuse à l'aveu de ses errements; elle est toujours
sûrede ce qu'elle avance, toujours sûre d'avoir raison. Elle ne doute
SIG.NES DIVERS. MÊOECLNE. '?45
pas, elle affirme, et tout ce qu'elle affirme est la vérité. Cependant,
comme dit un auteur, « chaque jour un nouveau système vient ré-
pandre sur la philosophie de nouveaux torrents de lumière ; d'où il
faudrait conclure que ceux de la veille étaient des torrents de té-
nèbres. Comment ne passe défier d'une science où le dernier venu
dément toujours ses devanciers? Condillac est renversé par Kant,
quia son tour est renversé par Fichte , lequel est bientôt abattu par
Schelling, et celui-ci par Rieds ou Ancillon , qu'un autre abattra
demain, si ce n'est déjà fait. Les vrais savants ne se culbutent pas
ainsi à tour de rôle. On ne voit pas qu'aucun géomètre ait infirmé
ni tenté d'infirmer les doctrines d'Euclide, nique la médecine mo-
derne ait voulu détrôner Hippocrate. » D'un autre côté Homère est
toujours le roi des poètes.
La médecine , comme toutes les autres sciences physiques , fai-
sant tous les jours de nouveaux progrès, s'enrichissant tous les jours
de nouvelles découvertes, prouve par là qu'elle est dans la bonne
voie. La philosophie seule s'est fourvoyée et ne fait que tourner de-
puis trois raille ans dans le même cercle vicieux , dont elle s'ob-
stine à ne pas sortir. C'est en vain que Condillac s'écrie : « Il faut
reprendre nos idées à leur origine, refaire l'entendement humain,
et oublier tout ce que nous avons appris. T) C'est en vain que d'autres
laissent échapper ce terrible aveu : « Ces bibliothèques , prétendus
trésors de connaissances sublimes , ne sont qu'un dépôt humiliant
de contradictions et d'erreurs. » O philosophes, que tardez-vous donc
à jeter au feu vos quatre cent mille volumes de subtilités et d'extrava-
gances? que tardez-vous donc à reconnaître l'insuffisance de vos mé-
thodes, réprouvées de Dieu ? Que tardez-vous à chercher activement
l'issue de ce labyrinthe infernal, où l'humanité s'est égarée sur vos
pas, et dont les ténébreuses galeries sont si étroites et si ténébreuses,
en effet, que le plus grand nombre y périt étouffé, et que les plus forts
n'y peuventainsi avancer qu'en marchant sur les corps broyés et san-
glantsde leurs frères? Que tardez-vous à invoquer une nouvelle scien-
ce , un nouveau guide, pour nous conduire à ce règne de paix et d'u-
nion promis par Jésus-Christ, pour nous conduire à cette harmonie
divine des cœurs et des âmes, hors de la quelle il n'y a point de salut
pour l'humanité? Voyez les physiciens. Voyez si la nature est re-
belle à leurs efforts comme aux vôtres. Non, parce que , comme le
dit votre maître à tous, « les physiciens étudient ses lois au lieu de
lui en dicter; et vous n'étudiez que l'art d'étouffer la nature dans
T. II. <)4
lAii CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIEiNCES,
l'homme. Aussi quel contraste entre vos bévues et les prodiges des
sciences physiques ! Chaque jour vous ajoutez, philosophes, des er-
reurs nouvelles à d'antiques erreurs, tandis qu'on voit chaque jour
les sciences physiques avancer dans les routes de la vérité, et ré-
pandre sur l'âge moderne autant de lustre que les billevesées phi-
losophiques ont répandu d'opprobre sur trente siècles consécutifs.
Arrière, arrière, ô philosophes, ô politiques. Place à la médecine,
à la poésie. Celle-là soignera vos corps, celle-ci vos âmes.
Les plaisants ont beau dire, les médecins et les poètes sont peut-
être les hommes les plus utiles. Il est bien entendu toutefois que
les poètes sont autant au dessus des médecins que l'âme est au
dessus du corps.
Savez-vous pourquoi Molière a dit tant de mal des médecins?
Molière logeait chez un médecin dont la femme était extrême-
ment avare. Elle voulut augmenter le loyer de la partie de la mai-
son qu'occupait Molière, qui refusa de mettre l'augmentation, en
sorte que l'appartement fut loué à un autre. Depuis ce temps, dit-
on, Molière ne cessa de tourner les médecins eu ridicule (1). Ce
serait là une bien petite cause.
Malgré Molière, non sacré pour moi cependant, la profession de
médecin exige des connaissances si étendues, des études si variées,
une expérience accompagnée de travaux si pénibles, et surtout, dans
bien des cas , un tel dévouement, qu'on ne saurait trop considérer
et estimer ceux qui l'exercent avec distinction.
\]n médecin, dit Voltaire, qui, ayant dans sa jeunesse étudié la
nature , connu les ressorts du corps humain, les maux qui le tour-
mentent, les remèdes qui peuvent le soulager, exerce son art au
profit de l'infortune et reverse sur l'indigent les honoraires de l'o-
pulence, est un homme au dessus de tous les grands de la terre.
Le docteur **% de Vienne , se plaignait de ce que son auguste
malade le prince de ***, mort il y a deux ans, ne suivait pas les or-
donnances qu'il lui prescrivait, a — Mon prince, i^/'aMf faire ce que
je vous dis, il le faut absolument, — Cher docteur, lui répondit le
(l) Dans V^ittiour médecin, l'auleur joua les médecins de la cour avec des masques
qui ressemblaient parfaitement aus personnages qu'il avait en vue. Ces médecins
étaient MM. de Fougerais, Esprit, Guenaut, et dWquin. Comme Molière voulait dé-
guiser leurs noms, il pria son ami Boileau de lui en faire de convenables, Boileau en
composa, en cfl'et, qui étaient tirés du grec et qui exprimaient le caractère de ces
messieurs. M. de Fougerais sappela Z)e.ç/b;innf/rèj ( tueur d'hommes ), M. Esprit ,
qui bredouillait, Behis ( aboyeur). yt/ncro/o/i devint le nom de M. Guenaut, parce
qu'il parlait lentement, M. Tnnics (saigneur), roliii de !\I d'Aquin, qui ordonnait
Iréquommont la saignée.
SIGNES DIVERS. MEDECINE.
747
prince, vous devriez savoir qu'on ne dit pas à un prince tel que moi :
il faut. — Pourtant, mon prince , si vous ne faites pas ce que je
vous dis, il faudra mourir. » Il lui fallut, en effet, mourir le sur-
lendemain.
Tableau des Maladies.
Toutes les maladies peuvent être renfermées en neuf classes princi-
pales, savoir: 1" Maladies générales ; 2° Maladies des organes du sentiment;
3» Maladies des organes de la locomotion; U" Maladies des organes de la diges-
tion; 5° Maladies des organes de la circulation; 6° Maladies des organes de ta
respiration ; 1" Maladies du système cellulaire; 8» Maladies des organes uri-
naires ; 9° Maladies des organes de la génération.
I.
1. llaladies Ciénérales.
1» FIÈVRES.
On divise les fièvres en /srini/fit'ÊS ou essentielles et en secondaires ou symp-
tomatiques. 11 ne sera question ici que des fièvres dites essentielles , les
plus fréquentes des maladies qui attaquent l'espèce humaine.
1° Fièvres inflammatoires ,
ou angioténiques.
12" Fièvres bilieuses ou
gastriqiies.
3" Fièvres pituiteuses ou
muqueuses.
14° Fièvres putrides ou
adynamiques.
5° Fièvres malignes ou
ataxiques.
6° Fièvre adéno-ncrveuse,
1" Fièvres liccliqucs.
f 1° Fici'rt ip/iéiiicrc , oajî'ci'r'^
\ de 24 Iteures, de ^8 heures.
Inflammatoires continues j 2° Fièvre sjnoçne.La synoque
I comprend deux varie'te's : syno-
^ que simple et synoque putride.
— Rémittentes
Ç I" Injlamniatoire quotidienne.
■ — Intermittentes J 2° inflammatoire tierce. 3° Jn-
\Jlammatoire quai te,
( 1° Embarras gastrique- 2.°Gas-
Gastrique continue \ trique continue simple. i° Fièvre
\ ardente.
— Rémittente « • • •
SI" Gastrique quotidienne. 2"
Gastrique tierce. 3° Gastrique
.double tierce, /j» Gastrique
f quarte.
Muqueuse continue.
— Rémittente
;' 1° Muqueuse irrcgulierc. 1"
— Intermittente | Quotidienne. '6° Tierce. 4° Quar-
\ le. 5° Double quarte.
Putride continue ! ^"f""'.'^'' continue simple.
^ 20 ticvre jaune a Amérique.
— Rémittente
— Intermittente ,
' 1° Ataxique continue simple.
\ 2® Fièvre cérébrale, 3° Fièvre
Ataxique continue l lente nerveuse. 4° Fièvre des
I prisons j des camps, des liàpi-
\taux , ou Typhus.
— Rémittente
. — Intermittente
ou Peste
Hectique gastrique; — pectorale; — génitale: — sanguine;
— par lactation;' — par anomalies de la transpiration :
— par affection cutanée; — par abus des facultés de
l'dmc.
" ''^ CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
2° PHLEGMASIES OU INFLAMMATIONS.
Les plilegmasies sont externes ou internes, aiguës ou chroniques , mani-
festes ou latentes. On les considère sous le TA^^0TX.d6 leurs phénomènes géné-
raux, sous celui de leur nature particulière, et sous celui de leur siège. Les phé-
nomènes qui se manifestent le plus généralement dans les plilegmasies ex-
ternes sont la douleur , la tuméfaction , la rougeur, et la chaleur. On ajoute
à cette considération celle des phénomènes, moins généraux, de termi-
naison. Les phlegmasies se terminent par suppuration, résolution, délites-
cence, métastase, induration, ou gangrène. Considérées sous le rapport de
leur nature'particulière, les phlegmasies sont idiopatinques , sympathiques ,
spécifiques, gangreneuses (1), ou «n<erni(»cn(e«. Considérées sous le rap-
port de leur siège , elles se divisent en six ordres : phlegmasies de la peau,
phlegmasies des membranes muqueuses , phlegmasies des membranes séreuses,
phlegmasies du tissu cellulaire, phlegmasies du parenchyme des viscères ;
phlegmasies des systèmes de la locomotion.
Phlegmasies cutanées ou exanthèmes (2). Phlegmasies cutanées aiguës.
— 1" Variole ou petite véroh. Elle comprend la variole discrète et la variole
confluente. — 2° Varicelle ou petite vérole volante, — 3" Vaccine vraie, —
lx° Vaccine fausse. — 5° Rougeole. — 6° Scarlatine. — 7° Érysipéle. —
8" Zona. — 9" Miliaire, maladie millalre, ou pourpre. Pourpre rouge.
Pourpre blanc, — 10° Urticaire. — 11" Pemphigus. — Phlegmasies cutanées
chroniques. — 1» Dartres. Dartre furfuracée ou farineuse. Dartre écaitleuse
ou squammeuse. Dartre crustacée. Dartre rongeante. Dartre pustuleuse. Tac,
— 2" Teigne. Teigne faveuse , granulée, furfuracée, muqueuse , amiantacée.
Les achores , ou croûte laiteuse, cro;'(<e </e /at7, sont une espèce déteigne,
— 3" Psoriasis ou maladies psorlques. Elles comprennent l,i gale et les au-
tres maladies psoriques analogues , désignées sous le nom de psydracia. —
4" Pli que.
Phlegmasies des membranes muqueuses, ou catarrhes. — 1° Ophthal-
mlc ou catarrhe oculaire. Ophllialmie idiopatliique. Elle est légère ou forte.
Ophlhalmle symptomallque. Elle est varlollque , vénérienne , scrophuleuse ,
ou dartreuse. — 2° Catarrhe yiasal ou coryza, vulgairement appelé rhume de
(i) La gangrène est lextinclion des proprie'tés vitales, la destruction des mouve-
ments organiques, la mort locale de la partie qui en est atteinte. Gangrène par excès
de forces. Gangrène par excès de. faiblesse. Gangrène par brûlure, par contusion
ex-cessiue, par forte commotion, par excès d'action. Gangrène par congélation, par
fièvre adynamiqiie. Gangrène sénile. Gangrène dépendante d'un vice or ganiijiie dans
les voies de la circulation . Gangrène par vice des premières voies, oiifuroncle. (Le
furoncle m nomme vulgairement clou; il lient à ïxi fois Au phlegmon, deVérysi-
pèle, et de Vantfirax ou charbon. Le l'uroncle des paupières se nomme orgeolet.}
Gangrène par l'action d'an principe délélère. (Tel est Yanlhrax, qu'on nomme pus-
tule malifinc, quand il est du à une cause externe.)
(2) Ce mol est synonyme d'cruplions. Du grec e.vanlhc6, je fleuris.
SIGNES DIVERS. MÉDECLNÊ. 7 îîl
erveau. — 3" Catarrhe auriculaire ou otite. Otite interne. Otite externe. On
dit aussi otalgie (douleur d'oreille ). — k" Catarrhe guttural ou angine gut-
turale. Angine tonslllaire. Angine pharyngée. Angine gangreneuse. — 5" Ca-
tarrhe trachéal ou angine trachéale. Angine trachéale non membraneuse. An-
gine trachéale membraneuse ou croup. — 6° Catarrhe pulmonaire. — 7° Ca-
tarrhe de l'estomac , ou gastrite. Gastrite spontanée. Gastrite accidentelle ou
par empoisonnement. — 8° Catarrhe intestinal. On comprend sous ce nom
l'entérite, la diarrhée, et la dysenterie (1) Diarrhée muqueuse. Diarrhée
séreuse. Dysenterie sim pie. Dysenterie compliquée. — 9° Catarrhe vésical. — 10°
Catarrhe urétral , ou blcnnorrhagie. Blennorrhagie vénérienne. Blennorrhagie
non vénérienne. La Blennorrhagie vénérienne se nomme plus souvent go-
norrhée. — 11° Catarrhe utéro-vaginal , ou leucorrhée. C'est ce qn'on
nomme improprement fleurs blanches. Leucorrhée locale. Leucorrhée consti-
tutionnelle. — 12° Aphtiies. Aphthcs des adultes. Aphthes des enfants, on
muguet. Muguet bénin. Muguet confluent ou gangreneux.
Phlegmasies des membranes séreuses. — 1° Frénésie, on inflammation
des enveloppes du cerveau. — 2° Spinitis, ou inflammation de l'arachnoïde
spinale,— 3° Pleurésie, ou inflammation des plèvres. C'est une pleurésie qui
a enlevé ma pauvre mère en quatre Jours, On la désigne encore sous le nom
de fluxion de poitrine. — 4° Péricardite, ou inflammation du péricarde, mem-
brane qui couvre le cœur. — 5° Péritonite, ou inflammation du péritoine.
Péritonite générale. Péritonite locale, li'omentite , la. gastrite , l'hépatique
n'en sont que des variétés peu remarquables. Péritonite simple. Péritonite
des femmes en couches.
Phlegmasies du tissu cellulairsi ou phlegmons. — Engelures,— Fu-
roncles. — Oreillons. — Bubons.
Phlegmasies du parenchyme des viscères. — Les phlegmasies viscérales
sont: la cèphalite, la péri pneumonie , la. carditc , Vhépatite, la spténite, la
néphrite , et la métrite.
Phlegmasies desorganes de la locomotion. — 1° Rhumalismemusculaire,
Il peut être général et vague, ou local et fixe. Dans ce dernier cas, il est
désigné sous les noms de p le urody nie, torticolis, contracture, lumbago, scia-
tique, etc., selon les parties qu'il affecte. Il est aigu ou chronique. Rhuma-
tisme fibreux. Rhumatisme synovial. — 2° Goutte ou maladie arthritique, af-
fection arthritique. Goutte régulière ou des articulations. Goutte irrégulière
ou des viscères , on goutte interne, goutte rentrée. La goutte qui attaque les
pieds se nomme podagre; celle qui attaque les genoux , gonagre; celle qui
(l) L'Académie ocril ilysscntcrie, dj'ssentcrir/ue. C'est Lien à tort, puisque ce mot
dérive du giec dus, diflicilcmcut, avec peine, et entéron, intestin : dililculté des iii-
teslins. Eu latin djscnlcria.
"50 V.hEV DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
attaque les mains , cliira^'re. L'exercice , ta diète végétale, et l'eau, sont re-
gardés comme la sauvegarde des goutteux.
3° MALADIES ORGANIQUES.
On les divise encore en maladies organiques proprement dites, et en maladies
organiques improprement dites. Les premières renferment deux ordres.
1" ordre. MALADIES ORGANIQUES ACCIDENTELLES. 1» Sipliilis (1)
on maladie vénérienne. Elle se manifeste par des symptômes locaux ( blennor-
rliagic, ciiancres , bubons, pustules humides ) ou généraux ( catarrhes uré-
thraux , vaginaux , oculaires , etc. ; ulcères à la vulve , anx amygdales , à la
luette , à la membrane palatine , tubercules , pustules sèches , excroissances
sessiles ou pédonculées, telles que crêtes, condylômes, fies, verrues, poireaux,
choufleurs , périostoses , exostoses, caries, etc.) — 2" Lèpres. On comprend
sous cette dénomination, les yaws, Véléphantiasis (2) des Grecs, fil celui des
Arabes. — 3° Scorbut. Scorbut primitif. Scorbut secondaire. — 4° Scrophules
ou écrouelles. Cette maladie donne quelquefois lieu à des symptômes gra-
ves , tels que les ulcères, ]a phlhisie, le carreau , le spinosa ventosa , les 6u-
bons , le rachilis , les gibbosités, les tumeurs blanches des articulations , les
diverses caries , l'ophlhalmie, la fistule lacrymale.
2» ordre. MALADIES ORGANIQUES ESSENTIELLES. Ces maladies sont
les tubercules ou dégénérescences tuberculeuses, et le cancer. Tubercules enkys-
tes , non enkystés. Cancer primitif. Cancer secondaire ou ulcère carcinomaleux.
Les maladies organiques improprement dites sont celles qui ne font que
porter atteinte à la structure des parties, par une solution de continuité,
avec ou sans perte de substance. Telles sont les plaies et les ulcères.
PLAIES. — Plaies simples. — Plaies qui suppurent. — Piqûres. — Contusions
ou meurtrissures. — Plaies par arrachement. — Plaies d'armes à feu. — Plaies
avec fracas des os et écrasement des membres. — Plaies envenimées. Plaies
faites avec la pointe d'un scalpel. Plaies faites par des insectes réputés veni-
meux. Piqûres de l'abeille , de la guêpe. Morsures de la vipère ou d'autres
reptiles. Morsures des animaux enragés.
ULCÈRES. Ulcère idiopathique ou atonique. 11 peut être récent ou
ancien, critique, calleux, variqueux, gangreneux, ou vermineux. — Ulcère
symptomatique ou dépendant d'une maladie générale. Il peut être
scorbutique, scrophulcux, vénérien, carcinomateux , dartreux , teigneux,
psorique, etc. Les ulcères vénériens ou siphililiques se nomment encore
chancres, et se divisent en primitifs et consécutifs ou secondaires. Chancre
(1) L'Académie écrit syphilis, ))ien que ce nom dérive du grec 5(/>/;/o5 , vilain ,
ssle , difforme, houleux.
(2) Du grec clepluis, elephnnlos, éléphant, parce que ceux qui sont attaque's de
<elle maladie oiitla peau dure, épaisse, et rugueuse, comme celle des éléphants. G est
une épouvantable maladie.
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 751
indolent. Chancre inflammatoire. Chancre slationnairc. Chancre ronf^eanl. Le
siège de V ulcère carcinomateux est le plus souvent à la face, surtout au nez,
qu'il détruit rapidement et de la manière la plus affreuse , après ne s'être
annoncé que par un petit bouton rougeâtre, qui n'affecte d'abord que la
peau seule.
II.
maladies des organes du sentiment •
C'est à dire , DES organes DES SENS , DES NERFS , DU CENTRE CEN-
SITIF OU DE LA MOELLE ÉFINIÉRE , et DU CERVEAU.
Maladies des organes des sens.
1° MALADIES DES ORGANES DE LA VUE. Maladies des parties externes
de l'œil. — 1" Plaies des sourcils. — 2° Adhérence des paupières. — 3° Plaies
des paupières. — à" Ulcères des paupières. — 5° Renversement des paupicres. —
6° Chute ou prolapsus de la paupière supérieure. — 7° Tumeurs enkystées des
paupières. — 8° Orgeolet ou grain d'orge. — d" Excroissance de la caroncule
lacrymale. — 10° Squirrhe de ta glande lacrymale. — 11° Maladies des points
et des conduits lacrymaux. — 12° Tumeur et fistule lacrymale.
Maladies du globe de l'œil. — 1° Plaies de la conjonctive. — 2° Plérygion.
— 3° Excroissance de la cornée. — lx° Staphilomes. Staphilome de la cornée ,
de ta sclérotique, de la choroïde, de l'iris. — 5° Plaies de la cornée. — 6° Ta-
ches de la cornée. Nuage. Albugo. Leucoma ou cicatrice de la cornée. — 7° Ul-
cères de la cornée. — 8° Plaies de la sclérotique. — 9° Abcès oculaires. Ils ont
leur siège dans la conjonctive ( pustules ) , entre les lames de la cornée ( un-
guis , onyx), dans la chambre antérieure et quelquefois postérieure de l'œil
( hypopion ) , ou dans toute la cavité de cet organe (grand abcès de l'œil )
— 10° Cancer oculaire. — 11° Hydrophlhalmie {hydropisic de l'œif). — 12° Oc-
clusion de la pupille. — 13° Cataracte {opacité du cristallin ou de sa capsule).
— ili° Myopie, ouvuecourte. — lb° Presbytie, ou vue longue. — 16° Strabisme,
ou vue louche.
Maladies des nerfs ou névroses optiques. — 1° Nyclalopie , ou vue de
nuit. — 2° Héméralopie, ou vue diurne. — 3° Goutte sereine, ou paralysie du
nerf optique. Le glaucome, généralement regardé comme une maladie du
corps vitré , n'est qu'une variété de la goutte sereine. hA goutte sereine se
nomme encore amaurose. — 4° Illusion de la vue.
2° MALADIES DES ORGANES DE L'OUÏE. Maladies du pavillon
de l'oreille ou de l'auricule. — Plaies de l'auricule.
Maladies du conduit auditif externe. — 1° Son obstruction. — 2» Son
rétrécissement. — 3° Dessicalion du cérumen. — 4° Otite. — 5° Corps étran-
gers, — 6° Polvpes. — 7° Ecoulement purulent.
t^2 CI.EF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Maladies de l'oreille interne. — 1° Ihlâclicmenl de la membrane du tym-
pan.— 2" Epaississemcnt de la membrane du tympan. Épaisstsseynent de la
trompe d'Eustache. — 3° Carie de la caisse du tympan. Carie de la portion
mastoïdienne du temporal. — 4° Destruction de la membrane du tympan. Des-
truction des osselets de l'ouïe. •
Maladies des nerfs ou névroses acoustiques. — 1° Excès de la sensibililé
acoustique. — 2" Diminution on abolition de la sensibilité acousligue , c'ast
à dire , dureté d'oreille ou surdité. — ?>° Dépravation o\\ sensation fallaccs de
l'ouïe. Bruits, bourdonnements, tintements d'oreille.
3° MALADIES DES ORGANES DE X.'ODORAT. Maladies des narines.—
1* Obstruction des narines. — 2" Oblitération des narines. — i° Contusions
et fractures du nez. — li" Plaies du nez.
Maladies des fosses nasales. — 1" Coryza. — 2" Ozène, ulcère de la pi-
tuitaire. — 3" Polypes. Polypes véstculaires. Polypes sarcomateux.
Maladies des sinus nasaux. — 1" Abcès et fistules du sinus maxillaire. —
2° Fongosités du sinus maxillaire. — 3° Lésions des autres sinus.
4^ MALADIES DES ORGAVES DU TO0CHER. — 1» Fices de conformation.
Doigts surnuméraires. Doigts réunis. — 2° Engelures. L'engelure est une es-
pèce d'érysipâle phlegmoneux. — 3" Panaris. — 4° Verrues. — 5° Callosités et
gerçures de la peau des mains. — 6° Cors. Les cors sont des tubercules ou duri-
llons qui viennent aux pieds, par la compression qu'exercent des chaussures
trop rudes ou trop étroites. La colonne Vendôme reprochait à la colonne de
Juillet , au pied de la quelle sont enterrés les héros des trois jours, de n'a-
voir pas assisté au convoi funèhre de Napoléon. « Hélas , répondit-elle,
j'ai des cors ( des corps ) aux pieds. »
Maladies des nerfs conducteurs de la sensation.
Iiésions mécaniques des nerfs. — 1" Compression. — 2° Contusion. —
3° Section des nerfs. Section complète. Section incomplète.
Iiésion de la sensibilité des nerfs ou névralgies. — 1" Névralgie sus-or-
bitaire ou frontale. — 2" Névralgie sous-orbitaire (Tic douloureux du visage. )
— 3° Névralgie dentaire on maxillaire, ou odonlalgie. — i° Névralgie fémoro-
poplitce, ou scialiquc. — 5° Névralgie plantaire, — 6° Névralgies anomales.
Maladies du centre sensitif ou du cerveau et de la moelle
épinière.
i" Plaies de tête. Plaies par un instrument piquant, tranchant, ou contondant.
— 2» Commotions du centre sensitif. Commotionsdu cerveau. Commotions de la
moelleépiniére. — 3° Inflammation du centre sensitif. Spinitis. Frénésie. Inflam-
mation traumatique phlegmoneuse du cerveau et de ses membranes. Inflam-
mation traumalique bilieuse des membranes du cerveau. — l)" Compression
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 755
au centre sensltif. Compression du cerveau. Compression par l'enfoncement
■des os du crâne, par des esquilles, par des corps étrangers , par des èpanche-
ments purulents ou sanguins. Les cpanchements sanguins sont presque constam-
ment mortels. C'est d'un épanchemcnt de ce genre, causé par une violente secousse
morale, qu'est morte la femme divine dont le souvenir ne s'effacera jamais
dans mon cœur. Compression de la moelle èpinière. Compression par fracture
de la colonne vertébrale. Compression par luxation. Compression par dévia-
tion. Compression par l'épanchement d'une humeur. — 5° Hydropisies du cer-
veau et du canal vertébral. Hydrocéphale , ou hydropisie du cerveau. Hydrocé-
phale avec distension des os du crâne. Hydrocéphale sans distension du crâna
(Jiydropisiedes ventricules). Hydrorachis, on hydropisie vertébrale.- ■Q° Tumeurs
fongueuses de laduremère. — 7° Encéphalocèle, ou hernie du cerveau. — S°Hy-
pocondrie, ( On la reconnait à ces caractères: Eœpuition fréquente, nausées^
dégoût -alternant avec un appétit vorace , tensions par intervalle , gonflement
■et pulsation irrégulière deVaLhdoiaen, douleur gravalive de l'estomac et des
Intestins après le repas, éructations , rapports acides, coliques vagues, borbo-
rygmes, flatuosités incommodes, constipation ou diarrhée. ). — 9" Aliénations
mentales. B/lèlancoUe (1). Mélancolie simple. Panophobie, Regrets profonds.
Érotamanie , Délire d'amour. Démonomanie. Nostalgie, ou mal du pays.
Théomanie. Mélancolie avec penchant au suicide. Manie. Manie continue.
Manie intermittente. Manie avec délire. Manie sans délire. Démence. Idio-
tisme. Idiotisme originaire. Idiotisme accidentel. — 10° Somnambulisme. —
11° Somnambulisme artificiel. Somnambulisme naturel. Il est ordinaire ou
pathologique. — 12° Hydrophobie ou rage. Hydrophobie symptomatique. On
l'a observée dans les fièvres ataxiques , et dans certaines plilegmasies»
Hydrophobie essentielle. Rage ou hydrophobie communiquée par un animal en-
ragé. Hydrophobie traumatique sitrveiiue à la suite d'une blessure, ou de la
morsure d'un animal non enragée Hydrophobie spontanée. — 13° Affections
comateuses. Catalepsie. Catalepsie symptomatique. Catalepsie idiopathique.
Epilepsie, ou mal caduc , haut mal, Épilepsie symptomatique. Epitepsie idio-
pathique ou cérébrale, Epilepsie sympathique. Apoplexie. Apoplexie légère
ou imparfaite. Apoplexie violente. Apoplexie foudroyante. Apoplexie symp-
tomatique. Apoplexie idiopathique. Elle est sanguine , séreuse, ou nerveuse»
Apoplexie sympathique. Elle est gastrique ou cardiaque,
IIÏ.
HAladles des organes de la locomotion*
Deux systèmes d'organes , le musculaire et l'osseux, concourent à la
locomotion.
(i) Dans le langage ordinaire, ce mot signifie seulement tristesse, ou disposition
à In rêverie.
T, II. 9S
75^ CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Maladies du système musculaire.
Les maladies du système musculaire comprennent celtes des muscles et
celles des parties aponcvroiiqucs.
1° MALADIES DES MUSCLES. Maladies musculaires dépendantes
du système nerveux. — 1° Paralysie. Elle peut avoir lieu dans tout un côté
du corps ( hémiplégie) , dans sa partie inférieure {paraplégie), ou se borner
à quelques muscles tels que oeux de la face , des bras , ou même à un seul.
2° Convulsions, ou spasmes. Elles peuvent être générales ou partielles, con-
tinues ou intermittentes , accidentelles ou habituelles. — 3° Tétanos. Il con-
siste dans une contraction involontaire des muscles , sans aucune alterna-
tive de relâchement. Il peut être partiel ou universel. Lorsqu'il est général,
le corps est plié en avant {cmprostholonos), ou en arrière {opisthotonos),
ou sur un des côtés en forme d'arc (pleurosthotonos) . Tétanos des nou-
veau-nés. Il n'attaque que les individus qui habitent l'Amérique. Tétanos
par affection morale. Tétanos par irritation interne. Tétanos traumatique par
irritation externe. Il naît ordinairement à la suite des plaies douloureuses.
Maladies propres aux muscles. — 1" Plaies des muscles. Contusions.
Sections. — 2° Ruptures spontanées. — 3° Déplacements et hernies des muscles.
— 4° Rhumatisme musculaire.
2° MALADIES DES PARTIES AFONÉVROTIQITES . Iiésions des ten-
dons.— 1° Plaies des tendons. — 2° Ruptures des tendons. Rupture du ten-
don d'Achille, du calcanéum. Rupture des tendons extenseurs de la Jambe ,
du ligament inférieur de la rotule. Rupture du tendon de l'extenseur de l'a-
vant-bras. Rupture de Volécrâne. — 3° Ganglions , Certaines humeurs en-
kystées.
Iiésions des aponévroses. — Dénudation, destruction, solution de conti-
nuité des aponévroses.
Maladies du système osseux.
Les maladies du système osseux comprennent celles des os et celles des
articulations.
1° MALADIES DES OS. Xésîons physiques des os. — 1° Fractures.
Fractures transversales ou perpendiculaires à t'axe de l'os. Fractures obli-
ques. Fractures comminutives ou en divers sens. Fractures simples. Fractures
compliquées de contusion. Fractures compliquées de plaie. Fractures compli-
quées de luxation. Fractures compliquées d'infiltration artérielle ou veineuse.
Fractures de la clavicule, de l'omoplate , de l'humérus, de l'avant-bras, des
os de la main, du fémur , de la jambe. Fractures des os du pied. Fractures du
crâne, de la mâchoire inférieure, des dents, des os propres du nés , des ver-
tèbres, du sternum, des côtes , des os du bassin.
SIGNES DIVERS. MÉDECIiVE. 755
XiésioDS vitales et organiques des os. — 1" Exosiose, ïunieur de l'os,
immobile et d'une solidité osseuse, se terminant, comme les phlegmons du
tissu cellulaire , par résolution , par suppuration , par induration , etc.
Exostose générale ou symptomatiqiie, locale ou idiopathlque. — 2" Carie.
L'exostose précède presque toujours la carie, qui est aux os ce que l'ulcère
est aux parties molles. Carie du tympan. Carie du larynx. Carie des dents. —
3° Ostéosarcomc, L'exostose, la carie, et l'ostéo-sarcomc, ne sont fréquem-
ment que les trois degrés d'une même maladie. L'ostéo-sarcome est un
mal grave et alarmant , dès qu'il est prononcé. Cette maladie a de nom-
breuses variétés , dont les deux principales sont l'ostéo-sarcome proprement
dit (dégénérescence de l'os en une substance mollasse , lardacée, grisâtre,
et semblable à celle d'une glande cancéreuse) etlespina renifo^a (dila-
tation du tissu osseux et formation dans son intérieur de chairs fongueuses).
— 4° Nécrose. La nécrose est à l'os ce que la gangrène est aux parties
molles. C'est la même chose que sphacéle , ou sidéraiion , ou mortification
complète. Nécrose des os larges. Nécrose des os longs. — 5" Racltitis. Il consiste
dans le ramollissement des os, provenant de la privation du phosphate cal-
caire qui leur donne la solidité.
2° niALADlES DES ARTlctTLATlOîiS. Iiésions physiques. — 1° Plaies
des articulations. Luxations ou déviations. 11 y a luxation toutes les fois que
les extrémités articulaires des os cessent de se correspondre. Luxation
incomplète. Luxation complète ou diastase. Luxation de la clavicule , de l'hu-
mérus , des os de l'avant- bras , de la main , du fémur , de la rotule , des os de
la Jambe, des os du pied sur la jambe, de la mâchoire inférieure , des vertè-
bres, des os du bassin. Luxation en avant. Luxation en arrière. Luxation sur
les côtés.
Iiésions organiques et vitales. — 1" Goutte. — 2° Rhumatisme fibreux et
synovial. — 3° Entorse. Elle consiste dans le tiraillement et même le dé-
chirement des parties molles qui environnent quelques articulations. En-
torse légère. Entorse grave. Entorse compliquée de diastase ou dis-jonction des
extrémités articulaires. — 4° Hydrarthrosc ou hydropisie des articulations.
Elle n'a été observée qu'à l'articulation du genou. — 5° Corps étrangers. —
6° Tumeurs blanches ou fungus articulaire. Tumeur rhumatisante. Tumeur
scrophuleuse. La luxation spontancedu fémur est une véritable tumeur blanche
des articulations. — 7° Ankilose, DifBculté ou impossibilité de mouvoir une
articulation. Ankilose complète ou vraie. Anhilosc incomplète ou fausse. —
8"> Pieds bots , Torsion congéniale des pieds. — 9° Ongle entré dans la chair.
Les gros orteils sont le siège de cette maladie.
ÏV.
maladies des Organes de la Dig^estion.
Oo les divise en maladies des organes de la digestion préparatoire ei
756 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
maladies des organes de la digestion proprement dite. Les premières com-
prennent celles de la mastication et celles de la déglutition.
i° Maladies des organes de la mastication. Maladies des
lèvres. — 1» Réunion congéniale des lèvres. — 2" Bec-de- lièvre. 11 est naturel'
ou accidentel. — 3" Plaies. — 4° Ulcères et boutons cancéreux.
Maladies des mâchoires. — 1» Fracture de la mâchoire inférieure. —
2° Luxation de la mâchoire inférieure. — 3" Carie des os maxillaires.
Maladies des dents et des gencives. — 1" Fractures des dents.
— 2" Ebranlement des dents. — 3° Tartre des dents. — 4* Carie dentaire.
— 5° Ulcères et tumeurs des gencives. On a donné le nom d'épulies à des
tum^eurs fongueuses des gencives.
Maladies des organes salivaires. — 1° Inflammation des parotides,
vulgairement oreillons, parce que ces tumems sont auprès des oreilles. —
2° Abcès de la parotide. — 3"" Engorgements stjuirrheux de la parotide. —
4° Ulcération de la parotide. — 5" Concrétions et fistules du conduit parotidien.
— 6° Grenouillette ou ranule. Tumeur édémateuse, située sous la langue,
qui ùte la liberté de la parole, en sorte qu'on ne peut parler qu'en croas-
sant comme les grenouilles.
Maladies de la langue. — 1" Adhérence congéniale de ses bords. — ■
2° Longueur excessive de son frein ou Filet. — 3° Plaies et ulcères de ta
langue. — 4° Carcinome ou tumeur cancéreuse de la langue. — 5° Gonfle-
ment de la langue.
2° Maladies des organes de la déclutition. Maladies du
voile du palais, des amygdales , du pharynx. — 1" Prolongement de
la luette. — 2° Engorgement des amygdales. — ' 3» Abcès des amygdales et du
pharynx. — 4° Plaies du pharynx.
Maladies de l'ésophage. — 1° Plaies de l'ésophage. — 2° Corps étran-
gers, tels que balles de plomb, pièces de cuivre, croûtes de pain, esquilles
d'os, arêtes, épingles, etc. — 3° Cancer de l'ésophage. — 4° Rétrécissement
de l'ésophage. Il est spasmodique, ou bien il résulte de l'épaississemcnt de ses
tuniques, et quelquefois d'une compression exercée par l'engorgement des
glandes lymphatiques. — 5" Paralysie et rupture de l'ésophage.
Les maladies des organes de la digestion proprement dite sont celles des
Organes de l'abdomen qui concourent à ta digestion.
1° Maladies des organes abdominaux. Plaies abdominales. —
l» Plaies 7ion pénétrantes. — 2" Plaies pétiéirantes. Elles sont tantôt sim-
ples, tantôt compliquées de la sortie des viscères. —3° Plaies des intestins.
Dans ces plaies, tantôt l'organe blessé est resté dans la cavité abdominale,
tantôt il en est sorti. — 4° Plaies de l'estomac. —5° Plaies du foie, de la
vésicule du fiel, de la rate, des veines, et des artères d'un certain calibre.
SIGNES DIVERS, MÉDECIÎJE. 757
£l>anchenients traumatiques abdominaux. — 1° Épanchement de bile.
— 1" Épanchement d'urine. — h" Epanchement des matières fécates. — !i° Épan-
chements sanguins.
Indammations abdominales. — 1° Hépatite, on Inflammation du foie.
Hépatite aiguë superficielle. Hépatite aiguë profonde. Hépatite chronique.
Une des terminaisons les plus funestes de l'hépatite, c'est la gangrène.
Le squirrhe et le cancer du foie peuvent aussi succéder à une inflammation
de cet organe. — 2° Spiénite, ou Inflammation do la rate. — 3° Gastrite.
— 4° Catarrhes intestinaux. — 5" Péritonite.
Abcès abdominaux. — 1° Abcès de l'abdomen. Abcès déterminés par une
contusion. Abcès par corps étrangers. Abcès par Inflammation membraneuse.
Abcès du foie. Tumeur de la vésicule du fiel. —2" Abcès du rectum, Abeés
non stercoraux. Abcès stercoraux.
Fistules de l'abdomen.— Fistules de Ccstomac, des intestins, du foie, de
ta vésicule. — Fistules du rectum. Elles sont stercorales ou non stercorales,
sitnpies, ou composées, ou compliquées de callosités, de corps étrangers, tels
que pépins, noyaux, etc.
Hernies abdominales eu Descentes. Ce sont des tumeurs molles, ordi-
nairement élastiques, sans changement de couleur à la peau, situées à la
circonférence ou à la surface de l'une des cavités splanchniques, et for-
mées par la sortie partielle ou totale de quelqu'un des viscères qui y sont
contenus (Acad.). — 1" Hernie inguinale. On la nomme incomplète ou Bu-
bonocèle, quand elle se borne à l'aine; scroiate, quand elle descend jus-
qu'au fond des bourses; Épiplocèle, quand elle contient l'épiploon;
Entérocète, quand c'est les intestins ; et Entèro-cpiplocèle, quand c'est à la
ibis les intestins et l'épiploon. La hernie inguinale est sujette à plusieurs
accidents. Ces accidents sont : Le volume et l'ancienneté de la tumeur ; les
adhérences; l'engouement, c'est à dire, l'accumulation des matières fécales
Ou alimentaires dans la portion Intestinale qui forme hernie; enfin, l'étran-
glement des viscères par l'ouverture qui leur livre passage. — 2° Hernie con-
géniale. On peut la regarder comme une variété de l'inguinale. — 3" Her-
nie crurale, Celle qui passe sous l'arcade des vaisseaux cruraux, fréquente
chez les femmes, — 4° Hernie ombilicale, ou Exompbatc, Elle survient aux
enfants en bas âge, et aux femmes à la suite de plusieurs grossesses. Cette
hernie est facile à réduire, et son étranglement est rare. — 5° Hernies de
la ligne blanche. KUes portent le nom d'éventrations, lorsqu'elles parvien-
nent à une grosseur excessive, comme jusqu'à former un sac qui descend
sur les cuisses, et contient non seulement la masse intestinale et l'épi-
ploon , mais encore la matrice elle-même remplie par le fœtus. —
6' Hernies de l'estomac, — 7" Hernies par le trou ovalaire et l'échancrurc
7^8 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
iscfiiatiqitc. Ces deux espèces de hernies sont aussi rares que difficiles à
reconnaître. — 8" Hernies Ihoracigties.
Invagination , renversement des intestins. — 1° Invagination des
intestins prèles dans la cavité abdominale. D'horribles coliques qu'on a
appelées miserere sont la suite de cet accident. Le malade meurt au mi-
lieu des douleurs les plus atroces. — 2" Invagination et renversement des
intestins grêles par l'anus naturel, par tes anus artificiels.
Polypes abdominaux. — Polypes du rectum. Ils sont situés dans la
membrane interne du rectum.
Cancers abdominaux. — Cancers du conduit alimentaire. Ils ont leur
siège dans l'estomac ou les intestins. Cancer de l'estomac, squirrhe du
cardia ou du pylore. Cancer des intestins. Il peut en venir jusqu'à présen-
ter tous les symptômes de l'iléus ou passion iliaque. Cancers du rectum.
Corps étrangers abdominaux. — i" Corps étrangers du rectum. Ils com-
prennent les concrétions stercorales et les corps introduits par la bouche ou
/ anus. — 2° Concrétions biliaires. Elles se rencontrent le plus souvent dans
la vésicule du fiel , quelquefois dans la substance du foie. Elles produisent
des coliques violentes, l'iclure, des mouvements convulsifs, etc. — 3° F'ers
intestinaux. Il y a trois espèces de vers intestinaux : les ascarides, au corps
grêle et cylindrique , de la longueur de huit à douze millimètres; les lom-
brics, au corps également rond, mais de la longueur de dix à quinze cen-
timètres , et le ténia ou ver plat, qui est aplati comme un ruban, fort long,
et annelé. On le nomme aussi ver solitaire.
Mon premier est cruel quand il est solitaire.
Mon second moins, honnête , est plus tendre que cous.
Mon tout à votre cœur, dès l'enfance, a su plaire,
Et, parmi vos attraits, c'est le plus beau de tous. ( VoLTAlRE.)
Obstructions de l'abdomen. — Les cancers abdominaux , les concrétions,
l'invagination, peuvent être rapportés à cet ordre. — Obstructions du rectum.
Obstruction par vice de conformation. Obstruction par un état pathologique ,
c est à dire , par excroissances siphiiUiques , etc. — Gonflement de la rate.
Il est en général l'effet des fièvres intermittentes.
Névroses abdomidales. — 1" Ictères, ou Jaunisse. Ictère des adultes.
Ictère des nouveau-nés. Le Tpremier est idiopatliique, ou critique, |ou symp-
iomatique. Il a lieu par inflammation du foie, par obstruction ou oblitération
du canal cholédoque, par affection nerveuse subite ou par affection nerveuse
lente. \j ictère des nouveau-nés diffère peu de celui des adultes. — 2° Iléus,
ou volvulus , on passion iliaque, vulgairement, miserere. Il est symptomati-
que ou nerveux. — 3° Coliques. Coliques non saturnines. TAies sont sympto-
matiques ou nerveuses. Colique de plomb, ou Maladie saturnine. On la
nomme aussi Colique des peintres , parce que les peintres y sont sujets. —
II" Vomissement, Vomissement symptomatique. Vomissement nerveux ou
SIGNES DIVERS. MEDECINE. 759
spasmodiqite. — 5" Cardialgie, Douleur à l'épigastre , accompagnée de dé-
faillances, de palpitations de cœur , de sueurs froides , et d'une anxiété si
grande qu'on veut à tout moment changer de place. — 6° Pyrosie, Sensa-
tion de chak'ur ardente dans l'estomac ( de pj-r, feu ). — 7° Dyspepsie, Di-
gestion lente, souvent pénible, et quelquefois même douloureuse ( du giec
f/î«, difficilement , et /jep/e, je cuis ). — 8° Boulimie OU faim canine , (du grec
bous, Lœuf, et liinos , faim :fiii/n de hœnf). — 9° Pica , appétit dépravé ( en grec
pissa. Quelques uns pre'tendent qu'on a donné à celle maladie le nom latin de pica,
pie , à cause des couleurs oppose'es , le Llauc el le noir, qui distinguent cet oiseau , et
qui expriment la difFe'rence des mets qu'on désire avec les mets ordinaires.)
V.
Maladies des organes de la clrciilafion.
Les organes de la circulation sont le cœur et ses dépendances, les
veines, et le système capillaire.
1° MALADIES DIT CŒUR ET DE SES DÉPENDANCES. — Iiésions physi-
ques du cœur. — Plaies du cœur. Plaies non pénétrantes. Plaies pénétrantes.
Iiésions organiques du cœur. — 1° Anévrysmes du cœur (du gi-ec ancu-
runô, je relâclie ) , Tumeurs contre nature , faites de sang , par la dilatation
ou l'ouverture d'une artère. Anévrysme actif. Anévrysmc passif. — 2° Trop
grande force du ventricule gauche du cœur. Cet excès de force est une dispo-
sition prochaine à l'apoplexie.
Xiésions vitales du cœur. — 1° Cardite, Inflammation du cœur. — 2° Pé-
ricardite. Inflammation du péricarde. — 3° Ilydropéricarde ou Ilydropisie
du péricarde. — 4° Palpitations. Elles sont presque toujours le symptôme de
quelque autre affection. Pa//jJ<a/(ons symptomatiques. Palpitations nerveuses.
— 5° Syncope ( du grec sunltôptô , je ruine , j'assomme) . Elle consiste dans la
diminution ou la suppression des mouvements du cœur et du pouls, puis
successivement de la respiration , de l'entendement , des sensations, de la
voix , de la locomotion , et de toutes les autres fonctions.
Une femme ,' voyant son mari sans parole et sans mouvement, courut
vite chercher un médecin , et lui dit : a Monsieur , mon mari est en sicope.
— Qu'appelez- vous en sicope? Dites donc en syncope. — En cinq copes , si
vous voulez. Dans l'état où il est , ce n'est pas une cope de plus ou de
moins. .. »
Dans le langage ordinaire , on dit défaillance ou pâmoison.
2° MALADIES DES ARTÈRES. Iiésions physiques. — 1° Plaies artérielles.
Lorsqu'une artère a été ouverte , le sang se répand en dehors , s'infiltre
dans le tissu voisin , s'épanche dans les cavités, ou passe dans ime veine
voisine dont les parois ont été intéressées ; de Ih quatre espèces d'hémor-
760 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES,
rhagics , savoir : lUmovrhagics avec effusion de sang en dehors , hémorrha-
gies infiltrées (anévrysmes faux, primitifs) , hémorrhagies épanchées {ané~
vrysmes faux, consécutifs), passage du sang artériel dans une veine conliguii
à l'artère blessée [anévrysmc variqueux). — 2" Compression des artères. liA
compression des artères empoche la circulation du sang , et peut causer
l'atrophie des membres, mourant faute de nourriture.
Iiésions organiques et vitales des artères. — 1° Fièvre Inflammatoire. —
2° Anévrysmes des artères. Ils sont externes ou internes. Anévrysmc de l'aorte.
Anévrysmc de la poplitée. — 3° Tumeurs sanguines artérielles.
B" MALADIES DES VEINES. Iiésions physiques. — Plaies des veines.
Xésions organiques et vitales. — 1" Varices, Dilatation des veines.—
2° Tumeurs variqueuses.
Ix" MALADIES DU SYSTÈME CAPILLAIRE.
Ces maladies sont les hémorrhagies spontanées, qu'on divise en deux ordres t
Hémorrhagies du système capillaire des membranes muqueuses; hémorrhagies
des systèmes cutané , cellulaire , séreux, et synovial.
Hémorrhagies du système muqueux. — 1° Hémorrhagies générales. Elles
sont actives ou passives. Variétés: L'cpistaxis, ou Hémorrhagie nasale;
l'hémoptysie, ou hémorrhagie des poumons; Vhématémése , ou melène , ou
hémorrhagie gastro-intestinale; le flux hémorrhoîdal ; l'hématurie, ou pisse-
ment de sang ; enfin, Vhémorrhagie utérine, qui comprend la menorr/ia^te
( écoulement exlraordinaiie du sang menstruel ) et les variétés de l'aménorrhéC
(privation ou suppression des menstrues). — 2° Hémorrhagies locales. Elles se
divisent comme les premières en actives et en passives, et portent les
mcmes noms. ( Les liémnnJiagies nctwes sont de'terminc'es par un accroissement de
forces vitales; c'est \e cowtviivc àdiaslcs hémorrJtnsics passives. Ijes hémorrhagies
locales diffërent des hémorrhagies générales en ce qu'elles ne dc'pendent que do
l'état particulier des capillaires delorganc quicn estle siège, tandis que ces dernières
dépendent encore de l'influence du cœur et de tout le système, soit artériel , soit ca-
pillaire , de l'économie. )
VI.
Ualadtes des organeis de la restpiration.
Maladies du larynx et de la trachée-artère. — 1° Plaies du cou, — >
2° Corps étrangers dans le conduit aérien, — 3" Goitre. — 4° Tumeurs carci-
nomateuses du cou. — 5° Abcès du cou. — 6" Phthisie laryngée. ( Comme les
autres espèces de phthisie , elle produit la fièvre lente ou heclisie, le maras-
me ou tabès, et la mort , par l'atrophie de la membrane interne du larynx.
Elle est presque généralement incurable.) — 1° Foix convulsive.^'8'' Apho-
nie nerveuse.
SIGNES DIVERS. MEDECINE. 701
Maladies des parois et des cavités thoraciques. — 1° Contusions ilu
thorax. — 2° Fractures des côtes. Fractures directes ou en dedans. Fractures
par contrecoup ou en dehors. — 3" Fractures du sternum. — li° Plaies thoraci-
ques.— 5" Épanchemcnts thoraciques. Epanchement sanguin. Epanchement
séreux, ov, Hydrolhorax. Epanchement purulent, ou Empyéme. — 6" Abcès du
niédiaslin.
Maladies du poumon. — 1° Plaies et hernies du poumon. Elles ne sont
dangereuses que par les épanchements sanguins , l'emphysème , ou la
péripneunionie, qui peuvent en être la suite. — 2" Péripncumonic , ou In-
flammation du poumon. Elle a beaucoup d'analogie avec la pleurésie, et se
nomme aussi fluxion de poitrine. Pcripneumonie bilieuse , compliquée avec
la fièvre gastrique. Péripneumonie nerveuse, compliquée avec la fièvre
adynamique. — 3" Abcès pulmonaire , ou Vomique, Amas de pus enveloppé
d'une membrane dans la substance du poumon. — A° Asthme. Trois degrés :
la dyspnée, difficulté de respirer ; Vasthtne proprement dit, grande diffi-
culté de respirer; l'orthopnéc , oppression si forte qu'on ne peut respirer
que sur son séant, comme le nom l'indique. Asthme humide. Asthme sec.
Asthme convulsif. — 5" Coqueluche , Toux fréquente et violente qui attaque
principalement les enfants. — 6° Asphyxie, Etat de mort apparente et im-
minente , causée par la suppression de la respiration , etc. ( Du grec a, i>arù-
culc privative, et .fp/iH.x-/;«, pouls ). Asphyxie par défaut d'air respirable, par
submersion. Asphyxie des nouveau-nés. Asphyxie par strangulation. Asphyxie
par la respiration d'un gaz délétère.
VII.
Malaclicis du «yslêmc lympltatîqne et «lu tissu
cellulaire.
î" Tubercules , Elevures, tumeurs plus considérables que la pusinle. —
2° Phthisies. Phlhisie pulmonaire, Désorganisation , atrophie progressive
du poumon. On la reconnaît aux caractères suivants : Toux, difficulté de
respirer, fièvre hectique ou hectisie, marasme ou consomption, etc. Phlhisie
occulte. Phthlsiecommençante. Phthisie confirmée. Phlhisieà sondernier degré.
Les symptômes de la phlhisie sont la fièvre, la toux, Vinsomnie, le crache-
ment de sang ou de pus, les douleurs thoraciques , les sueurs nocturnes , le
vomissement , \cs aphthes , le dévoiement , et l'œdème. Phlhisie tuberculeuse.
Elle comprend la phthisie originelle et la phthisie scrophuleuse. Phlhisie plé-
thorique. Phthisie métastatique. Phlhisie calculeuse. Phthisie vénérienne.
Phthisie catarrhale. Phthisie scorbulit/ue. Phthisie nerveuse. Etc., etc. (Du gr.
phihéisv , je ûéiTis.) — 3" Carreau, Maladie qui rend le ventre des enfants
dur et tendu. {Tubercules du mcsent'cre.) — k" Engorgement du tissu cellu-
/■airc—b' Emphysème, Tuméfaction causée par l'introduction de l'nir ou
r. 11. yu
702 CLEF DE I.V LANGUE ET DES SCIENCES.
par le développement d'un gaz quelconque dans le tissu cellulaire. (Du gicr
emp/iitsnô , je soiMc dedans.) Empliyscme spontané. Emphysème traumaliqiic.
Ce dernier comprend Vcmpliyscme artificiel, celui qui vicnlà la suitcdcs plaies
faites par desanimaux venimeux, et celui quiest occasionné par les plaies des or-
ganes de la respiration. "L'emphysème diffère de Vœdèmecn ce qu'il ne retient
point l'impression du doigt. -6° Hydropisies (dugr./"«ior,eau,et ops, face, aspect),
Accumulation de sérosité dans quelque partie du corps. On les divise en
hydropisies par infiltration , et hydropisies par épanchement. Les hydropisies
infiltrées sont locales ou générales, essentielles ou symptomaliques, actives ou
passives. Lorsque l'hydropisie est locale, on lui donne le nom d'œdème;
ou lorsqu'elle s'étend à la plus grande partie du système, on l'appelé ana.'îar^ue
tcucophlegmatie. Hydropisies par épanchement. Espèces : Aseilc ou Hydropisie
de l'abdomen (épanchement de sérosité dans la cavité du bas-ventre),
tympanitc (accumulation de gaz dans l'abdomen, symptôme concomitant
de l'ascite), hydrothorax ou hydropisie de poitrine, hydro péricarde ou hydro-
pisie du péricarde, hydrocéphale ou hydropisie crânienne, hydrorachis ou
hydropisie du canal vertébral , hydrophthalmic ou hydropisie de l'œil , hydro-
cèle ou hydropisie de la tunique vaginale, hydrarthrose ou hydropisie du genou.
— 7° Loupes. Loupes enkystées, ouHystes. Loupes tion enkystées. Espèces :
Bronchocéle ou loupe de la gorge, lipome ou loupe graisseuse , stéatôme ,
athérome, mélicéris. — 8° Bubons, Tumeurs intlammatoires qui ont
leur siège principal dans les glandes sous-cutanées des aines. ( Du grec
houbvn , aine. ) Bubon simple. Bubon scrophulcux. Bubon vénérien ou siphili-
iique. Bubon inflammatoire uu ionique. Bubon indolent on atonique. — 9° Ab-
cès, on apostcmes. Amas de pus dans le tissu cellulaire. Abcès de l'œil , du
sinus maxillaire, de la parotide, dits amygdales , de l'abdomen, du rectum,
du cou , du médiastin , du poumon, etc. Abcès chauds. Abcès froids.
VIII.
maladies des organes urinaircs.
On les divise en maladies des reins et des uretères, et maladies de la
vessie et de l'urèthre.
1" MALADIES DES &EIKS. Iiésions physiques. — Plaies des reins.
lésions vitales des reins. —1» Gravelle, ou Calculs rénaux.— 2" Néphrite,
ou Inflammation des reins. Néphrite simple. Néphrite légère. Néphrite intense.
Néphrite calculeuse. —3» Abcès rénaux.— Il" Suppression d'urine.— b° Dia-
bètes sucré.
2" MALADIES DES UHETÈHES. — Calculs uréthraux.
2>" MALADIES DELA VESSIE ET DE L'URÈTHRE. Iiésions physiques.—
l" Plaies de la icssie.—2" Plaies de l'urèthre. —Si" Hernies de la vessie.
SIGNES DIVERS. MÉDECliNE. 765
Iiésions organiques et vitales de la vessie et de l'urèthre. — 1" Catar-
rhes.— 2" Rétention d'urine. — 3° Paralysie de la vessie. — li" Spasme delà
vessie et de l'urctlire. — 5° Calculs de l'urèthre. — 6" Hélrécissenient de l'urè-
thre. Dans le premier degré , cette maladie se nomme dysurie ; dans le se-
cond, slrangurie ; dans le troisième, ischuric.~~ 1° Abcès urineux. On les
distingue en tuberculeux , phlegmoneux , et gangreneux. — 8° Fistules uri-
naires. On les di\ise en vésicales et uréthralcs. — ^° Incontinence d' urine. —
10" Calculs vésicaux, vulgairement Pierre.
L'archevêque de Paris, Christophe de Beaumont fut taillé de la pierre
sur la fin de sa vie. Le fameux frère Cosme, chargé de cette opération, eut
un plein succès. Les Parisiens qui n'ont jamais pu résister au plaisir d'un
bon mot , firent courir le bruit que le prélat refusait de payer son chirur-
gien , sous le prétexte que le clergé était exempt de payer la taille.
IX.
Maladies des orgaaes de la g^cnêration.
Maladies communes à l'homme et à la femme. — Stérilité. — Herma-
phrodisme.
Maladies de l'homme. — Plaies. — Itiflatnmations. — Abcès. — Atrophie.
— Sarcocèle. — Congestions lymphatiques. — Hèmatocéle. — Hydrocèle. — Dys-
permasie. — Phimosis. ■ — Paraphimosis. — Hypospadias. — Priapisme. — Sa-
tyriase. — Anaphrodisie.
Maladies de la femme. — Descente de la matrice. — Renversement du
vagin et de la matrice. — Antêvcrsion et rétroversion de ta matrice. — Hernie
de la matrice. — Métrite, ou Inflammation de la matrice. — Polypes génitaux.
— Cancer utérin. — Congestions utérines. Hydropisie de l'utérus. Hydatides
utérines. Hématopisie utérine. — Calculs utérins. — S quirrhe des ovaires. —
Hydropisie enkystée des ovaires. — Nymphomanie, on Fureur «/en'nc. La nym-
phomanie est aux femmes ce que la satyriase est aux hommes. — Hystérie
(vapeurs). — Chlorose, ou Pâles couleurs. — Fractures des os du bassin. — Luxa-
tions des os du bassin. — Etroitesse du bassin. — Mauvaise conformation des
mamelles. — Inflammations, gerçures, ulcères du mamelon. — Engorgement de
l'organe mammaire. — Agalaxie, ou Défaut de lait. — Exubérance o\\ excès
de lait. — Cancer des mamelles. Cancer à l'étal de squirrhc. Cancer occulte
ou non ulcéré. Cancer ouvert , ulcéré ou ulcéreux.
APPENDICE.
Excroissance est le terme générique par le quel on désigne tout ce qui
croît contre nature sur quelque partie du corps que ce soit , tel que :
loupes, polypes , verrues , sarcome, condylômes, fies, thymus, carnosités, etc.
On dit aussi hyppersarcose (du grec huper , sur , et sarx, sarhos, chair). On
appelé envies certaines marques ou taches que les enfants apportent en
'0-i CLEF DE LA LA.XGIIE ET DES SCIENCES.
naissant , et qu'on suppose être une suite des iiupresslons reçues par leuis
mères pendant qu'elles étaient grosses.
Envie, se dit aussi de certains petits filets qui se dtitachent de la peau au-
tour des ongles , et qui, lorsqu'on les rebrousse, occasionnent souvent une
douleur assez vive. On a donné le nom d'cpliélicles aux taches de rousseur,
ou lentilles, qui viennent au visage des personnes blondes.
Maux de tcle. Le mal de tête ou céphalalgie accompagne la plupart des
maladies aiguës, dont il est un des principaux symptômes. Mais c'est sou-
vent un mal particulier qui vient et se dissipe en peu de temps , sans phé-
nomènes bien remarquables. On nomme migraine ou Itémicranie , celui qui
n'occupe qu'un des côtés de la tête ; clou (c/ai'H.s), celui qui est borné à un es-
pace qu'on peut couvrir ordinairement tout entière avec le doigt; et nwi/
frontal, douleur frontale, celui qui embrasse tout le front. Celui-ci est le
plus fréquent. Les mêmes causes qui produisent les maux de tète peu-
vent occasionner les étourdissements.
Cette classification est celle du célèbre Pinel , que j'ai étudiée dans le
temps, pour mon granddictionnaire, dans un ouvrage en deux volumes dn
docteur Authenac. Sinon pour les médecins, dont j'ignore les opinions
nouvelles , — au moins pour tout homme du monde , intéressé à connaître
les divers dérangements de ses fonctions vitales, pour l'écrivain, pour le poète,
obligé par état de tout savoir , de tout connaître , pour les maîtres de lan-
gue surtout , incapables jusqu'à présent d'expliquer à leurs élèves ce qu'ils
entendent seulement par rhume de cerveau, etc. , cette division est certai-
nement tout ce qu'on peut désirer de mieux.
BIENFAITS DE LA CIVILISATION.
Eh bien, mon cher lecteur, trouves-tu que l'inventaire de tes in-
firmités soit assez complet ? S'il ne l'est pas encore tout à fait , il le
deviendra, grâce aux progrès de la civilisation.
Déjà tu lui es redevable d'une foule de maladies, d'une multi-
tude de fléaux que tu ignorais, et dont les animaux des forêts, les oi-
seaux de l'air, les poissons, les insectes , plus heureux que toi, sont
tout à fait exempts. Déjà la peste, qui n'était que simple, est devenue
quadruple. Déjà le typhus des nègres et celui des blancs redoublent,
dit-on, par leurs croisements la malignité de la fièvre jaune d'Amé-
rique. Tous les maux , toutes les maladies se compliquent de plus
en plus. L'art médical a beau s'étendre et se multiplier, il ne peut
tenir pied au mal. Déjà la durée moyenne de ta vie , lecteur , —
grâce à l'état d'étiolement où te réduisent les limbes sociaux dans
les quels tu manques de lumière et d'air, est diminuée de près de
la moitié ; et voilà qu', au lieu de l'éteindre paisiblement, sans dou-
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 765
leur, à cenl viugt ou cent quarante ans, comme tes premiers pères,
tu te traînes à peine jusqu'à soixante-dix, déjà décrépit à soixante
et même à cinquante. 0 bienfaits de la civilisation!
Grâce à la manière dont la civilisation, entend la distribution des
forêts, des cultures, et des bassins d'irrigation, le désordre atmos-
phérique augmente de jour en jour ; les saisons n'ont plus de cours
régulier; des froids subits et meurtriers succèdent aux plus intolé-
rables chaleurs ; l'été se transporte eu hiver, l'hiver en été ; ce ne
sont que transitions brusques du froid au chaud, du sec à l'humide,
des déplacements monstrueux de l'air, non moins funestes aux
hommes qu'aux végétaux, les quels menacent l'agriculture et l'hu-
manité du plus sinistre avenir.
Vois le nouveau fléau qui vient de foudre sur les pommes de
terre, cette unique ressources de plusieurs nations.
El je ne le parle pas, lecteur, de la dépravation morale où tu t'en-
fonces de plus en plus. Dieu , par exemple, t'avait donné un cœur
et une âme pour l'aimer et l'élever jusqu'à lui; il t'avait créé bon,
sensible, généreux, capable d'enthousiasme et de dévouement. Et
déjà ton âme est flétrie , ton cœur est de pierre ; lu n'as plus ni
amour, ni foi, ni espérance; lu n'es plus qu'un tissu d'hypocrisie,
de mensonge , d'ingratitude, de noirs desseins ; lu n'es plus qu'un
morceau de boue el de pourriture, où pullulent tous les versdu vice.
Ose me parler de ta vertu , de ta franchise, de ton équité. Allons !
je vois que lu t'exécutes de bonne grâce , el que lu reconnais sur
toi le ravage de la civilisation.
Je ne le parle pas de tant d'autres pestes , plus terribles encore
que le Ihyphus d'Orient, telles que ï accroissement des dettes publi-
ques el de l'agiotage, ces deux gouffres de l'avenir; les révolutions
cruelles qu'un système répressif fait sans cesse renaître de leurs
cendres comme le phénix; la char lalanerie sophistique du Jour-
nal des Débats et de tant d'autres, qui le chantent sur tous les tons
la perfectibilité perfectible, qui , après l'avoir précipité dans l'a-
bîme, s'efforcent par tous les moyens de t'y retenir, el, vils geô-
liers gagés par ceux qui occupent triomphalement les cimes envi-
ronnantes , te frappent à coups redoublés au moindre effort que lu
fais pour remonter à la vie et à la lumière.
Mon cher lecteur, je te souhaite beaucoup de plaisir dans celte
vaste mare, peuplée de reptiles , où pour ta part lu le plais peut-
Olrc à patauger dans quelque coin un peu moins profond et moins
766 CLEF DE LA LA>GLE ET DES SCIENCES.
dangereux , sans pilié pour ceux qui , placés au milieu du gouffre,
s'efforcent en vain de gagner le bord , el périssent, hélas ! par mil-
liers, sans avoir un instant respiré l'air du ciel.
Misérable égoïste, parce que tu es un peu moins exposé que tes
frères ; parce que tu as pu , sans de grands efforts, favorisé par un
sort aveugle, qui certes n'est pas la Providence ; parce que tu as pu,
sur le bord du gouffre , atteindre un brin de gazon, — content de
ta part, âme basse et vile, loin de tendre la main à les frères, pour
les aider à remonter avec toi de l'abîme et à se répandre joyeuse-
ment dans les vastes plaines, inondées de lumière et d'air, émail-
lées de fleurs, sillonnées de sources pures, imprégnées des plus
doux parfums, que Dieu n'a faites si vastes et si fécondes qu'afin
qu'il y eût place pour tous, — loin de tendre courageusementla main
à tes frères désespérés, qui maudissent Dieu, qui accusent aveu-
glément leur père du ciel , — loin de leur tendre la main , égoïste
infâme, jaloux de ton bien-être, tu les repousses toi-même du pied,
— lâchement, abominablement.
O la civilisation ! les philosophes!
Elle n'opère pas mal , la civilisation. L'humanité lui doit déjà
beaucoup, comme on le voit. Mais la civilisation ne bornera pas là
ses gracieusetés. L'égoïsme général, la fourberie sous toutes les for-
mes, enfantant l'adultère, la spoliation, le carnage, des milliers de
vices et de crimes , — la dette publique , la détérioration de l'at-
mosphère , la lutte des passions et des intérêts , ne sont encore que
des fléaux en germe. Laissez-les faire. Ils grandiront, croîtront,
s'étendront, se développeront; el de toutes ces semences civilisa-
trices que prône le Journal des Débats , on verra bientôt sortir la
misère générale, la guerre, la famine, les épidémies, le désordre le
plus parfait. Voyez l'Angleterre. Des milliers d'ouvriers meurent
de faim dans ce pays si opulent. Gonflé outre mesure, écumeux et
grondant, le torrent de la misère y atteint déjà les dernières limites
et menace de porter le ravage et la mort dans les beaux domaines
de l'opulence. Comment, pressée de tous côtés par une population
affamée et furieuse, et succombant en outre sous le poids de sa dette
énorme, comment l'Angleterre conjurera-t-elle toujours le danger?
Voyez la Bohème, réduite à ne manger que des pommes de terre,
qui vont lui manquer. Voyez les montagnards hongrois forcés de
vendre leurs fds et leurs fdles pour une miette de pain , oui , leurs
propres fils et leurs propres filles.
SIGNES DIVERS. MÉDECI.NE. 767
Oui , le sang de leur sang et l'ànie de leur âme (1).
Impossible ! dis-tu, lecteur. Quoi ! lecteur sensible elconipalissant,
lectrice tendre et délicate, quoi ! vous lisez tous les jours le Journal
des Débals, et vousn'ètes pas mieux informés des belles choses qu'en-
gendre l'ordre social que vous admirez ! Lecteur, tu refuses de croire
à tant de misère. Lecteur sensible, (a délicatesse se révolte à la seule
idée d'un tel phénomène. 0 noble nature ! Tu refuses de croire au
mal; lu refuses de croire au tableau qu'on te fait des misères hu-
maines; tu ne vois qu'imagination et fantaisie dans les Mystères
de Paris, le Juif errant, les Drames inconnus, le Comte de Monte-
Christo. Roman que tout cela! t'écries-tu, lecteur si bon, si pieux,
si charitable, qui manges, bois, et dors à merveille, et le fais traî-
ner, lourde masse de chair, à quatre chevaux. Roman que tout cela !
t'écries-tu furieux ; de telles monstruosités n'existent que dans le
cerveau fêlé des poètes et des romanciers. Oui, roman que tout
cela ! L'homme n'est pas si méchant. — (Et tu lis pourtant la Ga-
zette des Tribunaux.) — Roman, roman , roman que tout cela !
Je ne vois rien de semblable dans le monde. — Il est vrai que tu
ne vois dans le monde que des regards sereins et caressants. Le
monde est si habile! C'est comme la femme, douce sirène, qui te
caressse et qui te trompe ; ou qui, se penchant sur ton lit de dou-
leur, te dit de son air le plus câlin, eu te présentant un affreux poi-
son : « Prends cela, mon petit chéri, ça te fera du bien ; c'est la pe-
tite femme elle-même qui l'a préparé.» Et toi-même, lecteur bien
aimé, toi-même lu sais bien ton monde ; car te voilà jouant à mer-
veille le simple et le candide. Mais je te connais, beau masque. Inutile
de te déguiser avec moi. Je pourrais te dire le fond de ta pensée.
— Monsieur le marquis, si noble et si riche, il y a des millions de
vos frères qui meurent de faim, qui endurent toutes les fatigues,
toutes les privations, toutes les tortures imaginables. — Ah! ne me
parlez pas de cela. Ça fait trop de mal au cœur.
— O nature sensible et délicate , charmant dandy , peu fait aux
haillons de la misère, accoutumé à ne voir autour de toi que ri-
ches étoffes de soie , brillants colliers de perles et de pierreries ,
meubles de marbre et d'acajou, vases de tleurs et de parfums, ten-
tures éblouissantes, visages fardés et enluminés , — dans ta petite
sphère, tout est pour le mieux, je veux bien le croire. Mais lu ou-
(1) Voir les journaux de juillel iSlib, les Dibuis comme les autre?.
768 CLEF nE LA LANGLE ET DES SCIENCES.
blics que tu n'es pas seul de la famille; tu oublies que tes frères
sont eu bas, grelottant de froid dans la rue, pendant que tu l'épanouis
dans une douce chaleur ; mouraut de faim, pendant que tu te gorges
démets délicieux et de vins exquis ; battant la semelle, pendant que
tu danses; tu oublies que, frustrés long-temps de leurs droits, ils les
réclament à la fin, et veulent leur part dans l'héritage de Dieu, notre
père commun, qui nous aime tous d'un égal amour et n'a point d'in-
justes préférences. Il faut dire , à la louange de la civilisation, que
c'est elle qui éclaire tes frères , et leur fait comprendre qu'ils sont
comme toi des créatures de Dieu. Si la civilisation se bornait à cela,
ce serait bien beau de sa part. Mais laisse-la faire. Encore quel-
ques siècles, et tu verras, lecteur, où t'auront mené les magnifiques
théories de tes économistes et autres jongleurs ; tu verras où aboutit
leur orgueilleuse sagesse; tu verras ce qu'il faut penser de ce dédain
superbe qu'ils ont témoigné à celui qui venait l'arracher, lecteur inté-
ressant, de leurs mains meurtrières, que pousse une aveugle fatalité.
Oui, lecteur, un homme est venu ; unhomme marqué au front d'un
sceau divinestdescendudansles limbes sociauxoùloi-mèrae, lecteur
voluptueux, tu ne te sens pas tout à fait à l'aise; cet homme t'a dit,
à toi ; il a dit à tes frères : « Suivez-moi , je vous conduirai tous au
bonheur. » El loi tout le premier, lecteur plein d'esprit, lu l'as mé-
connu. Oui, lorsqu'on le ralliant à l'unilé universelle, en le rame-
nant dans la voie du Christ, eu le déchiffrant le code de Dieu, au quel
tes philosophes n'ont jamais rien compris, il l'a, pour ainsi dire,
mis ton salul dans les mains , tu as laissé tomber le trésor , et ne
l'es pas même dérangé pour le ramasser ; ne répondant à cette offre
généreuse que par des airs d'arrogante supériorité.
Puis, lorsqu'il t'a parlé d'unité interne et externe de l'homme
avec lui-même, de l'homme avec Dieu, de l'homme avec l'univers,
tu as ouvert de grands yeux , et tu n'as pas compris , lecteur plein
d'intelligence.
Puis, lorsque, se faisant petit avec les petits, il s'est exprimé en
termes plus clairs et t'a annoncé l'art de rendre pour tous le tra-
vail attrayant, même pour les sauvages, même pour loi, sybarite;
l'art suprême de décupler subitement ton revenu annuel ; — lorsqu'il
a ajouté qu'il ne dépendrait que de loi d'atteindre aux plus grandes
richesses et de doubler la vie avec tes jouissances , — alors, conti-
nuant à ouvrir de grands yeux, lecteur peu intéressé, lu l'es écrié :
Serait-il -possiàtc?
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 76i>
Lorsqu'on te parle de richesses el de jouissances, ô lecteur nourri
de morale religieuse el philosophique, élevé [dans Taraour de la
pauvreté, de la frugalité, de la chasteté , tes oreilles se dressent
longues comme celles d'un àne, tes yeux restent fixes, ta respiration
s'arrête tout court, et tu écoutes. 0 amour de la pauvreté , de la
frugalité , de la chasteté I
Des richesses ! des jouissances ! Ou sont-elles , ces richesses , ces
jouissances? Pour les obtenir, faut-il brûler, saccager, assassiner?
Faut-il égorger des nations entières ? dévaster une nouvelle Amé-
rique? Faut-il trahir son ami, sa patrie? Faut-il livrer sa fille,
sa sœur, sa femme?...
— O salutaires effets de la morale I
O délicieux nourrisson
De Sénèque et de Cicéron !
— Parlez , parles , dites , que faut-il faire?
— Puisque te voilà si bien disposé , lecteur honnête et frugal, je
vais te répéter ce que Ihomme de Dieu t'a dit :
« Je t'apporte la faculté d'atteindre aux plus grandes riches-
ses, AUX jouissances les plus raffinées par la pratique de la
vertu et »E la vérité , PAR TON DÉVOUEMENT AUX INTÉRÊTS DAU-
TRUI.
— Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !. . . Vous êtes fou , mon cher mon-
sieur . . . Oh ! oh ! oh ! oh ! oh ! oh ! . . . C'est quelque échappé de Cha-
renton. . . Riche. . . riche en pratiqtiant la vertu! hi! hil hil ah!
ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah! . . .
— Écoute-moi , lecteur hilarieux , comme dit ton grand lyrique
Rousseau. Si pourtant je te mets dans une situation telle que tu ne
puisses servir tes intérêts sans servir également ceux des autres...
— Riche, en pratiquant la vertu!...
— Si je combine tes passions et les passions de chacun de telle
sorte qu'elles forment une harmonie parfaite , où ta raison , dépo-
sant son rôle d'agent aveugle, n'ait plus qu'à remjjlir celui déjuge
impartial, conformément à la volonté de Dieu !. . .
— Riche, en pratiquant la vertu!...
— Si par une justice distributive mieux entendue , par une répar-
tition des bénéfices sociaux proportionnée aux trois facultés indus-
trielles: CAPITAL, TRAVAIL, TALENT, je concilic tes prétentions les
plus exorbitantes avec celles de tous les frères , en sorte que je
T. II. y"
770 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
parvienne à enrichir la masse, sans froisser (on individu délicat. . ,
— Riche , en 'pratiquant la vertu !
— Si par une disiribution plus intelligente des cultures, des fo-
rêts, et des bassins d'irrigation , je t'enseigne à corriger les intem-
péries de l'air, cause de tant de maladies pour loi-même aussi bien
que pour les plantes. . .
— Riche, en pratiquant la vertu !. . .
— Si , par suite du raffinement climalérique. . . Mais , lecteur ,
tu ne m'écoules pas.
— Vous êtes fou , Monsieur '... . Ah! ah ! ah !
(Un civilisé ajoute à ses injures le mot, Monsieur.)
— Hélas ! Christophe Colomb aussi était fou j Galilée aussi était
fou. Tu leur disais que la terre, soutenue par quatre éléphants gi-
gantesques, n'était pas ronde et ne pouvait tourner (1). Dieu sait le
sort que tu as fait aux auteurs des plus utiles découvertes. Ils sont
tous morts ignorés de leurs contemporains ; et, quand la postérité,
éclairée et reconnaissante, a voulu, par un hommage solennel, ho-
norer la mémoire de ces grands hommes , elle n'a pu découvrir ni
leur tombe ni leur berceau. Qui sait si l'inventeur de la poudre à
canon ou de la boussole n'a pas vécu au siècle d'Auguste ?
Qu'un jour, comme le dit lui-même l'auteur de V Association do-
mestique agricole, qu'un jour cet liomme, tenant d'une main une
cartouche et de l'autre la petite boîte appelée boussole, se soit pré-
senté aux ministres d'Auguste, et qu'il leur ait dit :
« Je vais avec la matière contenue dans ce brimborion (lapoudre),
«changer la tactique des Alexandre et des César; je peux avec
» cette matière faire sauter en l'air le Capitole , foudroyer les villes
» à une distance de plusieurs milles , faire de Rome à minute fixe
» un monceau de cendres , détruire à une distance de plusieurs sta-
» des toutes vos légions , égaler le plus faible soldat au plus fort ; —
» enfin, je peux, avec celte autre gimbelette (la boussole), braver
» dans l'obscurité les orages et les écueils , diriger le vaisseau aussi
» sûreraerit qu'en plein jour , et l'orienter là même où on ne verra
(i) On m'a dit, citoyen , que la terre tournait ;
Mais je n'ai pas cru cette fable.
Pour un vrai sot on me prenait ;
Quand on m'a fait ce conte invraisemblable.
-Si la terre tournait, cli quoi! j'aurais le don
De tourner avec elle! Un tel système cloclie.
— Un tel système est bon. Voyez tourner la brocbc ,
Vou:j \errcz lourntr le dindon. {Aiitinyiiic.)
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 771
^) ni ciel ni terre » ; — à ce discours , les graves personnages de
Rome , les Mécène et les Agrippa , auront pris l'inventeur pour un
visionnaire j et l'auront chassé comme l'ambassadeur d'Espagne
chassait de chez lui les fous qui voulaient peser l'air ; en sorte que
la poudre à canon et la boussole n'auront été connues que quatorze
siècles plus tard.
Quelle chose admirable et divine que le génie ! puisque des mil-
lions d'hommes réunis, non seulement ne peuvent concevoir par
eux-mêmes, mais ne savent pas même comprendre, malgré les ex-
plications les plus claires et les plus précises, ce qu'un homme seul
a pu concevoir et comprendre. De combien de degrés l'homme de
génie est donc supérieur au reste des hommes !
L'auteur de la nouvelle Théorie sociale est dans le même cas que
l'homme dont je viens de parler. Il le promet , lecteur, des résul-
tats qui au premier abord te semblent impossibles , bien qu'ils ne
présentent rien de plus merveilleux que ceux que t'annonce l'in-
venteur de la poudre et de la boussole, et tu le traites de fou et de
visionnaire.
Et, après tout, se trompât-il dans ses prévisions sublimes, dans
ses calculs transcendants ,
Quand tu te sens , lecteur , marcher sur des abîmes ,
Lorsque , dans ce milieu de vices et de crimes ,
Tu demandes en vain nn peu d'air frais et pnr ,
Ne sachant pas toi-même où poser un pied sur.
Te défiant de tons , de ton fils , de ta femme ;
Quand tout souffre et gémit dans ce repaire infâme ,
Où te tient enchaîné ton aveugle raison ;
Quand tu ne vois partout qu'horreur et trahison.
Que poison ou poignard aux mains d'hommes féroces .
Que misère effroyable et supplices atroces ;
Quand tu ne vois au bout de ton triste chemin
Qu'un gouffre sans issue , — ô noble paladin ,
Quoi i tu n'as pas saisi, par manque décourage,
La chance de salut que t'offrait un vrai sage !
Quoi ! tu ne t'es pas dit , dans un sublime élan :
a L'épreuve est à tenter , car le mal est trop grand ;
o Dans cet autre chemin hâtons-nous de le suivre ;
« Et mourons, s'il le faut , pour essayer de vivre. »
Tu dors , lecteur?... Quoi ! tu n'a plus dans le cœur un noble sen-
timent! plus dans l'esprit une seule idée! Quoi! ton Ame est gan-
grenée à ce point! Autrefois, pour arracher quelques chrétiens à
l'aveugle oppression des Turcs , pour conquérir un sépulcre vide ,
ïïionument cher à ton âme, je le conçois, lu n'aurais craint ni la l'a-
772 CLEF DE LV LANGUE ET DES SCIENCES.
ligue, ni les privations, ni la peste, ni l'esclavage ; aujourd'hui lu
ne t'émeus pas même au nom de l'humanité tout entière, que Jé-
sus-Christ le commande pourtant d'aimer, comme lui-mômc l'a ai-
mée, jusqu'à sacrifier ta fortune et ta vie pour elle. O digne chré-
tien!
— Riche , en pratiquant la vertu!...
— Ah ! c'est là la première idée en te réveillant, lecteur.
— Riche, en pratiquant la vertu!
— Mais, lecteur abreuvé de morale, tu es donc complètement
ivre, que, dominé toujours par ton idée fixe, quelque chose qu'on
te dise, tu ne veux pas entendre raison. 0 salutaire effet de la mo-
rale! Voilà donc ce beau fils de lacivilisation, corrompu jusqu'à la
moelle des os , et ne croyant plus la vertu possible. Aucun senti-
ment ne peut plus naîlre dans sou cœur; aucune idée ne peut plus
s'introduire dans son cerveau. Iln'estplussensiblequ'à la musique.
Eh bien ! lecteur chéri , je te donnerai prochainement un peu de
musique.
Mais d'ici là permets que je respire un moment. Je suis harassé,
brisé de fatigue. Je n'en puis plus , lecteur. Voilà deux mois au
moins que je n'ai pas fait une promenade. Que dis-je? j'ai négligé
tous mes amis, toutes mes connaissances; je n'ai écrit à personne,
je n'ai vu personne; j'ai vécu comme un ours, enfermé dans sa
cage.
Que pensez-vous de moi ? mon cher Joseph, d'Amsterdam, noble
ami , qui avez toujours pris une si vive part à mes peines , à mes
chagrins , qui avez trouvé pour moi dans votre cœur des paroles si
tendres , si éloquentes , si puissantes sur ma douleur. Que pensez-
vous de moi ? mon brave poète, de moi qui n'ai pas encore répondu
à votre affectueuse lettre d octobre dernier, ce rayon nouveau de
la douce lumière que voire belle âme envoie à mon âme ?
Que pensez-vous de moi? vous aussi, ma chère Mary , de Lon-
dres, qui m'avez rendu un si grand service , il y a bientôt quatre
ans ; dont l'aimable société m'a fait trouver si court le chemin de
Dresde à Vienne ; douce et belle créature , que le ciel m'envoyait
comme un ange gardien , pour me servir de guide et d'interprèle
à travers ces pays barbares, où sans vous, sans voire obligeance
infinie, je ne sais ce que je serais devenu , dans l'impossibilité où
j'étais de me faire comprendre. Que pensez-vous de mon long si-
lence? Ah ! ne croyez pas du moins que je vous oublie. Combien
SIGNES DIVERS. MEDECmE. léù
je VOUS regrette, au contraire, ma noble amie! Combien je
regrette votre société si douce et si bien faite pour charmer la vie
la plus triste et dorer les jours les plus sombres ! Combien je serais
heureux encore , dans mon malheur même , sil m'était permis
comme autrefois d'aller m'asseoir une heure à côté de vous , pour
vous entendre lire de votre belle voix d'ange quelque touchante
histoire d'amour, et respirer le même air que vous!
Que pensez-vous de moi ? vous aussi , mon cher Monsieur Gras-
set (1), mon noble et généreux bienfaiteur, à qui j'écris si rarement,
quand je devrais ne pas laisser passer un seul jour de ma vie sans
vous remercier, sans vous répéter :
« Soyez béni, vous qui vous entendez si bien à consoler, vous, âme
bienfaisante, qui vous répandez en rayons de joie sur toute infor-
tune, et qui portez si dignement le titre de j)ère des jjauvres, dont
vous a décoré la reconnaissance du pays que vous administrez avec
tant d'intelligence et de dévouement; titre qui en appelait d'au-
tres, que la haute sagesse du roi, toujours attentif au belles ac-
tions, juste appréciateur du mérite, ne pouvait manquer de vous
octroyer ; ce dont je lui sais un gré infini , car il n'appartient qu'à
lui ou à Dieu de m'acquitter envers vous. Ah ! je voudrais que mon
cœur fût un livre ouvert où le monde entier put lire tout ce que
vous y avez écrit de bienfaits en caractères ineffaçables. Aussi,
croyez-le bien.
Dans mon âme pour vous la fleur du souvenir
Brillera sans que rien parvienne à la ternir.
Que pensez-vous de moi? vous toutes, nobles et hospitalières
familles de Vienne , qui m'invitez avec tant de grâce à vos soirées,
à vos bals, à vos fêtes; jeunes femmes si belles , qui me dites de
votre voix douce : Venez donc nous voir souvent, bien souvent.
A Mademoiselle B*"*.
Quand vous me souriez de voire doux sourire ,
' Lorsque vous me parlez de voire voix de miel ,
Votre voix dans mon cœur chante comme une lyre.
Votre sourire y luit comme un reflet du ciel.
Lorsqu'un de ces regards qui révèlent votre âme
Epanche sur mon Iront sa céleste splendeur,
Je sens mon cœur se fondre , à celle douce flamme,
En un ravissement de joie et de bonheur.
(l) M. Josepli Grasset, maire de Mnuiiac , clic;\alici- des onhes du Saiiil-\N l.iilimir
cl delà Légion d'Iioimcur.
774 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Et quand vous qui , si belle et si pleine de grâces ,
Semez coixinie un parfum le bonheur sur vos traces ,
Vous daignez m'inviter à revenir vous voir ,
Vous me scmblez un ange éclatant de lumière.
Qui , d'un jour ineffable inondant ma paupière ,
Près de lui dans le ciel me prîrait de m'asseoir.
( L. N. Fleurs du Danube. )
Et celle place dans votre ciel, je la laisse vide. Je reste enfermé
dans ma solitude, loin de votre lumière et de vos parfums, douces
ileurs vivantes ; cela par amour pour un public qui lit le Journal
des Débats (quant à cela, c'est sûr) el s'abonne peut-être au Dic-
tionnaire National , ce qui vous donne la juste mesure de sa valeur.
— a Mais vous allez vous faire un ennemi mortel du Journal
des Débats, n
— Qui a dît cela? Si c'est quelque nouvel ami que je ne connais
pas, qu'il se montre . . . pour que je l'embrasse?. . . non, mais pour
que je le fuie , comme j'ai fui la plupart de mes autres amis, jus-
qu'au bout du monde. Ceux que je crains le plus ne sont pas mes
ennemis. Je les défie de me faire autant de mal que m'en ont fait
quelques uns de mes amis les plus aimés. Aussi n'est-ce pas ceux-
là que je crains; et j'aprouve fort ce mot de Voltaire : « Mon Dieu,
délivrez-moi de mes amis, je me charge de mes ennemis.»
D'ailleurs ne suis-jepas dans le cas de la plus légitime défense ? La ma-
nière folle et odieuse dont le Journal des Débats parle quelquefois des
poètes , par l'organe de M. Fleury, et de quelques autres , ne saurait m'être
indifférente. Dans un petit écrit signé par un Savoyard, il a trouvé l'autre
jour une grosse injure (injure si grosse que j'aurais honte de la reproduire )
contre ces déplorables victimes d'un monde stupide : « Vite, transcrivez
cela , s'est-il écrié, plein de joie, et l'envoyez à l'imprimerie ; cela fera une
superbe queue au prochain feuilleton de J. J. » Le Journal des Débats n'a
pas assez de sa propre boue pour salir ce qu'il y a de plus noble et de plus
pur sous le ciel; il emprunte aux ramoneurs leur suie la plus noire et la plus
épaisse. A cette occasion, il exalte outre mesure, aux dépens des poètes, le
bon sens éclatant du Savoyard. Entre ramoneurs on n'y regarde pas de si
près. Le Journal n'est-il pas chargé de ramoner la cheminée du gouverne-
ment , pour que le feu n'y prenne pas ?
Hier encore, à propos des circonstances atténuantes admises en faveur
de deux exécrables parricides, n'a-t-il pas commencé à déblatérer contre
une de nos plus saintes institutions , le jury ? L'insensé ! il ne voit qu'un
SIGNES DIVEUS. MÉDECINE. 775
défaut de lumières là où il faut voir nécessairement une protestation de
plus en plus éclatante du pays contre la peine de mort , cet abominable as-
sassinat juridique , déjà flétri de tout ce que la voix des plus grands poètes
et des plus grands orateurs contient d'anathèmes.
Ah ! prenez-y garde. Vos ennemis sont fins et rusés ; ils profitent avec un
^rt infernal de la moindre occasion ; ils saisissent avidement le plus léger
prétexte. Ils vous disent, les charlatans , au moindre mal que vous res-
sentez : — a Vous êtes gravement malade , vous le voyez _bien ; vous
savez le pylore obstrué par la presse, parle jury; laissez- vous purger ,
«prenez mon remède, vous vous en trouverez émerveille. — Et si j'en
» meurs, au contraire , de votre remède ? — Alors vous direz que je suis le
splus grand charlatan du monde, o
Prenez- y garde. Ils ne demanderaient pas mieux que de vous ravir une
à une toutes vos libertés ; et , si vous ne veillez attentivement sur vous-
mêmes , ils réussiront. Ils n'osent employer la violence , par ce qu'ils ont
peur de votre courage, déjà éprouvé ; mais songez à l'abbé Rodin , plus
habile que le colonel d'Aigrigny. Celui-là ne vous pousse pas violemment
dans l'abîme qu'il a creusé pour vous dans les ténèbres, il vous y attire
par un charme au quel vous ne pouvez vous soustraire. Il ne vous tue pas
de sa propre main ; mais il fait si bien que vous vous tuez vous-même
pour son plaisir.
Prenez-y garde. Tant qu'il vous voit sur la défensive , le loup se fait
chien couchant , il vous caresse , il vous lèche , il se roule à vos pieds ,
mais c'est pour vous étrangler à la première occasion. |,
Prenez-y garde. Les poètes que vous dédaignez font seuls sentinelle; les
yeux sans cesse fixés sur l'avenir , ils vous signalent chaque danger. De là
celle haine du Journal des Débats contre eux ; de là ces injures grossières
dont je parlais tout à l'heure et aux quelles je n'ai pas fini de répondre.
Il est permis de débiter des impertinences ( c'est uo privilège acquis
depuis longtemps au Journal des Débals , le Journal de prédilection des
Tripeauds de tous les pays), mais pas d'aussi savoyardes , surtout dans un
pays qui passe pour le plus civilisé du monde ( triste effet de lacivilisation).
En vérité , j'en rougis , non pour le Journal ( une infamie de plus ou de
moins ne change rien à la couleur de son costume ), mais pour la France ,
pour La France ma chère patrie , que les étrangers pourront croire dégé-
nérée.
Demandez au Journal des Déhals s'il eût mis autant d'empressement à
nous faire connaître un ouvrage utile qu'il en a mis à nous communiquer
cette platitude.
Le Journal des Débats ne se croit il pas à lui seul le pivot du monde ? Je
l'ai déjà dit , au faîte des grandeurs la tête tourne, et le Journal des Dé-
770 CIEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
bals pourrait l)ien un de ces jours se briser la tète sur le pavé. S'il ne lui
faut pour cela que ma malédiction , je la lui donne de bon cœur.
Oui, soyez maudits, vous tous, qui que vous soyez, vils Qatteurs, Lâches
courtisans de la fortune ou de la puissance, qui n'avez que des paroles de
haine , des grossièretés , des injures pour le mérite pauvre et obscur ,
poussé au suicide par la misère, pour de nobles êtres tombés du ciel dans
votre cloaque de vices, — cloaque infect, où vous vous vautrez si vo-
luptueusement , en dignes pourceaux d'Épicure , — y trouvant une odeur
de rose , — sybarites immondes ! Soyez maudits , ô vous dont la bassesse,
dont l'arrogance insulte si indignement des hommes mille fois supérieurs
à vous , des hommes qui ont passé par toutes les épreuves du malheur sans
courber la tête , et qui luttent de toutes leurs forces contre une destinée
implacable, dont le moindre coup vous aurait brisés , frêles ustensiles de
cuisine ministérielle, — si vous n'étiez accrochés de manière à tourner à
tout vent , girouettes! Soyez maudits! maudits! maudits ! mille fois mau-
dits! Si la voix du malheur, la voix qui sort deTabymea quelque puissap.ce,
la mienne sera entendue. Elle vous marque au front d'un sceau indélébile.
Une chose certaine, c'est que je n'ai pas rencontré en ma vie une âme
douée de quelque générosité qui ne se soulève d'indignation au seul nom
du Journal des Débats. Cet odieux journal devient de jour en jour si sa-
voyard , qu'on finira , je l'espère , par l'envoyer où il envoie si libéralement
les poètes , et où il serait déjà depuis long-temps , si le langage doré et
poétique que lui prêtent parfois des hommes comme Eugène Sue, Alexandre
Dumas, Libri, cette âme généreuse, et même Saint-Marc Girardin et
quelques autres, ne faisaient excuser ses manières par trop impertinentes.
J'en suis fâché pour Eugène Sue , pour Alexandre Dumas, pour M. Libri,
réduits comme Apollon à garderies troupeaux d'Admète, au lieu de briller
splendidement au plus haut de l'Olympe.
Je ne fais donc que répondre au Journal des Débats , qui peut-être n'en
vaut pas la peine, me dira-t-on : mais, que voulez- vous! il y a des choses
que je ne puis voir , que je ne puis entendre ,
Sans me sentir au cœur une afFreuse colère.
Genus irrltabile vatitm.
Quant à M. Bescherelle, je ne fais de même absolument que lui rendre
les coups qu'il porte. Voyez avec quelle acrimonie , avec quelle présomp-
tion , il parle de ses confrères, et cela le plus souvent sans raison ! Il dit ,
lui, que tous les dictionnaires, y compris celui de l'Académie, que toutes
les grammaires ne sont que des avortons. Moi, je dis que sa grammaire,
que son dictionnaire n'est qu'un tissu d'erreurs, de fautes grossières, d'ab-
surdités, un vrai chaos, rttdis indigesiaqite moles, quelque chose d'informe
et d'innominé. Voilà tout. OEil pour œil. Dent pour dent.
Il est vrai que le Chnst blâme ces icprésaiiles. Mais le Christ s'élait
SIGNES DIVERS. MEDECINE. 777
pourtant réservé le droit d'appeler les hommes une race de vipères ; droit
qu'il a transmis à ses apôtres , et dont je ne fais qu'user à mon tour ,
En vous criant : Malheur sur vous et sur vos pères ,
O sépulcres blanchis , ô races de vipères !
Malheur aussi à toi, lecteur 1 si tu ne me remercies pas des grandes
vérités que je te révèle, de la peine inouïe que je me donne pour
l'aplanir le chemin des sciences , lecteur paresseux et ignorant, qui
ne demandes pas mieux que de l'instruire, pourvu que la science te
vienne en dormant! Malheur à toi! si tu n'apprécies pas le superbe
cadeau que je t'envoie du fond de mon exil.
Au reste , de ta part on doit s'attendre à tout. N'as-tu pas dans le
temps préféré la Phèdre de Pradon à celle de Kacine? L'Arétin ne
passait-il pas à tes yeux pour le plus grand génie de l'Italie , dans
le siècle du Tasse? etc. Tu n'es pas changé ! Tu achètes la onzième
édition de la Grammaire des grammaires, etje jurerais que tu n'as
pas dans ta bibliothèque un seul volume de M™e Desbordes-Val-
more.
La poésie , hélas , quoi que j'en puisse dire,
Chez le lihraire doit rester ;
Car tel qui pourrait l'acheter
N'est pas capable de la lire.
Lecteur , lu as déjà donné dans ta vie bien des preuves de ton peu
de discernement. C'est ainsi que tu m'as reproché de citer mal à pro-
pos Shakspeare et Platon, dont l'autorité, disais- tu, ne peut être d'au-
cune valeur dans une grammaire française. Lecteur profond en pa-
roles et superficiel en idées, je veux bien te répondre que je ne cite
pas Shakspeare et Platon pour leur langage, mais pour leurs pen-
sées, afin de l'apprendre autre chose que des mots, afin de meubler
un peu ta tête vide et de porter quelque chaleur dans ton àme froide.
Pour ce qui est de la grammaire en particulier, mon cher élève, je
te préviens une fois pour toutes que je ne connais d'autre autorité
que la mienne. J'avais d'abord l'intention de rester soumis à celle
de l'Académie, mais, après les erreurs incontestables que j'ai signa-
lées dans son dictionnaire, tout en rendant justice à l'excellence de
la rédaction, cela ne m'est plus possible. Ma conscience ne me le
permet plus.
Sur ce, lecteur, je te salue. Porte-toi bien; et souviens-loi qu'il
n'y a , comme dit Bonneval , que fadaises en ce bas monde, distin-
guées en gaillardes, sérieuses, politiques , juridiques, ecclésiasti-
T. II. 98
77S CLEF DE LA LANGTE ET DES SCIENCES.
(|iios, philosophiques, savantes , etc., mais qu'il n'y a que les pre-
mières qui fassent vivre joyeusement et long-temps.
Hélas ! ami lecteur , il n'en est pour moi que de tristes. Toujours
inquiet, toujours agité, toujours tourmenté, n'ayant point où repo-
ser ma tète, ne trouvant quelque soulagement à mes douleurs que
dans le travail, je suis bien à plaindre.
Lecteur, je t'aime tant que je ne voudrais travailler que pour loi.
N'es-tu point tenté de me prendre tout entier à ton service? Je te
l'ai déjà dit , lecteur , voilà dix ans que je m'occupe d'un ouvrage
qui serait pour toi un trésor inappréciable, et que tu pleureras avec
des larmes de sang, si je meurs sans Tavoir terminé. J'ai bien
soin de t'avertir, afin que tu n'aies point de reproche à me faire ,
et que lu n'aies à t'en prendre qu'à toi-même, si tu laisses échapper
l'occasion d'un tel profit, d'un tel avantage. Dans ton intérêt, pour
te rendre heureux malgré toi-même, et pour l'acquit de ma cons-
cience, j'implorerai peut-être l'appui de M. de Salvandy, ou même
de M. Guizot.
O nouvelle! on m'assure que le Journal des Débats, moins irrite qu'af-
fligé de nos brusques sorties contre lui , et voulant nous donner une preuve
de sa bienveillance naturelle, que nous avons si injustement méconnue ,
va se conformer désormais à nos principes d'orthographe et de ponctua-
tion, dont la justesse l'a frappé, me dit-on, et écrire temps , sentiments, au
lieu de tems , senlimens , etc.
Oîi me cacher ? fuyons dans la nuil infernale. . .
On me dit même qu'il est tout disposé à appuyer ma demande auprès de
M. Guizot.
— Altendcz-vous-y.
— Bon 1 cela me remet un peu. Je savais bien que le Journal des Dé-
bats n'était pas capable de tant de générosité. Ma conscience, sois donc
tranquille. Nous n'avons pas fait de jugement téméraire.
J'ai sous les yeux la liste des pensions que Louis XIV avait accordées
aux hommes de lettres de son siècle. J'avoue qu'en la lisant l'eau m'en
vient à la bouche. Quel grand roi que Louis XIV 1 Lecteur, cela pique ta
curiosité ? Eh bien 1 que ta curiosité soit satisfaite.
Iiiste des Pensions accordées aux Gens de lettres
par Iiouis XIV.
Au sieur de La Chambre, son médecin ordinaire, excellent
homme pour la physique et pour la connaissance des passions
SIGNES niVEUS. MÉDECliVE. 779
et des sens , une pension de 2000 liv.
Au sieur Conrard, le quel, sans connaître aucuneaulre langue
que sa langue maternelle, est admirable pour juger de toutes
les productions de l'esprit 1500
Au sieur Le Clerc , excellent poète français 60O
Au sieur Pierre Corneille, premier poète dramatique du
monde 2000
Au sieur Desmarets , le plus fertile auteur, et doué de la plus
belle imagination qui ait jamais été 1200
Au sieur Ménage, excellent pour la critique des pièces 2000
Au sieur abbé de Pure, qui écrit l'histoire en latin pur et élé-
gant 1000
Au sieur Boyer, excellent poète français 800
Au sieur Corneitlele jeune , bon poète dramatique français.. 1000
Au sieur Molière , excellent poète comique 1000
Au sieur Benscrade , poète français fort agréable 1500
Au père Lecointre, de l'Oratoire, habile pour l'histoire 1500
Au sieur Godefroi, historiographe du roi 3000
Au sieur Hucl , de (]aen , grand personnage qui a traduit
Origène 1500
Au sieur Charpentier , poète et orateur français 1200
Au sieur abbé Colin , idem 1200
Au sieur Sorbière, savant ès-lettres humaines 1000
Au sieur Dauvrier , idem. 3000
Au sieur Ogier, consommé dans la théologie et les belles
lettres 1500
Au sieur Vallier , professant parfaitement la langue arabe.. . 600
A l'abbé Le Vayer , savant ès-lettres 1000
Au sieur Le Laboureur , habile pour l'histoire 1200
Au sieur de Sainte-Marthe , idem 1200
Au sieur du Perrier , poète latin 800
Aux sieurs de Valois , frères, qui écrivent l'histoire en latin. 2i}00
Au sieur Maury, poète latin 600
Au sieur Racine , poète français 800
Au sieur abbé de Bourzeis , consommé dans la théologie po-
sitive scholastique, dans l'histoire, les lettres humaines, et les
langues orientales 3000
Au sieur Chapelain , le plus grand poète français qui ait ja-
mais été , et du plus solide jugement 3000
Au sieur abbé Cassagne, poète, orateur, et savant en théo-
A reporter..,. i3100 liv.
780 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Report.... ^3100 liv,
•ogie 1500
Au sieur Perrault , habile en poésie et en belles lettres 1500
Au sieur Mézerai , historiographe /jOOO
Au sieur Ilcinsius , savant étranger 1200
Au sieur Voss'ms , idem 1200
Au sieur Huyi^hens , Hollandais qui a inventé les pendules.. 1500
54000 liv.
( Extrait des Manuscrits de Colbebt, pages 169 et suivantes. )
Du roi la bonté secourable
Jète enfin sur la muse un regard favorable ;
Et , réparant du sort l'aveuglement fatal ,
Va tirer désormais Phébus de l'hôpital.
On doit tout espérer d'un monarque si juste.
Mais, sans un Mécénas, à quoi sert un Auguste ?
D'ailleurs comment percer cette foule effroyable
D'affamés prosateurs dont la foule l'accable ;
Qui , dès que sa main s'ouvre, y courent les premiers ,
Et ravissent un bien qu'on devait aux derniers.
Comme on voit les frôlons , troupe lâche et stérile.
Aller piller le miel que l'abeille distille? (Boilbau. )
Jugement de Boileau sur la plupart des écrivains nommés ci-dessus.
Il est fâcheux , grand roi , de se voir sans lecteur ,
Et d'aller du récit de ta gloire immortelle ,
Habiller chez Francœur le sucre et la cannelle.
Aussi, craignant toujours un funeste accident,
J'imite de Gonrard (1) le silçnce prudent.
Un clerc , pour quinze sous , sans craindre le holà ,
Peut aller au parterre attaquer Attila ;
Et , si le roi des Huns ne lui charme l'oreille ,
Traiter de Visigoths tous les vers de CoanEiLLE.
Si je veux d'un galant dépeindre la figure ,
Ma plume pour rimer trouve l'abbé de Puhe ,
Si je pense exprimer un auteur sans défaut ,
La raison dit Virgile , et la rime Qcinaot,
Qui dit froid écrivain dit détestable auteur.
BoYEB est à PiNCHÊKE égal pour le lecteur.
On ne lit guère plus Rampai.r et Menahdière
Que Magnon , nn Sochait , Cobbin , et la Moruêee,
Un fou du moins fait rire , et peut nous égayer.
Mais un froid écrivain ne sait rien qu'ennuyer.
J'aime mieux Bergerac et sa comique audace
Que ces vers où Motin se morfond et nous glace.
(i) Fameux académicien, «lui n'a jamais rien c'crit.
SIGNES DIVERS. MÉDECINE.
Rare et fameux esprit , dont la fertile veine
Ignore en écrivant le travail et la peine ;
Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts ,
Et qui sais à quel coin se marquent les bons vers;
Dans les combats d'esprit savant maître d^escnme,
Enseigne-moi, Molikhe, où tu trouves la rime.
On dirait , quand tu veux , qu'elle te vient chercher.
Jamais au bout du vers on ne te voit broncher ;
A peine as-tu parlé , qu'elle même s'y place,
Et sans qu'un long détour t'arrête ou t'embarrasse.
Mais moi , qu'un vain caprice , une bizarre humeur ,
Pour mes péchés , je crois , fit devenir rimeur ,
Dans ce rude métier où mon esprit se tue ,
En vain pour la trouver je travaille et je sue;
Souvent j'ai beau rêver du matin jusqu'au soir ,
Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir.
ïoi donc, qui vois les maux où ma muse s'abîme ,
De grâce , enseigne-moi l'art de trouver la rime ;
Ou , puisqu'enfin tes soins y seraient superflus ,
MoLiîiaB , enseigne-moi l'art de ne rimer plus.
Étudiez la cour et connaissez la ville ,
Autre scène toujours en modèles fertile (1).
C'est par là que Molière , illustrant ses écrits ,
Peut-être de son art eût remporté le prix ,
Si, moins ami du peuple , en ses doctes peintures
Il n'eût point fait souvent grimacer ses figures;
Quitté pour le bouffon l'agréable et le fin ,
Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope.
Je ferais mieux , j'entends, d'imiter BE^SEHADB.
C'est par lui qu', autrefois mise en ton plus beau jour,
Tu sus , trompant les yeux du peuple et de la cour.
Leur faire , à la faveur de tes bluettes folles ,
Goûter comme bons mots tes quolibets frivoles.
( Satire sur l'Équivoque.)
Jugez en cet état si je pouvais me plaire ,
Moi qui ne compte rien (2) ni le vin ni la chère,
Si l'on n'est plus au large assis en un festin
Qu'aux sermons de Cassagne ou de l'abbé Cotin.
— L'homme , venez au fait , n'a-t-i) pas la raison?
N'est-ce pas son flambeau , son pilote fidèle?
— Oui. Mais de quoi lui sert que sa voix le rappelé ,
Si , sur la foi des vents tout prêt à s'embarquer ,
11 ne voit point d'écueil qu'il ne l'aille choquer ?
Et que sert à Cotin la raison qui lui crie :
« N'écris plus , guéris-toi d'une vaine furie » ?
Si tous ces vains conseils , loin de la réprimer,
781
(i) Le texte porte :
L'une et l'autre csl toujours en modèles fcilllc.
Mais l'une cl l'autre cotisliUie un sujet pluriel.
(2) 11 laudrail^ Moi qui ne co/iiple pour rien.
782 CLEI- ])E LA I.VNGLE ET DES SClEiNCES.
!Ne l'ont qu'accroilrc en lui la fiiieur de rimer.
Tous les jours de ses vers , qu'à grand liruit il récite,
Il met chez lui voisins , parents , amis . en fiiile.
Car, lorsque son démon commence à l'agiter,
Tout , jusqu'à sa servante , est prêt à déserter.
Vi\ âne pour le moins , instruit par la nature ,
A l'instinct qui le guide obéit sans murmure ;
Ne va point (bllement de sa bizarre voix
Defîer aux chansons les oiseaux dans les bois.
Sans avoir la raison , il marche sur sa route.
L'homme seul , qu'elle éclaire , en plein jour ne volt goutte ;
Réglé par ses avis, fait tout à contre-temps,
Et dans tout ce qu'il fait n'a ni raison ni sens.
Tout lui plaît et déplaît, tout le choque et l'oblige ;
Sans raison il est gai , sans raison il s'afflige ;
Son esprit au hasard aime , évite , poursuit ,
Défait, refait, augmente, ùte , élève, détruit.
Et voit-on comme lui les ours et (1) les panthères
S'effrayer sottement de leurs propres chimères ;
Plus de douze attroupés, craindre le nombre impair;
Ou croire qu'un corbeau les menace dans l'air ?
Jamais l'homme , dis-moi, vit-il la bête folle
Sacrifier à l'homme , adorer son idole (2) ,
Lui venir , comme aa Dieu des saisons et des vents,
Demander à genoux la pluie ou le beau temps ?
Non. Mais cent fois la bète a vu l'homme hypocondrc
Adorer le métal que lui-même il fit fondre ;
A vu dans un pays les timides mortels
Trembler aux pieds d'un singe assis sur leurs autels;
Et sur les bords du Nil les peuples imbéciles ,
L'encensoir à la main , chercher les crocodiles (3).
Voilà Boileau et Fourier qui se donnent la main. Écoutez encore
ce morceau :
D'où vient , cher Le Vayer , que l'homme le moins sage
Croit toujours seul avoir la sagesse en partage ,
Et qu'il n'est point de fou qui, par belles raisons,
Ne loge son voisin aux Petites-Maisons?
Tous les hommes sont fous , et , puisqu'il faut le dire ,
.Souvent de tous nos maux la raison est le pire.
C'est elle qui , farouche au milieu des plaisirs ,
D'un remords importun vient brider nos désirs.
La fâcheuse a pour nous des rigueurs sans pareilles ;
C'est un pédant qu'on a sans cesse à ses oreilles ,
Qui toujours nous gourmande , et , loin de nous toucher ,
(1) Le texte porte ni. C'est une faule.
(2) L'idole de qui ou de rjiioi? Dans le sens de l'auteur, cela veut dire, Jdorer
une statue, une ^ gui e représentant l' homme érigé en dieu. Mais il y a loin de
1 idc'e à l'expression.
(3) Ces vers laissent l)ien quelque chose à désirer sous le rapport de la foimc. On
ne peut nier qu'ils ne manquent quelque peu de coloris , de mouvement , de correc-
tion , et que le travail ne s'y fasse pénil>lcmcnl sentir.
SIGNES DIVERS. MEDECINE. /No
Souvent comme Joly , perd son temps à prêcher.
En vain certains rêveurs nous l'habillent en reine ,
Veulent sur tous nos sens la rendre souveraine ,
Et, s'en formant sur terre une divinité ,
Pensent aller par elle à la félicité ;
C'est elle, disent-ils , qui nous montre à bien vivre.
Ces discours, il est vrai, sont fort beaux dans un livre ;
Je les estime fort ; mais je trouve en effet
Que le plus fou souvent est le plus satisfait.
Philosophes, vantez-nous donc encore voire vaine raison, et mo-
quez-vous bien des sublimes et éblouissantes idées de Fourier. Glo-
rifiez-vous bien du progrès de cette raison , misérable ennemie de
notre bonheur, que je comparerais volontiers à un vil roquet
aboyant dans les jambes d'un cheval emporté, et ne faisant que
l'irriter davantage pour son malheur ! Continuez à faire de Dieu un
être souverainement injuste et cruel, un égoïste impitoyable, qui
n'a rien fait pour le bonheur de l'homme ici-bas , qui n'a créé les
passions que pour en faire nos bourreaux intimes , qui n'a pétri et
façonné l'àme du poète avec tant de soin que pour la voir en proie
au mépris des sots , et n'a répandu dans cette àme tant de sensibi-
lité, de vivacité, d'ardeur, tant de sources d'amour, de tendresse,
de joie , que pour voir tout cela s'y transformer en poison brûlant ;
qui en un mot n'a fait un tel cœur si noble et si grand qu'afiu de
le faire souffrir davantage , de même qu'on pare de fleurs la vic-
time qu^on va égorger ! Ah ! tenez ! de tels sophismes , de tels
blasphèmes me font horreur.
Arrière. Vous me faites horreur , vous dis-je.
Arrière, ou je vous crache au visage. Arrière, car vos mains
dégouttent de sang ; car vous suez le crime par tous les porcs ; car
vous êtes d'horribles brigands, d'infâmes assassins , qui avez hi-
deusement dévasté la maison de Dieu et perpétré lâchement des
raillioDS de meurtres. Arrière. Horreur ! horreur !
Sur un ton si hardi , sans être téméraire ,
Racan pourrait chanter au défaut d'un Homère ;
Mais pour Cotin et u)iii . qui rimons au hasard ,
Que l'amour de blâmer fit poètes par art ,
Quoiqu'un tas de griinauds vante notre éloquence ,
Le plus sur est pour nous de garder le silence.
Avant lui Juvénal avait dit en latin
Qu'on est assis a l'aise aux sermons de Cotin
Et qui saurait sans moi que CoTi>f a prêciié ?
'8i CLEF DE L\ LANGUE ET DES SCIENCES.
C'est ainsi que Liicilc , appuyé de Lélic (1) ,
Fit justice en son temps des Cotins d'Italie,
Et qu'Horace, jetant le sel à pleines mains ,
Se jouait aux dépens des Pelletiers romains.
Vous aurez beau vanter le roi dans vos ouvrages ,
Et de ce nom sacré sanctifier vos pages;
Qui méprise Cotin n'estime pas son roi,
Et n'a , selon Cotin , ni Dieu , ni foi , ni loi.
C'est chez elle toujours que les fades auteurs
S'en vont se consoler du mépris des lecteurs.
Elle y reçoit leur plainte ; et sa docte demeure
Aux Perrins, aux Coras, est ouverte à toute heure.
Là du faux bel esprit se tiennent les bureaux ;
Là tous les vers sont bons pourvu qu'ils soient nouveaux.
Au mauvais goût public la belle y fait la guerre ;
Plaint PuADON opprimé des sifflets du parterre;
Bit des vains amateurs du grec et du latin ;
Dans la balance met Aristote et Cotin ;
Puis d'une main encor plus fine et plus habile
Pèse sans passion Chapelain et Virgile ;
Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés ,
Mais pourtant , confessant qu'il a quelques beautés ,
Ne trouve en Chapelain, quoi qu'ait dit la satire,
Autre défaut , sinon qu'on ne le saurait lire.
En vain par mille et mille outrages
Mes ennemis , dans leurs ouvrages ,
On cru me rendre affreux aux yeux de l'univers.
Cotin , pour décrier mon style ,
A pris un chemin plus facile :
C'est de m'attribuer ses vers.
A quoi bon tant d'efforts, de larmes , et de cris,
Cotin , pour faire ôter ton nom de mes ouvrages?
Si tu veux du public éviter les outrages.
Fais effacer ton nom de tes propres écrits.
Que tu sais bien , Racine, à l'aide d'un acteur.
Emouvoir , étonner , ravir un spectateur !
Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,
N'a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée.
Que dans l'heureux spectacle à nos yeux étalé
En a fait sous son nom verser la Champmélé.
Ne crois pas toutefois , par tes savants ouvrages ,
Entraîner tous les cœurs , gagner tous les suffrages.
Sitôt que d'Apollon un génie inspiré (2)
Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré ,
En cent lieux contre lui les cabales s'amassent ;
Ses rivaux obscurcis autour de lui croassent ;
Et son trop de lumière , importunant les yeux ,
(1) Consul i-oniaiii.
(2) Il faudrait Un génie inspiré pur Apollon, avco la [nc'position /(«r rt sans in-
version.
SIGNES DIVERS. MÉDEChNE. 785
De ses propres amis lui fait des envieux.
La mort seule ici-bas , en terminant sa vie ,
Peut calmer sur son nom l'injustice et l'envie;
Faire au poids du bon sens peser tous ses écrits.
Et donner à ses vers leur légitime prix.
Avant qu'un peu de terre, obtenu par prière ,
Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molièbb ,
Mille de ses beaux traits , aujourd'hui si vantés.
Furent des sols esprits à nos yeux rebutés.
L'ignorance et l'erreur a ses naissantes pièces,
En habits de marquis , en robes de comtesses.
Venaient pour diffamer sou chef-d'œuvre nouveau ,
Et secouaient la tète à l'endroit le plus beau.
Le commandeur voulait la scène plus exacte;
Le vicomte indigné sortait au second acte.
L'un , défenseur zélé des bigots mis en jeu ,
Pour prix de ses bons mots le condamnait au feu ;
L'autre , fougueux marquis, lui déclarant la guerre,
Voulait venger la cour immolée au parterre.
Mais , sitût que d'un trait de ses fatales mains
La parque l'eut rayé du nombre des humains ,
On reconnut le prix de sa muse éclipsée.
li'abnable Comédie , avec lui terrassée.
En vain d'un coup si rude espéra revenir ,
Et sur ses brodequins ne put plus se tenir.
Tel fut chez nous le sort du théâtre comique.
Toi donc , qui t'élevant sur la scène tragique ,
Suis les pas de Sophocle, et, seul de tant d'esprits,
De CoBNEiLLE vieilli sais consoler Paris ,
Cesse de t'étonner, si l'envie animée ,
Attachant à ton nom sa rouille envenimée ,
La calomnie en main (1) , quelquefois te poursuit.
En cela , comme en tout, le ciel qui nous conduit,
Racine, fait briller sa profonde sagesse.
Le mérite en repos s'endort dans la paresse.
Mais par les envieux un génie excité
Au comble de son art est mille fois monté.
Plus on veut l'affaiblir , plus il croît et s'élance.
Au Cid persécuté Cinna doit sa naissance;
Et peut-être ta plume aux censeurs de Pyrrhus
Doit les plus nobles tiaits dont tu peignis Burrhus,
Qu'on se rappelé ce que j'ai dit des critiques, pages 297-301 , et
qu'on cesse d'y attacher la moindre importance. Que le poète ne
s'en inquiète pas davantage , et qu'il se rappelé ce conseil de
Victor Hugo :
Jeune homme, ce méchant fait une lâche guerre.
Ton indignation ne l'épouvante guère.
Ci) Délcslahle lip'miîticlie. 11 semMeiait que la calomnie est une cliose ([u'on (lent
à la main comme un sceptre. Il fundrait , donnant la main à la calomnie.
T. II. 99
7S(> CI,EF DE I.V LANGUE ET DES SCIENCES.
Crois-moi donc, laisse en paixjcuneliomme au noble cœur,
Ce zoile à l'œil faux, ce malheureux moqueur.
Ton mépris? Mais r'c5< Vair{l) qu'il respire. Ta haine?
La haine esl son odeur , sa sueur , son haleine.
Il sait qu'il peut souiller sans peur les noms fameux ,
Et que pour qu'on le touche il est trop venimeux.
Il ne craint rien. Pareil au champignon difforme ,
Poussé dans une nuit au pied d'un chêne énorme (2) ,
Qui (3) laisse les chevreaux autour de lui paissant
Essayer leur dent folle à (4) l'arbuste innocent ,
— Sachant qu'il porte en lui des vengeances trop sûres ,
Tout gonflé de poison ; il attend les morsures.
Chapelain veut liinci' , et c'est là sa folie,
11 ne pardonne pas aux vers de la Pucelte ,
Et croit régler le monde au gré de sa cervelle.
Attaquer Chapelain ! Ah ! c'est un si bon homme !
Balzac en fait l'éloge en cent endroits divers.
11 est vrai, s'il m'eût cru , qu'il n'eût point fait de vers.
Il se tue à rimer , que n'écrit-il en prose?
Voilà ce que l'on dit. Et que dis-je autre chose ?
En blâmant ses écrits, ai-je d'un style affreux
Distillé sur sa vie un venin dangereux ?
Ma muse en l'attaquant , charitable et discrète ,
Sait de l'homme d'honneur distinguer le poète.
Qu'on vante en lui la foi , l'honneur , la probité ;
Qu'on prise sa candeur et sa civilité ;
Qu'il soit doux , complaisant, officieux , sincère ;
On le veut, j'y souscris, et suis prêt à me taire.
Mais que pour un modèle on donne ses écrits;
Qu'il soit le mieux rente de tous les beaux esprits;
Comme roi des auteurs qu'on l'élève à l'empire ,
Ma bile alors s'échauffe et je brûle d'écrire ;
Et, s'il ne m'est permis de le dire au papier ,
J'irai creuser la terre , et , comme ce barbier ,
Faire dire aux roseaux par un nouvel organe :
Midas, le roi Midas a des oreilles d'âne.
Maudit suit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve ,
Son cerveau tenaillant , rima malgré Minerve ;
Et de son lourd marteau martelant le bon sens,
A fait de méchants vers douze fois douze cents 1
Injuste envers Quinaut et Perrault, Boileau fut trop sévère en-
(i) Le pronom ce, dans c'est l'air , ne peut remplacer que les mots ion mépris ; en
sorte que c'est comme s'il y avait Ton im-pris? Mais Ion mépris est l'air qu'il refpire,
ce que n'a pas voulu dire l'aulcur, qui sous-rnlt-nd non pas ff)« mépris , mais /c
mépris .
(2) Ivpitlicte oiseuse,
(3) En prose il faudrait, lequel.
(4^ En prose il faudrait sur an lirn dr (V , qui reste toujours une licence poc'lique.
SIG.NES DIVERS. MÉDECl.VE. 787
vers Chapelain, chez qui l'on trouve des passages que ne désavoue-
raient pas nos meilleurs poètes ;du jour.
Malgré son fatras obscur ,
- Souvent BrébœuF étincèle.
Un vers noble , quoique dur ,
Peut s'offrir dans la Pucelle.
Mais , ù ma lyre fidèle.
Si du parfait ennuyeux
Tu veux trouver le modèle ,
Ne cherche point dans les cieux
D'astre au soleil préférable (1) ;
l\i , dans la foule innombrable
De tant d'écrivains divers
[Chez Coignard rongés des vers ,
Un poète comparable
A l'auteur inimitable
De Peau d'Ane mis en vers.
Boileau a beau dire , les Contes de Perrault sont en leur genre
de petits chef-d'œuvres ; et d'un autre côté la fa«;ade du Louvre a
rendu son nom immortel.
On regrette de ne Ipas voir figurer sur la liste des poètes pen-
sionnaires de Louis XIV des noms tels que La Serre, Pradon ,
Colletet , P inchêne , Coras, Linière, etc. Boileau n'en a pas dit
plus de mal que de Chapelain et de l'abbé Cotiu.
Morbleu ! dit-il, La Skhee est un charmant auteurl
Ses vers sont d'un beau style , et sa prose est coulante.
Vous pourrez voir , un temps , vos écrits estimés
Courir de main en main par la ville semés ;
Puis de là , tout poudreux , ignorés sur la terre ,
Suivre chez l'épicier Nbuf-Germain et La Serre ;
Ou de trente feuillets réduits peut-être à neuf.
Parer , denii-rongés , les rebords du Pont- Neuf.
Là près d'un Guarini Térence tombe à terre ;
Le Xénophon dans l'air heurte contre un La Serre.
Faut-il d'un froid rimeur dépeindre la manie?
Mes vers comme un torrent coulent sur le papier;
Je rencontre à la fois Perrin et Pelletier,
BOWNECORSE , PbADON, CoLLETET , TlTBEVILLE ;
Et , pour un que je veux , j'en trouve plus de mille.
Que vous ont fait Perrin, Baboin , Pradon , Hainaut ,
CoLLETEI , PelLETIKR, ÏiTREVILLE , QuiNADT ,
Dont les noms en cent lieux , placés comme en leurs niches ,
Vont de vos vers malins remplir les hémistiches ?
Venez , Pradon et Bonnecorse ,
Grands écrivains de même force,
(1) Qu'est-ce que cela veut dire ï iS'c cherche point d'astre est-ce fran-
çais î Ah ! législateur.
SS CLEF DE LA LANCUJE ET DES SCIENCES.
De vos vers recevoir le prix.
Venez prendre dans mes écrits
La plac<; que vos noms demandent.
LiNiÙRB et Pehrjn vous attendent.
Horace a bu son sofd quand il voit les Ménadcs;
Et , libre du souci qui trouble Colletet,
N'attend pas pour dîner le succès d'un sonnet.
Nos beaux jours sont finis, nos honneurs sont passés.
Dans peu vous allez voir vos froides rêveries
Du public exciter les justes moqueries ;
Et leur auteur jadis , à Régnier préféré ,
A PiNCHÊNE , à LiNiÈBE, à Perhin Comparé.
D'un PiNCHÊNE in-quarto Dodillon étourdi
A long-temps le teint pâle et le cœur affadi.
J'entends déjà d'ici Limière furieux
Qui m'appèle au combat smis preyidre un plus long terme.
De l'encre , du papier, dit-il, qu'on nous enferme.
Voyons qui de nous deux , plus aisé dans ses vers ,
Aura plus tôt rempli la page et le revers.
Bienheureux ScDDt'.Bi , dont la fertile plume,
Peut tous les mois sans peine enfanter un volume!
Tes écrits, il est viai, sans art et languissants,
Semblent être formés en dépit du bon sens ;
Mais ils trouvent pourtant , quoi qu'on en puisse dire ,
Un marchand pour les vendre et des sots pour les lire.
ANECDOTES.
Chapelain portait un manteau au cœur de l'été. Un jour qu'on
lui en demandait la cause, il répondit qu'il était indisposé. Conrard
lui dit : « En vérité, je crois plutôt que c'est votre justaucorps qui
est indisposé. »
Corneille, si élevé, si sublime dans ses écrits, n'était plus le
même dans la conversation. Il s'énonçait au contraire d'une ma-
nière si sèche et si embarrassée, qu'une grande princesse, qui avait
désiré le voir et l'entretenir, disait : « Cet homme la n'est bon
à écouter qu'a l'hôtel de Bourgogne. » (C'était l'hôtel des Comé-
diens. )
Puisque Corneille est mort, qui nous donnait du pain,
Nous vivrons de Racine ou nous mourrons de faim.
On a souvent mis en parallèle les deux auteurs tragiques les
plus célèbres, Corneille et Racine. Quand ce parallèle s'établissait
devant Piron , il tranchait la difficulté en disant : « Je voudrais
être Racine et avoir été Corneille. » — Le duc de Bourgogne disait
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 789
avec beaucoup de finesse : « Comédie était plus homnie de génie,
Racine plus homme d'esprit. » — On voit bien ce que Corneille a
été sans Racine, on ne voit pas de même ce que Racine eût été
sans Corneille. L'un a créé son art et l'a porté jusqu'à la perfection
en certaines parties ; l'autre a perfectionné les parties où son rival
avait été moins supérieur. Il n'est pas douteux que l'art drama-
tique doit plus a Corneille qu'a Racine , et qu'il fallait plus de
génie pour le porter tout à coup au point où le père de notre
théâtre l'a élevé que pour le prendre de ce point si avancé et le
faire arriver à une entière perfection. ( Sixième lettre de Clémeist
a Voltaire. )
De peur d'offenser sa patrie ,
Journel, moa imprimeur, digne enfant de Paris,
INe veut rien imprimer sur la badauderie.
Journel est bien de son pays. (Mbrage.)
Ménage, cet homme excellent pour la critique des pièces, traita
de son temps La Bruyère coimne Gustave Planche a traité de nos
jours Victor Hugo et Chateaubriand. Le livre de La Bruyère est
devenu classique; que sont devenues les critiques de Ménage?
Ménage se trouvait dans le cloître des Chartreux lorsqu'on y
faisait voir le tableau de Saint-Bruno. Quelqu'un dit : « Il ne lui
manque que la parole. — En ce cas, dit Ménage, il est parfait; car
il ne pourrait parler sans manquer a la règle. »
Ménage disait, a propos de ceux qui affectionnent la particule de
devant leur nom ; a Je connais un hoDune appelé Loyal, le quel,
bien différent de tous les autres, ne souffre pas qu'on l'appèlo
M. de Loyal.
Depuis que je suis réconcilié avec le père Bouhours, disait Mé-
nage, je trouve ses ouvrages meilleurs. Ce que c'est qu'un critique
de profession !
Ménage disait que par le démon de 7727V7/ (dœmoniuni raoridia-
num), dont parle le prophète roi (Ps. 90), et sur lequel Furetière
et Mabillon ont donné chacun une dissertation, on ne devait en-
tendre autre chose que le besoin de dîner.
Boyer travailla cinquante ans pour le théâtre, et ne vit jamais
réussir aucune de ses pièces. Pour éprouver si tant de chutes ne
790 CLE1> DE LA LAiNGLlE ET DES SCIENCES.
devaient pas être imputées a la piéveiition, il iit alticlier la tragédie
d^Agamemnun sous le nom de l*ader d'Assézau, jeune Gascon nou-
vellement arrivé a Paris. Tout le monde y courut, et la pièce fut
généralement applaudie. Racine même se déclara pour le nouvel
auteur. Alors Buyer, ne pouvant contenir sa joie, s'écria du par-
terre : « Hé! Messieurs, malj;ré mons (1) de Racine, elle est pour-
tant deBoyer! » Le lendemain cette tragédie fut sifflée, et Racine se
vengea d'en avoir dit du bien par un sonnet qui unissait ainsi :
Bie.n des gens ont crié merveilles (2),
J'ai fort crié de mon côté.
Mais comment faire ? En vérité,
Les vers m'écorchaient les oreilles.
Racine se fit bien petit dans celte circonstance. Ce n'est pas
Victor Hugo qui serait jamais descendu si bas. Il a du premier
coup dit nettement sa pensée sur Lucrèce, et sa prédiction est déjà
aux trois quarts accomplie (5).
Quand les pièces représentées
De Boyer sont peu fréquentées.
Chagrin qu'il est d'y voir peu d'assistants,
Voici comme il tourne la chose :
o Vendredi, la pluie en est cause,
Et le dimanche, le beau temps. » (Fubetièbe.)
La Judith de Boyer eut, pendant un carême entier, beaucoup
d'applaudissements. Boyer, l'ayant fait imprimer pendant la va-
cance de Pâques, elle fut sifflée a la rentrée. L'actrice Cliampmêlé,
étonnée d'une telle symphonie, a la quelle ses oreilles n'étaient pas
accoutumées, s'avança sur le bord du théâtre et dit au parterre :
«Messieurs, nous sommes surpris que vous receviez aujourd'hui si
mal une pièce que vous avez applaudie pendant le carême. » Au
même moment une voix perçante s'écria du milieu du parterre :
« C'est que les sifflets étaient a Versailles aux sermons de l'abbé
Boileau. »
Molière gardait le lit depuis plusieurs jours. Quelqu'un lui en-
(1) Alnévialion du mot monsieur, employée souvent par mépris. Mons un le!.
(2) 11 faudrait nicri'eille au singulier.
(3^ Victor Hugo avait dit à propos de l'eugoucment des Parisiens pour la tragédie
«le Lucrèce : Cela passera. Et cela est déjà passé en eflet, A Vienne, Lucrèce n'a eu
>jue deux ou trois représentations.
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 7î>{
voie un médecin. Son domeslique l'annonce. « Diles-lni, répond
IMolière, que je suis malade, et que je ne reçois personne. »
On annonçait a Benserade la mort d'une veuve riche, vieille, et
très-ridicule. « On l'enterra hier, disait le conteur. — C'est dom-
mage, dit Benserade; avant-liier c'eût été un bon parti. »
Benserade^ étant a l'Académie, y prit la place de Furetière qu'il
n'aimait pas, et dit en s'y mettant : « Voici une place où je vais
bien dire des sottises. — Courage, lui répondit Furetière, vous avez
fort bien commencé. »
Benserade \o\\\?,?,Mi de la plus grande réputation, lorqu'il s'avisa
du dessein extravagant de mettre en rondeaux les Métamorphoses
d'Ovide. Ce fut la l'écueil de sa gloire poétique. C'est a lui que
Molière fait allusion, dans sa comédie des Précieuses ridicules,
lorsqu'il fait dire a Mascarille : « Je travaille a mettre l'histoire de
France en madrigaux. »
Néanmoins les rondeaux de Benserade eurent un grand nombre
de partisans a la cour, et Louis XIV lui fit donner mille louis pour
les tailledouces qui devaient eu orner l'édition qui en fut faite au
Louvre avec tout le luxe typographique, ce qui suggéra a Chapelle
ces vers :
A la fontaine où s'enivrent Boiieau,
Le grand Corneille, et le sacré troupeau
De ces auteurs que l'on ne trouve guère,
Un bon rimeur doit boire à pleine aiguière,
S'il veut donner un bon tour au rondeau.
Quoique j'en boive aussi peu qu'un moineau,
Cher Benserade, il faut te satisfaire,
T'en écrire un. Mais c'est porter de l'eau
A la fontaine.
De tes refrains un livre tout nouveau
A bien des gens n'a pas eu l'heur de plaire ;
Mais, quant à moi, j'y trouve tout fort beau (1),
Papier, doriu'e, image, caractère.
Hormis les vers, qu'il fallait laisser faire
A La Fontaine.
(i) Le texte porte : Je le trnxive fort beau , on soi'te que oc vers n'a ainsi auoiino
liaison avoo ce fini suit. Cliajiolle ne lirille pas toujours par la correction.
792 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
Ko duc crEnghien , (ils du grand Condé, voulut souteniirhon-
iicur dos rondoaux de Bensenide. Il n'eut pas le pouvoir de con-
vertir Boiloau, qui en faisait peu de cas. — « Mais les vers en sont
clairs, disait le prince a l'auteur de V Art poétique. Ils sont parfaite-
mont rimes, et disent bien ce qu'ils veulent dire. — Monseigneur,
dit Boileau, il y a quelque temps que je vis une estampe représen-
tant un soldat qui se laisse manger par les poules, au bas de la
quelle était ce distique :
Le soldat qui craint le danger
Aux poules se laisse manger.
Assurément cela est clair, cela est bien rimé, cela dit ce que
cela veut dire ; cependant cela ne laisse pas d'être le plus plat qui
se puisse. »
En vain les amis de Benserade lui représentèrent-ils qu'il y avait
de l'exlravagauce a vouloir mettre les IMétamorplioses d'Ovide en
rondeaux, il leur répondit qu'il mettrait en rondeaux la préface,
le privilège, et même l'errata, ce qu'il fit en effet.
Benserade venait d'épouser une femme aimable. « Le bénéfice
serait fort bon, dit-il, s'il ne demandait pas résidence. »
M. de Sainte-Marthe assurait que les Chartes de la fondation
de l'abbaye de Signy, en Champagne, portaient expressément que
saint Bernard avait promis autant d'arpents dans le ciel qu'on en
donnerait sur la terre a ses moines.
Duperrier, gentilhomme provençal, connu par ses excellentes
poésies latines , se trouvant un jour dans le besoin , s'adressa a
Chapelain, qui était aussi avare que riche. Celui-ci crut lui faire
une grande libéralité en lui donnant un écu. Après un tel effort de
générosité, il disait : « Nous devons secourir nos amis dans leurs
nécessités, mais nous ne devons pas contribuer a leur luxe. »
Duperrier et Santeuil parièrent un jour a qui ferait la meilleure
pièce de vers latins sur un sujet donné. Les deux rivaux se ren-
dent aussitôt chez le père Rapin, pour l'établir juge entre eux.
Apprenant qu'il venait de sortir pour dire sa messe, ils le font de-
mander a la porte de l'église pour une affaire d'importance.
Bapin arrive. Ils lui font part du sujet de leur \isite. et lui lemet-
SIGNES DIVERS. MÉDECINE. 795
lent l'argent avec les deux pièces de vers. Rapin déclare l'une et
l'autre pièce également mauvaises, et, rentrant dans l'église, jète
l'argent dans le tronc des pauvres.
Dans la campagne de Gand, Boileau et Racine eurent ordre de
suivre le roi. Sa Majesté s'y exposa beaucoup, et plusieurs courtisans
lui remontrèrent qu'il devait un peu plus ménager sa personne.
Son historien lui vint faire sa cour en le priant de ne pas lui
donner si tôt occasion de finir son histoire, puisqu'il ne s'en était
fallu que de sept pas qu'un boulet de canon ne l'eût atteint. « Et à
combien de pas étiez-vous du canon? dit le roi a Despréaux. — A
cent pas, répondit le satirique. — Mais n'aviez-vous point peur?
repartit le roi. — Oui, sire, je tremblais beaucoup pour Votre
Majesté, et encore plus pour moi. »
Après la mort de Racine, Boileau vint a la cour proposer au roi
M. de Valincour pour la charge d'historiographe, restée vacante.
Du plus loin que le roi l'aperçut, il lui cria : « Despréaux , nous
avons beaucoup perdu vous et moi, à la mort de Racine. — Tout
ce qui me console, sire, repartit Boileau, c'est que mon ami a fait
une fin très-chrétienne et très-courageuse, quoiqu'il craignît extrê-
mement la mort. — Oui, oui, reprit le roi, je m'en souviens; c'est
vous qui étiez le brave au siège de Gand. •>
Racine avait la faiblesse de vouloir passer pour un courtisan ;
mais cette petite science lui était inconnue, et on s'en apercevait
bien. Louis XIV le voyant un jour a la promenade avec M. de Ca-
voie : « Voila, dit-il, deux hoEunes que je vois souvent ensemble;
j'en devine bien la raison : Cavoie avec Racine se croit bel esprit,
et Racine avec Cavoie se croit courtisan. »
Chapelain soutenait, dans une séance de l'Académie, qu'il fallait
dire Vulcain en prose, mais Vulcan en vers. « En ce cas, ditRacan,
il faudra m'appeler Racan en vers, et Racaiii en prose. »
Le conte de Peau d'Ane, par Perrault, donna lieu a l'épigrammc
suivante :
Perrault nous a donné Peau d'Ane.
Qu'on m'approuve ou qu'on nie condamne,
Ma foi! je dis comme Boileau,
Perrault nous a donné sa peau.
T. II. 1(K)
794 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
<( — Pourquoi avez-vous peint Louis XI comme un tyran? de-
mandait un jour Louis XIV a Mézeraî. — Pourquoi l'ctait-il? »
répondit riiistorien.
Mézerai dit que les plumets sur les chapeaux des cavaliers et
gens de guerre ne sont en usage que depuis les croisades. 11 se
trompe. Virgile dit que le général de l'armée des Liguriens, noimné
Cupavus, avait des plumes de cygne sur son casque, lorsqu'il vint
au secours d'Enée contre Turnus :
Et paucis comitante Cupavo
Cujus olorinae surgunt de vertice pennae.
(Remarques sur Virgile et Homère.)
La Serre fit une mauvaise tragédie. A la première représenta-
tion il y eut quatre portiers d'étouffés. Aussi disait-il : « Je ne le
céderai a Corneille que lorsqu'il aura fait tuer cinq portiers en un
jour. »
Lecteur, tu es toujours un peu enfant. Avant toute chose, il faut
qu'on t'amuse. Eh bien ! pour terminer ce volume d'une manière
digne de toi, je vais te dire un conte, que j'ai bien des fois en-
tendu de la bouche de ma pauvre bonne mère, quand j'étais petit,
LES TROIS FRÈRES.
Il était une fois un homme qui avait trois fils, entre les quels il
partageait également ses affections. Il ne possédait qu'une maison,
qu'il ne voulait pas veudre, parce qu'il en avait hérité de ses pères ;
en sorte qu'il ne savait comment s'y prendre pour ne faire tort à
aucun de ses fils dans son testament. Enfin, il lui vint une idée, et,
les ayant appelés tous trois, il leur dit : « Allez, parcourez le monde,
apprenez un métier, et à votre retour celui qui se montrera le plus
habile dans le métier qu'il aura choisi héritera de la maison. » La
proposition fut acceptée; et les trois frères, après être convenus du
temps où ils devraient se retrouver ensemble dans la maison pater-
nelle, se mirent en route. L'aîné se fit maréchal ferrant, le second
barbier, le troisième professeur d'escrime. Chacun fut assez heu-
reux pour trouver un bon maître , qui lui donna d'excellentes le-
çons, et lui fit faire des progrès rapides. Le maréchal ferrant fut
employé à ferrer les chevaux du roi , et il s'en acquitta d'une ma-
nière si brillante, qu'il ne put s'empêcher de se dire à lui-même :
SIGNES DIVERS. MÉDECLNE. 79o
11 est impossible que la maison m'échappe. Le barbier ne lit la barbe
qu'à de grands seigneurs , qui tous admirèrent sa dextérité, et il
pensa aussi que la maison lui appartiendrait. Le maître d'escrime
commença par recevoir de terribles bottes ; mais il prenait pa-
tience, en se disant : Si tu crains les bottes, tu n'auras pas la mai-
son.
Le terme fixé pour le retour étant arrivé , ils reprirent le chemin
de la maison paternelle, où leur père les revit avec joie. Comme ils
délibéraient sur la manière dont ils pourraient montrer leur talent,
ils virent un lièvre accourir vers eux. Dame ! dit le barbier , tu
viens à propos. Aussitôt il prend son bassin, fait mousser le savon
jusqu'à ce que le lièvre soit tout près de lui, le savonne alors
à la course, le rase de même, lui fait de jolies moustaches, et ne le
coupe ni ne l'endommage le moins du monde.
Ceci me plaît, dit le père; la maison t'appartiendra; à moins
que tes frères ne se dislingueixt plus particulièrement, s'il est pos-
sible. Quelques moments après parut un seigneur dans une voiture
qui allait un train de poste. Maintenant, mon père, vous allez voir
ce que je sais faire , dit le maréchal ferrant. Et il se met à courir
après la voilure, arrache au cheval qui galopait toujours ses quatre
vieux fers, et lui en attache quatre nouveaux, toujours à la course.
Très-bien , mon fils , dit le père. Tu ne le cèdes en rien à ton
frère, et je ne sais vraiment pas à qui je donnerai la maison.
Mon père, à mon tour maintenant, dit le troisième. Et comme la
pluie commençait à tomber dans ce moment , il tira son épée, et la
brandit en coups croisés au dessus de sa tète avec une telle rapidité
que pas une goutte ne tomba sur lui. La pluie venant à augmenter,
et tombant enfin à torrents, il brandit son épée de plus en plus vite,
et resta sec comme s'il eût été sous un toit.
Émerveillé de cette adresse : Tu es le plus fort, s'écria le père ,
et la maison est à toi. Les autres n'en murmurèrent pas , selon la
promesse qu'ils s'étaient faite; et, pleins d'amitié l'un pour l'autre,
ils occupèrent tous trois fraternellement la maison , pratiquèrent
chacun leur métier, qu'ils avaient si bien appris , gagnèrent beau-
coup d'argent , et vécurent parfaitement heureux , jusqu'à un âge
très-avancé.
Sensible image de la fraternité , de l'harmonie , du bonheur <iui
796 CLEF DE LA LANGUE ET DES SCIENCES.
devrait régner parmi les hommes, dans cette vaste maison de l'uni-
vers, dont Dieu , notre bon père , n'a pas voulu le partage, encore
moins le partage inégal qu'en a Tait la violence , mais l'éternelle
jouissance en commun.
Fais-en ton profit , lecteur. Pour le coup , adieu et au revoir.
LÉGER NOËL.
rienM, le 25 décembre 1845.
FIN OU TOME SECOND.
TABLE
DES MATIERES CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME,
Pages.
Fbéface. a m. Gordier, éditeur 1.
Défînition de l<i Grammaire 9.
Grammaire Françaisb. Définition 13.
M'otions préliminaires et fondamentales 13.
De la parole ibid.
Des langues 15.
Langue française 19.
Des lettres 39.
Alphabet français AO.
Des voyelles Ai .
Tableau des voyelles, soit simples, soit composées 47.
Des voyelles doubles ou diphthongues 48.
Tableau des diphthongues 49.
Règles sur les diphthongues 50.
Des consonnes 68.
Tableau des consonnes, soit simples, soit composées 70.
AfiQnité des consonnes 72.
Des syllabes , 81.
Principes d'épellation 85.
De la Prosodie 90.
De l'accent 91 .
De l'aspiration 93.
De la quantité 94.
Règles de quantité 105.
Des Signes orthographiques 115.
Des accents ibid.
Tableau des voyelles accentuées d'un accent circonflexe 118.
Exercices sur les accents 128.
Du tréma ou diérèse 135.
Exercices 141 .
De la cédille 142.
79S TABLE DES MATIÈRES.
Règles pour distinguer le c de l's devant e, i, et y 145.
Cas où le t entre en concurrence avec le c et l's, et même l'as 148.
DilTérentes manîëies de représenter le son ks. Règles 153.
Du double son ps ou. bs 154.
Du simple son s. Quand faut-i! le représenter par une s ou par
un c ? ibid.
Syllabes finales ce et céc 162.
Des lettres agrégées se ibid»
Solo da lyre 173 .
« . { Le printemps 175
Lxercices '
Omnia i>anitas 177.
A deux petites princesses 179.
Prose , ibid.
De l'apostrophe 187,
Du trait d'union 196.
Déblai ibid.
NtTELLEMBNT ET IlÉÉDIPICATION • •• 199.
Exemples pour l'usage ou la suppression du trait d'union 229,
Substantifs composés passés à l'élat de mots simples ibid.
Substantifs composés non susceptibles de simplification.. 234.
Exemples de divers cas où s'emploie encore le trait d'union 241.
Exemples de locutions où le trait d'union serait une faute 244.
Antienne 251.
Hes Signes de ponctuation ibid.
Déblai 255.
fitÉoincATioN De la virgule. ibid.
Du point-virgule, 323.
Date lilia, par Victor Hugo 327.
Carillon 331.
Des deux points. Déblai 333.
RéédiCcatlon 337.
Du point absolu 349.
De l'alinéa 355.
A M™» Louise de W" 360.
A une jeune reine. • • 361.
Coup d'oeil sur Berlin Soo.
Appendice 372.
Signes auxiliaires. Signes modificatifs 374.
Du signe interrogatif. ibid.
Du signe interjectiP 389.
Du signe ou point suspensif 406.
Points supplétifs. , '107.
TABLE DES MATIÈRES. 799
Points conducteurs, ou points qiiarrés J!(08.
Signes purement distinctifs 409.
Du tiret, appelé moins en algèbre ibid.
Le riche et le pauvre llll.
Du guillemet 412.
La Cliartc 417.
De la parenthèse 419.
Des crochets 424.
De l'accolade , ibid.
Tableau de la race de Dardanu?.. 425.
Variation et gradation des caractères 426.
Des caractères d'imprimerie 427.
Tableau des diverses espèces d'écriture 428.
Tableau des divers caractères d'imprimerie 429.
Antienne • 431.
De quelques autres signes usités dans l'imprimerie ibid.
Des signes de correction 433.
Observations particulières ibid.
Tableau des signes de correction 435.
Termes d'imprimerie et de librairie 436.
Signes divers. Signes algébriques 448.
Termes d'algèbre et d'arithmétique ibid.
Chiffres 453.
Tables de réduction des poids et des mesures 458.
Change et cours des monnaies 462.
Valeur au pair des monnaies 463.
Conversion en argent de France des diverses monnaies étrangères 464.
Monnaies de compte 469.
Monnaies des anciens 470.
Principaux termes de finances.. 471.
Table de Pylhagore 476.
Table des logarithmes ibid.
Carillon 478.
Termes de géométrie 483.
Figures et signes géométriques 492.
De l 'arpentage 498.
Du nivclement 500.
Les amouis du compas et de la règle 504.
Signes astronomiques. Signes du zodiaque 506.
Noms des constellations 508.
Planètes et satellites 513.
Tableau des planètes 514.
SOO TABLE DES MATIÈRES.
Lune. Ses phases. Ses aspects. »,..,,,,, 515.
Calendrier romain s 518.
Calendrier grégorien.. 519.
Table de concordance entre le calendrier fiançais et le calendrier grégorien.. 520.
Noms des mois avec le nombre de jours contenus dans chacun d'eux. ..... 522.
Fêtes 524.
Comètes , 525*
Hymne 526.
Termes d'Astronomie . . 527.
/ Air 529.
Année 531.
Astronomie. 534.
Atmosphère, • 535.
Atiracl'ton , 536.
Cosmopolite 542.
Les règles de l'art ,, 545.
Cycle 546.
Ère 551.
Étoile 554.
Horloge. Petite horloge de Flore , 558 .
Lumière. , 563.
tunetle 565.
Méridienne 567.
MouTemcnt 568 .
Soleil 575.
Système. 577.
Terre 578.
Vent 584.
Signes avant-coureurs du beau temps ou de la pluie 588.
Origine des Sciences 589.
Signes et abréviations des termes de botanique 590.
Quelques explications 5J1.
Méthode de Tournefort 592.
Clef de la me'tliode de Tournefort 593.
Vocabulaire du tableau 594.
Système de Linné ibid.
Clef du système de Linné, modifié par Richard 595.
T^oticc sur Linné ibid.
Vocabulaire du tableau • 596.
Méthode de Jussieu ibid.
clef de la méthode de Jussieu 597.
Vocahulnirc du tahlcaUj implicnnl un cours complet de phytograpJiic 598.
TABLE DES MATIÈRES. .SOI
Aurantiacées,. . , , ....,..•..,.■, 601.
Borraginées, , , • 602.
Caprifoliacées. ,.,.. 603.
Cary ophj liées 604.
Cbicoracées ,.. •■• 606.
Coryrabifères .. 607.
Crucifères 608.
Cucurbitacées. . , 609.
Graminées, ,,,... 615.
Labiées ^ 620.
Légumineuses • 62o.
Liliacées c 629.
MaWacces. 63Z|.
Myrlécs. 6S6.
Narcissées 63 / .
Ombelllféres 6S8.
Palmiers 6^2 .
■^ J Papavéracées 613.
Polygonécs , 6^7.
Primulacèes. 6a S.
Renonculacées 6^9.
Rosacées 653.
Rubiacées , 659.
Itutacées 660.
Saxifragées 663.
Satanées. . 664 .
Tiltacées 670.
Urticces , 67Î .
Ferbénacées , ,..■. 673.
Fioluriées 675.
flairiérc 677.
Cherchez et vous Irouvercz 692.
Liste alphabétique des noms génériques de phintes, avec la tra-
duction française. Noms latins ou barbares 694.
Béflexions critiques 707.
Avis tbès-impoktant , 709.
Le Dictioniuiirc National 712.
Anomalies 713.
Liste française, avec la traduction latine des noms génériques des
plantes 7J4.
Noms vulgaires des plantes. OI)-,Pivalions graminalicales 718.
Distribution des vcgélaux cultivés dans les plaines et sur les plaleaiix peu
«kvp's de rEuroi>e 725.
T. II. 101
802 TABLE DES MATIÈUES.
Distribution des ai Lies forestiers dans les plaines et sur les plateaux peu
«levés de l'Europe 726.
Distribution des végétaux sur les montagnes de IKuiopc 727.
Calendrier de Florct •..« 728.
Les botanistes • 729.
La nature 730.
Signes et abréviations de Médecine 734.
Exemple d'une t)rdonnance de médecine 735.
Histoire de la Médecine ibid.
A Mademoiselle la comtesse Pauline de K 739.
Médecin , Médecine ibid.
Anecdotes 7/il.
Le Médecin de Louis XI - 7/|2.
Tableau des Maladies 7^7.
Maladies générales. Fièvres ibid.
Plilegmasies ou Inflammations • 748.
Maladies des organes du sentiment 7ol.
Maladies des organes de la locomotion» /53.
Maladies des organes de la digestion 7d5.
Maladies des organes de la circulation 759.
Maladies des organes de la respiration • 760.
Maladies du système lymphatique et du tissu cellulaire /61.
Maladies des organes urinaires 7u2.
Maladies des organes de la génération 763.
Appendice ibid.
Bienfaits de là civilisation 764.
Souvenirs 772.
A Mademoiselle B 773.
Bien distinguer les valets des maîtres 776.
Encore le Dictionnaire National ibid.
Au lecteur 777.
Liste des pensions accordées aux gens de lettres par Louis XH'. . . . 778.
Jugements de Boileau sur la plupart des écrivains mentionnés
ci-dessus 780.
Anecdotes relatives à ces écrivains 788.
Final. Les Trois Frères 794.
Viy DE I.A TABLE DU TOME îsECOJVD.
EKRATA.
Tii^e 8, Iii;[lt26. Au liiu du /euieloi'l, lisez nous tllm'l.
— 17, — 1. Supposczun liict (— javaiilEsl-feiili;!.
— 30,— 19. Aulitud'e/ji'gramme, lisezc/jignimmcs.
— 36, liste lies vi'ibis germanisés. Au lieu de , rari-
caturiren, civiliren, divistren^ enflaminen, re-
nomme, lisez caricatiren, rivtlisireny dividiren,
ent/litinmeiif renommé. Ciirîratiren, comme on
le voit, se forme irrégulièrement. Civitisireii,
dividiren, viennent du latiu. Je tiens en ré-
serve une foule iPaulres mots franeais ger-
manisés, dont la vue vous épanouira ta rate
Waren sie in dieser soirée musicale? Daswai-
sehr l)ritlante,
— 37, ligne 2 et ^. Au lieu d'e/n lîegensclnrm, lisi-z
einen Hegenscbirm.
■ — 59. Un point après ce vers :
De peindre la parole et de parler aux \cuJt.
— A2, ligne 18. Au lieu d^épellation, lisez nppelialion.
■ — lOy Tableau des Tojclles. Au son \ ajoutez la
forme eu et l'exemple J/ mangeti. Au son u
ajoutez la forme eu et les exemples , rai en,
gageure.
— 51, ligne 8. Au lieu de taio, raia , 'jdsd'a, lisez,
avec lettres majuscules. Bain, Cutn, liastitt,
— l!t, 6. Au lieu de /'une! l'autre, lisez l'une
et l'autre.
— 77, — 19. Au lieu de Je, /ererfce Jcfer, lisez Je,
dans le verbe jeter.
• — ibid., — 19. Ajoutez Je?'Hjîa/e?ji après Jt;'r<'miu(/e.
— 79, • — 3. Après chez tes Betge$, ajoutez cette
phrase : Os deux lettres s'accordent
pourtant dans légistafeur, et ses dé-
1 ivés.
— 93, — 26. Au lieu de Puur/)ienpar/eru»e/an»ue,
lisez Pour bien parler notre langue.
— 97, — 9 de la note. Au lieu de sars, sels, pots,
lisez sacs, sels, pots.
— ibid., • — 18 de la note. Au lieu de qui commence
par une autre syllabe , lisez ijui com-
mence une autre syllabe.
— 98, — l\ de la note. Au lieii de masque , lisez
masque.
— 103, — vers 15. Au lieu d\ispect, lisez esprit.
— 105, ligne 14- Au lieu d'angula, lisez ungula.
— 120. Ajoutez après le mot (T.)i(rc ; Croître prend un
accent circonflexe partout où il pourrait
former ampliibologic avec le Terbe rruiVe .-
je crois , je crûs , j'ai cru , etc.
— 130 ligne 8 de la note. Au lieu de , Trois sceptres à
son trône, arracliés, lisez Trois sceptres <i son
trône attachés.
— 1A3. Aux mots en ron ajoutez pinnron.
— 147, ligne 20. Au lieu de tous ceux en oisce. , lisez
tous ceux en oisse : paroisse , etc.
— 157, — 4 de la 3»« note. Au lieu de qui précè-
dent Moc et veusel , lisez qui précè-
dent, MOU et VER.
— 163, — 5, 1" colonne. Au lieu de qui croit un
arbre , lisez qui croit en arbre; cl
aux mots de cette liste ajoutez i;i-
florescence.
— 164, — 6,1" colonne. Au lieu de marcessens
lisez marrescens.
— 165,— 27, 2"i'î colonne. Au lieu de C'efoienlHiie
sorte de poésie grossière et silencieuse,
lisez C'était une sorte de poésie gros-
sière et licencieuse.
— 167, vers 2, 2'»« col. Au lieu de na/jes, lisez nn/i/ies.
— 168, ligne 10, 2°'" col. Au lieu de publiscite, lisez
plébiscite.
— 195,— 1. Au lieu de m'ii/Zcrcnc-Aer, lisez )i'a//i-;-
cacher,
— 197, — 20. Au lieu de r'es(-à-rfii
mes , lisez c'est à dir
— 209, — 34. Au lieu de rfnns ces deux (/e/iomina(/ons,
lisez dans ces dernières dénominations.
— 221, — 8. Au lieu de comme si ce n'était pas là
deux mots encore , lisez comme si ce
n'était pat encore là deux mots.
— 224, — 16. Nous avons réfléchi qu'il faut écrire
Légion d'Uonneunmts trait d'un
— ihid., — "
~- 226, —
— 243, — dernière. Au lieu de l'un à un bniiimc
lettres, lisez l'an d'eux h un Iwmmc. dr leltr
e.vpri-
28. Au lieu de ftau(e-/;«g-e, lisez /mu(e./)njc,
23. Lisez: vous, eux, elles, et l'adjtelif
Page 285, Exemple 6. Cet exemple n'est pas à sa place ici.
11 faut une virgule ayant afin que.
— 289, 2"" exemple allemand. Lisez sie bald aieder
rôllig.
— 290, ligne 17. Au lieu d'opposition, lisez apposition.
— 307,— 13. Nous avons réllérbi qu'il faut une vir-
gule après Kn général , parce que
cela signiCe, Parlant en général,
considérés en gênerai, et que cela
constitue une proposition indépen-
dante.
— 317, — 19. Au lieu de Mont Faucon, lisez Mont-
Faucon , avec un trait d'union.
— 318,— 11. Les exemples, /(/'/leure^u'i/esl, etc.,
et Donnez au peuple, etc., sont
de Victor Hugo, et non pas de
M. Cousin.
— ibid., — 1 delà note. Au lieu de, PoinI rfei'iVg-ufe,
lisez. Une virgule.
— 337, . — 10. Deux ou trois de ces exemples ayant
été supprimés, ceux qui restent ne
répondent plus ïi l'ordre indiqué ici.
~ 339,— 12. Une virgule après il/a/s,.
— 340, — 34. Au lieu de rfemunrfni, lisez rfemanrfero.
— 347, — 29. Au lieu de calculs la , lisez calculs sa.
— 359, — 5"'« de la 2°»» note. Lisez Nouvelle preuve
de la différence.
— 364, — ' B.Llsez i/ua;i^ye /'ai eue.
— 365, — 4- Point de virgule entre fuyez et la pe-
tite ville.
— 366, Coup d'œii, sur BEnLi», 3°"« ligne. Une virgule
après c'e«l à dire.
— 371, ligne 30. Supposez un trait d'union dans le
mot bas-bleus.
— 372,— 22. Une virgule après /-aTier 1842.
— 375, — 28. Au lieu de Çuin'o rien, lisez C>ui «'as
— 370, — 24. Lisez il et non pas ils.
— 378, — 15. Supprimez le point d'interrogation.
— 398. Un point d'exclamation après ce vers :
Pour être quelque jour mon soutien et ma joiel
— 409, ligne 9. Une vir^-ule après tiret,.
— 417,— 2. Le point après le guillemet.
— 418,— 27. Deu\ points après le mot, £xemp/e;.
— 423, — 27. Au lieu de parenthèses : Exempte. ,
lisez parenihései. Exemple :.
— 425. Liseiyti/us et non pasy'n/us ni lu/us.
— 429, ligne 2 du tableau. Au lieu de privations, lisez
perversion,
■ — 437, — 7, 2'"» col. Lisez/e ArauemoreVAa/Bi'une,
le grand poète Béranger.
— 447, — 26, 1" col. Lisez interpoler la glose.
— 448, — 42, 2»>» col. Au lieu du signe X, mettez
le signe -f- .
— 450, — 3, 1" col. Lisez r«/i/)or( rfe douze à qua-
tre (AciD. ).
— ibid., — 11, l'«col. Aulieudei-t-i-f-fc-f-l); lisez
bi<bXbXbXb.
— 470, — 37, l'»rol. Au lieu dereiir sur (es <;ue(.i,
lisez celles sur les quelles,
— 471, — 5, 2"'« col. Lisez La dorique.
• — ibid., — 44, id. Au lieu d'aggugnure, lisezu^^i'u-
— 474, — 15, 2» col. Au lieu de a haussée, lisez a
haussé,
— 475, — 47, 1'° col. Lisez iie'rfuiVe une renie i/utesf
à son taux.
— itid., — 66, 1" col. Lisez ses spéculations.
— 477, vers 4. Point de virgule entre sais-je et plier.
— 481, ligne 25. Lisez c'est l'insensible, c'estle fourbe ,
c'est l'avare.
— ibid., — 37. Au lieu de lui parie, lisez lui parlent,
— 483, • — 28. Au lieu de m. qu,, t, qu.,p. qu, ,
lisez m. q. , t. q. , n. q,
— 45. Une virgule avant chacune des con-
jonctions ou,
— 19, l'o col. Lisez de 30 degrés.
-~ 33, 1" col, Au lieu de sont étendue, lisez
son étendue.
— 18, l'« col. Lisez Quadrilatère équiangle.
La figure de Vangte inscrit n'est pas régulière.
Le sommet de l'augL" inférieur devrait s'é-
lever jusqu'au centre du cercle. Est-ce ma
faute ou celle du graveur!" je n'eu sais rien,
ligne 7, 1" col. Lisez «nire ses deu.v côtés,
.SriiÈRK, ligne .5 Au lirn dn cercle, lisez centre
— ibid..
485,
488,
489,
494.
495,
497,
srorpw.
P.if VJi). l'igmc. Au liiii il'uii 11 le triaiinlf siipéricui l'ii
rciifcinic iiii E. Ici c'est liicii tout
à fait 1.1 faute du graveur.
— 506. Signes du midi. Saglltaire s'écrit par doux (.
— ibid.y 2°*" vers latin. Au lieu de «ror/jiio, iisc'/«i
— 509, ligne 21. Au lieu de ploô , lise/, pléô
— 511), 1" vers latin. Une simple virgule après nonas,
et un point-firgulc après Mars ;.
— 524, ligne A8, 2'»« col. Au lieu de la toute rlii-f.tienté,
lisez toute la chrétienté.
— 526. — 33. Au lieu d'inima/jinables , lisez inima-
ginable, au singulier.
— 527, vers 11. Au lieu de et Tormagne , lisez j Tor-
viagne.
— 529, ligne 18, \" ciil.Au lieu d(^ quia amenée, lisez
qui a amené.
— 530. La dernière ligne de la seconde col. se trouve
transposée, je ne sais comment,
au commencement de la page 535.
— 531, ligne ^4, l"col. Au lieu de sa//iVe, lisez su/sli're.
. — if'id., — 2,2'"'=col.Lisez (luprès et non pasHu/jrrs.
— 535. La première ligne de cette page appartient à la
fin de la page 530.
— 542, ligne 26,1" col. An lieu de cfpajs, lisez ou paj's.
— 549,— 13, 2= col. Au lieu de combler, lisez côfe.
— 550, Epoque. Au Heu de la fuite de Malwmet (612) ,
lisez la fuite Je Maliumel (622).
-- 557, Hti.iosr.opE. Au lieu de séopké, lisez srupéô.
— 559, ligne 56, 2°"| roi. Au lieu tVaxilliaires, lisez
axitlaires.
— 564ï ■ — 19, 1^*^ col. Au lieu de la lumière produits,
lisez la lumière produit.
~ 580, — 36, 2™» col. Au lieu de pcrmi, lisez /icrmis.
595, ÏAUT.EAU nu SYSTÈMKDK LiN.Nt:, 2'°^ col. AulieU
d'Org-unes sexuelles , lisez Organes sexuels,
— 596, Vocabulaire du tableau, didynamie. Au lieu de
diinarnia, lisez dunamis,
— 597, Clef bi; la Méthode de Jcssieu. A'i lieu d'O-
NOCOTÏI.ÉDONES, liseZ MoNOCOTYLÉDONES-
4. Au lieu de Lichens, lise?, lichens.
— 598, ligne 30, 1" col. et grappe, hhei en grappe.
— ibid., — 43, (V. Au lieu d'/(i/jpro5(ûne, lisez fttV'/ïe-
castane.
— 601, — 26, l'« col. Au lieu de nie , lisez oie.
— 602, lioimAGixÉES, ligne 9. Au lieu de tisonnes,
lisez tisane.
— 603, ligne 20, 2'°« col. Lisez Lobéliacées.
— 607, CoNiFÎiRËS, ligne 5. Au lieu de feuilles simples,
lisez à feuilles simples,
— ■ ibid., CoRTHiiiFiiRES, 1" col. Au lieu de senico, lisez
senecio.
— 609, ligne 27, 1'^ col. An lieu dcl'a/jsse sinuée, lisez
^ Valysse sinue,
— 611, Ebésacées, ligne 10. Lisez a/i*oii/îer, au lieu
d^atibousier,
— 613, ligne 56, 2'"|' col. Au lieu àe sont imprégnées ,
lisez sont imprégnés.
■ — 614, — 16 , 2°»'' col. Au lieu de solopendre, lisez
scolopendre.
— 615, — 13, l"eol. Au lieu de Bou(OHS ù//eur, lisez
Boulons à fleurs,
.— ibid,, — 33, 2*°'=col. An lieu d'tfrflnna, lisez Cfl/nje.
— 616,— 10, l"col. Au licude pan<iij, llsezpnnis,
mieux panir, d'après l'étyniolog'e paniram,
— tbid., — 34, 2°" col. Supposez une virgule entre
pamelte et paumoule,
— 618, GcTTlFfinES, ligne 16. Au lieu de ca/o/l/i^/um ,
lisez fa/»p/.;;(iim.
— ibid., ligne 22, 2""' col. Au lieu de^nrni', lisez garn/e.
— ibid., — 41, idW. Lisez /nirfiJr, eau.
. — ibid,, ' — 52, ibid. Supposez Ostiaks et Katmnuks
écrits avec une majuscule initiale,
— 619, JoNCÉES, ligne 12. Au lieu de ouryprelle luzule,
lisez luzule ou cyprelle.
— 620, Labiées, l'e col. Au lieu de fo//«sc7n/n, sflrie/(e,
perille. galeobdolon, lisez cotlinsonia,
sarriette, pérille , galéobdolon.
— 621, ligne 21. Au lieu d'antispamodique , lisez an-
tispasmodique.
— 623, — 23, 1" col. Au lieu i'hœmatoxjlum, lisez
liœmatoxylum.
— tbid,, — 33, id. Au lieu de nue, lisez une,
— ibid., — 43, iV. Au lieu de ôi'scru/a, lisez fciserru/d.
— tbid,, — 47, id. Au lieu de scorpiorus, lisez scor-
piurus,
Diins un livre! de la nature de cului-cl la nioiridie
pourquoi cel ei-iata peul paraître plus considérable
livres imprimés avec tant de soin. J'en remercie nm
gr623, ligne 60, 1,/. .\u\'ifnt\rphrfeulusMi,K/.pbu»eotus.
- ibid., — 62, id. Au lieu.le sKunf.ia, lisez swarf.ia.
- 626, — 44, id. Au lieu d'oirme, lisez ubrus.
- 630, — 46, l'« col. Au lieu Seucomes, lisez en-
comis,
- ibid,, avant-dernière ligne, 2"" col. K\x lieu de pont,
lisez dont.
- 633, ligne 9, 2"'« col. Au lieu de diléniucées, lisez
dilléniacées.
- 6,38, OjiciEELiFBnES, ligne 12. Au lieu d'œi/iusn, lisiz
j tclliusa.
-ibid., ibid. , — 23. Aulieu def.ru/o),Iisez
[■cula).
- 640, lig. 26, 2"' col. Au lieu de digilée, lisez digitées,
- 6^7, — 11, 1"> enl. Au lieu de tiard, lisez Nord,
- ibid., — 20, 2mc c"l. Au lieu d'urirfe, lisez acide.
- 648, — 33, 1" coi. Au lieu de tamarascinées,
lisez tamariscinées.
- 649, — 7, 1" col. Au lieu de tubéreuse, lisez
tubéreuse.
- ibid., — 4, 2""' col. An lieu de ranonculus, lisez
- ibid., — 12, t&. Au lieu de [ponia], Visez {pœonia},
- ibid,, — 34, ib. Au lieu de colambtne, lisez cotom,
bine.
- 651, — 2, 2"" col. Au lieu de bouton d'à, lisez
bouton d'or.
- 651, — 18, iV). Au lieu de Aa/mier. lisez io/m(«r.
- 653, — 12, 1" col. Point de virgule entre ribe-
siuni et rubrum,
- 659, — 42, 1" eol. Au lieu de {gnipa], lisez
- 662, — 32, 1" col. Au lieu de melicoceus, lisez
meticoccus.
- 663, — 23, 1" col. Au lien d'éturgie, lisez élengi.
- 673, — 16, 2»"' col. Une virgule après osse/efï.
_ 678, — 36. Lisez chez qui rigne encore l'insa-
lubrité.
- ibïd., — 24. Au lieu de longtemps, Viaei long-temps,
- 682, note 2. Lisez Dans les Pyrénées, le jour de
Saint-Jeon-Bapliste, on attache sur la
porte des maisons des bouquets de lis,
qu'on y laisse jusqu'il l'année suivante.
La pli'rase à la quelle nous substituons
celle-ci est si mal construite qu'il faut
que nous l'ayons par niégarde copiée
dans quelque dictionnaire.
- 685, ligne 7. Au lieu de /i-amiroise, lisez framfcoise.
- 694, Liste alpiubétiqce. Au lieu d''alopecarus ,
lisez alopecurus,
- 695. Au lieu de banerksia, Visk/. banksia.
- 697. Au lieu de cremolabus , lisez cremolobus.
- 702. Au lieu de nicaudra. Visez nicandra.
- 712, ligne 6. Au lieu de cent, lisez renls.
- 715, An lieu de cacoier, lisez cacaoler.
- ibid., CiiÈïnEFEUii.LB. Au lieu de flonicera , lisez
lonicera.
- 716, Jonc. Au lieu de j'uneus, VisMj'uncas.
- 717, UvETTE. Au lieu d'eiihredca. lisez ephedra,
- 719, note 17. Lisez arbre, au lieu d'arbres.
- 720, Bois d'acajoo. Au lieu de rerfrea/, lisez cédréla.
- ibid., note 25, ligne 2. Au lieu de mènerait, lisez
mèneraient.
- 721, Lisez cœur-de-bœuf , avec traits d'union.
- 723, Noix d'jbec. Au lieu d'Indoux, Visez Indous,
- 724, I^ois DE SEPT AXS. Au lieu de Pois d'Angola,
du Congo, les fruits, lisez poids d'Angola, du
Congo, Les fruits.
- 729, l'g. 16,l«col. Aulieuderonnauis, lisez eannadi»
- 737, ligne 7. Point de virgule après (roi'Icr.
_ 738, 26. Au lieu de santé. Comme, lisez santi ,
comme, avee une virgule au lieu d'un point,
et sans majuscnle.
- 746, 4« ligne de la note. Un point après convenables.
- 751, HIai.adies du globe de l'œil, 6" ligne. Au lieu
de pustules, lisrz pustules.
- 752, ligne 8. -Vu lieu de sensod'.iii, lisez sensations.
- 753, — 19. Au lieu d'erodimani'c, lisez érotomanie.
- 759, — 6. Au lieu de/iep(c, lisez peplô.
- 765, Appendice, ligue 3. Au lieu decondylôme, lisez
condilônies,
- ibid,, ibid,, ligne 4. Au lieu à'hyppersarcose , lisez
hypersarcose,
~ 765, ligne 3. Uue virgule après soixante,
-ibid,, — 5. Point de virgule après fiii/i'so/io».
faille à'iinpiessioii a de l'importance. Voilà
qu'il ne IVst en effet ; car il v a liien peu H<
Il c'diloiir.
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2109 La clef de la langue et des ■/"
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